Maraudeur

Martin se cacha derrrière un store comme les touristes refluaient vers la sortie .Bien des heures passeraient avant que ses parents ne s’ aperçussent de sa disparition .

Au deuxième étage de la Tour Eiffel , la vue est superbe , mais quand la nuit est en train de tomber et que l’ on est le seul a contempler le spectacle , c’ est vraiment merveilleux .

Martin entoura son écharpe autour de son cou , maigre rempart contre le vent mordant de Noel . Il sortit une gauffre gardée au chaud depuis le début de l’ après - midi . Les illuminations de Noel étaient vraiment superbes ; le champ de Mars , le Trocadero , plus loin les champs - elysées , véritable océan de lumière .

En contre - bas les monstrueux élévateurs ralentirent et se figèrent .

Martin se prenait pour un oiseau ; il s’ imaginait défiant les lois de la gravitation et tel le Smaug de Tolkien répendre le feu et la destruction sur la cité en -bas .Les dragons surtout avaient toujours éveillés son imaginaion .Loin de s’ imaginer quelque chevalier les pourfendant a coups d’ épées saintes , il eut voulu etre comme eux , immense et immuable , voguant dans l’ ether et dormant dans les cavernes souterraines . Un instant , il eut presque l’ intuition du feu des alchimistes .

Et tout naturellement , lorsque l’ immense forme se posa au - dessus de lui , comme une cigogne sur une cheminée , il ne fut pas surpris .

C’ était une nuit magique , de toute façon .

La grande voix etait ronflante , comme l’ or des basiliques ou le bronze des cathédrales .

- Je suis venu a ton appel , Martin.

- qui est - tu ? Dit Martin , plus cranement qu’ il ne l’ aurait pensé .

- Je suis le dragon de la montagne ; quelles sont tes consignes , oh mon maitre .

- Tu veux dire que tu es un dragon , comme dans les légendes ? Tu existes réellement ?

- Bien sur , puisque tu m’ as appelé .Souhaite tu me voir en mon entier ?

- Oui ... Dit Martin timidement .

- Une flamme lécha la paroi ,illuminant la tour pendant quelques instants .Une forme immense , squameuse et reptilienne était perchée non loin de lui , de dimensions trop considérables pour qu’ on put l’ embrasser d’ un seul regard .

- Quelles sont tes consignes , oh mon maitre ?

- tu veux dire que tu m’ obéis ?

- oui , Martin

- Et que puis - je demander ?

- Ce que tu veux ; ce qu’ il est en mon pouvoir d’ accomplir . Je peux t’ emmener en des mondes lointains pour que tu oublies a jamais les moqueries des hommes . Je peux consumer cette ville dans le feu de mon rire .Je puis terrasser l’ adversaire que tu me désigneras .Je peux forger l’ objet le plus ardent de tes rèves ...Je peux aussi m’ en retourner et dormir pour une éternité en ma caverne chtonienne .

- NON , dit Martin , ne t’ en vas pas !

Mais il était encore un peu circonspect .

- et pourquoi ferais - tu cela pour moi ?

- Car nous sommes du mème bois , du mème feu tous les deux .

- Moi , mais je ne suis qu’ un petit garçon .

- Le souhaites - tu vraiment ? répondit le dragon

Non , mais ...

- tu es ce que tu deviens ,Martin , tu deviens ce que tu souhaites , tu souhaites ce que tu rèves.

Tu n’ as qu’ a faire un voeu.

Pendant quelques instants , seul le vent violent répondit au dragon .

Puis soudain :

- Je veux etre un dragon .

Alors les deux reptiles s’ envolèrent pour ne plus etre vus en ce monde .

On ne retrouverait qu’ un peu de chair calcinée , quelques centaines de mètres en contrebas .