Coeur céleste
Entre les mains des barabbi , Michel se tordait de douleur .
- Abjure ton Dieu d’ Amour et la souffrance cessera .
Mais Michel se contentait de pleurer misérablement .
-Emmenez - le , dit la Grande Prétresse , dégoutée .
Dans sa cellule sombre et crasseuse , Michel baignait dans son sang et sa souffrance , a mème les dalles froides et humides .
Quelque rat passait devant ses yeux brouillés . Il perdit connaissance .
Une main douce lui lavait le visage .
Ses yeux s’ ouvrirent sur une lumière douce et réconfortante .
La femme était si belle .Toute souffrance , humiliation le quittait .
- Marie murmura - t - il .
- Non , Marie - Madeleine murmura une voix comme les caresses se fesaient pressantes .
-NON.........; il hurla dans la nuit et reperdit connaissance .
Une nouvelle journée de torture avait suivi .Ils n’ avaient pas blessé sa chair . On avait supplicié des innocents sous ses yeux ; il avait reconnu des proches .Mais il avait tenu le martyre . Pourtant comme on le ramenait a sa cellule une douleur abominable l’ avait envahi .Les yeux des victimes le cherchaient dans la nuit avec comme une muette accusation , presque un reproche .
Il se macula de poussière , mellant son sang et ses larmes a la fange .Son coeur était a la torture . Comprenant qu’ il ne tiendrait pas un autre martyre , il chercha une aspérité pour se donner la mort .
Il interrogait les ombres :
- As - tu voulu cela seigneur ?
On jeta un corps dans la geolle .
Un rale s’ échappait de la forme prostrée et pouilleuse .
Il chercha un peu d’ eau de pluie , que la lune éclairait par une lucarne .
Il oint le malheureux comme s’ il se fut ajit d’ un prince .
Involontèrement les prières en latin venaient a ses lèvres .
Il ne vit pas que la lumière était restée dans l’ eau au creux de ses mains .
Il était tombé bien plus bas que lui , pourtant les ablutions redonnèrent un peu de beauté au beau visage marmoréen et des yeux clairs et limpides s’ ouvrirent .
- Merci , mon ami. Je m’ appelle Simon .
- Pourquoi vous ont - ils pris , Simon ?
- Je suis un sorcier ; ce sont des quaesitors ...
Quaesitor , enquéteur , inquisiteur . L’ horrible vérité apparut a Michel .
Il était dans les geolles de l’ Inquisition . Pour unr raison qu’ il avait oublié , on lui administrait la question . Il se rappela alors des symboles saints des assistants , de l’ eau bénite et des prières . La prétresse était une Carmelite .
Il avait chuté .
La folie s’ insinuant en lui , il rit bètement dans la nuit .
Une rigole d’ eau lui fit apercevoir sa défroque . Une mitre et des guètres de sorcier .
Il pensa se jeter contre un mur pour fracasser son crane .
Mais le sorcier prit sa main .
- l’ un de nous va mourir .Pour moi , il est trop tard , mais je peux insuffler ma force pour que tu survives et t’ échappes .
L’ honneur de Michel se révolta .
- Non , il est impossible de fuir . Nous mourrons tous les deux .
- Il est trop tard pout moi , mon frère . Je sens la nuit pénétrer mon ame . Approche - toi , Michel .
Le sorcier l’ embrassa , et comme tout souffle le quittait , Michel sentit un feu l’ envahir .
Des larmes d’or coulaient de ses joues .
Il posa délicatement le corps du sorcier , aussi léger qu’ une plume .Toute vie l’ avait quitté .
Son visage lisse et pale souriait .
Il ne fut pas dur pour Michel d’ éventrer les murs , et tel un loup dans la nuit de fuir le monde et les hommes , emporté par le vent de la liberté et de la revenche .
Il n’ oublirait pas , ses frères les hommes et leur dieu d’ amour et de miséricorde .Maintenant il était comme Simon son frère , un solitaire , un voyageur , un mage .
Il rit dans la nuit .
Dans la salle du trone , la prétresse , Yslaire , discuttait avec le Bourreau .
- Il est des notres , maintenant ; le sacrifice de Simon était indispensable .
- je ne l’ ai jamais aimé de toute façon ; il convoitait mon trone .
- Je voudrais ajouter quelque chose ...
- oui ? , répondit Yslaire , déja désinterressée .
- il y a eu une lumière la première nuit ; et je n’ ai pas pu rentrer .
- Pourquoi ?
- Je crois que c’ était Son Pouvoir ...
- Ici , en plein coeur de notre labyrinthe , vous devez faire erreur .
Oui , je crois que l’ ame de Simon nous a échappé . Je n’ ai pu souiller le corps d’ aucune façon . Il sentait la rose ; il était baigné de lumière .
Yslaire eut l’ air agaçé ; elle mordit la pomme avec obstination .
- Aurions - nous été berné , Bourreau ?
Un miroir lui renvoyait la tenue d’ une carmélite . Elle sursauta .