Se trouver en présence du milieu forestier constitue un cas très intéressant à étudier avec les élèves.
Que puis-je faire en forêt ? Quelles sont les règles à suivre ? Qu'est-ce qui serait souhaitable afin que mon comportement et ma conduite soient adaptées au bien-être des êtres vivants et des êtres humains en particulier ?
Telles sont les questions qui peuvent advenir quand un élève aborde le milieu forestier . Et ces questions sont légitimes dans le cadre de l'éducation civique et de l'enseignement moral qui trouvent leur place à l'école de la République française sous le titre Enseignement moral et civique
le programme du cycle 3 en vigueur à la rentrée 2023 pages 60 à 66
Les règles à suivre, ce sont les codes et les lois qui s'imposent à nous tous, nous, citoyens de la République française et nous, individus (éventuellement issus d'une autre nation) qui circulons sur le territoire national. Apprécier le bien-être des êtres vivants, c'est émettre un jugement moral. Entre le bien et le mal, il y a évidemment la loi . La loi est discutée au sein du parlement. Elle peut donc évoluer et changer. Dans notre démocratie, chacun peut réfléchir et exprimer son avis. Cela est même une condition de l'existence de la démocratie. Par contre, seuls les députés et les sénateurs, représentants des citoyens peuvent modifier la loi.
La connaissance de la Charte sur l'environnement de 2004 (comme la déclaration des droits de l'homme et du citoyen) doit être portée à la connaissance des élèves. Ce texte fait partie des textes de lois qui régissent notre comportement en France et guide la diplomatie française à l'international. Il s'appuie sur le très complexe Code forestier. Il n'existe pas encore de code forestier dans le droit international.
Des questions peuvent suivre ces premières réflexions. Elles ont trait à l'élaboration des lois. Elles ont un rapport avec l'économie . Car les productions législatives sont possiblement des objets soumis à l'échange marchand.. (Attention je ne dis pas que la plupart des élus sont susceptibles d'être sous influence et sont corrompus !)
Des questions peuvent être posées par les élèves.
Qui produit des lois ? Qui organise l'application des lois ? Quels sont les destinataires des lois ?
Les élèves feront le point sur ce qu'ils savent ou croient savoir. Les réponses aux questions seront obtenues grâce à une documentation adaptée et fournie par le maître (textes, schémas, cartes, graphiques ....).
On apprend ainsi beaucoup de choses.
Les membres du parlement français (sénateurs et députés) des conseils régionaux, des conseils départementaux et des conseils municipaux, les membres des instances internationales (Parlement européen, ONU ...) sont installés dans des locaux très coûteux (amphithéâtres, bureaux individuels ....). Ils sont entourés d'assistants et de personnels nombreux. Ils ont élus ou nommés par des élus. Tous sont chargés de la gestion du pays ou des pays. Tous les citoyens, y compris les élus sont les destinataires des lois.
Les élus sont sous le contrôle et la pression de leurs électeurs dans des périodicités variables (5 ans souvent) . Ils sont sous la pression constante des lobbyistes qui ont investi de l'argent dans les entreprises et qui réclament un fort investissement des collectivités dans leur secteur d'activité et des lois qui soient facilitatrices pour leur activité commerciale . L'activité de lobbying est autorisée auprès des grandes assemblées au motif que les lobbyistes peuvent fournir des informations importantes aux élus et que celles ci sont susceptibles d'éclairer leurs décisions.
Le fruit du travail des législateurs, la loi, est devenu semblable à une "marchandise" convoitée sur la base d'une compétition acharnée. .
C'est cette organisation des échanges, l'économie de marché, qui est souveraine partout dans le commerce et au niveau mondial. L'actionnaire, qui est aussi parfois commanditaire des interventions des lobbyistes est en fait peu actif puisque seul son argent "travaille". Il préside néanmoins à la recherche de la rente et de la rentabilité grâce aux lois favorables au marché dont il a provoqué l'émergence en finançant des réalisations des travaux très voyants dans la circonscription de l'élu dont il s'est attaché les services . Tout cela se fait au détriment des citoyens qui ont été dépossédés de leur participation réelle à l'élaboration des lois. Le législateur, alors, lui même, passif et corrompu, spectateur plus qu'acteur, soumis au marché des lobbyistes devient une marchandise comme une autre. Les candidats aux élections flattent le public à grands renforts de promesses clamées dans des campagnes électorales très onéreuses. Les promesses ne sont pas toujours tenues..... Les citoyens n'ont pas le pouvoir de révoquer immédiatement le législateur qui n'est pas fidèle à ses engagements. Le spectacle navrant de la gouvernance du pays peut continuer.
Attention, j'ai bien dit que tout cela est possible et seulement possible. La plupart des élus ne sont pas corrompus. Toutefois les "affaires" pour détournement d'argent public sont suffisamment nombreuses pour que l'on ait des raisons de s'inquiéter.
Les législateurs ne respectent pas toujours la loi qu'ils ont élaborées, hélas, et cela est avéré.
Tout se passe comme Guy Debord l'a montré dans son ouvrage : "la société du spectacle". Le pays est gouverné de fait par la loi du marché et non par les gesticulations spectaculaires des élus et des politiciens.
Hannah Arendt avait convenu que l'homme est d'abord un être social et politique. Elle avait alerté sur la dépossession des individus de ce caractère essentiel dans une société dominée par les pouvoirs financiers.
Qu'en est-il de la condition des enfants ? Que dit la loi ? Le législateur se soucie-t-il prioritairement des enfants ?
Il existe la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen,. La Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE), ou Convention relative aux droits de l'enfant, est un traité international adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989. Ratifiée par 196 États, la CIDE est le traité relatif aux droits humains le plus largement adopté de l'histoire. Le droit semble assurer la protection de l'enfant.
Hélas, les affaires de pédo-criminalité comme toutes les violences faîtes aux enfants par les adultes montrent au moins une chose à laquelle il faut absolument remédier. Les prédateurs échappent à leurs sanctions parce que des lois de prescriptions s'opposent à toutes poursuites en dehors des délais impartis. Même s'ils en viennent à reconnaître leurs méfaits, les adultes prédateurs ne sont pas condamnés. Tout porte à croire que la préservation de ces criminels l'emportait sur la protection des enfants. Il faut remettre en question ces lois de prescription. Il faut aussi rechercher, poursuivre et sanctionner sévèrement toute personne qui aurait eu connaissance de conduites répréhensibles à l'égard des enfants. Trop souvent, le silence imposé par les familles, par les milieux associatifs, professionnels ou politiques s'oppose à ala défense des enfants
Encore une fois, ma réflexion s'appuie sur celle de Marcel Conche. Ce philosophe français que l'on interroge sur la marche du monde déclare : "Le monde me fait souffrir. je suis hanté par l'injustice qu'il y a dans le monde. J'ai choisi de ne pas être un homme politique. Le philosophe que je suis a une conception très nette et irréfutable. Ce qu'il faut considérer ce n'est pas la liberté des journalistes , ce n'est pas la liberté des écrivains mais c'est la condition des enfants. Le critère d'appréciation de ce que font les hommes politiques, c'est la condition des enfants. "
Toutes les études de cas menées avec les élèves les préparent à mieux comprendre l'environnement moral, législatif et civique dans lequel ils vivent. .
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