Je fais part ici des éléments qui pourraient nuancer et même s'opposer à l'argumentaire que j'ai développé en faveur de l’Éducation Musicale. Au hasard de mes lectures , au hasard des écoutes sur différents supports, au hasard de mes rencontres, des propos viennent bousculer la pensée.
Ainsi, les propos de François Bégaudeau relevés dans une interview m'interpellent particulièrement. François Bégaudeau est romancier, essayiste, réalisateur et acteur de cinéma, auteur de pièces de théâtre. Il a été un temps professeur de collège.
a) François Bégaudeau est plus que critique à l'égard de ce que représente l’Éducation. L'étymologie, (le latin "educere" et "educare") qui ramène souvent au mot "conduire" le dérange ( et à la vérité me dérange aussi). Avec humour, il signale que le mot "Duce" puise à la même origine.
1) Je ne peux que lui donner raison si l’Éducation, la Formation, consistent à conduire quelqu'un vers un horizon bien déterminé, et défini seulement par celui qui semble avoir la maîtrise du jeu : l'enseignant, le formateur . Et cela sans que la personne qui est en formation puisse explorer des chemins de traverses et des perspectives que l'enseignant n'a pas envisagé d'aborder. Dans ce cas l'Éducation s'opposerait, en effet radicalement à la possibilité d'une Liberté et à la possibilité d'une Émancipation .
2) Heureusement les éducateurs et les formateurs adoptent des approches pédagogiques qui s'avèrent beaucoup moins directives. Certains enseignants, tout comme moi, choisissent d'accompagner leurs élèves et leurs interlocuteurs dans leurs recherches individuelles. Ici, je souhaite être concret et faire part d'une expérience personnelle. J'ai conduit un travail avec les enseignants qui s'apparentait beaucoup à un accompagnement. Un matériau mis à disposition des écoles et propice au travail en classe (des CD et des suggestions pédagogiques ) constituait une base de réflexion et d'action dont les enseignants pouvaient se saisir pour bâtir avec leurs élèves leurs propres projets en matière d'éducation musicale. J'intervenais à leur demande pour soutenir et éclairer le travail en cours. Élèves et enseignants pouvaient tracer un chemin original, vers des apprentissages différenciés.
Les éducateurs et les formateurs s ' ingénient aussi à laisser entrevoir à leurs élèves que les êtres humains ont différentes approches et lectures du monde. Ils leur permettent de bénéficier de la présence et des apports d'autres personnes ressources : des intervenants extérieurs, des artistes par exemple . Le plus souvent c'est par l'intermédiaire des documents et des œuvres que ces personnes ont produit (livres, enregistrements, tableaux, films) que les élèves découvrent des horizons nouveaux, des mondes sonores nouveaux par exemple. Ici, je souhaite, une fois encore, être concret et faire part d'une expérience personnelle. Sur ce site, je signale d'autres formateurs en matière d'éducation musicale. Au premier chef, Antoine Hervé. C'est un pédagogue génial pour initier à l'improvisation en jazz. On peut lui adjoindre Yvon Demol et Martin Gioani, grands et généreux guitaristes. Pour le saxophone , David Sauzay ne ménage pas ses efforts. Vous même trouverez les musiciens que je n'ai pas cités mais qui éclaireront votre parcours grâce à leurs publications (sur la Toile par exemple). D'autres chemins que celui que je propose sont possibles pour s'informer et se former. Factuellement, je ne donne pas d’œillères à la personne que je peux accompagner un temps dans ses recherches. Je suggère, j'invite d'abord au questionnement. Qui peut se vanter de détenir constamment la vérité?
3) En entrant à l' École, l'enfant et l'enseignant passent sous la bannière de la devise de notre République : LIBERTÉ, EGALITE , FRATERNITÉ.
Ces promesses se réalisent-elles "entre les murs" de l' École (Entre les murs : titre du livre de François Bégaudeau , et du film réalisé d'après ce livre, et palme d'or au festival de Cannes 2008)
L’Éducation Nationale, l'institution, énonce des programmes. Ceux-ci sont contraignants pour les enseignants. La hiérarchie contrôle l'application des directives ministérielles. Il resterait à l'enseignant la liberté pédagogique . Mais celle-ci est de plus en plus cadrée . Les évaluations, les préconisations de bonnes pratiques dictent quasiment des protocoles d'action des enseignants (comme c'est le cas dans d'autres domaines professionnels). Dans ce cas, tout concourt à éviter à l'enseignant de penser l'acte éducatif . Ainsi on dévalorise sa fonction et sa qualification. Le confort apparent apporté par la description de démarches pédagogiques recommandées masque en fait un risque de déresponsabilisation de l'enseignant. Heureusement, la plupart des enseignants ont conscience de cet assujettissement potentiel et ils ont le courage d'exercer leur profession en faisant preuve d'initiatives , prenant ainsi la LIBERTÉ d'adapter leurs interventions aux besoins réels de leurs élèves. Cette façon de faire est exigeante et ajoute de la valeur et de la dignité au métier d'enseignant. Ici, une fois encore je serai concret et ferai part de deux expériences personnelles. Dans ma classe de de CM2 j'avais remarqué l'apparente tristesse d'un de mes élèves. J'ai donc cherché à savoir ce qui pouvait causer ce comportement et cherché à lui redonner confiance en la vie. J'ai organisé un travail en très petits groupes, situation favorable à une intervention personnalisée et discrète. Cet élève, comme deux autres élèves, devait bénéficier de l'aide de ses camarades et de la mienne pour parvenir à maîtriser la technique opératoire de la division. (Parfois, les échanges entre élèves parviennent à débloquer des situations plus efficacement que mes explications savantes !!...) Pendant que les deux autres discutaient et débattaient, j'ai pu savoir qu'un décès d'un parent proche avait fortement impressionné et perturbé mon élève. Je lui ai dit que nous étions tous concernés par ce genre de drame, que nous pouvions nous comprendre et nous encourager afin de continuer à mettre un pied devant l'autre car les autres avaient aussi besoin de lui. Petit à petit, il a repris sa place vaillamment dans le groupe. Un autre année, dans ma classe de CP-CE2, j'ai remarqué que certains élèves, manquaient d'entrain pendant les moments de lecture. Des élèves du CP, manquant d'autonomie dit-on, à tort, semblaient aussi se sentir abandonnés pendant que je m'occupais des élèves de CE2. Ils ne parvenaient pas à se fixer sur les tâches que je leur avais confiées. Ils écoutaient ce qui se passait "chez les grands". J'ai pensé qu'il était nécessaire d'établir des liens entre les deux groupes de niveaux de la classe. J'ai proposé que nous réalisiions une brochure mensuelle dans laquelle figureraient de courtes phrases rédigées librement par chacun des élèves. Le journal "Les Pirates" était né ! Il y avait d'autres temps forts dans la classe . Je souhaitais favoriser l'entraide entre les élèves. Ainsi chaque grand s'asseyait vers un petit et suivait patiemment les déchiffrages hésitants des syllabes et des mots de son jeune protégé. Plus tard , chaque petit s'asseyait vers un grand et écoutait avec admiration cette histoire que son aîné avait à cœur de "lire-raconter" si bien.
En procédant ainsi, j'avais l'intention de me fixer des objectifs qui me paraissaient pertinents. J'avais l'impression de m'éloigner un peu des pratiques habituelles qui étaient plus conformes aux normes requises. Est-ce que personnellement, je me fixais des normes ? Est-ce que je travaillais en autonomie ? En philosophie morale, l'autonomie (du grec αὐτονομία, autonomia) est la faculté d'agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite, sa propre loi ...
Aujourd'hui, je dirais que j'étais sur la voie d'une certaine émancipation. Émancipation (définition du dictionnaire Le Robert) : Action d'affranchir ou de s'affranchir d'une autorité, de servitudes ou de préjugés. ➙ libération.
La dignité humaine trouve-t-elle sa place, quand on définit un enseignant et un élève sur la base, froide et sans âme, de référentiels de compétences à acquérir ? Ces référentiels, automatiquement assortis de grilles d'évaluations, malgré les apparences, restent incomplets, et sont des produits technocratiques au service du management. Il ne faut pas s'étonner alors que l'école soit démunie quand des situations pénibles se présentent (harcèlement , enfants battus, enfants handicapés non assistés , enseignants non respectés, enseignants agressés, élèves et enseignants en grandes difficultés ...). L'élève et l'enseignant arrivent parfois en classe marqués par les épreuves de la vie, terribles et bien réelles. Un élève de l'école primaire est-il disponible pour une leçon de conjugaison, quand, la veille, au soir, il a assisté à des violences entre ses parents ? Comment apprendre et enseigner dans des conditions pareilles ? Tout cela montre la nécessité primordiale de prendre soin des personnes. Les enseignants doivent prendre soin des élèves et de leurs collègues, les élèves doivent prendre soin de leurs camarades et ... de leurs enseignants, les responsables institutionnels doivent veiller sur les élèves et les enseignants . Aucune compétence affichée ne prend en compte ces éléments. Il y a là une conduite à valoriser et à faire figurer au premier rang des évaluations . Mais cela perturbe les adeptes de l'évaluation appuyée sur des indicateurs chiffrés. Évidemment, aucun chiffre ne peut rendre compte de la bienveillance manifestée par une personne !!!. Un enfant qui échoue en classe mérite d'abord toute notre attention. Il n'est pas à l'école pour apprendre qu'il est incompétent, qu'il le restera et donc qu'il ne mérite pas de trouver une place digne dans la société. Roland Gori montre parfaitement les méfaits des normes , de la normalisation, et des évaluations chiffrées mal conduites. Sur la base de quelles valeurs conduit-on des évaluations ? La promesse républicaine de la FRATERNITÉ doit se rappeler à nous.
Entendons nous bien. Je parle de bienveillance, mais je n'écarte pas la nécessaire exigence. Être exigent par rapport à soi-même et être exigent par rapport à ses élèves ce sont les bases de la déontologie de l'enseignant avec l'opiniâtreté et le courage. Ce que j'écarte, c'est le laxisme. Un mot est très proche : celui de lâcheté. Les abandons successifs des valeurs défendues par l'école, le cumul des petites lâchetés commises par les uns et les autres conduisent à créer un terrain mouvant, fragile, propice à l'éclosion des manifestations d'hostilité à l'égard des programmes scolaires et de violences à l'égard des personnels de l'éducation. Restons tous fermes et courageux, ne lâchons rien ni sur les objectifs ni sur les contenus des programmes de l'école...
Après avoir réussi au Concours d'Entrée, j' ai suivi les cours de l' École Normale. Quel sens pouvait-on donner à ce mot : "Normale".? N'étions-nous pas censés instruire des enfants, tous selon un même modèle, selon des normes identiques ? Nous apprenions à faire des leçons modèles ... dans des écoles d'application ... En réalité, l' École Normale a été le lieu de réflexions intenses, et de contestations très fortes d'un système éducatif dans lequel les étudiants étaient par trop soumis à des cours magistraux ( Cela a été une des causes des évènements de mai 1968). Nous étions des institutrices et des instituteurs. Étymologiquement, le nom instituteur provient du verbe instituer . Nous aimions à penser que nous participions à l'élaboration de l'institution. Partisans des pédagogies actives, de l'école Freinet, nous nous tournions aussi fort logiquement vers la pédagogie institutionnelle. Dans l'esprit, nous nous sentions les continuateurs des "hussards noirs" qui avaient assuré les fondements de la république. Nous étions très actifs au sein de mouvements de l'éducation populaire tels que "les Francs et Franches Camarades" nés dans le prolongement de l’œuvre du Conseil National de la Résistance.
Plus tard, les Écoles Normales sont rentrées progressivement dans le rang . Dans le rang de l'université. En devenant des IUFM (Instituts Universitaires de Pédagogie) puis les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation . Les instituteurs ont beaucoup perdu de leur rôle prestigieux en devenant des professeurs ...
J'ai fait partie des Formateurs des enseignants. Ne devions nous pas chercher à faire des enseignants tous bâtis selon un même moule, selon des normes identiques ? Des copies conformes ? Les Formateurs doivent-ils inéluctablement participer au formatage ? J'ai le sentiment d'avoir œuvré pour éviter cet écueil mais ces questions me hantent aujourd'hui encore.
Jusqu'à présent, Fonction Publique, l’Éducation Nationale est propriété collective des citoyens français . De fait, les citoyens ont bien trop peu l'occasion de s'exprimer, de participer et de construire directement cette institution de la Nation . Les conseils d'écoles qui réunissent enseignants et parents aboutissent parfois à des actions intéressantes : organisations de sorties culturelles, fêtes des écoles ...
4) François Bégaudeau pense que l'institution , Éducation Nationale ( dont les maîtres ont été autrefois les instituteurs), reste à présent inamovible et bien campée dans un rôle de sélection et d'apprentissage de l'obéissance.
-L' Éducation Nationale serait un lieu de sélection. Même si toute une classe d'âge quasiment (80 %), atteint un niveau appelé baccalauréat, les différenciations et les sélections basées sur le niveau réel des étudiants apparaissent nettement dès la première année universitaire. Et là on s'aperçoit que la réussite est plutôt du côté des étudiants appartenant aux classes privilégiées de la société. Les faits donnent raison à François Bégaudeau. Bien entendu il y a des exceptions ! Mais les statistiques tendent à montrer que l'ascenseur social , le mérite, sont des leurres ... Pourtant, concrètement j'essayais de lutter à ma manière. Je rencontrais régulièrement les parents et individuellement. Je les alertais sur les différences qui existaient dans les familles et qui pouvaient augurer de la réussite ou de l'échec de l'élève :"Si les parents, modèles pour leurs enfants, ne lisent jamais une revue ou un livre, en présence de leurs enfants .... il n'y a guère de chance de voir les enfants avoir avoir de l'intérêt pour la lecture.. !!! La lecture aisée et pratiquée régulièrement reste une condition indispensable pour accéder à la culture, pour dépasser ses limites et pour s'élever ! " J'ai parfois été entendu. (Mais, il est plus facile d'obtenir la paix dans l'appartement en abandonnant l'enfant devant la télévision ou les jeux vidéos ...)
J'essayais de cultiver mes élèves pendant le temps de la classe... Aujourd'hui, je rencontre des anciens élèves heureux, qui ont trouvé la place qu'ils espéraient... Mais d'autres ... "galèrent" comme on dit . L' Éducation Nationale, à elle seule, peine à réaliser la promesse républicaine de l’ ÉGALITÉ des chances.
Je déplore le fait que l'école semble tomber dans une désastreuse et trompeuse complaisance en délivrant des diplômes dévalorisés : BEPC, BAC... Enfin je pense que l'école doit rester le lieu où l'on apprend le courage ... Le courage d'apprendre, le courage de "se donner du mal", afin de pouvoir être utile et jouer un rôle dans la société ... Afin de pouvoir prendre soin des autres à son tour.
Il n'y a rien de pire qu'une École qui baisse les bras devant les séductions de la consommation , devant l' égoïsme, devant la paresse , devant les délinquances de toutes sortes ... devant les comportements qui créent les inégalités sociales ! Car comment ne pas voir la misère soudaine et brutale de certains enfants dont les parents ont perdu leur emploi parce que l'entreprise a été délocalisée dans un pays dont la main d’œuvre est payée moins cher . Au mépris de parents travailleurs qui au moment de la création de l'entreprise avaient avancé non de l'argent, mais leurs bras et leur corps tout entier, pour assurer la production. Que peuvent faire des enseignants dont les élèves dévastés subissent les coups révoltants des injustices sociales ? Je cherche en vain des remèdes dans les pages du Bulletin Officiel de l' Éducation Nationale. Il n'y a rien de pire qu'une École qui baisse les bras devant le non respect des principes d' ÉGALITÉ , de FRATERNITÉ, de LAÏCITÉ et de LIBERTÉ.
l’École cherche pourtant à rétablir davantage d’Égalité. L’Égalité, elle semble ne pas la croire possible. Des Zones d’Éducation Prioritaire ont été créées avec davantage de moyens en personnels et en financements. Le mot clé est l’Équité et non pas l’Égalité. Certains milieux sont défavorables à l'épanouissement des enfants . On le sait. Tout cela tend à prouver que l’École ne peut pas tout et que le problème est plus large. Social et politique. Le droit, heureusement, existe . L'état et chacun d'entre nous se doit de l'appliquer. Que les choses soient dites ... et à l’École aussi !
-L' Éducation Nationale serait un lieu d'apprentissage de l'obéissance . Osons une question impertinente : L'enfant peut-il , à l'école, dire "non" à l'adulte, à l'enseignant en l’occurrence ? Très rarement avouons-le. Il en a l'occasion, très limitée, quand une question posée par l'enseignant appelle de la part de l'élève soit une réponse affirmative soit une réponse négative. Et pourtant, il serait souhaitable de rendre chacun des enfants en mesure de résister aux prédations de toutes sortes grâce à ce moyen élémentaire : savoir dire "Non !". Je retiens pour cela l'objection de François Bégaudeau. Convenons cependant que dans certaines classes, les enfants sont invités à participer à des prises de décisions. L'initiative et la liberté alors sont convoquées. Concrètement, dans ma classe, Le Conseil (de Coopérative ) l' "Entretien", le "Quoi de Neuf ?" au début de chaque matinée étaient des exemples parmi d'autres pendant lesquels les élèves discutaient de la vie collective en classe, des activités passées et à venir . La promesse républicaine de la Liberté peut être vécue au sein des classes.
5) Je souhaiterais prolonger et étendre la réflexion. Il me semble que le mot Éducation fait partie de ces mots, de ces notions dont on n'aura jamais épuisé le sens et parachevé la traduction dans les faits. Éduquer n'est-ce pas aussi accompagner quelqu'un en recherche ? Ne faut-il pas accorder davantage d'importance à l'initiative individuelle des personnes en formation ? Pour illustrer cette remarque je prendrai pour exemple le produit d'une éducation qui me parait réussie : l' artiste qui innove , celui qui nous montre la possibilité d'une autre harmonie du monde et qui n'hésite pas à transgresser les normes et les codes de notre monde imparfait . J'irai jusqu'à dire que cet artiste pourrait être François Bégaudeau lui-même. Cet artiste que j'admire et qui affronte brillamment la critique, n'est-il pas au moins partiellement, un autodidacte ? C'est cette part originale de son parcours personnel qui fait qu'il est en mesure de se démarquer et de nous surprendre par ses réalisations. De plus, ses œuvres ont cette faculté extraordinaire de nous accompagner tout au long de notre vie. Je pense souvent à son film "Sommes-nous bien représentés ?". François Bégaudeau nous pousse à nous interroger. (Les artistes sont-ils des éducateurs à leur façon ?). François Bégaudeau radicalement opposé à l' Éducation Nationale aujourd'hui, a suivi la classe faite par ses parents enseignants. Il a aussi été professeur de collège. Sans ce parcours et la distance qu'il a su prendre par rapport à son expérience de l'école , il n'aurait pu devenir ce qu'il est. Et, de livre en livre, il continue à évoluer ... Viendra-t-il un jour à coopérer avec les enseignants de base pour faire évoluer radicalement l'institution Éducation Nationale ? J'ose l'espérer . Il le fait déjà, à mon avis, en débattant malicieusement et avec conviction quand il est "reçu" dans des milieux étudiants parfois franchement hostiles (Universités, Grandes Ecoles , HEC ...)
François Bégaudeau est un être humain . Personne ne peut s'attendre à ce qu'il soit parfait (qu'est-ce que le Parfait ? : un ami me rappelle sans cesse que c'est la marque du bocal dans lequel on met les cornichons !). Il lui est arrivé d'écrire dans un forum (celui rédigé autour de ses publications) des propos qui sont loin de son meilleur niveau. C'est mon avis actuellement . J'attends de lire son livre qui ressemble en partie à un plaidoyer pour essayer de comprendre son attitude. Je ne pense pas que cela anéantira toutes les sources d'inspirations fécondes que j'ai trouvées dans son oeuvre.... Voilà. Le temps a passé. J'ai lu le livre "Comme une mule" de François Bégaudeau. François Bégaudeau donne les éléments des conversations qui ont précédé les 2 lignes que la presse et les gens malintentionnés ont soigneusement omis de porter à notre connaissance. Et cela change beaucoup de choses. La personne concernée par les propos de François Bégaudeau , une femme historienne rendue célèbre par les livres qu'elle a publiés, par les recherches qu'elle a menées avec des collectifs universitaires interdisciplinaires, est passée sans s'attarder sur les éloges que celui-ci avait formulés à son encontre pour ne retenir que les 2 lignes qui sont d'ailleurs sujets à interprétation. Elle s'en est offusquée ouvertement, ce à quoi François Bégaudeau a répondu par écrit : "C'est une blague". La blague avouée, largement éventée donc, apparaît alors insipide, plus bête que méchante. Cela place François Bégaudeau dont les écrits sont la raison d'être, dans une situation franchement désavantageuse. A présent, je suis convaincu que François Bégaudeau avait rédigé une blague très peu raffinée, sexiste et idiote, reliquat du patriarcat qui nous imprègne depuis longtemps , mais seulement une blague. Une blague à laquelle une femme armée pour l'écriture, est la plupart du temps capable de donner une réplique pleine du rire dévastateur dont la gente féminine a le secret. De quoi faire taire tout blanc-bec imprudent. Les choses auraient dû en rester là, selon moi, c'est à dire à l'avantage de la personne qui s'est pensée diffamée. Pour ma part, malgré tout ce que je sais des vicissitudes relayées sur l'internet, je me suis laissé un temps abuser. Je comprends parfaitement François Bégaudeau, lui, qui dans son livre dépasse largement les plates excuses et donne le texte et le contexte tout en restant dans le style de l'écrivain qui retient toujours mon attention. Il reste que la dame s'est sentie offensée et a intenté un procès. Cela je le comprends aussi . Et le dernier mot a été désormais prononcé par les magistrats. François Bégaudeau a été relaxé du reproche de diffamation, mais les énoncés du jugement ne sont pas élogieux. (Voir l'article Wikipédia Ludivine Bantigny) Ecrire une mauvaise blague n'est pas anodin . Je parie que, toutes et tous, nous réfléchirons davantage aux conséquences éventuelles, surtout si nous ne voulons blesser personne ... Si je me suis attardé aussi longuement sur ces faits c'est que, comme d'habitude, je pense que l'éducation est propice à une réflexion susceptible de nous éviter bien des mésaventures. L'enseignement civique et moral est là pour cela . Connaître la loi. Penser. Désapprendre à juger, comme nous y invitent les "4 accords toltèques" ... J'essaie, mais je n'ai pas la prétention d'avoir un propos "impeccable"... J'espère que ces deux personnes de valeur FB et LB sauront se réconcilier et coordonner leurs efforts. Je ne les quitte pas des yeux.
Je suis attentif à cette part de formation autodidacte abordée plus haut , quel que soit le domaine concerné. A priori rien ne nous est complètement inaccessible. Il y a plus ou moins de travail personnel à entreprendre. Encore faut-il en avoir le temps bien évidemment. Encore faut-il en avoir le courage surtout ! ... Valoriser la part de la formation autodidacte exposée au jugement critique c'est la garantie nécessaire pour que la formation soit à l'abri du formatage. Il y aurait là, dans ce formatage, un vrai risque d'asservissement. D'autant plus que les finalités ne sont pas toujours clairement énoncées dans le catalogue des compétences visées . Le quotidien de l' élève soumis à l'évaluation est souvent jalonné, même insidieusement, par la compétition, la concurrence. A quoi prépare-t-on ainsi les élèves ? Nous l'avons vu, des initiatives des enseignants, parlent en faveur de la vie des Écoles de l’Éducation Nationale. Attention, faisons en sorte que notre critique reste constructive. Des prédateurs n'attendent que la destruction de l' Éducation Nationale pour profiter de la situation et s'approprier une part du "marché de l'éducation". Je ne suis pas certain que toutes les initiatives proposées pour une autre École restent à l'abri de la sélection, et de la soumission des élèves. Je ne suis pas certain que l'on y fasse vraiment la part belle à la laïcité, à la gratuité, à la liberté, à l'égalité et à la fraternité.
L’Éducation ça se travaille. L’École Publique a évolué. Elle est encore perfectible. L’École Publique, gratuite, laïque et obligatoire (l’Éducation Nationale ) est l’École de la République. C'est l' École avec laquelle se bâtissent progressivement et avec une même importance, la Liberté, l’Égalité et de la Fraternité des citoyens. C'est l’École propriété de tous les citoyens sur laquelle ceux-ci sont tenus d'exercer leur responsabilité et à propos de laquelle ils peuvent édifier des projets, toujours sous les auspices de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. La République est la Chose Publique, c'est l'intérêt général. L’École Privée ce n'est pas l’École de la République, c'est l'intérêt privé. Nous, les citoyens, n'avons pas prise sur l'école privée , c'est bien là son grand défaut. De plus elle choisit ses enseignants et ses élèves . Et les enseignants de l'école privée sont pour la plupart rémunérés par l'impôt public !!! sans qu'on soulève vraiment ce paradoxe . Il y a là un marché de dupes, à l'évidence. Les intérêts privés guettent le marché juteux que peuvent constituer l'enseignement et la formation des enfants, les biens les plus précieux des familles. Nous devons être aujourd'hui, plus que jamais, soucieux de veiller sur l’École Publique et d'investir en elle , intellectuellement et financièrement . Je persiste à penser que l'Éducation Nationale est notre bien commun. Évidemment cela tranche avec l'entreprise privée de l'économie libérale. Les convoitises révèlent la réalité de la lutte pour la domination. La lutte pour les classes des écoles en cache une autre : la vieille lutte des classes sociales.
Il appartient à chaque enseignant de se responsabiliser dans son acte éducatif. D'agir dans l'intérêt de tous les enfants . Afin de prendre soin de chaque enfant. Afin de prendre soin de chaque collègue aussi. Afin que vive La Fraternité de notre devise républicaine.
Les enseignants animés par les mêmes intentions se sont regroupés dans des syndicats engagés socialement . Par exemple l' "École émancipée" (tendance de la FEN , Fédération de l 'Éducation Nationale autrefois ) , "SGEN CFDT (fédération du syndicat CFDT autrefois inspiré par les idées autogestionnaires. Ce syndicat, aujourd'hui partisan de la cohésion sociale et de la cogestion a renié ses orientations originales et émancipatrices). Les enseignants animés par les mêmes intentions se sont aussi regroupés dans des mouvements tels que l'OCCE, l'Office Central de la Coopération à l' École. L'idée de mouvement illustre bien cette idée d'une école vivante, éloignée des dogmes figés. (De même la République ... et la Musique ... peuvent être perçues comme vivantes, toujours en mouvement.)
Les enseignants dans leur ensemble ne comptent pas leur temps pour préparer au mieux les leçons destinées aux élèves. (Bien sûr comme partout, il y a des escrocs. Ils doivent être écartés au plus tôt.) Ils sont nombreux à donner généreusement des conseils et des fiches de préparations sur la toile. Je veux ici leur rendre hommage. Et c'est dans le même état d'esprit que j'inscris ces lignes et ce site à disposition de tous, gratuitement, sans publicité. Je ne fais pas commerce ... Je coopère, en retrait (certains disent en retraite) , je participe à la création d'un Commun.
b) François Bégaudeau met en garde contre l'idéalisme. Il faut être "factuel" dit-il.
Tous mes propos sur ce site s'appuient sur des faits. Il y a des faits historiques (la musique traditionnelle) des faits naturels (les harmoniques d'un son ) des faits pédagogiques (les "Écoles qui chantent" sous l'égide des Coopératives Scolaires, les contes musicaux composés avec les enseignants et les élèves des classes, les concerts donnés à l'intention des élèves, les séquences menées en classe ...). Je pense avoir évité le piège de rester dans les généralités et dans le domaine des idées.
Je retiens toutefois l'objection de François Bégaudeau. Je ne suis pas parvenu à rendre musiciens (dans l'écoute et/ou dans la pratique) tous ceux dont j'avais la responsabilité : adultes ou enfants. Je constate que l’École malgré sa belle promesse de répondre aux exigences de notre devise républicaine "liberté, égalité, fraternité" oublie trop qu'elle laisse des élèves sur le bord du chemin (un seul, ce serait déjà trop). Ce n'est pas parce que l'idée ou les intentions sont là qu'elles sont suivies d'effets. Le réalisme s'impose et doit animer notre réflexion et notre action.
c) Pour convaincre , il faut aussi que les affects soient là ... En faisant, dans les faits, il faut prouver qu'il y des instants de bonheur à partager.
C'est vrai. Je revois encore les visages lumineux des enfants, des enseignants et des instrumentistes pendant et à l'issue des rencontres musicales.... Là, je ne crois pas me faire des idées !!! C'était la réalité.
Lors de la pandémie COVID , on a pu entendre et lire que les librairies et les magasins de musique n'étaient pas essentiels et devaient rester fermés. Tout le monde a compris que pour ceux qui énonçaient ces consignes, la littérature et la musique n'étaient pas choses essentielles ... Cela peut-il constituer une objection valable pour mon propos sur ce site ?
La musique n'est pas essentielle ?
Nous sommes constitués de rythmes (celui de notre cœur, celui de notre respiration ...), les sonorités peuplent nos vies ( la musique des mots ...) , l'harmonie est notre quête de tous les instants. La musique accompagne continuellement nos vies. Elle est dans la profondeur de notre être. Le poète l'affirme clairement : "De la musique avant toute chose" (Verlaine) . Les philosophes diraient : la musique est l'essence de notre humanité. Bref, la musique serait essentielle ! En d'autres termes, la musique serait intrinsèque à l'homme, selon Michel Serres ou Frédéric Wollf. Elle serait quasiment un prélude au langage parlé. voir De la musique avant toute chose ?
Les arts ne seraient-ils pas aussi vitaux que le boire et le manger ? Vous verrez dépérir rapidement les populations que vous priverez d'art et plus sûrement encore les êtres qui ont fait de l'expression artistique leur raison de vivre. Les conséquences des régimes totalitaires (religieux ou non ) reprouvant l'expression artistique sont encore dans nos mémoires.
Ceux qui ont donné des consignes d'interdiction pour la diffusion de la musique (et des livres) en prétextant qu'il s'agissait de choses non essentielles n'ont-ils pas prouvé une grande bêtise accompagnée d'une certaine capacité de nuisance ? Peuvent- ils avoir la prétention de donner des leçons ? Sous la pression, ils se sont ravisés. L'objection n'est pas retenue, bien sûr.
Les philosophes opposent essence et existence. "L'existence précède l'essence" disait Sartre. (En disant cela, il créait une innovation, un précédent dans le monde des idées.) Selon Sartre ce sont les humains qui créent leurs essences. La liberté serait seule requise avant d'admettre cette proposition. "Par cause de soi, j'entends ce dont l'essence enveloppe l'existence", a dit Spinoza. Lui, qui voyait le monde plutôt déterminé et l'homme pas aussi libre que Descarte et Sartre l'ont pensé. Les notions d'essence et d'existence sont toujours disputées par les maîtres penseurs. Alors soyons toujours prudents et modestes quand nous utilisons ces termes dans des discours désobligeants.
La réalité, véritable objet de ma préoccupation, réclame un questionnement raisonnable : La bienveillance à l'égard de tous les êtres humains existants ne doit-elle pas être privilégiée ?
L'interdiction d'expression des musiciens, et de tous les artistes n'était-elle pas un moyen de faire taire les oppositions sensibles à un régime de contraintes de plus en plus autoritaires ? N'y avait-il pas de quoi réveiller les souvenirs les plus tragiques et sordides de notre Histoire ?
Le monde de la culture et du spectacle vivant s'est levé.
Je crois qu'il faut cependant garder le contact avec le réel.
Nous avons des besoins. Réels. Essentiels. Manger. ... accéder à quelques outils matériels.... Tout cela est permis grâce à des personnes qui produisent. Les agriculteurs, les ouvriers ....Toute ma reconnaissance et mon attention se portent d'abord vers eux. Je ne veux surtout pas laisser croire à une importance prédominante des professions intellectuelles et artistiques. Les donneurs de leçons ont trop souvent failli . Ils devraient au moins reconnaître leur dépendance vis à vis de ceux qu'ils regardent de haut ... La modestie s'impose.
Des collègues m'ont parfois reproché d'être "surtout passionné par le Jazz". Il fallait entendre : "trop passionné par le Jazz"... Cette remarque pourrait être reçue comme une objection à mon propos sur l'éducation musicale si je ne m'intéressais pas aux autres musiques.
Je reconnais que le jazz me passionne pour bien des raisons. C'est une musique contemporaine encore en pleine évolution. Elle puise ses racines dans des répertoires très populaires : le Blues, les chants de travail des noirs en esclavage en Amérique, les négro spirituals ... Et puis elle s'enrichit d'autres musiques venant d'autres horizons culturels. Enfin, elle se nourrit aussi de recherches très savantes : sur la texture des sons, sur l'harmonie ... On sent au côté du jazz la présence de toutes les musiques passées et actuelles, savantes ou populaires, venant de tous les horizons de la planète. L'improvisation, enfin, est l'occasion d'une recherche infinie et débouche sur un langage musical personnalisé.
En réalité toutes les musiques m'intéressent dès lors qu'elles jouent avec des contrastes sonores. Je ne suis pas intéressé par la platitude et les répétitions continuelles.
Je pense à certains qui se disent musiciens et qui ne jouent et n'écoutent qu'une seule sorte de musique. Oui il y a bien des raisons de critiquer leur attitude. Et je pense que leur comportement est analogue à celui d'un personnage célèbre de la littérature : Don Quichotte.
Don Quichotte c'est ce personnage créé par Cervantès qui n'a lu (dans le premier livre) que des livres qui se ressemblent : des romans de chevalerie. Les chevaliers défendent la veuve et l' orphelin contre les monstruosités qui peuplent le monde. Les monstres, les dragons, en l’occurrence, sont fréquents dans les romans de chevalerie et le chevalier se doit de les affronter. L'archange Saint Michel, et Saint Georges sont les modèles parfaits. Lancelot et des chevaliers de la table ronde tentent de leur ressembler. Et leur existence est exemplaire pour Don Quichotte.
Don Quichotte prend pour modèle le chevalier des romans qu'il a lus et dont chaque ligne vante les vertus, celles d'un bon chrétien capable de partir en croisade et de faire le sacrifice de sa vie. Autour de Don Quichotte, il y a certainement la présence de l'église et de la vie religieuse. Dans l'Eglise, rien ne semble discréditer les chevaliers, ses héros bien au contraire !
Don Quichotte se met à parcourir le monde . Son comportement semble comme dicté par ses lectures. Il calque les représentations du monde qu'il a trouvées dans les romans sur les réalités du monde qui s'offre à lui. C'est alors que les méprises se succèdent. Des géants, des dragons, il y en a, il doit y en avoir . Hélas, ce ne sont que des moulins à vent !
Voilà à quoi on s'expose quand on est l'homme d'une lecture unique, tronquée et orientée. (Peut-être, Cervantès désigne-t-il ici, très adroitement, tous les hommes qui ne jurent que par un seul livre.). Des œillères bornent l'horizon. Les accents de vérité ne sont peut-être pas là ... là, où l'on croit.
Voilà le genre de méprises auxquelles on se risque aussi quand on se limite à n'écouter qu'une seule musique. D'autres musiques, salutairement, nous donnent à entendre une autre harmonie , et peut-être une autre disharmonie. Les artistes traduisent ainsi leurs lectures différentes du monde.
A l'école on invite les élèves à lire de nombreux livres et à écouter des musiques très variées. Et c'est heureux.
Heureusement, Don Quichotte lui-même, dans le deuxième livre de Cervantès, a eu connaissance de ses mésaventures, car il a lu le premier livre dans lequel il est un modèle de chevalier raté, un modèle de l'anti-héros. Ayant lu plusieurs livres, de points de vue différents, il commence à exercer son esprit critique et à mieux cerner la réalité des choses. Sa conduite change radicalement.
Je me souviens de la dissertation, à l’École Normale, qui m'a amené à réfléchir à une pensée de Valéry Larbaud . Celui-ci a aiguillonné ma perplexité, car cet écrivain n'hésitait pas à nous mettre en garde contre de mauvaises façons de lire . Il n'avait pas hésité à montrer du doigt : "Ce vice impuni , la lecture." Cette pensée à priori terrible, irrévérencieuse, quasi "sacrilège" , mais ô combien profonde, à posteriori, continue à m'accompagner.
Je crois l'avoir montré : la lecture n'est pas toujours parée de toutes les vertus. L'écoute et la pratique musicale, elles non plus, ne sont pas toujours pertinentes, et remplies de sagesse et de ... justesse. (voir le mot juste dans le paragraphe 4)
Je comprends et accepte parfaitement cette objection. Je ne parle pas suffisamment de l’œuvre d'art en général. Et je n'indique pas assez que la Beauté fait partie d'une multitude d'approches de l’œuvre d'art.
Parler d'une œuvre d'art ne peut se réduire au fait d'énoncer qu'elle nous semblerait belle. La notion d'Esthétique (l'idée du Beau ou de la Beauté en art) est d'ailleurs une invention relativement récente née sous la plume de Baumgarten en 1750. Les canons de la beauté sont variables et chacun le sait.
Et aujourd'hui, il est de plus en plus admis que pour être une œuvre d'art, une œuvre n'est pas nécessairement belle. La Beauté ne me semble pas un critère suffisant pour caractériser l'œuvre d'art.
Michel Onfray l'affirme " Jamais un artiste ne parle du Beau ".
Nous éprouvons un certain agrément à contempler ou à entendre une œuvre et notre jugement témoigne de notre goût. Le goût, encore un mot imparfait pour nous aider à saisir la profondeur de l’art!
Charles Robin "Qu'est-ce que l'art ?" élargit la définition de l’œuvre d'art. Après avoir donné un aperçu de l'étymologie du mot art , il évoque les notions de Vérité, d'Harmonie, de sentiments . Et très à propos, très justement, il conclut son exposé par une autre question : "Le but de l'art ne serait-il pas de "nous rendre meilleurs ?".
Quand une œuvre d'art nous touche, et nous "parle", elle atteint son but. Elle a visé juste. Vous l'aurez compris, cette notion de justesse me semble bien appropriée. On peut être en sympathie ou non avec une œuvre d'art. J 'en suis conscient, cette notion de justesse n'épuise pas la question. Mais ce que l’œuvre d'art révèle alors du monde et de nous même, me parait immense... Il y a des tensions dans certaines musiques qui peuvent nous heurter.(Certains diront d'emblée : "ce n'est pas beau !") Mais ces tensions se justifient pleinement. Surtout si la musique s'oriente vers des harmonies nouvelles et cette fois dénuées de vives tensions. La puissance de l'art est infinie.
Réflexion autour d'un terme de la langue française : le vocable "juste".
La recherche du mot juste , adéquat, est la préoccupation de l'écrivain. Il s'agit, pour lui, de trouver le mot du registre lexical qui convient (soutenu, familier ...), le mot assez fort pour que la phrase fasse son effet . Certaines paroles mielleuses sonneront faux si elles sont prononcées par un personnage de pièce de théâtre , fourbe et antipathique. Et cela pourra être le choix de l'auteur ... Il appartient à l'interprète de jouer juste . Le cinéaste et le peintre sont en quête de l'image juste. L'image évocatrice , novatrice. Ce propos est inspiré par les réflexions des philosophes Marie-José Mondzain et Jacques Rancière. L'avantage pour le maître de l'école primaire c'est de pouvoir penser à partir des différentes disciplines qu'il enseigne. Jouer juste, c'est ce que recherche le comédien au théâtre, mais aussi le musicien.
Le mot juste trouve sa place dans bien des domaines... dans les arts et dans les sciences... Dans le domaine social aussi : cela concerne la Justice. L’École est-elle juste ? Notre société est-elle juste ? Le maître d'école se soucie-t-il d'élucider avec ses élèves cette notion fondamentale : la justice ? S'agit-il juste d'admettre que nous sommes en démocratie ? Ou s'agit-il de réfléchir à ce qu'est vraiment la démocratie ? Il faut aller au cœur de ce que nous faisons. Penser ce que nous faisons et ce que nous disons.
La recherche de la note juste, vous le sentez, ce n'est pas réductible à ce que l'on pense de prime abord : la note à la bonne hauteur. Alors, réfléchissons : qu'est-ce que chanter juste ?.
A l'école, on veut que les élèves chantent juste. Souvent, on pratique des exercices vocaux, efficaces. Pour être à la hauteur, à la bonne hauteur . Mais là encore on ne fait juste que chanter. Pour le dire autrement : l'âme n'y est pas ! Boby Lapointe chantait-il toujours à la hauteur exacte de la note écrite sur la partition ? Et pourtant sa voix était parfaitement en correspondance avec le style qu'il souhaitait : humoristique et sarcastique. Miles Davis jouait légèrement "trop bas" pour certains puristes mais le son de sa trompette rendait ainsi parfaitement le climat un peu sombre qu'il cherchait à traduire. Les Blue Notes qu'il interprétait n'étaient pas dans l'air du temps des musiciens classiques. Et pourtant ces notes étrangères à la gamme en vigueur jusqu'alors, étaient bien représentatives du caractère mélancolique de la musique du jazz. Vous constatez que chanter juste ou avec un léger déport de la voix est parfois le résultat d'un choix artistique . Davantage que d'une performance technique mesurable . Bien entendu, le choix artistique d'un chef de chœur qui souhaite rendre parfaitement la partition, sans intervenir sur les hauteurs, est fort légitime, et compréhensible. Fortement espéré par tout le monde, chef de chœur, choristes et auditeurs. Mais la justesse parfaite est rarement atteinte par les groupes vocaux amateurs. Car certaines voix détonent, s'accordent momentanément et se désunissent à nouveau. Et pourtant ce chant collectif reste attachant, apprécié et nous parait juste. Il y se produit un phénomène bien connu : l'oreille de l'auditeur corrige les disparités et ne retient que la justesse d'ensemble. C'est en cela qu'une foule semble toujours chanter juste. C'est ce que l'on entend dans les enregistrements "en live" des concerts de chanteurs de variété quand la foule est invitée à reprendre un refrain. C'est ce que l'on entend dans un stade dont les spectateurs chantent "La Marseillaise". Le chant en chœur de plusieurs classes qui chantent est souvent très satisfaisant.
Il y a d'autres paramètre que la hauteur. Les nuances par exemple. Ce paramètre n'est pas toujours mentionné dans la partition mais il permet d' exprimer un choix artistique original. Telles et telles notes seront chantées plus ou moins fort. Et l'auditeur pourra avoir le sentiment que les choristes interprètent le chant d'une façon pertinente, bien appropriée à la dramaturgie des paroles. On pourra le sentir et le dire : "Les choristes chantent bien". On n'ira pas jusqu'à dire que les choristes chantent juste. Il n'y a pas que la justesse qui entre en ligne de compte pour apprécier un talent. Bien des artistes reconnus ont un problème parfois avec la justesse dans certaines performances vocales. Ce n'est pas le critère que l'on retient et qui nous fera renoncer à les apprécier.
La justesse et la beauté poétique du langage artistique.
L'artiste nous fait part de sa lecture du monde et il s'exprime grâce à un langage métaphorique, tout en images. Cette idée ne nous vient pas spontanément à l'esprit quand on parle de musique. Et pourtant ! Debussy a composé toute une série d’œuvres qu'il a nommées "images". Des musiques à programme existent : "Les quatre saisons" de Vivaldi, le poème symphonique" La Moldau" de Smétana... Nous interprétons les œuvres musicales et des images viennent à notre esprit.
Le langage de l'artiste se substitue à la réalité. Il la métamorphose. Voyez et entendez cet Apollon qui poursuit outrageusement la nymphe Daphné. Voyez et entendez Daphné qui succombe sans avoir démérité .... et qui se transforme en laurier. ("Daphné", opéra de Richard Strauss)
Avec tact et poésie comme toutes les métamorphoses signalées par Ovide.
L’œuvre qui réalise la métamorphose justifie son attribut d’œuvre artistique ...
L'expression de l'artiste est en relation avec sa pensée et avec sa sensibilité.
Parfois nous partageons pleinement, ... et parfois, pas du tout.
Une expression artistique est relative, donc. Concordante pour son auteur , discordante pour nous qui ne partageons pas le même horizon.
Est-ce à dire que toutes les expressions artistiques se valent ? Il y a des visions du monde qui ne peuvent être partagées, il faut bien le dire... Et il y a des "œuvres ?" que je n'apprécie pas du tout. En littérature, en arts visuels et en musique. Il y a des réalisations qui n'ont pour tout propos que de choquer , de provoquer, de "faire le buzz" comme on dit aujourd'hui. Quand ce n'est pas pour faire seulement du business ... Le marché de l'art... De tout cela, je me détourne. Et parfois, je contourne, je détourne l’œuvre et je me l'approprie. Ainsi, le "Requiem" de Verdi. Le "dies irae" n'est plus la colère d'un dieu, mais la mienne et toute cette musique trouve ma sympathie alors qu'au départ elle me semblait accablée des défauts des œuvres sectaires et mortifères. Je pense alors au "War Requiem" de Britten et aux poèmes déchirants du poète anglais. Je pense aux anciens qui ont détourné eux aussi le "dies irae" pour en faire une danse moquant les nantis écœurants de leur époque ... Les paroles en latin, je ne les entends plus. Elles résonnent comme des onomatopées. ((Ah, la poésie de la comptine "Am stram gram".... ). Métamorphoses encore.
Ainsi, le chant grégorien, je le trouve beau.
Cette réflexion m'a été rapportée. Elle ne m'a jamais été directement adressée.
Et on peut comprendre pourquoi. Comme beaucoup de musiciens je m'inscris totalement dans la période que je vis. Et donc comme beaucoup de personnes, je suis attentif, par exemple, au changement climatique et au manque d'eau qui nous menace. L’œuvre qui accueille les visiteurs de ce site en témoigne."O bruit doux de la pluie". Je suis même très inquiet pour les jeunes générations si les décisions politiques adéquates ne surviennent pas. Et, je l'avoue c'est bien pour cela que j'ai donné à entendre, en même temps, cette chanson de l'enfance "Dodo l'enfant do". Sous des airs anodins, cette chanson d'ouverture du site a une connotation politique qui peut apparaitre dans la discussion autour de cette œuvre "modeste mais géniale" , -selon le mot de Daniel Mermet qui qualifie ainsi son émission "Là-bas si j'y suis".
D'autre part j'ai bien montré que, de tous temps, les artistes, et les musiciens ne font pas exception, sont des êtres susceptibles de déranger les idées en cours et l'ordre établi. Ce sont des éveilleurs, des gens qui provoquent le mouvement. Évidemment, l'expression artistique n'a pas les caractéristiques objectives et immédiates de la violence. Toutefois, considérons avec attention, les rythmes employés dans les musiques militaires. Les marches de tambour ont soutenu, en leur temps, la marche des troupes vers l'ennemi. Des mélodies rythmées sous tendent des chants patriotiques ou révolutionnaires bien connus et terribles :"La Marseillaise", "le Chant des Partisans", "l'Internationale", "Ah ! ça ira" ... et bien d'autres. Ni la douceur, ni le rêve ne sont au rendez-vous de certaines heures où la musique se fait entendre. La musique alors n'adoucit pas les mœurs... Il y a cependant des productions sonores insipides que l'on peine à nommer "musiques" et qui ne sont peut-être pas des musiques, tout comme certains "livres" ne méritent pas le titre de livres.
Après avoir fait entendre bien des dissonances (pour l'époque) le grand Beethoven a composé "l'Hymne à la Joie" dans sa 9ème symphonie. Une harmonie vibrante dans le chaos du monde. Comme lui, je veux espérer la quiétude, la paix, la fraternité pour l'avenir de l'humanité. Comme lui et de nombreux musiciens, je veux rêver, ici-bas (l'au-delà, je ne peux y croire) , je veux rêver à un monde meilleur et plus doux.
Cette réflexion me permet de confirmer qu'en effet je porte beaucoup d'attention à la musique populaire.
Je ne suis pas le seul. Les plus grands musiciens, les plus reconnus, (Beethoven, Brahms , Berlioz... ) se sont inspirés des thèmes des danses et des chants traditionnellement interprétés dans les familles et dans les fêtes villageoises pour, à leur tour, créer des œuvres originales. Qui avait composé les musiques et les paroles des chansons ? Un berger ?... Un habitant des faubourgs ?... Peut-être plusieurs personnes ... A jamais, les noms avaient été perdus. Les chants étaient devenus ceux des sans noms. Des œuvres anonymes dont, cependant, on n'oublierait plus jamais ni le timbre ni les mots.
La transmission s'est faite oralement et par imitation durant des siècles et jusqu'à nos jours ... en langue vernaculaire... Les lettrés de l'époque, les clercs, les bourgeois et les nobles avaient négligé sciemment de s'intéresser aux "rengaines " du peuple ... qui ne savait parler le latin !
Mais cet esprit frondeur et poétique des "petites gens", ce génie des habitants des campagnes, vous le retrouvez dans la symphonie La Pastorale de Beethoven, dans Les Danses Hongroises, et dans la Symphonie Fantastique de Berlioz.
Vous entendez encore, chanter dans nos classes : "Compère Guilleri", "Cadet Rousselle" , "Gentil petit coquelicot", "La mère Michel", 'Il pleut bergère", "J'ai vu le loup "...
Cette poésie gagne les cœurs des adeptes du bal musette. L'orchestre interprète "Il pleut bergère" en valse... ou en marche .
Les musiciens jouent . En réponse (à un "lève-toi et marche" implicite) les danseurs entrent sur la piste, en fredonnant.
La poésie de la musique rencontre la poésie de la danse . Partout, sur la piste et sur la scène, vous trouverez des "cœurs simples", ... et beaux ...
Sur scène et sur la piste, une société rêvée se manifeste. Une manifestation quasiment politique (au sens plein du terme) , une manifestation sociale d'excellence est à l’œuvre ...Les couples de danseurs veillent à ne pas bousculer les autres couples. Chacun s'applique et glisse sur le sol avec une grâce pondérée mais belle et bien présente. Même si la souplesse des vertes années s'est envolée depuis longtemps. Tout à coup, pour "le Madison", les gestes se font à l'identique. Les corps restent séparés pour cette danse en ligne. Mais les mains se rejoignent quand résonne le "Sirtaki". Il faut voir alors les lignes se déplacer de droite et de gauche !...
Les danseurs , entament "la Chenille", et font évoluer cette figure simple vers une farandole, puis vers "une Ronde" ou un "passage sous un Pont"...
Il y a place pour l'Invention. L'Invention Sociale et l'Invention Artistique.
Souvent les organisateurs ont préparé un repas pour les participants. Autour de la table, au fil des conversations, les nouvelles s'échangent. Avec leur lot de petits bonheurs, et de grandes douleurs. Un sourire , quelques mots de compassion. C'est cela aussi, partager. Cela aide à "avancer". A "mettre un pied devant l'autre", comme on dit. Et l'on repart vers la piste, pour une autre danse. En lignes ou en couples. Certains esprits féministes remarquent que, dans les couples, c'est encore l'homme qui mène ... Alors, on comprend leurs préférences pour les danses en lignes ou les danses individuelles du "disco" ...
Voyez-vous, je ne me lasse pas du Bal Populaire ! Que je sois musicien sur la scène ou danseur sur la piste.
Lorsque je propose l'audition d'une œuvre musicale, je présuppose que chaque auditeur est capable de réagir, de comparer et d'établir des relations entre ce qu'il a déjà entendu et ce qu'il est en train d'écouter. Comme tout un chacun, il fait alors preuve d'intelligence. Et ses remarques méritent d'autant plus l'attention car lorsqu'elles sont l'expression de son ressenti, elles témoignent de sa subjectivité. J'ai affaire à un sujet parlant.
Quand bien même les remarques paraissent parfois anodines au premier abord, c'est une personne qui s'exprime et je lui dois attention , bienveillance et respect. Dans tous les cas même dans les circonstances les plus délicates comme celles que je décris ci-dessous.
A l'école, les élèves en grande difficulté font l'objet d'un "dépistage" mesuré. On reconnait alors la disparité des Quotients Intellectuels.
Et on identifie des causes innées et invalidantes comme par exemple les déficiences mentales dues à l'alcoolisme de la mère pendant la grossesse. Certains scientifiques associent déficits intellectuels et patrimoine génétique de l'enfant mais leurs conclusions ne font pas l'unanimité dans la communauté des savants.
On identifie aussi des causes psychologiques, des traumatismes plus ou moins graves, dont les conséquences sont importantes sur le comportement scolaire de l'enfant.
Enfin on admet souvent à la suite des travaux de Gardner que les intelligences peuvent être multiples . Chacun aurait son domaine de prédilection intellectuelle.
Le Quotient Intellectuel (QI) d'un enfant ou d'un adulte est-il le produit de capacités innées ou de capacités acquises ? Ou d'une composition des deux ?
L'école parie sur la pertinence des acquisitions qu'elle met en jeu dans le parcours scolaire des enfants et des étudiants adultes. Au résultat la plupart des citoyens de notre pays ont un QI qui voisine avec la moyenne . Les meilleurs résultats enregistrés peuvent-ils constituer une élite ? Les "sachants" sont-ils pour autant à l'abri de la sottise et de la bêtise ?
Le mérite n'est pas un critère pertinent pour justifier l'acquisition de compétences par des individus. Dans son ouvrage, "le talent est une fiction", Samah Karaki, docteure en neurosciences, déconstruit tous les mythes du mérite individuel, du "self made man", (l'individu qui ne doit sa réussite qu'à lui-même). Elle montre finalement que sont déterminants les apports extérieurs, les rencontres surtout . Elle justifie ainsi la pertinence des coopérations , et des formations permanentes vécues dans la fréquentation des autres. Il y a des personnes ressources. Magnifique et lumineuse ouverture !
L’École donne-t-elle finalement aux gens le sentiment qu'ils sont intelligents et que l'on peut leur confier des responsabilités ?
Par égalité des intelligences, j'entends, personnellement, égalité de dignité. L'humaine condition nous rend tous dignes d'être intelligemment considérés.
En tous cas les gens sont méprisés par ceux qui se pensent être l'élite , et pensent être la seule partie de la population capable de diriger le pays. Et on voit le résultat... Payés au mérite, ils ne gagneraient pas un centime !
Jacques Rancière , le grand philosophe, penseur de la Démocratie, de l’Égalité, et particulièrement de l’Égalité des Intelligences, le dit clairement lorsqu'il est interrogé sur la chaîne ARTE :
"Et si l'on arrêtait de prendre les gens pour des cons ?"
J'accepte cette objection. Jusqu'à présent je n'ai évoqué que quelques éléments qui montrent la nécessité de faire progresser l’École et je la crois toujours perfectible . Mais la situation s'est considérablement dégradée. Elle est bien différente en 2024 de celle que j'ai connue alors que j'étais en activité.
Les médias en rendent compte :
1 C'est la tragique réalité, aujourd'hui, on est incapable de mettre un enseignant devant chaque classe. Et ce sont les populations les plus fragiles qui se trouvent les plus démunies. Par exemple en Seine Saint Denis.
2 Les enseignants sont méprisés car insuffisamment rémunérés . Beaucoup moins que leurs collègues des pays européens.
3 Parfois, il y a des "accidents" dus à une consommation de drogue dans des collèges et des lycées !
4 Conséquence d'une société injuste, inégalitaire, sans boussole, et aussi du manque d'éducateurs, la violence s'est installée à l'école : harcèlements, menaces à l'égard des enseignants...
Alors je comprends la souffrance des enseignants et le désarroi des parents. Nombreux sont ceux qui espèrent un avenir meilleur !
J'accepte cette objection. Un enseignant de l’École Primaire est polyvalent. Il doit enseigner les disciplines artistiques, dont l’Éducation Musicale, mais aussi les disciplines scientifiques, et puis l’Éducation Physique et Sportive.
Il n'est pas facile pour lui de saisir les spécificités des différents champs disciplinaires et leur importance dans la formation du jeune enfant qui découvre le monde.
Le jeune enfant devant chaque phénomène, s'étonne, et désire faire part de ses émotions premières . Il désire aussi comprendre et trouver une explication. Il y a là une motivation extraordinaire à son questionnement et à son activité.
J'ai essayé de montrer, dans un chapitre de ce site, comment l'Ecole peut conduire l'élève à aborder le monde selon différentes approches. : une approche scientifique, une approche artistique et poétique et puis une approche sportive ...