Ces Solos sont écrits pour instruments en Sib : Saxophone ténor à l'origine , clarinette ... Ils correspondent à des standards très pratiqués. J'ai improvisé et j'ai noté les trouvailles qui me paraissaient intéressantes et dont je voulais garder la mémoire. Ce genre de structures viennent immédiatement sous les doigts de musiciens confirmés quand ils entendent ou voient une suite harmonique. C'est le fruit d'un travail très important . Pour moi, c'est une grande satisfaction quand certaines structures complexes arrivent quasi spontanément au cours d'une improvisation.
Les Solos peuvent être joués sur des accompagnements ( Backing tracks) adaptés. On en trouve sur Internet. On peut en réaliser soi-même grâce au logiciel libre "Impro-visor" par exemple. Jouer avec un accompagnement est une activité est très plaisante !
Les Solos proposés offrent donc un moyen ludique de s'imprégner de "couleurs sonores" , de tempos différents et de Motifs transférables à d'autres standards...
Je ne donne pas les partitions des standards. Certaines partitions sont encore protégées par des droits d'auteurs.
Pour commencer voici une série de 5 Solos sur la grille d'un standard du Rock au tempo médium : Red River Rock.
Ce Rock propose un espace pour l'improvisation qui suit la progression harmonique du Blues. C'est donc un Blues Rock. (Les accords D,G,A pourraient être écrits D7, G7,A7 dans d'autres Rocks). Les accords sont répartis comme dans la structure traditionnelle : sur 12 mesures.
Pour les 4 premiers Solos j'ai fait usage de la gamme Blues, et des gammes pentatoniques.
L' alternance gamme pentatonique majeure et Gamme Blues crée l' alternance entre détente et tension c'est l'un des ressorts du jazz et du rock.
J'ai aussi mentionné des chromatismes liés à l'usage des gammes pentatoniques. Je rappelle que la Gamme D de Blues est composée des notes Ré, Fa bécarre, Sol, Sol# ou Lab, La, Do bécarre. Les 3 "Blue Notes" sont Fa bécarre, Sol# ou Lab, Do bécarre.
Les structures rythmiques sont binaires, variées et adaptées au tempo modéré de ce Rock .
Des structures rythmiques et mélodiques ( encore appelés Motifs ou "Patterns") se répètent tout en subissant de légères variations. Ainsi elles retiendront l'attention de l'auditeur. En fin de partition, j'expose les gammes pentatoniques auxquelles je me réfère. En toute fin, on trouvera le 5ème Solo. Il fait appel à des Motifs issus de 2 standards du Rock Blues : 1 mesure de "Last Night ", 1 mesure de"Rock Around the Clock" et à des Motifs issus des 4 premiers Solos.
Les Solos pourraient inspirer les improvisations sur des Blues. Mais le rythme serait alors ternaire.
a)Une remarque importante . L'esprit du Rock (comme l'esprit du Blues)ne réside pas dans de belles phrases musicales . Il va falloir, par contraste, que vous montriez que vous êtes habités par le Rock, cette rage de vivre dans une période difficile, qui tient à la nature irrespectueuse, conflictuelle, et sélective de la société humaine qui s'abandonne à ses bas instincts. Le Rock est une musique toujours jeune, rebelle, capable de bouleverser le climat ambiant. Surtout quand la jeunesse se sent en danger de mort. Cela a été le cas, lors de la guerre du Vietnam. Écoutez cette émission de Christophe Bourseiller sur France Musique à propos de "la première guerre Rock de l'histoire" : la guerre du Vietnam . L'esprit du Rock a largement irrigué la protestation de la jeunesse mondiale et il a donc contribué à mettre fin à la guerre. Écoutez Johnny Ferreira qui interprète Red River Rock au saxophone ténor. Écoutez les musiciens du Rock d'aujourd'hui, pas toujours jeunes, et suivez leur exemple. Faîtes hurler votre jeu instrumental . En vous attardant longuement sur une Note aiguë de la gamme Blues . Vous la ferez outrageusement vibrer ... Il ne faut pas songer à écrire ce que vous allez jouer. Ce faisant vous ne laissez pas bêtement parler vos "tripes" . Vous utilisez les codes longuement travaillés. Mettez à contribution votre savoir et votre pensée . Le Rock c'est le résultat de l'esprit humain et non pas de l'animalité. Les auditeurs éprouveront une émotion et traduiront eux aussi cette émotion en pensée.
b)Je souhaite nuancer ces propos. Je ne doute pas que des musiciens, foncièrement mal à l'aise dans le monde de leur temps et habités par un esprit revendicatif, aient créé du Rock authentiquement inspiré du Blues. Toutefois, il faut reconnaitre que cette musique a été souvent le fait de musiciens blancs confortablement installés, bien insérés dans la société du spectacle et qui ont tenté de tromper le monde des auditeurs peu attentifs et critiques, facilement séduits par une musique facile, trop facile. Les producteurs de disques ont largement relayé cet ersatz de Blues. Ils ont à force de publicité aux côtés de produits tout aussi tournés vers le plaisir immédiat pris une place prépondérante et .... fait d'énormes profits. C'est cette culture américaine qui met à mal notre culture patrimoniale. C'est elle qui asservit une population fragile dans une économie assise sur de faux airs de transgressions et de libertés. Le culte des "idoles" concrétise cette glorification de l'esprit individualiste. Tout cela nous éloigne de la possibilité de faire nation , de choisir et d'élaborer ce dont nous avons vraiment besoin. Élaborer ensemble , cela veut dire que la facilité n'est plus au programme, et le labeur en commun semble autrement prometteur d'un horizon reconquis. Les orchestres et les artistes qui ont ce projet méritent notre attention.
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Dans son ouvrage "Le Livre de la Théorie du Jazz", Mark Lévine conseille les musiciens de Jazz. Pour lui, un musicien de Jazz doit travailler, c'est à dire , par exemple, s'entraîner à jouer tous les Motifs qu'il connaît dans toutes les tonalités. Alors voici une transposition dans une tonalité fréquemment rencontrée (Do pour les instruments en Sib ) des Solos (et donc des Motifs employés) pour improviser sur un rock blues en C. (A vous d’œuvrer pour aborder d'autres tonalités). Parfois certains fragments devront être transposés à l'octave.
Mark Levine dans son ouvrage "le Grand Livre de la Théorie du Jazz conseille les musiciens de Jazz. Pour lui, un musicien de Jazz doit travailler, c'est à dire , par exemple, s'entraîner à jouer tous les Motifs qu'il connaît sur toutes les grilles harmoniques des standards de Jazz. Alors voici une transposition d'un Solo (et donc des Motifs employés ) pour 6 des standards parmi les plus pratiqués. Avec tous ces exemples vous comprendrez comment les Motifs sont construits. Et vous aurez déjà beaucoup de vocabulaire à votre disposition ! A vous d'appliquer ce principe à d'autres standards .
Ces standards ont un feeling ternaire, à part "Le danseur de Charleston" dont le feeling est binaire. .
En Jazz, les pulsations, les temps forts ou faibles ne s'apprécient pas de la même façon qu'en musique classique.
Pour la plupart de ces standards, à 4 temps, le tempo est médium, autour de 120 Battements Par Minute (BPM) pour la noire. Et parfois davantage. Qu'est-ce que cela veut dire ? Un Battement c'est un autre mot pour désigner chaque moment de la Battue de la mesure par le chef d'orchestre : "1,2,3,4". C'est aussi par voie de conséquence, cette sensation que l'on ressentira dans le jeu musical, ce jalon régulier que l'on appelle pulsation. Quand le tempo (la vitesse de succession des pulsations) est annoncé à 120 BPM cela signifie qu'entre chaque Battement (ou pulsation ) il s'écoule 1 unité de durée : 1 temps mesurant précisément 1/2 seconde. (1 Minute = 60 secondes et 60 : 120 =1/2 ) . La noire sur la partition figure cette durée d' 1 temps. Un musicien de jazz marque à sa façon son ressenti et ses repères dans le temps pour organiser son jeu. Comment situe-t- l'emplacement de jalons réguliers, c'est à dire l'emplacement de pulsations ? Il peut marquer au pied (très discrètement) les 4 temps de la mesure. Personnellement, je recommande de marquer au pied, les temps dits forts en musique classique (1 et 3). Les temps dits faibles en musique classique, placés "en l'air" , (2 et 4) seront marqués par un faible mouvement de genou. Les temps "en l'air" ce sont ceux que scande, le chef du groupe d'un claquement des doigts, "en l'air". Ce sont les temps de "la pulse". Ce sont ceux que devraient frapper les auditeurs quand ils sont invités à battre des mains pendant une partie du jeu orchestral. (Souvent le public non initié dévie et tend à battre une pulsation sur les temps forts. Attention ces temps dits faibles, sont ceux qui sont accentués dans l'exécution du Thème et dans la réalisation du Solo ! Il y a là un renversement des appréciations de la musique classique. Le temps fort n'est pas vraiment celui qu'on croit. Par mesure, le musicien qui joue les Solos ou le Thème perçoit donc, dans ce cas, 4 pulsations d'importances différentes se succédant à la vitesse de 120 Battements par Minute. Certains musiciens semblent ne manifester d'aucune façon le marquage des pulsations. Ce sont des musiciens très expérimentés qui ont intériorisé le rythme musical. Mais de toutes façons, pour tout musicien nous pourrions dire qu'il y a une pulsation au niveau de la noire de la partition. Le batteur marque les temps 1 et 3 à la grosse caisse et les temps 2 et 4 à l'aide de la cymbale charleston. Voilà un autre moyen de se repérer... ( Ces remarques sont valables pour des standards se situant entre 100 et 170 BPM.)
Seul, le standard "Saint James Infirmary" a un tempo avoisinant les 60 BPM. Les 4 temps de la mesure se succèdent à une vitesse très lente de 60 Battements Par Minute. Entre chaque Battement (ou pulsation ) il s'écoule 1 unité de durée : 1 temps mesurant précisément 1 seconde. (1 Minute = 60 secondes et 60 : 60 =1 ) . La noire sur la partition figure cette durée d' 1 temps. C'est la vitesse à laquelle se succèdent les frappes sur la grosse caisse et sur la charleston effectuées par le batteur. Cela donne les caractéristiques d'une ballade au standard "Saint James Infirmary". Sur la partition, ci après, les rythmes semblent complexes et difficiles à interpréter. En fait, ces rythmes sont exécutés lentement, et le musicien qui veut interpréter le Solo, décompose la mesure. Il bat des pulsations (au pied) sur des temps perçus comme forts (les 4 temps : 1, 2,3,4 ) . Attention ! Des pulsations perçues comme faibles, "en l'air" , mais créées et accentuées dans le jeu volubile des improvisateurs, prennent place entre les 4 temps de la mesure. Rappelons-le : elles ne sont pas systématiquement marquées par le batteur Certains musiciens débutants ne soupçonnent même pas la possibilité de leur existence. Par mesure, le musicien expérimenté perçoit donc par mesure 8 pulsations se succédant à la vitesse de 120 Battements par Minute. Pour lui, il y a une pulsation au niveau de la croche (en rythme binaire) de la partition. Constatons-le, il y a une différence entre le jeu du batteur et l'organisation du temps telle qu'elle doit être perçue par les autres musiciens. C'est la condition à réaliser pour ne pas se perdre quand on joue le saxophone et qu'on improvise avec vélocité. Au lieu d'avoir affaire à 8 mesures de 4 temps très espacés on a affaire au double, c'est à dire à 16 mesures de 4 pulsations très rapprochées pour improviser des figures rythmiques. Et voilà comment on peut expliquer que sur 8 mesures de papier à musique, on peut trouver toutes les structures rythmiques d'un standard de 16 mesures. (Comparez les structures rythmiques comprises dans le Solo de "Saint James Infirmary " et celles comprises dans le Solo de "Mack the Knife") . Dans le Solo de "Saint James Infirmary" les structures semblent plus resserrées . Elles semblent être deux fois plus rapides si l'on considère leur écriture (une noire devient une croche, une croche devient une double croche). Mais cela n'est qu'apparence. car le ressenti est quasi le même.
(Pour essayer d'être complet, je dois signaler que le batteur, peut doubler son jeu (jouer 8 pulsations par mesure), s'il constate que l'improvisateur joue constamment des doubles croches et réclame d'être soutenu davantage dans les risques qu'il prend.
Dans ce cas on pourrait concevoir de réécrire le Solo sur 16 mesures . La grille de Saint James comporterait 16 mesures au tempo 120 BPM. La première mesure de 4 temps aurait pour accord Em. La deuxième aurait pour accord B7. etc. Et alors l'écriture rythmique du Solo ne comporterait pas de doubles croches. Je suis conscient que ces considérations peuvent déstabiliser un néophyte. Après un peu de réflexion tout cela s'éclairera et deviendra très compréhensible. La réécriture du Solo vous la trouverez dans le chapitre II) Réécritures de standards joués sur des tempos lents. Justifications. Vous trouverez ce chapitre au bas de cette grande page.
Être capable de doubler et dédoubler le jeu d'accompagnement, être capable de doubler ou dédoubler les perceptions des pulsations, ce sont des compétences indispensables aux musiciens de jazz. On retrouvera le même genre de considération quand on évoquera les thèmes à tempos très rapides. Dans les pages Autres Solos complets. Cette fois on examinera comment on pourrait percevoir un standard de 32 mesures comme s'il s'agissait d'un standard de 16 mesures. Par avance, à l'appui de mon raisonnement, je cite le pianiste Paul Lay qui signale sur le très sérieux site "pianiste.fr" que le standard "Les yeux noirs" (pour notre exemple ci-après en 16 mesures, pourrait être ramené à "8 mesures et même à 4 mesures dans les tempos très rapides".
Vous trouverez ci-dessous des structures de 32 mesures, de 16 mesures et même une grille de 8 mesures : celle de "Saint James Infirmary" dont nous avons déjà longuement parlé.
Les Motifs s'adaptent aux tonalités et aux progressions harmoniques correspondantes. Ils se répètent et varient légèrement.
Les mélodies comportent des sons consonants avec l'harmonie et la tonalité (ils créent une détente) et d'autres dissonants comme des chromatismes (ils créent une tension).
Les progressions harmoniques sont parfois des II -V -I. Mais on trouve aussi des V7- I ... (Parfois un seul accord signale la nouvelle tonalité.) En mode majeur et en mode mineur.
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Il me faut à présent commenter ces Solos et énoncer de quoi ils se nourrissent.
Le "voicing" c'est la réalisation instrumentale d'un accord. Les notes des "voicings" sont choisies de façon à ce que d'un accord à l'autre elles s'enchaînent de façons acceptées par l'oreille (et la théorie) : en se suivant en mouvements conjoints par exemple (il y a d'autres possibilités encore). L'enchaînement des notes d'un accord à l'autre constitue la conduite de voix ou "voice leading". Les voix constituent des notes d'appuis possibles pour la composition des mélodies et pour les improvisations.
Qui plus est, les voix bien conduites constituent la base des accompagnements réalisés par les musiciens qui soutiennent celui qui expose le thème ou qui improvise quel que soit le style de jazz (et c'est le cas aussi pour la musique de variété). Et c'est aussi un plaisir que de s'exercer à jouer une de ces suites de notes bien dans l'harmonie en s'appuyant sur un support enregistré. Mark Lévine, encore lui, rappelle que toute préparation à l'improvisation sur un standard commence avec l'exploration des "voicings".
Les musiciens de Jazz New Orléans disposent de grilles harmoniques particulières. Sur une portée, les notes de chaque accord sont étagées d'une façon précise. La note figurée au dessus est attribuée à un instrument , celle plus bas est attribuée à un autre instrument. Il en va ainsi pour les 4 notes de l'accord. L'instrumentiste circule ainsi d'un accord à l'autre. Comme souvent les notes sont voisines ou conjointes un mouvement mélodique agréable et simple descendant ou ascendant est amorcé. Une mélodie primitive naît , une voix se fait entendre.
Les notes sont figurées en rondes si l'accord s'étend sur toute une mesure de 4 temps, en blanches si l'accord s'étend sur une demi-mesure. Quand on retrouve la même note dans les accords qui se suivent on peut lier ces notes. Il arrive que dans le jeu d'une conduite de voix , une note soit tenue sur deux mesures et même davantage (bien qu'on ait changé d'accord). On obtient ainsi un accompagnement en nappes de sons. Il arrive qu'un seul instrument soit affecté à cet accompagnement. Si possible la note choisie sera située à la tierce ou à la sixte de la mélodie. Mais de toutes façons, si les notes se suivent (à intervalles de 1/2 ton ou à intervalle d' 1 ton) les notes de la conduite de voix seront crédibles. Il faut éviter les intervalles trop importants. Il y aurait même la possibilité de faute d'harmonie. Plus bas j'explique la méthode des conduites de voix.
Parfois la conduite de voix n'est pas interprétée en notes longues. Une structure rythmique adaptée unit les notes sur une ou deux mesures : un riff est constitué. Concrètement : un riff d'accompagnement est proposé par un musicien. Il se rapproche des autres qui l'imitent en utilisant les notes de leurs voix . Le riff harmonisé puissant contribue alors à dynamiser le jeu orchestral. Dans le jazz Nouvelle Orleans, les instrumentistes improvisent aussi individuellement des éléments de mélodies appuyées sur les notes de la conduite de voix . Ce faisant, ils entourent la mélodie et comblent les " espaces vides" laissés par les notes tenues. Une ébauche d'improvisation collective s'amorce. Exercice difficile : il faut que chacun puisse trouver sa place. Il faut savoir faire silence, écouter les autres et intervenir au bon moment.
Les notes des accords sont repérées par l'intervalle qui les sépare de la fondamentale. La fondamentale est le degré 1 de l'accord, suivi du degré 3 (la tierce) du degré 5 (la quinte), et du degré 7 (la septième). Il y a des règles qui gouvernent l'étagement "vertical" des notes d'un accord et la succession "horizontale" des notes d'un accord vers un autre accord.
a) Les notes les plus graves sont attribuées aux instruments graves.
b) Quand un instrument part du degré 1 de l'accord du début du standard, il cherchera à aller vers le degré 5 de l'accord suivant, puis vers le degré 1 du 3ème accord. Quand un instrument part du degré 3 de l'accord du début du standard, il cherchera à aller vers le degré 7 de l'accord suivant, puis vers le degré 3 du 3ème accord. Quand un instrument part du degré 5 de l'accord du début du standard, il cherchera à aller vers le degré 1 de l'accord suivant, puis vers le degré 5 du 3ème accord. Quand un instrument part du degré 7 de l'accord du début du standard, il cherchera à aller vers le degré 3 de l'accord suivant, puis vers le degré 7 du 3ème accord.
Voici quelques exemples de conduites de voix. Ils concernent directement le début d'Autumn Leaves. D'un accord à l'autre on pourrait aussi construire des conduites de voix ascendantes. Recherchez-les.
(NB) La démarche est identique pour tous les standards de Jazz.
Les Solos construits avec les mêmes Motifs pour 6 standards ont pour départ les Motifs de "Autumn Leaves".
J'ai transformé le thème de "Autumn Leaves" en le modifiant progressivement. Plusieurs transformations ont permis de générer le Solo présenté finalement. Chaque transformation aboutit cependant à une variation crédible. Certaines structures sont simples tout d'abord et s'enrichissent petit à petit. Toutes ces étapes rigoureusement amenées sont transférables à tous les standards.
Alors oui, pour "Autumn Leaves" j'ai réalisé des variations sur le thème , mais quand les mêmes procédés sont appliqués à d'autres thèmes , on ne peut plus guère parler de variations sur les thèmes initiaux. Au passage, vous découvrez l'usage que l'on peut faire des notes des gammes auxquelles on peut faire appel : gamme majeure et mineure , gamme be-bop, gamme pentatonique, gamme du blues
Alors voici, en partitions la genèse de ma progression vers le solo final désigné ainsi : Motifs que je souhaite retenir. J'avoue que pour bien des improvisations je m'arrête aux structures les plus simples. Elles viennent maintenant spontanément sous mes doigts..
Remarque : Dans les partitions, j'ai souvent utilisé le terme de voicing (à tort pour les puristes) alors que c'est bien le terme de "voice leading" , conduite de voix que je sous entends . Voyez-y le défaut d'un raccourci. Une habitude prise dans la pratique de l'orchestre .
Vous l'avez compris, les notes choisies dans les conduites de voix sont l'équivalent de notes cibles dont parle Jacques Siron dans son ouvrage "La partition intérieure". Elles donnent une perspective à plus ou moins long terme à l'improvisateur qui n'est pas obnubilé par l'accord à venir. Si elles vous conviennent, elles sont ce que vous devez mémoriser. L'improvisateur , pour élaborer son Solo, conduit une voix sur laquelle il greffe des Motifs rythmiques et mélodiques. Les Motifs sont des "Patterns "de Jo Anger-Weller : "Clés pour l'Harmonie à l'usage de l'analyse, l'improvisation, la composition". Il vous faudra les choisir en fonction de votre habileté technique et du tempo adopté pour l'interprétation.
Vous repérerez facilement les notes (cibles) choisies parmi les conduites de voix possibles dans les Solos concernant les autres standards . Certaines notes choisies peuvent vous dérouter, mais, si elles n'appartiennent pas à l'accord, elles sont des extensions de cet accord, des 9ièmes. Parfois les notes des gammes pentatoniques ne se présentent pas comme dans les exemples . Parfois, j'ai utilisé une gamme difficile à identifier. C'est pourquoi je vais compléter mon analyse par des précisions qui concernent les adaptations du solo aux autres standards.
Pour les 8 mesures de Solo qui correspondent à la reprise du Thème A j'ai adopté une autre façon d'aborder la conduite de voix .
Voici 3 Solos de Blues en Sib. Les deux premiers sont destinés à être joués sur un tempo medium (environ 120 bpm).
Le 3ème est adapté à un tempo lent (environ 60 bpm). C'est le cas du standard de Ray Charles : "Lonely Avenue". Ce 3ème Solo reprend les structures proposées pour les 2 premiers Solos. On peut donc "travailler" les deux premiers Solos avant d'aborder le 3ème. Vous pouvez toutefois déjà convenir que les structures rythmiques sont plus faciles à lire et à comprendre dans l'écriture des Solos 1 et 2. Alors comment mieux percevoir le jeu traduit dans le Solo 3 ? C'est ce qui est en jeu dans la réécriture de ce Solo dans le chapitre II) Réécritures des solos joués sur des tempos lents. Justifications . Vous trouverez ce chapitre et la réécriture du Solo tout en bas de cette grande page du site.
La gamme du Blues est utilisée ainsi que les gammes pentatoniques qui conviennent (voir plus haut ce qui a été énoncé pour le Blues Rock). la structure harmonique du Blues est ici la plus couramment rencontrée. On trouvera donc facilement les Backing tracks qui conviennent. Si vous jouez le saxophone ténor ou la clarinette il faudra recourir à un enregistrement en Ab (pour instrument en Ut).
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Pour ceux qui voudraient transposer
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Solo pour un Blues en Sib (suite) Avec Doublements et dédoublements du tempo (ou de la pulsation)
Le Solo 4 est construit à partir de formules rythmiques empruntées aux solos destinés à être joués sur un tempo médium et au solo destiné à être joués sur un tempo lent. En cours de jeu le tempo semble s'accélérer (doubler) ou ralentir (en se dédoublant). Le jeu s'enrichit ainsi de formules rythmiques très variés. Au début les formules mélodiques sont répétées mais dans un rythme plus rapide. Elles sont aussi prolongées.
Jouez le Solo 4 donné ci-dessous, d'abord sur un tempo lent (environ 60 bpm). Les doubles croches sont ternaires. Les croches sont également à interpréter en ternaire.
Essayez de le jouer sur un tempo médium . (environ 120 bpm). Vous verrez qu'il faut une dextérité éprouvée pour y parvenir. Le passage avec les triolets est quasi impossible à jouer à ce tempo pour un musicien non aguerri. Ce jeu est caractéristique des prouesses réalisées par les adeptes du be-bop comme Charlie Parker ou Scott Hamilton.
Une remarque importante . L'esprit du Blues (comme l'esprit du Rock)ne réside pas dans ces belles phrases musicales . Il va falloir, par contraste, que vous montriez que vous êtes habités par le Blues, ce mal de vivre, qui tient à la nature tragique de la condition humaine. Faîtes hurler votre jeu instrumental . En vous attardant longuement sur une Blue Note et en jouant du contraste avec la note voisine plus consonante car comprise dans l'accord. Jouez du contraste entre Réb et Ré sur l'accord Bb7 par exemple. Il ne faut pas songer à écrire ce que vous allez jouer. Laissez parler vos "tripes" ! Écoutez David Newman qui joue Lonely Avenue au saxophone. Écoutez les musiciens de Blues et suivez leur exemple. Je dois dire que l'esprit du Blues est présent dans tout le jazz. Tous vos Solos sur des standards doivent se démarquer des belles phrases musicales qui se laissent écrire. Trouvez et accentuez les Bluee Notes !
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"Saint James Infirmary" et "Lonely Avenue" (Blues)
... "la partition intérieure"
Le Jazz accorde aux interprètes une grande latitude pour s'approprier le ressenti du déroulement du temps de l'improvisation. L'écriture et la réécriture de Solos témoignent de cette démarche d'appropriation .
Le Thème "Saint James Infirmary", présenté avec l'indicateur de mesure 4/4, et dont le tempo recommandé est 60 BPM à la noire, comporte des figures de notes variées. Elles vont de la ronde à la croche. Les pulsations privilégiées, ressenties et choisies sont au niveau du temps , c'est à dire au niveau de la noire. Les croches sont alors jouées en ternaire. Ces caractéristiques typiques d'une Ballade, concernent également le Thème du Blues lent "Lonely Avenue" de Ray Charles.
On peut concevoir un Solo (ou une partie de Solo), non volubile, dont les pulsations restent au niveau de la noire de cette partition initiale. Il est même souhaitable de rester d'abord dans cet esprit lourd et retenu que traduit la musique du Thème sans chercher à jouer au delà de la croche. (Tout au plus en jouant des triolets de croches.) J'ai traduit ce type de jeu (mesures 1 , 3 et 6 ) dans le Solo n° 4 proposé pour le standard de Blues lent "Lonely Avenue". Après avoir joué une grille du Blues de cette façon, le Soliste qui improvise peut entendre le public qui le pousse (qui le "pulse" ?) : "Allez !".
Le Soliste doit faire preuve de moins de retenue. Il lui faut se lâcher ! Le Soliste peut-il découper le temps autrement pour compléter ses phrases musicales ? Peut-il compter avec de nouveaux points d'appuis, d'autres pulsations, une autre "pulse" ?
Les réécritures que je fais figurer ci-dessous sont la façon que je privilégie pour mieux percevoir et comprendre ce qui se passe, quand on joue au tempo lent un Blues ou une Ballade, et que l'on adopte un langage volubile. Regardons comment le Soliste organise le temps de son improvisation.. Les 60 BPM, on les a toujours : mais c'est le tempo au niveau de la blanche des nouvelles versions des partitions. Le tempo est maintenant 120 BPM à la noire au lieu de 60 BPM à la noire dans les partitions originales. Oui, le nombre de mesures a doublé ! Oui, les 4 temps de la mesure de l'écriture initiale se trouvent portés par les 1er et 3ème temps des mesures de la nouvelle partition, et , bien sûr, pour avoir ces 4 temps il faut cette fois 2 mesures ! Chaque temps est alors bien ressenti comme jalon temporel. Ce jalon c'est ce que l'on appelle la pulsation. Des pulsations nouvelles (nouveaux points d'appuis) apparaissent nettement sur les 2ème et 4ème temps de la réécriture. Toutes les pulsations (8 pour les 2 nouvelles mesures) se situent au niveau de la noire et découpent la mesure d'une façon binaire. Or les noires correspondent à des croches de la partition initiale. Cela signifie que les croches de l'écriture initiale sont cette fois perçues comme binaires ! Et que dans cette écriture, elles constituent des points d'appuis supplémentaires. Des doubles croches s'intercalent aisément et étoffent le discours . Et ce sont elles qui sont ternaires. Les réécritures permettent de constater finement comment ces structures se déploient et provoquent le "swing" . Dans la réécriture, (2ème mesure de "Saint James Infirmary") on voit une croche (précédée d'un demi-soupir) venir appuyer une croche située sur un temps faible (2ème temps) , puis une noire s’appesantir sur un autre temps faible (4ème temps) . En mesure 1, ce sont les temps forts 1 et 3 qui sont visés comme appuis. La réécriture met en évidence l'alternance des points d'appuis sur des temps forts ou des temps faibles et l'existence de syncopes .
Le Batteur dont la fonction est d'accompagner le Soliste, peut doubler ou non le jeu de ses interventions.
La durée qui sépare les changements d'accords reste la même.
Partition initiale de "Saint James Infirmary "à 60 BPM . La durée de la noire est de 1 seconde. La durée de jeu de l'accord Em est équivalente à celle de 2 noires ( 2 fois 1 seconde = 2 secondes). L'accord B7 intervient donc au début de la 3ème seconde .
Partition réécrite de "Saint James Infirmary "à 120 BPM . La durée de la noire est de 1/2 seconde . La durée de jeu de l'accord Em est équivalente à celle de 4 noires ( 4 fois 1/2 seconde = 2 secondes). L'accord B7 intervient donc au début de la 3ème seconde.
Certes on croirait à la possibilité faire figurer, en tête de partition, l'indicateur de mesure 8/8 au lieu de l'indicateur 4/4. Comprenez : il faudrait compter 8 pulsations binaires dans la mesure au lieu de 4 pulsations . 1/ 8 de ronde (la ronde figure la mesure entière) c'est une croche. Il faut 8 huitièmes de ronde pour faire une mesure entière. Mais cet indicateur de mesure existe. Il est réservé à de rares œuvres ternaires complexes.
Le raisonnement est analogue quand on veut fixer la pulsation ailleurs qu'au niveau de la noire et ailleurs qu'au niveau de la croche. Vous trouverez par exemple l'écriture : C barré , et son équivalent : 2/2. Ces écritures sont conventionnelles. Le jalon temporel fortement ressenti est au niveau de la blanche. Dans ce cas, il y a 2 pulsations par mesure. La première blanche est un temps fort , la deuxième est un temps faible. Nous retrouverons cela quand nous évoquerons les standards qui peuvent être interprétés sur un tempo rapide (voir. d'autres Solos complets ) Je dis bien : qui peuvent être interprétés à un tempo rapide. Car, comme pour presque tous les standards de jazz le tempo (rapide, médium, ou lent) peut être délibérément choisi par l'orchestre au départ du jeu. Quel que soit le standard, quel que soit le tempo choisi la partition initiale est la même : en 4/4 . Les pulsations repères sont celles données par le musicien qui donne le décompte du tempo : "1-3, 1 -2-3-4 " ou "1-2, 1 -2-3-4 ". Entendez bien le claquement de doigts sur 2 et sur 4. Au lieu de mesure ou de tempo on parlera de métrique; une appréciation vivante des découpages du temps. En cours de jeu le musicien qui improvise peut adopter d'autres points d'appuis, et intérioriser des divisions du temps complexes ou non , en fonction de ses intentions et de ses possibilités techniques. Il peut compléter, s'il le peut, la métrique donnée par le leader : "1-2, 1 -2-3-4, 1 -2-3-4- 5-6-7-8" Le musicien qui improvise est à l'origine du mètre du temps. (Son désir secret est-il d'être le maître du temps ?) Il intériorise le mètre du temps pour l'incorporer à sa musique. Ce faisant, il reste tributaire de ce qu'il est, tributaire de ses limites et de ses qualités pour vivre le temps et donc dépendant de son horloge interne . La répartition des jalons du temps de l'improvisation est personnelle et elle est intériorisée. Peut-on y voir une illustration de la belle image suggérée par Jacques Siron : "la partition intérieure" ?
Il existe bien sûr des standards en 3/4 et même des standards en 4/4 provenant de la transformation de thèmes traditionnels en 3/4 ("Les yeux noirs" par exemple). Les enseignants de l’École Maternelle en stage de Formation Continue avaient composé une chanson : une charmante petite valse. Je l'ai transformée en en "swing" (et même en polka)
J'avais déjà fait la même chose avec la Berceuse Cosaque, une valse lente du folklore russe. Et dans notre orchestre de Style Nouvelle Orleans : "New Bux Band" nous avons adapté "la chanson pour l'auvergnat" de Georges Brassens.
On trouvera dans le répertoire jazz d'autres mesures du temps 5/4 , 6/8 ... etc.
Voici une deuxième version, plus aérée d'un Solo possible pour Lonely Avenue.
Voici une autre façon de concevoir un Solo pour "Lonely Avenue"
Une formule de base laisse apparaître des structures (des idées, des motifs ou des patterns) qui peuvent faire l'objet de variations. Ainsi que le propose Jeff Gardner dans son ouvrage "Jazz piano. Creative Concepts and Techniques" une idée, (un pattern remarquable), peut être développée en utilisant des techniques précises :
la transposition
le changement de rythme
le changement de position de l'idée de base dans la mesure
le changement d'une ou plusieurs notes
le placement de l'idée de base dans une phrase plus longue
l'utilisation d'un fragment de l'idée de base
le changement des dynamiques et de l'articulation
C'est ce qu'il appelle la variation motivique et il en fait le meilleur moyen pour développer des improvisations.
Voici pour terminer cette longue page, 5 SOLOS pour Saint James Infirmary.
De nouveaux procédés de créations de Variations sont proposés. Et expliqués. Leur efficacité n'est plus à démontrer.
Les Réécritures montrent leur utilité pour comprendre de très près les écritures et les interprétations rythmiques.
Voici une interprétation de "Saint James Infirmary" suivie d'une improvisation. La partition accompagne la vidéo. Elle est dans la même tonalité que celle de notre étude.
Le pianiste Hugh Laurie utilise toutes les ressources de son instrument ( plusieurs notes simultanées, accompagnement main gauche / jeu de la mélodie , improvisation main droite). Il recourt à des ornementations dont beaucoup d'instrumentistes peuvent s'inspirer.
Au cours de l'improvisation, vous remarquerez, et ressentirez comment l'improvisateur dédouble le tempo et utilise des doubles croches, tout en accompagnant (main gauche) en jouant des noires. Vous remarquerez que certaines phrases sont reprises.
Vous remarquerez la complicité avec les musiciens . Les autres musiciens restent discrets pendant une grande partie du morceau, et soudain l'orchestre lance ou provoque le jeu "forte" du pianiste en croches.
Au début, le musicien donne une version ad libitum du thème dans un style baroque et classique du piano (Bach). Ensuite il joue le thème avec de nombreuses ornementations, puis il improvise. Enfin il expose à nouveau le thème.
Souvent l'écriture, pourtant très fouillée, ne parvient pas à traduire toutes les inflexions , les crescendos, les nuances et les phrasés.
Cela nous conduit à prendre conscience que notre étude nous place au début d'un chemin .
Partir des matériaux donnés ci-dessus, ... mais les dépasser et surtout se passer d'une partition qui nous bride ... Parfois le jeu Hugh Laurie n'est pas si compliqué que ça ,... mais la manière et le cœur font la différence.
Retrouvez pour un comparatif entre standards interprétés sur un tempo médium et standards interprétés sur un tempo rapide d'autres Solos complets