Mémoire : Accompagnement d' une mélodie avec un rythme obstiné . Improvisation

En 1988, pour espérer accéder aux Fonctions de Conseiller Pédagogique pour l’Éducation Musicale à l’École Primaire, il fallait (parmi les nombreuses épreuves de l'examen) rédiger un mémoire et le défendre devant un jury très exigent. Le mémoire s'appuyait sur des séquences pédagogique conduites dans une classe.

Dans ma classe, j'écrivais sur le tableau noir les belles lettres des chansons que j'apprenais à mes élèves. Je grattais et chatouillais les cordes de ma guitare. Les visages des enfants s'épanouissaient et tous les élèves laissaient une magnifique trace sonore. Des instants de pur bonheur partagé. Pour certains des enfants, une réconciliation avec la vie ... et avec l'école.

Ci-dessous, vous trouverez le texte du mémoire que j'ai rédigé (fichier PDF). Vous trouverez aussi les enregistrements des élèves qui témoignent du travail réalisé (Fichiers MP3). Vous pourrez ouvrir ces fichiers dans une fenêtre à part en cliquant sur la flèche en haut à gauche. Vous pourrez les télécharger si vous le souhaitez.

Ce sera l'occasion de découvrir comment des séances d'activités musicales peuvent se dérouler, et s'enchaîner dans la perspective d'atteindre des objectifs pédagogiques précis . Aujourd'hui, on vise l'acquisition de connaissances, de savoir faire, et de comportements adaptés car on a pour perspective de développer des compétences chez les élèves. Vous vous rendrez compte que la bonne conduite des activités musicales est subordonnée à une formation professionnelle solide.

Vous pourrez constater que les autres rubriques de ce site ont toutes un rapport avec le contenu de ce mémoire.

J'ai satisfait aux épreuves de l'examen en 1988. Ensuite, pour continuer à me préparer, j'ai fait partie de l'harmonie municipale de Chaumont, j'ai suivi les cours de Jazz de l’École de Musique et j'ai fait partie de plusieurs orchestres ( Big Band de Jazz, Orchestre de Jazz New Orleans, Orchestre de variétés ). J'ai pris les Fonctions de Conseiller Pédagogique pour l’Éducation Musicale en 1992, quand un poste s'est trouvé vacant.

Depuis 1988, j'ai eu l'occasion de poursuivre ma réflexion. La "maturité" et les terribles épreuves de la vie m'ont conduit à prendre conscience des choses essentielles. Ce mémoire, est un ancrage idéal pour revenir sur quelques notions qui m'apparaissent à présent fondamentales.

1 La réception des œuvres musicales conduit les élèves à exprimer ce qu'ils ressentent. Ils sont capables de faire des analogies et de donner du sens à une œuvre. Cette étape de l'écoute musicale manque dans le récit que je fais des séances menées en classe.

Un chant canon est interprété ou écouté. Le chant est repris plusieurs fois, quasi identique à lui-même. A quoi cela peut-il faire penser ?

On laisse les élèves s'exprimer. Et puis on peut laisser entendre que certaines personnes penseront à une similitude avec un cycle , un mouvement perpétuel comme par exemple le cycle des saisons, ou le cycle de l'eau. Et pourtant la musique s'achève ... Comment interpréter cela ?

Dans le Canon de Pachelbel seul le continuo : basse, clavecin et violoncelle (viole de gambe) se répète plusieurs fois. Une rupture se produit, puis la répétition reprend. Avant que le morceau ne s'achève sur une note tenue.

2 Je ne mesurais encore pas à quel point la notion de temps méritait toute l'attention du pédagogue et du musicien. La métaphore est utilisée par les philosophes et les poètes. "On ne se baigne jamais dans la même eau". Les images cycliques ou non du cours des rivières sont toujours évocatrices. En ce sens, je trouve remarquable le livre de Murielle Magellan "Changer le sens des rivières".

Dit de façon plus triviale, on peut toujours "remonter la pente" , la Culture s'offre à nous à tout âge. Il suffit de vouloir pousser la porte d'une médiathèque. La prise de conscience est toujours possible. Et, elle nous conduit invariablement à constater que le temps nous est compté. Le réel se présente tragiquement à nous. La condition humaine est tragique. Avec les enfants, le tact s'impose pour aborder ce sujet. Cependant, ils s'interrogent , ils comprennent progressivement. Et il faut les aider à mettre un pied devant l'autre. L'obscurantisme n'est sans doute pas la solution. Le courage, la solidarité, le geste poétique ont leurs mérites et permettent de tenir debout. C'est le cas pour beaucoup d'êtres humains. Le temps, c'est un savoir en construction permanente. Ce savoir ne peut être réduit à une compétence. C'est une notion. Un concept philosophique. On ne peut épuiser le sens de ce terme.

J'aurais pu explorer un autre concept philosophique : l' idée d'ordre. Quand j'ai observé les improvisations rythmiques des élèves, j'ai noté qu'une réalisation semblait s'écarter des formules rythmiques convenues pour une polka, celles qui ont dans "l'ordre des choses". Mon attention se portait à chercher cet écart qui est l'indice de l'innovation ou de la créativité. Celui qui crée déroge à la tradition ou à la convention. Dans mon argumentaire en faveur de l'éducation musicale, j'ai montré quelques exemples de ruptures avec la règle établie. J'ai montré que la liberté prise par le musicien pouvait être envisagée comme un "désordre" et pouvait donc "déranger".

3) Je ne faisais pas vraiment la distinction entre imagination et imaginaire.

L' imaginaire d'un musicien c'est la traduction sonore du monde tel qu'il le ressent et tel qu'il l'espère.

L'imagination c'est partir sur des chemins sans boussole. L'imagination n'a pas l'envergure de l'imaginaire.

Errata :

Page 7 il faut lire "solmisation et non pas "solmatisation"