Finalement, le voyage s’est très bien déroulé et pour une fois le bus était plutôt « confortable ». La qualité des bus couchettes varie énormément en fonction de la compagnie. Il est donc mieux de se renseigner sur l’entreprise avant de réserver. Ce qui n’est absolument pas mon cas, puisque je prends toujours le premier bus en partance pour ma destination, et peut importe la compagnie. Ca passe ou ca casse. Pour voyager en bus au Vietnam, il est également possible d’acheter un « Open Billet », ce qui permettra de bouger à travers le pays en y faisant autant d’étape que possible. Il suffit de réserver son billet la veille. Attention pendant les fêtes de fin d’année, les prix s’envolent, et peuvent facilement doubler. Mon bus arrive tôt le matin à Ho Chi Minh, mais après deux jours de bus, il m’en faut encore un peu, je prolonge ma route jusqu’à Can Tho. Une ville qui se trouve à l’embouchure du delta du Mékong. J’arrive à mon hôtel vers les 11h et il n’y a plus un seul scooter de libre, je suis dégouté, du coup je pars en ville à la recherche d’un deux roues. Je flâne comme toujours, il y a des scoots partout, mais personne pour m’en louer un. Je m’arrête devant un magasin, où une bonne dizaine de scoots alignés devant la devanture. Je brode trois mots. La femme m’ouvre la porte. Je tombe dans une salle de jeux avec pleins de geeks derrière leurs écrans. Ils ont peut être une double activité. Je cherche d’un coin de l’œil un manager. Puis, elle me fait rentrer dans une salle de billard. Ils ont peut être une triple activité. Mais non, aucune location possible. Il y a deux étrangers. J’ouvre la conversation. Je ne m’aperçois qu’ils sont français. Ils viennent très fréquemment au Vietnam, et envisage d’ouvrir un resto français ici. On fait une partie ensemble, je prends le numéro au cas ou, et je file poursuivre ma recherche. J’ai faim et il fait une chaleur à crever. Rien de mieux que quelques rouleaux de printemps pour tenter de se rafraichir. Après une bonne heure de marche, et quelques refus, je trouve finalement ma monture dans un hôtel 5 étoiles, pour un prix plus que dérisoire. Pere, m’avait parlé de la fonctionnalité « hangouts », sur le site de couchsurfing, pour rencontrer des voyageurs et locaux. Je lance une bouteille à la mer, en disant que je souhaite aller faire un tour de moto dans les environs. Et Ryan, un vietnamien me répond quasi instantanément. On se retrouve 30 minutes plus tard. Il me demande où je souhaite aller, et lui retourne la question car je ne connais rien à Can tho. Je lui dis simplement que je veux éviter les coins touristiques. Ni une, ni deux, nous enjambons nos montures, et partons. Nous sortons de la ville, empruntons une piste, nous enfonçons dans la fôret, traversons de petits ponts et arrivons à destination. C’est un endroit magnifique, un lieu de culte pour les Vietnamiens, un arbre gigantesque qui serpente dans tous les sens, une sorte de liane tentaculaire s’entend sur un diamètre de 30 mètres. On part à la suite, vers l’une des attractions de la ville, le marché flottant, que j’entraperçois car il est en train de fermer. Puis nous visitons une fabrication de galette de riz. La conception est assez simple, mélange de riz et tapioca concassé, qu’on mélange à de l’eau. On cuit cette mixture, sorte de pate à crêpe un peu plus liquide dans un poêle, et puis on laisse sécher quelques heures au soleil. Pour enfin pouvoir déguster un bon rouleau de printemps, nems,… Après cette longue journée, je rentre à l’hôtel, me reposer. J’envoie un message à Omar, l’un des français que j’avais rencontré plus tôt dans la journée. Il a l’air chaud comme la braise, et me propose de le rejoindre avec ses potes dans un restorant viet’, j’accepte directement. En rentrant dans le resto, un serveur apporte sur une table un gros poisson, je veux le même. On est une dizaine à table, moitié français, moitié vietnamien. Au Vietnam, où du moins dans ce restaurant, le serveur de prend pas la commande, il te laisse un bout de papier, et à toi d’écrire ce que tu souhaites commander, si toute fois, tu sais écrire la langue locale. Ils m’apprennent de nouveaux mots, l’un des plus important, leur façons de trinquer : « Mot, Hai, Ba, Yo » Un, deux, trois, à la tienne ! C’est une phrase, qui va s’avérer très utile, et qu’on va répéter à longueur de soirée. On commande ce poisson et même deux. Un vrai délice, en revanche, c’est une grande première décortiquer un poisson à la baguette, pas vraiment évident, même pour les locaux. Le resto va fermer ses portes, et nous sommes les derniers clients. On file vite, vers un nouveau lieu, le Vuvuzela, une chaine de bar qui semble avoir la côte au Vietnam. On se retrouve debout autour d’une table, ce qui est le cas de tout le monde, musique à fond, pas toujours de notre gout, mais ca fera l’affaire. Ce qui me choque, en rentrant dans ce lieu, c’est qu’il n’y a pas de dancefloor, impossible de se mélanger avec les autres. Sauf que mon profil ne passe pas inaperçu, les gens sont curieux, imitent mon pas de dance, viennent me saluer et trinquer. On enchaine les girafes de bière, et doucement on commence à se chauffer sérieusement. A minuit, on se retrouve à nouveau les seuls dans le bar. On ne va pas se laisser abattre et poursuivons notre soirée en comité réduit au Gémini, la musique et l’ambiance sont bien meilleures, on en fait à nouveau la fermeture.
Le lendemain, je me lève de bonne heure, pour partir loin en dehors de la ville. Je suis à la recherche d’authenticité, et je veux découvrir « the vietnamese way of life ». Je décide donc de prendre ma bécane et de suivre le Mékong en direction de la mer. Je traverse le pont de Can tho, qui doit facilement faire un kilomètre. Les gens s’y arrêtent au milieu pour observer la vue sur le Mékong. J’ai repéré sur la carte, les plus petites routes. Elles sont larges de moins d’un mètre, succession de plaques de béton, les voitures ne peuvent pas circuler ici. Les locaux hallucinent de voir un « blanc ». Au bout de quelques kilomètres, j’arrive dans un cul de sac. En face de moi, une quinzaine de personne, assises en tailleur sur une bâche en plastique. Je leur souhaite la bonne année « Chuc Mung Nam Moi », et ils m’invitent directement à leur table. C’est exactement ce que je voulais. Les vietnamiens sont encore en vacances, et célèbrent tous la fête du Tet. Ils ne perdent pas une seconde, et m’offrent un premier verre de bière. L’assemblée a mon âge, presque que des hommes, seulement deux femmes. Ils m’invitent à déguster les mets présents sur la table, poissons et serpents entre autres. Le serpent, c’est particulier, c’est dur, sans chair, il y a meilleur. On enchaine les verres en cul sec, c’est la façon locale de déguster ce breuvage. Pour rafraîchir la bière, ils remplissent un sot de glaçon et vident les bouteilles dedans. Et remplissent les deux verres, qui tournent entre les protagonistes. « Mot Hai Ba Yooooooo ». Je n’arrive plus à compter le nombre de verres. J’ai à peine fait quelques kilomètres, et la route est encore longue. J’ai du mal à m’extirper de là. En même temps, j’y suis bien, ils veulent me marier avec l’une des deux copines. Elle n’est pas insensible à mon charme. Je lui fais de petits bisous sur la joue. Tout le monde explose de rire. La fête bat son plein, je les quitte à contre cœur. Je remonte sur mon scoot et c’est reparti. Il ne faut plus que je m’arrête sinon, on va encore me faire boire… Sauf que 20 minutes plus tard, je me fais encore alpaguer. « Juste un verre » leur dis-je. Je me fais encore coincé. Un mec me retient de force pour pas que je m’en aille, mais j’ai eu raison de lui. Je prends un bac pour traverser le Mékong. Je trace ma route, dans un paysage très marécageux, puis d’un coup, le paysage se transforme en de grandes cultures de riz. C’est vert et c’est beau. J’aperçois sur la route des pêcheurs, une barque dans l’eau avec 4 mecs. Ils pèchent de coquillage, ils sont deux à plonger, sans lunette, pour aller récolter quelques petits coquillages dans le lit de la rivière. Je rentre tranquillement vers mon hôtel. Et qui vient d’arriver à Can Tho ? Mon ami Pere, décidemment nos chemins ne font que de se croiser. Il m’invite pour une soupe de crabe, un délice. Quand à moi, je lui fait découvrir « the street food market » où l’on trouve que des grillades de poisson et crustacé.
Pour mon dernier jour à Can Tho, je m’offre massage grand luxe. Pour 10 euros, 1h30 de massage. Et pas de happy ending pour les plus curieux. On ne me l’a même pas proposé. Dans la matinée, je pars rendre mon scoot, je croise Pere à un resto. Le prix de son repas à augmenté signicativement, les prix sur la carte ne sont plus les bons. Le prix passe de 40 000 à 60 000 (soit 1€30 à 2€). Il pique un scandale. C’est fou, comment on ne change pas, même dans un pays avec un très bon confort de vie. On est toujours à compter ses sous. Sur le chemin du retour, je me fais à nouveau inviter, et c’est reparti pour un tour, je suis au bord de la crise de foie… Je m’installe à leur table, au sol un véritable cimetière de canettes vides. On mange, on boit et bien sur on chante. « Aux champs Elysées » Dédicace au frangin avec « On ira tous au Paradis ». L’ambiance est de plus en plus chaude. Fini le karaoké, on se met en mode dance de rue avec du gros son électro. Je suis chaud, très chaud, je transpire à pleine goute, je fais tomber la chemise et lance un gros « Foutez Moi Le Bordel ». Pere nous rejoint pour ce moment complètement fou. C’est l’un des derniers moments que nous partons ensemble. Car nos chemins s’éloignent pour de bon, à moins que… Il part se refaire une santé financière en Australie. Quand à moi, je décolle pour la Malaisie demain. Le Vietnam aura été très speed, d’une part car je n’avais qu’un visa de deux semaines et d’autres part car j’avais un vol d’avion de prévu. Ce qui m’a obligé de conserver une certaine cadence et de ne pas toujours avoir pu voyager comme je le désirai.