HOLA
*Hello in Mexicano
*Hello in Mexicano
Je me sens toujours un peu barbouillé au réveil. Je vais devoir m’arrêter un jour de plus. Perdre un jour, je n’aime pas ça. Mais ça me laisse le temps de bien me reposer, de me préparer pour le départ du lendemain et surtout de passer chez le barbier. J’ai envie de me fondre dans la population mexicaine, et pour cela il ne me manque plus d’un ingrédient, la moustache. Je me la fais tailler par une belle transexuelle. Sans jeux de mot. Le résultat est surprenant, j’ai les joues toutes blanches et une moustache bien fournie.
Je suis au top de la forme au réveil. Clovis également. On prépare nos montures et on se lance sur la route, qui se transforme rapidement en piste. Nous avons un plan master plan, traverser une réserve à vélo qui mène à un cul de sac, de là trouver une barque de pêcheur qui nous déposera de l’autre côté de la réserve, à plus de 60km au sud, pour ensuite continuer de longer la côte des Caraïbes et rejoindre le Bélize. En passant par ce chemin, on évite d’emprunter la voie express, qui est dangereuse et avec beaucoup trop de passage. On traverse à la multitude d’hôtel qui borde la côte. Puis on rentre dans la réserve de Sian Ka’an. La particularité de la route qu’on emprunte, est qu’il borde d’un côté une lagune et de l’autre la mer. On pense qu’on va pouvoir enfin profiter de la rive, et des plages paradisiaques. Mais nous ne tombons que sur des propriétés privées, protégées par de grands murs et du barbelé. On est vraiment sur le cul, une réserve où des hôtels sont encore en construction… Heureusement, quelques rares passages publics existent, cela nous permet de nous rafraîchir avec un bon bain, de jeter un œil sur la lagune ou encore de trouver une maison abandonnée pour la pause déjeuner. On réinvente le jambon, beurre dans une tortilla. Clovis monte à un cocotier pour le déssert. J’ai rêvé cette nuit, d’une pétanque. Il faut croire que la France commence légèrement à me manquer. Mais il est toujours possible de jouer à la pétanque, même sans boule. Le sol est jonché de noix de coco, on en choisit trois chacun, tous gabarits autorisés. On lance la partie, trois pêcheurs nous regardent avec étonnement. Clovis gagne la partie sur un magnifique caro-coco. On repart sur notre piste de sable, à la recherche de notre campement du soir, la mangrove disparait progressivement pour dégager la vue sur la lagune, de l’autre bord du chemin, la mer. Somptueux. Le soleil nous fait ses adieux sur la lagune. On en profite pour un apéro Cognac. Alex, mon pote de Kuala Lampour, m’avait offert une mignonnette de Martell. L’occasion est parfaite pour la dégustation. Nous n’avons toujours pas notre campement du soir, dormir du côté de la lagune ne nous donne pas trop envie, cette région est infestée de croco. On reprend la route de nuit, à la frontale, et forcement c’est à ce moment que mon sac commence à faire des siennes sur le porte bagage, et ne souhaite plus tenir en place, et tombe tous les quinze mètres. On peine à trouver une entrée sur la plage. On tente de se frayer un passage à travers la dense foret de palmier, impossible. On commence à se poser des questions, Clovis commence à me raconter ses nuits de galères. Un chemin nous mène à notre campement magique, avec un léger vent qui dégage les moustiques. Un petit repas et au dodo, car on a fait finalement fait 50km, nous qui voulions faire une petite journée.
Au réveil, il ne nous reste moins de dix kilomètres pour atteindre la pointe. Punta Allen, est un petit village qui vit de la pêche et du tourisme. On se pose dans un resto pour siroter une bière et préparer notre plan d’attaque pour trouver notre bateau et surtout à un bon prix. Car des bateaux, il y en a plein, pour les touristes, qui font des tours entre la mer et la lagune, pour presque 150€. On commence à aller vers le quai où embarquent les touristes. Un mec nous dit, que les bateaux présents sont déjà réservés, il nous faut aller à la caseta, pour voir les bateaux qui sont encore libres. Je n’ai pas envie de prendre un bateau pour touriste, ils vont nous surcharger. Je vois un chantier, et demande aux ouvriers, comment faire pour rejoindre punta Herraro. Ils nous redirigent vers les bateaux de pêcheur, qui ont l’autorisation de sortir de la lagune. On reprend confiance. On se lance dans une vraie investigation. Ils nous disent d’aller voir Carlos El Chac, à 2 quadras d’ici. Il est en vacances, sa femme nous redirige vers Edwin, une maison orange, il n’y a personne chez lui. On demande à un passant, il nous dit d’aller voir Pascala, étrange comme prénom. On arrive devant la maison « Pascala, Pascala ». Elle nous dit d’entrer on lui explique notre plan. « Vous êtes français ? » On s’est fait repéré, Pascale habite ici depuis 10 ans, elle a un hôtel et emmène des touristes pêcher. Elle nous explique, que notre plan est impossible, car les bateaux n’ont pas l’autorisation à naviguer jusqu’à cette zone et en plus la mer est dangereuse, car il faut aller au delà de la barrière de corail. Elle nous explique également que la zone de Punta Herrero est dangereuse car il y a beaucoup de narco. Je reconnais bien l’esprit français où il y a du danger partout. Elle prolonge son discourt en nous disant de faire attention le soir après minuit, lorsque l’électricité se coupe, car il y a deux bandes rivales de narcos qui se cherchent. Bref, elle nous a cassé tout espoir. En revanche, elle nous donne un plan B, passer de l’autre côté de la lagune et de traverser par un chemin la jungle sur un chemin de 35km. Ce plan nous plait bien, car on n’aime pas faire demi tour, surtout moi. On part à la recherche d’un bateau qui pour pourra nous faire cette traversée, au niveau de la lagunita. On y rencontre Carmelo, un papi qui a la pleine forme, une force de la nature, et qui porte la moustache « Mi Hermano ». Il nous propose de faire la traversée pour rejoindre la jungle pour 4€, je demande à tout hasard s’il peut nous emmener à Punta Allen, il nous dit que c’est possible, mais que c’est hors de prix, 400-500€, on laisser tomber ce plan. On lui demande également où est ce qu’on peut manger un poisson frais, il nous dit que c’est le seul vendeur de poisson officiel, et qu’il a vendu du poisson hier à Lucy. On se rend à son restaurant pour manger un bon poisson frit. On remarque sur le mur une pancarte faisant « Museo de la Basura », musée de la poubelle, étrange. Lucy nous explique qu’un artiste mexicain vient exposé ses œuvres demain, il ramasse les déchets récoltés sur la plage pour en faire son art. Ca nous intéresse, et nos plans changent encore et on décale d’un jour notre départ. On prolonge la découverte de la réserve. On souhaite aller jusqu’au bout du bout et voir la séparation entre mer et lagune, on longe la plage sur un petit chemin, on se fait dépasser un 4x4, le mec ne fait un sourire louche. Quelques instants plus tard, un bateau fonce vers notre direction. On se pose des questions « Va t-on assister à un deal en direct ? » On arrive au bout du chemin, personne dans la voiture, un bateau repart. «Mais où sont les 2 mecs ? Vont-ils sortir de nul part avec leur cargaison ?» Ca y est on les a repérés, ils sont au d’un phare avec un gringo. Notre imagination nous a joué des tours. Depuis notre rencontre avec Pascala, on voit des narcos partout. Lorsqu’ils descendent, on en profite pour voir comment ils sont rentrés dans le phare pour en faire de même. On se trouve à vingt mètres de haut, surplombant la mer et la lagune. Incroyable. On rentre en ville, tape un foot avec quelques gamins. Puis on se part à la recherche de notre nouveau spot avant la tombée de la nuit cette fois ci. On s’éloigne de la ville pour aller sur une plage qu’on avait repéré dans la matinée. Clovis sort son réchaud et on se prépare des pates, des pennes. Ca doit faire depuis mon départ que je n’ai pas mangé cela. Un vrai plaisir. On accroche nos hamacs à des palmiers. Et on s’endort sous un ciel étoilé.
La vie n’est faite que de contrastes. Je suis en pleine nature dans mon hamac, et pourtant j’ai mon mac sur les genoux. Je fais mon boulot, celui que j’aime en ce moment. Pourquoi sommes nous obligé, de rester cantonné dans nos cités, à travailler comme des dératés ? La vie n’aurait elle pas un meilleur prix ?
Je me sens libre. Libre de faire, d’agir, de me déplacer, de communiquer. Personne n’a d’emprise sur moi. Si ce n’est que mon libre arbitre, qui me guide sur mon chemin.
Aujourd’hui la journée est calme et belle. Nous sommes resté sur notre plage toute la journée à méditer, dessiner, manger, discuter, observer, pêcher, vivre,…
Nous nous sommes rendus également au « Museo de la Basura ». Nous y avons été accueilli par Anna, la propriétaire des lieux et Alejandro Duran, l’artiste. Depuis huit ans, ils s’occupent de nettoyer les plages de la réserve, de sensibiliser la population locale, notamment les jeunes à travers l’art. Car on le sait, notre relève va devoir être forte pour changer le monde dans lequel on vit. Alexandro et ses équipes d’enfants ont donc sillonné les plages pour récupérer des tonnes de déchets, pour créer des œuvres éphémères pour ainsi marquer les esprits pour faire évoluer les consciences. Le plus impressionnant et le plus flippant, c’est que la majeure partie de cette pollution ne vient pas du Mexique, mais vient des quatre coins du globe, en traversant les océans il a recensé plus de 50 pays.
Alors essayons, chacun, de faire un effort pour le bien-être de notre bien chère terre !
Dimanche 15 avril 2018 – 20 07
Santa Théresa – Reserve Sian Ka’an
La nuit a été longue. Le vent a soufflé fort. Je me sens de moins en moins commode dans mon hamac. Il est vraiment trop petit. A chaque mouvement je me transforme en funambule évoluant sur son fil. Au réveil, souhaitant sortir de mon lit douillet, je me retrouve la tête en bas, en position cochon pendu. Il était moins une, pour que je me fracasse au sol. Le ciel est menaçant. Pas de lever de soleil en vue ce matin. Je range rapidement mes affaires. On se prend 3 gouttes, les premières depuis que je suis au Mexique. Forcement ca tombe le pire des jours, car nous avons une très longue route aujourd’hui. Nous allons traverser la réserve pour rejoindre la ville de Felipe Carrillo Puerto, la route est plus longue que prévue, 70km. Nos réserves de nourriture sont épuisées. Nous quittons notre campement pour rejoindre Punta Allen, pour y faire le plein. On se fait un petit dej royal, oeufs brouillés, gâteaux, confiture, jus de pastèque. On retrouve Don Carmelo chez lui, et comme convenu, il veut bien nous déposer de l’autre coté de la lagune. Il nous fait monter avec nos vélos sur sa barque de pêcheur. Il slalome à travers la mangrove. Puis nous arrivons sur la lagune. Il met le turbo. Il est debout. Moustache et chapeau blanc vissé sur la tête. Pure style. En à peine cinq minutes, nous arrivons sur l’autre rive et débarquons de l’ « Esperanza ». On se retrouve à « El Playon », seul sur le ponton. On se demande dans quoi on s’est encore embarqué. Paumé en plein milieu d’un parc national, la première ville se trouvant dans un rayon de cinquante kilomètre. Nous harnachons nos sacs, et donnons les premiers coups de pédales. Nous sommes sur un chemin mi pierre, mi goudron, qui a du disparaitre avec le temps et les cyclones. Nous longeons sur quelques kilomètres la mangrove, puis doucement nous nous enfonçons dans la jungle. Cette réserve possède un faune impressionnante : singe, tapir, jaguar,… Nous sommes en forme, et donnons beaucoup de rythme. Nous prenons chacun notre tour les avants postes, pour motiver l’autre. On se tire la bourre. On avale les kilomètres. On se fait suivre par des mouches. Surtout moi, je dois en avoir plus d’une cinquantaine qui tourne autour. Insupportable. J’accélère pour les semer. Mais elles finissent toujours par me rattraper. Je finis par m’y habituer. On roule depuis plus de trois heures, il nous reste encore quelques kilomètres avant notre pause déjeuner. On commence à fatiguer mais conservons la même cadence. Clo est devant, je fixe sa roue arrière, pour ne pas me faire distancer. Je me perds dans mes pensées. Il freine. Et Bim. Je lui rentre dedans à fond. Je fais une galipette au sol pour absorber la chute. On se regarde et on rigole, mon vélo peu moins. Ma roue semble voilée, finalement c’est le frein qui s’est déréglé. On passe une demi heure à se battre pour le régler. Le ciel est de plus en plus gris. Le tonnerre gronde. On repart et donne tout sur les quelques kilomètres restants pour arriver à un poste de contrôle qui se trouve dans la réserve. On arrive finalement à Santa Thèresa. Edilberto bouquine lorsque je le salue. C’est le garde forestier. Il semble étonné de notre présence. Il nous accueille chaleureusement. Puis il se met à flotter fort, très fort. Je me déshabille et je me mets à courir sous la pluie. Cette douche fait un bien fou, je commençais à me sentir très poisseux. Edilberto nous propose de nous abriter, le temps que ca se calme. On a faim, il nous laisse utiliser sa cuisine. On se fait des pâtes bolo. Mais qui se transforme en Pâte de Sian Kan, car il nous rajoute des saucisses, tomates, ail, oignons et bien entendu un peu de chili directement dans l’eau. On partage ce succulent repas. Il pleut toujours, il nous propose de nous héberger pour la nuit. C’est parfait. Ca nous laisse le temps d’aller explorer un petit bout de la réserve. On réussi même à se perdre dans la jungle, petite frayeur. A notre retour, notre chef Edilberto, nous propose de découvrir une nouvelle recette à base de cactus « Nopal » tomate, oignons, ail et chicharon (gras de porc) avec des tortillas frites. Encore une belle découverte. On discute de tout et rien, il a une sacré conversation ce coco. A 20h on est HS, et on retrouve un grand dortoir, qui n’attendait que nous.
On se lève aux aurores avec la douce mélodie de la jungle. On est en pleine forme. On se prépare notre petit dej, fruits, gâteaux et confiture. On commence à préparer nos affaires lorsques Edilberto débarque et commence à préparer le vrai petit déjeuner. Le chef se met derrière les fourneaux, il fait frire du poulet. A côté de cela, il se lance dans la confection de tortillas maison. Il prépare la pâte avec de la farine de maïs et un peu d’eau. Il prend une petit boule, qu’il place dans une machine qui permet de donner une forme plate à la tortilla. Puis il l’a fait chauffer quelques instants à la poile, sans matière grasse. Rien de plus simple. On passe de nouveaux à table, on se gave encore de nourriture. Ca va être compliqué de décoller, surtout qu’aujourd’hui, on a mis la barre encore plus haute on veut faire plus de 90km dont 30 de piste. A 10h, on se retrouve sur nos selles. On dit au revoir à notre pote, qui va à nouveau se retrouver seul dans sa jungle. A peine arrivé sur la piste, que mon harem de mouches me saute à nouveau dessus. Les jambes sont lourdes, les bras tremblent encore de la veille, on commence doucement, puis on reprend le rythme petit à petit. Après deux heures, on voit enfin le bout de la piste. Du goudron. Je n’ai jamais aussi content d’en voir, après les 150 km effectués dans la réserve. On saute sur la première glace qu’on voit, on s’en prend un deuxième, puis on enchaine sur des gros tacos. Trop chaud pour repartir on se pose à l’ombre sur la place centrale. On passe devant la gare de bus, je m’y arrête un instant. 90 pesos, soit 4 euros pour faire les 150 derniers km pour rejoindre Chetumal, la frontière. C’est vraiment rien et en plus on peut mettre les vélos dans le coffre gratos. Mais nous sommes fort, et nous décidons de prolonger la route, comme prévu. Un peu avant 16h, on décolle pour la deuxième étape de la journée 63km sur une belle route. On a l’impression de voler, tellement la route est propre. Chacun notre tour, on prend la relève, on se croirait sur le tour de France. Froom et Cantador se tire la bourrent, on doit faire un bon 25km/h. On s’arrête boire un coup, on dit bonjour au restaurateur, il nous répond en Maya. On se retrouve comme des cons. On veut remplir notre bouteille. On parle avec des signes. Puis il nous répond « Si si, claro » « Pero hables espagnol ? Que Cabron ! » Il s’est bien foutu de notre gueule. On redémarre en baissant l’intensité. La fin de l’étape se joue au mental, j’ai l’impression que mes cuisses vont exploser. On se fait klaxoner, et pour une fois, c’est pour nous encourager. Ca fait toujours du bien sur la route. On arrive finalement au petit pueblo de Non Bec, pile poil pour le coucher sur soleil sur la lagune, « precioso ». On va se faire trois courses, j’ai envie d’une bonne bière bien fraîche et je retrouve des cacahuètes, ca fait une éternité. On prend l’apéro sur le bord de la laguna. José qui est avec sa famille à côté de nous, nous invite pour une nouvelle bière. Il est déjà bien attaqué. Sa femme aussi. Ils nous posent des questions sur notre voyage. Magnolia, réfléchi longuement pour une nouvelle question, « Que pensez-vous de la guère en Syrie ? » On est sur le cul. Comment, pourquoi cette question ? On répond tant bien que mal. Clap de fin. On va se coucher. Je ne fais plus trop confiance à mon hamac, qui m’a lâché pendant la nuit récemment. Je me pose directement sur l’herbe sous les étoiles.
Je me réveille trempé par la rosée avec une vue magnifique sur la laguna. On mange un coup et on prend la route. Clovis s’arrête dans une Fereteria, comprendre vendeur de ferraille. Il a repéré la vielle, sa nouvelle arme, sa machette. On va pouvoir se faire des festins de cocos. Je passe sur mon troisième plateau, lorsque je me rends compte, que nous arrivons sur une nouvelle piste, pour une quinzaine de kilomètres. Les vélos ne sont pas contents. Mais le chemin vaut le détour. On arrive dans un nouveau pueblo, celui de Chachoben, il est trop très calme et mignon. La place centrale et les maisons environnantes sont remplies de peintures d’animaux, avec plein de couleurs. On va jeter un œil à la lagune. Il paraît qu’il y a des crocodiles. Et bim, au premier coup d’œil j’aperçois un croco d’un mètre cinquante avec une grenouille entre les dents. Mon premier croco. Trop content. On va demander de l’eau dans une maison, en discutant, il paraît qu’il y a un nurserie de croco pour repeupler la lagune. Erwin nous y amène. Une bonne cinquantaine de bébés crocos grandissent à l’abri des prédateurs avant de devenir à leur tour un redoutable prédateur. On reprend la route pour une vingtaine de kilomètres on arrive à Buenavista, petit pueblo loin de l’agitation de Bacalar. La vue est incroyable, la lagune aux 7 couleurs, elle porte très bien son nom. On s’y pose l’après midi. On se détend un peu, car on vient de se bouffer 150km sur 2 jours. L’organisme commence un peu à fatiguer. Des gamins passent leur journée dans cette eau chaude et d’une transparence impressionnante. Il y a même un énorme toboggan dont on se demande comment est ce qu’il tient encore en équilibre. On a repris des forces et étrenné la nouvelle machette pour une coco.
Il nous reste encore 35km, les jambes ne veulent pas repartir, mais la tête ne laisse pas le choix. Ce type de voyage est très mental, il faut s’accrocher, mais ca vaut vraiment le coup. L’étape est compliquée, d’après mes calculs savants, il nous reste encore une quinzaine de kilomètres, et une très bonne nouvelle arrive, « Bacalar 10 ». Ca nous redonne du courage et pédalons de plus belle. Ce soir, on se paye le luxe d’un hôtel. Mais manque de chance il est plein,… Tous les hôtels environnants sont trop chers ou plein. Du coup, on décide de poser nos hamacs dans l’hôtel. On pourra au moins profiter du wifi et d’une douche chaude. Après un bon hot dog et une bonne bière, je vais me coucher, j’ai un mauvais pressentiment, je sens que je vais passer une mauvaise nuit. Ca n’a pas loupé. Je me réveille dans la nuit. Je suis en train de me faire bouffer par les moustiques. Il est l’heure d’utiliser cette moustiquaire, que j’ai acheté après longue hésitation à Tulum. Elle est lourde, encombrante et peu pratique. Je parviens tant bien que mal à l’accrocher au dessus de mon hamac. Et me redors pour quelques heures. Je suis le premier au petit dej. Aujourd’hui, on va profiter du beach club de l’hôtel. Une camionnette nous y dépose. La vue est toujours aussi belle. Une balançoire, les pieds dans l’eau. Je m’y installe et reste des heures a admirer ce dégradé de bleu : clair, turquoise, vert, foncé,... On a faim, on a prévu le coup, il y a un barbecue, on fait griller des bons poissons accompagnés d’une bonne salade. Ca change du tacos. On retourne à l’eau avec Clovis et Eli, un américain. Dans l’eau, il y a un portique avec deux balancoires. Décors carte postale. Je commence à me balancer, de plus en plus fort, de plus en plus haut, pour faire un saut. Mon jeu préféré lorsque j’étais gamin, à Keremma. Je saute et termine en plongeon la tête en avant. Un rêve. Ca donne des idées à Clovis, qui veut relever le challenge. Il s’élance fort, et nous sort un front flip sur balançoire. Trop fort. On commence à se chauffer, on vient d’inventer une nouvelle épreuve des X Games. On veut toujours faire plus haut, plus fort, plus dangereux. Je sens l’incident venir. La clochette retenti c’est l’heure de rentrer à notre hôtel. Pas pour longtemps, car on s’y fait virer rapidement, car on ne souhaite pas y dormir une nuit de plus. Payer pour être dans mon hamac, je préfère être au bord de la lagune. Des potes de l’hôtel, viennent prendre l’apéro avec nous au bord du Cenote Azul, qui lui aussi à une couleur magnifique. Ca papotte, ca papotte. On se fait attaqué par quelques moustiques, puis par des fourmis rouges. Pas très cool. Ils s’en vont, on monte le campement. Cette fois, j’installe directement ma moustiquaire, pas envie de ma faire ennuyer cette nuit. En plus je suis mort de fatigue. Il faut étonnement chaud ce soir. Pas besoin de sac de couchage. Mais il est dur de s’endormir. Il fait chaud. De plus que quelques moustiques arrivent à s’infiltrer dans ma chambre, ca m’énerve. Je pose un pied au sol et voilà que c’est au tour des fourmis de m’attaquer. Il fait un peu plus frais, je prends mon sac de couchage, j’ai l’impression qu’il y a des fournis dedans. Ca me démange dans tous les sens. J’entends les moustiques voler autour de mes oreilles, rien de plus insupportable. Les fourmis m’en veulent décidément et commencent à monter sur la moustiquaire qui touche le sol. Elles me piquent le dos, les fesses. Trop, c’est trop. Je sors de mon hamac. Je me dirige vers la rue. Il est 4 du mat. Il y un bout de pelouse. Je m’y allonge et bim les orties… Je reste calme, je vais chercher la bâche pour finalement réussir à dormir une heure avant le magnifique lever du soleil sur la lagune. Enseignement de la nuit : ne pas laisser une moustiquaire sur le sol et/ou ne jamais s’installer au dessus d’une fourmilière. On se dirige à la station de bus. Nos chemins se séparent avec Clovis, il reste encore un peu au Mexique, quand à moi j’arrive tranquillement à ma prochaine destination qui est le Belize. Plus de bus, pour aller à sa prochaine destination. Il doit se rendre à Chetumal. Ce qui est ma dernière étape mexicaine. On retourne près de la lagune pour un bon bain et repas végan : riz aux légumes. Top. On est prêt pour notre dernière étape ensemble. 40km. Qu’on fait tranquillement. Le fait de voyager à 2, me permet d’avoir une oreille à qui se confier, se rassurer. Et étrangement, on est tous les mêmes. Avec les mêmes angoisses, lorsqu’une nouvelle aventure se profile. Mais c’est pour cela que je voyage, découvrir l’inconnu. Je me fais un dernier de repas de Tacos, une nuit bien reposante. Je salue Clovis, il repart vers son inconnu. Cela a été un plaisir que de partager un bout de cette aventure avec lui. Ce bonhomme de 25 ans me manquera. Bon vent, à toi, souriant écolo au cœur voileux mais surtout grand aventurier. Merci Clovis.
Dernières préparations avant de quitter le Mexique, mon vélo grince un peu. Mes roulements ont bien travaillés sur les 600 km de routes et pistes mexicaines. Ernesto, un réparateur, m’aide à les changer. Mon vélo est comme neuf. J’avale un très bon repas Maya, le Chirmole. Je fonce vers la frontière. Il fait lourd. Le douanier mexicain me demande mon passeport, ainsi que 533 pesos (25€). Etrange une taxe pour sortir du pays. Ca ne m’est pas encore arrivé pendant ce voyage. Encore plus étrange, c’est la seule frontière au Mexique où l’on doit payer pour sortir du pays. Je la paye, et en 2 minutes me voilà dans le no mans land. Une route bien sécurisé qui longue la mangrove. L’entrée pour le Bélize est simple, rapide et gratuite. Je discute un instant avec le douanier. En anglais avec un accent créole. Le Bélize étant un pays anglophone. Il est souriant et me souhaite bonne chance pour la suite de mon voyage. Je m’y sens déjà chez moi dans ce pays. Je fais mes premiers kilomètres au Belize, sur la route principale. Etroite, et dans un piteux état. Et pourtant c’est une autoroute. Après vingt bornes, j’entre dans Corozal, la ville frontière. Je veux faire un plongeon. Mais visiblement pas de plage, mais un petit port. Je m’y dirige et commande une bière. 4$ bélizien soit 2US$. La conversion est simple. La vie semble plus cher dans ce pays. Je cherche à me rendre sur une île, celle de caye caulker. 50 B$ pour moi et 50B$ pour mon vélo. Ils se font plaisir. Ca reste toujours plus avantageux que depuis Chetumal où ils en demandaient le double. Malgré la fatigue je décide continuer ma route à vélo. Après tout, il me reste que 200km pour rejoindre Belize City. Un bateau arrive au loin, je vois un vélo à bord. Un voyageur sort. Somen, un indien qui est sur la route depuis 2004. On échange quelques mots. Il remonte, il fait la route entre Ushuaïa et Alaska, d’une pointe à l’autre des Amériques. Il prévoit encore 2 ans de voyage. Epatant. Je me ballade et tombe sur la fanfare de la ville qui est en train de parader dans la rue. Une cinquantaine dont une dizaine de danseuse. Un doux mélange de couleur. Entre influences européennes, mayas et créoles. Je reconnais un air, « On va danser, on va s’aimer et c’est la vie lalalaa » Ca me donne le sourire. Je suis heureux. Les hôtels en trop cher, je continue à dormir dans mon hamac. Je me trouve un spot au bord de la mer, presque sans moustique. Ayant changé d’heure depuis le Mexique, le soleil se lève une heure un tôt. Il est 6 heure et je me retrouve déjà sur mon vélo. Je décide prendre la route secondaire, pour éviter le trafic de l’autoroute principale. Au bout de quelques coups de pédales, je me retrouve sur une piste de sable et pierre. On est très loin du confort de nos petites départementales françaises. Cette route me fait passer par plein de petits village à commencer par Cobber bank, un village de pêcheur. Il est désert. Je trouve un groupe de pêcheur au bord du lac et entame la discussion. Ils font de la pêche en apnée pour chercher du coquillage, homard. Les plus chanceux trouveront une perle, ou le homard blanc appelé localement « La Cocaïna ». Les béliziens parlent un très bon anglais, c’est le seul pays d’Amérique centrale, mais ils parlent également un très bon espagnol. Deux langues que j’aime bien utilisé. Ils parlent également un créole, un raccourci de l’anglais difficilement compréhensible. « Tranquila, la vida es tranquila ». A part pêcher, il n’y a pas grand chose de plus à faire ici, si ce n’est de fumer des joints. Il est peine 9h, et ils en allument un. Ce peuple est vraiment cool et accueillant. Julian conclut la discussion en disant de toute façon le plus important c’est l’amitié. « L’Amistad ». Je poursuis ma route et cherche à faire le plein de nourriture étant parti très tôt ce matin. Rien à part une micro épicerie avec trois boites de conserve et du coca. Le choix vraiment limité. Je repars avec des gâteaux maisons et des cacahuètes. Je reprends la route, dans cette région entre les villages, il n’y a rien. La piste et autour de moi, la foret ou quelques cultures de maïs ou canne à sucre. Je pédale sans calculer et assoiffé. Je m’arrête au prochain village. Je demande de l’eau à une des rares personnes de ce village. Il me rempli gentiment ma bouteille à l’eau de pluie. Pas d’eau courante potable dans cette région. Je retourne à l’épicerie « Do you have any fruits ? » « No, sorry » En sortant je trouve au sol une orange. Je lève la tête, un oranger. Parfait, je fais le plein de fruits, pour prolonger la route. Je m’arrête au bord d’une lagune pour me baigner et me reposer. Je suis en train de rêvasser, lorsque passe devant deux blancs sur une calèche en salopette, chemise rayée et chapeau de cow boy sur la tête. J’hallucine. Ce sont des Menonitas, où plus communément appelé Amish. C’est une communauté qui vit en marge de la société moderne, sans électricité, et qui cultive ses terres. Je m’arrête au village prochain, Little Belize, à vrai dire il n’y a rien si ce n’est un shop, il est tenu par des Menonitas. J’y commande difficilement une boisson rafraichissante. Ils discutent entre eux, sans se soucier de moi. J’échange quelques mots avec le patron. Cette communauté a des origines lointaines allemandes et ils parlent uniquement l’allemand. Même à l’école on n’enseigne, ni l’anglais, ni l’espagnol. Etrange. Je reprends la route pour rejoindre Orange Walk, la prochaine ville, une vraie ville où je pourrais faire le plein de nourriture et ainsi poursuivre ma route. Après trente bons kilomètres j’arrive en ville, très fatigué. J’achète des vivres au marché, je m’apprête à partir, lorsqu’une forte pluie tombe. Ca me décourage, je vais resté ici pour la nuit. Le maraicher, m’a dit que je pouvais dormir au marché, qui est gardé pendant la nuit, donc pas de problème. J’y retourne à la nuit tombée pour me poser et redécoller le matin aux aurores. Problème, le garde ne me laisse pas dormir dans le marché, en revanche il m’indique un banc sur lequel je peux me reposer quelques heures. Je suis à bout de force, et m’allonge sur ce banc bancale. Impossible de fermer l’œil. Les moustiques se réveillent et commence à me dévorer. Quelques personnes suspectes passent à côté de moi. Je garde toujours un œil ouvert. Je réussi à m’assoupir quelques instants. Une nuit horrible. Il est très tôt, le soleil commence à pointer le bout de son nez. Je décolle en direction de Honey Camp, toujours sur de la bonne piste. Je croise une lagune avec des pêcheurs. Ils me conseillent d’aller me baigner un peu plus loin au prochain lac. J’arrive à Honey camp, et je tombe sur une propriété privée. C’est de même le long du lac. Ils ne vont pas me faire le même coup qu’au Mexique et privatiser les côtes ? Je pédale pour trouver une plage publique pour y prendre ma douche. Trois mecs, m’appellent et le font des signes. Ni une, ni deux, j’y vais, ils sont posé prêt d’une cabane le long du lac. Gustavo est le propriétaire des lieux. On commence à discuter. Il est accompagné de Rigo, où le Rambo alcolo qui est déjà en train de siroter son rhum dès huit heure du mat et Bairon, un nain. J’assiste à un vrai sketch, Gustavo taquine Bairon sur sa petite taille. Il ne le laisse pas respirer, et il lui envoie des pics toutes les phrases. « Bairon es el ultimo hijo de Napoleon » Il danse comme Shakira, Il est dresseur de lions,… Je rigole à moitié, je ne sais plus où me mettre. Gustavo me propose une coco, j’accepte bien volontiers, il va m’en chercher une dans un de ses nombreux cocotiers. Rambo l’alcolo me propose d’y rajouter une goutte de rhum. J’hésite, puis j’accepte. Ca me donnera du courage pour la suite de la route. Il me finit la bouteille dans la coco. Très bon mélange. Je repars full énergie, pour trente nouveaux kilomètres. Mes dernières bornes de piste. Puisqu’en arrivant dans le village de Maskall je retrouve doucement un peu de bitume. Je m’avale une conserve de sardine et fais quelques ploufs dans la rivière. Je reprends la route, pour pas très longtemps car à la sortie de la ville, je tombe sur une énorme fête. Je suis obligé de m’arrêter. C’est la fête annuelle de la ville. J’arrive pile poil au bon moment. Un tournoi de foot, de la bouffe dans tous les coins, et un concert. L’ambiance est très chaude, groupe créole qui met le feu, la bière coule à flot, ça danse collé serré, les femmes se déhanchent d’une façon improbable sur le dancefloor. Un de percussionniste me fait bien rire, tapant sur sa carapace de tortue. La musique commence à me faire bouger, mais je ne me sens pas d’aller danser sur la piste. Et puis il est l’heure d’y aller, je n’ai pas envie de retrouver un nouveau sur un banc. Je roule à nouveau. Une petite heure, jusqu’au village de Lucky Strike. Il faut que je trouve un endroit pour mon hamac. Je salue les habitants. J’aime bien la gueule de ce rasta, en train de tronçonner un bout de bois pour un faire un plat. « Hey man, do you know where I can put my hamac tonight ? » « Yes sure, find a tree around my house ». Parfait et du premier coup. Lucky Strike. Il a une famille impressionnante, il a sept gamins, tous les plus mignons les une que les autres. Très gentiment, sa femme Jerusha, m’offre à manger, riz et poulet frit avec une merveille de sauce barbecue. Je vais pour installer mon hamac lorsque Jerusha, me signale, qu’elle me prépare un lit dans la maison. La maison est petite, et il y a beaucoup d’habitants. Elle insiste. Après tout, ça ne me fera pas de mal un vrai lit. On part saluer sa mère, qui habite la maison d’en face, et qui à l’habitude d’accueillir des visiteurs. Michelle, est en train de préparer, le Jonnny cake, un pain cuit dans un four artisanal, une grande marmite, avec des braises en dessous et un feu au dessus. Un four artisanal. Elle a le cœur sur la main. Ses deux passions la cuisine et les enfants, elle a adopté deux filles. Ils ont une grande, belle et heureuse famille. A vrai dire, tout le village appartient à leur famille. On retourne à la maison Robert et son ami Bigs, boivent une bière et m’en offrent une. On papote. Puis on se couche. J’aide à préparer le petit dej pour la famille, je suis chargé de faire frire le pain, Robert s’occupe de faire une omelette. Jerusha fait prendre la douche aux enfants, avant qu’ils ne parlent à l’école dans le fameux school bus. Robert part dans la foret pour tailler du bois. Et moi, je fais mon sac, et reprends la route. Cette nuit dans cette famille a été merveilleuse, j’adore partage ce genre de moment, c’est ce qui me fait aimer le voyage. Il me reste une bonne cinquante de borne pour rejoindre Belize City.
Ca y est challenge relevé, je suis arrivé à Belize City à vélo, trois semaines après avoir quitté Mérida et 800km plus tard. Ce sont certainement mes derniers kilomètres à vélo également…
Je fais trois courses en ville, car la vie est chère sur l’île. Et me rend au port, pour rejoindre Caye Caulker, ca y est les prix sont abordables ici, et je débourse 15$ aller retour plus 10$ pour mon vélo. Après une heure je débarque sur la petite île. Ce soir je m’offre un hôtel, à vrai dire je n’ai pas trop le choix, car le camping est interdit. J’arrive au Drifted coco, mon hôtel. La gérante me fait faire le tour des lieux avec un pet à la main. Rien d’extra mais ca fera largement l’affaire. Le plus de cet hôtel est qu’il y a des canoe en libre service. Le soleil va se coucher, je saute rapidement dans un canoe pour observer le magnifique coucher de soleil sur une eau bleu turquoise.
Le lendemain, je profite du confort de l’hôtel, pour méditer sur mes plans. J’ai plein d’idée en tête pour terminer mon voyage. Rentrer en Europe en voilier avec Soso et Doudou, sympa mais je ne pense pas encore avoir l’expérience pour ce genre de traversée ; aller travailler sur le coupe du monde en Russie avec Eliot, mon cousin, encore plus sympa mais on n’a pas trouver de producteur pour nos mini reportages ou alors je rentre simplement en France pour des vacances bien méritée! Ca y est c’est décidé en rentre directement à Paris. Ca fait bizarre de ce dire que c’est bientôt la fin. Après près de 5 mois. Mais toutes bonnes choses ont une fin. Je profite de cette dernière journée, pour ne rien faire, le genre de journée qui ne m’arrive que trop rarement. Je me motive tout de même pour un tour de canoe avec deux mecs de l’hôtel. On se lance tels des pirates partant à la découverte de l’île au nord de Caye Caulker, bouteille de rhum et ligne de pêche aux mains. Faute de matériel approprié, nous avons une pagaie et deux planches de bois, nous avons seulement réussi à aller nous échouer sur la seule plage de l’île. A notre retour, je fais un tour, et je tombe sur le stade de foot. Le sport favori des Béliziens. Je ne peux pas m’empêcher de les rejoindre. Une bonne vingtaine de personne son sur le terrain. Ca se chauffe avant le grand match. D’un côté les latinos, de l’autre les rastas. Je repère directement la grande gueule, Le Zlatan Bélizien, qui se prend pour un dieu des stades. Le match commence 11 contre 11. Je joue face à lui, il est numéro 9, je ne le lâche pas d’une semelle. Ce qui l’embête beaucoup et le fait râler. Il n’arrive pas un marquer. Et on finit par les battre. Je rentre pour diner et me coucher, mais je me fais alpaguer par mes coloc pour sortir boire un coup. Ca fait longtemps que je n’ai pas bougé mon popotin, je me laisse tenter, surtout qu’au Belize les gens aiment la fête. Et ca ne loupe pas, j’arrive au bar, regeaton à fond, l’ambiance est chaude, et les femmes aussi. Un groupe de quatre se frottent comme pas possible à tous les gringos, remuant leur arrière train sur le sexe des hommes. On remarque directement qu’on a pas le même déhanché que les locaux, mais on donne tout pour se mettre à leur niveau. Je rentre me coucher, épuisé.
Je me lève tôt, trop tôt, il doit être 4h30, le norvégien avec qui je suis sorti est à poil dans son lit, étrange. Et dans la salle de bain, il y a de la merde un peu partout, encore plus étrange. Qu’est ce qu’il a bien pu se passer? Personne ne sait, encore moins l’intéressé. Bref, je pars observer le lever du soleil, discute avec quelques pêcheurs, qui se préparent pour la réouverture de la saison du homard, en restaurant leurs casiers. Il ne me sera pas possible d’y gouter. Dommage. Il faudra revenir. Je me mets un coup de speed, je veux partir aujourd’hui au plus vite. Je prépare pour préparer pour la dix millième fois mon sac. Les aventures ne sont pas tout à fait terminées, je vais en direction du Guatemala, car de là bas, je trouverai un vol bien moins cher que du Belize. J’embarque sur le petit bateau à moteur, qui me ramène sur la terre ferme, c’est officiellement le dernier bout de chemin que je fais avec mon vélo, mon Jaguar. Car je dois m’en séparé au plus vite. En arrivant à Belize City, il y a 3 jours, j’avais fait un tour de repérage pour savoir à combien on me reprenait mon vélo, un pawn shop, me le reprenais pour 50$. Coup d’acquisition 90$. Je pose le pied à Belize City, je demande mon chemin, à la superette de l’embarcadère. Et Je demande à tout hasard, s’il sait où je peux vendre ma bécane. « How much do you want for it ? » « 70 USD » « I buy it for 50$ » Je suis stupéfait, je ne pensais pas qu’il allait me faire une offre. Je négocie avec le mec, pour qu’il m’en offre un peu plus, j’ai la preuve d’achat et plein d’accessoire en plus. Après quelques instants de réflexion il me propose 60$. J’accepte directement. En cinq minutes la vente est bouclée. Improbable. Et il n’a même pas essayé le vélo. Encore plus improbable. Mais c’est à contre cœur que je me sépare de lui. C’est vraiment l’une des meilleures façon de voyager, la plus sportive certes, mais celle qui t’ouvre toujours des portes insoupçonnée. Allégé, je me rends à la gare routière. J’ai loupé le bus qui m’amène directement à Guatemala City. Je décide donc de faire une halte juste a frontière. A San Ignacio. Je prends pour la première fois le bus local. Des school bus américains, qui sont repeint de toutes les couleurs, les chicken bus. Pourquoi ce nom ? Je n’en sais rien. Ils sont robustes mais inconfortables. En quatre heures j’arrive dans cette petite ville. J’hésite à me faire une nuit à la belle étoile mais j’opte finalement pour une auberge. Je retourne en ville, pour manger un bout. Je commence à taper la tchache avec un rasta que j’avais croisé en arrivant dans la ville. Il essaye de me refourguer une de ses pipes à fumer. Mais je n’en veux absolument pas. Il est obligé de vendre des petites babioles pour arriver à s’en sortir. Je lui dis que ca marchera forcement mieux avec des personnes légèrement éméchés. Il veut que je lui offre un coca. Avec plaisir. Il m’accompagne dans le magasin. Il propose de prendre une tite bouteille de rhum pour aller avec. Je lui fais plaisir. On se pose dans la rue, je commande un rice and bean, on sirote notre breuvage, on refait la vie, on s’en prend une deuxième. Il m’apprend quelques mots de créole. « Wai di go on ? » What is going on ; « Da so I go » thats the way it is. Il joue de la musique et veut me faire partager sa musique. Forcement il veut une contrepartie financière et moi je veux fumer un joint. Je lui donne un billet pour qu’il fasse les emplettes. Il me dit d’attendre quelques minutes. Les minutes passent, passent et passent. Toujours personne. Je m’en veux de lui avoir lâché le billet. C’était évident qu’il n’allait jamais revenir. Je suis tombé dans le panneau comme un bleu. Après une heure, à parler à d’autres gens qui squatte la rue, dont un mec qui se ballade en scooter, enceinte branchée à la batterie de son deux roues, la musique à fond. C’est apparemment une star de la télé bélizienne, il amine le « Pandy Show ». Il faut que je vérifie cela. Bref, après une heure, je commence à décourager et songer à aller me coucher. Je vois une petite tête au loin, c’est lui, et il ne pensait pas me voir encore là. Je lui demande mon du. Pas évident, mais je réussi à tirer mes trois lattes, pour bien dormir.
Je ne m’attarde pas dans cette ville, et je file directement à la frontière. Encore une frontière très simple à passer. Le Belize me réclame 20$ pour sortir du pays. Le Guatemala me tamponne directement mon passeport. Ce visa est valide dans quatre pays : Salvador, Honduras, Nicaragua et Guatemala. J’ai la journée de libre, avant de prendre mon bus de nuit pour rejoindre la capitale. Et ça tombe bien, juste à côté de la frontière se trouve, un des plus beau site maya, celui de Tikal. Je prends un premier bus qui me laisse à un croissement. Je dois en prendre un autre, qui passe toutes les 15 minutes. Je l’attends désespérément une heure. Le bus est full de touristes, avec un guide. Je m’incruste au groupe pour écouter les informations du guide. Tikal est un lieu somptueux, de magnifiques ruines planquées au milieu de la jungle, avec plein d’animaux : singes hurleurs, toucans, ratons-laveur,… Je profite pleinement de la journée, jusqu’au coucher de soleil. Je rentre avec le même bus qui me dépose directement à Santa Helena, la gare routière. Je prends le billet le moins cher 130 quetzals, soit 15€. Il fait un froid de canard, avec cette maudite clim à fond. J’arrive à Guatemala City. Et forcement j’oublie mon chapeau dans le bus qui est déjà repartit. Il me faut aller au parking pour bus, je prends un taxi, je le retrouve assez facilement, puis le taxi me dépose à une autre gare routière pour rejoindre la ville d’Antigua. Guatemala City et plus généralement le pays entier, est assez dangereux. Et ca se voit au premier coup d’œil. Les flics ou bien même un simple vigile est équipé d’un fusil à pompe. Rien que ça. Et en écoutant les histoires de touriste, c’est un peu pile ou face, le séjour peut se passer à merveille ou il peut se passer avec un pistolet sur la tempe avec son portefeuille et téléphone en moins. Je prends donc un nouveau bus, encore un Chicken Bus. Je m’endors, la route est mauvaise, les suspensions du bus encore pire, je me cogne, j’ai mal à la tête. Je me trouve un hôtel sympa, enfin plutôt camping, car mon logement se trouve sur le toit de l’hôtel, où une dizaine de tente y ont été installées. J’ai rejoins cette ville, car il y a de magnifiques volcans aux alentours, on m’a notamment conseillé de grimper sur l’Acatenengo. Cette ville est très belle, très touristique et très peu dangereuse en comparaison avec le reste du pays. C’est une sorte de Disney pour touristes. Les maisons sont toutes colorées, il y a de charmantes petites places, de l’artisanat un peu partout, et des routes en pavé (faites en roche volcanique). J’ai ni le courage, ni l’envie de le grimper en solitaire. Je me fais donc le tour des agences de voyage proposant des tours. Tout le monde propose la même chose et sensiblement au même prix, 2 jours, 1 nuit, tout inclut, guide, tente et nourriture, pour moins de 30€. Je réserve depuis mon hôtel. J’ai peur que les rations de bouffe ne soit pas suffisantes, je fais quelques courses supplémentaire pour être sur de tenir le choc. Je me couche de bonne heure, car les choses sérieuses débutent demain aux aurores.
A 8h30 pétante, le mini bus vient me chercher à l’hôtel. Je viens de m’avaler un copieux petit déjeuner. On va chercher le reste du groupe. Je demande au chauffeur : « Combien est ce qu’on va être ? », « Dos » me répond-il. J’ai peur de ne pas avoir bien compris « Dos o Doce ?», deux ou douze, j’ai toujours du mal à distinguer les deux. On sera bien deux, c’est parfait. Claire, une française monte à bord du bus. Elle se pose la même question que moi. Il se peut qu’on l’on rejoigne un autre groupe sur place. On verra bien. On fait rapidement connaissance. On arrive au pied du volcan, à 2200 mètres d’altitude, on retrouve notre guide du nom du Prudencia, au moins on ne prend aucun risque avec lui. Il nous confirme bien que nous serons deux. A 10 heure nous débutons l’ascension. Celle-ci dure entre 3 et 6 heures en fonction de la forme du groupe. Les premiers mètres sont compliqués. On marche sur des petites pierres volcaniques, un terrain très meuble où chaque pas est difficile. On croise des groupes qui descendent. Ils tirent la gueule et nous souhaitent « Good luck ». Cela ne nous rassure pas. Mais cela ne nous empêche pas de monter avec un rythme bien soutenu, doucement mais surement. On double quelques groupes sur notre passage. A mi parcourt, on s’autorise un pause dej, d’un bon quart d’heure avant de repartir. Il vaut mieux ne pas s’arrêter trop longtemps, sinon la reprise est bien plus compliquée. Cette montée ce fait en trois étapes, de moins en moins compliqué : la pierre volocanique, une belle ascension en forme de zig zag dans la forêt, et pour terminer, le plus agréable, une ballade sur du plat avec vue sur toute la vallée pour rejoindre notre campement. Nous avons fait fort, 3h30 de marche. Notre guide est épaté. Mes jambes fatiguées. Nous sommes maintenant à 3300m. Il est aux alentours de 14 heure, et la vision est complètement nulle. Le volcan qui nous fait face est recouvert d’un épais nuage. Je décide de rejoindre ma tente. J’ai l’impression que ma tête va exploser. A mon réveil, on ne voit toujours rien. Ca commence à m’embêter. Car juste en face, il y a le volcan del fuego, qui est en activité. Malgré l’épaisse couche nuageuse, je l’entends rugir, je hâte que cela se découvre. D’après Prudencia, le volcan se dévoile pendant la nuit. Il commence à nous préparer notre repas, spaghettis aux légumes avec un succulent chocolat chaud pour nous réchauffer. C’est à se moment là, que la première couche de nuage commence à se disperser, et laisse entrevoir le volcan, sous un soleil cochant. Les couleurs et lumières sont magnifiques, les nuages dansent avec le volcan. C’est durant cette éclaircie, que le volcan se décide cracher sa lave, la terre tremble, la lave d’un rouge vif s’envole dans les airs, et retombe glissant le long du volcan sur plusieurs dizaine de mètres, puis il gronde d’un bruit assourdissant. L’un des plus beau spectacle de ma vie. J’en redemande. Mais les nuages recouvrent à nouveau le volcan. Il est 21h et il fait entièrement nuit. Les gens vont se coucher, tandis que je reste près du feu avec mon sac de couchage. J’ai envie de rester au plus près du volcan, il m’attire. Je somnole à moitié lorsque il refait son show. Je suis au premier poste. La nuit c’est encore plus impressionnant car on ne voit que la lave en effervescence. Je commence à avoir un peu froid. Je me réfugie dans ma tente, en laissant la porte ouverte qui donne directement sur le volcan. Je m’endors d’un sommeil très léger, et tous les quart d’heure je me fais réveiller par le grondement et observe les explosions de lave. C’est vraiment magique.
Il est 4 heure, est c’est l’heure de poursuivre l’ascension jusqu’au sommet, encore une heure de grimpette. Et une fois de plus nous arrivons les premiers là haut. Just on time pour le levé du soleil, du haut de l’Acatenengo, on arrive a distinguer 7 autres volcans. On récence 23 volcans sur le territoire Guatémaltèque. La vue est à couper le souffler, El Fuego refait des siennes et recommence à cracher ses entrailles. Dans ces circonstances il est fort compliqué de s’arrêter de prendre des photos. Une part ci. Une par là. Prudencia souhaite déjà que l’on redescende au campement, on arrive à gratter quelques précieux instants. Prudencia commence à courir dans la descente, je le suis de près. On court, on court, mais le plus compliqué c’est de s’arrêter. Dans ces moments là que j’aimerais avec mon snowboard pour dévaler la pente. On arrive rapidement au campement, on mange quelques gâteaux, et c’est reparti pour la descente, qu’on avale en 2h30. Je termine la descente au ralenti, à force de courir, je me suis broyé les genoux, c’est mon fameux syndrome des essuies glace qui revient, moi qui pensais m’être débarrasser de ce problème, que je traine depuis quelques années. Met qui n’est pas encore apparu au cours des cinq mois de ce voyage. J’arrive à l’hôtel épuisé, mais il me faut planifier mes derniers jours au Guatemala et surtout la suite de mon voyage. Après une longue période de doute, j’achète un vol pour Los Angeles car depuis les états unis les retours en Europe sont vraiment abordables. Je décide également de rester deux nuits de plus à Antigua pour me reposer, pour repartir de plus belle en vadrouille.
Après une bonne journée à ne rien faire à Antigua, je prends ma navette pour rejoindre l’aéroport. Nous sommes le 1 mai, et il se peut qu’il y est un peu de traffic sur la route, car ils fêtent également la fête du travail, et comme nous, ils aiment bien manifester. J’arrive à temps pour mon vol. Je fais une escale à Mexico, et claque une bise à distance à Tanguy. Après encore 3 heures de vol j’arrive à Los Angeles, il est presque 23h. Et contrairement à mon dernier passage par l’aéroport de LA, je mets beaucoup plus de temps pour passer la douane, près de 1h30. J’arrive face au douaner, en détente, il me pose tout une série de question sur mon voyage au USA, et il en conclut que je n’ai pas de vol pour sortir du pays ce qui est obligatoire… Putain, qu’est ce qu’il va encore m’arriver ? Heureusement le douanier n’a pas envie de se prendre la tête en cette fin de journée, je suis presque le dernier passager à passer la douane, et il me laisse passer sans problème. Je me retrouve maintenant à l’aéroport, plus de transport en commun, pas d’hôtel de réservé. Je décide de me trouver une chaise et de m’y reposer le temps que le soleil pointe son nez. Une nuit très inconfortable. Je me lève complètement cassé. Il me faut maintenant me décider, où aller dans cette immense ville de LA ? Je prends un bus pour le fameux quartier de Hollywood, j’y ai repéré un magasin de skateboard, la Californie étant le berceau de ce sport, il me faut absolument me procurer une board. J’entre dans le shop, et je n’ai que l’embarrât du choix, ce qui ne m’aide absolument pas dans ma prise de décision. J’ai envie d’un longboard, mais mon sac pèse déjà près de 20kg, j’opte finalement pour un mini skate, un Penny californien. Il est léger et très maniable. Je laisse mon sac dans le shop et pars à la conquête d’Hollywood. J’adore ce moyen de transport, même si je suis loin d’être un pro en la matière. J’aperçois au loin le signe « HOLLYWOOD », je veux m’en approcher au possible, je monte la rue de beachwood. Monte encore et encore. La route est barrée, impossible d’aller plus loin. Je demande s’il n’y a pas un chemin de traverse. Je le trouve et poursuit la montée. J’arrive devant une barrière avec plein de panneaux interdisant le passage. Je vois des personnes le contourner, j’en fais de même. La vue est belle. Les lettres sont presque à portée de main. Mais je ne suis pas encore assez près. Je ne peux m’empêcher de vouloir grimper encore plus haut, bravant l’interdit. Je trouve un petit sentier qui monte encore. Je tombe encore face à une barrière. Il me faut maintenant traverser le canyon pour arriver au pied des lettres. Cette traversée est un peu compliquée et dangereuse, à plusieurs reprises je ne suis pas loin de faire demi tour, mais une petite voix me dit de poursuivre le chemin. Ca y, j’y suis, j’ai une vue absolument magnifique sur la ville de Los Angeles. Je profite quelques instants, avant qu’un hélico commence à m’embêter et de me tourner autour, je comprends vite qu’il faut que je m’en aille. Je descends comme une fusée en espérant que personne ne m’attende en bas. Personne. Je m’apprête à redescendre cette interminable rue en skate lorsque je croise ma première Model 3 de chez Tesla. Ca fait tellement longtemps que j’en entends parler et ca y est, elle est face à moi. Je discute rapidement avec le propriétaire, qui à déjà une Model S. Il est très content de sa nouvelle voiture, mais en 5 mois, il y a déjà du l’apporter au service center 3 fois, soit en tout plus de deux semaines au garage. Il me parle d’une loi californienne, qui permettrait aux nouveaux propriétaires de voitures de porter plainte après un mois passé au garage pendant les deux premières années. J’ai bien peur que Tesla y perde encore un peu d’argent dans l’histoire. Je prolonge ma descente, sans tomber, pourtant il y avait de quoi faire de belles chutes. Je me dirige vers « the wall of fame », cette fameuse rue où chaque célébrité a son nom inscrit dans une étoile. Cette rue est parfaite pour skater. La majorité des noms me sont complétement inconnu. Je croise tout de même quelques connaissances : Charles Aznavour, Mickey, Ray Charles, Shrek, Georges Clooney, The Simpsons,… Je retourne chercher mon sac à la fermeture du shop, et me chope une paire de Nike pour rider. Le proprio du shop, m’annonce que je suis sur la route 66, qui traverse les états unis d’est en ouest. Je me mange un Burritos avant de reprendre la route, c’est complètement hallucinant, je suis à LA et j’entends presque plus l’espagnol que l’anglais. Je tape la discute en espagnol avec un mec qui mange des tacos. Et très gentiment m’offre 20$ pour la route. Je prends le bus en direction de Santa Monica, Je fais un tour sur le Santa Monica Pier, une sorte de parc d’attraction multicolore. Et Bim, 30$ au sol. C’est mon jour de chance. Et je pars me trouver mon spot pour camper cette nuit. Je me trouve une cabane de maître nageur. Comme dans alerte à Malibu. Je dors comme un gros bébé. Au réveil, je vois que je ne suis pas le seul à avoir eu cette idée. Tout le long de la plage, il y a de petits points noirs. Beaucoup de sans abri, venant passer la nuit sur la plage. Je veux rider le long de la côte, mais mon sac m’encombre. Je rentre dans un 5 étoiles et demande s’ils peuvent me prendre mon sac, ce qu’ils font malgré le fait que cela ne soit que réservé à la clientèle. Je ride en direction de Venice Beach, un des endroit les plus branchés de LA. La ballade est top, ca roule bien et il ne fait pas trop chaud. Je vois quelques surfeurs aller dans l’eau mais je ne vois aucune vague. Venice est un endroit très fréquenté, et plein de gens y viennent faire du sport, volley, basquet, padel tennis (sans mur), il y a même un salle de gym en plein air, où l’on vient exhiber ses gros bras. Je ne peux m’empêcher d’aller taper un basket, 3vs3, je me prends pour Tony Parker, je rentre tous mes shoot, je suis on fire. J’ai bien chaud, c’est l’heure d’aller nager dans la pacifique. L’eau est fraiche, très fraiche, presque autant qu’à Keremma, voir même plus. Ca ne me fait pas peur j’y plonge directement. Il y a quelques vagues. Je les surfe sur mon corps. Trop stylé. Je me rends ensuite en ville. Après avoir bossé près de 3 ans pour Tesla, je suis un peu piqué. Il y a un Tesla store, je veux apprécier la Model 3 à nouveau, j’ai de la chance, ils l’ont reçu la semaine dernière. Simple et efficace. Depuis que j’ai mis les pieds en Californie, je n’arrête pas de voir des Tesla, et forcement cela me donne des idées. Je veux parcourir la Californie en autostop mais que en Tesla. On va voir si c’est un chalenge à atteignable. Il est l’heure pour moi de quitter LA en direction de Malibu. Je prends un bus pour sortir de la ville. J’arrive en ville et je suis vraiment étonné, cela ne ressemble absolument pas à ce que je pouvais m’imaginer. Enfin ce que j’en avais vu dans « Alerte à Malibu ». Malibu est une toute petite ville, tout autant que la plage. Je me trouve mon petit spot, cette fois ci à l’abri du vent sous une cabane de lifeguard, et je passe la nuit sous un beau ciel étoilé.
Je me lève tôt, très tôt, comme tous les jours lorsque je dors à la belle étoile. Surtout qu’on m’avait prévenu que le Sheriff rodait dans les parages pour mettre des amendes à ceux qui dormaient sur la plage. Heureusement pas de Sheriff à l’horizon. Je débute la mission autostop Tesla. Cette voiture étant électrique, ma stratégie est d’aller sur les points de recharges Tesla, et de taper la discut’ avec les proprios pour entrer dans leur voiture. Il me faut rejoindre la ville d’Oxnard, c’est là bas qu’il y a le premier Superchargeur. Je commence à tendre le pouce sur le bord de la route pour aller jusqu’à cette ville. Et au bout de quelques instants, Rosa, me fait rentrer dans sa voiture. Elle trace à fond sur l’autoroute qui mène jusqu’à San Fransisco, ma destination terminale. Elle va jusqu’à Santa Barbara, mais je lui demande de me déposer à Oxnard. Me voilà face à 10 Tesla en train de charger. Je suis content de voir que la station n’est pas désertique. Une femme est dans sa voiture, je me rapproche de sa portière, et elle me fait un signe de la main pour que je m’éloigne, ça commence bien… Je me dirige vers une autre femme qui promène son chien « This is not my kind of things, but I am sure that someone will pick you up ». Je me pose, en attendant que les conducteurs reviennent de leur pause. Une famille arrive, mais la voiture est déjà blindée… Une autre femme « I am alone, It will not be a smart move to pick you up » Je commence à désespérer. Les voitures s’en vont les unes après les autres. Je pars faire un tour dans le centre commercial, et quelques minutes plus tard le parking est à nouveau plein. C’est fou comment les Tesla fonctionnent bien ici. J’essuie encore de nombreux refus. Il faut me rendre à l’évidence, mon plan est un peu trop ambitieux. J’abandonne mon rêve de traverser la Californie en Tesla et repars me positionner face à l’entrée de l’autoroute. Il est déjà 17h. Et même en autostop « traditionnel » personne ne veut de moi. Je commence à me demander où est ce que je vais bien pouvoir camper ce soir. C’est à ce moment qu’Edouard s’arrête et propose de me déposer dans la ville suivante de Ventura. J’accepte directement. Il me dépose sur le bord de la plage. Je discute avec un mec, qui vend des bracelet sur le bord de la plage, il est très cool, mais me prévient que ce n’est pas très safe que de dormir ici, quelqu’un a été assassiné il y a quelques temps, sans raison particulière. Il m’apprend à me servir de ma planche de skate comme d’une arme. J’étudie les différentes options envisageables. Je suis juste à côté de la gare, et un train ne va pas tarder pour aller à Santa Barbara. Je n’hésite pas longtemps et j’y vais. Dire que j’aurais pu arriver directement là bas, si j’étais resté dans la voiture avec Rosa… Je débarque à 23h dans une nouvelle ville, je suis crevé, mais il me faut repartir à la recherche de mon futur campement. J’ai l’impression que Santa Barbara sort directement d’un magazine de décoration, la ville est clean, belle et sent le neuf. Je suis un peu frustré, des panneaux interdissent de skater dans la rue. Mais je n’y prête pas attention. Et me dirige vers la plage avec mon gros sac à dos. Je décide de prendre à droite vers le port. J’avance aussi vite que possible, mais je pense que j’irais plus vite en marchant. Je tombe sur une plage, elle est à moitié éclairée, je n’ai pas la force d’aller plus loin et me pose dans un coin d’ombre. J’installe ma couverture de survie au sol et je m’enfile dans mon sac de couchage. Je me fais réveillé dans la nuit, une voiture est sur la plage, je tente de me dissimuler tant que possible. Je m’endors à nouveau et me réveille au petit matin complètement mouillé, rosée ou légère pluie, je ne sais pas trop. Je prends un petit dej et me m’attarde pas trop. On est samedi et la ville commence doucement à se réveiller. Joggeur, cycliste, et quelques sans abris. Je repars vers le centre ville et cherche un supermarché pour faire quelques courses. Je m’arrête également au MacDo, avec regret, car depuis quelques années j’ai complètement arrêté d’y manger, mais pour des raisons budgétaires, j’ai craqué, presque tous les jours j’ai le droit à quelques McChicken pour 1$. Il est l’heure de poursuivre ma route vers le nord. J’installe en bordure d’autoroute. Et ca mord très rapidement aujourd’hui, Austin et sa copine me prennent dans leur Van. Malheureusement, ils ne vont pas très loin et me dépose quelques kilomètres plus loin à une intersection. Il n’y a absolument pas de passage ici. Je ne suis pas vraiment sûr d’avoir fait un bon choix. Pour faire passer le temps, en attendant les quelques très rares voitures, je développe doucement mes qualités de skateur. C’est alors, que Victor arrive, un hispanophone, il me dépose un peu plus loin. J’avance 20km par 20km, alors que je souhaite en faire 200km pour rejoindre Monterey. A ce rythme là, il me faudra encore quelques jours. Puis Luis, un architecte, qui va prochainement voyager en Europe, m’avance de quelques kilomètres. Puis Mike me dépose à San Luis Obispo. Impossible de bouger de là, et il me reste encore plus de cent kilomètre pour rejoindre mon objectif. J’en ai marre d’être au bord de la route, je me dirige vers la gare pour voir si un train ou un bus peut m’avancer. Pas de chance, le train vient de partir. Prochain départ demain matin. Il me faut trouver un nouveau lieu pour dormir. Je commence à fatiguer de dormir à l’arrache tous les jours, j’envoie un message à Luis, l’un de mes autostopeur, qui doit rejoint des potes dans la soirée. Mais mon téléphone est doucement en train de me lâcher depuis quelques jours, et rend définitivement l’âme aujourd’hui impossible de le charger et donc de lire la réponse. Tant pis, je vais devoir me démerder en solo, je me rends dans un parc, car pas de plage dans cette ville. Je me trouve quelques arbres et m’installe à la tombée de la nuit. La nuit est très fraîche, heureusement que j’ai conservé mes collants, bonnet et écharpe, dont je ne me suis pas servi depuis l’hiver dernier.
On est dimanche, je laisse tomber l’autostop, pour me déplacer en bus, mais forcement ce n’est pas le meilleur des jours pour voyager en transport en commum, le service est vraiment minimum. Je prends un bus municipal pour rejoindre la ville de El Paso de Robles, j’ai une heure d’attente, je vais me poser dans un parc où il se déroule un évènement autour du vélo avec un concert de musique, c’est parfait pour faire passer le temps. Je prends un nouveau bus pour me rendre à Salinas, puis encore un autre pout Watsonville et encore un dernier pour rejoindre Soquel. Une longue journée de transport, pour retrouver la chaleur d’une famille. Après avoir laissé quelques messages sur couchsurfing, Lizzie et Ian, sont les seuls à avoir répondu positivement à ma requête. Et ils m’ont gentiment proposé de venir chez eux quelques jours. J’ai très rapidement compris que nous serions sur la même longueur d’onde, malgré notre différence d’âge. Ils m’accueillent dans leur charmante maison, et me font faire la visite des lieux. Je me sens déjà comme chez moi. La maison est toute mimi, et le jardin coloré. Ils ont deux enfants, Nathan, 15 ans et Ryan 18 ans. C’est une famille de globetrotteur, ils ont voyagé en vélo à travers l’Europe, et l’Australie avec leurs enfants en bas âge. Lizzie est professeur de ballet et Ian est écologiste à la retraite. Mais retraite très active car il ne peut pas s’arrêter de faire, faire et faire. C’est un fan de sport, et un aventurier de l’extrême. C’est le Mike Horn californien. Lizzie nous prépare un magnifique repas, accompagné d’une bonne bière. Un vrai plaisir. J’en avais vraiment marre de manger de la merde. On se retrouve dans le jardin, autour d’un feu de camp à nous raconter nos histoires. Ils me parlent du programme des prochains jours et j’en salive d’avance. Ce soir je dors dans un lit, un plaisir de retrouver ce confort.
Lundi, Ian me propose une sortie en canoë en mer. On prépare les embarcations, et on les installe sur le toit de la vieille Volvo. Le matériel est un peu vieillot mais devrait tenir le choc. Il y a un peu de vent, ce qui ne nous effraye pas. On se lance à contre courant. On longe les falaises, on navigue sur des tonnes d’algues, ce qui effrayerai mon cher cousin Eliot. On croise d’étonnantes variétés d’oiseaux. On est heureux. Ian me propose un petit challenge, faire le tour d’une grosse roche. Une sorte d’île. Le passage semble étroit, mais faisable. La mer est forte, et les vagues présentent. On fait le tour et arrivons dans une petite crique. On y croise une otarie. La mer est de plus en plus forte, ce qui me déséquilibre est le fait tomber dans l’eau gelé. Je remets le canoë à l’endroit, remonte dessus et perd à nouveau l’équilibre. Je renouvèle l’opération à mainte reprise, mais le résultat est toujours le même. Je finis à l’eau. Je suis congelé et tremble de tout mon corps. Ian me propose d’aller jusqu’au petit bout de plage, le canoë est certainement rempli d’eau. Ce qui était forcement le cas, on l’a vidé de quelques dizaines de litres, ce qui rendait la stabilité impossible. J’ai très très froid. Je cours, je saute pour me réchauffer. Pour le retour, on échange nos canoes. Le sien est un peu plus moderne mais moins stable. Le retour est plus rapide car nous avons le courant avec nous. Ian me propose un dernier challenge, passer sous une arche. « Let’s Go ». Il s’élance, juste après une grosse vague, il a mal calculé sa trajectoire et se fait projeté contre la paroi, ce qui renverse son canoë. Un partout. Je passe presque sans encombre et je suis content de retrouver notre plage de départ. Ian, en a pas eu assez et plonge dans l’eau pour faire un peu de body surf. Un turque me demande s’il peut emprunter le canoë, j’accepte volontiers. Il s’éloigne un peu, et n’a pas l’air très alaise. Il se fait renverser par une vague. Il croit voir un requin et abandonne tout le matériel en pleine mer. Je n’en reviens pas. Je me vois obligé de replonger dans l’eau gelée pour récupérer le canoë. « Give me five Ian » on se félicite pour cette belle sortie en mer. On rentre pour une bière bien méritée. Autre bonne nouvelle de la journée, mon téléphone marche à nouveau, ce qui a toujours été le cas, c’était simplement la câble de mon chargeur qui était mort, alors que je venais de m’en acheter un nouveau au Bélize.
Aujourd’hui je propose à Ian de l’aider à construire sa cabane dans les arbres. Moi, qui rêve d’en faire mon métier. On se retrouve avec Ryan et Ian, à 7 bons mètres de hauteur, à travailler sur la toiture de la maison. On pose une couche isolante pour que la pluie ne pénètre pas dans la future maison. Il reste encore pas mal de boulot avant de pouvoir dormir dans la cabane, mais je suis convaincu que le résultat final sera une vraie œuvre d’art. Cette homme de ne peut pas s’arrêter. Il est increvable. Après avoir donné la classe de mathématique à son plus jeune fils, on enchaine par une grosse partie de tennis. Kafelnikov Vs Safin! La sagesse de l’ancien contre la fougue du plus jeune. Le niveau est bon et on s’envoie quelques bonnes patates. Il m’impressionne de plus en plus. J’espère pouvoir avoir la même énergie à son âge.
Je m’y plait bien dans cette famille, j’avais initialement prévu d’y rester que deux jours, mais je vais encore prolonger ce beau séjour.
Doucement, je commence à me réhabituer au confort d’une maison. Le début de cette aventure californienne, ayant été très fatiguant. Je retrouve le plaisir d’avoir un frigo plein, une douche chaude, un lit douillet, une famille bavarde. Tous les matins, Ian, me propose une nouvelle activité, et pour aujourd’hui, c’est rando. Nous partons avec sa femme Lizzie et les deux chiens dans le parc national de Redhood. C’est l’une des nombreuses forêts de sequoia qui bordent la Californie. Le parc est à deux pas de chez eux, et il est énorme. Surtout les arbres qui dépassent facilement les soixante mètres de haut. On se sent minuscule. Ian se met à courir dans un sentier, Lizzie suit. On tombe sur une petite rivière, Ian qui n’a peur de rien, se met à marcher dans l’eau et Lizzie en fait de même, c’est leur rituel. On dirait deux vrais gamins, deux vrais amoureux, en train de gambader dans l’eau fraîche.
Jeudi, c’est l’heure tant attendu de la leçon de surf organisé par Ryan, le fiston. Il a plus de 10 boards, un vrai petit magasin. Il me file la plus grande, celle qui a le plus de flottabilité, car je suis novice, j’ai surfé dans ma vie, une fois et seulement une heure. Je suis confiant, cette fois-ci, je vais réussir à me lever. Il me donne également une très épaisse combinaison pour éviter l’hypothermie. On arrive sur le spot, et on n’est pas les seuls à l’eau. D’ailleurs ayant longé en partie la côte californienne, j’ai toujours trouvé des surfeurs à l’eau, et cela même sans vague. Ils me font penser à Brice de Nice, sans la combi jaune. Je n’ai pas envie de me retrouver à l’eau avec cinquante autres surfeurs confirmés. On se met sur le côté, il n’y a personne mais un peu moins de vague. Je retrouve rapidement les sensations du surf. La galère pour enfiler de la combi, ramer contre les vagues, les tonnes d’algues envahissantes,... . Ca y est un vague arrive, je me lance et rame à fond. Je me fais emporter par la vague, je me lève et me fais ramasser par la vague. Je fais quelques tours de machine à laver. Et je sors la tête l’eau. C’est ce que j’aime. J’y retourne. Cette fois c’est la bonne, je rame à m’en démettre l’épaule, je me lève et me stabilise et avance doucement jusqu’à ma plage. J’ai officiellement ridé la Californie. Le reste de la séance, m’a donné envie de continuer cette discipline, car la marge de progression est énorme avant d’aller affronter la fameuse Teahupoo à Tahiti.
C’est déjà ma dernière soirée en compagnie de cette incroyable famille, on fête cela avec un bon festin, barbecue avec du « presque bon » fromage et du « presque bon » vin rouge. En Californie, on n’hésite pas à mélanger les vins pour trouver son juste équilibre. Je ne sais pas vraiment comment les remercier, et puis je me dis que je ne vais plus avoir besoin de mon hamac et que sa belle couleur orangée ira parfaitement dans le jardin. Ils sont ravis et on l’installe directement entre deux palmiers. Je leur ai également commandé une dizaine de sachet de graine : fleurs, fruits et légumes mais surtout des cacahuètiers. Je n’ai plus le choix maintenant, il me faudra revenir pour les déguster.
Vendredi matin, je m’occupe de faire mon sac, j’en avais perdu l’habitude. C’est l’heure de repartir à l’aventure, il me reste une centaine de kilomètre pour rejoindre la dernière étape de ce voyage, San Francisco. Je décide de prendre le bus pour rejoindre la ville. Mais Ian n’est pas trop de cet avis, et souhaite me déposer un peu plus au nord sur la côte, pour ainsi me faire découvrir encore plus sa belle région. On longe cette longe côte désertique. Il me dépose à Half Moon Bay, d’où je dois prendre un bus. Manque de chance le prochain est dans deux heures. Il me propose d’aller jusqu’à SF, mais il en est hors de question. Il est beaucoup trop gentil. Je vais bien me trouver une voiture qui va me déposer en ville, où au pire j’attendrai le prochain bus. Ian me dépose au bord de la route et on se serre fort dans les bras, comme si on se connaissait depuis notre tendre jeunesse. Je pose mon sac au sol et commence à tendre le pouce. J’ai les bras lourd après la séance de surf de la veille. L’accueil américain des auto stoppeurs est à double facette, certain te klaxonne pour t’encourager, ce qui reste très rare ; d’autres balancent les gaz juste après m’avoir dépasser, et je me retrouve dans un épais nuage du fumée, pas très courtois. Finalement, un mec me prend dans sa grosse caisse, en revanche il me dépose au bout de cinq minutes. Un autre mec me prend rapidement, cette fois ci pour 10 minutes. A ce rythme la je ne suis pas arrivé. Il me pose à côté d’une station essence. Mais à part ça, rien. De longue minutes s’écoulent, je reste planté en plein cagnard, et je n’ai quasiment pas avancé. Je regarde si j’ai un plan B, je viens de louper le bus. Quelqu’un va bien finir par me prendre. Et heureusement c’est le cas, un camion FedEx s’arrête, et me dit de monter. Le jeune homme, vient de terminer sa journée et me dépose à une gare à l’entrée de SF. Pour une fois, j’ai organisé mon arrivée en ville, je n’ai pas envie de me retrouver à nouveau à dormir sur la bord de la plage. J’ai envoyé quelques demandes d’invitations sur Couchsurfing. J’ai eu quelques réponses, un premier mec, me propose de dormir chez lui, j’accepte sans vraiment lire son profil. Il me demande de le lire avec instance. Il est nudiste. Ca ne me dérange pas tant que ça s’il se ballade la zigounette à l’air. Lors d’une visioconférence, il me demande également si je souhaite être nu. Je ne sais trop comment répondre. Puis il me montre son appart, enfin plutôt son studio. Deux petits lits et rien d’autre. C’est glauque. Je n’ai pas envie de terminer mon séjour de la sorte. Je lui sors une belle excuse et défile. Je continue mes recherches. Curt m’accueille bien volontiers. Mais au fil de la discussion je comprends qu’il ne sera pas présent chez lui puisqu’il est actuellement en France. Celle là on ne me l’avait pas encore faite. Faire du couchsurfing mais qui ressemble davantage à un Airbnb sauf que c’est gratuit. J’arrive devant son appart, en plein centre ville, il habite dans une maison victorienne typique du coin. J’ai hâte de découvrir le reste. Un cadenas installé sur la grille d’entrée renferme la clé. Après un bon quart d’heure, j’arrive à ouvrir la porte. J’entre dans l’appart, et j’hallucine sur le standing. Deux pièces moderne, complètement neuf, et avec une vue sur le Golden Gate Bridge. Que demande le peuple. Je ne pouvais pas imaginer mieux pour terminer ce voyage. J’ai la bougeotte, je file sur mon skate, pour affronter les fameuses collines de SF. Je me situe en plein centre ville entre Downtown et Fisherman’s Wharf dans Little Italy. Je longe la côte, le Pier 39 et toutes ses boutiques pour touristes. J’ai le pont en ligne de mire et le coucher de soleil comme dead line. Je fonce. J’ai une magnifique vue sur la baie de San Francisco. Ca souffle et beaucoup de voiliers sont en mer. Je me dis que ca doit être un bon spot pour le kitesurf. Je cherche un point de vue dégagé, je trouve une sorte de longue digue. Ce panorama est top, sur l’un des côtés j’observe la fameuse prison d’Alcatraz et de l’autre coucher de soleil sur le Golden Gate Bridge. Sur le chemin du retour, je trainasse sur le Pier 39, plusieurs artistes de rue, dont le sosie de Mickeal Jackson, qui imite à merveille le pas de dance et le « Youou » de la Popstar. Après mon passage par l’appart, j’hésite à sortir en ville mais je profite du luxe de mon nouveau chez moi, et préfère un bon film français avec un gros pot de Häagen-Dazs.
Après un repos bien mérité, je me lance à la conquête de SF, sans plan précis en tête, en short, casquette et skate. Je commence par traverser Chinatown, je suis censé y trouver des souvenirs à bon prix, mais je n’y trouve que de la camelote. Je me dirige en direction de Haight Street, le quartier hippy de SF. 5km séparent ces deux quartiers. J’ai la possibilité de prendre l’un des anciens trams, qui aide à monter les hautes collines de la ville. Mais je préfère faire travailler les guibolles et en plus les trams sont bondés de touristes. La montée est très rude, la descente beaucoup trop dangereuse pour la tenter à mon petit skate qui fait à peine la longueur de l’un de mes pieds. Mais j’aime vivre dangereusement alors je me lance, je fais quelques mètres sur ma planche avant de devoir lancer le siège éjectable, c’est à dire sauter et freiner la course d’une manière ou d’une autre sans retrouver au sol. Ce n’est vraiment pas évident, surtout que ma board devient complètement instable dès que je prends un peu de vitesse. J’arrive dans un quartier un peu plus huppé, celui de Hayes Valley, je rentre dans une boutique avec plein d’accessoire pour geek. Et je me retrouve très rapidement en face, de mon accessoire, celui qui me faut pour rider San Francisco, un skate board éléctrique. Ca faisait longtemps que je voulais en voir un en vrai, le vendeur me voit intéressé et me propose de l’essayer. Je saute sur l’occasion. Je teste la version haut de gamme, je monte sur la board, télécommande à la main pour gérer la vitesse. Je m’entraine sur le trottoir et prend plein de vitesse. Quelle sensation ! Je veux maintenant l’essayer dans les grandes montées de la ville. Encore plus impressionnant. Le skate avale la pente. Je le veux ! Bon 1000$, c’est hors budget, et puis je n’ai même pas la place dans mon sac. J’arrive dans le quartier de Haight, je vois un parc qui grimpe dans les nuages. Je suppose que la vue y est belle, surtout lorsque le parc s’appelle « Buena Vista Park » alors je n’hésite pas et je monte, même si je commence sérieusement à avoir faim. L’ascension est interminable, mais elle vaut le détour, c’est l’un des plus beau point de vue sur la ville. J’arrive finalement dans le quartier de Haight, il doit être environ 15h. Il y a de la couleur partout, des magasins un peu dégantés, des growshop, store de mode, des friperies. J’ai envie de rentrer dans tous les magasins, ce que je fais, mais le prix est exorbitant. Sauf le restaurant de burger. Je me commande le burger de la mort, le premier de mon séjour américain (sauf le hamburger du MacDo, mais ca ne compte pas), mieux vaut tard que jamais. Un délice. Je suis en fin repu, je prolonge ma session shoping, même si cela ressemble davantage à du lèche vitrine. Au bout de cette longue rue, j’arrive sur le parc du Golden Gate, il est géant et s’étend sur une longueur de cinq kilomètres. On peut y pratiquer divers sports, une dizaine de terrain de tennis sont mis à disposition, des terrains de basket ou encore de volley. J’adore vraiment cela en Californie, la pratique du sport est vraiment facilitée par le gouvernement. Je croise une bande de percussionniste, ils sont une trentaine avec djembé, tambour, batterie, xylophone, triangle et autres. Je m’y arrête. Je me laisse bercer par la mélodie. Un voisin me tend un joint, je tire deux lattes. Je suis bien. D’ailleurs toute l’assemblée semble high. La weed est dépénalisée dans la Californie, ce qui explique pourquoi on sent cette douce odeur à travers toute la région. Le température se rafraichie très rapidement ici, et le vent se lève. Je regrette d’être parti sans pull. Je remonte sur mon skate pour gagner quelques degrés et je me dirige vers un nouveau quartier, celui de « Mission », qui se retrouve à l’autre bout de la ville. Je vais vers le tram, l’attente est trop longue, je poursuis la route en skate. Je retombe sur le « Buena Vista Park » que je contourne subtilement. Mais j’observe un nouveau point de vue, Corona Heights Park, je me sens obligé d’y aller, surtout que contrairement au parc précèdent, il n’y a pas d’arbres donc une vue totalement dégagée. La vue est à couper le souffle. C’est mon point de vue préféré. Je me dirige vers Mission, la route est pour une fois parfaite, une douce décente, qui me permet de ne pas prendre trop de vitesse. J’arrive dans le quartier, un peu plus crégnosse, hispanophone, mais qui est le quartier un peu branché pour sortir. Je suis à la recherche d’une friperie, pour me trouver un pull abordable, mais les magasins commencent à fermer. Je tombe sur un nouveau parc, « Mission Dolores Park », le soleil est déjà couché, mais la vue est top. Je me fais inviter à boire une bière. Je raconte en trois mots mon voyage, les gens sont sur le cul. J’ai moi même du mal à réaliser le parcours que je viens de réaliser en à peine six mois. Je suis KO, je rentre chez moi, pas le courage d’enchaîner sur la soirée.
Quoi de mieux comme programme pour un dimanche patin, que d’aller faire encore du shopping. Et cette fois ci, il va falloir être efficace. Je vais Downtown, dans le centre commercial. Je repéré une boutique Levis, j’essaie toutes les coupes, pas évident de choisir étant seul. C’est peut être l’un des moments ou je me suis senti le plus seul pendant le voyage. Je me décide sur un 511. Puis je dévalise la boutique Hollister, une marque californienne. Je suis un peu pressé, car j’ai rendez-vous aujourd’hui chez Maureen et Pierre Yann, des membres de ma famille de Keremma. Je repasse déposer mes gros sacs et cours en direction de Mill Valley, de l’autre côté de du Gold Gate Bridge.
C’est ma dernière soirée, demain je rentre. Mais quoi de mieux que je terminer ce voyage en famille, avec un verre de rouge à la main et un repas américain : grosses patates au four accompagnées de sa belle côte de bœuf. Cette soirée me permet de me réhabituer doucement à la langue de Molière, langue que j’ai très peu pratiqué pendant sauf lors de mes séances d’écriture.
Nous sommes lundi 14 mai. Et ça y est, c’est le grand jour, le temps de boucler la boucle.
J’ai réalisé mon tour du monde. The TimoLoop.
Après avoir parcouru traversé 10 pays en 165 jours, je rentre en France.
Mais pour combien de temps ?