Comme tous les jours depuis que je suis au kitesurf camp, je me lève très tôt entre 4 et 6 heure du matin. Je vis désormais au rythme du soleil, très fatigué lorsqu’il se couche et au top lorsqu’il se lève. Troisième jour de cours, le vent est très timide, il peine à se lever. On l’attend jusqu’à 15h, une fenêtre s’ouvre. On prépare le matos avec Steph et on saute dans l’eau. Ca y est je commence à me lever plus facilement, je tire quelques petits bords. Mais ca se complique par la suite. Encore une couille, cette fois c’est mon fast release, une sécurité, qui saute tout seul. Je me retrouve à dériver. Je me rapproche dangereusement d’un jetski. Steph m’avertit, « ne chope le jetski aujourd’hui, tire sur la ligne bleu pour l’éloigner ». J’évite une nouvelle cata. Mais les lignes s’emmêlent entre elles. On perd une bonne demie heure. Il n’y a quasiment plus de vent, on prend un kite plus grand en passant à un 10, contre un 8. C’est reparti pour un tour, sauf qu’il n’ y plus assez de vent, et j’ai pris de mauvaise habitude la veille, en ne descendant pas le kite suffisamment car le vent soufflait fort. Il faut donc que je réapprenne à bien maoeuvrer le kite. Je galère, je me bats avec mon kite pour le remplir d’air. Je lève la tête, je suis le seul con encore dans l’eau. Je demande à Steph de sortir et de marcher à pied jusqu’à l’hôtel. Il me taquine et joue avec mes trippes « On est juste à côté, on ne va pas sortir maintenant ? » « Ok ok je vais te le ramener sur la plage ce kite ». Je gueule, je m’énerve, je rouspète contre le manque de vent. Mais doucement après une heure je me rapproche de la plage. On sort de l’eau, mort. Pour me narguer, mon prof prend le kite. « Regarde tu vois qu’il y a du vent » et fait une centaine de mètre. Il sait vraiment comment me mettre sur les nerfs. Mais après une cinquante de mètre il tombe à l’eau, et n’arrive pas à revenir avec sa planche. Je ris, je ne suis pas le seul à galérer. Je me mets à la place du prof, et commence à répéter ses conseils qu’il me soufflait dans l’oreillette. « Aller vas-y, prends du plaisir, fais des grands gestes, de gauche à droite ». Cela m’empêche, que je n’ai pas apprécié cette journée. J’ai du mal à m’en remettre, j’ai l’impression d’avoir reculé. J’évacue doucement en parlant à d’autre kiteurs. Puis en prenant du recul en fin de journée, je me rends compte que ça a été une journée très enrichissante, car c’est ca le kitesurf, c’est un peu comme une vague, avec des hauts et des bas. Tu n’auras pas tous les jours le vent parfait, tu n’es jamais à l’abri d’un problème qui peut te faire perdre une partie de la journée. J’ai haï Steph durant cette journée, mais au final j’ai énormément appris. Merci
Mercredi, quatrième jour. D’après les prévisions, pas de vent sur la mer. On met le cap sur la lagune, le vent souffle que dans la matinée, il vient de la terre. Le spot est trop beau, et large. Chacun aura sa place. C’est tellement grand qu’on a besoin d’un bateau à moteur, enfin pour les débutants car nous ne savons pas encore remonter au vent. Le bateau nous dépose au fond de la lagune, je saute à l’eau, j’enfile ma planche et au bout de deux tentatives je décolle, je tire un bord énorme, je suis trop content, et pour changer ça se termine en énorme gamelle. Je repars dans l’autre sens, le bon pour moi, je prends de la vitesse, beaucoup de vitesse, j’ai la parfaite position, jambe avant tendue et l‘arrière fléchie, les épaules pointant ma direction, une main sur la barre et l’autre touchant l’eau. Je suis aux anges, ça y est je kite. Le bateau me remonte au vent, car je n’y arrive toujours pas. Je tire un bord de folie, pures sensations, je crie, je ne dois pas être loin de percer le tympan de Steph dans l’oreillette. Je tente de faire une transition pour repartir dans l’autre sens. La voile de reste pas assez tendu, se dégonfle totalement, et retombe à pic dans l’eau. Je tente de faire un waterstart. Impossible de relever le kite. Je le regardant de plus près, je vois qu’il s’est retourné sur lui même. Cela ne m’est pas encore arrivé. Je tente comme je peux de relever la voile en tirant sur les lignes, impossible de l’envoyer en l’air. Heureusement de loin, Steph a vu la scène, il arrive en bateau. Il m’explique la marche à suivre. Au lieu de tirer comme un bourrin, ce que je faisais, il faut faire le contraire, il faut tout relâcher, nager vers le kite pour le remettre dans le bon sens. J’adore cette session, c’est beaucoup plus simple dans cette lagune que dans la mer, car c’est plat et il y a beaucoup moins de courant. Le seul inconvénient, c’est que la lagune, est plein d’algue et j’ai l’impression de me faire bouffer, piquer, par je ne sais pas par quoi, et je n’ai pas trop envie de le savoir. Le temps passe si vite, ca fait déjà 2h30 mais j’ai veux encore, je fais un dernier ride. On rentre à l’hôtel en milieu d’aprem, toujours pas de vent, et ça se sent. Les gens enchaînent les bières, la soirée s’annonce d’être longue. C’est le cas, après le diner tout le monde sort sa bouteille de hard. Contrairement à eux, j’ai eu une grosse journée et je me coucher tôt, pour repartir de plus belle.
A mon réveil, je fais un tour sur la plage, quelque chose m‘attire l’œil. Une table est dressée au plein milieu de la plage, avec des bouquets de fleurs. Après investigation, je me rends compte que c’est la soirée de la veille qui s’est terminé ici, avec un magnifique lever de soleil. On n’est pas prêt de les voir kiter. En même temps, c’est le cas pour tout le monde, pas de vent pendant la journée entière, sauf la lagune. Mon corps a bien travaillé ces derniers jours, je lui offre un jour de repos. Au programme, farniente, volley, raquette de plage,…
Cela ne nous empêche pas d’avoir la dalle, le soir venu. On se presse au restaurant. Le menu unique ne nous donne absolument pas faim. Je pars discuter avec les serveurs, je leur demande une faveur, j’ai envie de poisson grillé. On est au bord de la mer, et on ne fait que mangé des tacos au proc! Cette équipe de serveur est très sympathique, mais ils sont loin d’être les plus efficaces. Ils viennent à trois pour la commande et reviennent quelques instants plus tard pour la vérifier, vont servir les derniers arrivés en premier, oublient la moitié des commandes mais également des notes. Tous les soirs, c’est mon petit plaisir, je les regarde faire leur service. Bref. Ils acceptent ma requête. Ils savent très bien, que je leur offrirai un bon tips. Ils faut les avoir dans la poche. Nos poissons arrivent, on prend plaisir à la déguster. Tanguy disparaît de la table. Et revient 3 minutes après, il a une arrête coincée dans la george, il vient de vomir 3 fois. On se met un peu à l’écart, et vomi encore une fois, il peine à respirer et moi je ne sais pas quoi faire. Je vais chercher le responsable du camp, pour savoir s’il n’y a pas un médecin dans l’assistance. Un des profs a fait des études de médecine. Mais il ne sait pas trop comment réagir lui non plus. La nouvelle s’ébruite, Tanguy se fait entouré par une quinzaine de gars. Quelqu’un lui dit de manger du pain, l’autre une banane, encore un autre de boire de l ‘eau ou du lait. Ca ne passe pas. Il n’a pas le choix, aller à l’hôpital. En une heure c’est réglé, le médecin lui retirer l’arrête, grande de quelques centimètres. Une histoire qui se termine bien.
Le lendemain, je me lève en pleine forme, et commence la journée par un bon footing et une session d’étirement. Le vent se lève péniblement en début d’aprem. J’ai largement dépassé mon budget kite, j’en suis presque à dix heures, mais je veux être entièrement autonome. Il me faut encore apprendre quelques astuces, notamment lever et descendre le kite sur la plage ainsi que de marcher avec. Steph me lève le kite, puis me le donne. Je marche sur quelques centaines de mètres, je m’amuse à courir. Puis il m’apprend commence faire le décollage. Facile. Je plonge dans l’eau, le vent est timide. Je veux rééditer mes exploits de l’avant veille. Tirer un bord dans la mer, et remonter au vent. Le vent est timide mais j’arrive à sortir de l’eau, et tirer un bord. Puis je remonte au vent péniblement, j’y suis presque, il ne me reste plus qu’à pratiquer et d’enchaîner les heures. Mais en solo. Sans prof. Ca va faire bizarre de ne plus avoir ma petite voix douce dans l’oreille, qui me souffle des conseils pour améliorer mon ride. Cette session se termine avec une grosse accolade avec Steph. Tanguy avait raison, c’est de loin le meilleur prof ! Il enfile ma planche et saute à l’eau. Il est déjà bien tard, le soleil se couche. Je prends en photos ses sauts impressionnants. Il frôle les dix mètres de haut. Je ne suis pas encore à ce niveau, mais j’espère qu’un jour l’élève dépassera le maître. Il fait complètement nuit, il est uniquement éclairé par la pleine lune. C’est le seul à l’eau, il saute dans tous les sens, il a gardé son âme de gamin, c’est vraiment ce que j’aime chez lui. Il sait apprécier la vie, à sa juste valeur.
Samedi, c’est notre dernier jour. Etant quasiment autonome, Tanguy me prête l’un de ses kite. Au programme, un down wind de cinq kilomètres. Cela consiste à se laisser porter par le vent le long de la côte. C’est un parfait entrainement pour moi, ne remontant pas très parfaitement au vent. Tanguy sera aujourd’hui mon moniteur, enfin il va surveiller mes conneries. On part en voiture avec les autres élèves. Je suis le seul après une semaine à tenter une aventure en solo. On est les premiers à l’eau. Mais première couille de la journée, j’ai mis ma barre dans le mauvais sens sur mon harnais, de ce fait, dès que je tente de me lever, ma barre décolle, et mon kite s’envole. Il commence fait des loops en l’air, je suis vénère. Mon kite ce rapproche trop rapidement de la plage, forcement je n’applique rien de ce que j’ai appris. Je tire sur les lignes, au lieu des les enrouler sur ma barres. Je cours pour sortir de l’eau, le kite sa rapproche dangereusement des bosquets et pourrait se percer. Je saute tant bien que mal sur le kite pour le mettre face au vent. Je souffle. Il s’en suit une bonne demi heure pour démêler les lignes et pour pouvoir enfin repartir. Le vent ne souffle quasiment plus, je suis en lightpower, mon kite, un 10, est trop petit pour ces conditions, tout le monde ride sur un 12 minimum. Ca me fait encore un entrainement dans des conditions difficiles, ce qui oblige à manoeuvrer parfaitement. Je tire quelques bord, mais passe la grande majeure parti du temps à faire du bodydrag, me laissant simplement porter par le vent dans l’eau, en tenant ma board à la main. J’arrive péniblement à la plage, c’est forcement à ce moment là que Eole commence à souffler, il est déjà trop tard, je suis crevé et je n’ai pas le courage de remonter le vent à pied. Je suis tout de même satisfait, cette semaine m’aura permis d’avoir les bases de sport qui est loin d’être simple. Il me reste une grande marge de progression, j’ai hâte de trouver un nouveau spot pour continuer à apprendre. Les kiteurs courent tous à l’eau, le vent souffle fort, ca saute dans tous les sens. Steph et Tanguy termine la session à deux tirant des bords dans la nuit complète. Ca donne envie. Il est l’heure de pacquer nos affaires, et de rejoindre Mérida, la grande ville avoisinante. Cette fois ci, pas de folie, on prend un taxi. On entend les mouches voler, tant nous sommes fatigués. On arrive dans notre auberge qui ressemble davantage un hôtel de luxe. On se prend une douche et c’est reparti. On ne se laisse pas abattre et partons à la conquête de la fiesta loca mexicana. On se chauffe avec quelques shot de Mezcal sur une belle place avec des musiciens de rue. On part ensuite à la recherche d’un endroit un peu plus animé, où l’on peut bouger notre popotin, on tombe sur le Pipiripau, il y a foule, tout le monde danse, on se prend deux verres pour moins de cinq euros. Le DJ par vrille, nous fait des enchainements complètement inaudibles, et entend même La Macarenna, ce qui ne choque pas l’assemblée. Les deux gringos comme nous sommes, attirent l’œil, on se fait accoster par des femmes, une sensation plaisante. L’une d’elle chuchote à l’oreille de Tanguy, « Mi amigo esta interessada por tu amigo » J’ai bien sûr tout entendu. Je me tourne vers sa copine pour lui parler. Mais au bout de 3 minutes, je coupe court à la discussion, elle ne m’attire absolument pas. La première revient à la charge en me répétant à plusieurs reprises avec insistance « Que paso ? Pero que paso ? » « Que se passe-t-il ? Je te présente une copine et rien ! » On rigole. Elle nous prend pour des homos, car on refuse d’aller chez elles. A deux heure la musique se coupe, pourtant les bar sont sensé fermer à trois heure. Manque de chance c’est aujourd’hui qu’on change d’heure… On fouine dans la ville à la recherche d’un autre bar, on demande à deux filles, elles ne savent pas mais on chercher ensemble, on tombe sur un complexe de trois bars/boite. On rentre. 30 secondes plus tard, coupure de courant. Pas de chance. On tente dans l’un des autres bars. L’Arra, il y a une banda qui joue, l’ambiance est chaude, on danse, ca fait du bien, cela faisait presque deux mois. On fait la fermeture et on rentre tranquillement à notre hôtel.
Dimanche jour de repos. Tanguy part le lendemain. Moi je prépare ma nouvelle aventure. Je me lance un nouveau challenge rejoindre le Bélize à vélo. J’en ai pour environ 700km, j’en ferai certainement plus car, dans ce genre de trip, on fait toujours des détours. Je souhaite trouver un vélo occasion de bonne qualité. Je fais le tour des « casas de empeno », prêteur sur gage, où je peux trouver des occasions, tout est fermé. Je recherche sur le net et sur facebook. Il y a plein de groupe de vente. Je poste des messages, passe des coups de fils. Je pense avoir trouvé la perle rare un Peugeot, très bon marché, mais personne ne répond. Je poursuis mes recherches, je ne trouve rien, je ne force pas, j’arriverai bien à en trouver un. Demain, les magasins seront de nouveaux ouverts. On se fait une dernière bouffe avec Tango, et au dodo.