C’est reparti pour un tour de train en direction de Moscou. Cette fois ci, je voyage en seconde classe, « Koupe », et ça change la donne, compartiment de 4 couchettes complètement fermé, avec diner et petit dej, et même une paire de chausson. C’est le grand luxe et en prime je rentre entièrement dans le lit. Alors qu’est ce que ça doit être la première classe ?
Je rejoins aujourd’hui un nouveau pote, qui m’a invité dans sa « Datcha », maison de campagne, à 2 heures de bus de Moscou. Il y organise demain soir une « Datcha Party » : Sauna, Balade en foret, Feu de joie, et grosse teuf. Alors lorsque je reçois son invitation je saute sur l’occasion ! Une bonne dizaine de personne sont attendu et essentiellement des femmes J
Alexey, ou Aloïcha (oui tous les russes ont un diminutif) vient me chercher à l’arrêt de bus avec sa BMW à l’ancienne. Il a 28 ans, c’est un grand voyageur, végétarien et un membre très actif de la communauté de couchsurfing à Moscou. Il me fait visiter sa petite maison, faites en bois, avec un étage ouvert sur le rez de chaussé, avec un poil à bois comme unique source de chaleur et sauna en intérieur. Trop classe la « Datcha » je veux la même.
La veille, par téléphone, il me demande si j’ai mon permis. Je me demande vraiment ce qu’on va encore me réserver comme surprise. Et c’est tout fier, qu’il me montre son nouvel achat, un 4x4 old school russe, une « OUAZ ». Il me propose de partir faire une ballade en forêt, je suis plus que motivé. Mais les soucis ne font que commencer… on peine à la sortir du jardin, car elle n’a pas bougé depuis cet été, les roues tournent dans le vide, la voiture s’enfonce dans la neige, on met des cales, je pousse, finalement au bout de 15 minutes, on est sur la route ! On se dirige vers la foret, la route se sépare en deux, et forcement il choisi le chemin le moins praticable, où une épaisse couche de neige recouvre la route. Il m’avoue à se moment là, que c’est la première fois qu’il sort la voiture l’hiver. Il fonce sur la route, car si jamais il s’arrête on est fichu, il y a des trous énorme, je saute dans tous les sens, on roule sur de la glace, qui rompt sous le poids du 4x4, on parvient tout de même au bout du chemin. On tombe sur un panorama magnifique, la foret enneigé avec une vue en contre plongé sur la rivière de l’Aka. On est obligé de faire demi tour car la route est vraiment trop dangereuse, de plus on se demande si le train avant fonctionne… On prend notre élan pour rebrousser chemin et forcement on s’enfonce dans la neige, alors qu’on avait déjà bien tapissé le chemin à l’aller. On fait marche arrière pour prendre plus de vitesse et c’est là qu’on se bloque sur une petite butte… Impossible de faire marche avant ou arrière, on sort la pelle et les calles, je pousse mais rien y fait, on est coincé en plein milieu de la foret…On fini la balade à pied en ce demandant comment on va faire pour sortir la voiture de là. On se fait un repas rapide, le temps de reprendre nos esprits. Il passe un coup de fil au garage du coin, qui nous passe le numéro de Vova, le dépanneur du coin, qui nous donne rendez-vous dans 20 minutes. Il arrive avec un énorme camion « GAZ », et je me dis que ca sent très bon. On s’enfonce la forêt en douceur, car il faut manœuvrer l’engin, il gère sa bête à la perfection et nous sort très rapidement du pétrin. On est soulagé ! On va enfin pouvoir se boire notre bière tant attendue et le tout autour d’une Chicha sur son balcon à la nuit tombante, ce week end s’annonce bien !
Réveil 11h le samedi, les premières arrivantes vont débarquer à la Datcha, je mets derrière les fourneaux pour leur faire découvrir la Tortilla Patata. Nadya, jeune femme et Alexandra, la quarante, arrivent et savourent la Tortilla. Le sujet de la discussion bascule rapidement sur l’annexion de la Crimée par la Russie et c’est le drame. Deux visions s’opposent, Aloïcha est contre le système russe et Alexandra (comme la majorité des russes) pro poutine et trouve ça normal que la Russie ai récupéré cet ancien bout de terre russe. Nadya s’interpose et propose de partir de balader dans la forêt pour se changer les idées. Sur le chemin Alexandra, me parle du mouvement « Dom dlia vce » une maison pour tous, qui a des ressemblances avec le couchsurfing, le principe est que quelqu’un loue un appartement quelque part dans le monde, et propose de le partager avec des voyageurs russes. Sur le chemin on aperçoit, deux pêcheurs sur la rivière à peine gelée, j’ai vraiment peur pour eux. Car j’ai à peine touché la glace, que sous mon poids de mammouth, la glace à commencer à craquer. En rentrant à la Datcha, Alexandra décide de partir, et ce n’est pas une mauvaise idée, elle n’était pas vraiment dans le même mood… Elle laisse place à deux nouvelles arrivantes, Natacha et Ania, elles n’ont pas encore franchi le pallier de la porte que je les entends rire aux éclats. Deux petits bouts de femme de 23 ans, mignonnes, sympa et drôle. Pendant que je prépare le vin chaud avec Nadya, les filles et Aloïcha lancent le « Castior » feu de camp dans un décor féérique : entouré de neige, assis sur des coussins plein milieu de la forêt. Il nous file des vêtements chaud de la campagne et que la fête commence ! Musique, chant, et saucisses cramés sont au programme. Au bout de deux heures, on vient se refugier à l’intérieur, car il fait pas si chaud que ca dehors. Et voilà que débarque encore une belle triplette. On se retrouve avec Aliocha avec six charmantes demoiselles J Quasiment personne ne se connaissait, mais l’ambiance est au top ! On boit, on chante, on joue au « Medved » Ours, Jungle Speed Russe, on danse comme des fous. On a même reconstitué les 2 be 3, en remplacant Adel par Ania ! It was a « Fucking Crazy Datcha Party »
Avant de repartir en début d’aprem le dimanche, on savoure le délicieux « Bortch » préparé pas Aloicha, soupe à partir de betterave (recette ici). C’est de l’heure partir avec regret, j’ai vraiment apprécié cette expérience à la campagne. Je pars retrouver ma belle famille (du côté de ma belle mère russe, Zoshya) chez qui j’avais séjournée lors d’un de mes premier séjour russe, il y a déjà huit ans.
Le retour s’annonce un peu plus compliqué car nous avons loupé le seul bus de la journée pour rejoindre la capitale. Du coup, on prend un premier mini bus pendant une heure forcement il est déjà blindé, on fait donc le chemin debout. Puis, on prend le train de banlieue « Electrichke » pour une heure de demi. C’est un train plein de vie, plusieurs personnes passent chacun leur tour pour vendre leurs conneries : serviettes, peignoirs, ticket à gratter, laser, d’autres trucs que je n’arrive pas à comprendre tellement c’est absurde. Ou encore d’autres se prétendent chanteurs (alors qu’ils sont plutôt alcolo J ), Natacha et Ania n’ont pas de ticket et joue au chat et à la souris avec les contrôleurs. Je dis au revoir à mes copines, car je descends du train avant elles. J’avais étudié le chemin le plus court sur Google maps. Et forcement je me trompe de gare, je sors un station avant et me retrouve très loin d’ou je devais atterrir… Je tente de trouve un bus, mais je suis dans une sorte de no man’s land, je retourne à la gare et j’attends 45 minutes le prochain train pour 5 minutes de train… Pendant ce temps la je discute une femme qui contrôle la gare, elle me pose plein de question sur mon voyage et la France, du coup je m’intéresse en retour à elle, elle gagne à peine 25 000 roubles soit l’équivalent 350€ dont la moitié part pour la location de son appartement, je comprends mieux pourquoi elle est déprimé de la vie !
J’arrive finalement chez Svetlana Fiodorovna (en Russie, on utilise le patronyme pour appeler les gens les plus âgés) ma belle grand mère, elle vit avec sa fille Ania, qui vient de divorcer et ainsi que Polina ma petite sœur par alliance. Ca fait trop plaisir des les retrouver huit ans après. J’ai l’impression que rien n’a changé, on est toujours aussi complice et Svetlana répète toujours et encore ce mot « Potikunéchno » traduction « ca va doucement ». Elle me gave de nourriture, on parle, on rigole, et on regarde la télé, comme au bon vieux temps !
C’est reparti pour un tour, au programme 14 heures de train.
Après une grosse grasse mat’, j’ai profité de cette journée pour faire une visite rapide de Moscou. Car il faut se l’avouer, ce week end n’a pas été très reposant. Svetlana m’a encore gavé (de nourriture, bien-sûr) dès le réveil comme elle sait le faire. Nous avons papoté autour d’une bonne tasse de thé, quelques heures. Et je suis parti en direction du centre-ville, pour rejoindre Polina pour le déjeuner. Elle qui vient de rentrer dans la vie active. Un bon déjeuner, et je pars à la conquête de Moscou, avec mes 15 kilos sur le dos. Cette ville est magnifique, surtout pendant les fêtes de fin d’année. En me dirigeant vers la Place Rouge, un souvenir me parvient : la relève des gardes. C’est une cérémonie qui a lieu toutes les heures, et par chance il est 15 55, je me dépêche pour me placer idéalement. C’est impressionnant, deux gardes protègent la flamme du soldat inconnu, sans bouger d’un cheveu, et peu importe la météo. Puis au loin, les remplaçants arrivent avec leur pas très spécifiques, levant la jambe très haute, créant un angle à 90°, et tapant de la main sur leur arme, ce qui fait que l’on entend les vibrations de la baïonnette. Je me rends ensuite de la Place Rouge, où d’un côté se situe le mausolée de Lénine, de l’autre le « GOUM » les galeries Lafayette russe, tout au bout la Cathédrale Saint Basile le Bienheureux, fameuse pour ses coupoles colorées et pendant les fêtes une patinoire en plein milieu de la place.
Je pars ensuite à la découverte d’une nouvelle ligne de métro, qui fait le tour de Moscou, une sorte de périf’. Je connaissais déjà le « Kaltso » 1er anneau, sauf que Moscou est désormais doté d’un 2ème anneau. Moscou est une ville qui ne fait que grandir et changer. On m’avait dit qu’il fallait y jeter un œil pour voir la sophistication de cette ligne, il est vrai que comparé au métro actuel, il n’y a rien à voir : siège confortables, range vélo, prises électriques, télé à bord et même le wifi. Depuis les attentats en avril dernier à St Petersbourg, la Russie à renforcer la sécurité partout et surtout dans le métro, on a l’impression d’être dans un aéroport est de devoir passer sous des détecteurs de métaux toutes les 5 minutes. J’ai dû faire passer mon sac une quinzaine de fois, sous les rayons X, en tout cas mon petit opinel ne le intéresse pas.
J’ai fini cette belle journée par la rencontre d’Olga, une nouvelle couchsurfeuse, qui parle parfaitement le français. Ca m’a d’ailleurs fait très bizarre d’échanger en français après 10 jours d’immersion totale dans la langue de Pouchkine. . Encore une femme dont je me rappellerai… Elle m’a fait visiter le quartier chinois qui n’a absolument rien de chinois. C’est même plutôt le contraire, c’est un quartier touristique et l’un des plus cher de Moscou. Sur la route on tombe sur un bar qui s’appelle Kozlovna, je me sens obligé de m’y arrêter pour boire une bonne mousse, une « Koziol », se qui signifie chèvre. Puis on part en direction d’un resto géorgien, décidemment les russes adorent cette nourriture, et c’est tout à fait compréhensible.
La vie de voyageur est parfois dure, car on crée des liens fort et rapidement, que l’on doit malheureusement casser brusquement. Je serai bien resté encore quelques jours (voir plus si affinité) avec cette Olga. J’espère te recroiser au plus vite !