Ca y est, la température est positive, +8° à notre arrivée à Chengdu. Ca fait plaisir ! Bon, c’est ne pas encore l’heure de sortir le short. Mais petit à petit le soleil et la plage se rapprochent. Moment que j’attends avec impatience car deux mois d’hiver rude, ça commence à faire long.
Hier matin, on se lève aux aurores avec Anna. On doit retrouver Pere, qui a rejoint Xi’an hier soir, après avoir rejoint la ville en stop, mais il nous a fait faux bond. Nous avons repéré un parc sur la carte, et mon intuition me dit qu’on va trouver des gens faisant du Taï Chi. On fait le tour du parc, l’ambiance est paisible au loin du bruit de la ville et tout blanc car la neige est tombée toute la nuit. Pas de chance pour nous, personne ne pratique le Taï Chi… Puis au moment de sortir, on croise un petit papi, faisant des gestes lents et circulaires. Ca y est on l’a trouvé, mais on n’a pas envie de le déranger, il a l’air tellement concentré. On l’obverse de loin, puis il fait une pause. On lui demande de nous enseigner quelques gestes basiques, ce qu’il accepte bien volontiers. Un deuxième, puis un troisième homme nous rejoignent. On se trouve à cinq, au bord d’un lac, avec une douce musique, a effectuer les mêmes mouvements continus, ou presque car pour moi ce n’ai pas si simple. Ce sport nécessite une grande concentration et un très bon sens de l’équilibre, on se sent extrêmement bien après cette séance. On prolonge la journée avec un peu de culture. On visite Terracotta, ou la fameuse armée des soldats en terre cuite. Pour les chinois la huitième merveille du monde. Les touristes chinois s’y précipitent par milliers. On y trouve plus de 8 000 soldats et chevaux, grandeur nature. Ils sont tous différenciables, par leur taille, la forme de leur visage, ou leur coupe de cheveux. La pièce est impressionnante, en rang et prêt à se battre. Cet endroit a été découvert en 1974, par un paysan qui recherchait de l’eau dans son potager, en creusant il est tombé sur de la terre cuite, puis sur des pointes de flèches en bronze, ne sachant pas ce que c’était il les a vendu marché pour une somme dérisoire. C’est un homme se chargeant des travaux hydrauliques, qui se rend compte qu’il y a un vrai trésor sous ses pieds et de là commence les premières fouilles archéologiques, mené sous l’ère de Mao Zetong. Avec Anna on reste perplexe sur cet endroit, ça paraît trop beau pour être vrai. En plein milieu de la salle d’exposition, se trouve une salle de fouille qui semble archaïque et complètement déserte, j’ai du mal à croire à toute cette mascarade. En rentrant à l’hôtel, je fais quelques recherches, plusieurs archéologues français, confirment mes pensées, cela pourrait bien être un énorme mensonge inventé de toute pièce par l’empereur Mao Zetong.
Il est l’heure de quitter Xi’an on doit retrouver « La Putilla », notre espagnol à la gare. Faute de coordination, il a pris le train qui partait 30 min avant nous. Il a donc passé les 16 heures de voyage seul. Pour une fois la nuit s’est plutôt bien passé. Nous avons encore opté pour la solution la moins onéreuse, la 4ème classe, sièges non inclinables. Avec Anna, on se retrouve dans un « carré », nous avons 4 places à nous partager. Mais il n’est pas toujours évident de caler un grand corps comme le mien sur 2 petites places rikiki. Je me réveille toutes les demi heures pour changer de position car des fourmis dans le corps. Je rigole intérieurement car Anna est également dans la même situation et on bouge sans cesse pour trouver la posture parfaite. J’aurais voulu faire un time lapse de la scène car on a fait preuve d’ingéniosité pour trouver la position adéquate. Au milieu de la nuit, lors d’un arrêt, Anna me prévient qu’une banquette 3 places vient de se libérer. Je saute dessus immédiatement. Et je profite à fond de ces quelques heures de sommeil. Sur les coups de 8h, je me réveille, le paysage est magnifique, on longe une large rivière où je peux apercevoir mes premières rizières. Je me retrouve face à 2 chinois, je me lance et je les salue et leur demandant comment ils vont « Nihao, Ni hao ma ? » et ils me répondent qu’ils vont bien « Ho hen hao », je continue en donnant mon prénom « Wo de minshi zhi Timothy » ils me regardent avec étonnement sans rien comprendre, j’ai encore beaucoup de progrès à faire sur ma prononciation… Je me lance en langage des signes pour demander si la nourriture est épicée à Chengu. Je simule cracher du feu par la bouche et ils explosent de rire et me réponde qu’effectivement c’est très épicé. Cette ville est réputée pour avoir la nourriture la plus épicée de Chine ! Je redoute le pire. J’ai épuisé mon stock de discussion, alors je sors, Mon jeu de carte. Ils me font un grand sourire et c’est parti pour quelques heures de poker chinois, entre 4 et 5 heures, il faut bien faire passer le temps dans le train. On retrouve donc Pere à la gare de Chengdu, il a repéré une auberge, à 2km. On y va. C’est complet. L’hôtel nous recommande un hôtel à côté, mais trop cher pour notre espagnol. On repère un autre hôtel à l’autre bout de la ville, on s’y rend en métro. Impossible de trouver l’hôtel, pourtant on a l’adresse exacte. On tente d’y rentrer en passant par un parking, car tout le monde nous dit que c’est par là, mais, le gardien ne nous laisse pas passer et regarde avec un regard noir, de loin l’homme le plus agressif croisé en Chine. En regardant sur internet, on se rend compte que c’est un hôtel uniquement réservé au chinois, et apparemment c’est monnaie courante en Chine. On replie sur une auberge qui se situe à moins d’un kilomètre, qui n’a pas une très bonne réputation sur booking, mais on veut juste se poser, ça fait presque 3 heures que nous sommes à la recherche d’un lit. On arrive l’auberge, blindée de jeunes chinois, il n’y a plus que 2 places... Après négociation, on trouve un dernier lit. On s’installe, mon lit est dur comme de la pierre, je demande un autre matelas, ce qui ne change rien, ca sera toujours mieux qu’un lit mongol. Une douche et on part à la recherche d’un Hot Pot, à spécialité du coin, casserole remplie d’un bouillon rouge vif. « El cerdito » est excité comme un gamin à l’idée de découvrir ce nouveau plat. On commande : du porc, soja, noddles de soja, poisson, et des pousses de bambous. J’avais jamais gouté le bambou, et c’est plutôt bon. On accompagne cela avec quelques litres de bière, car effectivement c’est très très épicé. On ne nous avait pas menti. On redoute fortement le moment où nous monter sur le trône…
Hier nous avons découvert la ville de Chengdu à pied, comme toujours. Mais avant cela, il nous faut prendre des forces pour enquiller les kilomètres. La très aimable équipe de notre hôtel nous propose de déjeuner avec eux. Ils nous préparent encore un délicieux repas. La bouffe est vraiment trop bonne ici, mais aujourd’hui je suis nostalgique de la nourriture française, je suis en manque de fromage. Lors de notre promenade en ville, un rien m’y fait penser et je vois une forme circulaire et je m’imagine en train de déguster un camembert et reblochon.
En se perdant dans la ville, on tombe sur un centre commercial de 11 étages plein à craquer vendant que les mêmes fringues. On se fait prendre en photos, pour changer. Une personne demande à Pere « Are you Indian ? » Je me plie en 4. Ce n’est pas la première fois et certainement pas la dernière qu’on lui fait la remarque. C’est vrai qu’avec son teint hâlé et sa barbe de 4 mois, il a une légère ressemblance. On croise ensuite un marché de produit marin et à ma grande surprise on voit des papas couteaux, mais ils sont tout petit, puis un peu plus loin des mamans couteaux avec un énorme kiki. C’est le monde à l’envers ici.
On poursuit cette ballade dans le centre, je repère un parc du nom de « People Parc » je le sens bien, on rentre et on entend de la musique, on pense avoir le droit à notre deuxième séance de Taï Chi, mais c’est encore mieux. Une trentaine de seniors sont en train de danser sur une petite place, ce moment est simplement magique. Je ne peux pas me retenir et j’invite un charmante mami à danser, un mix de valse et rock, on se regarde on rigole. Anna et Pere me rejoingnent sur le dancefloor. On enchaine les musiques et les partenaires. C’est complètement insensé. L’ambiance redescend un peu, mais on est encore chaud et on demande pour plus de musique. Une mama trop mignonne se lance, et me fait penser à Nissou, avec son pas de dance endiablé. Et on repart de plus belle. Et sans m’en rendre compte, toutes les femmes sont en train d’imiter mon pas de dance. Je me réincarne en Kamel Ouali, et réinvente la danse contemporaine avec nouvelles chorégraphies pour mon public adoré. On s’autorise même une petite Macarena. L’ambiance est incroyable. Et c’est la que rentre en scène « The King of the dance floor » un mix en train Mickeal Jackson et Jacky Chan. Et se met à danser avec nous, avec un flow de fou, il enchaine avec un grand écart, le tout du haut de ses 72 bougies. Puis il invite Anna pour une danse sexy, l’ambiance est chaude, ça booty shake, il se permet même de lui mettre une main au popotin. Impensable. Au bout d’une heure on quitte avec regret, cette formidable bande. C’est de loin le meilleur souvenir que je garderai de mon séjour chinois. J’aime les chinois !
Pere est en pleine hésitation. Il se sent bien dans cet hôtel. Il demande à parler au boss, pour savoir s’il peut y rester pour travailler et apprendre le chinois. C’est entièrement possible mais il fait qu’il prolonge son visa et il ne sera pas payé. Il s’en fiche. « Quiero apprender el chino ». Mais je vois bien qu’au bout d’une journée passé à chiller à l’hôtel, il n’est pas à sa place ici. Il tourne déjà en rond après de 2 heures. Il est hyperactif.
Dimanche soir, nous sommes invité à une soirée organisée dans notre hotel par une sorte de colonie de vacances. Ils sont âgés entre 20 et 22 ans. Je me demande vraiment ce que je fais ici et surtout ce qu’il va s’y passer. Ils sont une cinquantaine assis en tailleur. Et chacun leur tour par groupe de 5, ils passent sur scène, pour chanter, danser, jouer la comédie. Ce n’est pas très gentil, mais on dirait des préados, qui ricane pour un rien. Ency, la fille qui nous a invité, nous demande de monter sur scène. On se sent mal à l’aise. Mais on se lance. Impro totale. On chante « Para bailar la bamba ». On fait un carton, de vrais Rock star ! Après 2 heures de show, je commence à m’endormir, on s’ennui à mourir. On s’esquive furtivement. On retrouve Anna à l’hôtel, qui ne se sentait pas en forme pour venir avec nous, elle part demain en Thaïlande. Pere a pris sa décision. Il part également demain, il a la bougeotte et veut continuer son périple en Chine. Quand à moi, je veux rejoindre au plus vite le Vietnam, pour un bon bain dans la mer. Après 2 semaines de voyage avec Anna et un bon mois avec Pere, une page se tourne. Je vais me retrouver en solitaire sur la route. Mais le dit si bien Pere : « You are never alone » Il va me manquer ce petit con. On formait une bonne paire. Laurel et Hardy. Lui en moins gros et moi en plus grand. Petite anecdote, Ency et ses copines, n’arrivent pas à nous différencier, et nous confondent sans cesse. Ok on a tous les deux la barbe, mais tout de même…
C’est l’heure du départ pour tout le monde. Une dernière accolade. « Bye bye mi Putillas ». Je prends le train pour Leshan et à ma grande surprise, je monte dans le train à grande vitesse. The blue train. Ca change du train que j’ai l’habitude de prendre. Il est classe et propre. Mais ce plaisir est de courte durée puisque le trajet ne dure qu’une heure. Je pose mon sac à l’hôtel et je pars en vadrouille en direction du plus grand Buddha de Chine. Grâce à photoshop et un peu de malice, je redeviens étudiant. Ca fait plaisir au portefeuille, car toutes les activités sont très onéreuse ici. C’est parti pour quelques heures de marche. Ou plutôt quelques montée et descente de marches. Le parc se trouvant sur plusieurs collines. Je visite plusieurs temples, avant d’arriver aux escaliers menant au bouddha. Il y a une énorme file d’attente. Je reviendrai juste avant la fermeture, je poursuis ma promenade. Je passe par un charmant village de pêcheur ; puis par un nouveau temple, qui a la particularité d’avoir plus de mille bouddhas avec des expressions faciales étonnantes. Deux heures se sont écoulé. Et je retourne vers le Bouddha géant. La queue ne s’est pas désemplie… J’y vais tout de même. Car je suis venu pour le voir. J’aperçois dans la queue une charmante occidentale, mais elle est déjà loin devant. Après quelques minutes, il y a un point photo, elle s’y est arrêtée, je la rejoins bien entendu. Elle me demande de la prendre en photo. Puis nous continuons de la queue ensemble. Elle est russe, s’appelle Olga, étudie en chine et elle vraiment trop belle. On se fait shooté dans tous les sens par nos amis chinois, qui nous trouvent splendides. Le buddha est vraiment impressionnant, il mesure 71 mètres de haut et 28m de large aux épaules, sa tête presque 15m, et rien que 7 mètres pour ses oreilles. Mais c’est Olga qui retient mon attention, une vraie petite poupée russe. On rentre ensemble en ville. Mais malheureusement pour nous, elle repart dès ce soir… On se salue et retrouve mon hôtel. J’ai décidé de partir en stop demain. Je demande donc à mon colloc d’un soir de m’aider à faire mon panneau. Il galère, fait des recherches sur internet. J’ai simplement besoin de deux mots « Autostop Kunming » la ville ou je veux me rendre. Après 2 heures (sans mentir), il me remet mon panneau, écrit en pate de mouche. Je le remercie fortement. Mais entre temps j’ai discuté avec la manager de l’hôtel, qui me conseille, non pas d’aller vers le sud, mais d’aller vers l’ouest dans le Tibet. Comment n’y avais je pas penser ? En plus, Olga m’en avait parlé. Du coup, je vais faire un détour par la montagne et certainement retrouver des températures fraîches. Mais c’est ce que j’aime, l’aventure, avec des plans peuvent changer d’un instant à l’autre !