On se dirige vers notre train et on observant notre ticket, on ne voit pas de numéro de place. Ca doit certainement être un placement aléatoire. Notre wagon, le 13, ne nous porte pas chance car il est blindé. Toutes les places assises sont déjà prises et entre les wagons : il y a déjà plein de gens installé dans tous les sens, complètement à l’arrache. On se rend compte que nous avons acheté des places « debout ». On se regarde, et on comprend vite que la nuit va être longue, très longue. Première mission, trouver une place pour nos valises, Pere commence à s’embrouiller avec un mec, qui ne veut pas déplacer sa valiser, au bout de quelques minutes on arrive à caler nos énormes sac à dos. Deuxième mission s’asseoir, le bout du wagon est complètement plein, il y a déjà une douzaine de personnes sur moins de 6m2, de toute façon on a pas le choix, alors on s’assoit par terre comme on peut à moitié dans le couloir, à moitié sur une valise. Toutes les 10 minutes, on doit se recroqueviller pour laisser le chariot du vendeur de cochonnerie. On tente de rentrer en communication avec nos voisins, une jeune femme baragouine 2 mots en anglais, pas évident. Alors on sort notre remède miracle, notre jeu de carte. Un seul homme se décide à rentrer dans la partie, puis un 2ème. Les gens s’attroupent autour de nous, on attise la curiosité, on se fait prendre en photo et en vidéo. Nous sommes les « rocks star » du train. On enchaîne les parties, il est presque 2h, j’ai les yeux qui se ferment, mais impossible de dormir dans cette situation. Alors on joue encore. Puis on mange. On montre nos photos de voyage On parle avec de nouveaux copains. Il est tard mais le train est agité, les gens aboient au téléphone, et la lumière ne s’éteint jamais. Le train se vide un peu au 2ème arrêt, une place se libère, Anna saute dessus et avec Pere s’installe comme on peut à ses pieds. Aux alentours de 3h30 première courte sieste. A la station suivante d’autre place se libère, on se précipite dessus, mais on se fait rapidement déloger car de nouveaux voyageurs avaient reservés ces places. On enchaine des micros siestes. Et ainsi de suite jusqu’à 9h30 et l’arrivée Pingyao. La nuit a été relativement longue, mais une bien belle expérience. Ce qui est agréable de ce pays, et en l’occurrence dans le train, c’est qu’à aucun moment on s’est senti en insécurité, cela ne m’empêche pas d’ouvrir un œil à chaque station pour checker nos valises.
On arrive finalement dans notre hôtel et on saute dans notre lit. Quel plaisir de retrouver ce confort. Une petite douche et hop, c’est reparti pour la visite de cette ville. C’est une ancienne cité entourée, d’une énorme muraille, ils adorent ça ici. Cet endroit est calme et paisible, puisque il n’y a quasi aucun véhicule qui y circule et très peu de touristes. Cette cité a été très bien préservé, et on y dénombre encore plein de temple que l’on a pas visité, car on commence à en être spécialité. On se baladant, on tombe des masseurs. Avec Anna on se regarde, et on se précipite dans le premier magasin. Au programme, massage d’une heure : nuque, épaules et pieds pour 5 euros. Incroyable ! Surtout le massage des pieds, je suis entre l’extase et le rêve éveillé. C’est mon premier massage et pas mon dernier !
Pere se réveille aux aurores. Je comprends vite qu’il se prépare à partir en direction de Xian, en autostop. Je profite au max de mon lit douillet. Tant pis, je partirai plus tard avec Anna. Elle voyage actuellement avec 3 sacs, remplis de conneries qu’elle a amassé sur la route. Ca fait deux semaines qu’elle doit envoyer un colis pour l’Australie. Et elle se décide enfin aujourd’hui à alléger son sac, pour seulement 5$/kg. J’envisage d’en faire de même lorsque la température me permettra de me balader en short.
On décide également de partir en stop. On se dirige vers l’entrée de l’autoroute et on sort un panneau avec l’inscription « Autostop jusqu’à Xian » traduit en chinois par la réceptionniste de l’hôtel. Les gens sont très peu réactifs. Pas de sourire. Que des signes négatifs de la main. Puis une première voiture s’arrête après un quart d’heure, ne comprenant pas trop ce qu’on fait. On lui explique la situation et nous propose gentiment de nous emmener à la gare de Pingyao, la ville où nous sommes. On lui dit qu’on souhaite faire du stop. On n’est pas vraiment sûr s’ils connaissent l’autostop en Chine. Il nous propose de nous amener dans une ville voisine, on décline encore son invitation. Il part en direction de l’autoroute. Il s’en suit une longue série de refus. Je me demande vraiment si nous allons pouvoir décoller de cet endroit, surtout qu’il commence à faire froid. Des femmes qui sont dans un bus viennent à notre rencontre, et nous propose également de nous déposer à la gare, je laisse Anna leur parler, pendant que je continue d’arrêter les voitures. Cela va bientôt faire une heure que nous tendons le pouce, et voilà que revient le premier homme qui s’était arrêté. Il nous explique qu’il avait peur qu’on meure de froid, alors il a fait demi tour sur l’autoroute pour venir nous chercher. On hallucine. Il nous propose de amener jusqu’à Linfen, à 130km d’ici, soit un peu moins du tiers de notre parcours. On accepte directement sa proposition. Il est aux alentours de 13h, et notre chauffeur, Wang Lee, a faim. On s’arrête à peine 15 minutes après notre départ. Et nous invite dans un super bon restaurant : soupe en entrée, poisson délicieux en plat, et vapeur aux légumes en dessert. On est archi plein et il en reste encore sur la table. Avec Anna on se force, car on n’aime pas laisser à manger derrière nous et surtout, c’est trop bon. On redécolle en direction de Linfen, « I feel so sleepy » dis-je avec Anna, et on s’assoupi quelques instants après. Je me réveille à 30 km de notre destination. Il est 15 30, et il nous reste encore un peu de temps pour continuer à faire du stop. Il nous propose d’aller chez lui et de nous cuisiner un bon repas. On décline, car on souhaite avancer encore un peu. On prend tout de même son adresse et son contact. On remercie infiniment notre chauffeur, qui nous dépose à la sortie de l’autoroute au niveau du péage. On se remet à tendre le pouce. Un agent de l’autoroute de baragouine en chinois, certainement pour nous dire que ce n’est pas possible de faire du stop, qu’à cela ne tienne, seule la police nous délogera, car on est déterminé. On continue à essuyer énormément de refus. Je tente de décoincer les chinois qui ont le visage fermé. J’use donc de mes talents d’acteurs pour décrocher un sourire. Ca marche un coup sur deux. D’autres sont vraiment apeurés car ils font demi tour en pensant qu’il n’est pas possible de prendre l’autoroute, alors que nous faisons simplement des grands signes de la main pour dire bonjour. Il est 17h15, ça fait une bonne heure et demi que nous sommes dehors, le soleil commence à tomber. On décide de se diriger vers la gare de train pour prendre le train de nuit. On se déplace sur la route amenant vers le centre, on tend le pouce et la première voiture qui passe, s’arrête nous embarque, incroyable, on était mort de froid. Cette fois-ci on veille bien à choisir des places assises. Il est à peine 18h et nous avons 4h devant nous, alors on appelle Wang Lee, pour savoir si on peut venir chez lui, 10 minutes après, on remonte dans sa voiture. On a acheté quelques bières pour lui payer un coup. Mais on s’aperçois vite, qu’on ne va pas chez lui, mais on retourne au resto et cette fois ci avec sa compagne. On est encore plein après le repas de ce midi. « Qu’est ce qu’il va encore pouvoir nous mettre sur la table ? » se demande t’on. On rentre dans le resto, et ça sent excellemment bon. Ce lieu est réputé pour les Hot Pot. Encore une nouvelle spécialité. Au milieu de la table, se trouve une grande casserole, qui se sépare en deux, formant le symbole du Ying et du Yong. Deux bouillons différents, un épicé et l’autre non. On y plonge, une multitude d’ingrédient : bœuf épicé, bâtonnet de crabe, tofu, porc, pommes de terre coupées en lamelles, épinard,… « Rempa Rempa » c’est vraiment excellent. Wang Lee, ne fait que de nous resservir, on se force à manger, puis il nous ressert jusqu’à épuisement. Je comprends mieux le principe de l’hospitalité chinoise, où il est malpoli de terminer son assiette. La règle d’or, est de toujours prévoir trop. L’hôte doit se montrer généreux, pour pouvoir montrer à ses convives, qu’il ne compte pas son argent. Un vrai choc de culture, lorsque chez nous, on doit absolument finir son assiette pour montrer à l’hôte qu’on a apprécié son repas. On finit le repas la peau du ventre bien tendu. Il nous dépose à la gare, il nous reste encore 2h avant le départ.
Cette nuit dans le train a été longue, très longue. Peut être encore pire que la nuit sans siège. Nous avions donc un siège, voir même deux, car nous n’avions pas de voisin. Mais l’assise est très dure, la lumière ne s’éteint jamais, le contrôleur gueule toutes les heures pour avertir de prochain arrêt et les vendeurs de pacotilles hurlent à longueur de journée. On a beau descendre vers le sud, mais la température reste la même et il neige. Du coup, en arrivant à Xi’an, on court se réfugier dans notre hôtel pour une petite sieste. Toujours pas de news de Pere, mais on ne se fait pas de soucis pour lui. On le retrouvera tôt ou tard. On part avec Anna à la découverte de la ville, et comme tous les jours on marche une bonne quinzaine de kilomètres. C’est toujours agréable de flâner en ville, de suivre son instinct et de tomber sur des perles. Sur notre chemin on visite, différents temples, marchés, le quartier Musulman, avec une très belle mosquée au style chinois. Les chinois ne sont pas réputés pour leur pilosité, mais dans ce quartier on en rencontre énormément avec de longues barbes, ça fait bizarre. Ce quartier est animé, coloré et réputé pour sa « Street food », il y a de la nourriture à profusion. Les spécialités du coin : brochettes et kebabs d’agneau; bananes frites ; bonbons au gingembre, noix, amande ; et comme toujours c’est délicieux. Cette ville est la plus chinoise qu’on ait rencontré avec une ambiance agréable, animé par le son des klaxons, divers marchés ressemblant à des souks.