Lors d’une discussion avec un ami (si jamais tu reconnais…), avant mon départ, il me dit « Tu sais, si tu veux faire un vrai tour du monde, il faut que tu passes en dessous de l’équateur » « A ouai ?, Ok » C’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’est maintenant chose faite, je suis dans l’hémisphère sud, depuis que je suis arrivé à Padang ! Après plus de cinq d’heure de « fast boat », j’arrive sur dans l’archipel Mentawai, plus précisément sur l’île de Siberut. Rony m’attend au port, pour partir directement pour un trek de 2 jours dans la jungle à la rencontre de l’ethnie des Mentawais. C’est Harris, un mec de couchsurfing, qui vit sur une île voisine, qui m’a filé son contact. Rony me reconnaît directement grâce détail que je lui avais communiqué : grand et barbu. En même temps ce n’est pas bien compliqué, pas beaucoup d’étranger à bord. Il y a seulement un groupe de surfeur, car cette île étant prisé des amateurs de vagues. Je pose mon sac chez lui, et on part en direction de la jungle, une bonne quinzaine de kilomètre nous sépare du village. En traversant la ville, les habitant me salue, j’en fait de même « Alleuita ». Je me demande vraiment combien de personne j’ai salué depuis le début de ce voyage, car dans chacun des pays traversés je suis une attraction. Sur le trajet, je questionne Rony sur la communauté que l’on va rencontrer, mais il est incapable d’aligner trois mots, ca ne va pas être évident, et en plus il parle très mal l’anglais. Les Mentawais vivent en marge de la société moderne, ils sont tatoués et vêtus d’une simple ceinture qui cache leurs parties intimes. On est censé s’enfoncer dans la jungle, mais on suit une route qui n’a rien d’extraordinaire, la jungle a été déforestée pour y planter des cultures. Cela n’énerve un peu, on aurait pu faire la route avec son scoot. Mais il voulait absolument que je loue un scoot, pour me gratter un peu de blé puis il me parle en rentrer en pirogue, ce qui est encore plus cher. Je lui fais comprendre que ce n’est pas prévu dans mon programme et qu’on a un deal pour 50$, et que j’en mettrais pas dollar de plus. Au bout d’une heure de marche, il commence déjà à trainer la pate. Ce qui m’agace également car j’ai envie d’arriver au plus vite chez les Mentawais pour en profiter au maximum. La route se dégrade un peu, avec d’énormes flaques, pour éviter d’avoir les pieds dans la gadou, on marche sur des planches de bois. Cela n’empêche que m’en fous partout. J’entends au loin un bruit de moteur, ce n’est ni une moto une voiture,… C’est un énorme engin à chenille, qui fait office le bus pour transporter des ouvriers. Je suis interloqué, mais où va t-on ? Sur un chantier ? Ou dans un village paumé dans la jungle ? Un peu des deux, car le gouvernement a foutu une centrale électrique en plein milieu de ce village Mentawai. Une centrale un peu particulière car puisque c’est le gaz émis par la combustion du bambou qui fabrique l’électricité. Exténué par la marche de 4 heures, Rony pose son cul à la terrasse d’un shop et me dit « this is a traditional Mentawai village, we gonna sleep here ». Il a un don pour m’énerver celui là. Je ne m’attendais absolument pas à cela, il n’y a vraiment rien de particulier ici, ca ressemble à un village traditionnel qu’on peut rencontrer un peu partout en Indonésie. Un homme vient à notre rencontre, Busa, le seul homme torse nu du village. C’est chez lui qu’on va dormir. « He is a real Mentawai, look he has a traditional neckless ». Rony m’apporte mon diner très très local, des noodles dans une boite en plastique. Je crois qu’il n’a pas compris que je cherche du dépaysement. Rony, discute de longues minutes avec des habitants, et me laisse en plan. On bouge, on se rend chez Busa et sa femme Thérèse, enfin un peu d’authenticité. Elle a quelques tatouages sur la main et j’arrive à deviner qu’elle en a également sur le corps. Il me montre l’arc de Busa, avec des flèches empoissonnées qui peuvent tuer d’importe quel être humain en moins de 5 minutes. Therese me fait gouter à la nourriture locale, le sagu. C’est fait à partir d’un arbre, que l’on broie en poussière, qu’on mélange à de l’eau, que l’on fait sécher et qu’on fait cuir au feu de bois dans une tige du bambou. Il suffit de casser le bambou et manger l’intérieur. Ca n’a pas beaucoup de gout, mais comestible. Puis, Rony m’explique que les Mentawais se dévêtissent uniquement pour des cérémonies particulières, ce que je ne verrais pas, bien entendu. Il aurait pu me prévenir à l’avance, ma déception aurait été moindre. Je suis épuisé, je m’endors debout. Therese me montre ma chambre, un maillage de bambou fera office de lit. Encore une nuit à la dure. Je vais avoir du mal à me réacclimater à mon lit douillet, à mon retour en France.
Il est 6h du mat, et tout le monde déjà debout, les hommes sur la terrasse en sont déjà à leurs troisième clope, et Therese à la cuisine, en train de préparer le sagu. Je m’installe à côté d’elle, pour l’observer faire. Aujourd’hui elle change de technique et enroule la mixture dans des feuilles de bambous avant des les passer au feu. Je tente de prendre quelques clichés, mais elle n’est pas contente et me dit « No smoking, no picture ». Je m’agace encore une fois avec mon guide, en lui disant qu’il doit offrir des cigarettes à nos hôtes. Il n’est pas content. Et il souhaite déjà rentrer. Il en est hors de question. Finalement, il me propose de faire un tour en ville et d’aller rejoindre le fils de la famille pour le petit déjeuner. Toute la famille vient avec nous, Therese portant dans son sac à dos fait en bambou, le sagu qu’elle a préparé. On se retrouve à la terrasse de cette nouvelle maison. Je joue avec le gamin, qui comme toujours est apeuré au premier regard. Il y a de l’agitation dans la cuisine, je vais y jeter un œil. Et à mon plus grand étonnement, ils sont en train de préparer de la chauve souris ! Un étrange sentiment n’amine, entre le dégout et l’excitation de gouter une nouvelle nourriture. Ils ont cuit une bonne dizaine de chauves souris dans une marmite. Ils sont en train de dépiauter les bestioles pour les servir. Au milieu d’une assiette, je distingue une tête de chiot. Ca y est je suis totalement dégouté, j’ai vraiment pas envie de manger du chien. J’ai réussi à l’éviter jusqu’à présent. On est assis en tailleur sur le sol, les parents commencent à manger. Ils prennent les ailes et déchiquètent ça comme de vrai carnivore. Je les regarde faire. Ils me disent d’y aller. Je me lance et prend une aile. Je croque un petit bout. Je tente de mâcher, c’est élastique au possible. Je n’aime pas. Je ne peux pas recracher. Je me mets mastiquer au moins 2 minutes ce petit bout, avant de pouvoir l’avaler. Ils me disent de gouter à la viande, je vois encore la tête du chiot. Je leur dis que je ne peux pas manger du chien, que ce sont mes amis. Ils rigolent et me répondent que c’est de la chauve souris, et qu’ils ne mangent pas de chien. Je suis soulagé et je goute. La viande est bonne. Mais le ragout dans lequel il a été cuisiné est infecte. Je continue le test en goutant le cœur de la bestiole. Heureusement, ce petit déjeuner est accompagné de sagu mélangé à de la coco, vraiment très savoureux. Ca y est je commence à profiter de cette expérience. On prolonge la promenade le long de la rivière qui borde le village. Il fait chaud, je me douche dedans. On en profite pour sortir deux pirogues de la rivière et prenons une pause. Le fils grimpe sur un cocotier et nous ramène quelques noix. Qu’est ce que c’est bon. J’ai également envie d’escaler un cocotier d’ici la fin de mon périple, mais aujourd’hui je ne le sens pas. Il va bientôt être midi, et Dony commence à se faire insistant et souhaite rentrer. Je gratte une petite heure. Ce qui nous permet de rencontrer le « Sikereu » médecin-gourou du village. Etre gourou, se transmet de père en fils. Il porte la tenue traditionnelle, collier, bandeau dans les cheveux, à poil avec une ceinture, et les fesses à l’air. Il a également quelques tatouages, avec un design très géométrique. Il est encore jeune, et chaque année il en aura de nouveau, et gagnera du galon. En signe de remerciement, le fils de la famille, m’offre un bracelet tressé dans de l’écorce d’arbre, il est trop stylé et bi couleur. J’offre en échange un paquet de clope. Il est l’heure de repartir, et comme à aller Dony marche trop doucement. Le ciel est menaçant, les orages grondent. Ca ne sent pas bon ! Et forcement il se met à flotter, de plus en plus fort. Je prends plaisir à marcher sous cette pluie chaude, en rentrant en contact avec la nature. Quand à Rony, il se met à taper un sprint, pour aller se réfugier chez un pote. Il me cache des ressources insoupçonnés ce petit. Après une bonne heure de pause, on reprend la route en direction de la ville. Il me dépose à l’hôtel. Et me demande son argent. Je n’ai vraiment pas envie de le payer. En plus il essaie de m’arnaquer, il me fait doucement rigoler. Finalement, je le paye entièrement. Mais je pense avoir fait une erreur, car il doit encore venir me déposer au port le lendemain. Et sa tête ne m’inspire vraiment plus confiance. Il s’en va, sans dire un mot. Je sens qu’il va me laisser en plan demain…
Il est 7h du matin et Rony n’est toujours pas là. Mon bateau est à 8h, et je suis à quelques kilomètres de l’embarcadère. Impensable de le faire un pied. 5 minutes, 10 minutes passent. Les pires idées me traversent l’esprit. Il habite juste à côté de mon hôtel, et s’il n’est pas là dans 5 minutes, je vais fracasser sa porte et sa gueule en même temps! 7h14 je suis me prépare à partir vers chez lui, lorsque qu’il se pointe. Je suis content de le voir, mais toujours énervé. Il ne dit mot, et me fait monter sur sa bécane, me dépose au port, et part sans un au revoir. C’est marrant (ou pas), sur les 3 guides à qui j’ai demandé service pendant le voyage, ca c’est uniquement bien passer avec Alex , mais alors très très mal passé avec les 2 autres, Rony et Oggy en Mongolie. Trop exigeant ou trop incompétent ? Surement un peu des deux. C’est bien pour cela que je préfère m’en passer. Bref.
Je monte sur mon bateau, je change d’île, je quitte l’île de Siberut pour trouver celle de Sipora. Je pense en avoir pour 3 heures mais en fait j’en ai pour 8 heures… Puisque j’ai pris un slow boat, qui me revient à 3 euros. Voyager entre les îles Mentawai, nécessite un peu d’organisation, ce qui n’est pas vraiment mon cas, mais pour le moment je m’en sors plutôt bien. Les liaisons entre les îles et la terre ferme ne sont pas tous les jours. Il n’est pas évident de trouver la programmation et on n’est jamais à l’abri d’une annulation de dernière minute. C’est un grand bateau en bois. A l’intérieur, la possibilité de s’allonger sur le plancher, mais il fait une chaleur à crever. Je m’installe donc dehors sur le ponton. Massoud vient à ma rencontre accompagné de son ami. Je leur offre quelques gâteaux faisant office de petit déjeuner. On papote, je rêvasse, je bouquine. Massoud, m’offre à son tour à manger du poulet frit, un bracelet, des cacahuètes, il est trop sympa et souriant. A mi-parcours on fait une escale, des pirogues s’approchent de notre bateau, et chargent des poissons et crabes. Une autre arrive avec 2 étrangers « Bule » à prononcer boulet. Ca faisait longtemps que je n’en avais pas croisé. Ils m’ont l’air vraiment antipathiques avec leurs gueules de surfeur, l’un avec la grosse tignasse blonde et l’autre avec ses colliers vert, jaune, rouge. Mais j’ouvre tout de même la discussion avec eux, on ne sait jamais. Il s’avère qu‘ils sont très cool et qu’on partage la même philosophie sur le monde. Kingston, surnommé Bobi, est sud africain, habite à Pai Pai, sur l’île de Siberut depuis 4 mois, il n’arrive pas à décoller d’ici. Il s’est trouvé une petite cabane, sa pirogue, et surfe dès qu’il le souhaite. Alex, voyage à travers le monde pour faire de magnifiques clichés animaliers. Alex Beldi. On observe des poissons volants suivants le bateau. On rêve d’un monde meilleur. J’arrive à glisser mon pied dans l’eau, et j’hallucine sur la température, elle est trop bonne. Le trajet passe très rapidement. Et je commence à deviner l’île, ses cocotiers et ses plages de sables fins. On arrive à Tua Pejat, sur l’île de Siberut. Bobi, m’averti qu’il faut absolument éviter de passer devant l’office du touriste, car ils font payer une taxe pour touriste de 1 000 000 IDR, soit 60€, ce que je ne souhaite absolument pas payer. A vrai dire, c’est une taxe spécial surfeur. Car ici, on ne trouve que des « surfeurs de luxe », car vivent dans des resort pour 350$ la nuitée. J’hallucine, on est pour moi aux antipodes du surfeur, qui vit de rien et est en communion avec la nature. Je retrouve Harris, mon nouveau couchsurfeur. On part en scoot vers chez lui. Il vit avec Edik son coloc, sa sœur Lara, son cousin Ryan qui a une adorable petite fille Sofia. Harris parle vraiment un très bon anglais, et connaît une tonne d’expression que je n’ai jamais entendu. Je vais vite comprendre pourquoi, lorsqu’il m’annonce qu’aujourd’hui il a un cours d’anglais. Il me dépose à la plage, pendant qu’il rejoint sa classe. Je me rend vite compte que je suis arrivé dans un petit paradis : corail, cocotiers, eau bleu turquoise. Premier plouf : je me crois dans un bain géant tellement elle est chaude. Le coucher de soleil est impressionnant, l’un des plus beau jamais rencontré. Je savoure cet instant, je recherchais cet endroit depuis le début de mon voyage. Ca y est, j’y suis, je kiff.
Je me fais inviter par Carine, la prof d’anglais d’Harris et Edik. J’ai la pression car le niveau est vraiment élevé et ca fait très longtemps que je ne suis pas retourné sur les bancs de l’école. Mon niveau n’est pas dégueulasse, mais un voyage aux états unis ne ferait pas de mal pour retrouver mon niveau d’antan.
Nous sommes vendredi, Harris travaille, il bosse dans une banque. Je profite de la matinée pour mettre à jour mon blog, plus j’avance dans ce voyage et moins je post. J’ai toujours ce problème en voyage, je souhaite écrire, conserver des souvenir, mais le plus voyage avance et moins j’ai la force de continuer. Mais cette fois-ci, je ne lâcherai rien jusqu’au dernier jour de mon périple. Je rejoins mes potes pour le déjeuner, on mange du bon poisson frit. En Indonésie, ils ont tendance à frire toute la nourriture, c’est bon mais c’est gras. Ils retournent au taff. Et moi, je vais chez le barbier. J’ai l’impression de ressembler un naufragé qu’on vient de retrouver sur son île après 3 ans. J’angoisse tout de même sur les compétences de cet homme, mais le résultat est top, et pour moins d’un euro cinquante. Je suis frais et prêt pour rejoindre une nouvelle playa, Pantai Jati. Cette plage est magnifique, bordé d’un petit village avec ses maisons en bois et de nombreux cocotiers. Au bord de la plage, il y a un half pipe, avec une dizaine de gamins, sautant à tour de rôle sur un skateboard. Ils sont très forts. On voit qu’ils ont grandi avec une planche dans les pieds. Je suis obligé d’aller essayer mais je n’ai absolument pas les mêmes compétences qu’eux. Ils se marrent. « What’s your name ? What’s your name ? » « My name is Tim » Ca y est en quelques instants je me suis fait une dizaine de pote. Je me pose, je plouf. Et qui vois-je au loin, en train de prendre des photos des enfants, Alex, suivi de Bobi. Enorme, je ne pensais pas les revoir de sitôt, surtout qu’ils avaient prévus de faire un tour dans la jungle. Du coup, on passe la fin de la journée ensemble, Harris et Edik, nous rejoignent pour le coucher de soleil, qui est de plus en plus beau tout les jours. Harris m’annonce, que sa tante possède une maison au bord de cette plage et qu’on va y passer le week end. Je n’en reviens pas, je ne pouvais rêver mieux ! Le couchsurfing m’apporte toujours de belles surprises. Et en plus demain on organise une « Fish barbecue party ». Je suis au paradis. Du coup, en vue de la préparation du repas du lendemain on se rend au marché de poisson, sur les coups de 21h, horaire étrange pour faire ses courses. On achète 2 kg de poisson, une sorte de dorade et une autre espèce un poisson tout rouge. Le prix est vraiment dérisoire 2€ le kg. Et on enchaîne par un très bon repas préparé par Lara, une vraie cuisto.
Le réveil est doux, un bon bain, les gamins sont déjà sur leur skateboard. Et ne vont pas tarder à aller surfer les belles vagues de Mentawai. On avale un petit déjeuner copieux, et fissa fissa à la cuisine. Je m’occupe de préparer une belle salade composée et l’ailoli, tandis que Lara prépare différents mets locaux. On lance le feu, avec des noix de coco, qui font une excellente braise. Et on balance aubergines et poissons, avec une sauce pimentée, pour changer. Ca fait plus maintenant plus de deux mois que je mange pimenté au quotidien, j’ai peur qu’à mon retour, la nourriture me paraisse fade. Le festin est prêt, on se lance à l’assaut, un régale, je mange pour quatre, le poisson est délicieux. Tout le monde se retrouve dans l’eau pour la digestion. Je suis aux anges, ca y est j’ai trouvé mon paradis. Le soir venu, ils me proposent de diner, j’ai plus de place, je propose plutôt d’aller boire un verre avec quelques cacahuètes. Etant toujours dans un pays musulman, ça sera un samedi soir sans alcool, en mode thé et jus de fruit. Dans les lieux touristiques il est toujours possible de trouver de la bière, mais ca fait du bien de faire une cure sans. Ils m’apprennent un nouveau jeu de carte, le « Shithead », très bon jeu. On est cassé après cette dure journée, on s’offre une nuit bien méritée.
Comme à mon habitude, je me lève tôt, ce qui permet de profiter d’une température agréable. Les « Tim Tim Tim » fusent, mes gamins sont déjà debout. Mes hôtes se réveillent de leur grasse matinée, je leur propose de se promener de long de la plage « Jalan Jalan ». On part vers l’extrémité de la baie, j’ai vraiment envie de voir les vagues de plus près, elles sont situés au large sur la barrière de corail. On a beau s’en rapprocher, elles restent trop loin pour en apercevoir les contours, on ne distingue que l’épaisse mousse formée par les fortes déferlantes. Il fait chaud et on a soif. Je me transforme en naufragé de l’extrême pour grimper à la cime d’un cocotier. L’escalade n’est pas évidente, heureusement des mini marches on été creusées à coup de machette pour faciliter l’ascension. Je me retrouve à une bonne dizaine de mètres de hauteur, je m’agrippe comme je peux, et je fais tourner une noix de coco sur elle même pour la détacher et la faire tomber. J’en fais de même pour une deuxième. Il m’en faut encore une, je commence à tétaniser, la dernière coco est plus résistante. Puis finalement elle tombe. Il me faut désescalader. Ce qui n’est pas évident. Je glisse à moitié le long du tronc et arrive en bas avec quelques égratignures. Il nous faut maintenant les ouvrir, n’ayant pas de machette, ce n’est pas si simple. Je trouve une grosse pierre et balance de toutes mes forces la coco, ce qui créé une petite fissure permettant de siroter cet excellent breuvage. On rentre à la maison sous un cagnard de fou. Ils ont des choses à faire dans l’aprem, me propose de me déposer dans leur baraque principale, mais je préfère rester ici, au bord de cette plage. Je m’y sens comme chez moi. Ils s’en vont, me laissant seul. Pas pour longtemps, car mes jeunes amis surfeurs, viennent me saluer sur ma terrasse. Je demande à tout hasard s’ils vont surfer aujourd’hui. Ils me répondent « Yes » comme tous les jours. Mais ils y vont en bateaux, je demande si je peux les accompagner, « Of course » me répondent-ils, et échange de remplir le bidon d’essence. Moi qui voulait voir ces vagues de plus près…je vais être servi. A 16h on se prépare et on met la pirogue à l’eau. On est 9 : 4 mini surfeurs, 4 confirmés et un « Bule ». Je me demande vraiment comment on va tenir dans le bateau et comment il va flotter. On trace en direction du fond de la baie et de la barrière de corail. Le bateau tangue, mais tient en équilibre grâce aux deux flotteurs, de simples bouts de bois. On se prend de la flotte plein la gueule, mais les sourires sont présents, on sent d’excitation des surfeurs monter dans la pirogue. On commence à ce rapprocher du spot, ca y est je vois les énormes vagues de près. On doit y faire très attention, car si on se rapproche trop, c’est la cata et on se retournerait comme une crêpe. On s’accroche à une bouée. Et on pas les seuls, mais la seul pirogue à venir affronter les vagues. Ce spot porte nom assez équivoque « Suicide », du fait de la grande barrière de corail. Autour de nous, quelques bateaux à moteur et un yacht, je n’y crois pas mes yeux. Des surfeurs dans un yacht, c’est le monde à l’envers. Les surfeurs jettent leurs planches à l’eau et se précipitent vers les vagues. Trois mecs restent dans la pirogue, je reste avec eux un moment. Puis je me lance, tant pis, j’ai pas de board mais je veux également surfer ces vagues. Elles sont grandes, et déferlent en non stop. De beau rouleaux comme on voit dans les films. Je m’approche doucement pour tâter la force des vagues, elles ne sont pas plus fortes que celles d’atlantique. Je prends quelques clichés de mes potes surfeurs avec ma GoPro. C’est l’heure de passer à l’action, en faisant une session de bodysurf. L’une de mes activités préférée en mer. J’attends qu’une grosse vague arrive, je me mets à nager à pleine vitesse, et je me laisse porter par la puissance de la vague sur plusieurs mètres. Je m’en fais quelques unes. Je suis au top et j’ai officiellement ridé les vagues de Mentawai. Après un bon bain d’une heure, je me dirige vers la pirogue, où les mecs nous attendent en clopant. Les surfeurs nous rejoignent un peu plus tard et on prend le chemin du retour. Le soleil commence à se coucher et nous offre encore un magnifique spectacle. J’immortalise ce moment avec quelques photos, on trace sur la mer et l’eau rentre dans la pirogue dans tous les sens, impossible d’abriter mon téléphone. C’est son premier test de résistance à l’eau, et quel test. Mon téléphone est bien waterproof. On regagne le rivage, je check les membres de l’équipage pour ce moment inoubliable.
Harris et Edik, me rejoignent à la maison. Un mec inconnu au bataillon en marcel ainsi que la capitaine de la pirogue viennent à notre rencontre sur la terrasse. Ils commencent à parler en Indonésien à Harris. Je sens immédiatement qu’il y a un problème. C’est bien le cas, Harris me dit qu’ils me réclament 250 000 IDR. « What ? Why, it was not the deal ». Le mec au marcel blanc, à du proposer au capitaine, de tenter d’aller gratter quelques dollars au blanc bec. Mais ca ne va pas de passer comme ça. Harris, responsable de clientèle dans une banque, a l’habitude de gérer des conflits et il gère très bien la situation. Et ils repartent la queue entre les jambes… Je garderai tout de même un excellent souvenir de cette journée.
Je n’ai rien avalé de la journée, et je crève la dalle. On part au restaurant et je me faire un dernier « Nasi Goreng » riz sauté. Ca y est c’est bientôt la fin de mon périple en Asie. Demain je retourne sur le continent, enfin la grande île de Sumatra. Et après demain je décolle pour de nouvelles aventures, loin, très loin d’ici,…