Après 2 heures de bateau pour traverser le détroit de Melacca, je me retrouve en Indonésie, à Dumai. Le passage de cette frontière est un peu différent, puisque un bras de mer sépare des deux postes de frontière. Aucune difficulté pour rentrer dans ce nouveau pays. Pas besoin de visa, j’ai 30 jours pour ressortir du pays. En ce qui concerne la Malaisie, c’est pareil, sauf que j’avais 90 jours, 6 jours m’ont suffit.
Je sors du poste de douane, je ne sais pas du tout où aller, je rigole intérieurement. Comme d’habitude, je me fais assaillir par un grand nombre de taxi, ils me proposent tout type de direction : gare routière, centre-ville, hôtel,… Je les envoie paître, tout en délicatesse, bien entendu. J’avance sur le bord de la route, car pas de trottoir ici. Motos et taxi continuent de m’alpaguer. Une gentille fille, en scoot, je demande si je suis perdu « Of course not, I am going to the center », elle me propose de monter, je décline. Je suis à la recherche d’une banque et d’internet, car je souhaite prendre le bus, mais je ne sais pas encore dans quelle direction, le nord ou bien le sud, ou peut être l’ouest. Un nouvel homme s’arrête « Taxi Taxi », « No thanks », « I am english teacher », j’ironise « I am french teacher », il persiste « I give class today, and I would like you to come », il me fait douter, je continue à marcher et lui à rouler « No money, no money » me dit-il. Sa tête m’inspire confiance, et je monte à l’arrière de sa moto. Je lui dis que je dois aller à la banque. Puis je me dis que ce n’est peut être pas une très bonne idée, il pourrait me braquer facilement, si je remonte sur sa moto. J’arrive à la banque, je sors mon portefeuille, plus de carte bancaire ! P****n je suis dans la merde ! J’ai du l’oublier à l’hôtel en tentant de réserver mon billet la veille. Puis, en revisualisant la scène, j’ai retiré de l’argent ce matin, elle doit bien être quelque part. Impossible de remettre la main dessus. J’ai du la perdre dans la rue ce matin, il faut vite que je fasse opposition, sans internet ca va être compliqué… Je n’ai pas un euro en poche. Heureusement, je suis un minimum prévoyant, j’ai planqué dans mon sac une carte bancaire de secours. Comme quoi, je suis un minimum organisé. Je retire un peu plus de cent euro, et je suis à nouveau millionnaire, 1 euro = 18 000 roupies indonésien. Je remonte à bord de sa bécane, il roule quelques minutes, on pénètre dans des ruelles. « Mais ou est ce qu’il peut bien m’amener ? ». J’aperçois le panneau rue Flamboyant. Andrew ne peut que être un bon gars. Et c’est le cas. Je rentre dans sa petite maison, et la première pièce est sa classe, il y a une dizaine de chaise en bois et un tableau à craie. Ses deux gamins sont en train de courir dans tous les sens et sa femme, Ivoni, prépare le déjeuner. J’aime cet endroit. Auparavant, Andrew était guide et connaît parfaitement son pays, c’est parfait car je n’y connais rien. Il donne des conseils précieux pour la suite de mon voyage. Il me raconte sa nouvelle vie, avec sa femme, ses enfants et sa nouvelle profession, professeur d’anglais. Il gère sa propre école privée, où il reçoit ses étudiants à domicile. Ivoni m’apporte un délicieux repas ainsi qu’un thé glacé. Ca fait du bien de reprendre des forces. Je demande aux enfants, encore intimidé par ma présence, de m’emmener faire un tour dans le quartier. Ils courent dans les petites rues de Dumai, je les suis avec difficulté, un garçon se joint à nous. Puis on croise trois gamins perchés en haut d’un arbre une glace à la main, scène mythique. Ils nous rattrapent un peu plus loin pour poursuivre la balade. On répète à tue tête « Jalan jalan », ce qui signifie se promener. Ils emmènent d’arbres fruitiers en arbres fruitiers, que des nouveaux fruits, je retiendrai particulièrement un petit fruit de la passion, excellent. Sur le chemin du retour j’offre à ma bande une boisson rafraichissante. Andrew vient me chercher, c’est l’heure de son premier cours particulier. Et aujourd’hui, j’ai quartier libre, c’est moi qui donne le cours. Cette jeune fille, au nom de « Girl » traduit de l’indonésien, est très timide. Je lui pose plein de question bateau pour entamer la discussion. « What is your name ? How old are you ? What are you hobies ? » Elle n’est vraiment pas très bavarde. Et je suis à court d’inspiration. Du coup, je commence à raconter mon voyage, mon parcours et ma philosophie. Andrew nous observe du fond de la classe. J’en profite pour lui glisser quelques messages. Notamment la différence, entre touriste et voyageur. Car sur la route, on me considère comme un touriste, sauf que je n’aime pas ce terme, et je me considère davantage comme un voyageur. La différence est subjective et chacun l’interprète à sa façon. Ma vision est le touriste va suivre son guide pas à pas sans tenter d’aller voir plus loin, dormir dans des hôtels et rester entre étrangers. Tandis que le voyageur, fuit les endroits touristiques, sort des sentiers battus et cherche au maximum à rentrer en contact avec la population locale. J’explique également que j’aime visiter une nouvelle ville en découvrant deux endroits plein de vie : le marché et le parc. Le marché est un reflet de la culture locale, c’est toujours plein de couleur, on savoure toujours des nouveaux aliments délicieux. Quand au parc, c’est un lieu de rencontre, toujours au calme de la ville, les gens si prélassent, font du sport, s’embrassent. En visitant ces deux endroit, on a ressent directement l’ambiance de la ville. L’heure est finalement passée très vite, peut être pas pour la jeune étudiante. J’ai eu très chaud aujourd’hui, c’est l’heure de passer à la douche, pas d’eau courante, mais un puits qui se remplit en fonction de la pluie. Un seau, qu’on se vide sur le corps, rien de plus simple. Andrew me propose un tour en ville. Il me présente à ses amis. J’apprends mes premiers mots d’indonésien, qui ressemble très fortement au malaisien. L’indonésien, n’est pas une langue très compliquée, la prononciation est similaire aux langues latines. Ils me font également découvrir un nouveau breuvage, de l’eau de coco fermenté, c’est pas très bon, mais un verre de suffit, pour bien dormir. Je les remercie, en disant « Terimakaci »