Doucement, je commence à me réhabituer au confort d’une maison. Le début de cette aventure californienne, ayant été très fatiguant. Je retrouve le plaisir d’avoir un frigo plein, une douche chaude, un lit douillet, une famille bavarde. Tous les matins, Ian, me propose une nouvelle activité, et pour aujourd’hui, c’est rando. Nous partons avec sa femme Lizzie et les deux chiens dans le parc national de Redhood. C’est l’une des nombreuses forêts de sequoia qui bordent la Californie. Le parc est à deux pas de chez eux, et il est énorme. Surtout les arbres qui dépassent facilement les soixante mètres de haut. On se sent minuscule. Ian se met à courir dans un sentier, Lizzie suit. On tombe sur une petite rivière, Ian qui n’a peur de rien, se met à marcher dans l’eau et Lizzie en fait de même, c’est leur rituel. On dirait deux vrais gamins, deux vrais amoureux, en train de gambader dans l’eau fraîche.
Jeudi, c’est l’heure tant attendu de la leçon de surf organisé par Ryan, le fiston. Il a plus de 10 boards, un vrai petit magasin. Il me file la plus grande, celle qui a le plus de flottabilité, car je suis novice, j’ai surfé dans ma vie, une fois et seulement une heure. Je suis confiant, cette fois-ci, je vais réussir à me lever. Il me donne également une très épaisse combinaison pour éviter l’hypothermie. On arrive sur le spot, et on n’est pas les seuls à l’eau. D’ailleurs ayant longé en partie la côte californienne, j’ai toujours trouvé des surfeurs à l’eau, et cela même sans vague. Ils me font penser à Brice de Nice, sans la combi jaune. Je n’ai pas envie de me retrouver à l’eau avec cinquante autres surfeurs confirmés. On se met sur le côté, il n’y a personne mais un peu moins de vague. Je retrouve rapidement les sensations du surf. La galère pour enfiler de la combi, ramer contre les vagues, les tonnes d’algues envahissantes,... . Ca y est un vague arrive, je me lance et rame à fond. Je me fais emporter par la vague, je me lève et me fais ramasser par la vague. Je fais quelques tours de machine à laver. Et je sors la tête l’eau. C’est ce que j’aime. J’y retourne. Cette fois c’est la bonne, je rame à m’en démettre l’épaule, je me lève et me stabilise et avance doucement jusqu’à ma plage. J’ai officiellement ridé la Californie. Le reste de la séance, m’a donné envie de continuer cette discipline, car la marge de progression est énorme avant d’aller affronter la fameuse Teahupoo à Tahiti.
C’est déjà ma dernière soirée en compagnie de cette incroyable famille, on fête cela avec un bon festin, barbecue avec du « presque bon » fromage et du « presque bon » vin rouge. En Californie, on n’hésite pas à mélanger les vins pour trouver son juste équilibre. Je ne sais pas vraiment comment les remercier, et puis je me dis que je ne vais plus avoir besoin de mon hamac et que sa belle couleur orangée ira parfaitement dans le jardin. Ils sont ravis et on l’installe directement entre deux palmiers. Je leur ai également commandé une dizaine de sachet de graine : fleurs, fruits et légumes mais surtout des cacahuètiers. Je n’ai plus le choix maintenant, il me faudra revenir pour les déguster.
Vendredi matin, je m’occupe de faire mon sac, j’en avais perdu l’habitude. C’est l’heure de repartir à l’aventure, il me reste une centaine de kilomètre pour rejoindre la dernière étape de ce voyage, San Francisco. Je décide de prendre le bus pour rejoindre la ville. Mais Ian n’est pas trop de cet avis, et souhaite me déposer un peu plus au nord sur la côte, pour ainsi me faire découvrir encore plus sa belle région. On longe cette longe côte désertique. Il me dépose à Half Moon Bay, d’où je dois prendre un bus. Manque de chance le prochain est dans deux heures. Il me propose d’aller jusqu’à SF, mais il en est hors de question. Il est beaucoup trop gentil. Je vais bien me trouver une voiture qui va me déposer en ville, où au pire j’attendrai le prochain bus. Ian me dépose au bord de la route et on se serre fort dans les bras, comme si on se connaissait depuis notre tendre jeunesse. Je pose mon sac au sol et commence à tendre le pouce. J’ai les bras lourd après la séance de surf de la veille. L’accueil américain des auto stoppeurs est à double facette, certain te klaxonne pour t’encourager, ce qui reste très rare ; d’autres balancent les gaz juste après m’avoir dépasser, et je me retrouve dans un épais nuage du fumée, pas très courtois. Finalement, un mec me prend dans sa grosse caisse, en revanche il me dépose au bout de cinq minutes. Un autre mec me prend rapidement, cette fois ci pour 10 minutes. A ce rythme la je ne suis pas arrivé. Il me pose à côté d’une station essence. Mais à part ça, rien. De longue minutes s’écoulent, je reste planté en plein cagnard, et je n’ai quasiment pas avancé. Je regarde si j’ai un plan B, je viens de louper le bus. Quelqu’un va bien finir par me prendre. Et heureusement c’est le cas, un camion FedEx s’arrête, et me dit de monter. Le jeune homme, vient de terminer sa journée et me dépose à une gare à l’entrée de SF. Pour une fois, j’ai organisé mon arrivée en ville, je n’ai pas envie de me retrouver à nouveau à dormir sur la bord de la plage. J’ai envoyé quelques demandes d’invitations sur Couchsurfing. J’ai eu quelques réponses, un premier mec, me propose de dormir chez lui, j’accepte sans vraiment lire son profil. Il me demande de le lire avec instance. Il est nudiste. Ca ne me dérange pas tant que ça s’il se ballade la zigounette à l’air. Lors d’une visioconférence, il me demande également si je souhaite être nu. Je ne sais trop comment répondre. Puis il me montre son appart, enfin plutôt son studio. Deux petits lits et rien d’autre. C’est glauque. Je n’ai pas envie de terminer mon séjour de la sorte. Je lui sors une belle excuse et défile. Je continue mes recherches. Curt m’accueille bien volontiers. Mais au fil de la discussion je comprends qu’il ne sera pas présent chez lui puisqu’il est actuellement en France. Celle là on ne me l’avait pas encore faite. Faire du couchsurfing mais qui ressemble davantage à un Airbnb sauf que c’est gratuit. J’arrive devant son appart, en plein centre ville, il habite dans une maison victorienne typique du coin. J’ai hâte de découvrir le reste. Un cadenas installé sur la grille d’entrée renferme la clé. Après un bon quart d’heure, j’arrive à ouvrir la porte. J’entre dans l’appart, et j’hallucine sur le standing. Deux pièces moderne, complètement neuf, et avec une vue sur le Golden Gate Bridge. Que demande le peuple. Je ne pouvais pas imaginer mieux pour terminer ce voyage. J’ai la bougeotte, je file sur mon skate, pour affronter les fameuses collines de SF. Je me situe en plein centre ville entre Downtown et Fisherman’s Wharf dans Little Italy. Je longe la côte, le Pier 39 et toutes ses boutiques pour touristes. J’ai le pont en ligne de mire et le coucher de soleil comme dead line. Je fonce. J’ai une magnifique vue sur la baie de San Francisco. Ca souffle et beaucoup de voiliers sont en mer. Je me dis que ca doit être un bon spot pour le kitesurf. Je cherche un point de vue dégagé, je trouve une sorte de longue digue. Ce panorama est top, sur l’un des côtés j’observe la fameuse prison d’Alcatraz et de l’autre coucher de soleil sur le Golden Gate Bridge. Sur le chemin du retour, je trainasse sur le Pier 39, plusieurs artistes de rue, dont le sosie de Mickeal Jackson, qui imite à merveille le pas de dance et le « Youou » de la Popstar. Après mon passage par l’appart, j’hésite à sortir en ville mais je profite du luxe de mon nouveau chez moi, et préfère un bon film français avec un gros pot de Häagen-Dazs.
Après un repos bien mérité, je me lance à la conquête de SF, sans plan précis en tête, en short, casquette et skate. Je commence par traverser Chinatown, je suis censé y trouver des souvenirs à bon prix, mais je n’y trouve que de la camelote. Je me dirige en direction de Haight Street, le quartier hippy de SF. 5km séparent ces deux quartiers. J’ai la possibilité de prendre l’un des anciens trams, qui aide à monter les hautes collines de la ville. Mais je préfère faire travailler les guibolles et en plus les trams sont bondés de touristes. La montée est très rude, la descente beaucoup trop dangereuse pour la tenter à mon petit skate qui fait à peine la longueur de l’un de mes pieds. Mais j’aime vivre dangereusement alors je me lance, je fais quelques mètres sur ma planche avant de devoir lancer le siège éjectable, c’est à dire sauter et freiner la course d’une manière ou d’une autre sans retrouver au sol. Ce n’est vraiment pas évident, surtout que ma board devient complètement instable dès que je prends un peu de vitesse. J’arrive dans un quartier un peu plus huppé, celui de Hayes Valley, je rentre dans une boutique avec plein d’accessoire pour geek. Et je me retrouve très rapidement en face, de mon accessoire, celui qui me faut pour rider San Francisco, un skate board éléctrique. Ca faisait longtemps que je voulais en voir un en vrai, le vendeur me voit intéressé et me propose de l’essayer. Je saute sur l’occasion. Je teste la version haut de gamme, je monte sur la board, télécommande à la main pour gérer la vitesse. Je m’entraine sur le trottoir et prend plein de vitesse. Quelle sensation ! Je veux maintenant l’essayer dans les grandes montées de la ville. Encore plus impressionnant. Le skate avale la pente. Je le veux ! Bon 1000$, c’est hors budget, et puis je n’ai même pas la place dans mon sac. J’arrive dans le quartier de Haight, je vois un parc qui grimpe dans les nuages. Je suppose que la vue y est belle, surtout lorsque le parc s’appelle « Buena Vista Park » alors je n’hésite pas et je monte, même si je commence sérieusement à avoir faim. L’ascension est interminable, mais elle vaut le détour, c’est l’un des plus beau point de vue sur la ville. J’arrive finalement dans le quartier de Haight, il doit être environ 15h. Il y a de la couleur partout, des magasins un peu dégantés, des growshop, store de mode, des friperies. J’ai envie de rentrer dans tous les magasins, ce que je fais, mais le prix est exorbitant. Sauf le restaurant de burger. Je me commande le burger de la mort, le premier de mon séjour américain (sauf le hamburger du MacDo, mais ca ne compte pas), mieux vaut tard que jamais. Un délice. Je suis en fin repu, je prolonge ma session shoping, même si cela ressemble davantage à du lèche vitrine. Au bout de cette longue rue, j’arrive sur le parc du Golden Gate, il est géant et s’étend sur une longueur de cinq kilomètres. On peut y pratiquer divers sports, une dizaine de terrain de tennis sont mis à disposition, des terrains de basket ou encore de volley. J’adore vraiment cela en Californie, la pratique du sport est vraiment facilitée par le gouvernement. Je croise une bande de percussionniste, ils sont une trentaine avec djembé, tambour, batterie, xylophone, triangle et autres. Je m’y arrête. Je me laisse bercer par la mélodie. Un voisin me tend un joint, je tire deux lattes. Je suis bien. D’ailleurs toute l’assemblée semble high. La weed est dépénalisée dans la Californie, ce qui explique pourquoi on sent cette douce odeur à travers toute la région. Le température se rafraichie très rapidement ici, et le vent se lève. Je regrette d’être parti sans pull. Je remonte sur mon skate pour gagner quelques degrés et je me dirige vers un nouveau quartier, celui de « Mission », qui se retrouve à l’autre bout de la ville. Je vais vers le tram, l’attente est trop longue, je poursuis la route en skate. Je retombe sur le « Buena Vista Park » que je contourne subtilement. Mais j’observe un nouveau point de vue, Corona Heights Park, je me sens obligé d’y aller, surtout que contrairement au parc précèdent, il n’y a pas d’arbres donc une vue totalement dégagée. La vue est à couper le souffle. C’est mon point de vue préféré. Je me dirige vers Mission, la route est pour une fois parfaite, une douce décente, qui me permet de ne pas prendre trop de vitesse. J’arrive dans le quartier, un peu plus crégnosse, hispanophone, mais qui est le quartier un peu branché pour sortir. Je suis à la recherche d’une friperie, pour me trouver un pull abordable, mais les magasins commencent à fermer. Je tombe sur un nouveau parc, « Mission Dolores Park », le soleil est déjà couché, mais la vue est top. Je me fais inviter à boire une bière. Je raconte en trois mots mon voyage, les gens sont sur le cul. J’ai moi même du mal à réaliser le parcours que je viens de réaliser en à peine six mois. Je suis KO, je rentre chez moi, pas le courage d’enchaîner sur la soirée.
Quoi de mieux comme programme pour un dimanche patin, que d’aller faire encore du shopping. Et cette fois ci, il va falloir être efficace. Je vais Downtown, dans le centre commercial. Je repéré une boutique Levis, j’essaie toutes les coupes, pas évident de choisir étant seul. C’est peut être l’un des moments ou je me suis senti le plus seul pendant le voyage. Je me décide sur un 511. Puis je dévalise la boutique Hollister, une marque californienne. Je suis un peu pressé, car j’ai rendez-vous aujourd’hui chez Maureen et Pierre Yann, des membres de ma famille de Keremma. Je repasse déposer mes gros sacs et cours en direction de Mill Valley, de l’autre côté de du Gold Gate Bridge.
C’est ma dernière soirée, demain je rentre. Mais quoi de mieux que je terminer ce voyage en famille, avec un verre de rouge à la main et un repas américain : grosses patates au four accompagnées de sa belle côte de bœuf. Cette soirée me permet de me réhabituer doucement à la langue de Molière, langue que j’ai très peu pratiqué pendant sauf lors de mes séances d’écriture.
Nous sommes lundi 14 mai. Et ça y est, c’est le grand jour, le temps de boucler la boucle.
J’ai réalisé mon tour du monde. The TimoLoop.
Après avoir parcouru traversé 10 pays en 165 jours, je rentre en France.
Mais pour combien de temps ?