Nous sommes dimanche, et c’est le jour du seigneur. Toute la famille se rend à l’église et se met sur son 31. Je me fais tout beau, du moins avec les moyens du bord, t-shirt propre et coup de peigne dans ta tignasse et ma barbe broussailleuse. On se rend à l’église, ou plutôt, une grande salle, certainement un gymnase transformé en lieu de prière. Une centaine de chaises en plastique sont installées. Et au premier rang, quinze enfants sont absorbés par les paroles du Père. Mary, se prépare pour monter sur scène, car elle chante dans la chorale. Il est dix heure, et l’église se remplit doucement, une bonne vingtaine de fidèles s’installent. Le Père, prend possession son piano, un homme se saisit de sa basse, tandis qu’un dernier s’installe derrière sa batterie. Quatre femmes rentrent en scène et forment la chorale. L’une d’elle prend le micro et commence à prier, elle rentre en transe et se met à chanter. Les musiciens jouent, et trois filles rentrent en scène, avec un tambourin avec un foulard accroché et se mettent à danser en rythme. J’assiste à un vrai show. L’audience est en transe également et reprend les paroles levant les bras au ciel. Ca dure une petite heure. Puis le Père qui n’en ai pas vraiment un, puisqu’il est marié, reprend la parole. Et commence à lire des extraits de la bible. C’est reparti pour une heure. Je ne comprends absolument rien et j’ai les paupières lourdes. La fin approche, et ce que je redoutais arriva. Il me demande de réciter une prière, je ne sais plus où me mettre et comment réagir, ne voulant pas offenser l’audience. Je réponds simplement par la négative, en disant que je ne me sens pas de parler en public. Il comprend et poursuit son speech. Je suis soulagé.
C’est mon dernier jour à Tarutung, je profite de ces derniers moments en famille, pour me ressourcer et faire le plein d’énergie avant de repartir. Je pars pour une dernière promenade les gamins de la famille, Novita, Naomi et Ary. Et comme d’habitude, se greffe à nous, d’autres enfants. On marche, en chante, je les porte à tour de rôle sur mon dos, on tente de pêcher avec une canne rudimentaire. On se dirige vers chez l’un des enfants. Je tombe sur une tribu entière de gamin, qui traine dans la rue. J’échange quelques mots et selfie. Je vois une balle, et je ne peu m’empêcher de dribbler les gamins. On improvise un match, sur un terrain gadoueux, j’ai chaud, je transpire, ca fait du bien. Mon équipe se prend une raclée, mais on s’est bien défendu, notamment grâce à la ruse du gros Coco, qui faisait mine de parler à son père pour s’enfuir et planter des buts. J’aurais passé un très agréable séjour, en immersion totale en pays Batak. J’offre mon dernier souvenir rapporté de France, ma dernière Tour Eiffel, ainsi que ma casquette « fake Nike » qui attire tant de convoitise. En retour, je reçois le meilleur cadeau possible, un sac de deux kilo de cacahuète, « Luar biasa » Amazing, je suis aux anges. On se fait des gros câlins cette famille va me manquer !
Réveil à 5 du mat. Le bus vient me chercher à la maison. Mais il n’arrive pas avant six heure. Je m’installe à l’avant, à côté du chauffeur, je suis agréablement installé mais j’ai vu sur la route. Le chauffeur slalome entre les différents trous dans la chaussée, s’arrête tous les kilomètres pour déposer ou faire monter quelqu’un à bord. Il fait également office de poste, délivrant des colis, récoltant des billets à gauche, à droite. Tout cela en enchainant clopes sur clopes. J’ai plusieurs sueurs froides lors de ses dépassements plus que périlleux, ca nous arrive d’être trois voitures pour deux files, la conduite est dangereuse, mais pour me rassurer je me dis qu’il sait ce qu’il fait. Je ne prendrai jamais le volant d’une voiture ici, et je le déconseille fortement à toute personne. La moto suffit amplement. Après 3 heures de route, j’arrive à destination, je suis à Parapat, sur le bord du lac Toba, le plus grand lac de Sumatra, 100km de long pour 30km de large. Mais ma destination finale se trouve, sur l’île de Samosir, qui fait 50km de long. Je prends le bateau pour m’y rendre, une demi heure de traversée. J’ai à peine posé le pied sur l’ile, que je me rends compte que cette île un vrai paradis, un havre de paix. J’ai une journée pour la visiter, car je dois rejoindre, Ome, ma couchsurfeuse à Parapat dans la soirée. Elle m’a laissé un vrai jeu de piste pour la retrouver. Je décide de louer une bécane pour la journée, ce que je trouve en quelques instants, je confie mon sac et je monte en selle. Après quelques kilomètres, à bécane, je reconnais l’une des indications d’Ome. Je suis perdu, elle m’a pourtant envoyé une géolocalisation qui était sur la terre ferme. J’approfondie mes recherches et je me rends compte que c’est bien ici que je vais passé la nuit. Mais cela ressemble plus, à un hôtel qu’à une maison, je ne pas prévu de payer pour cette nuit. Qu’a cela ne tienne, on verra bien ce soir avec elle, après sa journée de boulot. Je reprends mon scooter, le sourire aux lèvres, car je vais rester sur l’île cette nuit. Je n’avais vraiment pas envie de la quitter. Je poursuis la route. Je suis interloqué lorsque je vois, un mec en scoot carabine sur le dos. Je le taquine, en levant les bras en l’air, « Don’t shoot me ». Il rigole et me propose de s’arrêter boire un thé. J’accepte bien volontiers. Je lui demander à quoi lui sert son arme. Il me répond pour shooter les oiseaux et les singes. « You have monkeys on your Island ? » « Yes we do, but the are bad, so I shoot them » Je reste perplexe. Je suis au bord du lac la vue est splendide. J’ai chaud et je veux mon bain. Je plonge, la température est très agréable et rafraîchissante. Deux pêcheurs dans les pirogues sont à côté de moi, je me rapproche d’eux, ils me font de grands signes pour que j’arrête de nager, car je fonce droit dans leur filet. Je fais demi tour, avant de finir dedans, et d’être servi à la table d’un des restaurant de l’île. Je poursuis mon tour de l’île, et passe sur la côté ouest, qui est beaucoup plus locale, on y trouve beaucoup de maisons typique du peuple Batak, avec leur forme si particulière, les deux extrémités du toit sont pointus. Cela me rend curieux, je ne comprends vraiment pas cette architecture, et qui complique fortement la construction. Après quelques recherches, c’est une façon de rendre hommage aux buffles, et reprend la forme de ses cornes. Je croise également sur la route d’innombrables cultures de riz, et pour les protéger des oiseaux, de grands filets les recouvrent. Je passe également devant un tombeau Batak en forme de pyramide, et par chance des ouvriers me laissent rentrer à l’intérieur, impressionnant, plus de 750 emplacements numérotés accueillent les cendres des défunts. Le soleil, commence à se coucher, il est temps de regagner mon logement, je décide donc de traverser l’île par le milieu, se qui rallonge un peu mon parcours, car je traverse la montagne et la piste est dans un état désastreux. Mais cela vaut le détour, et me permet de trouver une vue plongeante sur l’île et le lac. Je traverse de petits villages Batak, qui n’ont pas l’habitude de rencontrer des étrangers et me salue « Allo, Allo », ils n’arrivent pas à prononcer « Hello ». Je poursuis ma route, et c’est avec grand étonnement que je tombe sur un grand lac. Je récapitule ; je me trouve sur l’île de Sumatra dans l’océan Indien ; sur cette île il y a un lac, le lac Toba ; et sur ce lac, il y a une île, celle de Samosir ; et sur cette île, il y a un lac « The lake on the top of the lake ». Impressionnant. Je pénètre dans la foret, et comme un jour sans pluie, en Indonésie, n’existe pas, il se met à tomber des cordes…
Je regagne tant bien que mal mon hôtel, en prenant derrière moi quelques locaux souhaitant rejoindre la ville. Il est 19h et je n’ai toujours pas de nouvelle d’Ome, qui est sensé m’accueillir, heureusement, elle a laissé la porte de ma chambre ouverte. Mais un homme me demande de l’argent pour la nuit, décidemment je ne comprends rien à ce couchsurfing. Je ne règle rien, et décide d’en parler directement à Ome, lorsque je la croiserai. Je pars faire le tour de la ville, à la recherche d’un restaurant, car je crève la dalle. Plein de restaurants, mais ils sont tous vide, à l’exception d’une pizzeria. J’en salive d’avance. Ca fait très longtemps que je n’ai pas mangé de la nourriture européenne. Il y a seulement cinq mecs installés autour d’une table. Ils m’invitent à les rejoindre. Felix, un américain ; Cris un anglais ; et 3 français. Les anglo-saxons vivent sur l’île et sont mariés à des indonésiennes. On se raconte nos vies, je bois ma première bière Indonésienne, Bintang, ca fait du bien, et je déguste une très bonne pizza. La soirée va prendre une tournure spéciale lorsque mon regard tombe sur un sac plastique posé sur la table en face de Felix. « What’s that man ? » « It’s my special food ! » « What ??? » « Magic mushrooms, you want to try ? » Et il me tend 3 champis tout frais, venant directement d’une bouse de buffalo de la montagne sacrée. J’hésite un instant et je les avale. Felix se chargeant de la fin du sachet. A savoir, les champignons hallucinogènes sont légaux en Indonésie contrairement à la weed, qui est totalement interdite et qui peut vous emmener facilement en prison. Les frenchy veulent danser, notamment Fayssal, Felix se creuse la tête, mais il n’y a pas mille options, car Samosir est une île relax, où l’on ne peut faire la fête uniquement le samedi soir. Il décide donc de nous faire découvrir le « Bordel ». Décidément cette soirée part en vrille, moi qui souhaitais simplement manger une pizza. Nous enjambons nos bécanes, et nous rendons dans ce lieu caché et complètement interdit. On se retrouve face à une grande maison, au premier étage, une petite lumière et on entend quelques voix féminines, on se regarde entre français et on se demande vraiment se qu’on fait ici. Un homme ouvre la porte de la cave, la salle est désertique, il allume le son à fond les ballons, ainsi que les boules à facettes. On commande une bière et on se met à danser, seuls sur le dancefloor. Puis entre timidement trois femmes, qui restent dans leur coin. Etrange. Cris, est un chaud lapin et sa femme est en Angleterre. Il se dirige tout naturellement vers ces femmes et entame la discussion. C’est un habitué de ce lieu. Il se retrouve rapidement en tête à tête avec l’une d’entre elle à côté du bar, une main baladeuse sur sa cuisse. Felix, n’est pas de ce genre, et discute tranquillement avec nous. Les champignons ne font pas vraiment effet contrairement à Felix, qui commente à monter. Au bout d’une heure, on commence à se lasser de cet endroit et Felix le remarque. Il nous propose une after party chez lui. Banco. J’ai envie de sortir de ce lieu qui est glauque au possible. On a du mal à détacher Cris de sa chaise, et promet à la charmante femme qu’il viendra plus tard, s’il obtient le prix escompté. On arrive chez Felix, une très grande maison au style Batak avec un intérieur très cosy. On monte à l’étage car il y une énorme table de billard. Il a été professionnel, et ce ça se voit, il joue extrêmement bien, même défoncé. Le frigo est vide, plus de bière, il part en chercher dans son magasin, où il vend entre autre, des cigarettes électroniques. Il revient un quart d’heure plus tard, un carton rempli de bière et un sac plastique rempli de sachet de champignons. La soirée risque d’être longue et c’est le cas. Les frenchy succombent à la tentation, et on se partage un sachet puis un deuxième. Une bonne demi heure après, on commence à sentir l’effet, on rigole, on chante, on dance. C’est la pleine lune, et il y a un incroyable halo lumineux autour de cette dernière. Les champis décuplent notre visibilité et nous observons un arc en ciel. Hallucination ou illumination ? Felix et Cris, sont totalement opposés, mais ce complète tellement. Felix, le gros bourrin américain, surexcité qui ne peut jamais s’arrêter. Cris est dans la subtilité, la classe à l’anglaise, mais il ne fait que parler de cul, un vrai queutard. Ca fait 4 ans qu’ils se connaissent et 4 ans que Cris lui promet qu’un jour il goutera les champignons. Le soir est venu, il est 4 heure du mat. Je n’en peux plus mais je veux observer la scène. Felix court dans tous les sens et va chercher les 3 sachets qu’il reste. Il en ouvre 2, et sélectionne le plus gros pour Cris. Il le mange avec dégout. Felix termine le reste en 2 bouchées. Je suis sur le cul, il a du bouffer 4 ou 5 doses sur la soirée et il tient encore debout. Ne tenant plus en place, il ouvre le dernier sachet, qu’il termine d’une traite… Il est 5 heure, il a soif, et veut une bière, tous les magasins sont bien entendu fermés. Il a la bonne idée d’aller demander au voisin. Un quart d’heure plus tard, il revient bredouille, sa conscience ayant repris les dessus, il n’a pas osé frapper à la porte. Il en est trop pour moi. Je décide de quitter mes compagnons de soirée, pour aller doucement me coucher et succomber dans les bras de Morphée.