Les dernières heures dans le train sont épiques. Complètement surréaliste ! Après les trois bières de Kozlov, Genia, un nouveau voisin, sort, une bouteille de limonade, son contenu en est tout autre, encore du « Samagon »… Et c’est parti pour plusieurs tournées, toujours accompagné de quelque chose à manger, cette fois-ci, ce sera avec du « Solé » morceau du porc, qui contient beaucoup plus de gras que de viande. C’est pas très bon, c’est ca fait coulisser l’alcool. Il doit être environ de 7h, et ma tête commence à tourner et nos voix s’élevés. Kozlov me fait rire avec sa tête de « La Boule » de la Famille Adams.
On arrive à la gare d’Angarsk, soit approximativement une heure avant mon arrivée. Un nouveau voisin s’installe, il a une carrure impressionnante et des mains gigantesques, je me souviendrai de sa poigne. Il se prénomme Nicolaï. Comme Kozlov, Genia, et certainement beaucoup d’autres. Ils vont travailler. Sauf qu’en Russie, trouver un emploi n’est pas toujours facile. Ils sont donc souvent obliger d’aller très loin 3 ou 4 jours de train, s’éloigner de leur famille, pour rejoindre des chantiers, des usines et souvent des dans conditions très durs. Le marché du travail est saturé, notamment à cause de la main d’œuvre frontalière qui casse les prix.
Nicolaï, a une grosse voix imposante, on ne peut pas lui refuser grand chose, encore plus lorsqu’il sort sa bouteille d’ « Orangeade ». Et rebelote, 1 2 et 3. Je n’ose même pas imaginer quel est mon taux d’alcool dans le sang et dans ces divers breuvages fait maison. Il est formellement interdit de distiller son alcool. Les russes font preuve de malice, pour ne pas se faire attraper. Par ailleurs, ils n’ont jamais la même couleur. Ils sont obligés de dissimuler l’alcool en fonction de l’étiquette de la bouteille en plastique, l’eau minérale était donc translucide, la citronnade jaune et l’orangeade comme son nom l’indique orange.
Kiril, un voisin du compartiment voisin, se joint à nous, après avoir dormi presque 24 heures sur sa couchette. Il sort également à Irkutsk. On est maintenant 5 à tables, ca discute fort, très fort. Je me demande s’ils ne vont pas se faire virer à la même station que moi.
Heureusement que j’avais préparer mon sac à l’avance, car cela aurait été presque mission impossible de le faire au dernier moment. Mes compagnons de voyages m’accompagnent sur le quai. On se salue à la russe, avec trois franches accolades. Je m’aperçois à ce moment que j’ai également oublié ma tasse canadienne, offerte par Nils l’été dernier, d’ailleurs tout le monde est étonné que j’ai une telle tasse, car elle est complètement russe pour eux. Mais bien plus important, je suis sorti avec mes chaussures d’été au pied, laissant derrière moi ma bonne grosse paire de The North Face, sans lesquelle on ne survit pas dans un hiver hostille.
Kiril m’accompagne en dehors de la gare, où ses potes l’attendent, ils ont l’air très très chaud. Ils me proposent gentiment de me déposer chez Xenia, ma nouvelle hôte.
Sur la route, notre chauffeur surnommé « Ganster » roule comme un fou, la route est blanche, il neige à fond et il s’amuse à faire des drifts.
J’arrive chez Xenia et Dima, je suis beaucoup trop sou, et j’ai peur de mal me faire voir. Ils sont très accueillants, comme tout les russes que j’ai rencontrés. Ils me font manger et bien entendu boire du thé. Je ne sais pas combien de litre de thé j’ai bu depuis 2 semaines, ca doit se compter en dizaine de litre. On se raconte nos vies et on va se coucher. Ca fait plaisir de retrouver un vrai lit.
Le réveil sonne tôt pour un dimanche, il doit être 8h et le programme s’annonce chargé. Xenia s’occupe d’organiser beaucoup d’événement pour des hôpitaux, enfants malades, et aujourd’hui pour des vétérans. On fait le tour de la ville en Ranger Rover, avec Léna, une copine, on doit récupérer les tartes, des pains, des cup cakes dans plein de lieux différent. Cela me permet d’avoir une première impression sur la ville d’Irkutsk, qui me semble beaucoup plus petite que les villes rencontrées précédemment. Puis nous déposons le tout dans la salle de réception. Cette fête de fin d’année se déroule demain.
Nous continuons notre tour dans le centre ville, on retrouve toujours les mêmes bâtiments colorés que j’adore mais également de vieille Datcha, maison en bois. On jete un œil rapide au marché, toujours très représentatif du pays. Puis, on va se réchauffer autour d’une bonne tasse de thé et d’un repas végétarien. Ils ne mangent ni viande, ni poisson, ni œuf, ni lait, donc pas de fromage ! Dur, dur la vie !
On rentre en bus, le billet n’est vraiment pas cher ici 15 roubles, soit 20 centimes. Le prix du billet de bus varie énormément sur la territoire, du simple au triple, jusqu’à 65 roubles, soit 1€ à Moscou, c’est vraiment hors de prix ! On allume la télé (ça faisait très longtemps, et on tombe sur le Biathlon, elle est fan de Shipulin et Martin Fourcade, tout comme moi.
Encore un réveil tôt, cette femme est hyperactive et elle est toujours au boulot. Je pars dirige en direction du centre. Il est l’heure de m’occuper de mon visa Mongole, car mon visa Russe expire dans 5 jours. En 5 minutes top chrono, j’obtiens mon tampon ! On ne m’a même pas demandé les magnifiques documents que j’avais photoshopé. Ils n’étaient que intéressés par les 4000 roubles (55€) que je devais régler.
Je pars rejoindre Xenia, en « Martchrout » mini bus, je sors à ma station, et j’entends le conducteur klaxonner, je n’y prête pas attention et continue ma route. Encore un énorme coup de klaxon, je lève la tête et je retrouve le conducteur face à moi. « A patchemu té ne platich blet » Et pourquoi tu ne payes pas P----N, je m’excuse et je le paye. J’avais complètement oublié. Bizarreté de cette ville, on doit payer au moment de la sortie de bus…
Je retrouve Xenia, au milieu de tout ces vétérans attablés, autour d’une coupe de champagne (russe), en train de faire la fête. Ils sont trop mimi. Je m’étonne lorsque je ne vois presque que des femmes. Et je me rappelle d’une conversation avec Xenia, où elle me racontait que les hommes meurent très tôt, principalement à cause de l’alcoolémie et de la maladie. On y reste une vigtaine de minute. Et on repart dans une nouvelle voiture en compagnie de Liocha (Alexey), on va distribuer, à tous les gentils donateurs, une lettre de remerciement. Encore une bonne dizaine d’arrêt un peu partout en ville, je commence doucement à me repéré.
Au loin, je vois une sorte de toboggan géant sur glace. Grand enfant que je suis, je leur demande si on peut aller voir et forcement essayer. Et forcement, c’est trop simple de le faire sur les fesses, donc je le fais debout, sur une sorte d’énorme tremplin haut de 7 bons mètres. Très grosse sensation, surtout lorsque j’ai failli me peter la gueule !
La fin de la fin journée promet encore. Je quitte Xenia, qui part voir sa babouchka dans la soirée. Heureusement, que Couchsurfing est la pour me sauver, je poste message sur le site, et voilà qu’au bout de 10 minutes, Margarita m’invite chez elle, ce site et surtout les gens qui sont dessus sont magiques. Elle termine le boulot à 21h, je me pose dans un bar avec une bonne pinte, pour l’attendre. A 20 30, voilà que Kiril m’appelle, celui qui m’avait déposé chez Xenia en voiture. Il me propose de me rejoindre dans le bar, j’accepte bien volontiers. Mais il avait déjà un plan dans la tête. Il arrive avec un de ses potes et je propose de bouger du bar. Je suis un peu confu car j’ai rendez-vous dans 20 minutes. J’appelle Margarita et lui dit de nous rejoindre un peu plus loin, ce qu’elle accepte. Je pars avec les deux cocos, dans sa Toyota, avec son volant à droite. C’est très fréquent à Irkoutsk et certainement dans toute la Russie de l’Est, du fait de la proximité avec le Japon. Il commence à faire ronronner le moteur, dans le parking sous terrain, où son véhicule est stationné. Qu’est ce qu’il va encore m’arriver ? Dès que l’on arrive sur la route, il commence à faire des drifts à gogo. Et il m’annonce qu’il va m’amener sur un circuit fait pour drifter, je sens que je vais encore bien m’amuser. Le circuit doit faire deux terrains de foot, et il est entièrement verglacé. On commence à tourner et tourner. On est pas les seules, il doit y avoir une quinzaine de voiture à la queue lele, en train de faire crisser leur pneus. Il me dépose au milieu de l’arène et commence à s’amuser autour de moi, je ne suis pas loin de me prendre sa voiture, mais il la gère bien, très très bien. Margarita m’appelle, je leur demande de me déposer au point de rendez-vous. Ils insistent pour que je reste avec eux, mais j’ai trop mauvaise conscience, je ne peux pas annuler comme cela… Ils comprennent et me déposent. Je la retrouve et elle à l’air très énervé que j’ai changé mes plans au dernier moment, surcoût après une grosse journée de travail. « Tu vas me préparer à manger » me dit-elle. Au bout de quelques minutes, l’ambiance se détend, et elle dit « You bring hapiness ». Elle est plutôt charmante, elle enseigne l’anglais et a un profil plutôt atypique, elle vient de Yakoutie, l’une des villes les plus froide au monde, il peut y faire jusqu’à -50°, c’est l’une des raisons pour lesquelles elle a déménagé à Irkoutsk avec sa mère. Pour me faire pardonner je lui prépare une bonne salade, autour d’un vin chilien. Deux de ses copines, nous rejoignent, on papote, elles dansent et commencent à faire des roulades dans tous les sens, elles me font rire. Je suis KO et je me lève tôt demain.
C’est le grand jour, je pars enfin à la conquête du Lac Baïkal, une des raisons pour les lesquelles je suis en Russie. C’est le lac le plus profond au monde. Ca fait 15 ans, que je rêve, d’y aller, Vlad un très bon copain d’école, en est originaire, et nous en avait fait la plus grande publicité. Ce lac ou cette mer sacrée pour les Bouriates (premier habitant de l’île), est long de plus de 650km et large de 50km. C’est également la plus grande réserve d’eau douce, avec 20% des réserves mondiales. Je me rends au marché d’Irkoutsk, qui fait également office de gare routière, je prends un minibus en direction de Khoujir, situé sur l’île d’Okhlon. La route dure environ six heures. Il neige et la route est glacé, ce qui n’empêche pas mon conduire de rouler à plus 100km/h. La vue est belle, on traverse de grandes forets, puis de grandes plaines enneigées, ainsi que de minuscules villages, c’est à se demander qui peut vivre dans ce monde tant reculé. Après quatre heures de route, on se retrouve au bord du lac, et c’est à mon grand étonnement, qu’il n’est pas gelé…Je suis un peu déçu mais cela sera un bon prétexte pour y revenir. Du coup, on traverse une fine partie du lac sur un bac. J’en profite pour échanger avec des locaux qui sont dans le même bus. Ils me disent qu’il y a un microclimat sur l’île, l’air y est plus doux, et que les précipitations (pluie et neige) y sont moins fréquentes. Je demande également si je peux dormir chez l’habitant, un homme me propose de dormir chez sa fille, en échange de quelques roubles. J’accepte immédiatement. C’est d’ailleurs la première nuit où je vais devoir sortir mon porte monnaie après 20 jours de voyage. On arrive sur l’autre rive, changement radical paysage. Les grandes collines sont à peine enneigées. La route, si on peut l’appeler de la sorte est dans un état catastrophique glacé et semé de trous. Le conducteur se transforme en pilote de rallye. On croise des troupeaux de vache perdus au milieu de nulle par. On se rapproche de Khoujir, et la neige disparaît totalement, j’ai l’impression d’être dans un désert aride. La route est une piste de sable, où innombrables vagues font trembler la voiture. Le chauffeur me dépose, et Svetlana m’accueille dans une grande et belle maison en bois, que son père et son mari ont construit en à peine quatre mois. Ma chambre est spacieuse et confortable. En revanche, pas d’eau courant, il faut remplir des seaux pour se doucher et boire et les toilettes sont dehors dans une cabane avec un trou.
Je jette mes affaires dans ma chambre et pars en direction du lac. Le paysage est lunaire, une grande plage de sable fin avec des arbres dispersés partout. La rive est gelée, je la tâtonne avec le pied et je me lance, c’est solide, ouf ! Je touche l’eau, elle est froide, beaucoup plus qu’à Mourmansk, je la goute et elle est vraiment bonne et pure. Je grimpe en haut de la falaise la vue est impressionnante. Puis je me dirige vers la ville, la nuit tombée, les rues sont désertes, je me sens au Far West. Entouré par des cabanes en bois et des yourtes, je me demande si elles sont habitées. Le vent se lève, je commence à cailler, je cherche un café, pour me boire un thé. Mission quasiment impossible, puisque nous sommes en dehors de la saison touristique, mais finalement au bout d’une petite demi heure, je tombe sur un café, quelques touristes chinois y sont assis, je commande mon thé. Je regarde la carte et je commande une soupe et une sorte d’omelette à base d’Omoul, le poisson du lac, délicieux. Je rentre vers ma chambre sous un magnifique ciel étoilé. Les premières étoiles de mon séjour.
Quelle journée ! Impensable et inimaginable !!
Je me lève aux aurores pour voir le levé du soleil. Je cours vers la plage pour admirer le lac. Le ciel est bleu et rose, les couleurs splendides, et contrairement à la vieille on aperçoit l‘autre rive avec de belles et hautes montagnes enneigées. La mer est agitée, de petites vagues frappent la glace et la fait fondre. C’est vraiment étrange, je pensais en arrivant, trouve le lac glacé et voilà que le peu de glace qu’il y a est en train de fondre… Est-ce dû au réchauffement climatique? Ceci dit après de nombreuses discussions avec des locaux, je suis en dehors de la période de gel. Elle commence à la fin janvier jusqu’à avril et la couche de glace peut atteindre jusqu’à un mètre de profondeur. La meilleure période pour profiterdu lac gelé est le mois de mars, car le soleil commence à réchauffer les habitants de l’ile et aucun risque de craquement de la glace. En poursuivant ma ballade, je tombe sur un bout de lac complètement gelé, j’y avance doucement, car on m’a prévenu du risque de s’aventurer dessus. Un touristique est mort de cette façon l’hiver dernier. La glace est solide, je commence à faire du patin dessus. J’avance sur une bonne cinquantaine de mètre, je remarque que la glace est plus fine, je commence à prendre peur et je marche le plus doucement possible, en essayant de repartir mieux le poids de mon corps. Encore deux mètres avant d’arriver sur la rive, j’entends un craquement, un autre pas, et mon pied brise la glace, et s’enfonce pour toucher le sable. Plus de peur que de mal. Je passe devant des petites cabanes, installées sur le bord de la place et me demande si elles sont habitées. Puis je gravis, une énorme dune de sable pour atterrir dans une grande forêt de pins. A la sortie de la pinède, je tombe sur une grande plaine ensoleillée, avec des vaches broutant l’herbe. C’est magnifique. Ca fait presque deux heures que je marche et je commence à avoir soif, con comme je suis j’ai oublié ma bouteille. Je me dis que je vais rentre par la piste et tenter ma chance en auto stop. Je marche 5, 10, 15, 20 minutes et toujours pas un chat à horizon. Je décide de quitter la piste, pour prendre un sentier de rando qui s’enfonce dans la forêt. Et forcement une minute après j’entends un bruit de moteur passé, loupé. Doucement, la foret se transforme en désert. Je trace ma route, comme si personne n’avait foulé cet endroit. Je remarque un phénomène étrange, à chacun de mes pas, une couche de neige apparaît, comme si en créant le trou, de l’eau gèle instantanément et se transforme en neige… J’arrive finalement à la maison, après quatre heures de marche complètement déshydraté, affamé et fatigué. Une bonne collation et au lit.
Je me lève en pleine forme et de je pars derechef pour profiter à fond de cette journée. Je vais en direction centre ville, si on peut l’appeler de la sorte, car Khoujir, est vraiment une toute petite ville de 1500 habitants, avec une rue principale, une église, un café et un supermarché. L’été le centre est un peu plus aminé, car les touristes viennent en masse contrairement à l’hiver qui est très très calme, même pas un bar d’ouvert ! En marchant, je tombe sur le port, où des carcasses de bateaux sont échouées sur la plage. D’autres bateaux sont encerclés par des « Blinis » glace en formation, et les rendent inutilisable jusqu'à l’été prochain. C’est le cas, du bateau « Nadejda », le capitaine et son équipage sont en train de le vider de tout son matériel pour le protéger du froid. Puis, je souhaite prendre un plan vidéo de l’entrée de la ville, qui de situe à deux pas du port. J’attends qu’une voiture passe, et je déclenche ma Go Pro. Une camionnette blanche trace à fond pour éviter les vibrations causées par la piste ensablée, j’entre aperçois un barbu. Je suis convaincu que c’est Serguei, un couchsurfeur dont plusieurs personnes m’ont parlé de lui en très bien, mais qui avait apparemment quitter le site pour développer son activité touristique. Je pars à sa poursuite, je sais qu’il habite à côté de l’église, en haut à côté de la falaise. Je monte et croise à nouveau cette camionnette, je fais un grand signe, il ne s’arrête pas. Sa voiture se stoppe quelques mètre plus haut, je me dépêche avant qu’il ne rentre chez lui. Je me rapproche et dit « Serguei ? », il me répond « Da, kak tebia zavout » Oui, comment tu t’appelles. Je suis trop content car ma mission du jour était de le trouver. Deux asiatiques sortent de sa voiture et rentrent dans la maison. On parle une minute, et me montre une petite maison, derrière la sienne. Et il me dit qu’un certain Edmond Rostant est dedans. Je tape à la porte et je rentre. Je tombe nez à nez sur Edmond, Edmond Kloczko un francais de soixante ans, « comme mes artères mais pas comme dans ma tête » dit-il ? Il est en pèlerinage sur les traces de sa famille. Il est couchsurfer et cela fait 3 semaines qu’il vit chez Serguei et il a un faux air de « Bernard le Motard » pour ceux qui le connaisse. Au bout de cinq minutes, il m’invite à diner avec Serguei, sa femme Nastia et leurs trois enfants. Il est 17 heures et le soleil va se coucher, je ne veux pas louper ce spectacle. Je prends congé, rendez-vous prit à 19h avec l’apéro. Je redescends sur le port, et je prends conscience de la change que j’ai de réalisé ce voyage. J’en ai même une larme à l’œil. Sur le quai du port, je rencontre un nouveau Serguei, avec on échange trois mots, un des membres du Nadejda appelle Serguei et il revient avec 4 Omouls, le poisson local, ils sont frais est congelé. Et il m’en tend deux. J’allucine! Ce peuple peut paraître dur aux premiers mais c’est tout le contraire, ils sont d’une générosité incroyable. Je remonte déposer les poissons à Edmond pour les proposer en guise d’apéro. A l’heure où j’écris c’est ligne, ca pue le poisson dans ma chambre… En ouvrant la porte, deux nouvelles personnes sont attablés, dont une tête m’est familière, c’est Christine et elle est arrivé par le même bus que moi la veille, cela fait 10 ans qu’elle vient et qu’elle passe 3 mois sur l’ile ! Elle connaît tout le monde sur l’ile, enfin tout le monde se connaît sur l’ile. Natacha est assise à côté, une tasse de thé à la main, c’est la femme de Nikita, qui est le guide le plus reconnu de l’ile. Elles se rendent à 18h à la chorale, ca tombe bien c’est sur mon chemin puisqu’il vaut que j’aille chercher du pinard. Sur la route, les deux femmes, se racontent les nouveaux potins de l’ile. On croise « Atets Vasili » Père Vasili, sur sa nouvelle moto cross. J’apprends que les Prêtres Orthodoxe ont le droit d’avoir femme et enfants s’ils les ont eu avant de s’engager. Atets Vasili, est dans le cas contraire, il y rencontré un femme et a failli tout plaqué pour elle. J’arrive dans le « manoir » de Natacha et Nikita, un méga complexe où se situe une auberge, une dizaine de maison, des yourtes, des salles de réception. On rentre dans un salle, c’est la salle de chant : piano, guitares, batterie et balalaikas (j’ai envie de leur offrir ma balalaïka qui pourri dans ma chambre). Une repet est en cours, ils chantent une belle chanson russe. Puis c’est au tour de la chorale, les femmes s’installent et se mettent à chanter un chant religieux, certainement pour préparer les fêtes. Je dois m’échapper pour me pas arriver en retard. Je passe au supermarché, achète du rouge et repars chez mes hôtes. Soirée française au programme organisé par Edmond, ancien de la restauration. De plus, Nastia et Serguei sont francophone, ils se sont même rencontré en France, au cimetière de st Geneviève des bois, très célèbres par la communauté orthodoxe de France, plusieurs célébrités russes y sont enterré. On déguste l’Omoul frit en apéro, suivi de spaguetti bolo (au porc, impossible de trouve de la viande haché) et pour terminer une merveille de salade de fruit (avec un délicieux sirop fait maison). Tout le monde est heureux, et joyeux. Le Destin ou le hasard, nous a fait nous asseoir autour de cette table. Entre les deux mon choix est fait. Les enfants Szetoslav, Luiba et Lazare jouent. On se raconte nos vies et nos parcours. La vie est belle. On termine la soirée avec Edmond, il me montre son projet, the wish project. Cela fait un an qu’il collecte des tissus, appartenant à personnes qui lui sont chères. Il me sort une très grosse boule où les tissus sont noués les un au autres, et chaque personne ont émis leurs souhaits. Je veux également faire parti de cette famille, mais je n’ai pas de tissu, je découpe donc un morceau de l’un de mes 2 t-shirt, et être l ‘un des derniers maillon de la chaîne. Le soir du réveillon, il ira faire accrocher cette longue ligne de vie, sur l’arbre des chamans.
C’est déjà mon dernier soir ici, j’ai l’impression d’y étre rester un mois mais cela ne fait même pas deux jours. Je me sens comme lié avec cette ile. Je reviendrai, c’est sur !
Ca y est, c’est mon dernier jour en Russie. Quelle traversée extraordinaire. Plus 10 000 km en train, 10 villes, 10 couchsurfeurs, 100 nouveaux potes, 150 thés, …
Le retour en mini bus de depuis Khoujir, vers Irkutsk s’est très bien déroulé. Installé confortablement à l’arrière du bus, j’entends : « Fransuz idi v piridi », c’est le chauffeur qui m’invite à m’installer à l’avant, pour profiter de la vue splendide. C’est curieux, en France, je suis considéré comme un Russe et le contraire en Russie. Mais où serais-je réellement considéré comme chez moi ? ;-)
Je file à rapidement à la gare de train pour prendre mon billet pour Oulan Bator, en Mongolie. Pays qui me fascine depuis longtemps, j’ai vraiment hâte de le découvrir. Le billet est à plus de 7000 roubles, soit approximativement ce que j’ai dépensé en billet train depuis mon départ. C’est trop cher pour mon petit budget, je trouve donc une solution alternative, consistant à prendre le train jusqu’à la frontière, Oulan Ude, puis d’y prendre un train jusqu’à la capitale mongole.
Kiril, que j’avais rencontré en sortant du train m’appelle et me propose de passer la journée avec lui, ca tombe bien, je n’avais rien de prévu. Il vient me chercher avec sa Toyata, pour comme d’habitude, il fait des drifts, sur la route glacée, ca me fait toujours autant rire, mais il faut se l’avouer, il a une conduite assez dangereuse. On est cinq dans la caisse :Kiril, Akha, Edik (sosie officiel de Manouerd) et un dernier poto. Akha commence poser son flow et nous fait une performance de Rap d’Irkutsk.
Comme d’habitude, je n’ai pas de logement de prévu, Akha me propose gentiment de dormir chez lui. C’est vers chez lui qu’on se dirige. C’est un peu le bordel chez lui, mais ca fera largement l’affaire. On se pose dans la cuisine, 3 chaises pour 5, un grand classique russe. C’est d’ailleurs la pièce à vivre par excellence des russes, il y passe leurs journées et soirées, les appartements soviets ne disposant pas toujours d’un salon.
C’est aux cartes qu’on va déterminé qui aura le droit de s’asseoir. Je me dis que je vais enfin pouvoir mettre mes années expériences au Dourak sur la table, et bien non! Ils me font découvrir un nouveau jeu de carte russe, le Razpizdai, un variante évolué du Dourak mais avec beaucoup plus de hasard. Je suis content d’apprendre ce nouveau jeu, je vais pouvoir l’importer en France ! Je comprends très rapidement le jeu, et ne perd même pas la première partie, certainement chance du débutant. Les parties suivantes ne sont pas si simple, « Odna carta » il faut signaler qu’il nous reste une care en main, c’est la règle la plus basique mais que j’oublie toujours, et je me récupère une carte de mes voisins, « Barbak » ou Bordel. Bilan pas si mauvais, j’ai perdu une partie sur deux. Ils font également gouter à leur Rap Russe, qui me fait atteindre le Nirvana.
On part en vadrouille, Kiril au volant, toujours en driftant. On fait la tournée des potes, ils me les présentent tous, je me fais passer pour un Arménien, apparemment je leur ressemble beaucoup, effectivement ça marche bien, jusqu’à moment où l’on me pose des questions sur l’Arménie… On est dix dans une pièce, ca parle fort, je suis perdu, je ne comprends plus,… Surtout lorsque qu’ils parlent entre eux, ils sont capable de faire une phrase avec 4 insultes et cela avec du sens, ils sont trop fort. Notre très cher Ivan, nous accompagne toute la soirée.
Réveil difficile à 6 45, je prends un taxi pour rejoindre la gare et pour éviter les bouchons du matin. J’arrive 15 minutes après alors que j’avais prévu une heure de trajet. Je m’installe dans le train, fait mon lit et m’écroule. Mon 2ème réveil de la journée sonne, je saute de ma couchette et me précipite à la fenêtre. Il est encore là, mon lac Baikal. Sur cette mini portion du transibérien, le train longe la rive du lac, et pour changer la vue est impressionnante. Je suis dans le 17ème et dernier wagon, j’ai l’impression d’être dans un serpent géant qui se faufile le long de la berge. Les huit heures de trajet passe en quelques instants. Je n’ai plus vraiment de notion du temps depuis mon départ et c’est ce que j’apprécie le plus lorsque je voyage.
J’arrive à Oulan Ude, vers 17h, je dois trouver la gare de bus et j’espérer qu’un bus part ce soir. La gare se trouve dans le centre ville que je ralie rapidement en minibus. Me présente au guichet, croise les doigts, car il me faut absolument partir, mon visa russe se termine demain, « Da mecto iest » je saute de joie et lui donne mes 1500 derniers roubles…