Dernières préparations avant de quitter le Mexique, mon vélo grince un peu. Mes roulements ont bien travaillés sur les 600 km de routes et pistes mexicaines. Ernesto, un réparateur, m’aide à les changer. Mon vélo est comme neuf. J’avale un très bon repas Maya, le Chirmole. Je fonce vers la frontière. Il fait lourd. Le douanier mexicain me demande mon passeport, ainsi que 533 pesos (25€). Etrange une taxe pour sortir du pays. Ca ne m’est pas encore arrivé pendant ce voyage. Encore plus étrange, c’est la seule frontière au Mexique où l’on doit payer pour sortir du pays. Je la paye, et en 2 minutes me voilà dans le no mans land. Une route bien sécurisé qui longue la mangrove. L’entrée pour le Bélize est simple, rapide et gratuite. Je discute un instant avec le douanier. En anglais avec un accent créole. Le Bélize étant un pays anglophone. Il est souriant et me souhaite bonne chance pour la suite de mon voyage. Je m’y sens déjà chez moi dans ce pays. Je fais mes premiers kilomètres au Belize, sur la route principale. Etroite, et dans un piteux état. Et pourtant c’est une autoroute. Après vingt bornes, j’entre dans Corozal, la ville frontière. Je veux faire un plongeon. Mais visiblement pas de plage, mais un petit port. Je m’y dirige et commande une bière. 4$ bélizien soit 2US$. La conversion est simple. La vie semble plus cher dans ce pays. Je cherche à me rendre sur une île, celle de caye caulker. 50 B$ pour moi et 50B$ pour mon vélo. Ils se font plaisir. Ca reste toujours plus avantageux que depuis Chetumal où ils en demandaient le double. Malgré la fatigue je décide continuer ma route à vélo. Après tout, il me reste que 200km pour rejoindre Belize City. Un bateau arrive au loin, je vois un vélo à bord. Un voyageur sort. Somen, un indien qui est sur la route depuis 2004. On échange quelques mots. Il remonte, il fait la route entre Ushuaïa et Alaska, d’une pointe à l’autre des Amériques. Il prévoit encore 2 ans de voyage. Epatant. Je me ballade et tombe sur la fanfare de la ville qui est en train de parader dans la rue. Une cinquantaine dont une dizaine de danseuse. Un doux mélange de couleur. Entre influences européennes, mayas et créoles. Je reconnais un air, « On va danser, on va s’aimer et c’est la vie lalalaa » Ca me donne le sourire. Je suis heureux. Les hôtels en trop cher, je continue à dormir dans mon hamac. Je me trouve un spot au bord de la mer, presque sans moustique. Ayant changé d’heure depuis le Mexique, le soleil se lève une heure un tôt. Il est 6 heure et je me retrouve déjà sur mon vélo. Je décide prendre la route secondaire, pour éviter le trafic de l’autoroute principale. Au bout de quelques coups de pédales, je me retrouve sur une piste de sable et pierre. On est très loin du confort de nos petites départementales françaises. Cette route me fait passer par plein de petits village à commencer par Cobber bank, un village de pêcheur. Il est désert. Je trouve un groupe de pêcheur au bord du lac et entame la discussion. Ils font de la pêche en apnée pour chercher du coquillage, homard. Les plus chanceux trouveront une perle, ou le homard blanc appelé localement « La Cocaïna ». Les béliziens parlent un très bon anglais, c’est le seul pays d’Amérique centrale, mais ils parlent également un très bon espagnol. Deux langues que j’aime bien utilisé. Ils parlent également un créole, un raccourci de l’anglais difficilement compréhensible. « Tranquila, la vida es tranquila ». A part pêcher, il n’y a pas grand chose de plus à faire ici, si ce n’est de fumer des joints. Il est peine 9h, et ils en allument un. Ce peuple est vraiment cool et accueillant. Julian conclut la discussion en disant de toute façon le plus important c’est l’amitié. « L’Amistad ». Je poursuis ma route et cherche à faire le plein de nourriture étant parti très tôt ce matin. Rien à part une micro épicerie avec trois boites de conserve et du coca. Le choix vraiment limité. Je repars avec des gâteaux maisons et des cacahuètes. Je reprends la route, dans cette région entre les villages, il n’y a rien. La piste et autour de moi, la foret ou quelques cultures de maïs ou canne à sucre. Je pédale sans calculer et assoiffé. Je m’arrête au prochain village. Je demande de l’eau à une des rares personnes de ce village. Il me rempli gentiment ma bouteille à l’eau de pluie. Pas d’eau courante potable dans cette région. Je retourne à l’épicerie « Do you have any fruits ? » « No, sorry » En sortant je trouve au sol une orange. Je lève la tête, un oranger. Parfait, je fais le plein de fruits, pour prolonger la route. Je m’arrête au bord d’une lagune pour me baigner et me reposer. Je suis en train de rêvasser, lorsque passe devant deux blancs sur une calèche en salopette, chemise rayée et chapeau de cow boy sur la tête. J’hallucine. Ce sont des Menonitas, où plus communément appelé Amish. C’est une communauté qui vit en marge de la société moderne, sans électricité, et qui cultive ses terres. Je m’arrête au village prochain, Little Belize, à vrai dire il n’y a rien si ce n’est un shop, il est tenu par des Menonitas. J’y commande difficilement une boisson rafraichissante. Ils discutent entre eux, sans se soucier de moi. J’échange quelques mots avec le patron. Cette communauté a des origines lointaines allemandes et ils parlent uniquement l’allemand. Même à l’école on n’enseigne, ni l’anglais, ni l’espagnol. Etrange. Je reprends la route pour rejoindre Orange Walk, la prochaine ville, une vraie ville où je pourrais faire le plein de nourriture et ainsi poursuivre ma route. Après trente bons kilomètres j’arrive en ville, très fatigué. J’achète des vivres au marché, je m’apprête à partir, lorsqu’une forte pluie tombe. Ca me décourage, je vais resté ici pour la nuit. Le maraicher, m’a dit que je pouvais dormir au marché, qui est gardé pendant la nuit, donc pas de problème. J’y retourne à la nuit tombée pour me poser et redécoller le matin aux aurores. Problème, le garde ne me laisse pas dormir dans le marché, en revanche il m’indique un banc sur lequel je peux me reposer quelques heures. Je suis à bout de force, et m’allonge sur ce banc bancale. Impossible de fermer l’œil. Les moustiques se réveillent et commence à me dévorer. Quelques personnes suspectes passent à côté de moi. Je garde toujours un œil ouvert. Je réussi à m’assoupir quelques instants. Une nuit horrible. Il est très tôt, le soleil commence à pointer le bout de son nez. Je décolle en direction de Honey Camp, toujours sur de la bonne piste. Je croise une lagune avec des pêcheurs. Ils me conseillent d’aller me baigner un peu plus loin au prochain lac. J’arrive à Honey camp, et je tombe sur une propriété privée. C’est de même le long du lac. Ils ne vont pas me faire le même coup qu’au Mexique et privatiser les côtes ? Je pédale pour trouver une plage publique pour y prendre ma douche. Trois mecs, m’appellent et le font des signes. Ni une, ni deux, j’y vais, ils sont posé prêt d’une cabane le long du lac. Gustavo est le propriétaire des lieux. On commence à discuter. Il est accompagné de Rigo, où le Rambo alcolo qui est déjà en train de siroter son rhum dès huit heure du mat et Bairon, un nain. J’assiste à un vrai sketch, Gustavo taquine Bairon sur sa petite taille. Il ne le laisse pas respirer, et il lui envoie des pics toutes les phrases. « Bairon es el ultimo hijo de Napoleon » Il danse comme Shakira, Il est dresseur de lions,… Je rigole à moitié, je ne sais plus où me mettre. Gustavo me propose une coco, j’accepte bien volontiers, il va m’en chercher une dans un de ses nombreux cocotiers. Rambo l’alcolo me propose d’y rajouter une goutte de rhum. J’hésite, puis j’accepte. Ca me donnera du courage pour la suite de la route. Il me finit la bouteille dans la coco. Très bon mélange. Je repars full énergie, pour trente nouveaux kilomètres. Mes dernières bornes de piste. Puisqu’en arrivant dans le village de Maskall je retrouve doucement un peu de bitume. Je m’avale une conserve de sardine et fais quelques ploufs dans la rivière. Je reprends la route, pour pas très longtemps car à la sortie de la ville, je tombe sur une énorme fête. Je suis obligé de m’arrêter. C’est la fête annuelle de la ville. J’arrive pile poil au bon moment. Un tournoi de foot, de la bouffe dans tous les coins, et un concert. L’ambiance est très chaude, groupe créole qui met le feu, la bière coule à flot, ça danse collé serré, les femmes se déhanchent d’une façon improbable sur le dancefloor. Un de percussionniste me fait bien rire, tapant sur sa carapace de tortue. La musique commence à me faire bouger, mais je ne me sens pas d’aller danser sur la piste. Et puis il est l’heure d’y aller, je n’ai pas envie de retrouver un nouveau sur un banc. Je roule à nouveau. Une petite heure, jusqu’au village de Lucky Strike. Il faut que je trouve un endroit pour mon hamac. Je salue les habitants. J’aime bien la gueule de ce rasta, en train de tronçonner un bout de bois pour un faire un plat. « Hey man, do you know where I can put my hamac tonight ? » « Yes sure, find a tree around my house ». Parfait et du premier coup. Lucky Strike. Il a une famille impressionnante, il a sept gamins, tous les plus mignons les une que les autres. Très gentiment, sa femme Jerusha, m’offre à manger, riz et poulet frit avec une merveille de sauce barbecue. Je vais pour installer mon hamac lorsque Jerusha, me signale, qu’elle me prépare un lit dans la maison. La maison est petite, et il y a beaucoup d’habitants. Elle insiste. Après tout, ça ne me fera pas de mal un vrai lit. On part saluer sa mère, qui habite la maison d’en face, et qui à l’habitude d’accueillir des visiteurs. Michelle, est en train de préparer, le Jonnny cake, un pain cuit dans un four artisanal, une grande marmite, avec des braises en dessous et un feu au dessus. Un four artisanal. Elle a le cœur sur la main. Ses deux passions la cuisine et les enfants, elle a adopté deux filles. Ils ont une grande, belle et heureuse famille. A vrai dire, tout le village appartient à leur famille. On retourne à la maison Robert et son ami Bigs, boivent une bière et m’en offrent une. On papote. Puis on se couche. J’aide à préparer le petit dej pour la famille, je suis chargé de faire frire le pain, Robert s’occupe de faire une omelette. Jerusha fait prendre la douche aux enfants, avant qu’ils ne parlent à l’école dans le fameux school bus. Robert part dans la foret pour tailler du bois. Et moi, je fais mon sac, et reprends la route. Cette nuit dans cette famille a été merveilleuse, j’adore partage ce genre de moment, c’est ce qui me fait aimer le voyage. Il me reste une bonne cinquante de borne pour rejoindre Belize City.
Ca y est challenge relevé, je suis arrivé à Belize City à vélo, trois semaines après avoir quitté Mérida et 800km plus tard. Ce sont certainement mes derniers kilomètres à vélo également…
Je fais trois courses en ville, car la vie est chère sur l’île. Et me rend au port, pour rejoindre Caye Caulker, ca y est les prix sont abordables ici, et je débourse 15$ aller retour plus 10$ pour mon vélo. Après une heure je débarque sur la petite île. Ce soir je m’offre un hôtel, à vrai dire je n’ai pas trop le choix, car le camping est interdit. J’arrive au Drifted coco, mon hôtel. La gérante me fait faire le tour des lieux avec un pet à la main. Rien d’extra mais ca fera largement l’affaire. Le plus de cet hôtel est qu’il y a des canoe en libre service. Le soleil va se coucher, je saute rapidement dans un canoe pour observer le magnifique coucher de soleil sur une eau bleu turquoise.
Le lendemain, je profite du confort de l’hôtel, pour méditer sur mes plans. J’ai plein d’idée en tête pour terminer mon voyage. Rentrer en Europe en voilier avec Soso et Doudou, sympa mais je ne pense pas encore avoir l’expérience pour ce genre de traversée ; aller travailler sur le coupe du monde en Russie avec Eliot, mon cousin, encore plus sympa mais on n’a pas trouver de producteur pour nos mini reportages ou alors je rentre simplement en France pour des vacances bien méritée! Ca y est c’est décidé en rentre directement à Paris. Ca fait bizarre de ce dire que c’est bientôt la fin. Après près de 5 mois. Mais toutes bonnes choses ont une fin. Je profite de cette dernière journée, pour ne rien faire, le genre de journée qui ne m’arrive que trop rarement. Je me motive tout de même pour un tour de canoe avec deux mecs de l’hôtel. On se lance tels des pirates partant à la découverte de l’île au nord de Caye Caulker, bouteille de rhum et ligne de pêche aux mains. Faute de matériel approprié, nous avons une pagaie et deux planches de bois, nous avons seulement réussi à aller nous échouer sur la seule plage de l’île. A notre retour, je fais un tour, et je tombe sur le stade de foot. Le sport favori des Béliziens. Je ne peux pas m’empêcher de les rejoindre. Une bonne vingtaine de personne son sur le terrain. Ca se chauffe avant le grand match. D’un côté les latinos, de l’autre les rastas. Je repère directement la grande gueule, Le Zlatan Bélizien, qui se prend pour un dieu des stades. Le match commence 11 contre 11. Je joue face à lui, il est numéro 9, je ne le lâche pas d’une semelle. Ce qui l’embête beaucoup et le fait râler. Il n’arrive pas un marquer. Et on finit par les battre. Je rentre pour diner et me coucher, mais je me fais alpaguer par mes coloc pour sortir boire un coup. Ca fait longtemps que je n’ai pas bougé mon popotin, je me laisse tenter, surtout qu’au Belize les gens aiment la fête. Et ca ne loupe pas, j’arrive au bar, regeaton à fond, l’ambiance est chaude, et les femmes aussi. Un groupe de quatre se frottent comme pas possible à tous les gringos, remuant leur arrière train sur le sexe des hommes. On remarque directement qu’on a pas le même déhanché que les locaux, mais on donne tout pour se mettre à leur niveau. Je rentre me coucher, épuisé.
Je me lève tôt, trop tôt, il doit être 4h30, le norvégien avec qui je suis sorti est à poil dans son lit, étrange. Et dans la salle de bain, il y a de la merde un peu partout, encore plus étrange. Qu’est ce qu’il a bien pu se passer? Personne ne sait, encore moins l’intéressé. Bref, je pars observer le lever du soleil, discute avec quelques pêcheurs, qui se préparent pour la réouverture de la saison du homard, en restaurant leurs casiers. Il ne me sera pas possible d’y gouter. Dommage. Il faudra revenir. Je me mets un coup de speed, je veux partir aujourd’hui au plus vite. Je prépare pour préparer pour la dix millième fois mon sac. Les aventures ne sont pas tout à fait terminées, je vais en direction du Guatemala, car de là bas, je trouverai un vol bien moins cher que du Belize. J’embarque sur le petit bateau à moteur, qui me ramène sur la terre ferme, c’est officiellement le dernier bout de chemin que je fais avec mon vélo, mon Jaguar. Car je dois m’en séparé au plus vite. En arrivant à Belize City, il y a 3 jours, j’avais fait un tour de repérage pour savoir à combien on me reprenait mon vélo, un pawn shop, me le reprenais pour 50$. Coup d’acquisition 90$. Je pose le pied à Belize City, je demande mon chemin, à la superette de l’embarcadère. Et Je demande à tout hasard, s’il sait où je peux vendre ma bécane. « How much do you want for it ? » « 70 USD » « I buy it for 50$ » Je suis stupéfait, je ne pensais pas qu’il allait me faire une offre. Je négocie avec le mec, pour qu’il m’en offre un peu plus, j’ai la preuve d’achat et plein d’accessoire en plus. Après quelques instants de réflexion il me propose 60$. J’accepte directement. En cinq minutes la vente est bouclée. Improbable. Et il n’a même pas essayé le vélo. Encore plus improbable. Mais c’est à contre cœur que je me sépare de lui. C’est vraiment l’une des meilleures façon de voyager, la plus sportive certes, mais celle qui t’ouvre toujours des portes insoupçonnée. Allégé, je me rends à la gare routière. J’ai loupé le bus qui m’amène directement à Guatemala City. Je décide donc de faire une halte juste a frontière. A San Ignacio. Je prends pour la première fois le bus local. Des school bus américains, qui sont repeint de toutes les couleurs, les chicken bus. Pourquoi ce nom ? Je n’en sais rien. Ils sont robustes mais inconfortables. En quatre heures j’arrive dans cette petite ville. J’hésite à me faire une nuit à la belle étoile mais j’opte finalement pour une auberge. Je retourne en ville, pour manger un bout. Je commence à taper la tchache avec un rasta que j’avais croisé en arrivant dans la ville. Il essaye de me refourguer une de ses pipes à fumer. Mais je n’en veux absolument pas. Il est obligé de vendre des petites babioles pour arriver à s’en sortir. Je lui dis que ca marchera forcement mieux avec des personnes légèrement éméchés. Il veut que je lui offre un coca. Avec plaisir. Il m’accompagne dans le magasin. Il propose de prendre une tite bouteille de rhum pour aller avec. Je lui fais plaisir. On se pose dans la rue, je commande un rice and bean, on sirote notre breuvage, on refait la vie, on s’en prend une deuxième. Il m’apprend quelques mots de créole. « Wai di go on ? » What is going on ; « Da so I go » thats the way it is. Il joue de la musique et veut me faire partager sa musique. Forcement il veut une contrepartie financière et moi je veux fumer un joint. Je lui donne un billet pour qu’il fasse les emplettes. Il me dit d’attendre quelques minutes. Les minutes passent, passent et passent. Toujours personne. Je m’en veux de lui avoir lâché le billet. C’était évident qu’il n’allait jamais revenir. Je suis tombé dans le panneau comme un bleu. Après une heure, à parler à d’autres gens qui squatte la rue, dont un mec qui se ballade en scooter, enceinte branchée à la batterie de son deux roues, la musique à fond. C’est apparemment une star de la télé bélizienne, il amine le « Pandy Show ». Il faut que je vérifie cela. Bref, après une heure, je commence à décourager et songer à aller me coucher. Je vois une petite tête au loin, c’est lui, et il ne pensait pas me voir encore là. Je lui demande mon du. Pas évident, mais je réussi à tirer mes trois lattes, pour bien dormir.