LA PRÉHISTOIRE

On peut imaginer que le handicap a touché l’homme dès le début de l’histoire de l’humanité.

Valérie Delattre, archéo-anthropologue, qui a écrit un livre aux éditions le Pommier "Handicap, quand l’archéologie nous éclaire". Une plongée passionnante dans le passé lointain, où l’auteur se pose la question de l’intégration des personnes handicapées.

Qu’apprend-on à ce sujet ?

"On sait que de nombreuses personnes ont vécu longtemps avec des fractures irréversibles. Leur quotidien était totalement chamboulé. Pourtant, ils n’étaient pas rejetés". Ainsi, sur des vestiges très anciens, les fouilles révèlent que la bienveillance des humains à l’égard des plus vulnérables ne date pas d'aujourd'hui. Valérie Delattre, cette archéo-anthropologue de l’INRAP.

  • 100.000 ans avant notre ère

Sur le site de Qafzeh en Israël, les archéologues ont mis au jour les restes d’Homo sapiens. Parmi eux, ceux d’un enfant atteint d’une forme d’hydrocéphalie (troubles neurocognitifs) qui a dû entraîner une perte d’autonomie. cet enfant a eu un accompagnement soutenu de la part de son entourage et a bénéficié d’un traitement funéraire unique, qui témoigne de l’attention que la communauté lui a portée. Et fait très rare pour l’époque, cet enfant gravement malade, partage sa sépulture avec un jeune adulte. Cette double sépulture montre que ses proches ont souhaité l’accompagner et le protéger également dans la mort. En ce qui concerne l’intégration de cet individu au sein de sa communauté, la mise en évidence d’un rite funéraire particulier lui étant consacré (dépôts de bois de cervidés sur ou près du corps associé à une offrande), tendrait à démontrer la compassion et la considération du groupe vis-à-vis du handicap et de l’infirmité dans les sociétés préhistoriques de chasseurs-cueilleurs.

Moulage de la sépulture de l’enfant
  • 45 000 ans avant JC

Le site préhistorique de Shanidar est situé sur les contreforts du Zagros septentrional (proche du mont Bradost), dans la province d'Erbil du Kurdistan irakien, dans le nord-est de l'Irak. Dans les années 1950, l'archéologue Ralph Solecki, avec des collègues de l'université Columbia (États-Unis) et des travailleurs kurdes, a découvert les os fossilisés de 8 adultes et de deux enfants de Neandertal dans la grotte de Shanidar. un des hommes retrouvés : le Néanderthal Shanidar 1, Il avait subi de nombreux dommages au crâne (oreille et orbites) mais également à la jambe et au bras.Fortement handicapé, le néandertalien devait avoir des problèmes d'audition et de vue, aggravés par des difficultés à se déplacer. Selon des conclusions ont été publiées dans la revue PlosOne. Les blessures, infligées a priori lorsqu'il était plus jeune, ont eu plusieurs conséquences : le néandertalien avait probablement une déficience visuelle, un avant-bras amputé, et des problèmes d'audition. Il devait se déplacer avec difficulté du fait d'une colonne vertébrale peu mobile (arthrose dégénérative). A tous ces désavantages la nouvelle étude ajoute des excroissances osseuses dans ses conduits auditifs. L'ampleur des dommages démontre que l'individu était totalement sourd, ce qui était un handicap supplémentaire très important pour la vie au Paléolithique.

Le Pr Ralph Solecki en 1960 à gauche (photo : Smithsonian Institution)

Les chercheurs sont persuadés que Shanidar I, privé de sens auditif, malvoyant, se déplaçant avec difficulté et ne pouvant utiliser qu'une seule main, n'était de ce fait pas du tout autonome. Il apparaît également que ces désavantages rendaient cet hominidé très vulnérable dans un contexte Pléistocène. Chasseur-cueilleur au Paléolithique était un véritable défi permanent. Ces difficultés naturelles auraient été accentuées par les troubles sensoriels (auditifs et visuels) de l'homme. À l'instar d'autres Néandertaliens qui ont survécu à diverses blessures et à une utilisation limitée des bras, Shanidar1 a probablement eu besoin d'un soutien sans faille de son entourage pour atteindre l'âge de 40-50 ans (un vieil homme selon les standards paléolithiques !). S’il n’y avait pas eu des copains solidaires à lui aider, il aurait guère vécu. Il semble que la tribu de Shanidar lui a particulièrement favorisé, protégé contre les dangers, ainsi que lui a donné une fonction productive

Pour Erik Trinkaus (est un paléoanthropologue spécialisé sur Néandertal et sur l'évolution humaine) "Plus que sa perte d'un avant-bras, d'une mauvaise boiterie et d'autres blessures, sa surdité aurait fait de lui une proie facile pour les carnivores omniprésents dans son environnement. Il était de ce fait très dépendant des autres membres de son groupe social pour survivre". L'empathie et l'entraide qui découlent de cette étude indique que ces caractéristiques ne sont pas l'apanage d'Homo sapiens, mais que les Néandertaliens étaient aussi « humains » que notre espèce ! Les infirmités de Shanidar 1, et en particulier sa perte auditive, renforcent ainsi l'humanité fondamentale de ces humains archaïques tant décriés, les Néandertaliens".

Quelques renseignements sur le néandertalien

  • Les repères

Les Homo neanderthalensis ont vécu en même temps que nos ancêtres Homo sapiens pendant plusieurs milliers d’années en Eurasie. Les premiers ossements retrouvés associés à l’espèce ont été découverts en 1856 dans une carrière du vallon de Neander en Allemagne (Neandertal en allemand). Ce n’est que plus tard que d’autres restes fossilisés mis au jour plus tôt lui ont été associés.

  • Des comportements funéraires

Lors de fouilles menées au siècle dernier, l’archéologue américain Ralph Solecki et ses collègues de l'Université de Columbia avaient découvert que certains des corps étaient regroupés. Les scientifiques avaient aussi remarqué la présence de pollen autour de certains squelettes.Le Pr Solecki avait même avancé qu’il s’agissait probablement d’une preuve que les Néandertaliens enterraient leurs morts en présence de fleurs. Certains de ses collègues avaient critiqué cette théorie, affirmant que des animaux, ou même les archéologues eux-mêmes, avaient peut-être transporté le pollen dans la grotte. Il faut savoir que l’interprétation du Pr Solecki était controversée pour l’époque, puisqu’elle laissait à penser que cette espèce disparue du genre Homo était capable d’un certain raffinement culturel. Ce qui défiait l’idée selon laquelle ces sous-hommes trapus n’étaient pas très intelligents et qu'ils étaient plus proches de l’animal que de l’humain. D’autres études menées plus récemment ont montré que l’Homo neanderthalensi était une espèce complexe, capable de compassion et d’entraide, mais surtout qu’elle était plus intelligente qu’on le pensait.

  • Les récentes fouilles

Lors de fouilles menées en 2018 et 2019, l’archéologue Emma Pomeroy et ses collègues associés à l’Université de Cambridge ont analysé les sédiments autour du squelette à l’aide des techniques actuelles pour constater la présence de pollen ancien et d'autres restes de plantes minéralisées.

  • Moins de 10 000 ans

Les fouilles archéologiques ont aussi révélé qu’à partir du néolithique il y a on trouve des neuro-chirurgiens de la préhistoire qui interviennent de façon méticuleuse pour trépaner des crânes avec des silex. Les vestiges indiquent que l’homme a été capable très tôt de soulager et appareiller les corps malades par des efforts faits pour réparer ou compenser des corps abîmés, comme d’anciennes traces d’interventions chirurgicales et de prothèses rudimentaires.

Voilà donc, les plus anciens prédécesseurs à la reconnaissances du handicap dont nous avons connaissance.

PARTIE 2

ANTIQUITE

I. LES EGYPTIENS

Ce peuple reste la plus accueillante envers les personnes handicapées. En effet le peuple égyptien considère que les nouveaux-nés atteints de malformation ou «simples d'esprit» dès leur première année de vie doivent être acceptés par la société. Ils pensent qu'ils sont touchés par la grâce des dieux. C'est de cette façon qu'un nain de haute condition appelé, le nain Sénès a épousé une princesse et personne n'y vit aucun inconvénient. Le code de lois d'Hammurabi de 1792-1750 avant J-C est un texte juridique babylonien qui aborde le thème du «juste souffrant». Toutes les personnes atteintes d'un handicap sont concernées. Les droits de ces derniers y sont présentés par exemple nous trouvons celui-ci «que le fort n'opprime pas le faible» Cependant quel que soit leur nationalité ou leur âge les personnes handicapées subissent toujours les regards négatifs d'autrui. De ces regards s'ensuivent différentes attitudes

A. Progrès des prothèses fonctionnelles en Egypte

La première prothèse égyptiennes dont on connaît l’existence ont plus de 2600 ans. Cette prothèse, faite à partir de bois et de cuir, a permis de remplacer les deux orteils manquants d’un individu, à présent momifiée . Elle présente de plus des traces d’usure, attestant de son utilisation et de son authenticité. Cette prothèse est étonnante par sa ressemblance à la réalité et son ingénieux système de fixation. De plus, elle dénote des organes grossiers qu’avait l’habitude de créer les embaumeurs égyptiens. Découverte par des chercheurs allemands au sein d’un sarcophage égyptien conservé au musée du Caire, elle a ensuite subi différentes analyses. Une seconde identique, portant le nom du chercheur l’ayant découverte au British Museum en 1881, est quant à elle fabriquée de papier mâché, mélangeant lin, colle et plâtre. Cela nous prouve que l’utilisation de ces membres artificiels était courante à cette époque, toujours dans le même but de recherche de praticité. En effet, les orteils sont indispensables à l’équilibre des êtres humains ainsi qu’à leur déplacement, le plus gros orteil concentrant 40% du poids du corps lors de la marche. En 2011, des chercheurs de l’université de Manchester ont cherché à démontrer leur efficacité. Il a donc été demandé à des amputés de les essayer et il s’est avéré que ces prothèses, malgré leur fabrication primitive, sont très confortables ainsi que fonctionnelles, puisqu’un des volontaires a très bien réussi à marcher avec.

B. Les problèmes mentaux

Ils ne sont pas traités car à cette époque, ils ne voient pas la différence entre le corps et le psychisme. Ils ont une vision religieuse qui ne reconnaissent pas ça comme une maladie mais plutôt comme une manifestation du divin :

  • Pour les Hommes :

le handicap était le signe de la colère des Dieux

Aristote Hippocrate apportera un début de différentiation en distinguant des troubles mentaux tels la phrénétis, la manie ou la mélancolie et l'hystérie en interprétant ce trouble par un déplacement de l'utérus dans le corps de la femme. Les transes hystériques quasi identiques aux crises d'épilepsie. Il avait été ainsi établi un lien de nature divine. Il a mis en place la théorie des 4 humeurs. La théorie des humeurs fut l’une des bases de la médecine antique et Platon pensent que l’origine de cela est divine

Elle est alors le début de la rationalité vis-à-vis des maladies :

Pythagore est le premier à dire que le cerveau est l’organe de l’intelligence humaine et le siège des maladies mentales.

A partir de cette époque, les hommes ne se contentent donc plus d’observer le monde mais aussi eux-mêmes (comme l’a fait Cicéron au Ier siècle av. J-C :

D’après lui c’est l’homme qui se contrôle et non les Dieux donc quand il y a un problème au niveau mental, ce n’est pas un Dieu qui fait ceci, mais l’Homme dans sa façon d’être.

On peut citer des Pharaons en situations de handicap qui ont vécus leur règne sans obstacle pour leur peuple :

Toutankamaon

Le Pharaon Toutankhamon a une mâchoire inférieure trop reculée ainsi que de larges hanches féminines. ll était également atteint de la maladie de Köhler, qui s’attaque aux os du pied et cause de grandes douleurs, affirment les scientifiques (La maladie de Köhler-Mouchet se caractérise par la mort (nécrose) du scaphoïde tarsien (os situé au niveau de la voûte plantaire) en raison de l'arrêt de son apport sanguin. Dans le précieux sarcophage et son immense trésor, la tombe de Toutankhamon comprenait également environ 130 cannes. Il avait une autre particularité : la jambe gauche plus courte de 3 cm avait un pied-bot un orteil de moins au pied droit.

Les Pharaons Amenhotep III*(mort à 50 ans), Ramsès II* (mort à l’âge avancé de 87 ans), son fils Merenptah* (mort à 55 ans), et Ramsès III* (mort à 60 ans). Elles présentaient les mêmes signes d’une hyperostose vertébrale et ankylosante. Cette pathologie provoque :articulaire (une hyperostose vertébrale ankylosante (maladie de Forestier) est une pathologie articulaire assez méconnue. Elle est caractérisée par une ossification ou calcification des ligaments de certaines articulations. Les symptômes sont très variables d’un patient à un autre, mais se traduisent le plus souvent par des douleurs et des raideurs au niveau du dos. Cette pathologie semble par ailleurs concerner plutôt les hommes.

II. Les Grecs et les Romains

  • Ils différencient les handicapés mentaux et physiques.

  • Ils se préoccupent de la destinée de ceux qui souffrent d’une infirmité acquise suite à un accident, une maladie ou des blessures de guerre.

Vase Grecque

A l’époque classique de la cité grecque, une allocation est pour les personnes infirmes dont les ressources étaient faibles. Cette pension, renouvelable annuellement, est accordée ou non par le Conseil d’Athènes chargé d’examiner les demande.

Dans la mythologie grecque, Héphaïstos, selon les sources, est le fils d'Héra et de Zeus. Il est habituellement représenté sous les traits d'un forgeron boiteux. Lorsqu'elle lui donne le jour, elle le trouve si laid qu'elle le jette en bas de l'Olympe, et c'est de cette chute que daterait sa claudication. C’est aussi le cas d’Œdipe. Exposé par son père, roi de Thèbes car né d’une alliance impossible, avec un pied difforme, il est chassé pour écarter le malheur de la cité.

En Italie du temps des ROMAINS

Sainte Lucie de Syracuse que vous trouverez ci-dessous un résumé de sa vie a su surmonter bien des épreuves du fait de son martyr mais aussi qu’elle avait une particularité. Elle est née avec les deux pieds bots et mais je ne peux confirmer avec certitude l’un devait être équin. Cette malformation des pieds rendait ses déplacement pédestre plus difficile...

HISTOIRE DE SAINTE LUCIE

Fête de Sainte Lucie : le 13 décembre Lucie vient du mot latin lux qui signifie la lumière. Elle est née en 283 ap. J.-C à la fin de la période de l’antiquité.Certains la font mourir en 303, d'autres en 304 ou même en 310

Sainte Lucie est la patronne des aveugles et des électriciens.Lucie vivait à Syracuse, en Sicile au IV ème siècle ; elle était issue d'une famille de nobles.Sa mère souffrait d'un flux de sang incurable. On disait qu'une nuit de prière sur la tombe de Sainte-Agathe permettait de grands prodiges. Lucie vint avec sa mère à Catane pour prier sur ce tombeau.

En priant pour la guérison de sa mère, Lucie s'endormit et elle vit Sainte Agathe lui dire :

"Lucie, ma sœur, pourquoi me demander ce que ta foi a pu obtenir par elle-même ? Ta mère est guérie. Tu seras bientôt la gloire de Syracuse comme je suis la gloire de Catane."

En remerciement, Lucie décida de faire don de tous ses biens et de sa dot aux nécessiteux. La jeune fille refusa de se marier, renonça à tous ses biens en faveur des pauvres pour se consacrer toute entière à Dieu. La légende raconte qu’un jeune païen tomba amoureux d’elle mais que Lucie le repoussa. De rage, il la fit arrêter par les soldats de l’empereur de Rome.Elle fut alors emprisonnée torturée puis décapitée. On raconte que Lucie aurait demandé à son fiancé pourquoi il tenait tant à elle, il lui aurait répondu « Vos yeux ». En réaction, la jeune fille s’arracha les yeux et les lui offrit, mais la vierge Marie aurait rendu la vue à Lucie avec des yeux encore plus beaux ! Les reliques de sainte Lucie se trouve à Venise, dans l'église San Geremia.

Peinture de Gandolfino da Roreto (1493-1518)
Relique de Sainte Lucie à Venise en Italie
son handicap les pieds bots

III. Chez les Hébreux

C’est Dieu (Yahvé) qui gère la santé et la maladie, donc on a encore une vision religieuse.En Israël, les aveugles, les boiteux, les lépreux, les prostituées... sont considérés de la même façon. Ils sont exclus, ne peuvent pas occuper un poste au milieu de la congrégation. Un interdit leur empêche l'accès au culte et au rituel qui est soi-disant une exclusion mais qui protège la personne handicapée. Mais cela a changé lorsque Jésus dit un jour que les handicapés seront les premiers à entrer dans «le royaume de dieu» dès lors l'interdit rituel et culte fut brisé. Les personnes handicapées atteignirent alors une dignité supérieure.A partir de ce moment là les personnes handicapées de toute culture, de toutes nationalité et de tout âge sont considérées comme des génies ou détenant des pouvoirs divins.

IV. En Mésopotamie

La découverte d'une tablette en écriture cunéiforme datant de 2800 av. J-C met en évidence une perception du handicap (un système d'écriture en Basse Mésopotamie entre 3400-3300 av. J.C

Le mythe d'Enki et Ninmah

La création de l'Homme est expliquée dans un mythe dit d'Enki et Ninmah. Il date du milieu du IIè millénaire, et a probablement été inspiré de l'Atra-hasis. Les dieux, tous nés de la mère primordiale Nammu résident sur Terre, où une première catégorie vit tranquillement alors qu'une seconde travaille pour tous. Les seconds commençant à protester, Nammu demande à Enki de chercher à créer une créature dont le rôle sera de travailler à la place des dieux secondaires, et pour tous les dieux, rendant ainsi leur vie plus facile. Ce dernier ne tarde pas à trouver une idée et dit à sa mère de façonner

Fresque murale où est représenté le mythe

cette créature avec de l'argile puisé à la surface de l'Abîme, dans un moule qu'il confectionne, avec l'aide de la déesse Ninmah (la parèdre d'Enki) et d'autres divinités, puis de leur donner ensuite vie. Cet ouvrage, l'Homme, trouve un accueil très favorable de la part des dieux, qui se réunissent autour d'un grand banquet pour fêter l'évènement. Au cours du repas, Enki et Ninmah sont passablement éméchés. Cette dernière lance un défi à son époux : elle donnera la vie à d'autres êtres humains qui seront "imparfaits" (un être asexué, une femme stérile, un boiteux, etc.), et met Enki au défi de leur trouver une tâche dans la société. Celui-ci y arrive haut la main. Puis il lance à son tour un défi identique à sa femme, en créant un être humain informe). Ninmah n'arrive pas à lui trouver une tâche, et perd le duel.

On voit ainsi que ce récit cherche à répondre à plusieurs questions que se posent les hommes : leur raison d'être et pourquoi il existait des êtres "imparfaits" à leurs yeux.

REPRÉSENTATIONS DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP

LES SOURDS

  • Les représentations des Sourds varient selon les peuples.

  • Pour les Égyptiens et les Perses les Sourds étaient l'objet de la sollicitude religieuse du peuple. Leur surdité et leurs gestes étaient perçus comme les signes visibles de la faveur céleste.

  • Pour les Hébreux, la surdité appelait la compassion et le respect

  • Pour les Grecs et les Romains les Sourds étaient rejetés et considérés comme relevant d’une imperfection de la nature.

Dans les textes religieux

  • Le Talmud

le traité Guitin 59a : "Quand le sourd fait un signe, nous pouvons le lui rendre".

Au 3ème siècle, dans le cadre de l’ancien Droit romain, selon lequel le sourd ou le muet ne pouvaient faire de testament sans la permission du Prince ou se marier de peur que l'homme ou la femme ne comprenne pas les charges et les devoirs du mariage. Il s’agissait d’un préjugé qui pensait que le sourd-muet ne comprenait pas.


  • Texte biblique

Lévitique 19,14 : "n'insulte pas un sourd"

Quelques dates

  • Entre les années de l'an - 427 à - 347

Pour le philosophe Platon, il utilisait le mot « logos » pour signifier à la fois “la parole” et “la raison”. Trace aussi retrouvée au sein du manuscrit le Cratyle qui mentionne des rencontres de sourdston. Platon est plus mesuré, il conçoit un langage gestuel possible. "Si nous n'avions point de voix ni de langue et que nous voulions nous montrer les choses les uns aux autres, n'essayerions-nous pas comme le font les muets de les indiquer avec les mains, la tête et le reste du corps". Le Cratyle, 34.

  • Entre les années de l'an - 384, - 322

Aristote est un philosophe grec de l'Antiquité , qui interprétait la surdité comme une double affection, remarquait qu’un sourd de naissance ne pouvait converser, et que l’aveugle-né était d’une intelligence supérieure au sourd de naissance. L’absence de parole s’assimilait ainsi à une carence de la raison.


  • Au alentours de l'an 388

Le Maître est un texte écrit par le théologien chrétien et philosophe Augustin d'Hippone, vraisemblablement aux alentours de 388. Le dialogue implique deux partenaires : Augustin dans la posture de l'enseignant d'une part et son défunt fils Adéodat "N'avez-vous pas vu comment les gens entretiennent une sorte de conversation par gestes avec les sourds et de la même façon comment les sourds-muets posent des questions et répondent, enseignent et indiquent tous leurs désirs. De la sorte sont décrites les choses visibles mais auussi le son et des choses du goût...?" De magistro, chapitre 3.

LA VISION RELIGIEUSE DES AUTRES HANDICAPS

Lévitique 19,14 : "ne mets pas d'obstacle devant un aveugle"...

Dans l’Ancien Testament, dans le Psaume 115, 4-7 l :

Les "idoles païennes" sont décrites comme "pluri-handicapées" :

"Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n'entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas. Leurs mains, mais elles ne touchent point, leurs pieds, mais ils ne marchent point, de leur gosier, pas un murmure !"

Quelle interprétation a donner : celle qui va dans le sens de l'inclusion ou de l'exclusion ? Libre à vous de juger ce qu'on veut bien voir ou croire ...