LE CHEMIN DES DIFFÉRENCES

AU XIXe SIÈCLE

  • Les personnes handicapées deviennent un sujet de littérature : Victor Hugo (1802-1885), veut que « la littérature soit un miroir de la vie universelle », c'est à dire qu'il veut que les œuvres littéraires représentent les différences des gens et qu'elles les aident à s'accepter et à accepter les autres. Par exemple, avec Quasimodo (personnage de Notre-Dame de Paris), qui est né borgne, bossu et boiteux.

  • Il apparaît des progrès médicaux, spécialement sur les prothèses fonctionnelles en cuir bouilli au cours de ce même siècle et tous les domaines de la réparation chirurgicale ont continué à progresser.

  • L’obligation scolaire «argument nouveau au point de vue de l’assistance, du traitement et de l’éducation des enfants ayant un retard mental» avec la création de classes spéciales.

  • Un nouvel intérêt émerge pour les maladies de l’esprit et pour les enfants considérés comme déficients mentalement, avec des médecins et des éducateurs, comme d’Esquirol qui cherchent à mettre au point de nouvelles méthodes médico-éducatives. De plus pour les handicapés mentaux, la seconde moitié du XIXe est marqué par un envoie à l’asile. A cette période, ils sont envoyés à la campagne, et si possible le travail agricole leur est donné en fonction de leur capacité. Le plus grand asile d’Europe se situe à Fitz-James (près de Clermont), on y accueillait environ 5000 malades. Ce site se fermera vers 1880.

  • Jean-Etienne Dominique Esquirol (psychiatre français) fait voter la loi de 1838 obligeant chaque département à se doter d'un hôpital spécialisé en psychiatrie.

Cette loi de 1838, qui va rester en vigueur jusqu'à une date récente, prend des mesures d'assistance et de protection, définit l’'incapacité civile, l'irresponsabilité pénale et ordonne le placement d'office dans ces établissements spécialisés des individus jugés dangereux pour eux-mêmes et pour autrui.

Début du XIXe siècle

L'ESSOR DES ÉTABLISSEMENTS ORTHOPÉDIQUES

Un des établissements

Les savoirs sur les affections du corps sont profondément modifiés par les bouleversements des conditions de formation et d’exercice de la médecine, sous l’impulsion de l'articulation de la clinique hospitalière, de l’anatomie pathologique et des sciences physico-chimiques naturelles”. Et dans une société où croît l’encombrement des carrières libérales (particulièrement en médecine), ces établissements donnent à leur fondateur à la fois un espace pour pratiquer leur art et une ressource économique. De manière générale, les sources de l'époque permettant de faire l’histoire de l’essor par l'ouverture d' un établissement 1829 en se diffusant en province, comme en témoignent les prospectus des établissements Montpellier, Rouen en 1830 ou Lyon en 1841, ainsi que de nombreux articles ou traités à propos des établissements de Nancy en 1829 , de Dijon en 1838 et de Strasbourg en 1854, dans les paragraphes suivants notre propos se concentrera tout de même largement sur les établissements parisiens, montpelliérain et strasbourgeois.

LE PREMIER ÉTABLISSEMENT ORTHOPÉDIQUE

Établissement de François Humbert

François Bouvier
Appareil orthopédique

François Humbert (1776-1850) reçoit une jeune personne souffrant d’un renversement du bassin. Après de nombreuses hésitations, il commence un traitement, usant à la fois de bains de vapeur et de moyens mécaniques de son invention. Après quelques semaines de soins, la patiente commence à marcher sans claudication. Suite à cette guérison, il ouvre en 1817 le premier établissement orthopédique français qui accueille environ trois cents patients dans le village de Morley (Meuse). Passionné d'anatomie et de mécanique, il y propose de nouveaux traitements de la scoliose et de la luxation congénitale de la hanche. Il ouvre ensuite un établissement qui est réservé aux femmes, réputées souffrir plus de déviations de la colonne vertébrale et de luxations de la hanche en accueillant jusqu’à une vingtaine de jeunes filles simultanément. Il crée également un atelier où il fait construire ou perfectionner de nombreuses machines orthopédiques pour ses patientes curopelvimètre, hygromètre, lits et fauteuils orthorachidiques, appareils extenseurs, corsets, etc

ÉVOLUTION ET CRÉATION DE LA CHIRURGIE

Ce siècle est révélateur de la prise de conscience à prendre pour l'amélioration des patients à la prise en charge des pathologies malformations, traumatiques et dégénératives, ainsi que les publications. Un ouvrage du parisien de Saint-Germain, la chirurgie orthopédique corrige toutes les déformations de l'enfant, du bec de lièvre est un bel exemple...

Quelques grands précurseurs de la chirurgie :

  • Dominique Jean Larrey* (1766-1842), qui a compris l’urgence des soins à apporter aux blessés de guerre, à proximité du champ de bataille.

  • Guillaume Dupuytren* (1777-1835) personnalité chirurgicale importante de son époque, qui s’est beaucoup intéressé à l’appareil locomoteur

Le père fondateur de l'orthopédie pédiatrique et pionnier des ténotomies

Jacques Mathieu Delpech

Jacques Mathieu Delpech (1777-1822)

Avant-gardiste par l'utilisation des ténotomies afin de redresser un membre, un segment de membre ou un organe pour redresser les pieds bots et même des ténotomies pour scoliose et diverses attitudes vicieuses à l'orthopédie… Il a posé les bases physiopathologiques de la croissance osseuse en comprenant le jeu de sollicitations réciproques et leurs conséquences sur la morphologie ostéo-articulaire. Il va accorder à la gymnastique dans ses traitements des difformités de la colonne vertébrale et d’autres affections orthopédiques.Son établissement constitue un lieu pionnier en France. Delpech occupe pour l’orthopédie du premier 19e siècle. Il eu une triste mort car il est tué avec un fusil par Jean Demptos, un négociant bordelais qu'il avait soigné et qui se suicide aussitôt.

Établissement de Henry Bouvier

chirurgien Bouvier
Chaussure orthopédiques

Le chirurgien Henri Bouvier (1799-1877)

Il se spécialise dans l'orthopédie et ouvre en à Chaillot, un des premiers établissements orthopédiques pour le redressement des courbures du rachis au moyen de lits mécaniques. Il publie en 1854 un Mémoire sur la cause et le traitement du pied bot. "On donne le nom de bottines mécaniques aux appareils mécaniques ayant une bottine pour support ou pour pièce principale. On peut distinguer deux classes de bottines mécaniques, les bottines prothétiques et les bottines orthopédiques."

La continuation de la progression de la chirurgie orthopédiques pour les pieds bots

Louis-Alexandre de Saint Germain

Louis Alexandre de Saint Germain (1835-1897) est un des premiers chirurgiens orthopédistes qui a travaillé à l'hôpital des Enfants-Malades. Il a laissé un ouvrage qui traite entre autre du pied bot. il s'est préoccupé de toutes les branches de la chirurgie mais a eu une préférence à l'orthopédie. Il a été incorporée au service d'Henry Bouvier. Il dénonçait en 1883 la négligence du corps médical qui laissait l'orthopédie aux mains des empiriques, des charlatans ou au mieux des appareilleurs.

Le chirurgien Louis-Alexandre de Saint-Germain a rapporté à propos de Bouvier que

" l’orthopédie a gagné dans sa cohabitation avec un maître comme lui. Il l’a fondée sur l’anatomie pathologique, sans laquelle il n’y a plus aujourd’hui d’enseignement ex professo possible des sciences médicales, il l’a nourrie de son érudition, enrichie d’un riche bagage de toute sorte, embellie de son style correct, châtié, élégant . Il en a fait une science. Elle ne peut plus, après lui, retomber dans l’empirisme pur. Tout au plus peut-elle, au contact du chirurgien, devenir plus alerte, plus expéditive, plus efficace, mais elle restera au fond ce que Bouvier l’a faite. Aussi c’est pour moi un devoir autant qu’un plaisir que d’insister avec détail sur la vie de cet homme remarquable". 

Création de la société de chirurgie

Joseph François Malgaigne
Figure opération du bec de lièvre

Joseph François Malgaigne (1806-1865) a tenu un rôle majeur dans l’essor de la traumatologie et qui fonda en 1843 la société en Chirurgie des hôpitaux de Paris, à Saint-Louis, la Charité. Titulaire de la chaire de médecine opératoire puis de clinique chirurgicale et de pathologie externe et membre de l’Académie de médecine. Il mettra au point plusieurs appareils pour traiter les fractures. Il publie en 1840 les Œuvres complètes du père de la Chirurgie, Ambroise Paré, en 1844 et met au point une méthode pour , un important traité des fractures et des luxations. Il sera un des premiers à utiliser l’éther comme anesthésiant. Dans les années 1850, sont publiées des observations sur la cautérisation de l’oreille, notamment dans le traitement de la sciatique, la cautérisation de l’oreille (acupuncture auriculaire).

"Père fondateur de la chirurgie osseuse et articulaire

chiurgien Ollier
2.

Louis Xavier Edouard Léopold Ollier (1830-1900) à partir de 1850 se consacre sa vie professionnelle uniquement à la chirurgie de l'appareil locomoteur, des articulations, des membres et à la chirurgie réparatrice des parties molles de la face. Il suit l'exemple de son professeur Amédée Bonnet et pratique la chirurgie osseuse avec des appareils de redressement . Ces appareils guident les os pour qu'ils prennent la forme qu'il faut. Il s'est passionné pour les affections articulaires, les plaies opératoires ou accidentelles suivies de complications redoutables : septicémie, érésipèle, gangrène gazeuse.

La Photo 2 du jeune garçon est un exemple du travail de ce chirurgien.

Son travail chirurgical consistait :

Résection chirurgicale du poignet droit : le chirurgien a réalisé une incision longitudinale ou sinueuse. Cette opération consiste à enlever les trois os constituant la première rangée du carpe. il a été crée alors une nouvelle articulation entre le radius et le grand os. Il a été supprimé ainsi les contacts arthrosiques tout en maintenant une articulation et ainsi une certaine mobilité). Il est ensuite suivi d'un d'un traitement orthopédique.

Procédé de consolidation des fractures

Louis Seutin
Outil de consolidation

louis Seutin (1793-1862)

Dans les années 1850 à Bruxelles, ce docteur plaide pour une chirurgie conservatrice et met au point un procédé de consolidation des fractures qu'il baptise méthode amovo inamovible parce qu'elle conjugue l'avantage des méthodes de consolidation traditionnelle, dites inamovibles, qui présentent de la lourdeur et menacent la souplesse des membres tout en rendant difficile l'accès aux plaies. Il est aussi le premier à utiliser le chloroforme en anesthésie et est l’un des pères en matière d’hygiène publique. Son action dans ce domaine eut, notamment, pour effet de réduire considérablement le nombre de femmes qui décédaient en couches.

Traitement des fractures /l'ostéosynthèse qui limite le handicap

Arbthnot Lane
instruments pour chirurgie

Le chirurgien général britannique Arbthnot Lane (1856-1943) préconise en 1881 une technique chirurgicale pour le. Elle consiste à fixer sur l'os des plaques avec des vis pour l'immobiliser en attendant que l'os se ressoude. Il a contribué à l'avancement de nombreux domaines de l'orthopédie et chirurgie générale. Il est reconnu pour sa «technique sans contact» et l'invention de instruments à long manche, dont certains sont encore utilisés aujourd'hui, pour minimiser la manipulation des tissus. Il a fait progresser la technique chirurgicale en chirurgie pour la trachée, le poumon et les hernies inguinales. Il est intéressant de noter qu'il a effectué des sutures vasculaires et des greffes veineuses dans les années 1880.

La première prothèse interne du genou

Themistocles Gluch
Prothèse

Themistocles Gluch (1853–1942)

Il met au point la première en 1890 une prothèse interne. Il implante 3 prothèses charnières intra condyliennes en ivoire, dont les tiges diaphysaires étaient fixées par un mélange de plâtre, de pierre ponce et de colophane. Durant la guerre dans les Balkans en 1877 et 1885, au cours duquel il a d'abord utilisé avec succès des plaques d'acier pour réparer un fémur cassé et remplacer une partie d'une mandibule.. Ainsi, il a précédé les pionniers du XXe siècle, dans l'utilisation.


L'avènement de la gymnastique médicale pour soulager

séance de kinésithérapie

Les principaux procédés, disséminés et développés vers 1890 autour de spécialités émergentes, se trouvent ainsi regroupées par le service de santé des Armées. A partir de la fin du 19e siècle, le massage, la kinésithérapie, la gymnastique ayant pénétré le champ de la médecine et la loi du 30 novembre 1892 confié aux médecins le monopole de l’ensemble des techniques de soins, ceux-ci vont faire appel à des auxiliaires dont ils auront assurés la formation préalable pour mieux les contrôler et montrer les vertus du massage sur l'homme dans diverses pathologies tel que les contusions, entorses, luxations, fractures, atrophies musculaires, et troubles de la constipation. Progressivement, la pratique du massage va faire partie des compétences acquises par les médecins. Initiateurs, promoteurs, novateurs, chercheurs, expérimentateurs et précurseurs d’une médecine manuelle et de l’exercice thérapeutique, se regroupent dans la Société de Kinésithérapie fondée dans les années 1899-1900 pour soulager les malades.

LA PSYCHIATRIE

1808

Invention du terme «psychiatrie»

Le mot vient de Johan Christian REIL, (1759-1813)

Les idées de Reil sur la psychiatrie !

  • La psychiatrie est une spécialité médicale à part entière.

  • Les philosophes et les psychologues ne devront pas être autorisés à la pratiquer

  • Seuls les meilleurs des médecins pourront devenir psychiatres

  • Une psychologie médicale spécifique des besoins des médecins sera fondamentale pour la formation médicale

Hôpital spécialisé dans le traitement de troubles mentaux sévères

Le premier hôpital psychiatrique a été fondé à Bagdad en l'an 705, et les asiles psychiatriques ont été bâtis à Fès au début du VIIIe siècle, au Caire en l'an 800 ainsi qu'à Damas et Alep en l'an 1270. Les patients étaient traités à l'aide de bains, médicaments, musiques et autres activités thérapeutiques. Le plus ancien en Europe est l'hôpital de Bethlem, ouvert en 1247 dans la banlieue de Londres et toujours en fonctionnement aujourd'hui.

En France, Jean-Étienne Esquirol est à l'origine de la loi qui rendit la création des hôpitaux psychiatriques obligatoire dans chaque département en 1838.


Jean Etienne Dominique Esquirol

Jean Etienne Dominique Esquirol (1772-1840)

Il est considéré comme le père de l'organisation de la psychiatrie. En voici quelques phrases citées par cet homme dévoué et innovateur dans cette période :

  • "Je voudrais qu'on donnât à ces établissements un nom spécifique qui n'offrait à l'esprit aucune idée pénible ; je voudrais qu'on les nommât asiles"

  • "Qu'on ne s'y trompe point, il est peu d'hommes capables qui veuillent vivre avec les aliénés... Il faut une trempe d'esprit particulière pour cultiver avec fruit cette branche de l'art de guérir ; il faut avoir beaucoup de temps à sa disposition et avoir fait en quelque sorte l'abnégation de soi-même

PREMIER COURS DE CLINIQUE DES MALADIES MENTALES

1817

Établissement de Charanton

Il ouvre le premier cours de clinique des maladies mentales qui obtient un immense succès. Ce cours a le double mérite d'exciter l'ardente curiosité de l'esprit et de faire naître dans le cœur des élèves les sentiments d'humanité, dont le professeur était animé. Il est suivi par beaucoup de jeunes. Pour les encourager, il crée un prix de 300 F pour l'auteur du meilleur mémoire sur un sujet se rapportant d'Esquirol qui l'a conduit à guider à l'aliénation mental. Il sera suivi de nombreuses constructions d'établissements : Charanton, le Mans, Marseille, Montpellier, Nantes, Rouen.


Entre 1828 et 1834

Avancée des droits à l'éducation des enfants souffrant de troubles mentaux

Plusieurs écoles pour enfants déficients, en situation de handicap se mettent en place dans les hôpitaux parisiens. Des écoles privées verront également le jour.

Au début du XIXe siècle, les enfants mentalement anormaux on les appelait "idiots". ces enfants sont accueillis dans les hospices généraux ou se mêlait parfois une population d’adultes ayant les mêmes troubles que ces enfants . C'est Jean Daniel Falret* psychiatre qui a crée la première classe à La Salpêtrière vers 1824. Ferrus président de la Société médico-psychologique de 1852 à 1853 lui aussi en crée une à Bicêtre en 1828. La personne qui s'est vraiment impliquer à la scolarisation des enfants déficients mentaux est Édouard Séguin*. D’abord instituteur, il entreprend des études de médecine à partir de 1837, sous la direction d’ Itardné (l1774- 1838) un médecin français spécialiste de la surdité et de l'éducation spécialisée. Il s'est rendu célèbre par son travail sur le cas de l'enfant sauvage, Victor de l'Aveyron trouvé l'année 1800, dans le sud de la France, en Aveyron, que des chasseurs le découvrent et lr capturent un enfant d'une dizaine d'années, vivant à l'état sauvage. Il ne parle pas, fait des gestes désordonnés, et est tout à fait inadapté socialement. Un débat s'ouvre autour du petit Victor. Pour les uns (dont le célèbre professeur Philippe Pinel, Victor est un 'arriéré mental incurable'. Pour les autres, Victor souffre d'un déficit éducatif dû à un isolement social prématuré et prolongé. Parmi ces derniers, Jean Itard, qui va étudier et tenter de rééduquer le jeune Victor. Très mal compris par l’administration et certains médecins, comme par le public en général, il émigrera aux Etats-Unis en 1850, où il continuera à s’intéresser de diverses façons à l’éducation des enfants handicapés mentaux. Il publiera divers ouvrages, en France puis à New-York, consacrés à ses expériences, très longtemps méconnus.

Hippolyte Tranquille Vallée (1816 -1885) libraire, journaliste, romancier et psychiatre français succède à Séguin et reprend ses méthodes dans la classe de Bicêtre comme commis instituteur. Il y exerce de 1843 à 1861. En s’appuyant sur sa réputation d’éducateur, il fonde parallèlement une institution payante à Gentilly en 1846 la Fondation Vallée, dans une propriété qu’il acquiert et qu’il aménage, destinée à accueillir des enfants arriérés de familles aisées. À sa mort, en 1885, il lègue cette institution au département de la Seine, ce qui, là encore, en assure la pérennisation. Je n'oublierai pas oublier Bonneville que je cite un peu plus bas. Encore aujourd’hui la Fondation Vallée est toujours en activité.


EXEMPLE “LA MAISON DE SANTÉ”

1830-1880

L'établissement à Frizt-James près de Clermont de l'Oise accueille les malades du département qui est le plus grand établissement en France. Crée par le docteur Labitte qui meurt prématurément à l'âge de 38 ans en 1835, laissant une veuve et 5 enfants. Sa veuve prendra le flambeau secondée ensuite par un médecin, le docteur Woillez et par un administrateur Jean Couroie. Il ne s’agissait pas d’un hôpital public traditionnel géré par l’État mais des particuliers qui en faisait un établissement privé. Clermont est pourtant considéré dès les années 1860 comme le plus moderne de France. privé. Aujourd'hui mais pas dans la m^me ampleur il existe toujours sous le nom Le Centre Hospitalier Isarien.

Son accroissement :

La colonie agricole de Fitz-James est créée en 1847, sur les terres de la blanchisserie des Guesnet, d’abord louées puis achetées. Un luxueux pensionnat et une ferme modèle employant les pensionnaires les plus aptes y sont aménagés. En 1851 la «Société Labitte frères», chargée de l’exploitation de l’établissement, est constituée entre les cinq enfants. Les deux aînés Alexandre et Jules voient leurs deux frères cadets les rejoindre dans la gestion de ce que l’on appelle désormais la Maison de Santé. Alexandre sera directeur de la colonie agricole de Fitz-James et Jules sera directeur de la colonie agricole et fruitière Clermont.

Sa superficie

La Maison de santé occupe une surface de 506 hectares, bien plus grande que le territoire de la commune de Clermont à l'époque. Le nombre de malades s’accroît de plus en plus chaque année environ 500 en 1842, 900 en 1850, 1200 en 1862.

Le succès de la Maison de Santé tient à de multiples raisons :

La particularité démographique de l'aire de recrutement des malades placés d'office par les départements.

  • La Seine, la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne bénéficient en effet durant tout le XIXe siècle d'un exode rural massif lié à une industrialisation rapide de cette région.

  • Une partie de la "clientèle" visée alors appartient aux classes plutôt aisées, désireuses de ne pas voir un membre de leur famille enfermé dans un "asile". Ce mot même n'est bien entendu jamais employé. Tout est conçu pour rassurer à la fois la famille et le malade, en recomposant, selon les moyens financiers dont dispose la famille, le mode de vie. Le coût du placement à Clermont restera toujours le moins élevé de l'ensemble des établissements desservant cette zone.

La Maison de Santé offre une "hospitalité" diversifiée selon les moyens délivrés par la famille.

Les pensionnaires de la première classe payent 400 F par trimestre tandis que ceux de cinquième versent 135 F. Il est possible par ailleurs de se faire admettre en compagnie de son domestique: il en coûte alors un supplément de 250 F. Chacun peut ainsi préserver le rang social qu'il occuperait à l'extérieur de l'établissement.

Le repas servi est aussi un distinction sociale :

  • il est indiqué en effet que les salles à manger sont différentes selon les classes, laissant sous-entendre que la nourriture servie n'est pas la même pour tous.

  • Les pensionnats de Fitz-James et Petit-Château s'adressent quant à eux à une bourgeoisie supérieure. Les prix s'entendent au mois: 250 F voire 350 avec un domestique particulier pour les appartements et 500 F pour les chalets individuels.

Les soins

les soins sont peu existants dans l'établissement. S'il est bien fait référence aux "malades", s'il est précisé que les pensionnaires sont classés par "genres de maladies", le seul remède auquel il est fait allusion est l'hydrothérapie, exercée dans le pavillon d'hydrothérapie . Le reste de la description est totalement " non médical " : On insiste avant tout sur l'air, l'eau, le calme et le confort. C’est dans cette atmosphère qu’un scandale d’ampleur nationale va survenir.

La chute

Un régisseur de la ferme de Villers-sous-Erquery (qui n'existe plus aujourd'hui), provoque une altercation aux conséquences dramatiques avec un malade le 3 mars 1880. Après une fuite et une arrestation en Belgique par le chef du service de la sûreté de Paris, le coupable est jugé par la Cour d’Assise de Beauvais en mai. Le conseil municipal de la ville de Paris demande et obtient du département de la Seine la suspension de tout transfert de malades vers Clermont. La situation de l’établissement fait même l’objet de débats devant l’Assemblée Nationale… La presse locale, se déchaîne. En juillet Auguste Labitte démissionne et des pourparlers avec le département s’engagent pour la reprise de l’établissement.

Dr Labitte Dr Woillez

Vue de l'ensemble de Fritz James

pavillon d'hydrothé

ÉVOLUTION DE LA PSYCHIATRIE INFANTILE

A partir de 1880

Violemment attaqué par ses contemporains, oublié de ses successeurs, Désiré Magloire Bourneville est réhabilité par notre époque.

En savoir plus

Bonneville

Désiré Magloire Bourneville (1840-1909) s'érige en défenseur du patient du fait de son intérêt au destin tragique des déficients. Conseiller général du département de la Seine puis médecin-chef à Bicêtre à Paris en 1879, il a découvert l'univers sordide dans lequel vivent les enfants malades en uniforme bleu. Les enfants sont mêlés aux épileptiques adultes et les plus agités sans camisolés aux poteaux. Seulement 18 employés s'occupent de 130 enfants. Le combat de Bourneville est révélateur à la résistance de la société. Bourneville s’oppose à la séquestration asilaire. L'ignorance en matière de handicap mental est totale. Il réclame l'aménagement d'un rez-de-chaussée pour les paralysés et hémiplégiques.

Au plan de l’organisation, il séparera les enfants en trois groupes :

  • Les enfants les plus gravement déficients et qui, par surcroît, sont invalides.

  • Les enfants atteints des mêmes troubles mais valides.

  • Composé des enfants les moins malades, ceux dont la déficience intellectuelle est la plus légère.

Les soins :

  • Les premiers, totalement invalides, bénéficieront principalement de soins d’hygiène.

  • Pour les autres, la petite école dispense une éducation motrice et sensorielle tandis que la grande école les familiarisera avec les disciplines de l’enseignement primaire.

Ces groupes de niveau sont pensés en fonction des aptitudes :

  • aptitudes physiques,

  • valides ou invalides

  • aptitudes intellectuelles.

La distinction ne porte pas sur la pathologie de l’enfant mais sur son niveau de développement et ce dernier indique la pédagogie appropriée. De plus, et Bourneville insiste constamment sur ce point, rien n’est définitif ; ces groupes ne sont pas des ghettos fermés sur eux-mêmes, les enfants d’un groupe ont vocation à passer dans le groupe supérieur. Ainsi l’enfant n’est plus assimilé à ses symptômes ni réduit à sa seule pathologie ; il est évalué dans ses potentiels et pris en compte dans sa dynamique Au plan de la méthode, chaque enfant doit recevoir les soins adaptés à son handicap propre. De même, en matière de pédagogie, la personnalisation des apprentissages est revendiquée. Il n’existe pas de programme préétabli, tout est modulé en fonction des rythmes, des possibilités de chaque enfant. Mais Bourneville ne s’en tient pas là. Il porte une attention toute particulière à l’articulation constante qui doit exister entre les soins et la scolarisation.

Hôpital Bicêtre

En précurseur visionnaire, il considère que soignants et pédagogues doivent être en capacité de prendre la mesure globale de la problématique, dirait-on aujourd’hui, de chacun. Il plaide pour que les enseignants reçoivent une formation infirmière et envisage la création d’un corps professionnel d’enseignants-infirmiers. Cette idée est au fondement de sa méthode dite "médico-pédagogique".

Bonneville ne s'arrête pas là, il prend dès 1879, la direction de fondation de la Vallée fondée en 1843 par Hyppolite Vallée. Elle accueille des jeunes filles affectées par une déficience intellectuelle sévère. Il y mettra en œuvre sa méthode en sorte que la fondation deviendra le premier institut médico-pédagogique.

LES GRANDES AVANCÉES DANS LA RECHERCHE EN NEUROLOGIE

A partir de 1861

LA PREMIÈRE ÉTUDE SUR LES TROUBLES DE LANGAGES

La neurologie et sa méthode anatomo- clinique ont joué un rôle déterminant dans la naissance de la neuropsychologie a pris un tel essor sans le développement, surtout au cours du 19e siècle. Ainsi d’autres disciplines scientifiques peuvent obtenir une meilleure connaissance du cerveau comme la neuro- anatomie... par l'édition de la plupart des ouvrages comme par exemple ceux consacrés à l’aphasie du XIXe siècle qui permettront de mieux connaître les troubles de langages. Ce n’est qu’à cette époque que l’aphasie est devenue une classification bien définie et qu’elle a reçu son nom grâce aux travaux de ces deux hommes.

Broca Wernicke

Paul Broca *(1824-1880) publie les résultats de l’autopsie d’un patient aphasique (« sans parole ») en 1861. Il décrit alors avec précision le siège de la lésion cérébrale en cause. C’est ce que l’on appelle l’aire de Broca. Elle est impliquée dans l’aspect moteur du langage, dans la production et dans l’articulation des mots. Elle est le siège de la programmation du mouvement nécessaire à la prononciation. Elle est considérée comme une aire qui traite des informations dont le but est la coordination des mouvements impliqués dans le langage parlé.

Une aphasie est l'ensemble des troubles de la communication du langage dus à des lésions cérébrales acquises (accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien, tumeur cérébrale etc qui peut se manifester dans l'expression et/ou la compréhension orale ou écrite. Le langage oral, la lecture, l'écriture et les gestes peuvent être perturbés.

Il existe plusieurs types d'aphasies que l'on classe selon deux catégories :

  • Les aphasies fluentes : le patient parle, parfois beaucoup (logorrhée). Son discours n'est pas toujours compréhensible et peut ressembler à du jargon. C'est le cas de l'aphasie de Wernicke.

  • Les aphasies non fluentes : le patient a une diminution du débit verbal qui peut aller jusqu'au mutisme, comme pour l'aphasie de Broca.

Une dizaine d’année plus tard, Carl WERNICKE* (1848-1905) toujours avec un patient aphasique met en évidence une autre zone :

l’aire de Wesnicke

Elle est le siège de la compréhension orale et écrite. Cette aire constitue une aire de stockage possible de la représentation auditive des mots.

Le langage est une fonction latéralisée du cerveau :

  • hémisphère gauche pour les droitiers

  • hémisphère droit pour les gauchers gauchers.

Sa proximité avec le cortex moteur fait que l’on peut associer des fonctions motrices et des fonctions de langage comme parler avec le langage des signes.

L’aire de Wesnicke est connectée à l’aire de Broca.

Définition

L'aire de Broca est connectée, par les fibres nerveuses du faisceau arqué, à l'aire de Wernicke, qui est associée à la compréhension du sens des mots. Chez la majorité des droitiers, l'aire servant au langage se trouve dans l'hémisphère gauche. Chez les gauchers, cela peut être à droite ou à gauche. Si la production du langage et sa compréhension sont traitées toutes deux du côté gauche, l'hémisphère droit intervient aussi dans la connotation émotionnelle des mots.

C'est Ludwig Lichtheim (1845-1928) qui fournit la version la plus achevée de ce type de modélisation appliqué à la classification des aphasies et au fonctionnement du langage en considérant à la fois les centres du langage et les voies d’association qui les relient dans un article phare publié dans Brainen 1885. On peut citer aussi la travail du savant anglais J. Hughlings Jackson (1835-1911) sur le systême nerveux. Sa méthodologie pour l’analyse des signes cliniques et ses travaux sur l’aphasie de Broca ont contribué à sa réputation.

A partir de 1891

PREMIÈRE DESCRIPTION DU SYNDROME DE DYSCONNEXION INTERHÉMISPHÉRIQUE

Les avancées d'un couple dans la neurologie

Caricature de Dejerine

Jules Déjérine neurologue français (1849-1917) ; docteur en médecine en 1879, médecin des hôpitaux de Paris en 1882 et professeur agrégé en 1886, il est chargé d'un cours auxiliaire d'anatomie pathologique, puis devient professeur de clinique des maladies du système nerveux. En 1891, il décrit pour la première fois un syndrome de dysconnexion interhémisphérique. Il s’agit en fait d’adultes ayant su lire mais ayant perdu cette capacité après une lésion cérébrale : dyslexie acquise.

A l'Hôpital des Enfants-Malades, puis à Bicêtre et à la Salpêtrière, il a exposé ses recherches sur l'aphasie, les localisations cérébrales, le tabès, la maladie de Friedreich, les myélites, la syringomyélie, les névrites, les paralysies par compression, la maladie de Thompsen, le syndrome thalamique, les radiculites, etc.

Mr et Me Déjérine

Sa femme

Il était marié avec Augusta Déjérine née Klumpke : Neurologue française ( 1857-1937) ; Docteur en médecine et surtout première femme à être nommée interne des hôpitaux de Paris, elle se spécialise en anatomie pathologique du système nerveux. ils forment à eux deux un des couples scientifiques les plus intéressants et les plus rares. Elle est issue d'une famille où les femmes sont remarquablement douées. Une de ses sœurs est peintre, l'autre, est fort connue pour ses recherches astronomiques. Elle sut y tenir parfaitement sa place, et tous l'estiment à une époque où les internes étaient pourtant fort irrités contre leurs collègues féminines. Elle-même fut la première interne des hôpitaux de Paris. Elle a réalisé de remarquables travaux originaux sur les contractures hystériques, les paralysies radiculaires, les polynévrites.

LES AMÉLIORATIONS ET INNOVATIONS POUR LES AVEUGLES-MALVOYANTS

Louis Braille l'inventeur

Louis Braille (1809 -1852) est devenu aveugle accidentellement à l’âge de 3 ans, alors qu’il manipule une alène (outil qui sert à faire des trous dans le cuir) dans l'atelier de son père. La blessure s'infecte et provoque peu à peu la cécité chez le jeune garçon. Ses parents voulaient une bonne instruction pour leur enfant désormais handicapé. Ils lui obtinrent une bourse pour son admission au sein de l’école fondée par Valentin Haüy, qui s’appelait à l’époque Institution Royale des Jeunes Aveugles.

Louis Braille était un élève très doué qui années d’études. En 1821, réussissant dans toutes les ses disciplines que le jeune garçon assista à la présentation faite par Charles Barbier de La Serre de son système de sonographie. Le système Barbier était un système d'écriture tactile qui retranscrivent les sons et non pas l’alphabet. Cette invention fut à l’époque une avancée mais présentait extraordinaire quelques limites. Elle ne rend pas compte de l’orthographe et ne propose pas de combinaisons la ponctuation, les chiffres, les notes de musique ou les symboles permettant de représenter les mathématiques. Braille consacre tout son temps libre à améliorer le système de Barbier.

L'INSTITUT NATIONAL DES JEUNES AVEUGLES

1843-1822

Institut

Valentin HAUY (1745-1822) est le créateur de cet établissement construit par décision de l'état (loi du 18 juillet 1838) est installé 56 boulevard des Invalides. Les crédits pour l'achat du terrain ont été obtenus grâce à l'intervention d'Alphonse de Lamartine à la chambre des députés. L'inauguration officielle du bâtiment actuel de l'institut national des jeunes aveugles a eu lieu le 22 février 1844. Beaucoup de métiers tels que la brosserie, le tournage, l'ébénisterie et la chaussonnerie ont été enseignés à l'Institut. Une classe d'orgue régulière fut organisée en 1826 et une classe d'accord-facture fut créée en 1836. Parmi les musiciens aveugles ayant acquis une notoriété, il faut citer Louis Vierne, organiste compositeur, élève de César Franck et qui fut titulaire des grandes orgues de Notre-Dame-de-Paris durant 37 ans.

ASSOCIATION VALENTIN HAÜY

1889

Maurice de la Sizanne

Le fondateur de l'association est Maurice de la Sizanne (1857-1924) avait 9 ans lorsqu’il perd la vue dans un accident de jeu. Élève au sein de l’école créée par Valentin Haüy, devenue l’INJA à son époque, il présente de formidables aptitudes musicales et devint professeur de musique en 1878. Très engagé pour la cause des aveugles, il travaille à la conception d’une nouvelle méthode abréviative de l’écriture braille qui aboutit en 1880 à L’Abrégé orthographique français. Il fonde également en 1886 une bibliothèque braille complétée par une bibliothèque braille musicale peu après. Il s’entoure de personnalités susceptibles de s’intéresser au sort des aveugles (professeurs de l’INJA, inventeurs, directeurs d’écoles…) afin d’accélérer ses initiatives en faveur des personnes aveugles ou malvoyantes. Maurice de La Sizeranne reste 35 ans au poste de Secrétaire général de cette association, jusqu’à sa mort en 1924. Il n’aura de cesse de mener des actions en faveur de l’insertion sociale et culturelle des personnes aveugles ou malvoyantes.

L'association a été reconnue d'utilité publique en 1891.

CREATION-AMELIORATION

BREVET POUR UN FAUTEUIL ROULANT

1869

Un brevet pour un fauteuil roulant montre le premier modèle avec des roues de poussée arrière et petites roues avant. Entre 1867 à 1875, les inventeurs ont ajouté de nouvelles roues en caoutchouc creux similaires à ceux utilisés pour les bicyclettes sur des jantes en métal. En 1881, les pushrims pour l’auto-propulsion ajouté ont été inventés.

LA DYSLEXIE

1887

Terme a été inventé par Rudolf Berlin* (1803-1880) en Allemagne pour décrire l'incapacité de lire

Le premier atelier d'assistance par le travail

Henry Thomas Marsoulan

HENRY Thomas MARSOULAN (1839-1909) fabricant de papiers peints et conseiller municipal du12ème arrondissement de Paris (Bel-Air) de 1874 à 1909. Il a crée en 1899 à Montreuil-sous-Bois le premier atelier départemental d’assistance par le travail d’ouvriers estropiés et mutilés par Henri Thomas MARSOULAN (1839-1909). On dénombre 64 personnes qui travaillaient à la confection de paillassons pour l'hôtel de ville de Paris. L'atelier se situait à Montreuil-sous-Bois qui regroupent les aveugles, les sourds-muets, les tuberculeux, les mutilés du travail et les blessés de guerre