EXEMPLE “LA MAISON DE SANTÉ”
L'établissement à Frizt-James près de Clermont de l'Oise accueille les malades du département qui est le plus grand établissement en France. Crée par le docteur Labitte qui meurt prématurément à l'âge de 38 ans en 1835, laissant une veuve et 5 enfants. Sa veuve prendra le flambeau secondée ensuite par un médecin, le docteur Woillez et par un administrateur Jean Couroie. Il ne s’agissait pas d’un hôpital public traditionnel géré par l’État mais des particuliers qui en faisait un établissement privé. Clermont est pourtant considéré dès les années 1860 comme le plus moderne de France. privé. Aujourd'hui mais pas dans la m^me ampleur il existe toujours sous le nom Le Centre Hospitalier Isarien.
Son accroissement :
La colonie agricole de Fitz-James est créée en 1847, sur les terres de la blanchisserie des Guesnet, d’abord louées puis achetées. Un luxueux pensionnat et une ferme modèle employant les pensionnaires les plus aptes y sont aménagés. En 1851 la «Société Labitte frères», chargée de l’exploitation de l’établissement, est constituée entre les cinq enfants. Les deux aînés Alexandre et Jules voient leurs deux frères cadets les rejoindre dans la gestion de ce que l’on appelle désormais la Maison de Santé. Alexandre sera directeur de la colonie agricole de Fitz-James et Jules sera directeur de la colonie agricole et fruitière Clermont.
Sa superficie
La Maison de santé occupe une surface de 506 hectares, bien plus grande que le territoire de la commune de Clermont à l'époque. Le nombre de malades s’accroît de plus en plus chaque année environ 500 en 1842, 900 en 1850, 1200 en 1862.
Le succès de la Maison de Santé tient à de multiples raisons :
La particularité démographique de l'aire de recrutement des malades placés d'office par les départements.
La Seine, la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne bénéficient en effet durant tout le XIXe siècle d'un exode rural massif lié à une industrialisation rapide de cette région.
Une partie de la "clientèle" visée alors appartient aux classes plutôt aisées, désireuses de ne pas voir un membre de leur famille enfermé dans un "asile". Ce mot même n'est bien entendu jamais employé. Tout est conçu pour rassurer à la fois la famille et le malade, en recomposant, selon les moyens financiers dont dispose la famille, le mode de vie. Le coût du placement à Clermont restera toujours le moins élevé de l'ensemble des établissements desservant cette zone.
La Maison de Santé offre une "hospitalité" diversifiée selon les moyens délivrés par la famille.
Les pensionnaires de la première classe payent 400 F par trimestre tandis que ceux de cinquième versent 135 F. Il est possible par ailleurs de se faire admettre en compagnie de son domestique: il en coûte alors un supplément de 250 F. Chacun peut ainsi préserver le rang social qu'il occuperait à l'extérieur de l'établissement.
Le repas servi est aussi un distinction sociale :
il est indiqué en effet que les salles à manger sont différentes selon les classes, laissant sous-entendre que la nourriture servie n'est pas la même pour tous.
Les pensionnats de Fitz-James et Petit-Château s'adressent quant à eux à une bourgeoisie supérieure. Les prix s'entendent au mois: 250 F voire 350 avec un domestique particulier pour les appartements et 500 F pour les chalets individuels.
Les soins
les soins sont peu existants dans l'établissement. S'il est bien fait référence aux "malades", s'il est précisé que les pensionnaires sont classés par "genres de maladies", le seul remède auquel il est fait allusion est l'hydrothérapie, exercée dans le pavillon d'hydrothérapie . Le reste de la description est totalement " non médical " : On insiste avant tout sur l'air, l'eau, le calme et le confort. C’est dans cette atmosphère qu’un scandale d’ampleur nationale va survenir.
La chute
Un régisseur de la ferme de Villers-sous-Erquery (qui n'existe plus aujourd'hui), provoque une altercation aux conséquences dramatiques avec un malade le 3 mars 1880. Après une fuite et une arrestation en Belgique par le chef du service de la sûreté de Paris, le coupable est jugé par la Cour d’Assise de Beauvais en mai. Le conseil municipal de la ville de Paris demande et obtient du département de la Seine la suspension de tout transfert de malades vers Clermont. La situation de l’établissement fait même l’objet de débats devant l’Assemblée Nationale… La presse locale, se déchaîne. En juillet Auguste Labitte démissionne et des pourparlers avec le département s’engagent pour la reprise de l’établissement.