Qu’est-ce qu’un écrivain biographe ? Finalement, personne ne le sait vraiment et même ceux qui me contactent avec le projet de travailler avec moi n’en ont souvent qu’une idée très vague. C’est tout à fait normal !
Car sauf cas particuliers (histoire des entreprises, désir de publication chez un grand éditeur…), j’envisage mon métier d’écrivain biographe dans un cadre très spécifique : le recueil des souvenirs d’une personne qui souhaite écrire le livre de ses mémoires afin de le partager avec ses proches (famille, amis). Nous sommes donc dans la sphère privée et ceci entraîne des conséquences qu’il est bon d’avoir en tête quand on se lance :
L’écrivain biographe s’efface derrière son narrateur. Il restitue sa façon de s’exprimer, ses tournures de phrase… C’est délibérément que le biographe n’impose pas son style (si fleuri soit-il) en co-écrivant des souvenirs : les lecteurs doivent reconnaître immédiatement l’auteur des mémoires dans lesquelles ils se plongent. Ce sujet de la forme est primordial parce que l’aptitude de l’écrivain biographe à laisser respirer le narrateur dans son livre devient presque plus importante que ses talents littéraires ou journalistiques.
Sur le fond, le fait que le livre ait vocation à naviguer dans la sphère privée implique lui aussi des choix d’écriture différents que ce qui serait fait pour un livre grand public. Pas besoin d’expliquer dans le détail qui est qui parmi les « personnages » cités puisque les lecteurs les connaîtront. À l’inverse, des anecdotes familiales peuvent être développées qui n’intéresseraient que modérément le lecteur lambda. L’écrivain biographe mesure bien ces enjeux et en tient compte dans la rédaction.
Ces impératifs de fond et de forme font de l’écrivain biographe un auteur (et pour être précis un « co-auteur », avec le narrateur) un peu hors norme. Qui ne vise certainement pas le prix Goncourt mais se réjouit de faire palpiter toutes les vies, quelles qu’elles soient, dans les pages de vrais livres.