Écrire pour son lecteur (savoir à qui on s’adresse) !
C’est une des premières leçons dispensées dans les écoles de journalisme ; elle vaut également pour qui se lance dans la rédaction de ses mémoires, quelle que soit l’échelle de ce projet.
« Écrire pour son lecteur », cela signifie que le récit doit s’adapter aux personnes à qui il s’adresse et tenir compte, au premier chef, de leur niveau de connaissances de ce qu’on relate. En vertu de ce précepte, traitée par un journaliste, une même information donnera lieu à deux articles totalement différents selon qu’elle sera, par exemple, diffusée par un journal de vulgarisation scientifique ou par une revue pointue. Le premier, s’adressant à un large public moyennement averti, va faire en sorte que l’information transmise soit contextualisée et compréhensible par le plus grand nombre : certaines données vont être simplifiées ; d’autres vont être expliquées avec pédagogie. La seconde (la petite revue pointue à usage de spécialistes), au contraire, veillera à être la plus précise et complète possible (et son article sera, de ce fait, incompréhensible pour le commun des mortels).
Il est indispensable, de la même façon, d’adapter son récit de souvenirs et de se poser en préambule la question suivante : À qui je m’adresse (« À qui m’adressé-je » si on est à cheval sur le français) ?
Écrire pour être lu aujourd’hui ou demain par ses enfants ou ses petits-enfants, écrire pour la planète Mars… tout est possible !
Et cette question se décline elle-même ainsi : À mes enfants ? Mes petits-enfants ? Mes frères et sœurs ? Ma famille au sens le plus large possible ? Mes amis ? Mes descendants d’ici deux, trois… dix ( !) générations ? Y-a-t-il des personnes auxquelles je vais refuser l’accès à mon livre ? Est-ce que je n’exclus pas de publier ce livre à large échelle (à compte d’auteur ou, pourquoi pas, en l’adressant à un éditeur) ? Est-ce que je veux que mon témoignage serve aux historiens du futur quand ils le trouveront par hasard dans une vieille malle sur la planète Mars… ?
Tout est possible ! Mais les choix doivent être faits qui impliqueront (ou pas) des descriptions fouillées, des explications de « qui est qui par rapport à qui », des précisions géographiques et temporelles… des sous-titres en quelque sorte !