Il est très fréquent – pour ne pas dire systématique – que jaillisse cette expression quand on me raconte des souvenirs. Elle est en général suivie d’un silence voire d’une légère panique. Le cerveau n’aime pas les trous, il veut désespérément les combler et quand il n’y parvient pas, il se fait des nœuds à lui-même, des reproches, ce qui ne lui permet pas de mieux retrouver le moment perdu...
Et pourtant, on s’en fiche ! Quand cela survient, je rassure toujours mes narrateurs : on passe ce « blanc » et on continue, j’ai noté l’existence du trou, on se repenchera plus tard dessus, peut-être la mémoire sera-t-elle alors revenue à son sujet – ou peut-être ne le sera-t-elle pas, auquel cas cela n’aura pas beaucoup d’importance car qui a jamais vu des souvenirs exhaustifs ?