L’exercice est difficile. Quand on se met à dévider la pelote de ses souvenirs, on commence souvent par se dire « j’ai la mémoire courte » ou « j’ai oublié énormément de choses ». J’écris bien qu’« on commence » (seulement) car la plupart du temps, le cerveau, se mettant en mode « je me souviens », devient une redoutable machine de guerre : un souvenir en fait resurgir un autre, lequel en fait resurgir un autre, lequel… ; et vos proches alimentent ce moulin. Votre livre va bientôt se transformer en une encyclopédie de 12 volumes.
Opération « tri »
Il faut donc, et ce peut être douloureux, opérer un tri pour ne garder que la substantifique moelle qui rendra votre livre palpitant. Le biographe est là pour aider le narrateur à être exigeant, il faut accepter ses conseils, accepter l’idée de « coupes », et savoir aussi lui faire comprendre pourquoi tel ou tel souvenir est si important. La qualité du récit finit est à ce prix.