Date : 13/01/2024
Participants : Benjamin, Françoise, Hélène, Jérôme
Activité : Sortie spéléo
Cavité : Grotte du bois de Feugères
Lieu : Feugères, Eure-et-Loire
Texte : Jérôme
Photos : Benjamin, Jérôme
Le bassin parisien n’est pas connu pour sa spéléométrie florissante ; il n’est toutefois pas stérile.
Géoportail permet d’établir une carte isochrone (avec ou sans péage), c’est-à-dire de tracer la zone accessible en un temps donné. Voici ce qu’il y a à 2h30 de voiture de Villejuif : 
Et donne accès une large couronne de départements : 
Reste plus qu’à parcourir le Spélunca spécial « spéléométrie de la France » https://spelunca-memoires.ffspeleo.fr/200407_Spelunca_memoires_27.pdf ou la liste, largement reprise du Spélunca, sur Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Spéléométrie_de_la_France afin de changer des éternelles Combe au prêtre ou carrières de Savonnière et faire de la spéléo à la journée, ce qui est –à titre pas vraiment accessoire- un avantage économique…
La roulette a sorti le n° 28 : Eure-et-Loir. Merci aux spéléos du groupe de recherches spéléologiques de ce département pour leurs aimabilité, conseils et site internet très riche en conseils sur les cavités du secteur https://grs28.jimdofree.com/ .
La grotte d’Orchaise est interdite l’hiver pour cause de dodo des chauves-souris (bah oui, ça vous plairait qu’on vienne visiter votre chambre la nuit ?), le dévolu s’est donc, naturellement, porté sur la grotte du bois de Feugères, avec la possibilité supplémentaire de récupérer la clé auprès du GRS28 pour aller faire le P40 de Journet, également site d’entrainement.
En ce froid mois de janvier, il fallait une grotte sèche. Mais sec n’exclut pas la boue….
A ce jour, le point GPS de la grotte du bois de Feugères est légèrement mal positionné sur OSM. Il vise le centre de la cour de la ferme, cour vaillamment défendue par un gros toutou fort en voix, alors que le puits est au fond du renfoncement, sur la gauche juste avant d’entrer dans la cour de la ferme.
Il s’agit d’un puits artificiel libre d’accès, protégé par une épaisse plaque de fer, dont le support de l’ancien mécanisme sert d’ancrage irréprochable (prévoir 2 dynémas, possibilité d’équiper en double).
Par les -3-4°C, notre petite bande composée de Françoise, Hélène, Benjamin et le…gros (Jérôme) a donc été heureuse d’ouvrir la trappe comme on ouvre la porte d’un four pour sentir la « chaleur » s’en échapper.
Une vingtaine de mètres plus bas, deux planches posées on ne sait trop sur quoi permettent de se glisser sans trop de difficulté dans une fenêtre donnant sur le réseau naturel.
Malgré la topo et un descriptif récupéré sur Grottocenter, la suite se corse. Il faut reconnaitre que le descriptif de l’explo, sur le site du GRS28 vend du rêve « Le laminoir d'entrée, psychologiquement traumatisant, limite la fréquence de nos visites. »
D’ailleurs, pourquoi LE laminoir (au singulier) : c’est presque toute la grotte qui se fait en rampant….heureusement (ou pas !), malgré les impressionnantes strates de silex, le rampage est rendu « confortable » par une épaisse couche de limon qui se révèlera être un faux amis : il colle comme de l’argile de poterie. Le matériel accroché au baudrier est transformé en tas de boue épaisse et devient méconnaissable. Idem pour le Croll. Même pour ouvrir le couteau il aurait fallu l’aide…d’un couteau. In fine, Jérôme renoncera à rendre son pantin utilisable et se fera quelques frayeurs avec un Croll et une poignée à l’efficacité plus que réduite.
Le 1er chemin visible, une fois entré dans le réseau naturel, amène à un laminoir ou, pour la 1er fois, certains d’entre nous ont enlevé le casque pour progresser.
Sentant le coup foireux, Françoise nous avaient courageusement…invités à partir en reconnaissance ; puis à en revenir : il s’agit du laminoir annexe qui est en cul de sac.
La suite du réseau est dans notre dos. Après une 1ere intersection et une chatière sur la droite, la course d’orientation commence : boussole, topo, descriptif pour savoir où on est. A priori vers le réseau dit « des grandes salles et des petites étroitures ».
Grandes salles ? pas vu ; petites étroitures : OUI. Le descriptif sur Grottocenter évoque d’ « affronter une redoutable chatière dans la craie indurée ».
Si c’est bien celle à laquelle on pense, la craie a été la plus forte…Benjamin passe sans trop de problème, Jérôme suit, pousse un peu et….reste bloqué par le mousqueton du MAVC… Jusque là, ça pouvait encore aller : ma la marche arrière est bloquée par un bloc de craie que le sternum a passé à l’aller en poussant sur les côtes, mais qu’il ne peut passer dans l’autre sens. Après de longues minutes à chercher la panne et à enlever tout ce qui pouvait bloquer, Benjamin arrive à ouvrir le baudrier par sa boucle latérale afin de permettre au bonhomme de terminer de passer.
L’heure avançant, à défaut que ce soient les spéléos, le signal du retour est donné et Jérôme videra ses poumons pour passer (NDLR : la prochaine fois, je viens avec le marteau et ce bloc là je lui fais une ordonnance sévère…aux 4 coins de l’Eure qu’on va le retrouver…je vais le calibrer façon puzzle…).
On avait déjà remarqué que Jérôme avait une grande gueule, maintenant on sait que les poumons sont du même calibre… « aigle IV » est son nouveau nom de guerre…
Au retour Benjamin part devant, Helène reste à mi-chemin le temps que Jérôme remette tout le matos en place et arrive le moment fatidique : « on est arrivé par où ? Par là ça ne me dit rien ? Et par là ça a pas l’air d’être ça non plus ? Bon, tentons ça. Ah oui, je reconnais le nonos planté dans le limon »
jusqu’à un fatidique « Ah, c’est bon, on est passé là tout à l’heure, je reconnais ce caillou en forme de chauve-souris. / Ah non, le caillou, on l’avait déjà passé, on est revenu sur nos pas »….Par où sommes-nous passés ? mystère…
Je ne comprends vraiment pas les collègues qui pensent que la spéléo est un truc à paniquer…
Bon, demi-tour droite, on revient sur nos traces, on appelle pour s’orienter, Benjamin vient nous chercher, nous retrouve ; demi-tour gauche et… « bah par où je suis arrivé ? » Nous voilà à 3 à ne plus savoir où nous sommes. Une fenêtre donne sur le puits mais…1m plus bas que celle où nous attends Françoise.
Toujours à la voix, on retrouve la coupole avec un passage haut qui permet de revenir à l’entrée.
Terminus, tout le monde remonte (sauf les températures extérieures qui continuent de baisser). Entre l’heure déjà tardive, le froid, le matos boueux, pas déjeuner (pour certaines, c’est un drame), décision est prise de na pas rejoindre le GRS28 pour la fin de leur AG et pot de l’amitié et l’idée d’aller à la grotte de Journet est … ajournée.
Conclusion : même à la journée, en région parisienne, on peut se faire de la spéléo qui, à défaut d’être forcément belle, laisse de grand souvenirs.