INSTINCTOTHÉRAPIE : SUR UNE MÉTHODE ALIMENTAIRE RÉVOLUTIONNAIRE
Si nous sommes encore adaptés génétiquement à l'alimentation de nos ancêtres hominiens, la question reste de savoir ce qu'ils mangeaient exactement. Et aussi, de savoir à quelle époque il faut remonter pour définir l'alimentation qui conviendrait le mieux à l'homme d'aujourd'hui.
Or, personne ne nous a laissés de documents sûrs, c'est à peine si on trouve un squelette à peu près complet de temps à autres datant d'avant le feu. Quelles sont alors les méthodes qui permettraient de s'en faire une idée ?
Il y en a tout de même plusieurs, dont les recoupements peuvent être significatifs.
La première voie est hypothéquée par le fait que nous ne sommes ni des chimpanzés, ni des gorilles, ni des orangs-outans. L'observation du comportement alimentaire de ces primates dans la nature ne saurait être transposée directement à l'être humain. Elle peut toutefois nous apporter des informations essentielles sur les origines de nos structures nutritionnelles.Nous partageons avec le chimpanzé 99% de nos gènes, nous pouvons nous attendre à partager aussi bon nombre de caractéristiques au niveau de notre système digestif et de notre métabolisme.
Une étude toute récente, conduite par une équipe japonaise qui est allée vivre sur le terrain avec ces primates, a pu constater que leurs inclinations gustatives sont très proches de celles de l'être humain. Leur alimentation se compose de 68% de fruits, de 28% de feuillages et tiges vertes, et 5% de protéines animales (insectes, oiseaux, antilopes, cochons sauvages, petits singes ). L'apport en protéines assuré par les fruits n'est pas négligeable, il représente environ 5% de leur poids.
Le chimpanzé est largement omnivore, à part les fruits, il mange volontiers des feuilles (deux cents espèces), des bourgeons, des morceaux d'écorce, de la résine, du miel, des termites, des fourmis, parfois d'autres petits mammifères. Il s'intéresse même aux plantes médicinales.
Ces données sont à mettre en rapport avec la plage alimentaire déterminée par les attractions olfactives et gustatives humaines (voie n° 2). La pratique de l'instinctothérapie, fondée sur le seul critère du plaisir, conduit à des appétences et des proportions comparables : deux tiers de fruits, un quart de verdures et légumes, le reste en oléagineux, protéagineux et protéines animales.
Il y a donc là un recoupement très significatif : alors même que l'apprentissage des saveurs s'est fait dans le contexte culinaire pour la plupart des individus, la confrontation avec les aliments non cuisinés conduit spontanément à retrouver les proportions des différentes classes d'aliments que consomment les descendants de nos lointains ancêtres communs, qui ont toujours vécu dans la nature. La lignée humaine et celle des chimpanzés se sont séparées depuis 6 à 13 millions d'années, suivant les sources, il y a entre elles tout le fossé qui sépare la culture de la nature et, pourtant, les appétences sont quasiment identiques. C'est en fait l'art culinaire qui donne la fausse impression selon laquelle les plages alimentaires respectives seraient différentes : il suffit de ramener les observations à un contexte alimentaire "préculinaire" (suppression de la cuisson et des apprêts) pour faire apparaître une remarquable similitude.
Il reste alors à déterminer plus précisément quelles sont les espèces de fruits et de végétaux qui correspondent idéalement à nos données digestives et métaboliques. Il n'est pas garanti a priori que les produits les plus attirants pour les sens soient aussi les plus utiles pour l'organisme. Rien ne permet non plus d'affirmer d'emblée que les fruits les plus attirants soient les plus importants dans la palette alimentaire originelle. A cela s'ajoute une autre inconnue : les produits donc nous pouvons disposer sont pour la plupart issus de processus de sélection artificielle tendant à les rentre plus agréables au palais que les produits sauvages : la prise en considération de la simple attraction gustative n'est donc pas déterminante. Seule l'expérience à long terme, permettant de constater les effets sur le fonctionnement de l'organisme, peut apporter une réponse à ces questions.
Cette expérience n'est pas simple, pour la raison que de nombreux aliments varient d'un extrême à l'autre, étant parfois très attirants et, dans d'autres situations, sans intérêt sinon repoussants. Il faut donc prendre en compte le niveau d'attraction, et la fréquence de ces attractions, et cela sur différentes personnes dans des situations différentes. Un fruit comme le durian, par exemple, est extrêmement parfumé et d'une saveur plus attirante que la plupart des autres fruits ; il est possible de le consommer très régulièrement, le plus souvent avec un plaisir de haut niveau, même s'il perd parfois tout intérêt ou devient franchement répulsif (notamment pour les variétés sauvages). Les chimpanzés et autres hominiens montrent une même prédilection pour ce fruit. Ses effets sur l'organisme sont positifs : on peut donc dire qu'il occupe une place importante dans la palette alimentaire humaine comme dans celle des autres primates. Ces constatations vont de pair avec ce que l'on peut savoir sur l'origine des primates, que l'on trouve principalement dans les régions équatoriales et tropicales, d'où ce fruit est lui-même originaire.