INSTINCTOTHÉRAPIE : SUR UNE MÉTHODE ALIMENTAIRE RÉVOLUTIONNAIRE
Le conditionnement induit par des années de nourriture dénaturée fait que nous confondons certains signaux positifs avec des messages de nuisance (ou l'inverse), comme par exemple la sensation d'estomac plein avec la satisfaction, alors qu'il s'agit de deux choses tout à fait différentes.
Le critère général d'une digestion correcte est, pour reprendre l'expression de Claude-Bernard, le silence des organes. On peut toutefois analyser de plus près les sensations ou absences de sensations liées à ce silence, ou plus exactement ce bien-être, de la manière suivante:
Ces critères correspondent à la phase de digestion. Mais déjà lors de l'ingestion, certains signes négatifs peuvent apparaître. Il faut alors en tenir compte immédiatement et interrompre la prise alimentaire. Si l'on insiste à tort, différents malaises (inverses des critères précédents) s'installent pendant le travail digestif, d'où résulte un conditionnement négatif incitant à interrompre plus rapidement les ingestions lors d'un repas suivant.
Ainsi se met en place spontanément un apprentissage de l'arrêt instinctif : la sensibilité à ces critères s'exerce de jour en jour, l'écoute du corps s'affine progressivement et que l'on s'équilibre de manière de plus en plus précise. L'ensemble de ces processus stomacaux double en quelques sorte la négativation alliesthésique de la gustation proprement dite. Un bon équilibre nutritionnel n'est possible qu'en tenant compte à la fois des signaux olfacto-gustatifs et des signaux stomacaux.
On remarque au début un déphasage parfois conséquent entre signaux alliesthésiques et signaux stomacaux, mais avec le temps, une convergence s'installe, laissant de moins en moins de doute sur l'opportunité de l'interruption de l'ingestion.
Le grand obstacle à cet apprentissage est d'ordre psychologique et culturel : l'impression, remontant souvent à la petite enfance, que plus on mange, mieux on sera (résidu de l'éducation "une cuiller pour maman, une cuiller pour papa"), l'idée que tel aliment dont la diététique nous vante les propriétés va nous assurer la santé (alors que seul le corps lui-même peut savoir ce qui lui convient à un instant donné), l'habitude de finir son assiette pour ne rien laisser perdre (négligeant le fait capital qu'un aliment qui n'est pas ressenti comme attirant est nuisible même s'il est utile dans d'autres circonstances), etc.
Si l'on se laisse aller à ces pressions culturelles, on risque de s'installer dans une surcharge permanente, et de ne jamais découvrir ni les critères d'une digestion parfaite ni la "phase lumineuse" des saveurs naturelles.