INSTINCTOTHÉRAPIE : SUR UNE MÉTHODE ALIMENTAIRE RÉVOLUTIONNAIRE
La théorie des associations alimentaires a défrayé la chronique pendant toute l’époque où les régimes étaient à la mode. Son fondateur, Shelton, déconseillait de manger dans un même repas des féculents ou autres sources de glucides et des protéines. Les travaux récents sur les AGE semblent cautionner l’idée que des réactions chimiques peuvent survenir entre glucose et protéines, soit dans l’intestin, soit dans le sang, ou déjà lors de la préparation culinaire.
Des molécules séjournant ensemble dans l’estomac ou l’intestin avant d’avoir été dégradées par les enzymes digestives peuvent en effet réagir chimiquement, d’où l’apparition possible de molécules non prévues au programme nutritionnel humain, susceptibles de s’accumuler et de provoquer diverses perturbations, en d’autres termes : de constituer des « toxines ».
La question qui se pose dans le contexte instincto est de savoir si l’organisme est protégé par des mécanismes alliesthésiques ou autres contre les mauvaises associations. L’existence d’une telle protection serait deux fois bénéfiques : elle éviterait spontanément les mauvaises associations, évitant ainsi de se torturer l’esprit au moment de manger ; elle protégerait contre des associations défavorables non répertoriées dans la liste noire de Shelton.
À en croire l’expérience, l’alliesthésie olfactive et gustative ordinaire ne tient pas compte des problèmes immunitaires. Un aliment peut paraître attractif alors même qu’il est consommé après un autre avec lequel il constitue une mauvaise association.
La nature a heureusement prévu ce cas de figure. Lorsqu’une association est défavorable, deux signaux apparaissent pour limiter les dégâts : une légère sensation de nausée, et un signal de réplétion. Plutôt que de se référer à des classifications rigides et inévitablement incomplètes, vu la complexité du problème, il suffit de rester à l’écoute du corps, et de renoncer à poursuivre l’ingestion dès qu’apparaît l’un ou l’autre de ces signaux. D'autres signes permettent aussi de reconnaître des réactions chimiques indésirables dans le tractus intestinal : des selles ou des vents malodorants témoignent soit d'une dégradation incomplète de certaines molécules et de réactions chimiques parasites, ou de prolifération bactérienne anormale (très net avec les oeufs).
Pratique
L'expérience a montré que les règles suivantes permettent d'éviter la plupart des mauvaises associations :
Règle n° 1 : consommer les protéines animales uniquement lorsqu'elles sont très attractives à l’odorat et au goût, et les consommer alors en début de repas. Si l'on constate des signes de complications digestives, mieux vaut attendre entre les protéines animales et la suite du repas (d'un quart d'heure à une heure).
Règle n°2 : limiter ou éviter les produits riches en glucides, notamment les fruits, après consommation de viande.
Règle n°3 : une bonne approche du problème consiste à ne manger à midi que des fruits frais (pas plus de deux ou trois variétés), et au dîner (vers 19 heures) dans l'ordre une protéine ou un produit riche en graisses, dans un deuxième temps un ou plusieurs légumes, et pour finir une seule variété de fruit frais ou sec (présenter d'abord sur la table le choix de protéines et produits gras, avocats, oléagineux etc. puis les remplacer par le choix de légumes, et finalement le choix de fruits). Une autre variant consiste à manger l'aliment protéiné environ une heure avant le repas du soir, de manière à permettre aux enzymes digestives de le neutraliser avant contact avec légumes et fruits.
Règle n° 4 : dans tous les cas, respecter les premiers signes de négativation alliesthésique (baisse de saveur) et surtout de réplétion (première sensation d’avoir quelque chose dans l’estomac, ou d’avoir un estomac), car c’est la surcharge digestive qui complique le travail des enzymes et multiplie les réactions chimiques parasites.
Si l'impression de lourdeur digestive perdure, ou si l'appétit reste mitigé, il est recommandé de manger fruits et légumes lors de repas sans protéines, et de faire de temps à autres un repas de protéines seules, et. Le fait d'espacer systématiquement les protéines animales a toutefois pour inconvénient un apport insuffisant vitamines B12, sachant que cette vitamine ne peut être absorbée qu’en toutes petites quantités à la fois et qu'elle n'est présente que dans les produits animaux. Un contrôle annuel des réserves en B12 est alors recommandé.
Une solution pour éviter les mauvaises associations protides + glucices consiste à manger les protéines en guise d’apéritif, et d’attendre ensuite au moins une demi-heure à une heure avant de prendre l’essentiel du repas. On peut constater avec les œufs que les vents malodorants ne surviennent pas dans ce cas, alors qu’en enchaînant immédiatement avec les légumes, les émanations d’hydrogène sulfuré signent la présence de réactions chimiques anormales.
L'essentiel est d'apprendre à respecter le langage du corps : ne jamais dépasser, surtout lors des repas comprenant des protéines, ni les signaux alliesthésiques, ni les signaux de réplétion. Il faut s’arrêter dès que la saveur paraît moins gratifiante, dès que survient le moindre signe de réplétion, ou encore la moindre sensation de dégoût.
Plus l’exception qui confirme la règle : un forcing occasionnel (jamais plus qu’une fois par mois par exemple), peut réveiller le système immunitaire. Par exemple, s’il existe un dégoût face à une association alimentaire particulière, le dépassement des signaux de répulsion peut déclencher une réaction de détoxination.
Une mauvaise association occasionnelle reste en principe sans conséquence. Un menu de nouvel an particulièrement abondant et varié est certainement moins dangereux que les menus gastronomiques ordinaires. Aucune complication n’a jamais été observée. La mise en garde de Shelton vaut uniquement pour les mauvaises associations répétées, comme cela se produit dans l'alimentation ordinaire, lorsque les menus répondent à certaines habitudes culinaires déjouant les défenses naturelles dont dispose l’organisme. Le problème survient dans le contexte instincto seulement si l'on a tendance à forcer les signaux d'arrêt, d'anciennes habitudes boulimiques, ou un choix trop restreint, ou encore si l'on se force à finir les restes des repas (fruits entamés) ou les restes de provision dans l'idée d'éviter des pertes.