INSTINCTOTHÉRAPIE : SUR UNE MÉTHODE ALIMENTAIRE RÉVOLUTIONNAIRE
Nous sommes entrés dans une époque où nous devons penser chacun de nos actes en termes de préservation de l’environnement.
La question se pose tout particulièrement pour notre alimentation, même si ce facteur est généralement mis entre parenthèses : dans quelle mesure nos habitudes alimentaires sont-elles responsables de la dégradation du milieu naturel ? Quelles sont les conséquences écologiques du développement de l’art culinaire, de la consommation massive de céréales, de produits laitiers, de viandes animales ? N’existerait-il pas un mode d’alimentation qui garantisse à la fois la santé des consommateurs et la préservation du milieu ?
Toutes les espèces vivantes se sont toujours nourries aux dépens de l’environnement. La prédation fait partie des lois mêmes de la vie, et l’on ne saurait reprocher à l’humanité de vivre aux dépens du milieu naturel. Toutefois, les équilibres écologiques primitifs se sont élaborés pendant des millions d’années dans le respect des lois naturelles. Ces lois sont nombreuses, complexes, et nous n’en connaissons certainement qu’une petite partie. La mise en place d’un équilibre écologique entre une espèce dotée d’intelligence et le monde naturel est une première dans l’histoire de la planète. Notre entendement ne nous permet malheureusement pas d’en prévoir tous les aboutissants.
Grâce à son intelligence, l’homme a pu inventer toutes sortes d’artifices qui lui ont permis de survivre et de prendre le pas sur les autres espèces. La fierté que nous en tirons pourrait bien masquer des dommages écologiques d’une ampleur sans précédent. Les exemples les plus criants en sont les pollutions industrielle et automobile. On ne peut cependant pas passer sous silence les conséquences des habitudes alimentaires : celles-ci se répercutent notamment sur les modes d’exploitation agricole et sur les déchets rendus au milieu.
Les différents artifices alimentaires ont chacun leurs conséquences spécifiques, la situation présente étant le prolongement, la répétition ou l’aggravation de dégradations du milieu dont les origines remontent à plusieurs millénaires. En voici les principales :
1)La cuisson et l'aissaisonnement permettent de consommer des quantités beaucoup plus importantes de céréales, de tubercules, de viande, de poisson et de nombreux autres aliments qui ne sont que marginaux dans la palette alimentaire naturelle, mettant en danger de nombreuses espèces animales ou végétales.
2) La culture des céréales bouleverse le milieu à travers le défrichage des forêts et le labourage de surfaces gigantesques.
3) La consommation de viande, de lait animal et de produits laitiers exige la multiplication des animaux d’élevage.
4) L’extension de l’élevage contribue à la désertification des régions déboisées et génère aujourd’hui une consommation massive de céréales.
5) Le bois utilisé pour la cuisson dans les régions peu industrialisées maintient ou aggrave la désertification. Les fumées des foyers, ajoutées à celles de la culture sur brûlis polluent l’atmosphère, relayées aujourd’hui par les fumées des cheminées d’usines.
6) Les dénaturations moléculaires dues à la cuisson génèrent une large palette d’espèces chimiques nouvelles qui retournent au milieu naturel et polluent insidieusement les eaux et les terres.
7) Les effets excitants des aliments dénaturés augmentent la cadence des relations sexuelles et les risques de procréations involontaires, réagissant sur la démographie et le niveau général de prédation et de pollution.
8) Les conséquences indirectes de l’art culinaire sur le fonctionnement et la structuration psychiques font naître de faux besoins qui sont un des moteurs du développement industriel et de la pollution.
9) L’explosion démographique justifie l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides dont les conséquences sur les terres et les nappes phréatiques ne sont que très lentement réversibles.
10) La surconsommation de poisson et autres produits marins, sous l'effet de l’apprêt et de la cuisson, vide les océans de leurs ressources.
On peut en revanche s’interroger sur ce que serait l’équilibre écologique entre l’homme et la nature si l’alimentation était restée semblable à celle de nos ancêtres préculinaires. Comme on peut l’observer chez les chimpanzés dans leur biotope naturel, la palette naturelle des primates est constituée grosso modo de 60% de fruits, 30% de feuilles ou de racines, et 10% de protéines végétales et animales. Les graines ne représentent que des aliments tout à fait occasionnels. Les mesures effectuées dans le cadre de l’instinctonutrition sur de longues périodes ont montré pour l’être humain exactement les mêmes moyennes.
S’il advenait un jour que l’ensemble de l’humanité retourne à l’alimentation primitive, les campagnes verraient disparaître la quasi totalité des cultures de céréales et autres graines. Les champs labourés seraient remplacés par des vergers et des haies fruitières freinant les vents et le ruissellement. Les plantations maraîchères compteraient quasiment les mêmes surfaces qu’actuellement, mais seraient avantageusement cultivées sous une partie des arbres fruitiers, la partie principale étant couverte de prairies naturelles où pourraient courir librement des volailles et animaux à viande.
Une telle répartition des cultures se prêterait beaucoup mieux à la culture biologique ou biodynamique, éviterait l’érosion et les pesticides, favoriserait la biodiversité, et assurerait un meilleur équilibre hydrologique grâce à la couverture arboricole généralisée.
La normalisation de l’excitation sexuelle freinerait l'explosion démographique, la normalisation des structures psychiques ramènerait l’agressivité à son niveau naturel, l’amour du fruit redécouvert dans sa splendeur gustative originelle rétablirait le respect de la nature...
Nous nageons là en pleine utopie. L'extrapolation a toutefois quelque chose de bon : elle donne à penser que la remise en cause de l’art culinaire pourrait être un pilier important, sinon le principal dans la lutte pour la sauvegarde de la planète...
Problèmes pratiques
La prise de conscience qu'induit automatiquement une hygiène alimentaire naturelle est sans doute la meilleure motivation écologique qui puisse exister. L'amour du fruit pousse à respecter la nature, les arbres, les forêts ; la sensibilité aux saveurs pharmaceutiques pousse à rejeter l'agrochimie et l'industrie chimique ; le bien-être physiologique et psychique retrouvé libère de toutes sortes de faux besoins induits par la consommation d'aliments dénaturés.
La seule entorse à l'écologie qu'entraîne pour l'heure la pratique de l'instinctothérapie est le transport des produits exotiques. Ces derniers ne représentent qu'une petite part de la palette moyenne et ne sont indispensables que dans une perspective soit hédonique soit thérapeutique, mais on peut regretter la nuisance écologique du fret aérien ou maritime suivant les produits. Le bilan total de pollution reste cependant très bas, car la majorité des produits proviennent de régions proches, sont cultivés sans chimie, et ne sont pas dénaturés par la préparation culinaire. Le meilleur état physique évite par ailleurs la plupart des médicaments.
La pollution imputable au transport n'est toutefois pas intrinsèquement liée à l'éloignement. Elle découle du mode de propulsion des avions et des bateaux. Le développement de l'importation de produits exotiques, et la prise de conscience écologique à laquelle coopère l'instincto, pourront au contraire accélérer la mise au point de transports non polluants. Cela sera possible dès que l'hydrogène aura remplacé le diesel pour les bateaux, voire le kérosène pour les avions. Rien ne s'oppose notamment à ce que les moteurs des cargos ne soient très prochainement propulsés à l'hydrogène, les cuves isolées thermiquement y trouvant toute la place et la protection requises. C'est avant tout une question de volonté industrielle et l'on peut espérer que le diesel soit abandonné dans des délais raisonnables, avec en plus l'avantage du supprimer toute pollution due aux dégazages sauvages ou aux marées noires.
Le problème est plus délicat pour les avions, mais il faudra bien qu'il trouve une solution pour faire face à l'épuisement des ressources pétrolières. Notons encore qu'une augmentation massive des importations par bateau favoriserait la mise en place de circuits de distribution rapides, qui permettraient d'éviter les transports aériens. Dans l'idéal, les grands pétroliers pourront être transformés en navettes de transport fruitier. Voilà qui apporterait une solution au problème des marées noires...