La tragédie du Mont Soleil  du 20 avril 1954.

La tragédie du Mont Soleil du 20 avril 1954 ;  L'article de la Voix du Nord du 21 avril 1954 titrera ; " Accès interdit" mais les barbelés n'empêchaient pas les gosses d'entrer au Fort du Mont Soleil  à Outreau...Un enfant tué et trois autres blessés par éclatement d'un obus."

Notre colline d’Outreau dominant la mer et le Portel avait déjà été exploitée sous Napoléon, elle était gardée par les troupes du camp de gauche ; durant la seconde guerre mondiale  les allemands de 1940 à 1944 trouvèrent là un endroit idéal de défense juste en face de l’Angleterre. Ils utilisèrent les anciennes forteresse des blockhaus furent construits ainsi ils y établirent une batterie lourde de Flak ( défense contre avions ).  Cette batterie de Flak établie au Mont Soleil était l’une des deux batteries de la Luftwaffe défendant le ciel de Boulogne. La position du Mont Soleil avait pour nom de code « StP 256 Wegerich » qui veut dire plantain. 

La voix du Nord du 21 avril 1954 : " Le Mont Soleil parfois encore appelé( Fort du Mont Soleil) à cette époque fut l’un des derniers points de l’occupation allemande ; des blockhaus éventrés y subsistent au milieu des mares d’eau. Des barbelés et des débris de toutes sortes traînent encore de tout côté. L’endroit, en dépit des clôtures qui en défendent l’accès, est hélas ! le lieu de prédilection des gosses d’un quartier populeux de construction situé à quelques 300 mètres ". Le journaliste parle de l'ancien quartier des cités provisoire,  la Cité République plus exactement. C'est le 20 avril 1957 que le jeune Marc Baheux fut tué par l'explosion d'un obus, Roger Carré grièvement blessé ainsi que Georges Legrand l’aîné et son frère cadet Jean Pierre Legrand qui fut le moins touché.

Marc Baheux est né le 28 juillet 1946, il avait 7 ans et 9 mois, il est décédé dans l'après midi du 20 avril 1954 au lieu dit " le mont soleil" sur l'acte dressé le jour même à 17H30 en mairie d'Outreau ; il était le fils de Charles Constant Baheux et de Marie Thérèse Wyart ; la famille à cette époque habitait la cité provisoire de la rue du Portel groupe 57 au N°7 ; ancienne Cité République.

Roger Carré âgé de 7 ans fut grièvement blessé, il perdait beaucoup de sang, ramené chez lui par un passant ayant entendu la déflagration, il fut immédiatement hospitalisé dans un état d'extrême faiblesse. Après plusieurs transfusions il fut ensuite opéré car il était atteint d'une perforation intestinale et fut sauvé..Roger Carré habitait également la  Cité République.groupe 57 N°8.

Georges Legrand l’aîné âgé de 12 ans fut lui aussi grièvement blessé, il fut hospitalisé et après divers soins et examens  retourna chez lui, son frère cadet Jean Pierre fut le moins atteint. La famille Legrand habitait également la  Cité République. groupe 55 au N° 8.

Ce drame eut lieu donc pendant les vacances de Pâques du mois d'avril 1954, bien que le mont soleil fût protégé par des barbelés et l'entrée interdite suite aux nombreux dangers qui existaient encore, rien n'empêchait les enfants des quartiers d'Outreau ainsi que ceux des villes voisines d'y pénétrer. Ce lieu dit " Le Mont Soleil" avait été transformé en fort de défense par l'armée allemande de 1940 à 1944 à la libération...Les pièces importantes avaient été démontées mais les blockhaus et autres bâtiments contenaient encore de nombreuses munitions ; ce lieu était devenu la curiosité de bien de monde qui ne réalisait pas les dangers. Un article de la Voix du Nord de décembre 1946 relatait déjà un des nombreux accidents qui eurent lieu ; en ce mois de décembre 1946 c'est un blockhaus qui sautait avec les munitions qui s'y trouvaient à l'intérieur. 

Voici le témoignage que le regretté Georges Legrand m'avait accordé : "Hélas j'étais présent ce jour là au mont soleil, triste et pénible période, je vais souvent ou cela s'est produit, je regrette qu'une toute petite stèle n'y soit pas a la mémoire du petit Marc,  j'avais 12  ans à l'époque, j’ai toujours sur mon corps les traces de ce drame, encore des éclats, que c'est triste… je reste marqué de cela pour plusieurs raisons…" voici les faits de cette tragédie qu'il m'avait confiés : " En effet au mois d'avril 1954, vacances de Pâques, avec Marc Baheux, Roger Carré, mon frère Jean Pierre et moi, nous sommes allés jouer du coté de chez Peggy une menuiserie qui se situait juste derrière les garages des autobus Caron, et de là nous sommes montés au mont soleil , notre curiosité fut attirée par de la fumée qui sortait d'un blockhaus quand nous fûmes sur les lieux il y eut soudain une détonation, j'étais à moitié sourd, je ne sais pas combien de temps après, mais j'ai cherché les autres, j'étais en sang, j'ai trouvé mon frère, on avait remarqué Marc accroupi qui ne bougeait plus, nous étions effrayés par la vue de tout ce sang nous avons regagné la maison pour aller chercher des secours mais un monsieur, dont je ne sais plus le nom, était arrivé sur les lieux après avoir entendu l'explosion...J'avais 12 ans et j'appris que Marc Baheux était décédé et que Roger Carré était grièvement blessé.". Hospitalisé et opéré Roger Carré survivra...

Voici l'article complet de la Voix du Nord du 21 avril 1954 relatant la tragédie, la veille, au parc du mont soleil.        Comme le mentionne le journaliste : "Bon nombre de garçonnets vont jour au Fort- plus exactement au mont soleil-parmi les douille d'obus et d'engins de guerre que les services de déminage n'ont pas totalement enlevés et que les touffes d'herbe ou les pierres dissimulent. C'est ainsi que mardi 20 avril 1954, les ruines du fort du mont soleil ont été le théâtre d'une explosion qui a endeuillé la Cité République à Outreau. Quatre enfants Marc Baheux, Roger Carré, Jean Pierre et Georges Legrand étaient partis en riant  ; une heure plus tard  Marc tombait foudroyé ; Roger  repose exsangue sur un petit lit blanc de l'hôpital Saint Louis à Boulogne-Sur-Mer, très gravement atteint ; Jean Pierre et Georges sont couchés chez eux, dans leur petit pyjama bleu".

Un des blockhaus du Mont Soleil, qui sert maintenant d'entrepôt pour le matériel du personnel.

L'article continuera et se terminera ainsi : "Il est certain que la responsabilité de la mairie d'Outreau n'est pas engagée dans cette catastrophe ; un arrêté avait été pris en 1947, interdisant l'accès à ce terrain militaire et le blockhaus avait été entouré de fils de fer barbelés. Mais dans la soirée d'hier ( le 20 avril 1954), on ne pouvait admettre que des engins de guerre aient pu être laissés à l'abandon depuis 10 ans. Jamais le nom de Mars Baheux  petite victime civile n'aurait dû s'inscrire au martyrologue de la guerre. 

Pour rappel : 

Notre colline, Le Mont Soleil d’Outreau située à 65 mètres d’altitude avait déjà été exploitée sous Napoléon, elle était gardée par les troupes du camp de gauche ; durant la seconde guerre mondiale sous l’occupation de notre ville les allemands de 1940 à 1944 trouvèrent là un endroit idéal de défense juste en face de l’Angleterre. Ils utilisèrent les anciennes forteresses sur une partie plus importante et la construction de blockhaus et y établirent une batterie lourde de Flak ( défense contre avions ).

Cette batterie de Flak établie au Mont Soleil était l’une des deux batteries de la Luftwaffe défendant le ciel de Boulogne. La position du Mont Soleil avait pour nom de code « StP 256 Wegerich » qui veut dire plantain. La batterie du Mont Soleil, située à 65 mètres d’altitude et à 1125 mètres de la plage du Portel, était ainsi aux avants postes face à l’Angleterre. Renseignée d’abord par le grand radar Mammuth d’Equihen-Le-Noquet, son petit radar parabolique Wurzburg 39T, d’une portée de 30 km lui donnait toutes les coordonnées de tir. Cette batterie lourde de Flak fit partie début 1943, des batteries dites « de barrages » contre les vagues de bombardiers lourds anglo-américains qui commençaient à déferler sur l’Allemagne. Note de L. VASSEUR 

En regardant ces photos de la batterie allemande du mont soleil durant l'occupation, on s'aperçoit de l'important dispositif qui avait été mis en place 

Le blockhaus où étaient entreposées les munitions, hautement surveillé avec juste à côté la construction d'un baraquement.

Ce fut le 19 septembre 1944 que le régiment Stormont, Dundas and Glengarry Higlanders de la 33ème division canadienne s’attaqua au Mont Soleil en venant d’Outreau. Voici en quels termes le colonel Stracey raconte cette attaque « Campagne de la Victoire », volume III de l’histoire officielle de l’armée canadienne 1944-1945 (Ottawa, 1960) : 

« Entre Outreau et la Manche, s’élevait une colline, haute de 250 pieds (en réalité 65 mètres), surmontée d’une batterie allemande de six pièces de 88 et de quatre de 20. L’examen des lieux, plus tard allait révéler que l’un des 88 et deux des 20 avaient été endommagés par le bombardement , plus un 88 mis hors d’usage par notre artillerie.

Cette position formidable , désignée sur le plan sous de « Buttercup » était attaqué le 19 par les Glengarrians, avec un gros appui d’artillerie. Suivant de prés le barrage, l’infanterie se répandit sur la colline attaquant à la baïonnette et à la grenade dès avant la chute des derniers obus. La prise de « Buttercup » fit entrer encore 185 prisonniers dans les parc déjà encombrés de l’arrière… »

Le Mont Soleil était aussi appelé " la colline 80" par le régiment des Canadiens. 

Pour revenir à la tragédie du 20 avril 1954 du Mont Soleil à Outreau, Georges Legrand qui était l'aîné du groupe bien qu'il ne fût qu'un enfants de 12 ans, dû faire face à beaucoup de reproches, de la part des familles des victimes dont la douleur était immense ; la municipalité fut embarrée par les évènements qui furent relatés dans divers journaux et magazine de l'époque comme "Paris Match", la revue hebdomadaire " Le détective", " Le journal " et bien entendu toute la presse locale. Gênée, après tous ses évènements, la maman de Georges ne réclama aucun dommage...Photo de Georges Legrand à l'âge de 14 ans.