1870 - 1871
L'ANNEXION
Lors des opérations prussiennes pour la prise de Thionville, Uckange présentait pour les allemands un atout stratégique majeur : les routes étaient particulièrement bien desservies depuis la gare qui servait également de dépôt provisoire de pièces d'artillerie venant notamment de Spandau et de Sarrelouis.
La guerre de 1870-1871, à ma connaissance, n'a fait qu'une victime dans les rangs des Uckangeois.
A la fin du conflit, les autorités prussiennes invitèrent fortement certains à « céder la place ». Les pressions exercées et le cœur français font qu’avant le 27 janvier 1873, le village se vit ainsi diminué de près de 300 âmes.
en mémoire à
Jules-Aimé Boutserin
Sergent-major au 94ème Régiment de Ligne d'Infanterie,
né à Uckange,
tombé le 16 août 1870 à Gravelotte à l'âge de 19ans.
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19 JUILLET 1870
l'Allemagne déclare la guerre à la France
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extraits d'un récit dans
"Evasion d'un Prisonnier français en Allemagne"
Ch. GUYON 1912
20 JUILLET 1870
Le lendemain, je lisais, à Thionville, la proclamation adressée à la France par l'Empereur. La guerre était bien déclarée. Quelle stupeur dans la population ! Chacun se demandait quel avenir attendait la France. On tremblait à la pensée de cet inconnu terrible qui se présentait tout à coup : la guerre ! Ce mot a toujours fait frémir les hommes.
Quelques jours après, la guerre avait commencé. Les Prussiens avaient envahi le sol de la patrie : Wissembourg, Reischoffen, Forbach, avaient déjà appris à la France que les efforts de tous ses enfants étaient nécessaires pour arrêter l'ennemi.
[...]
Peu de temps après ce départ, un grand effroi se répandit clans le village : on disait que les Prussiens
rôdaient aux environs, et qu'on en avait vu dans les villages d'Uckange et de Fameck. Cependant quelques heures s'étaient passées sans troubles nouveaux..
[...]
date non déterminée :
[...] les Allemands ont conçu une idée audacieuse, téméraire. Ils veulent faire passer cette nuit par la gare de Thionville un train chargé de canons et de munitions, destinés au siège de Montmédy. Ils ont essayé de construire une voie ferrée entre Uckange et Hayange, reliant les deux gares sans passer par Thionville ; mais le terrain est si ondulé, découpé de ravins, de ruisseaux et de forêts, qu'ils n'ont pu réussir ; de plus, les francs-tireurs les ont vivement inquiétés, et il a fallu renoncer à ce projet. Aujourd'hui, pensant que nous ne veillons pas sans cesse à la défense du pays, ils osent s'aventurer sous nos murs et vouloir faire passer un train jusque sous les bouches de nos canons ! Si cette tentative réussissait, ce serait non seulement une honte pour nous, mais un malheur pour la France, car, une fois possesseurs de la ligne des Ardennes, les Prussiens seraient maîtres de la route de Paris. Ils sont arrêtés à l'Est par la forteresse de Toul, ici par Thionville : ne les laissons point passer.
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Parmi les hauts-lieux de la guerre de 1870 contre les prussiens, SAINT-PRIVAT fut un champ de bataille stratégique.
Lors de cette campagne, Uckange a été concernée par les objectifs militaires :
17-18 AOUT 1870
POSITION DES ARMÉES
VERS 7 HEURES DU SOIR
AVANT L'ASSAUT DE SAINT-PRIVAT
A Saint-Privat, les divisions Lafont de Villiers et Le Vassor-Sorval se sont retirées le long de la forêt de Jaumont et l'artillerie est en demi-cercle autour des Carrières; le 4e corps est à Amanvillers, le 3e à Moscou et le 2e au Point-du-Jour et à Rozerieulles. La cavalerie a commencé à sortir du ravin au nord de Sainte-Ruffine et s'écoule par Lessy et par Moulins sur Devant-les-Ponts et le Ban-Saint-Martin. La Garde impériale (grenadiers) est dans la clairière du bois de Saulny ; la réserve d'artillerie et les voltigeurs sur Saint-Quentin et au haut de Châtel.
L'armée allemande entoure (XIIe corps et la Garde) les débris du 6e corps, encore dans Saint-Privat; l'infanterie du Xe corps et du IIIe, dont l'artillerie est engagée, est en deuxième ligne. Les IXe, VIle, VIIIe et IIe corps sont devant les 4e, 3e et 2e corps français; une brigade du 1er corps fait une démonstration sur la rive droite de la Moselle devant Moulins.
SOURCE GALLICA BNF
La Bataille de Saint-Privat ,
par Germain Bapst,
PLON, 1913
L'aile gauche allemande, aux ordres du prince Frédéric-Charles, se compose de trois corps d'armée : la garde royale, le Xe et le XIIe corps (saxons).
Ces trois corps vont attaquer de front et tourner Saint-Privat occupé par le 6e corps français commandé par le maréchal Canrobert et, en l'écrasant, ils gagneront la bataille de Saint-Privat.
Quand le général de Manstein fait tirer les premiers coups de canon contre les camps de la division Grenier, le prince Frédéric-Charles est à Vionville, et les trois corps de l'aile gauche allemande se trouvent encore loin de Saint-Privat.
La tête de colonne de la garde royale atteint Jouaville et se dirige sur Habonville où elle entre seulement à midi 45, une heure après l'ouverture du feu devant Verneville.
Le XIIe corps est près de Jarny : une partie suit les rives de l'Orne pour gagner Valleroy; une autre se dirige sur le château de Moncel et sur Sainte-Marie aux-Chênes, par une route passant à Batilly; une troisième colonne marche entre les deux autres par Tichémont et le bois de Fleury pour rejoindre, à Sainte-Marie-aux-Chênes, la deuxième fraction.
Le Xe corps est encore plus en arrière, non loin de Bruville : Saint-Ail est son point de direction.
Deux heures s'écoulent entre l'ouverture du feu et le contact de l'avant-garde de la garde royale avec les tirailleurs du Gecorps.
L'artillerie est déjà en action quand l'infanterie s'engage. Elle a pris le trot pour aller prolonger la ligne de pièces du IX' corps déployées au nord du bois de la Cusse.
Vers une heure et demie, neuf batteries de la garde, placées entre Habonville et Saint-Ail, tirent sur celles du 6° corps et sur les bataillons de la division Le Vassor-Sorval couchés sur les pentes descendant de Saint-Privat et d'Amanvillers.
Un quart d'heure après, à 1 heure 45, le prince Frédéric-Charles est en arrière de Verneville; après avoir constaté que la droite française se prolonge
au delà d'Amanvillers, il gagne Anoux-la-Grange, où l'horizon est plus vaste vers le nord et de là il voit la ligne française s'étendant jusqu'à Roncourt.
Les troupes de la garde débouchent d'Habonville en même temps que les Saxons s'avancent de Batilly sur Auboué.
Les éclaireurs signalent les Français à Sainte-Marie- ,aux-Chênes; immédiatement les généraux de la garde et ceux des Saxons s'entendent pour une attaque combinée : la garde s'avancera par le sud ; les Saxons par l'ouest.
Quatre-vingt-huit pièces d'artillerie dirigent d'abord un feu convergent sur le village, puis quand on suppose le terrain suffisamment fouillé par les projectiles, sept bataillons de la garde et huit du corps saxon se jettent sur Sainte-Marie-aux-Chênes abandonnée par ses défenseurs. Les assaillants, essoufflés par leur course, mélangés dans l'assaut, entrent pêlemêle et en désordre. Au nord-est, les 1 000 Français qui viennent de s'échapper se retirent, sans être inquiétés, par un ravin en couloir qui les cache aux Allemands.
La 47e brigade saxonne s'avance au delà du village sur les pentes du glacis de Saint-Privat; mais aussitôt une contre-attaque française la fait rétrograder.
Alors le combat devient traînant : les batteries françaises ont presque toutes cessé le feu, faute de munitions, tandis que celles de l'ennemi entretiennent le leur d'une façon continue qu'elles dirigent contre notre infanterie.
D'Anoux-la-Grange, le prince Frédéric-Charles s'est rendu sur le plateau au sud-ouest d'Habonville. Là il apprend à 3 heures que la première division saxonne attaque Sainte-Marie-aux-Chênes et que la seconde commence à contourner la droite française par Coinville et les petits bois à l'est de ce village.
A 3 heures et demie le général de Pape lui annonce la prise de Sainte-Marie-aux-Chênes. Alors il envoie au prince royal de Saxe, qui dirige le grand mouvement enveloppant des Saxons par Coinville, Auboué et Montois, ce billet :
« J'appelle l'attention de Votre Altesse Royale sur ce fait que l'unique communication de l'armée française avec Paris est située dans la vallée de la Moselle sur la rive gauche de cette rivière. « Il est, par suite, d'une grande importance pour la décision de la campagne que Votre Altesse fasse détruire, aussitôt que possible, par sa cavalerie, le télégraphe et le chemin de fer Metz-Thionville, et fasse occuper la vallée de la Moselle. Prince FRÉDÉRIC-CHARLES. Dieu soit loué! Tout va bien jusqu'à présent. »
C'était la confirmation d'un ordre de 11 h. 30 où le commandant de la IIe armée invitait une première fois le prince royal de Saxe à pousser sa cavalerie jusque dans la vallée de la Moselle afin d'y détruire le chemin de fer et la communication télégraphique entre Metz et Thionville. Le prince de Saxe avait immédiatement envoyé deux détachements, l'un au nord entre Thionville et Longuyon, l'autre à l'est dans la vallée de la Moselle en aval de Metz, à mi-chemin entre Metz et Thionville.
A ce second message, il détacha deux autres escadrons (les 2ème et 3ème Corps - formant la colonne de droite s'étalant entre Fontoy et Mercy-le-Bas) : ils devaient partir d'Auboué, traverser la forêt de Moyeuvre et se diriger sur Uckange où ils couperaient le chemin de fer et le télégraphe (18 août 1870). Leur marche fut difficile et ils n'arrivèrent qu'à la nuit close ; les barrages et abatis exécutés l'avant-veille par M. Trouvé-Drouot les avaient sans cesse arrêtés.
Cette colonne continuera son chemin vers Longuyon en traversant Hayange.
Quelques gardes forestiers ou bien même les francs tireurs de la Moselle auraient facilement empêché l'exécution des ordres du prince Frédéric-Charles.
Malheureusement le maréchal Canrobert ignorait la nature des travaux exécutés par l'administration forestière et l'état-major général n'avait pris aucune disposition pour en tirer parti.
St-Privat, le 18 août 1870
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EXTRAIT DU PROCES DU GENERAL BAZAINE
source GALLICA BNF
Il en fut de même de nos voies ferrées sur la ligne
de Thionville à Metz ; la voie a été coupée à Uckange,
le 18 août, vers six heures trente du soir. Le 19 au
matin, à neuf heures, cette voie était réparée par les
agents de la compagnie, et un train de blessés pouvait
partir de Metz et arriver à Thionville sans accident.
un autre ouvrage précise :
La bataille était à peine finie que les coureurs
de la cavalerie saxonne, se portant jusqu'à Uckange,
avaient détruit le télégraphe et la voie ferrée
entre Metz et Thionville.
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20 AOUT 1870
On écrit du camp de Mourmelon au journal Le Gaulois :
Ayant appris le 18 août que les communications entre Montmédy et Metz n'étaient pas interrompues, je me suis mis en route dans la direction de cette dernière ville, espérant faire le crochet à Grandrange et revenir en arrière sur Briey, où je devais nécessairement rejoindre l'armée française.
Entre Erzange, Uckange et Richemont, nous fûmes fréquemment inquiétés par des uhlans (cavaliers armés d’une lance), qui apparaissaient parfois à des distances peu rassurantes (ce qui veut dire jusqu'à une portée de carabine).
A Richemont, des paysans vinrent nous prévenir que les Prussiens se trouvaient en force considérable dans les environs de Gandrange, mais pourtant que la route paraissait être libre, elle passe à environ trois cents mètres sur la droite du village qui est situé, sur l'Orne, affluent de la Moselle.
Un peu plus loin, sur la gauche, passe le chemin de fer, dont la ligne est assez élevée et dominée à l'est par des collines.
A notre passage, nous remarquâmes que les deux villages, Vitry et Gandrange, étaient absolument déserts.
Tout à coup, à un tournant de la route, les pentes des collines au-dessus du chemin de fer se détachèrent entièrement à notre vue et nous aperçûmes des canons dressés en batterie et une masse noire rangée en plusieurs lignes en arrière des pièces.
Sur la ligne du chemin de fer, à la hauteur de la gare, une centaine d'hommes travaillait activement à détruire les rails.
C'étaient les Prussiens qui coupaient les dernières communications entre Thionville, Montmédy et Metz.
Le cocher fouetta son cheval, qui partit ventre à terre.
Metz est complètement isolée et livrée momentanément à ses seuls moyens de défense; moyens qui suffisent pour ôter vivement, en cas d'attaque, l'envie aux Prussiens de s'en emparer de vive force.
Près de quinze mille blessés français et prussiens ont été dirigés sur Metz ces jours passés. On s'est vu forcé, vu l'impossibilité de les loger tous en ville, d'en faire camper momentanément sous des tentes.
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16 NOVEMBRE 1870
message Uckange-Paris par pigeon voyageur
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28 OCTOBRE 1871
24 voitures de vivres, envoyées par les habitants du Luxembourg aux habitants de Metz, attendaient à Uckange que les autorités allemandes leur permettent d'entrer dans la ville.
Convoi retardé par la mauvaise volonté d'un colonel prussien.
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DOMMAGES DE GUERRE
Conseil municipal de Saint-Avold :
M. Siebert, rapporteur, lit le rapport suivant :
Messieurs, le Conseil municipal de la ville de Saint-Avold nous a adressé une pétition, dans laquelle il expose que par jugement du tribunal de Sarreguemines, confirmé à Colmar, la ville a été condamnée à payer la somme de 10 000 M. aux sieurs Jochum et Becker, fournisseurs de l'armée française, dont les magasins situés à Saint-Avold ont été envahis et dévalisés par les troupes des armées allemandes en 1870/71.
II ressort de la pétition qui vous a été adressée, qu'après les événements qui ont amené l'annexion de la Lorraine à l'Empire d'Allemagne, une Commission instituée en conformité d'une décision de M. le Président de Metz, en date du 24 juin 1871, composée de cinq membres du Conseil municipal, dressa une liste des indemnités de guerre à payer aux habitants, sur laquelle figurait le sieur Becker, d'Uckange, pour 7 244 M. 49pf , et Jochum pour 2000 M. Le travail de cette Commission avait été approuvé par la présidence de Metz, ainsi que cela a été établi par une déclaration faite à l'adjoint de Saint-Avold.
[...] En 1871, le Président du département de Metz institua une Commission, dans laquelle la ville était représentée par les membres du Conseil municipal. Cette Commission a parfaitement statué sur les dégâts faits à M. Becker, d'Uckange, et elle a déclaré réelle et bonne la réclamation du sieur Becker.
source : GALLICA BNF / Imprimés de la délégation d'Alsace-Lorraine. VIe-IXe session. 1879-1882BACH BERNARD optant pour la nationalité française pour lui et ses enfants
Etain le 17 avril 1872
1882
Gabriel BAUDIN
est condamné par la chambre correctionnelle de Metz
à 2 mois de prison et 40 marks d'amande
pour avoir crié en pleine rue
" VIVE LA FRANCE"
1904
LE FIGARO du 7 juillet 1904
le Journal L'AURORE publiera également un article sur l'ouverture de ce procès :
ALLEMAGNE : AFFAIRE DE TRAHISON
Leipzig, 6 juillet.
Les débats du procès intenté pour espionnage au serrurier Jules Davot, d'Uckange, près Thionville, ont commencé aujourd'hui, au tribunal de l'Empire, devant les deuxième et troisième chambres correctionnelles réunies.
Davot est accusé d'avoir livré au gouvernement français douze photographies des fortifications de Thionville.
Le prévenu proteste contre l'accusation.
M. Lahn, directeur de la police à Strasbourg, M. Bethmann, commissaire de police à Montigny, et M. Best, maréchal des logis chef à Metz, ont déclaré ne pouvoir faire de dépositions qu'à huis clos.
L'accusé avait accepté de travailler à Metz comme serrurier afin d'avoir accès aux forts.
Avec cette dernière phrase, on ne peut que s'interroger sur ce journal français qui semble abonder dans le sens de l'espionnage au profit de ... la France !!! Même si l'AURORE se voulait défenseur d'une certaine éthique en 1898 avec la publication de J'ACCUSE de ZOLA, là il y aurait quand même de quoi douter ...