Au matin du quatrième jour le cauchemar des naufragés avait pris une toute nouvelle tournure. Emile, toujours inconscient, gisait au milieu de la pièce où tous se réveillaient. La matinée était déjà bien avancée et le compte à rebours avant que ne trépasse leur ami n’était que trop entamé. Un nouveau relevé radiogoniométrique indiquait que les routes du DeGrasse et du Lampshire n’étaient plus amenée à se croiser avant plusieurs jours et il était bien évident que l’archéologue ne survivrait pas aussi longtemps sans une assistance médicale plus adéquate. Leur dernière chance de sauver leur amis leur apparu donc de tenter de faire fonctionner l’émetteur à ondes courtes du paquebot. Pour cela il allait leur falloir trouver un moyen de rétablir l’électricité à bord le temps d’émettre un message et de donner leur position. Fort heureusement la rencontre de la veille leur avait laissé l’étrange scaphandre qu’ils se mirent en tête d’étudier. L’objet relevait d’une technologie qui leur était totalement inconnue. Il permettait de respirer sous l’eau sans aucun apport externe d’air. Des ouïes situées devant le masque semblait en mesure d’extraire l’oxygène de l’eau et de délivré un mince filet d’air au porteur immergé. Cette découverte laissa les scientifiques pantois, mais leur offrait la possibilité de pénétrer les entrailles inondées du navire. Le principal problème résidait dans le faible rendement de l’objet. Il ne suffisait qu’à fournir le strict minimum renouvellement de l’air dont avait besoin un nageur aguerri et parfaitement calme. Dans ces conditions il était entendu que le plongeur devait accepter de prendre le risque de mourir étouffé si pour quelque raison que se fût, son organisme venait à réclamer plus d’oxygène qu’il n’en consommait au repos. Sachant que dans ses eaux sinistre se trouvait encore un des deux neveux d’Emile et qu’il y avait fort à parier qu’il ne tolérerait pas cette incursion, les trois hommes encore valide hésitèrent un instant avant de décider qui plongerait. En fait Hector et Firmin s’étant blessé la veille, seul Dad semblait en mesure d’accomplir cet exploit. De plus il était déjà descendu jusqu’aux salles des machines, peu avant le passage, pour récupérer un sac de soufre. Fort de cette connaissance et après avoir consulté les plans du navire, le pisteur enroula la plus longue corde qu’ils trouvèrent à bord autour de sa taille, convint d’un code pour communiquer sommairement avec ses amis en surface et plongea.
Il avait pris le Luger d’Emile qui, il en était sûre, aurait approuvé et s’était fabriqué un harpon à l’aide de son couteau de survie attaché à un bout de tuyau. Il alluma la petite lampe frontale du scaphandre qui lui permettait de distinguer vaguement son environnement le plus proche. Le spectacle dans les couloirs des secondes classes était effrayant. Partout autour de lui des squelettes humains noyés dans ce liquide glaciale et sinistre pollué de myriade de petits débris en suspension. Le pisteur pris tout son temps pour parvenir a maitrisé son rythme cardiaque. Il traversa les deux premiers sous-sols de la même manière jusqu’à se qu’il arrive à hauteur des réserves de nourritures. Sur le plan il avait bien mémorisé ces nombreuses pièces regorgeant de vivres où il espérait trouver des boîtes de conserve encore en état d’être consommée. La recherche s’avéra plus compliqué qu’il ne l’avait d’abord imaginé. Les débris encombrant les étroits couloirs rendait difficile l’ouverture des portes et dans cet enchevêtrement de meubles brisés, de cadavres désarticulés et de structures rouillées il était trop facile de perdre son chemin. Forçant malgré tout la main du destin, Dad, s’essaya à une ultime porte qui lui résistait étrangement. Elle n’était pas pourvue de serrure, rien ne semblait faire obstacle à son ouverture mais il du déployé un effort considérable pour qu’elle s’entrebâilla enfin. A cette seconde, le pisteur fût happé dans la pièce. Cette dernière était restée hermétique et une bulle d’air y était restée coincée. L’eau s’engouffrant dans l’espace l’avait projeté contre les cadavres de quelques pauvres âmes qui avaient sans doute cru bon de trouver refuge ici. Suite au choc, son cœur s’emballa et sa respiration réclama plus d’oxygène. Il manqua d’étouffer sur place et dû patienter dix bonnes minutes pour reprendre le dessus. Finalement résigné, il décida de continuer lentement sa route vers les salles des machines. Une fois rendu au troisième sous-sol, il déboucha dans la salle des turbines où il fut plus que soulager de constater que, comme prévu, il restait de considérables poches d’air. Il se dressa sur ses pied, de l’eau à hauteur du buste et retira enfin se maudit scaphandre. L’air était âcre et portait une insupportable odeur de rouille, mais s’était un bonheur de pouvoir laisser ses poumons ses rassasier. Se faisant, et en scrutant les alentours, il perçut un mouvement furtif dans l’eau. Il ne put rien apercevoir d’autre qu’une ombre qui fila rapidement à travers les recoins qu’offrait toute la machinerie. Il s’agissait très probablement du second neveu et il préféra ne pas prendre le risque de le pourchasser, préférant se concentré sur sa tâche principale qui était de rétablir l’électricité. Il enfila de nouveau le scaphandre et se glissa dans la pièce attenante où se trouvait les alternateurs. Elle était encore moins noyée que la précédente et l’une des six machines semblait encore en excellent état. Il essaya d’appuyer sur quelques boutons, sans résultat, avant de comprendre qu’il lui faudrait réactiver au moins une chaudière pour espérer pouvoir obtenir un résultat. Les salles des chaudières étant situées de l’autre côté, derrière les turbine, il redoutait de croiser de nouveau l’alter-ego du dangereux individu qui avait quasiment tué son ami. Il était néanmoins inconcevable de faire demi-tour maintenant et de revenir bredouille, le pisteur pris donc la courageuse décision de visiter les chaudières. En pénétrant le premier local, il fût désappointé de constater qu’il était totalement noyé et que, de plus, l’eau, dans laquelle le charbon avait dû se dissoudre, était d’un noir opaque, si bien qu’il n’y voyait quasiment plus ses mains. Il se rassura en jugeant que cette couverture devait le mettre à l’abri du mystérieux tueur qui rodait à proximité et s’enfonça à tâtons plus en avant dans le second local. Celui-ci était bien moins inondé. A la lueur de sa lampe frontale, Dad commença a essayé de relancer la machine. Tandis qu’il manipulait les leviers, un bruit d’eau attira son attention. Il distingua la même silhouette que précédemment qui glissait sous l’eau. Il dégaina le pistolet d’Emile, prit son temps pour ajuster son tir et fit feu au centre des ondes de surface. La détonation fit un bruit infernal dans le petit espace clos. L’instant suivant, le tueur émergea de l’eau et se précipita sur lui avec le même genre d’arme qui avait servi a tuer Alice et blesser l’archéologue. L’indien, assourdi par le bruit du coup de feu, ne prit pas le temps de réfléchir et vida son chargeur sur son agresseur. Il eu le temps de tirer trois fois avant que l’homme ne fut sur lui. La première balle toucha l’épaule, la seconde fila dans le décor et la dernière transperça le scaphandre du malandrin qui s’effondra sur le coup. Le corps sans vie du second neveu glissa lentement de la plateforme de la chaudière pour s’enfoncer dans les eaux noirâtre du local.
Le temps de reprendre ses esprits, et de laisser ses tympans se remettre de l’onde de choc, Dad se remit à la tâche qui se révéla des plus ardues. Cela lui prit deux bonnes heures pour parvenir à attiser le combustible humide. Voyant finalement le fruit de ses efforts récompensés, il retourna en toute hâte à l’alternateur pour le remettre en marche. Il savait que le temps était compté car la chaudière serait rapidement à cours d’air et s’éteindrait comme une bougie sous un verre. Il se hâta donc de remonter pour avertir ses amis. Se faisant il accomplit l’exploit de faire le chemin inverse en à peine un quart d’heure. Il s’effondra en haut des marches et découvrit alors qu’Hector et Firmin avait compris qu’il avait réussi à la seconde où il avait rétabli l’électricité car de rare ampoules scintillaient dans le couloir. L’ethnologue et le naturaliste étaient effectivement déjà remontés à la salle de commandement pour émettre leur SOS à destination du Lampshire. Ils eurent le temps d’indiquer leur nombre, leur position et la présence d’un blessé avant que les lumières du paquebot ne s’éteignent à nouveau. Ils attendirent ensuite avec anxiété une réponse de la part du mystérieux bateau qui semblait à leur recherche. Le poste à galène répondit à peine dix minutes plus tard avec un message indiquant qu’il faisait plein cap sur leur position et qu’il serait à portée de vue dans un peu plus de vingt-quatre heures. Le soulagement des naufragés tourna à l’allégresse quand Firmin revint un instant plus tard avec une magnifique Dorade d’une bonne dizaine de kilos. Les trois hommes fêtèrent leur sauvetage avec un repas de choix et si ce n’était l’état de santé toujours inquiétant d’Emile, ils auraient passé la meilleure nuit depuis longtemps.
Le lendemain matin, le réveil fut difficile pour les corps meurtris. Ce cinquième jour de mer devait être le dernier à bord du DeGrasse qui continuait de sombrer lentement. Le temps était toujours aussi favorable et la journée fut consacrée aux préparatifs de la nuit à venir. Mais pas seulement cela. Hector et Firmin savaient à quel point Emile tenait à ouvrir le coffre de Valentin Masu, aussi décidèrent-ils de se rendre à la bibliothèque voir s’ils pouvaient y trouver le roman que ce monsieur semblait avoir commis. Il s’agissait d’un ouvrage baptisé « Dans la gueule du loup » qui bien qu’en fort piteux état était présent dans les rayonnages du deGrasse. Les Français passèrent leur matinée à le lire pour tenter d’en extraire une information qui pourrait avoir un rapport avec la combinaison du coffre, mais en vain. Ce fut en définitive Dad, qui reprenant le bouquin nonchalamment délaissé par les scientifiques, qui découvrit le pot aux roses. L’indien, peu lettré, se contenta, là où ses deux amis avait lu l’histoire de feuilleté attentivement les pages du roman. C’est ainsi qu’il remarqua une date de naissance, celle du personnage principal qu’il essaya sans y croire sur le coffre. Bien lui en prit, car le cliquetis du verrou se fit entendre et la porte du coffre s’entrebâilla d’elle-même. Il appela ses comparses qui découvrirent le précieux contenu avec lui. Il y avait là dix lingots d’or allemand d’un kilo chacun et trois-cents bonds du trésor Français datant du troisième emprunt pour la Grande Guerre. La valeur de l’ensemble était inestimable au sens propre comme au figuré. De plus, la présence de cet or germanique avait de quoi troubler les investigateurs. Cela ressemblait a s’y méprendre à un butin de guerre, sans aucun doute prélevé de manière fort peu légitime. Mais les investigateurs savaient qu’ils auraient tôt ou tard besoin de cette manne et pris le partie de ne pas s’en priver quelqu’en fut l’origine.
Fort de cette découverte et s’avisant qu’ils leur restaient encore quelques heures avant le coucher du soleil, ils décidèrent de tenter l’impossible en demandant à Dad d’effectuer une nouvelle plongée . En effet, après avoir compulsé différents documents de bord, ils avaient réussi à positionner les quelques casiers qui étaient destinés aux grooms du bord, seuls enfants parmi les membres de l’équipage. C’est donc avec toute l’appréhension de l’homme qui affronte un danger qu’il connaît que l’indien retourna dans les entrailles du paquebot où il avait manqué de laissé sa peau la veille. Firmin resta en surface laissant fébrilement se dévider le fil d’Ariane qui le reliait à son intrépide équipier. Dad éprouva les plus grandes difficultés à conserver son calme. Il arriva avec les plus grande peine à atteindre l’escalier qui menait au niveau moins un et s’y arrêta un instant pour se détacher de la corde insuffisamment longue. Tel un alpiniste qui se décrocherait au milieu de la paroi, il éprouva soudain un violent vertige qu’il ne parvint pas à maitriser. Sa vue commençait à se brouiller et il comprit qu’il était entrain de faire un malaise. Il eut tout juste le temps de tirer sur la corde le signal convenue pour que l’ethnologue le remonte. Firmin senti les à-coups et tira de toutes ses force pour sauver le pisteur. L’épreuve fut des plus rude et lorsque Dad sorti enfin de l’eau, il était totalement asphyxié. Il s’écroula, Firmin lui ôta le scaphandre et l’aida a reprendre son souffle. La mission était un échec mais personne n’était mort et en l’occurrence, c’était un motif de satisfaction. Décidant d’en rester là pour la journée et comme la nuit commençait à tomber, les investigateurs finalisèrent leurs préparatifs pour la rencontre de l anuit à venir. Pour être certains d’être vu du Lampshire, ils avaient prévu d’allumer deux grands feux et d’utiliser, sur une excellente idée de Firmin, le sifflet du navire que la remise en route de la chaudière de la veille avait dû recharger en vapeur. Ils disposèrent les vingt-deux fusées de détresses qui leur restait en hauteur avec comme projet d’en tirer une toute les vingt-minutes. Toutes les affaires personnelles , l’inhalateur d’Andrew Scott, le butin de Valentin Masu, le scaphandre des neveux, ainsi que les registres contenant les noms des personnes présentes à bord, furent chargé à bord d’un canot de sauvetage,et l’interminable attente commença…
La nuit était douce et par chance, le ciel dégagé. Le corps agonisant d'Emile avait délicatement été monté sur le pont avant. Dadjingits, encore grelottant de sa plongée malheureuse, ne quittait pas le feu et s'efforçait de scruter l'horizon. Hector et Firmin s'activaient à tirer les fusées de détresses, a réalimenter les feux et à sonner régulièrement le sifflet qui allait immanquablement finir par ne plus avoir de vapeur à cracher. Tout absorbés à leurs tâches, les deux hommes faisaient de leur mieux pour guetter un éventuel signe dans la nuit. Celui-ci tardait à venir et c'est finalement vers une heure du matin que le pisteur Haïda aperçu le premier la lumière rouge du sémaphore d'un bateau à tribord. L'excitation était à son comble. Oubliant toute fatigue, les naufragés se précipitèrent contre la rambarde rouillée pour observer l'avènement de leur salut. Cela pris une bonne vingtaine de minutes avant qu'ils ne puissent apercevoir le Lampshire. C'était un gros navire de pêche de type chalutier qui battait pavillon Américain. A son bord on pouvait distinguer une dizaine de silhouettes impassibles. Lors des deniers mètres d'approche du Lampshire, les investigateurs commencèrent a voir se dessiner les carrures imposantes de leur sauveteurs, ainsi que les canons des quelques fusils dont ils semblaient armés. Plus que circonspect, Dad se précipita dans le canot de sauvetage pour dissimuler à la hâte l'or de Valentin Masu sous une bâche. Il failli même jeter à la baille le scaphandre mais se ravisa au dernier instant. Plus fébriles, les Français laissèrent monter leurs libérateurs à bord du DeGrasse. Ils ressemblaient à des dockers mais il aurait tout aussi bien pu s'agir de pirates. Ils ne dirent pas un mot dans les premiers instants et sans que leurs fusils ne fussent pointés vers les scientifiques, ils pressentaient que la méfiance était de mise des deux côtés. C'est finalement Dad qui se permit d'entamer une approche instantanément avortée par le bruit des fusils qu'on arme. Tout en continuant à le tenir en respect, ils interrogèrent l'indien sur les raison de sa présence à bord. Il y a avait derrière la barrière de malabars un homme de taille modeste en gabardine et chapeau qui semblait donner des consignes à voix basse. Les marins parlaient de lui comme "du chef". Ils s'enquirent de l'état de santé d'Emile comme s'ils le connaissaient. Hector leur désigna l'endroit où il avait disposé le blessé et les hommes du Lampshire lui répondirent en lui faisant signe de s'écarter. Ils entourèrent l'archéologue. L'homme au chapeau l'ausculta un instant et donna à nouveau des consignes. Sur un ton plus apaisant cette fois-ci, on invita enfin les naufragés à monter à bord du Lampshire.
Ils furent transbordés avec leur matériel dans les soutes du chalutier aménagé pour l'occasion en dortoir. Le confort devrait s'y avérer spartiate mais toutes les commodités avait été prévus. En fait, ce qui retint surtout l'attention des investigateurs, en dehors du relent âcres des pêches passées, était la présence d'un petit lit d'hôpital avec du matériel médical. On y installa précautionneusement Emile a qui on avait manifestement prévu de prodiguer toute sorte de soins que son état réclamerait. Un peu plus au fond on distinguait un autre lit du même type qui laissait supposer qu'on avait initialement envisagé de secourir deux personnes. Un homme se présenta avec de l'eau et du pain. Il laissa les vivres sur une table et s'en alla sans dire un mot. Les trois hommes firent preuve d'autant de retenu que possible au regard de leur éducation mais les denrées disparurent avant que le marin n'ai remonté l'escalier qui menait au pont. Quand ils relevèrent la tête de leur pitance les trois hommes se rendirent compte que l'homme au chapeau, le chef, les observait en silence. Il s'approcha d'eux de manière à ce que le cône de lumière de la suspension dévoile sa silhouette. Il retira son chapeau et se révéla être une femme. Hector la reconnue immédiatement. C'était Séridipe, la voyante qu'ils avaient rencontré lors du voyage allé à bord du France. Elle secoua la tête pour libérer ses cheveux et s'excusa pour l'accueil quelque peu rude. Elle expliqua que l'invraisemblance de la situation incitait à la prudence. Débordant de questions les investigateurs préféraient se taire pour écouter tout ce que Lily avait à leur dire.
Lily Damita, c'était son état civil, était une orpheline de la grande guerre, montée à Paris pour vivre chez sa tante à 17 ans. Elle fugua avant d'y arriver et se retrouva comme une âme en peine dans les rues de Paris. Elle eu la chance de croiser la route de Paul Dermée, à l'époque critique littéraire, qui lui trouva un poste de secrétaire au journal "l'action d'art". Suivant Paul dans les soirées mondaines des surnaturalistes d'Appolinaire, elle rencontra Edouard Lebillu au printemps 1919. Ils devinrent rapidement amants et Edouard l'installa dans sa garçonnière rue Gozlin dans le sixième arrondissement. Au contact d'Edouard elle se rapproche d'un cercle d'ami proche, des artistes dont il était le principal mécène, les membres du mouvement Dada. A leur contact très stimulant, elle s'épanouie et sa relation avec Edouard évolue. A l'hiver 1922, il lui donne l'appartement rue Gozlin, deux-cent mille francs et passe un accord, faisant d'elle son assistante personnelle. Elle allait devoir apprendre a rester dans l'ombre. Son travail consistait la plupart du temps a faire circuler des enveloppes sous les tables du tout Paris selon les bons vouloirs de son amant. Elle finançait ainsi des expéditions scientifiques, des laboratoires de recherche, et même des hommes politiques. Le travail était simple, tout ce que lui demandais Edouard était de ne jamais poser de question et d'être le plus discrète possible. Lui passait la voir une ou deux fois par semaine. Il arrivait sans prévenir systématiquement le soir. Passait la nuit avec elle et repartait au petit matin. Ces nuits formidables était presque autant de moments inoubliables dans la vie de la jeune femme. Elle confessa n'avoir jamais songé un instant, durant les trois années que durèrent ce manège, qu'il se servait d'elle. Les nuits étaient partagées entre amour passionnel, travail acharné et étaient systématiquement agrémenté d'une surprise ou d'un cadeau dont Edouard semblait intarissable. En aout 1925, alors qu'il prend la direction de la toute nouvelle cité universitaire internationale de Paris, il lui demande de suivre deux Français lors d'un voyage pour le Canada. C'est là qu'elle fait connaissance d'Hector et d'Emile. Elle avait pour mission de les amener a enquêter sur différents passager du paquebot. Edouard lui désigne Elijah Compton-Levy, Pierre Lange et Rober Patterson. C'est là qu'elle s'invente le personnage de Séridipe la voyante et qu'elle leur offre leur billets en première classe. Edouard disparu un mois plus tard. Lors de leur dernière rencontre, il semblait anxieux comme jamais elle ne l'avait vu. Il lui avait donné ses dernières directives en lui faisant promettre de les respecter au nom de leur amour. Il lui confia une amulette qu'elle allait devoir remettre au professeur Pabodie de l'université Miskatonic à Arkham aux Etats-Unis. Elle devrait s'installer là-bas quelque temps pour permettre au professeur et à ses collègues de monter l'expédition pour l'Antarctique qu'ils avaient le projet de mener. Il lui expliqua que de cette mission scientifique dépendait son existence et qu'elle allait devoir tout mettre en œuvre pour qu'elle ait bien lieu. Il lui demanda aussi d’organiser la présente mission de sauvetage. Elle devait se rendre dans ces eaux, à cette période pour récupérer les rescapés du naufrage du DeGrasse. A ces paroles les questions qui brûlaient les lèvres des trois hommes obtinrent des réponses que les lambeaux de leurs esprits rationnel eurent bien du mal à accepter. Edouard avait parlé à Lily du naufrage du DeGrasse avant que celui-ci ait lieu. Qui plus est, ils se retrouvaient tous en cette nuit, à 8000 kilomètre de leur lieu de naufrage, fin aout 1933, huit ans après que celui-ci ait eu lieu. La nouvelle était terrifiante. Lily en avait conscience mais elle continua a parler d'Edouard comme si cela n'était qu'un détail dans la vie de cet homme qui l'avait, semble-t'il, habitué a ce genre de mystère. Elle parla de l'arrivée de la nouvelle de la disparition du DeGrasse en France. Une cérémonie eu lieu en mémoire des deux scientifiques Français le jour de l'inauguration de la cité universitaire. La France tout entière avait été bouleversée par cette tragédie et un monument commémoratif avait été édifié au cimetière du Havres à la mémoire de tous les disparus. Leurs noms figuraient sur cette pierre. De son côté elle enfreignit la règle établi avec Edouard et commença à mener son enquête sur sa disparition. Elle s'intéressa à tous les travaux de recherche qu'il lui avait fait financer et parvint à trouver un rapport entre eux. Chacun des projets avaient de prés ou de loin un lien avec l’archéologie.
- Une équipe de restaurateurs avaient décrypté d’antiques tablettes Sumérienne gravées de caractères cunéiformes. Elles relataient le fruit des études d’une société secrète remontant au second millénaire avant JC. On y parlait des irrigations salinisées qui causèrent la perte de cette toute puissante civilisation. Ces écrits étaient frappés du sceau de ce groupe influent où on pouvait lire le chiffre cent-treize.
- Des conservateurs du musée du Louvre avaient transcrit les hiéroglyphes d’une stèle Egyptienne qui décrivait la montée des conflits avec les Assyriens à l’origine de la chute de cette autre civilisation. Ainsi, au septième siècle avant JC, des hommes avaient, sous l’égide d’un meneur, comploté dans l’ombre pour changer le cours de l’histoire. Il était fait mention de ces gens sous le nom « d’Ashrili » et du nombre deux-cent onze.
- Des chercheurs du laboratoire Dagain à Lyon mettaient au point une méthode révolutionnaire pour faire parler des manuscrits de Druides Celtique du douzième siècle. Une fois encore on y parlait de la disparition d’une ethnie. Des légendes Vikings décrivaient avec force de symboliques guerrières, la manière dont la centralisation de leurs pouvoirs sous la coupe monarchique des rois scandinaves avait eu raison de leur intrépidité. Cette fois les coupables désignés, un mystérieux groupe venu du sud, étaient nommés par le nombre deux-cent cinquante-trois.
- Et puis le fruit de l’expédition des Français. Un codex Amérindien difficile à dater, qui racontait comment un corps d’élite d’intellectuels, réuni sous le nom d’Em-Sached, avait dû fuir, lors de la chute de l’empire Maya, le diable avec qui ils avaient commercé. Il l’avait fuit plus d’une année durant en espérant qu’il les suive et qu’il épargne leur peuple. Il voulait le ramener dans ces terres vers le nord. A différent endroit du codex ont trouvait le nombre deux-cent soixante pour désigner les Em-Sached.
Ces différents éléments mit bout à bout semblaient donner un sens aux investissements financier d’Edouard mais Lily n’en découvrit pas plus. Hector cependant eu une révélation et se rappela que l’enquête sur Robert Patterson leur avait fait découvrir l’existence d’une société secrète à l’université de Yales. Il s’agissait des Skull and Bones qui avaient pour emblème un crâne humain et le nombre trois-cent vingt-deux. Lily s’en voulu de n’avoir pas su elle-même faire se rapprochement et sembla plus qu’enthousiasmée par le génie des investigateurs. Elle leur confia alors que si le cœur leur en disait et que s’ils en avaient les moyens, elle serait plus qu’heureuse de leur offrir ses services car elle avait aujourd’hui finit de servir son ancien employeur. Elle se senti obligé de leur expliquer qu’elle n’avait néanmoins pas tout à fait su remplir son devoir. L’expédition Miskatonic avait bien eu lieu en 1930, mais elle avait été un désastre. Très peu d’hommes en revinrent et ceux qui le firent avaient perdu la raison. Elle se sentait partiellement responsable car elle avait échouée à transmettre l’amulette qu’Edouard lui avait confié au professeur Pabodie. Elle avait tentée de la lui faire parvenir par l’intermédiaire d’un coursier qui avait disparu avec l’objet. Elle ne savait pas en quoi cette chose aurait pu avoir un rapport avec l’échec de la mission mais connaissant Lebillu, elle sentait confusément qu’elle avait commis une faute irréparable en perdant le précieux bijou. L’année qui suivi le retour désastreux de l’expédition, elle parvint néanmoins a remettre la main sur l’amulette qui, semble-t’il avait été dérobée par une secte satanique. Le démantèlement de ce groupuscule agissant à New-York lui avait permis de remettre la main sur l’étrange objet. Forte de ce nouvel espoir, Lily avait consacrée ces dernières ressources financière à motiver une nouvelle expédition sur les traces de celle de l’université Miskatonic. Elle avait trouvé un aventurier suffisamment motivé, et au fil du temps, elle avait su, toujours dans l’ombre, l’aider à monter une équipe. L’expédition devait partir dans quelques semaines et elle cherchait encore la personne à qui confier le pesant secret de Lebillu. C’est à ce moment qu’elle sortie de son manteau un écrin de velours contenant l’amulette. Elle le tendit aux trois hommes qui furent stupéfait par l’apparence de l’objet. Cela ressemblait à une étrange figurine taillée dans un matériau qui n’était pas sans leur rappeler l’os des armes des neveux d’Emile. Mais leur surprise fut encore plus grande lorsqu’ils s’emparèrent de la sculpture. Car elle était si chaude qu’ils pouvaient à peine la tenir à main nue. Lily expliqua qu’il en avait toujours était ainsi et qu’elle ne l’avait jamais senti refroidir. Ils lui rendirent l’amulette et commencèrent à l’interroger. Les questions fusaient mais la demoiselle n’avait pas beaucoup de réponses à leur apporter. Tout au plus elle pu leur apprendre qu’Avranche avait gagné son procès et qu’il courait toujours dans la nature à la tête d’un business toujours plus florissant. Au moment ou Dad s’inquiéta de se que le chalutier fut équipé de scaphandres pour plonger dans les entrailles du DeGrasse et peut-être retrouver la sacoche du second et son mystérieux message, ils entendirent le bruit sourd d’une puissante explosion. Lily les rassura en leur expliquant que, toujours fidèle aux consignes d’Edouard, elle avait demandé à ses hommes de mains de faire coule le paquebot pour qu’il ne reste aucune traces de l’étrange événement. Puis vint le moment où elle leur demanda de choisir où ils souhaitaient qu’elle les débarque pour pouvoir donner un cap au Lampshire. Ils s’avisèrent qu’il leur était maintenant possible de retourner en Europe enquêter sur Lebillu et les projets de recherche qu’il avait financés. Ils pouvaient tout aussi bien rejoindre l’expédition pour l’antarctique pour découvrir ce que la première mission n’avait pas su trouver. Tout comme il pouvait aussi essayer de se rendre directement à Yales pour percer le mystère des Skull and Bones. En tout état de cause leur destin était, pour leur plus grand bonheur, à nouveau et plus que jamais entre leurs mains.