Date inconnue…
Encore sous le choc les investigateurs restaient dans l’expectative la plus totale durant une bonne heure. Emile consulta sa boussole et informa ses compagnons d’infortune qu’ils faisaient cap au sud-ouest. C’était peu de chose mais cette information, la seule fiable dont ils se sentaient disposer, les aida à reprendre leurs esprits. Ils décidèrent qu’il fallait en savoir plus quand à leur situation et que si des réponses à cette question se trouvaient à bord, elles devaient être au poste de pilotage du paquebot. Alors que Firmin emboitait le pas à l’archéologue pour le pont supérieur, Alice fit comprendre aux investigateurs qu’elle ne se sentait pas la force de les suivre, qu’elle avait besoin de repos. Les Français convinrent de la laisser dans sa cabine mais, dans le souci de ne pas trop s’éloigner d’elle, entreprirent de se séparer en deux groupes pour qu’au moins deux d’en eux reste à proximité. Hector et Dad restreignirent donc leurs recherches au périmètre le plus réduit et parèrent au plus urgent en faisant un tour aux cuisines. Chemin faisant, l’indien et le naturaliste s’aperçurent que les escaliers qui descendaient aux secondes classes étaient sous les eaux. En s’arrêtant un instant pour constater l’effroyable vérité, Hector éprouva la désagréable sensation d’être observé. Il fit donc presser le pas à l’indien et ils arrivèrent aux cuisines. Tout était en l’état où ils l’avaient laissé quelques heures auparavant. A ceci prés que la rouille et le sel avait ici, comme partout ailleurs, fait son office ravageur et qu’ils ne trouvèrent pas la moindre trace de nourriture consommable dans la pièce. L’état de décomposition absolu de toutes les denrées semblait indiqué qu’au moins une année s’était écoulée depuis le passage.
De leur côté Emile et Firmin, en se dirigeant vers le poste de commandement, commencèrent à apercevoir l’océan. La brume se levait doucement et ils comprenaient que le jour se levait avec une température plus que clémente. En montant un escalier rouillé, l’archéologue manqua de se blesser lorsqu’une marche se déroba sous son poids. Ils progressèrent donc avec prudence jusqu’à leur destination. En arrivant à proximité des lieux, ils virent quantité de cadavres de personnel de la CGM mais c’est en entrant dans la salle de pilotage qu’ils faillirent paniquer. Les vitres opacifiées par les embruns ne leur avait pas permis d’appréhender le spectacle qui s’offrait à eux maintenant qu’ils avaient poussé la porte. La salle était littéralement couverte de squelettes humains. Une odeur insoutenable émanait de l’abominable charnier et ils ne durent leur salut mental qu’à leur extraordinaire résistance psychologique. Une fois l’effroi passé, ils tentèrent de fouiller les lieux mais les conditions étant ce qu’elle était, ils ne trouvèrent rien d’intéressant sinon une carte maritime à peu prés en état. Poursuivant leurs recherches, les deux hommes investirent l’office des radiocommunications à l’intérieur duquel ils trouvèrent l’émetteur à ondes amorties bien entendu hors d’usage sans alimentation électrique et un poste à galène susceptible de recevoir les appels d’urgence. Emile emporta le récepteur et se dirigea avec l’ethnologue vers les cabines des officiers. Commençant, bien évidemment, par la chambre du commandant de bord, Firmin repéra d’étranges traces de pas sur la moisissure qui recouvrait la moquette et Emile empocha une liasse de 1500 francs. Ils poursuivent avec la cabine du second dans laquelle ils mettent la main sur des comptes-rendus du service de sécurité de bord au sujet des agissements du pickpocket. Selon ces documents, le voleur serait un des membres de l’équipage. Il aurait failli être attrapé par l’une de ses victimes, une femme qui l’aurait vu de réfugier da une remise à proximité des chambres de première classe. Le rapport cependant stipulait qu’à l’inspection de la remise, celle-ci, sans issue, aurait été retrouvée vide. Pour finir, les scientifiques terminèrent par la cabine de l’officier naviguant à la porte de laquelle Emile, échouant son crochetage, dû tirer un coup de feu pour faire céder la serrure. Ils y récupérèrent un plan du navire en bon état sur lequel ils repérèrent, non loin de là, un local devant renfermer du matériel de secours. En s’y rendant, ils purent récupérer 25 fusées de détresse en état de fonctionner.
A l’étage inférieur, Hector et Dad décidèrent de se mettre en quête d’eau potable. Dad remonta le chemin parcouru par la tuyauterie sanitaire pour aboutir tout en haut du navire à une réserve d’eau douce qui, à son grand désespoir, sonna creux lorsqu’il frappa du poing dessus. Retrouvant leurs deux comparses, les quatre hommes effectuèrent une expérience en récupérant de l’eau de mer et en la laissant s’évacuer dans une vasque pour déterminer, en fonction du sens de rotation du liquide l’hémisphère dans lequel dérivait le DeGrasse. L’expérience fut peu concluante, le liquide s’écoulant tantôt dans le sens horaire tantôt dans le sens opposé. Ils imaginèrent ainsi devoir se trouver non loin de l’équateur. Suite à cet intermède comme seule une équipe de scientifique telle que la leur peut se permettre en de pareilles conditions, ils commencèrent à s’inquiéter pour les vivres. Firmin eu alors la lumineuse idée de mener une recherche au café. Là, comme ils l’avaient espéré, ils trouvèrent toute une réserve d’apéritifs, des digestifs et de vins. Hector et Fimin firent preuve de bon sens en pronostiquant les affres que causerait immanquablement l’alcool à leur organismes fatigués et mal nourrie et en proposant de chauffer les spiritueux et les alcool fermentés pour en extraire l’éthanol avant consommation. Dénombrant les litres de liquide ainsi à leur disposition, ils extrapolèrent pouvoir tenir une semaine sur ses réserves. Il se faisait maintenant tard et ils retournèrent tous à leurs cabines pour passer la nuit. Ils retrouvèrent ainsi Alice toujours endormie et très fiévreuse. Hector échoua a poser un diagnostique sur son mal et dû se contenter de prescrire de l’acide acétylsalicylique qu’Emile s’empressa de ramener de la pharmacie. A son retour, il reçu un message sur le poste à galène qu’il avait récupéré dans la journée. Il échoua malheureusement a en prendre note et se mit en quête du matériel nécessaire pour être prêt à la prochaine émission, si toutefois il devait y en avoir une. Avant d’aller dormir, une autre mauvaise nouvelle leur arriva. Il avaient en effet repéré le niveau de l’eau dans la cage d’escalier un peu plus tôt dans l ajournée et celui-ci continuait de monter très doucement. Ils calculèrent qu’à ce rythme celui-ci sombrerait au plus tard dans deux semaines. Des tours de gardes furent institués pour toute la nuit et trois fusées de détresses furent tirées à intervalle régulier.
Le lendemain matin, la faim commençant à se faire ressentir violemment, Hector et Dad s’affairèrent à la cuisson des alcools en vue de la préparation des rations de survie. De leur côté, Emile et Firmin décidèrent de s’occuper de la chimiste et se rendirent à la pharmacie dans l’espoir de trouver quelques remèdes encore consommables. Ils firent chou blanc mais l’archéologue remarqua que des choses avaient bougée depuis la veille. Il lui sembla relevé comme des traces de lutte et en suivant sa piste jusqu’à l’infirmerie, il découvrit le corps sans vie d’Alice baignant dans son propre sang. Interloqués, leur premier réflexe fut de lui prodiguer les premiers soins mais il était bien trop tard. De rage, ils détaillèrent de leur mieux la scène du crime pour découvrir qu’elle avait succombée à de multiples coups de couteaux et que les agresseurs devaient se compter au nombre de deux. Ils retrouvèrent même des restes des outils qui avaient été employés pour l’attaque. Il s’agissait d’une lames et de pointes taillées dans de l’os et ornées de motifs inconnus. Quelques instants plus tard, ayant rameuté le naturaliste et l’indien, les investigateurs découvrirent sous les ongles de la pauvre femme des fibres d’un textile noir et Dad parvint à remonter la piste des traces de pieds nus jusqu’aux escaliers inondés. Pendant le trajet, Emile sorti son crayon et son papier pour noter le message qui venait d’arriver sur le poste à galène. Fort de ce nouvel espoir, Hector et Firmin se rendirent à la bibliothèque pour trouver un moyen de décrypter la missive en morse. Très inspiré, l’ethnologue trouva le seul ouvrage encore en état d’être lu sur le sujet. Il en tira les informations souhaités et plus encore. Tout d’abords la traduction du message disait :
Lampshire Lampshire Lampshire
Lampshire Lampshire Lampshire
Pour DeGrasse
34°53’23.29’’N 72°23’47.03’’O
GPRF
Il comprit, à l’aide du manuel, qu’il s’agissait d’un message émis par un navire baptisé Lampshire, qui indiquait sa position et qui envoyait l’acronyme GPRF pour « Give Position For Rescue ». Toujours à la lumière de l’ouvrage, Firmin comprit que la salle de commandement devait être équipée d’un radiogoniomètre. L’instrument, dont il comprit sommairement le principe de fonctionnement devait leurs permettre d’évaluer leur propre position.
Pendant ce temps, Emile et Dad inspectèrent la remise décrite dans le rapport découvert la veille au sujet du pickpocket. Le placard à balai, puisqu’il s’agissait de cela, était effectivement sans issue notable mais ils remarquèrent tout de même la présence d’une bouche d’aération à travers laquelle un enfant aurait pu se glisser. Ils se firent ainsi la réflexion que leur pickpocket devait probablement être un mousse de la CGM. Ils continuèrent leur enquête en investissant la chambre de Valentin Masu. L’Effraction fut plus délicate que d’habitude (en fait, pour tout dire, le premier joueur qui lit ça gagne 5xp a répartir a son grès en me donnant le mot de passe "Orval" à la prochaine partie), Emile échouant à crocheter la serrure rouillée et se refusant à tirer un coup de feu maintenant qu’il se savait en mauvaise compagnie à bord. Il perdit donc un temps précieux a trouver une barre à mine et a fracturer la porte. Lorsque ce fut chose faite, il pénétra dans la cabine tant convoitée avec son ami Indien. Il y avait ici encore des cadavres. Trois pour être précis. Celui de l’écrivain raté et ceux de ses gardes du corps. Emile inspecta le coffre et en retira la conviction qu’il serait impossible d’en obtenir le contenu sans le code. Sur les corps des deux gorilles, ils obtinrent une paire de colts encore en état mais ils furent bien incapable de trouver quoique ce soit d’autre d’intéressant dans le fatras qui encombrait la chambre. Les investigateurs demandèrent l’aide d’Hector et de Firmin qui ne furent pas beaucoup plus heureux mais qui découvrirent tout de même une poignée de documents en rapports avec les emprunts d’état durant la grande guerre.
La fin de la journée fut consacrée a tendre un piège aux assassins clandestins. Comme il existait deux accès aux secondes classes, ils décidèrent d’obstruer l’un des passages avec force de mobilier. Dans l’axe du second ils se préparèrent un poste d’observation dans l’axe d’une porte de cabine entrouverte. Où ils allaient passer la nuit.Dans le même temps, Hector et Firmin investirent le poste de commandement pour passer la nuit et tâcher de tirer quelque chose du radiogoniomètre.
Globalement la nuit fut plus fructueuse pour les chercheurs que pour les chasseurs.
Emile et Dad succombèrent à la fatigue, ne virent aucun intrus et purent s’estimer heureux de n’avoir eu à subir un assaut surprise. De leur côté Hector et Firmin réussirent à se servir de l’instrument et déterminèrent une position très approximatives de leur navire à environ 250 miles au sud-ouest des Bermudes et ils dérivaient maintenant plein ouest. Combinant ce relevé avec celui du second message reçu du Lampshire, ils commencèrent à se faire une idée de la situation.
Tout à leur ouvrage les investigateurs oublièrent de tirer des fusées de détresse cette nuit là et au levé du soleil ils n’avaient toujours pas inhumé le corps de la chimiste.