Jeudi 7 septembre 1933. Pour leur première soirée à Mortcerf, les investigateurs décidèrent de s’accorder un peu de repos. Tout d’abord ils n’avaient pas encore clairement établi de plan d’action, en outre ils souhaitaient prendre le temps d’agencer au mieux le bivouac précaire que leur proposait Jin. Ce faisant la nuit ne fut pas des plus confortables mais tout du moins n’eurent-ils pas froid.
Au petit déjeuner, frustrés de constater que le chinois n’avait que du thé à leur offrir, ils se proposèrent de descendre au café du village. L’établissement baptisé « Le puits sans vin » accueillait en cette heure matinale une dizaine d’ouvriers de l’usine de chaux de la commune ainsi que quelques chasseurs occupés à descendre quelques ballons à défaut de gibier. Un ange passa lorsqu’il franchir le seuil de la porte du troquet, chacun des clients les observant du coin de l’œil plus moins discrètement. Mais à peine furent-ils assis que les conversations reprirent. Dad tenta d’engager la conversation avec les chasseurs peu disposés à parler. Puis Emile pris le relais en échangeant des banalités avec le patron. Celui-ci, Monsieur Chopard, s’avéra plus prolixe et leurs appris que la maison qu’ils habitaient avait appartenue à un écrivain prénommé Pierre qui était resté là une dizaine d’années et qui était parti il y a trois ans. Il ajouta, au sujet de l’obélisque, que c’était un monument historique datant du XVIIIème siècle. Que l’écrivain travaillait dessus et que l’étrange édifice avait un rapport avec le départ du curé de Mortcerf. En effet, le vieux prêtre, Martin Sonnet, avait quitté sa paroisse quatre ans auparavant et l’évêché ne lui avait, semble-t’il, toujours pas trouvé de remplaçant. Les investigateurs n’en apprirent pas plus, et ce, malgré une inspection sommaire du presbytère vidé de tout son mobilier.
Ils décidèrent donc de remettre à la nuit prochaine la visite de l’église qui était fermée à clef et se rendirent à pied à l’obélisque. Se faisant, traversant la forêt, ils croisèrent deux bucherons « en pleine pause » comme il disaient eux-même. Hector, toujours très curieux de nature, les interpela et essaya d’en apprendre un peu plus sur leur labeur. Il les lança sur différents sujets, parlant du curé exilé ou du curieux obélisque, mais ne récoltait que des réponse oiseuses et lapidaires. Finalement, les deux ouvriers mirent un terme prématuré à la conversation et s’en allèrent à travers bois. Hector avait perçu leur malaise et, en en faisant part a ses coéquipier, réveilla les souvenirs de Jin. Depuis son arrivée à Mortcerf, le baroudeur asiatique, avait eu à faire à eux plusieurs fois pour se procurer du bois. Et il avait toujours été surpris de constater qu’on lui livrait des bûches prédécoupées sous filet comme on en trouvait un peu partout dans les grandes villes. De toute évidence, les bucherons fournissaient du bois qu’ils achetaient plutôt que de le prélever eux-mêmes en forêt. Cela devait rendre leur commerce bien peu rentable mais personnes n’en semblait s’en émouvoir.
Ils parvinrent finalement à l’obélisque et consacrèrent le temps nécessaire à l’étudier. Mais n’en retirèrent que très peu d’information. L’ouvrage était couvert d’inscription ésotérique. Firmin conjectura qu’il y avait rapport avec les écrits biblique et fit remarquer à ses compagnons la présence récurrente d’un symbole qui devait représenter le feu. Finalement, le naturaliste pris le temps de photographier les quatre faces du monument avant de passer à autre chose. Ils s’avisèrent qu’il serait intéressant d’en apprendre un peu plus sur l’exploitation de la forêt et demandèrent à Dad de les aider a retrouver les bucherons. Une tâche que l’indien n’eut aucun mal à exécuter. Les boquillons avaient à peine parcourus une centaine de mètres et étaient occuper à siroter un petit vin blanc du pays. Le naturaliste les importuna à nouveau mais cette fois-ci avec des questions bien plus sujette à contentieux. Dans la confusion de la conversation, Hector révéla son véritable nom, même s’il tenta, réalisant son erreur, d’en altérer assez maladroitement la consonance. Il essaya ensuite de comprendre la raison pour laquelle les deux hommes ne semblaient jamais se servir de leurs outils. Bien évidemment, l’échange failli tourner au vinaigre lorsqu’il leur demanda de bien vouloir le laissait faire et lui prêter une scie. Les bucherons s’offusquèrent et, en dernier recours, le prièrent de bien vouloir allé poser ces questions à la personne responsable de la forêt, à savoir le garde forestier qui demeurait à côté de l’obélisque. Les investigateurs abandonnèrent donc les deux travailleurs à leur faux labeur et s’en retournèrent sur leurs pas.
Thierry Frangié, vivait effectivement là où l’avait décrit les bucherons. Mais en fait de maison de garde forestier, les investigateurs découvraient une demeure bourgeoise, plus proche du manoir que du chalet. L’homme, plutôt fluet, le regard pétillant et la tenues impeccable accueilli les étrangers sur le perron en compagnie de son chien, un magnifique Epagneul. Cette fois-ci le naturaliste choisi de se présenter sous un un pseudonyme. Rien ne lui vint toutefois d’autre à l’esprit que « Gustave Flaubert ». Le fonctionnaire, non content d’être manifestement aisé, s’avéra aussi être éduqué et remarqua immédiatement l’éponymie. Le naturaliste expliqua qu’il menait quelque étude scientifique sur des vers parasites susceptible d’endommager la forêt, qu’il avait besoin de prélever des échantillons de bois et qu’il avait été surpris de la réticence des bucherons à l’aider dans son travail. Monsieur Frangié, très courtois, sembla se montrer compréhensif et assura Hector de son aide. Il insista toutefois pour pratiquer dans les règles de l'art. Il allait d'abords falloir que les visiteurs attendent qu'il ait eu confirmation de l'accréditation de Mr Flaubert auprès du Museum d’histoire naturelle.
Cette manoeuvre n'allait pas jouer en la faveur des investigateurs mais ils n'eurent pas le loisir d'en dissuader le garde forestier tant il devenait curieux. Il durent en effet écourter la conversation devant l'empressement de l'homme a s'enquérir des patronymes et occupations de chacun. Hector assura qu'il était accompagné d'étudiants, mais les âges et origines hétérogènes de ses compagnons ne donnait pas a son histoire un véritable accent de vérité.
Sur le chemin du retour, ils réfléchirent à la méthodologie à suivre pour effectuer leurs prélèvements sans attendre l'assentiment du fonctionnaire en charge. Ils attendirent que la nuit ne tombe en cherchant du matériel utile dans la maison de Jin et s'équipèrent. Des pelles et des pots de confiture nettoyés allaient leur permettre de récupérer les échantillons de terre, de bois et d'écorce, tous les quatre-cent mètres sur le chemin vers l'obélisque. L'opération se déroula sans encombre notable et ils avaient désormais en leur possession un panel représentatif de l'écosystème local. En bon scientifiques, ils ne purent rester bien longtemps à proximité du monument sans relever à nouveau le défi de l'étude des étranges inscriptions. Mais toujours sans résultat. Frustré de ne pouvoir participer, Jin décida de l'escalader pour jeter un oeil à l'étrange sphère métallique qui le surplombait. Il gravit avec une aisance déconcertante les dix mètres de pierre mais ne trouva rien d'intéressant à son sommet. Dépités par de si frustrants résultats mais encouragés par la démonstration du chinois, ils envisagèrent de profiter de ses aptitudes extraordinaires pour en apprendre un plus sur le propriétaire de la luxueuse demeure toute proche. Ils étaient en pleine nuit et on ne distinguait aucun signe de vie à travers les fenêtre. Jin ne se fit donc pas prier et, se fondant dans les ombres nocturnes, ils se glissa aux abords du manoir dans lequel semblait habiter le garde forestier. Cherchant les accès, contournant la bâtisse, il remarqua qu'elle était, chose exceptionnelle, raccordée à l'électricité et au téléphone. Jin décida de passer par une grille de fer qui donnait accès à une cour intérieur. Tandis qu'il franchissait l'obstacle, et alors qu'il réalisait qu'il avait sous-estimé le bruit que pourrait produire les charnières rouillées sous l'effet de son poids, le chien du propriétaire se manifesta. L'épagneul aboyait copieusement après l'intrus qui décida de faire usage da sa science du Kung-fu pour le faire taire. Il sauta sur l'animal, amortissant ainsi sa chute et l'empoignant fermement par le garrot. Le geste précis et rapide interrompit l'afflux sanguin vers le cerveau et en un éclair le chien avait perdu connaissance. Jin savait que cela ne durerait pas longtemps et fut fort contrarié de constater que le bruit avait attiré quelqu'un dans la cours. Il dissimula rapidement l'animal inconscient et se camoufla dans un angle du mur d'enceinte d'où il pouvait observer l'importun. Il s'agissait d'un homme d'une cinquantaine d'année dont le costume rappelait celui d'un domestique. Il avança dans l’allée en appelant le chien. Peu alerte, l’homme ne remarqua pas l’intrus et tourna les talons vers le fond de la cours tout en continuant d’appeler “Philus”. Jin profita de la diversion pour s’introduire dans la maison par le couloir d’où venait de sortir le majordome. Il progressa avec vivacité et discrétion à travers se qui semblait être une aile du manoir réservé au personnel. Dans sa progression il eut a éviter une seconde personne qu’il ne pu voir mais qui semblait être une femme à en juger par le bruit de ses chaussures. Son apparition écourta sa visite et bien qu’il se trouva au pieds d’un escalier lui permettant de s’éloigner des curieux, il préféra se montrer plus prudent et sortir par la fenêtre de la cuisine. Se faisant, il trompa de justesse leur vigilance et ne pu éviter de leur révéler sa présence. Tandis qu’il prenait la poudre d’escampette avec ses quatre compagnons, il entendit l’alerte donné dans le manoir et le chien qui revenait à lui.
Les investigateurs rentrèrent, comme ils étaient venus, à pied vers Mortcerf. Pour ne pas prendre le risque d’être découvert, ils profitèrent des aptitudes de Dadjingits pour évoluer en forêt suffisamment loin de la route. Ils ne leurs restaient, avant de pouvoir rentrer dormir qu’à rendre une petite visite à l’église du village. L’histoire du départ précipité du prêtre avait éveillé leurs soupçons et ils espéraient pouvoir trouver quelques indices là où le curé officiait. Emile dû s’y reprendre à deux fois pour forcer la serrure de la porte arrière du lieu Saint, mais le village était désert à cette heure avancée de la nuit. En rentrant dans la nef, les apprentis monte-en-l’air entendirent tous clairement le gémissement d’une femme provenant d’une pièce à l’arrière de l’abside. Comme ils avait dû manquer de discrétion en refremant la porte, Le bruit s’interrompit brusquement, comme pour leur échapper. Emile sortit son Luger, et dans la foulée ses quatre acolytes lui emboîtèrent le pas en pointant leurs torche vers la porte entrouverte d’où venait l’alerte. L’archéologue poussa la porte du pied, il détailla se qui semblait être un vestibule et ne découvrant rien d’anormal il décida de rentrer. Ce local servait de penderie pour les différentes soutanes et aubes. Un escalier permettait en outre d’accéder au clocher. Mais dans l’angle mort derrière la porte se tenait deux jeunes gens passablement effrayés.
La fille se blottissait dans les bras de se qui devait être son amant. Ils étaient tout deux débraillés et leur attitude ne laissait que peu de doute quant à l’activité dans laquelle ils avaient été interrompu. Emile tenta de les rassurer immédiatement en leur disant qu’ils n’avaient rien à craindre mais la survenue impromptue de cinq inconnus armés en pleine nuit avait provoqué chez eux une peur qu’on ne peu apaiser en quelque paroles. Les investigateurs en profitèrent pour poser quelques questions. C’est ainsi qu’ils apprirent que le jeune homme, Nathanael Beaudoin, était un fils de paysan du village et que son amie, Marie-Pierre Pilor était la fille du notaire. Il semblait que cette mésalliance dût rester secrète et ils étaient disposés à acheter le silence des témoins de leur liaison en leurs répondant sans retenue.
Le garçon avait conservé un jeu de clef de l’église de l’époque où il était enfant de coeur se qui lui avait permis de faire de l’église sa résidence secondaire. Il expliqua que le père Sonnet était parti car il avait reçu des confessions insoutenables de la part d’ouvriers de l’usine de chaux. Cette usine appartenait à Monsieur Cardon, un notable de Mortcerf qui vivait dans la belle maison rouge prés de la mairie. Aujourd’hui encore Nathanaël entretenait une relation épistolaire avec l’ancien responsable de la paroisse. Il put ainsi leur donner l’adresse de Martin Sonnet, au 12 rue de la Lune dans le deuxième arrondissement de Paris. Ces informations prisent, les investigateurs endirent leur liberté aux tourtereaux en leur assurant de leur discrétion. Ne trouvant rien de plus sur place, ils rentrèrent à leur tour se coucher.
Le lendemain matin, le garde forestier frappa aux aurores à la porte de la maison abandonnée abritant les cinq hommes. Se fut Emile qui se chargea de lui répondre. Monsieur Frangié était venu leur faire part de ses excuses pour la froideur de son accueil de la veille. Il venait leur faire savoir qu’il les autorisait a effectuer leurs prélèvements dans la forêt et que pour se faire pardonner de sa rudesse il les invitait le soir même à venir souper chez lui. L’archéologue, peu enclin à croire en la providentielle métamorphose du fonctionnaire, déclina l’offre en expliquant qu’ils allaient partir pour Paris le matin même. Monsieur Frangié se montra très affable et leur proposa un autre rendez-vous le samedi midi qu’Emile, à défaut de paraître inconvenant, se vu contraint d’accepter. Dés qu’il eu tourné les talons les investigateurs préparèrent leurs affaires et se rendirent à la gare de Mortcerf tout en s’assurant de ne pas être suivis. Ils étaient plus qu’heureux d’enfin pouvoir retrouver la capitale.
Joué avec David, Arnaud, Louis, Gabriel et Jules les jeudi 29 septembre et 6 octobre 2011.