Mardi 25 aout au matin. Il fait un soleil radieux sur Québec quand Emile tire les rideau de la suite où il est installé avec Firmin. Hector et Dad sont partis aux aurores pour prendre le train direction Truro. L'ethnologue, encore trop mal en point pour suivre son collègue au petit déjeuner, préfère se reposer et rester alité pour être en forme à l'heure du rendez-vous avec l'ambassadeur de France pour le dîner. Dans la salle du restaurant de l'hôtel où il se sustente, Emile se sens mal à l'aise. Il ne peut rien affirmer du fait du trop grand nombre de clients attablés, mais il a le sentiment d'être surveillé. Il se résoud donc à prendre, le plus simplement du monde, son café en feuilletant les journaux. Il n'y vit plus une ligne concernant leurs péripéties et se s'informa en lisant les articles détaillants les jeux de pouvoirs entre le gouverneur général Lord byng de Vimy et le premier ministre William Mackenzie. Ne sachant trop comment mettre à profit sa matinée, l'archéologue remonta à sa chambre pour délivrer les soins dont Firmin avait besoin. Lorsque vint enfin l'heure du rendez-vous avec l'ambassadeur, les deux hommes redescendirent au rez-de-chaussée. Il reconnurent rapidement Lepoil qui était accompagné de son supérieur "Monsieur l'Ambassadeur Emilien Hornes".
Une fois les mondanités d'usage échangées, ils se dirigèrent vers la table de quatre places qui leur était réservée. L'ambassadeur engagea la conversation en s'étonnant de ne voir que deux hommes là où il en attendait quatre. Il sembla amusé lorsqu'il se fut fait expliquer les raisons de l'absence de Dad et d'Hector. Il expliqua que le gouvernement Canadien avait émis une ordonnance d'assignation à résidence à leur encontre... que les pesanteurs administratives avaient trop tardé à faire respecter. En effet, il attira leur attention sur l'important dispositif policier qui avait été déployé autour et dans l'hôtel pour s'assurer qu'ils ne le quitteraient pas. Il s'intéressa ensuite à leur histoire et leur demanda, tout en entamant la bouteille de vin qui était sur la table, de la lui raconter car les échos qu'il en avait eût de la bouche de son secrétaire s'avéraient passablement alambiqués. Mais les scientifiques ne sentaient plus la force de décrire à nouveau par le menu les méandres de leurs mésaventures. Ils détournèrent donc la conversation en interrogeant Hornes sur les raisons de la promulgation de l'assignation. Il répondit que le ministère s'était offusqué de se que les membres de l'expéditions ne se soient pas contentés de suivre le programme qu'on avait concocté pour eux. Il étaya ses propos en évoquant l'absence d'artefacts à ramener en France. Firmin s'inscrivit en faux et s'apprêta a faire l'article des choses qu'il espérait que les rippers allaient ramener du glacier mais l'ambassadeur l'interrompit en faisant remarquer que ça n'était probablement pas ce que le gouvernement attendait d'eux. Contrarié par ces mauvaises nouvelles, Emile s'insurgea du fait que l'état Canadien, en les mettant en porte-à-faux, semblait légitimer le business d'Avranche. Hornes rappela à l'archéologue que l’exécutif et le judiciaire n'avaient pas les mêmes prérogatives, et que si le ministère apparraissait surtout motivé par la récupération de l'activité minière, la justice ne perdait certainement pas de vue l'unique chance qui lui était donnée de mettre Avranche derrière les barreaux. Cependant il dut concéder que l'état avait réagit avec une violence inhabituelle pour ce genre de situation. Il raconta comment il avait été témoin de l'admonestation de Savenfield par le premier ministre lui-même pour la mauvaise conduite de cette affaire. Il insista sur les mesures de rétorsions et notamment l'annulation du visa et le licenciement du Museum de Vancouver pour Mr Soizic. En se qui concerne les deux autres Français, il rappela qu'ayant été tous deux militaires et ayant déposés une déclaration sous serment dans laquelle ils reconnaissaient avoir abattu plusieurs soldat Canadien, il risquait, de retour au pays, la cours martial. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il était crucial que cette affaire reste secrète. Si une telle histoire venait aux oreilles d'un journaliste, ce serait instantanément l'incident diplomatique et la France se verrait contrainte d'appliquer une sentence exemplaire pour apaiser ce qui pouvait s'apparenter à un CasusBelli. Dépité, Emile tempêta qu'il n'avait fait que son devoir moral et qu'il avait fait preuve, avec ses comparse de la plus héroïque des attitudes! Il ne tolérait pas d'être menacer ainsi. L'ambassadeur entama une seconde bouteille pour apaiser les esprits, puis il expliqua que son rôle dans cette histoire se limitait a rédiger un rapport à l'attention du quai d'Orsay. Il assura les scientifiques qu'il témoignerait en leur faveur du bien fondé de leur actes. Il ajouta, sans penser à mal, que cette aide n'allait pas être superflue tant leur retour en France s'annonçait compliqué. Voyant Emile incrédule froncer les sourcils, il poursuivit en lui révélant, sans le savoir, qu'il avait lui aussi perdu son travail. Devant la consternation de ses interlocuteurs, il comprit qu'il ignorait tout de la situation en cours à Paris. Il leur appris donc qu'Edouard Lebillu avait récemment disparu et que pour palier a son absence, le recteur de l'académie de Paris avait momentanément repris les rennes de la direction de la cité universitaire internationale. Se faisant, hélas, il avait modifié les équipes et retiré Mr Espérandieu de la liste des fonctionnaires en poste à l'université. Il allait de soi qu'ayant aussi perdu sa place au Carnavalet, Emile allait devoir patinter de long mois avant retrouver une affectation digne de ses compétences. Pour finir, l'ambassadeur expliqua que compte tenu des circonstances désastreuses, l'inauguration de l'université avait du être reportée. Emile ne pu s’empêcher de pester et d'ajouter qu'il lui tardait de rentrer au pays pour pouvoir démeler toute cette sombre affaire. Arrivant à la troisième bouteille de vin, Hornes s'inquiéta des ressources financières de ses compatriotes. Il prit un air de conspirateur et chuchota qu'il avait une affaire à leur proposer pour se refaire. Interloqués, les deux hommes l'écoutèrent sans mot dire. Hornes sorti de la poche de son veston une photo qu'il ne leur révéla pas. Il expliqua qu'il se trouvait, par le plus grand des hasards, qu'à bord du bateau qui allait les ramener vendredi à leur patrie, se trouvait un homme en possession d'une forte somme d'argent. Il expliqua que ce précieux butin n'appartenait pas a son porteur et qu'il avait été acquis de bien fort peu recommandable manière. Il ne pouvait en dire plus mais s'ils acceptaient de faire en sorte que le mystérieux inconnu ne parvienne pas en France avec sa fortune, il leur révélerait son visage car au final peu lui importait de savoir où allait l'argent tant que ça n'était dans la poche de l'individu en question. Emile s'avéra enthousiaste et interrogea même Hornes sur le fait qu'il parlait bien de l'argent et non du porteur lorsqu'il évoquait une disparition. L'ambassadeur sembla quelque peu choqué par la question de l'archéologue qui s'excusa rapidement, rappelant à son interlocuteur les horreurs qu'ils venaient de traverser et l'influence néfaste que cela pouvait avoir eu sur le capacité de discernement. L'ambassadeur acquiesça et retourna la photo.
Il s'agissait d'un détachement de soldats Canadiens pris en photo dans la campagne Française lors de la Grand Guerre. Il entoura le visage d'un des hommes en expliquant qu'il s'agissait du voleur a détrousser. S'inquiétant des motivations du haut fonctionnaire, Firmin eut pour seule réponse qu'il avait ainsi le sentiment de leur rendre la pareil eu égard à tous les efforts qu'ils avaient consentis pour sauver son fidèle secrétaire. En finissant la quatrième bouteille, Emilien Horne faussa compagnie aux scientifiques. Il les assura qu'ils avaient Lepoil à leur entière disposition jusqu'à leur départ. Il leur demanda s'il allaient assister au match de boxe prévu le lendemain soir dans les sous-sol de l'hôtel, et conclu en évoquant sa possible présence lors de l'évènement qui risquait de déplacer les foules à Québec.
Une fois l'ambassadeur parti, Emile et Firmin indiquèrent à Henri son programme pour l'après-midi. Il allait devoir trouver un médecin pour s'occuper des blessure de l'ethnologue et faire un détour par la bibliothèque pour rendre les livres empruntés et en ramener d'autres. Lepoil parti s'acquitter de ses devoirs en signalant aux Français qu'il a avait été averti par les officiels qu'un message à leur attention les attendaient à l'accueil de l'hôtel. Firmin, qui ne supportait plus la douleur retourna dans sa chambre où il s'effondra de fatigue. Il perdit connaissance jusqu'à l'arrivée du médecin le soir. Dans le même temps, Emile prit connaissance du message. Il s'agissait d'une enveloppe déposée une semaine plus tôt par un homme au bras plâtré. Elle contenait une clef et un message sibyllin. Cela disait: "Gare du Palais. Initiale du nom de famille de la personne qui nous intéressait + numéro de sa suite. I.S.". L'archéologue eu du mal a comprendre mais il finit par se souvenir du journaliste rencontré lors du voyage aller à bord du France. Irvine Sawyer les avaient aidés lors de leur enquête concernant Robert Patterson de la suite numéro 102. Satisfait d'avoir résolu cette énigme, l'archéologue se proposa d'envoyer Lepoil avec la clef ouvrir la consigne P102 à la gare de Québec dés le lendemain matin. Comme Firmin avait sombré dans un sommeil profond et réparateur, il se fit monter deux plateau repas et commença a compulser les ouvrages ramenés par le petit secrétaire. Il commença par s'intéresser aux civilisations Amérindiennes. Il comprit, à la lumière de sa lecture, que les momies du lac sacré des Kungahaï devaient être des cadavre de Mayas. Il devait s'agir d'une caravane de notables importants à en juger par leurs particularités physique. Son attention s'arrêta un instant sur le nom d'une de leur divinité:"Yum-Cimil" dieu de la mort. Il ne savait dire pourquoi mais ce nom lui disait quelque chose. Il termina sa soirée en feuilletant les livres sur les Haïdas et découvrit que le Wendigo était bel et bien une créature issue de la culture Haïda. Les symptômes se rapportant à ce mauvais esprit ressemblait tant à se qu'ils avaient eux même vécus à Revelstoke qu'il ne faisait aucun doute qu'ils avaient bien été confronté à l'essence même de cette légende. Fort de cette instructive soirée d'étude, Emile passa une excellente nuit. Le lendemain matin, il envoie, comme prévue, Lepoil à la gare. Ce dernier revint en fin de matinée totalement paniqué. Il vait bien trouvé le casier mais celui-ci s'était avéré vide. Il expliqua alors à Emile qu'il avait été accosté par un clochard qui dormait là et que l'homme, passablement éméché, lui avait dmandais ce qu'il faisait avec cette clef, qu'il ne correspondait pas à la description de l'un des hommes qui aurait dû venir ouvrir. Ne comprenant un traître mot des élucubrations de l'ivrogne, Lepoil avait pris son courage a deux mains et avait fuit sans se retourner jusqu'à l'hôtel. Comprenant que c'était bien lui ou Hector qui était attendu là-bas, l'archéologue parvint à convaincre son pleutre collaborateur de retourner auprès du porteur du message pour lui expliquer la situation.Enrageant de ne pouvoir quitter les lieux, l'archéologue du ronger son frein toute la matinée jusqu'à l'arrivée du second rendez-vous en la personne de Georges Redfield, Juge de la cours suprême Canadienne.
L'homme de loi s'avéra passablement moins chaleureux que l'ambassadeur Français. Mais le repas resta tout de même agréable et courtois. Il insista sur le caractère informel de cette rencontre, puis entama un long monologue sur les sujets d'inquiétudes qui le contrariait. Tout d'abords, il apprit à Emile que l'avocat d'Avranche, respectant l'adage qui veut que la meilleurs défense soit l'attaque, avait décidé de déposer une plainte contre le gouvernement. Cela pouvait paraître aberrant mais le magistrat prenait cette possibilité très au sérieux. En effet, la théorie de l'accusation était que le ministère avait manigancé toute l'opération dans le seul et unique but de faire condamner son client et de récupérer l'exploitation minière. Le juge poursuivit en expliquant que Maître Lamarck avait eu accès à des informations confidentiels auprès d'un témoin essentiel de l'affaire: Jarvis Ellroy Napier, le guide diligenté par Savenfield lui-même. La situation étant explosive. Dans le cas de révélations de connivences trop compromettante dans les plus hautes sphère du pouvoir, les conséquence pourrait s'avérer très difficile à déterminer mais quasiment systématiquement défavorables aux scientifiques. Pour donner du poids à sa mise en garde, le juge Redfield conclu en rappelant à Emile les griefs que le gouvernement était susceptible de retenir à leur encontre, à savoir espionnage et acte de guerre. L'archéologue contesta cette dernière accusation en indiquant que les soldats de l'escadron des chasseurs à cheval du capitaine Shaler étaient sous l'emprise de Finger qui les avaient drogué. Le magistrat nota cette remarque et assura le Français qu'il ferait en sorte de retrouver des corps prés du village Kungahaï pour les faire expertiser et déterminer la nature de la drogue. Emile savait qu'il ne trouverait rien et il prenait de plus en plus la mesure du danger que faisait peser sur eux l'éventuel acquittement d'Avranche. C'était d'ailleurs bien ce point que le juge souhaitait mettre en exergue pour s'assurer du dévouement des Français dans cette affaire. Il s'enquit par conséquent des mesures qu'ils avaient prise pour s'assurer que l'ancien patron de Fond-de-Coppe finisse ses jours à l'ombre. Emile lui expliqua qu'ils avaient bon espoir de trouver en Angleterre un remède à l'étrange mal qui frappait les employés de la mine. Redfield compris où voulait en venir le scientifique et il lui assura qu'il ferait tout se qui était en son pouvoir pour retarder autant que faire se peut le jugement, mais qu'il ne devait pas compter disposer de plus d'un mois avant les premières expertises psychiatriques. Les deux hommes finirent leur dîner rapidement et se séparèrent avec la désagréable sensation de ne pas avoir suffisamment mis à profit cette entrevue qu'ils savaient l'un comme l'autre impossible à renouveler.
En remontant à sa chambre Emile se fit la réflexion que le même homme demeurait assis là depuis deux jours sur une chaise au fond du couloir. Il lisait le journal et faisait mine de ne pas le regarder. Le Français s'approcha de lui. L'homme leva le nez de sa feuille de chou et pris un air détaché dissimulant mal son embarras. Emile souris et se proposa de lui faire monter un café. Pas peu fier de son petit effet, l'archéologue faussa compagnie au policier démasqué et s'en retourna auprès de Firmin toujours convalescent.
Il consacra l'après-midi à étudier les livres de biologie ramenés par Lepoil. La lecture fut instructrice et il se forgea l'intime conviction que si les suppositions d'Andrew Scott étaient juste, le wendigo était un animal qui échappait à toute forme de classification existante dans le règne fongique. Cela l'amena à supposer que cette forme de vie venait d'un autre temps et à la lumière de cette éventualité à s'intéresser plus à la cryptozoologie. Il se demandais se qu'en aurait penser son collègue naturaliste lorsqu'on frappa à sa porte. Il était dix-huit heure, c'était Lepoil qui revenait de son rendez-vous d'avec Jack le vagabond. Le secrétaire de l'ambassadeur entra la tête basse. Il se sentait penaud et arborait bien malgré lui un œil au beurre noir fruit d'une cuisante rencontre avec l'étrange clochard de la gare du Palais. Il bredouilla qu'il avait tenté de lui offrir a boire pour l'amadouer mais que cela l'avait rendu horriblement familier puis violent et qu'il n'avait dû son salut qu'à son agilité dans la fuite. Toujours en verve, l'archéologue le félicita sur ses aptitudes d'homme d'action et lui demanda s'il n'avait jamais songer à intégrer les services secrets. Lepoil pris la réflexion au premier degré et s'en trouva tout ragaillardi. Pour la suite des évènements, Emile lui proposa justement une mission digne d'un roman de Fenimore Cooper. Il souhaitait profiter de la cohue qu'allait engendrer la rencontre sportive de la soirée pour fausser compagnie à ses gardiens et rendre une visite au mystérieux contact du journaliste du "Toronto Telegram". Il demanda à Lepoil de bien vouloir le retrouver deux heures plus tard au bar de l'hôtel avec de quoi se grimer. Le comptable redoubla d'ingéniosité et se présenta à l'heure dite avec une longue veste noire et un chapeau melon assorti. Se sachant suivi, le scientifique entraîna son ami au sous-sol, à travers la foule compact des spectateurs survoltés. Joueur par nature, il lui laissa vingt dollars pour miser sur Jhonny Red, le challenger Américain était donné à trois contre un mais l'archéologue avait un bon pressentiment et besoin d'argent. Un peu plus tard, au moment qui lui sembla opportun, alors que le public commençait à s'agiter, il lui fit un signe et récupéra les nouveaux habits qu'il enfila le plus rapidement possible. S'en suivi un improbable périple au milieu de l'assistance survoltée. Il soupçonnait que le subterfuge n'ai pas fonctionné et essayait de semer le policier qui lui collait irrémédiablement à la semelle. Ce dernier avait su passer inaperçu jusqu'alors mais le travestissement du Français l'avait affolé et l'avait contraint à révéler sa présence. Après avoir quasiment totalement contourné le ring sur lequel les deux combattants haranguaient leurs supporter, il tenta une sorti en empruntant un escalier bondé. Comme le match allait commencer, la majorité des gens se pressaient pour descendre dans la salle, il en profita pour faire un astucieux croc-en-jambe a un pauvre bougre et causer une énorme bousculade qui eu raison de l’opiniâtreté de son poursuivant. D'un pas vif mais sans précipitation, il quitta l'hôtel alors que la cloche résonnait et que le combat commençait. Il retrouva, comme convenu avec Lepoil, le chauffeur de l'ambassade dans une rue attenante et lui demanda de bien vouloir le conduire au plus vite à la gare.
Sur place, il lui fut très facile de retrouver l'homme qui avait malmené son ami. Celui-ci, après s'être assuré de son identité, l'invita à le suivre sur les quais pour pouvoir discuter tranquillement. Jack était un débrouillard. Il semblait s'être plutôt bien accommodé de sa situation et savait en tirer avantage en offrant ses services aux voyageurs de passages. Il ne lui fut néanmoins pas évident de retrouver l'ensemble de la teneur du message qu'il était sensé délivrer au scientifique. Ce dernier dû faire preuve de patience et d'ingéniosité pour recoller les pièces du puzzle. Irvine Sawyer devait avoir très peur pour prendre autant de précautions. Il avait voulut transmettre à des personnes qu'il jugeait de confiance, probablement les seuls qu'il savait non impliquées, la teneur des révélations que ces investigations récentes lui avait apportées. Cette manoeuvre visait a garantir qu'en cas d'accident ses découvertes ne disparaissent pas avec lui. Le journaliste craignait donc bien pour sa vie. Il disait avoir profité des vacances forcées que lui avait valu l'agression du service d'ordre de Patterson pour enquêter sur le sénateur. Fort de la piste révélée par les investigateurs, il chercha les liens qui pouvaient unir le "Skull & Bones" et l'homme politique. Il prétendait ainsi avoir recueilli suffisamment d'éléments pour lui permettre de présumer d'une ingérence de l'influent groupuscule Etats-Unien dans les affaires politiques du Canada et peut-être même d'autres membres du Commonwealth. Le sénateur de l'Ontario avait ainsi en y regardant de plus prés bénéficié d'une chance insolente tout au long de sa carrière. Une chance qui lui avait toujours valu de l'emporter sur ses adversaires là où la logique aurait voulu le voir perdre. Sawyer supposait que cette chance n'était pas le fruit du hasard et il se proposait d'attendre de voir ce qui allait se produire dans l'affaire qui l'opposait aujourd'hui à Lelouant. Dans le cadre de son enquête il avait aussi réussi à obtenir de précieuses informations sur l'expédition menée par la délégation Française. Selon lui, toute l'opération n'aurait été qu'une vaste manipulation visant à récupérer l'exploitation de la mine au bénéfice du Royaume-unis. Le projet du gouvernement Canadien, sous l'égide du ministre de la culture lui-même, était d'orienter les recherches des scientifiques vers les quatre "Swatusatchet". Ces pierres sacrées, balisant le territoire des Kungahaïs, garantissaient leur immunité à l'égard des autres tribus Haïdas. Ils devaient, aprés avoir porté leur dévolu sur les précieux artefacts, périr lors d'un accrochage maquillé avec les Kungahaïs pour provoquer un incident diplomatique. Suite à cette agression, le gouvernement Canadien se serait vu "contraint" d'honorer la requête des chercheurs et d'exporter en France les pierres protectrices qu'en aucune autre circonstance ils n'auraient pu se permettre de profaner. Une fois le domaine des Kungahaï désacralisé, il leur aurait été facile d'armer et de laisser une tribu voisine se charger d'éliminer les mystérieux géants des montagnes puis de récupérer le business d'Avranche que seul le traité de paix avec ces sauvages rendait viable. Le machiavélisme de l'opération et la clairvoyance dont avait fait preuve le journaliste laissait à Emile tout le loisir de méditer sur la pertinence de ses conclusions. Sawyer prétendait ainsi que sous le vernis des querelles politiques qui secouaient actuellement le pays entre le gouverneur général Lord Byng de Vimy et le premier ministre MacKenzie, se cachait une entente cordiale soutenue par un même motif, l'argent. Une fois son compte rendu achevé, Jack, pas peu fier de s'être fait comprendre malgré sa gueule de bois, décampa au plus vite. Emile, conscient de la précarité de sa couverture, s'empressa lui aussi de retourner au Denivrot.
Sur place, l'effervescence de l'avant-match avait tournée à la frénésie. La police semblait bien en peine de contenir les spectateurs ulcérés par la tournure qu'avait pris la rencontre. En effet Sullivan, le favoris, l'enfant du pays, s'était couché de bien étrange manière à la douzième reprise alors qu'il menait outrageusement les débats depuis le début de la rencontre. Cela faisait doublement les affaires de l'archéologue. D'abord parce qu'il pouvait profiter du tumulte pour rentrer sans se faire repérer, ensuite parce qu'il venait d'empocher quarante dollars en remportant son pari. Du moins le pensait-il à se moment là car les bookmakers semblaient avoir du mal a récupérer leurs gains et donc à redistribuer ceux de leur clients. Dans l'espoir de revoir Lepoil, il patienta un instant au bar de l'hôtel avant de se décider à remonter. En apparaissant dans le couloir qui menait à sa chambre, Emile manqua de faire tomber de sa chaise le jeune policier qui montait la garde et qui devait être averti de sa disparition. Pour donner le change avec humour, le Français disserta sur la qualité de la rencontre de manière assez crédible étant lui-même un adepte du noble art. Une fois rentré, il s'attela à la délicate tâche des soins de Firmin. Moins adroit à cet exercice qu'à celui de l'uppercut, il causa plus de tort que de bien au pauvre ethnologue avant de se résoudre à le laisser en paix. Mettant à profit les dernière heures de la journée, il effectua une revue de presse détaillée pour essayer de déceler des pistes permettant d'étayer les thèse avancée par Sawyer.. mais rien de très concluant sinon qu'effectivement la pression politique sur le représentant de la couronne Britannique se faisait de plus en plus intolérable. Au chapitre des nouvelles de France, il découvrit que sa patrie avait elle aussi des problèmes avec ses colonies. Le Maroc, la Syrie et l'Indochine étaient le théâtre de révoltes plus ou moins graves. Il savait que son collègue Martin-Louis de Berbafond, théologien confirmé, avait été envoyé en Syrie pour aider les autorités locales à renouer le dialogue avec les rebelles Druzes. En Indochine un nouveau gouverneur avait été nommé suite à l'assassinat du précédent tandis que le maréchal Pétain était envoyé en renfort au Maroc avec cent mille hommes. Tout ces évènements laissaient présager d'un effritement du rayonnement Français et d'une probable nervosité du quai d'Orsay... malheureusement inopportune avant le retour au pays des scientifiques.
Après une bonne nuit de repos, Emile retrouva Lepoil pour le petit déjeuner de cette ultime journée sur le continent Américain. Il apprit avec déception que ce dernier, toujours aussi facétieux, n'était pas parvenu a récupérer sa mise lors du combat de la veille. En fait le pauvre avait passé une bonne partie de la soirée au commissariat en compagnie de policiers trop procéduriers pour être honnêtes. Ils cherchaient à retrouver l'archéologue perdu de vue par leur collègue. Connaissant ses droits et ayant réussi à garder le silence jusqu'à ce que la totalité des fonctionnaires de services soient réquisitionnés pour disperser la foule quittant l'hôtel Denivrot, l'aventureux secrétaire expliqua contrit qu'il n'avait pas eu l'audace d'y retourner attendre l'archéologue. Emile s'amusa encore de se que l'homme n'ai pas tenté sa chance auprès des services secrets. Cette remarque lui remémora qu'un étrange message émanant de son ami Hector était parvenus de Truro à l'ambassade de France à Québec. Il semblait que le naturaliste ait souhaité obtenir une autorisation pour accéder aux archives de la société qui gère les transmissions télégraphiques. C'était surprenant et évidemment irréalisable mais cela signifiait au moins que Dad et Hector étaient bien arrivés à destination. Repensant à son ami scientifique et aux aventures dans lesquels il l'avait entraîné, Emile confia une liste de course à Lepoil. Il voulait notamment deux Luger. Une pour remplacer son arme dérobée par les mercenaires d'Avranche et une autre pour offrir à son collègue naturaliste qu'il savait peu adepte de la violence mais à qui il devait bien ça. Il demanda aussi à Henri de refaire un détour par la bibliothèque pour lui ramener des livres sur divers thèmes tel que les dieux Mayas, l'occultisme ou les sociétés secrètes. Les deux hommes se séparèrent et Emile monta se préparer pour son rendez-vous avec le ministre de la culture.
Il savait désormais que Savenfield avait été, selon la thèse de Sawyer, à l'origine du plan qui prévoyait leur mort à Revelstoke. Il savait aussi que l'homme était affaibli par l'échec de son funeste projet et que comme une bête blessé il allait être encore plus dangereux. A l'heure dites cependant, il descendit à la rencontre du ministre et de sa délicieuse secrétaire Elsa. Savenfield su se montré très chaleureux. Il déclina l'offre de repas et préféra s'asseoir à une table au petit salon. Il demanda à Elsa de leur ramener une bouteille de Champagne pour fêter le retour des "héros" en bonne santé. Il se fendit même d'un excellent cigare que le français dégusta avec délectation. Il évita soigneusement tous les sujets fâcheux et se contenta d'insister sur un message "Pas de vague Monsieur Esperandieu s'il-vous-plait.". Il était en somme très au fait de la situation et ne cherchait pas spécialement à échanger d'informations sinon au sujet de la mystérieuse disparition des deux autres membres de l'expédition. Il n'obtint pas de réponse précise mais tout de même le nom de la ville de Truro. De son côté, le scientifique, qui cherchait en tâtant le terrain à mieux comprendre les motivations de son interlocuteur eut droit à une leçon de langue de bois. En insistant un peu plus, il parvint tout de même à agacer Savenfield. Celui-ci, concédant au moins une de ses lignes de défense, s'étonna de se que l'expédition ait été confié à un archéologue alors qu'il y avait dans l'équipe de l'université un homme au profil bien plus indiqué en la personne de Félicien Piquette. Emile fit mine de ne pas comprendre et cessa de poser des questions pour éviter de provoquer plus encore le ministre. Ce dernier se leva, mettant un terme prématuré à un rendez-vous que n'importe quel observateur non averti aurait qualifié de parfaitement cordial. Savenfield précisa qu'il serait présent pour l'inauguration de l'université et qu'il auraient donc l'occasion de revoir les membres de l'expédition d'ici quelques semaines. Emile déjeuna donc seul et consacra son après-midi à l'étude des nouveaux ouvrages que lui avait ramené Lepoil. C'était la fin du séjour à Québec et l'esprit, d'ordinaire affûté de l'archéologue, subissait le contrecoup des péripéties de ces dernières semaines. Il ne découvrit rien de concluant et se coucha tôt en espérant que Dad Hector fussent de retour avant le départ du bateau le lendemain matin.
Joué avec David, Arnaud et Louis les jeudi 10 et 17 février 2011.