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CÉRÉMONIE DU 11 NOVEMBRE 2014 - Textes lus par les jeunes

Monument aux morts de Culles-les-Roches : des vies derrière des noms sur une stèle

Etienne Félix COMACLE né le 9 novembre 1888 à Culles est mort à Gray en Haute Saône en 1914 : il avait 26 ans.Pierre JANDOT né le 2 mai 1892 à Culles est mort au col de Donon dans les Vosges le 20 août 1914 : il avait 22 ans.

Félix MATHEY né en 1889 est mort en 1915 : il avait 26 ans.

Pierre PÉPIN né le 8 avril 1880 à Culles, du 256° régiment d'infanterie, est mort le 14 février 1915 près de l'ancien moulin de Cuinchy dans Le Pas-de-Calais, sans acte de décès ; après enquête , son décès est retranscrit sur le registre de Culles le 21 janvier 1920 : il avait 35 ans.

Jean-Baptiste PÉPIN né à Culles le 29 septembre 1881, du 256° régiment d'infanterie est mort le 14 février 1915 à Cuinchy dans le Pas-de-Calais, là encore son décès n'a pas été constaté ; il est simplement relevé sur l'état civil des décès de Culles en 1920 : ce vigneron avait 34 ans.

André THEVENOT né en août 1878 à St Boil, ce soldat de 2° classe au 59° régiment territorial d'infanterie, de la septième compagnie, portant le numéro matricule 4588 est mort le 3 juillet 1915 au col de Wettstein en Alsace : ce maçon avait 37 ans.

Jean VILLERET né le 9 octobre 1885 à Antully, canonnier du 8° régiment d'artillerie à pied , portant le matricule 5783 est mort le 5 mai 1915 tué sur le champ de bataille à 500 mètres au nord de Flirey en Meurthe et Moselle par suite de l'explosion d'un mortier : il avait 30 ans.

Pierre GERMAIN né en 1890 à Culles, ce canonnier du 8° régiment d'artillerie à pied est mort le 19 décembre à l'hôpital de Lyon : il avait 25 ans.

Joseph VEAUX né le 17 juin 1880 à Culles est mort le 25 avril 1915 à Salyange commune de Rarecourt dans la Meuse : il avait 32 ans.

Jean JOURNET né en 1879 est mort en 1916 : il avait 47 ans.

Jean PERRAUD né le 23 mars 1893 à Culles, soldat au 9° régiment de tirailleurs algériens est mort le 23 juillet 1916 : il avait 23 ans.

Claude FRASSON né en 1885 est mort en 1916 : il avait 31 ans.

Louis PARIAUD né un 20 août à Culles est mort le 16 juillet 1917 à Souchez dans le Pas-de-Calais : il avait 25 ans.

Jean-Baptiste BOUILLIEN né le 5 février 1886 à Sercy, soldat de 2° classe au 370 régiment d'infanterie , de la 22° compagnie portant le numéro de matricule 8845, est mort le 16 juillet 1917 à Sancy-sur-Aisne : ce cultivateur avait 31 ans.

Jean-Claude BOUCANSAUD né le 13 janvier 1897 à Culles, du 42° régiment d'infanterie est mort le 25 mai 1918 à Loère (Belgique) où il est inhumé, aucun acte de décès n'a été dressé ; son décès a été confirmé par un jugement du 4 mai 1920 : il avait 21 ans.

Léonard GAUDRY né le 3 janvier 1869 à Antully est mort le 11 juin 1917 : il avait 48 ans.

Jules CHARREAUX né à Culles le 28 avril 1882 : ce boucher est mort des suites de ses blessures en 1919 : il avait 37 ans.

François BARRIER né le 20 juillet 1895 à Culles ; il est mort des suites de ses blessures le 18 décembre 1920 à l'hôpital de Chalon : ce cultivateur aux Hermittes avait 25 ans.

Jules MARTIN né en 1887 est mort en 1917 : il avait 30 ans.

Trois lettres lues par les jeunes lors de la cérémonie

3 décembre 1917 (à propos de la censure du courrier)

La censure, tu le sais, est impitoyable ici et certains pauvres poilus ont appris à leurs dépens qu'ils ne devaient pas avoir la langue trop longue, ni même recevoir des lettres (qui sont d'ailleurs supprimées) sur lesquelles les parents ont souvent aussi la langue un peu longue. C'est révoltant mais c'est ainsi. Il semblerait qu'une lettre est une chose sacrée, il n'en est rien. Sois donc prudente, ma chérie, et si tu veux que je reçoive toutes tes lettres, ne me parle pas de la guerre. Contente-toi de me parler de notre grand amour, cela vaut beaucoup plus que tout.

Gros bécot,

Henri BOUVARD

Le 30 octobre 1917 (sur la dureté des combats - l'orthographe a été respecté)

Ma Rachel ,

- Je t'écris comme promis , je suis sorti de l'opital il y 3 jour. Sur les 15 de ma section , la moitie a pourri dans un assot sanglant , ils ont ete renplacé par des jeunes, de 16 17 ans . Je n'ai meme pas envie de les connaitre de peur de leur réveler ce qui risque de leur arrivé . Parmis y a un juif qui m'a demander de le bénnir avant l'assaut , a quoi ca sert que je lui est repondu et il est reparti.

- Je te vois dans 1 mois pour ma permission si je ne suis pas mort d'ici la .

- Enbrasse ta mére et dis lui que je ferais ce que jai promis : je changerais sa cloture pour les vache.

Ton George qui pense a toi.

Le 28 décembre 1914 (à propos d'une trève de Noël)

Ma bien chère petite Alice,

Nous sommes de nouveau en réserve pour quatre jours, au village des Brebis. Le service tel qu’il est organisé maintenant est moins fatiguant. Quatre jours aux tranchées, quatre jours en réserve.

Nos quatre jours de tranchées ont été pénibles à cause du froid et il a gelé dur, mais les Boches nous ont bien laissés tranquilles. Le jour de Noël, ils nous ont fait signe et nous ont fait savoir qu’ils voulaient nous parler. C’est moi qui me suis rendu à 3 ou 4 mètres de leur tranchée d’où ils étaient sortis au nombre de 3 pour leur parler.

Je résume la conversation que j’ai dû répéter peut-être deux cents fois depuis à tous les curieux. C’était le jour de Noël, jour de fête, et ils demandaient qu’on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit, eux-mêmes affirmant qu’ils ne tireraient pas un seul coup. Ils étaient fatigués de faire la guerre, disaient-il, étaient mariés comme moi (ils avaient vu ma bague), n’en voulaient pas aux Français mais aux Anglais. Ils me passèrent un paquet de cigares, une boîte de cigarette bouts dorés, je leur glissai. Le petit Parisien en échange d’un journal allemand et je rentrai dans la tranchée française où je fus vite dévalisé de mon tabac boche.

Nos voisins d’en face tinrent mieux leur parole que nous. Pas un coup de fusil. On put travailler aux tranchées, aménager les abris comme si on avait été dans la prairie Sainte-Marie. Le lendemain, ils purent s’apercevoir que ce n’était plus Noël, l’artillerie leur envoya quelques obus bien sentis en plein dans leur tranchée.

Nous voilà aux Brebis maintenant. Faillaut a invité hier tous ses chefs de section. J’ai trouvé un lit chez une bonne vieille où je me repose comme une marmotte.

[...] Fais part de mes amitiés à tous. Mes meilleures caresses aux petites, et à toi mes plus affectueux baisers.

Gustave

Chanson écrite par Andrée Karpoff et chantée lors de la cérémonie (sur l’air de la Ballade Irlandaise)

Soldats de Culles êtes partis à la guerre,

Plaintes gravées dans monument aux morts,

miroir tragique s'endort.

Vos ennemis étaient frères de misère

Demain: la paix pour clairière.

Bannissons d'la terre,

les horreurs d'la guerre,

rêvons d'un monde meilleur.

Pour regards rieurs

semons donc les graines

trésor d'une vie sans haine.

Soldats de Culles : votre courage saluons

sur cet air d'accordéon.

avez quitté votre terre.

Abandonnant vos vignes et vos moissons,

canons pour seul horizon.

Pour la der des ders,

Pour la der des ders,

êtes-vous partis bien fiers ?

sans peur, sans colère,

loin de vos misères,

pour des tranchées meurtrières

Soldats de Culles : jeunes héros de l'Histoire,

avez fait votre devoir.

Tous, vous étiez : fils de la mère Patrie

La France, sacrifiant vos vies.

Sur le champ d'honneur,

l'enfer et l'horreur,

étiez en première ligne.

Infinie douleur,

vos dernières heures,

ultimes pensées à vos vignes.