Cette section montre les articles de presse plus ou moins récents sur l'Arménie. Ils sont tirés des grands journaux français, notamment Le Figaro, Le Point et la Provence qui ont tous les trois couvert de manière importante l'agression subie par les Arméniens d'Artsakh et pris position, appelant à un soutien de la France et une reconnaissance de l'Artsakh. Merci à eux.
Il y a également des articles du monde, de Courrier International, La croix, un grand reportage dans l'Equipe sur l'aide qu'a apportée Youri Djorkaeff.
Plus bas, les hommages de la presse française après le décès de Charles Aznavour.
Après la guerre du Haut-Karabagh du 27 septembre au 9 novembre 2020, 44 jours au cours desquels les troupes Arméniennes ont résisté autant que possible face à la multitude de combattants ennemis équipés d'une technologie ultra-moderne, le Figaro Magazine, par l'intermédiaire de son directeur adjoint Jean-Christophe Buisson qui s'est rendu plusieurs fois sur place avec notamment le célèbre écrivain Sylvain Tesson, publie régulièrement des nouvelles des Arméniens qui tentent de surmonter le traumatisme. Un dossier spécial a même été publié avec en une: "Arméniens, un peuple en danger".
Les pages dédiées à l'Arménie sont disponibles plus bas.
Adieu Chouchi de ma jeunesse...
Valérie Toranian dans la Revue des Deux Mondes
Des mois après le conflit, de nombreux prisonniers arméniens sont toujours retenus et torturés par l'Azerbaïdjan, au mépris des accords et engagements pris. Certains civils ont même été capturés après la fin des hostilités... Exemple avec le récit de Maral Najarian qui était retournée en Arménie après l'explosion de Beyrouth en juillet 2020. Elle a finalement été libérée début Mars 2021 mais de nombreux prisonniers doivent encore être libérés comme le montre l'article ci-dessous.
FIGAROVOX/TRIBUNE - La guerre au Haut-Karabagh, sa dynamique et son issue marquent non seulement la défaite de l’Arménie mais également la crise de la diplomatie française dans le Caucase du Sud, analyse Gohar Grigoryan. Pour la chercheuse, il est donc dans l’intérêt de la France de sortir de la neutralité.
Par Gohar Grigoryan
Publié le 02/12/2020 à 15:45, mis à jour le 02/12/2020 à 18:44
Gohar Grigoryan est spécialisée en sciences politiques, droit international et économie du développement.
«Aujourd’hui c’est l’honneur de la France qui s’est joué au Sénat en votant largement la reconnaissance du Haut-Karabakh», a déclaré la sénatrice Valérie Boyer après le vote historique du Sénat français. Le 25 novembre, le Sénat a voté pour une résolution portant sur la nécessité de reconnaître l’indépendance du Haut-Karabakh alias Artsakh avec 305 voix pour sur 306 votes exprimés.
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Le texte de la résolution «invite le gouvernement à reconnaître la République du Haut-Karabakh» et à mettre tout en œuvre pour que des discussions puissent reprendre sans délai dans le cadre du Groupe de Minsk en vue d’un règlement négocié et durable du conflit.
Bien que symbolique et non-contraignant, cette reconnaissance est un pas en avant important. Tout d’abord, cela vient confirmer que le Haut-Karabakh remplit les 4 critères de statut d’État énoncés dans l’Article 1 de la Convention de Montevideo: une population permanente, un territoire défini, un gouvernement, et la capacité d’entrer en relations avec d’autres nations.
Enfin, cette résolution vient également honorer tous les instruments du droit international qui promettent le droit à l’autodétermination des peuples, notamment la déclaration de l’ONU sur les relations amicales entre États (1970), les Principes inscrits dans la Charte des Nations Unies (tous les peuples ont le droit de déterminer leur statut politique, en toute liberté et sans ingérence extérieure), ainsi que l’Article 1 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Cependant, selon le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne, cette résolution «ferait perdre à la France toute capacité d’influence et celle-ci ne serait plus d’aucun secours pour ceux-là même auxquels les auteurs de la Résolution veulent porter secours».
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian avait également déclaré «Le mandat que nous a confié l’OSCE en 1994 avec la Russie et les USA pose une exigence d’impartialité de la France», et «nous ne serions plus légitimes si nous prenions parti pour l’un ou l’autre des deux pays» .
Ces déclarations supposent que la reconnaissance du Haut-Karabakh n’aurait aucun impact positif ni sur les parties en conflit, ni sur la France elle-même, car la reconnaissance du Haut-Karabakh par la France l’écarterait de son rôle de médiateur neutre dans le cadre du Groupe de Minsk, et qu’une reconnaissance unilatérale par la France conduirait à une impasse diplomatique.
Il est évident que c’est la position officielle adoptée par la France, et cela signifie simplement que la France ne peut pas se permettre de reconnaitre le Haut-Karabakh, car elle doit s’accorder avec les autres parties et surtout avec ses homologues, à savoir les États-Unis et la Russie.
En principe, cette position est judicieuse. Pour prendre le dernier exemple du conflit israélo-palestinien, le président Donald Trump a annoncé sa décision de déplacer l’ambassade américain de Tel Aviv à Jérusalem en décembre 2018, le qualifiant de mesure attendue depuis longtemps pour faire avancer le processus de paix et œuvrer en faveur d’un accord durable, reconnaissant ainsi officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël. Très controversée par essence, cette décision a considérablement sapé la crédibilité des États-Unis en tant que partie neutre dans le conflit, dont le rôle en tant que tel a été refusé par la Palestine.
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Dans cette logique, en tant que pays qui a co-dirigé les négociations du processus de paix autour du Haut-Karabakh au cours des 26 dernières années, la France est censée agir de manière neutre. Cependant, d’un point de vue pragmatique et factuel, les bonnes questions à se poser seraient: «La France était-elle dévouée à son rôle de médiateur au sein du Groupe de Minsk et peut-on toujours parler de la légitimité du Groupe de Minsk au vu des derniers évènements?
Ces dernières années ont été marquées par une diminution du rôle et de l’influence de la France au sein du Groupe de Minsk. La guerre de 4 jours autour du conflit en 2016 s’est terminée par un cessez-le-feu, parrainé par la Russie, un acte très bien accueilli et apprécié par la France et les États-Unis.
Le 9 novembre 2020, toujours avec la médiation de la Russie, le célèbre accord du cessez-le-feu tripartite a été signé entre la Russie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Les négociations sur cet accord n’ont pas seulement ignoré la France et les États-Unis, mais elles ont décrédibilisé et délégitimisé le Groupe de Minsk, réaffirmant la position et le rôle de la Russie dans la médiation du conflit du Haut-Karabakh. Cet accord a également permis la Russie de déployer 2 000 soldats de maintien de la paix dans le Haut-Karabakh en faisant du Caucase du Sud l’avant-poste de la Russie.
Cette troisième guerre au Haut-Karabakh a également été marquée par l’internationalisation de ce conflit. En effet la Turquie, membre de l’OTAN, a matérialisé son engagement avec la mobilisation de mercenaires et même par le déploiement de militaires turcs dans la zone du conflit. Avant et durant la guerre, Erdogan critiquait violemment l’inefficacité du Groupe de Minsk et de ses médiateurs afin de préparer le terrain et d’être en mesure de justifier son intervention à la demande et dans l’intérêt de l’Azerbaïdjan.
Encore une fois, ces sont des messages que la France n’a pas pris au sérieux en réduisant son rôle dans le Groupe de Minsk à celui d’un spectateur. Erdogan qui avait déjà entrepris une politique étrangère très agressive à travers le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la Méditerranée orientale, a rajouté le Caucase du Sud dans le périmètre d’expansion néo-ottomanes sous le regard indiffèrent des grandes puissances de l’Union Européenne.
Une réalité essentielle, qui a été mise en parenthèse, est que le mandat du Groupe de Minsk avait été reconnu par l’Azerbaïdjan, ainsi que par l’Arménie en 1994, à la condition que le statut du Haut-Karabakh soit déterminé par celui-ci. Cependant, après sa victoire armée, le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliyev a clairement déclaré que le statut du Haut-Karabakh n’est plus sur la table des négociations et que le Haut-Karabakh pourrait exister seulement dans le cadre de l’Azerbaïdjan. En d’autres termes, l’Azerbaïdjan, ayant déclenché une guerre et ayant fait des déclarations pareilles, a déjà violé cette condition et la légitimité du Groupe de Minsk. Il en va de même pour la Russie qui a signé cet accord en dehors du Groupe de Minsk, en discréditant l’autorité de ce dernier.
Enfin, en réponse aux déclarations des États-Unis et de la France du 10 novembre portant sur la nécessité de reprendre les négociations pour «notamment permettre le retour des personnes déplacées dans le conflit… et la définition du statut futur du Haut-Karabagh», la Russie a été très claire en affirmant qu’elle «ne supporterait aucune intervention à l’accord signé le 9 novembre» et a qualifié ces commentaires comme des signes de «fierté blessé». «C’est inapproprié du point de vue de l’éthique humaine de promouvoir des revendications dans une situation où chaque minute pourrait signifier la vie de quelqu’un», a souligné Lavrov.
Alors, avec toutes ces pièces du puzzle réunies, la France doit-elle craindre de perdre son rôle d’acteur et de médiateur qu’elle n’a pas su assumer jusqu’à présent? Il est peut-être temps pour la France de penser à une diplomatie créative et d’accepter qu’après tout, cette guerre, sa dynamique et son issue marquent non seulement la défaite de l’Arménie, mais aussi la crise de la diplomatie française dans le Caucase du Sud - résultat de l’inaction et du non-engagement de la France dans les négociations.
Quand on met tous ces facteurs sur la balance, qu’est-ce qui a le plus de poids? Faire semblant d’être neutre dans le cadre du Groupe de Minsk, dont la légitimité a été mise en question par les derniers évènements, et de perdre dans la bataille diplomatique contre la Turquie et la Russie, ou de redéfinir ses priorités, avoir le courage et la volonté politique de réaffirmer son rôle et sa position d’acteur principal dans la géopolitique internationale et ainsi apporter la paix au peuple du Haut-Karabakh?
Enfin la France peut prendre le leadership sur ce sujet au sein de l’UE en encouragent les autres pays à reconnaitre le Haut-Karabakh et ainsi consolider l’ambition de l’UE d’être un acteur géopolitique majeur sur l’échelle internationale.Après tout, la reconnaissance du statut du Haut-Karabakh est cohérente même avec les négociations menées dans le cadre du Groupe de Minsk, qui envisage trois principes bien connus, y compris la question de l’autodétermination.
Pour terminer, comme Madame la sénatrice l’a dit à juste titre c’est l’honneur de la France qui se joue…
Chaque semaine, Courrier international explique ses choix éditoriaux et les débats qu’ils suscitent parfois dans la rédaction. Nous avons décidé cette semaine de faire entendre des voix de la diaspora arménienne après la fin de la deuxième guerre du Haut-Karabakh, qui a contraint des dizaines de milliers d’Arméniens à fuir cette région du Caucase, après le cessez-le-feu du 10 novembre. Un nouvel exode qui réveille une mémoire douloureuse, celle du génocide de 1915.
Ce sont des images qui ont choqué le monde : des Arméniens, contraints au départ et brûlant leurs maisons après l’accord de cessez-le-feu conclu le 10 novembre sous l’égide de Moscou, un accord qui a mis fin à la deuxième guerre du Haut-Karabakh. Six semaines d’un conflit largement déséquilibré entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie et ses armes sophistiquées, ont fait plusieurs milliers de morts dans cette enclave montagneuse du Caucase. L’accord du 10 novembre prévoit notamment la rétrocession à l’Azerbaïdjan de la plupart des territoires conquis par l’Arménie lors de la première guerre du Karabakh (1991-1994).
Les étapes de ce conflit, ses enjeux géopolitiques, nous les avons suivis, depuis la fin du mois de septembre jusqu’à ces derniers jours encore, sur notre site et dans l’hebdomadaire. Mais ce n’est pas cette histoire que nous avons choisi de raconter ici, même si elle est évidemment la toile de fond de ce dossier. Ce qui nous a frappés et qui ressort de la plupart des articles que nous avons rassemblés, c’est le profond écho que cette guerre a rencontré dans la diaspora arménienne. Et la mobilisation qu’elle a suscitée, en France comme au Liban, aux États-Unis…
Près de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh ont fui les combats depuis la fin du mois de septembre (près de la moitié seraient rentrés depuis) pour se réfugier en Arménie. Et cet exode a ravivé une mémoire douloureuse, celle d’autres exodes et du génocide de 1915, au cours duquel près de 1,5 million d’Arméniens ont péri. Une journaliste du New Statesman écrit ainsi :
Comme de nombreux Arméniens de la diaspora, je ne suis jamais allée dans le Haut-Karabakh. Je n’ai jamais fait les six heures de route en marchroutka (un minibus) entre sa capitale, Stepanakert, et la capitale arménienne, Erevan. […] Et je n’ai jamais été forcée de fuir mon pays. Malgré tout, mon histoire familiale est indissociable de l’exode des Arméniens, [contraints de quitter leur terre ancestrale].”
Ce sont ces paroles que nous avons voulu mettre en avant dans ce dossier sur la mémoire et l’histoire. Pourquoi le Haut-Karabakh a-t-il une telle importance (lisez à ce propos l’article de Russia-Armenia Info sur les liens entre les Arméniens et la Russie, qui remontent au XVIIIe siècle) ? En quoi cet exode a-t-il réveillé une mémoire douloureuse, souvent malmenée (seule une trentaine de pays aujourd’hui ont reconnu le génocide arménien) ? Et au fond, qu’est-ce qu’être arménien aujourd’hui ?
Dans un très beau reportage sur la diaspora au Liban, L’Orient-Le Jour évoque une “communauté parfaitement intégrée au tissu économique, social et politique du pays qui a cependant, de génération en génération, réussi à préserver son héritage culturel et à protéger sa mémoire”. “Au travers du temps, écrit encore le quotidien libanais, et selon les cas, la transmission du sentiment d’appartenance s’est opérée de manières multiples. Mais un point commun a subsisté : la conscience d’être d’un peuple persécuté.”
Et la guerre du Haut-Karabakh a réveillé de douloureux fantômes :
Le mal est beaucoup plus profond, beaucoup plus lourd, et revêt une part d’indicible que les Arméniens libanais vivent dans leur chair. Pour nombre d’entre eux, les images de destruction […], les nouvelles de ces jeunes hommes volontaires morts au front, de ces familles qui ont fui Stepanakert pour Erevan, l’utilisation de bombes à fragmentation et de drones font sombrement écho à une histoire marquée du sceau du génocide d’abord et du négationnisme turc ensuite.”
C’est aussi en pensant à eux que nous avons fait le choix de cette une. C’est un parti pris, comme le choix qui a été fait pour illustrer ce dossier. Les images sont extraites du livre There Is Only the Earth. Images From the Armenian Diaspora Project. Pendant six ans, la photographe américaine Scout Tufankjian a sillonné plus de 20 pays, à la rencontre des communautés arméniennes, dans leur pays et en exil. Un travail au long cours pour documenter la diaspora et témoigner à travers des photos empreintes d’émotion.
L’émotion, elle traverse les deux reportages de ce dossier. À Oukhtassar, les derniers Arméniens ont dû quitter le village où ils s’étaient installés en 1992, après la première guerre du Haut-Karabakh. Le journal russe Kommersant les a rencontrés et tous disent qu’après ça, c’est un nouvel exode qui les attend, sans doute plus loin que l’Arménie. Aux États-Unis, à Fresno, c’est le chagrin de toute une communauté arménienne que raconte le Los Angeles Times à travers l’histoire de Clara Margossian, 102 ans, fille de rescapés du génocide de 1915 et qui a donné 1 million de dollars pour aider le pays de ses ancêtres. Autour d’elle à Fresno, comme à Beyrouth, Lyon ou Erevan, c’est toute la diaspora que les derniers événements dans le Caucase ont bouleversée. Nous voulions faire entendre quelques-unes de ses voix.
Le magazine sportif le plus lu de France, L'Equipe, a consacré un dossier complet sur Youri Djorkaeff au chevet de l'Arménie, lors de sa visite qui a suivi la guerre déclenchée par les azéro-turcs en Artsakh.