Nakhitchevan

Le nom «Nakhichevan» en arménien signifie littéralement «le lieu de la première descente», une référence biblique à la descente de l'arche de Noé sur le mont Ararat adjacent. La tradition arménienne dit que Nakhichevan a été fondé par Noé.

La région était au centre de l'ancien royaume d'Arménie (858 avant JC - 428 après JC). Au cours de l'invasion par le persan sassanide Shah Shapur II (309-379), il a enlevé 2 000 familles arméniennes et 16 000 juives du Nakhitchevan (360-370).

En 405 de notre ère, Saint Mesrop Mashtots a créé l’alphabet dans le district de Goghtn de la province de Vaspurakan en Arménie classique (correspondant à l’Ordubad moderne, Nakhitchevan). En 428, il tomba aux mains de l'Empire perse sassanide, devenant une partie de la province Marz d'Arménie.

En 640-645, les Arabes musulmans ont envahi l'Arménie, établissant l'émirat d'Arménie, leurs bastions étaient à Dvin et Nakhichevan. En 705 de notre ère, quelque 800 nobles arméniens ont été enfermés dans des églises et brûlés vifs au Nakhitchevan par l'émir omeyyade Muhammad ibn Marwan.

En 885, la famille Bagratuni a rejeté la domination arabe musulmane et a rétabli le Royaume d'Arménie. Le Nakhitchevan a changé constamment de mains entre l'Arménie et les émirs musulmans locaux subordonnés au califat abbasside centré à Bagdad.

Les Bagratunis arméniens ont tenu Nakhitchevan en 885-895; 895-909; et 929-942. Les émirs Sajid l'ont tenu en 895 et 909-929. Les émirs sallarides l'ont tenu en 942-971. Alors que les émirs Shaddadid le tenaient de 971 à 1055. En 1055, les Turcs seldjoukides ont conquis le Nakhitchevan.

En 1136, le Nakhitchevan fut donné aux Eldiguzides Atabegs d'origine Kipchak. En 1197, les généraux arméniens zakariens dirigent les armées géorgiennes vers le sud et libèrent le Nakhitchevan, ce qui en fait une partie de leur principauté (carte). En 1225, la ville fut reprise par les Eldiguzid Atabegs.

En 1236, les Mongols ont pris le Nakhitchevan. Aux XIIIe et XVe siècles, la ville passa des confédérations tribales turkmènes Kara Koyunlu et Ak Koyunlu des Mongols Ilkhanate, plus tard Chobanid Mongols, et tomba même aux mains du chef de guerre turco-mongol Tamerlan.

En 1501, l’Empire safavide d’Iran a conquis la région, il ne faudrait pas longtemps avant que l’Empire ottoman de Turquie ne pousse vers l’Est et se heurte aux Iraniens. Pendant la guerre ottomane-safavide (1603–1618), le safavide Shah Abbas (1588-1629) a pris une décision irréversible.

En 1604, Shah Abbas d'Iran a ordonné l'expulsion des populations des provinces de Nakhichevan, Shirak, Lori, Aragatsotn, Kotayk, Gegharkunik, Armavir, Erevan, Ararat et Vayots Dzor, ainsi que les provinces modernes de Kars, Agri et Igdir aujourd'hui en Turquie.

Entre 300 000 et 500 000 Arméniens ont été expulsés de force et moins de la moitié se sont rendus au centre de l'Iran. New Julfa étant la principale colonie. En retour, Shah Abbas II (1642-1666) de l'Iran safavide a permis à la fidèle tribu chiite turque Kangerli de réinstaller Nakhichevan.

Le Nakhitchevan était gouverné par des membres de tribus chiites turques fidèles au Shah iranien jusqu'en 1828, initialement le Velayet d'Erevan (1501-1736) et plus tard sous le nom de Nakhichevan Khanat (1747-1828). Après le traité de Turkmenchay, il est devenu une partie de l'oblast arménien de l'Empire russe.

Les autorités russes ont invité les Arméniens de Turquie ottomane et d'Iran Qajar à se réinstaller dans ces terres abandonnées, 140 000 l'ont fait. Les Arméniens du Nakhitchevan, au nombre de 5 078 (404 familles), ont été rejoints par 12 019 Arméniens étrangers (1 128 familles), presque tous originaires d'Iran.

De 1828 à 1840, le Nakhitchevan faisait partie de l'oblast arménien et, plus tard, du gouvernorat d'Erevan (1840-1917). En 1917, la région comptait 135 000 personnes: 81 100 musulmans (60%) et 53 900 Arméniens (40%).

Le premier acte de violence a eu lieu lorsque des Azerbaïdjanais ont attaqué les Arméniens du Nakhitchevan le 25 mai 1905. 47 des 52 villages arméniens ont été attaqués, dont 19 ont été complètement détruits. 239 Arméniens sont morts. Plus tard, les Arméniens ont attaqué un village musulman, tuant 36 Azerbaïdjanais.

En mai 1918 L'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie deviennent indépendants et la guerre éclate. En juin 1918, les Turcs ottomans envahirent le Nakhitchevan, massacrant 10 000 Arméniens et détruisant 45 de leurs villages. En octobre 1918, les Ottomans se retirèrent et l'Arménie fut laissée aux commandes.

En décembre 1918, les musulmans locaux ont déclaré la République d'Aras au Nakhitchevan. En juin 1919, les troupes arméniennes reprirent le Nakhitchevan et écrasèrent la République. En réponse, les Turcs ottomans ont de nouveau envahi avec les Azerbaïdjanais et massacré jusqu'à 12 000 Arméniens en juillet 1919.

La région est restée instable alors que les Arméniens tentaient de stabiliser leur pouvoir en réponse aux soulèvements constants des musulmans locaux soutenus militairement par l'Azerbaïdjan et la Turquie. En mars 1920, l'Arménie a lancé une opération et a consolidé son contrôle sur le Nakhitchevan.

En juillet 1920, les Soviétiques ont pris le contrôle du Nakhitchevan. En novembre 1920, à la veille de l'invasion soviétique de l'Arménie, les autorités soviétiques azerbaïdjanaises reconnurent le Nakhitchevan, le Syunik (Zangezur) et l'Artsakh (Karabakh) comme faisant partie de l'Arménie soviétique.

Cependant, le Nakhitchevan s'était largement vidé des Arméniens et, en janvier 1921, un référendum a révélé que 90% des habitants, qui étaient maintenant en grande partie de souche azerbaïdjanaise, voulaient avoir un statut autonome au sein de l'Azerbaïdjan soviétique.

Le 16 mars 1921, la République socialiste soviétique autonome du Nakhitchevan a été créée et placée sous la protection de l'Azerbaïdjan soviétique. Il a été officiellement intégré à l'Azerbaïdjan soviétique le 9 février 1924.

Le recensement soviétique de 1926 a trouvé 104 656 personnes au Nakhitchevan: 88 433 Azerbaïdjanais (84,3%) et 11 276 Arméniens (10,8%). En 1989, il y avait 293 875 personnes au Nakhitchevan: 281 807 Azerbaïdjanais (95,9%) et 1 858 Arméniens (0,6%).

Au cours des années de domination soviétique (1920-1991), la population arménienne a continué à diminuer. Les quelque 2 000 Arméniens restants ont été expulsés pendant la guerre du Haut-Karabakh (1988-1994) par l'Azerbaïdjan. Aujourd'hui, le Nakhitchevan compte 398 323 habitants: 396 709 Azerbaïdjanais (99,6%).

L'Azerbaïdjan a non seulement nettoyé ethniquement les Arméniens locaux, mais a également effacé toute trace de leur présence ancienne, y compris la destruction de toutes les églises et surtout la destruction du cimetière de Jugha (Julfa) et de ses 10000 khatchkars médiévaux en 2005.

Arméniens célèbres du Nakhichevan:

• Azaria Jughaetsi (1563-1601) Catholicos du Saint-Siège de Cilicie

• Hakob Jughaetsi (1598-1680) Catholicos du Mère-Siège de Saint Ejmiatsin

• Naghash Hovnatanyan (1661-1722) célèbre artiste et fondateur de la famille Hovnatanyan

• Kristapor Mikaelian (1859-1905) l'un des trois membres fondateurs du Dashnak (ARF)

• Stepan Sapah-Gulian (1861-1928) chef du Parti Hunchakian (SDHP)

• Manuk Abeghian (1865-1944) chercheur en littérature et folklore

• Stepan Zorian (1867-1919) l'un des trois membres fondateurs du Dashnak Party (ARF)

• Taguhi Hakobyan (1878-1947) connue sous le nom de «Hasmik», la célèbre actrice

• Ruben Orbelian (1880-1943) archéologue pionnier de l’archéologie sous-marine

• Garegin Ter-Harutyunyan (1886-1955) connu sous le nom de «Nzhdeh», un chef célèbre

• Hakob Davtyan (1888-1938) connu sous le nom de «Yakov Davydov», chef du renseignement soviétique

• Hayk Hovakimyan (1898-1967) connu sous le nom de «maître de marionnettes» était un espion soviétique aux États-Unis.

• Vladimir Sargsyan (1935-2013) scientifique et mathématicien

• Argam Aivazian (né en 1947) historien, journaliste et chercheur en archéologie

• Aghvan Vardanyan (né en 1958) Membre de l'ARF, journaliste et poète

La célèbre chanson Հայեր Միացեք (Hayer Miatsek; «Unite Armenians») de Gusan Haykazun (né en 1951) a une section consacrée au Nakhitchevan - une patrie perdue.