Cette page donne des indications sur la présence des Arméniens dans le monde.
Nous découvrons d'abord le musée Arménien d'Amérique.
Le musée de Marseille Mucem évoque les petites Arménies, comme le livre ci-dessous "Little Armenias".
De nombreux articles évoquent les Arméniens de Syrie, du Chili, de Suisse, des Etats-Unis, du Canada, de Russie, de Jérusalem, de Pologne, du Liban, d'Iran, de Géorgie et Tbilissi, de Grèce, de Chypre, d'Egypte, du Soudan ainsi que les lieux comme l'Inde, l'Ethiopie, Singapour ou Venise qui ont des liens avec l'Arménie.
D'autres articles présentent la présence Arménienne en Amérique du Nord, en Amérique Latine, 100 Arméniens qui ont changé le monde ou bien la liste Jeretzian.
Les sous-sections présentent les Arméniens du monde par discipline.
Avant de retrouver l'ensemble de ces articles passionnants, voici une rapide introduction.
En raison de nombreux événements de l'histoire récente Arménienne (massacres de la fin du 19ème siècle, génocide de 1915, membre de l'URSS et grande pauvreté à sa chute, guerre du Haut-Karabagh...), les Arméniens ont la particularité d'être un peuple plus nombreux en dehors de l'Arménie qu'à l'intérieur.
Les derniers recensements nationaux indiquent un peu moins de 3 millions de personnes vivant en Arménie (évolution et détails ici : https://www.worldometers.info/world-population/armenia-population/), alors que la diaspora est composée de 7 millions d'âmes.
Les Etats-Unis, la Russie et la France sont les pays où la diaspora est la plus importante. De nombreux Arméniens vivent également au Canada, en Argentine, en Uruguay, au Liban en Iran et dans beaucoup de pays européens. Ils sont au présents au Proche et Moyen-Orient comme la Syrie, notamment Alep, l'Irak, l'Egypte mais les affrontements récents, l'émergence de l'Etat Islamique a un peu plus réduit leur nombre.
Les Arméniens s'assimilent aisément à leur pays d'accueil, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'histoire. L'Arménie était sur le chemin de la route de la Soie. Ils ont très tôt échangé et commercé avec différentes civilisations. De part sa géographie, l'Arménie a toujours été au carrefour de plusieurs empires: russe, perse, ottoman. Enfin, depuis plus d'un siècle, fuyant les persécutions ou à la recherche d'une vie meilleure, les Arméniens ont pris l'habitude de s'installer en dehors de leurs terres historiques et de s'adapter rapidement.
D'autre part, la langue. Composé de 39 lettres, l'alphabet arménien créé par Sourp Mesrop Machtots dans le monastère d'Amaras (aujourd'hui en Artsakh), permet la prononciation de tout type de sons. Ainsi, les Arméniens arrivent facilement à devenir polyglottes et donc à maîtriser les langues du pays dans lequel ils s'installent.
Enfin la culture Arménienne. Les Arméniens qui s'installent à l'étranger ne cherchent pas à se montrer ou à revendiquer des droits. Ils cherchent à travailler et grimper l'échelle sociale. Tout en étant reconnaissant à leur pays d'accueil et en le défendant si nécessaire (ex. Manouchian pendant la 2ème guerre mondiale), ils se font petits et cherchent à conserver leur traditions dans leur cercle privé et familial. C'est un savant mélange qui conduit, comme le disait Charles Aznavour à être à la fois 100% français et 100% arménien.
Les Arméniens bâtissent des Eglises pour laisser une trace de leur présence et construisent, en signe d'amitié, des Khatchkar aux pays et villes qui leur sont proches. Nous pouvons en voir quelques-uns dans la sous-section "Lieux emblématiques".
Little Armenias
Livre de Robin Koulaksezian
Ce livre, fourni à la suite d'un travail de longue haleine et disponible en français et en anglais, montre pays par pays, la présence des Arméniens dans le monde entier à travers des explications, chiffres, monuments historiques, commerces, restaurants, écoles, églises.
Un superbe guide qui peut vous aider à trouver des endroits arméniens lors de vos voyages.
https://www.amazon.fr/Little-Armenias-Robin-Koulaksezian/dp/2956613804
Armenian Museum of America
https://www.armenianmuseum.org/
Le musée arménien présente la collection la plus vaste et la plus diversifiée d'objets arméniens en dehors de la République d'Arménie. Nos galeries mises à jour incluent d'anciens artefacts urartiens, des manuscrits médiévaux, des céramiques Kütahya, des textiles, des objets liturgiques et de l'art contemporain. Grâce à un programme actif d'expositions et d'événements spéciaux, nous proposons de nouvelles expériences aux visiteurs de retour ainsi qu'à ceux qui sont nouveaux dans la culture et l'histoire arméniennes.
Nous aspirons à raconter l'histoire du peuple arménien à travers les objets de la collection et à promouvoir la prise de conscience et l'appréciation de la culture de manière engageante et dynamique.
Le musée arménien d'Amérique est le plus grand musée arménien de la diaspora. Il est devenu un référentiel majeur pour toutes les formes de culture matérielle arménienne qui illustrent les efforts créatifs du peuple arménien au cours des siècles. Aujourd'hui, les collections du musée contiennent plus de 25000 artefacts, dont 5000 pièces de monnaie arméniennes anciennes et médiévales, 1000 timbres et cartes, 30000 livres, 3000 textiles et 180 tapis inscrits arméniens, et une vaste collection d'artefacts urartiens et religieux, de céramiques, d'enluminures médiévales divers autres objets. La collection comprend des objets d'importance historique, dont cinq des Bibles arméniennes imprimées à Amsterdam en 1666.
Mais le musée arménien est plus qu'un simple entrepôt d'artefacts. C’est un musée vivant et une bibliothèque qui propose des expositions et divers programmes culturels et littéraires à ses membres et à la communauté dans son ensemble. C'est là que les Arméno-Américains peuvent se rendre pour découvrir leurs racines et où les gens de toutes origines ethniques peuvent voir comment l'histoire du peuple arménien joue un rôle vital dans la riche symphonie culturelle qu'est l'Amérique.
Les buts et objectifs du musée arménien sont les suivants:
Maintenir et préserver à perpétuité un programme actif de collecte, de conservation et de documentation des artefacts, livres et publications arméniens.
Préserver pour la postérité l'héritage arménien, passé et présent, et raconter l'histoire du peuple arménien.
Promouvoir une prise de conscience et une appréciation de la culture et des contributions du peuple arménien, à travers des expositions et divers programmes éducatifs.
Servir de référentiel national et de centre d'information sur le peuple arménien, son histoire et sa culture.
Le MuCEM, musée des civilisations d'Europe et de Méditerranée à Marseille, évoque les petites Arménies dans une exposition virtuelle : http://www.armeniens.culture.fr/spipe68f.html
Cette exposition virtuelle a été créées en lien avec l’exposition Les Arméniens de Marseille, qui avait été organisée en coproduction entre le musée d’Histoire de la ville de Marseille et le MuCEM / Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée dans le cadre de "Arménie, mon amie", saison de l’Arménie en France.
Entre Méditerranée, Caspienne et Mer Noire, au carrefour des grandes civilisations d’Orient et d’Occident, des routes de commerce et des voies d’invasion, l’Arménie a une longue histoire tourmentée, faite de phases d’indépendance et de dépendance, de partages, de persécutions et migrations forcées. C’est aussi une terre de contacts, de circulation et d’échanges - matériels, spirituels, religieux, guerriers ou pacifiques, artistiques ou idéologiques, avec l’espace européen et méditerranéen. L’Arménie et les Arméniens participent très tôt à l’histoire de l’Europe.
Inde
Les Arméniens et les Indiens ont quelque chose en commun : une culture extrêmement ancienne. Il n’est donc pas étonnant qu’ils aient été en contact depuis plus d’un millénaire. Mais leurs liens vont bien au-delà de rencontres occasionnelles. L’empereur moghol Akbar a invité des Arméniens à s’établir à Agra au XVIe siècle. Les Arméniens ont eu une communauté prospère à Calcutta où se trouvent encore une église et un collège arméniens.
En 1772, Chahamir Chahamirian, un marchand influent membre de la communauté de Chennai (Madras), a publié un ouvrage de philosophe politique défendant la création d’un État arménien, considéré aujourd'hui comme la première Constitution arménienne.
En dépit de l’éloignement, c’est en Inde qu’est sorti le premier journal arménien, « Azdarar », publié en 1794 par Haroutioun Chmavonyan, lui aussi membre de la communauté de Madras. Les Arméniens ont aussi apporté d’importantes contributions au commerce, à l’architecture et à la médecine, comme ils l’ont fait – et continuent à le faire – dans tous leurs autres pays d’adoption.
Venise
Naguère centre du commerce mondial, la Sérénissime était le lieu d’escale de nombreuses routes commerciales.
Toutefois, les Arméniens qui y vivent aujourd’hui ne sont pas les descendants de marchands, mais des moines. En 1717, une île, celle San Lazzaro, a été offerte à l’ordre mékhitariste de l’église catholique arménienne qui y fonda un monastère comprenant une bibliothèque, une collection de manuscrits, ainsi qu’une maison d’édition. Mais ce n’est pas tout. Plus de deux cents ans avant la fondation de ce monastère, en 1512, un certain Hakop Meghapart (Hakop le pécheur) a imprimé le premier livre en langue arménienne: Le Livre des vendredis (Urpatakirk). La présence arménienne ne date donc pas d’hier.
Aujourd’hui, les moines mékhitaristes habitent toujours à San Lazzaro (ce sont d’ailleurs ses seuls habitants) et ils continuent d’accueillir des étudiants, ainsi que des touristes. Et en particulier ceux qui veulent goûter la confiture qu’ils confectionnent avec les roses de l’île.
L'Hôtel Raffles de Singapour est devenu célèbre à travers le monde grâce à quatre entrepreneurs arméniens : les frères Martin, Tigran, Aviet et Arshak Sarkies, qui ont permis à de riches Européens de voyager en Asie sans perdre leur confort dont ils sont familiers dans l'exubérance de la jungle équatoriale.
Singapour
Singapour est l’une des trois cités-États existant dans le monde. Et non seulement les Arméniens y ont établi une petite communauté (qui existe encore aujourd’hui), mais ils y ont fondé la première église du pays !
Ce sont également eux qui y ont créé le légendaire hôtel Raffles. Et c’est encore une Arménienne, Ashkhen Hovakimian, connue sous le nom d’Agnès Joaquim, qui a donné son nom à l’orchidée qui est aujourd’hui la fleur nationale de Singapour, la Vanda Miss Joaquim.
Les ensembles monastiques arméniens d'Iran
Ce site évoque les Arméniens d'Iran. Non seulement les Eglises mais également le musée d'histoire arménienne. http://www.madeleine-et-pascal.fr/spip.php?article782
L'histoire de l'arrivée des Arméniens au Mexique
(article en français)
Les Arméniens du Liban et de Bourj Hammoud, le quartier arménien de Beyrouth
Ethiopie
Les Arméniens ont une histoire particulière avec l’Éthiopie. Bien que plusieurs milliers de kilomètres séparent les deux pays et que l’amharique soit une langue sémitique alors que l’arménien appartient au groupe indo-européen, leur alphabet possède un grand nombre de similitudes. Les deux peuples entretiennent des relations depuis deux mille ans.
De plus, les Arméniens ont joué un rôle important dans l’histoire de l’Éthiopie contemporaine. La communauté arménienne compte parmi les siens le créateur de l’hymne national éthiopien, Kevork Nalbandian, auquel Haïlé Sélassié avait en personne passé commande. C’est aussi Sélassié qui, lors d’une visite à Jérusalem, avait invité quarante orphelins du génocide arménien – connus comme les « Arba Lijoch », les quarante enfants – à rentrer à Addis Abeba avec lui pour former la fanfare impériale officielle.
L’implication de la communauté arménienne s’étend également à l’architecture, la médecine et, ce qui est peut-être plus amusant – à l’éthio-jazz, où le talent musical des immigrants arméniens a laissé une empreinte durable !
Les Arméniens en Ethiopie
[Extrait] Les Canadiens d'origine arménienne (arménien occidental: գանատահայեր, arménien oriental: կանադահայեր, kanadahayer; français: Arméno-Canadiens) sont des citoyens et des résidents permanents du Canada de descendance arménienne totale ou partielle. Selon le recensement canadien de 2016, ils sont près de 64000, tandis que des estimations indépendantes font état d'environ 80000 Canadiens d'origine arménienne, les estimations les plus élevées atteignant 100000. Bien que significativement plus petite que la communauté arménienne américaine, la formation des deux a subi des étapes similaires à partir de la fin du 19e siècle et en se développant progressivement au cours du 20e siècle et au-delà. La plupart des Canadiens arméniens sont des descendants de survivants du génocide arménien du Moyen-Orient (Syrie, Liban, Égypte), moins de 7% de tous les Arméniens canadiens étant nés en Arménie. Aujourd'hui, la plupart des Canadiens arméniens vivent dans le Grand Montréal et le Grand Toronto, où ils ont établi des églises, des écoles et des centres communautaires.
Maintenir l'Arménie en vie dans la capitale du Soudan
«Si les Arméniens veulent être grands, ils doivent prier», dit le père Gabriel Sargsyan. "Tant qu'il restera un Arménien, il y aura une église." Peut-être, mais seulement une poignée de la cinquantaine d'Arméniens restés à Khartoum sont venus pour la messe - tenue le soir, parce que le dimanche est une journée de travail dans la capitale du Soudan à majorité musulmane. Après le service, le petit groupe s'assoit sur le porche de l'église arménienne Saint-Grégoire, sirotant un café sucré et se souvenant de l'époque où les bancs étaient pleins.
Bien que le gouvernement de Khartoum ait «islamisé» le nord du pays par l'imposition de la charia, il n'y a aucun sentiment de persécution religieuse ici à St. Gregory. Les dirigeants des églises orthodoxes arméniennes et éthiopiennes voisines disent se sentir en sécurité à Khartoum et que la persécution des catholiques et des protestants du sud du Soudan est le produit de la lutte pour le pouvoir nord-sud du pays - les petites communautés chrétiennes orthodoxes ne représentent aucune menace pour la gouvernement majoritairement musulman. «Nous respectons la loi du pays et restons à l'écart des troubles», déclare Eyasu Tadele, un responsable de l'Église orthodoxe éthiopienne de Khartoum. (Voir les photos du Darfour.)
L'Église éthiopienne, en fait, s'en sort un peu mieux que son voisin arménien, attirant un flot de fidèles chaque dimanche. Cela peut être le produit de l'évolution des modèles d'immigration. De nombreux Arméniens sont venus au Soudan en tant que réfugiés du meurtre de masse en Turquie qui a commencé en 1915, tandis qu'une deuxième vague d'immigrants est arrivée dans les années 1950, à la recherche d'opportunités dans le pays nouvellement indépendant. St. Gregory's a ouvert ses portes en 1957, et à son apogée, la congrégation comptait 2 000 personnes. Mais beaucoup sont partis depuis à la recherche d'opportunités en Europe et en Amérique du Nord, tandis que la communauté d'expatriés éthiopiens au Soudan n'a cessé de croître. «D'abord, ils venaient à cause de la crise politique et maintenant pour des raisons économiques», dit Tadele.
Autant qu'il apprécie la compagnie de ses voisins chrétiens, le père Gabriel est préoccupé par le fait que plusieurs Arméniens ont épousé des chrétiens éthiopiens et des coptes, produisant des enfants qui apprennent l'arabe ou l'amharique plutôt que l'arménien. «Lorsqu'une personne cesse de parler arménien, notre diaspora est perdue», dit-il. C'est pourquoi il travaille dur pour ressusciter l'ancienne école de l'église pour enseigner la langue arménienne, même si les membres les plus riches de la communauté ont émigré, il a du mal à trouver les fonds nécessaires. De plus en plus de familles envisagent de partir par crainte d'une nouvelle saison d'instabilité en raison des retombées du mandat d'arrêt international accusant le président Omar el-Béchir de crimes de guerre au Darfour. Seuls quelques enfants restent à l'école, mais le Père Gabriel serait heureux d'enseigner ne serait-ce qu'à un seul élève. «L'Arménie vit à travers notre langue», dit-il.
Un Arménien soudanais qui prétend qu'il ne partira jamais est Jeriar Homer Charles Bozadjian, dont l'histoire familiale au Soudan remonte à 100 ans. Bozadjian dirige un restaurant appelé Big Bite à Khartoum. «Je n'ai jamais vu l'Arménie», dit-il. "Le Soudan est ma maison."
Malgré l'imposition de la charia, "Ce n'est pas comme l'Arabie saoudite", déclare Wafaa Babikier, qui étudie la gestion à l'Université Ahfad pour les femmes dans la ville d'Omdurman. "Les filles ont la liberté de tout faire." Tout le monde ne répond pas à l'appel à la prière; les femmes conduisent des voitures et fréquentent des universités mixtes; et ils sont plus nombreux que les hommes dans de nombreux bureaux et établissements d'enseignement. D'autres, comme Alfred Taban, rédacteur en chef du Khartoum Monitor, rétorquent, avertissant que derrière la façade de la tolérance se cache une vision islamiste plus dure. «Un étranger ne le remarquerait pas», dit-il. Taban affirme avoir été fouetté pour avoir bu de l'alcool dans un toast traditionnel à la naissance du fils d'un parent.
Mais Bozadjian défend agressivement la pluralité de sa patrie. «Le Soudan est un pays unique», dit-il. "Les musulmans ont aidé à construire cette église." Mais d'autres notent que de nombreux Arméniens ont quitté le Soudan après la confiscation de leurs propriétés sous le régime radical du président Jaafar Nimeiri dans les années 1970. Elizabeth Jinjinian, une femme d'affaires de 70 ans, se souvient comment la terre du club arménien a été enlevée lorsque la communauté a commencé à se rétrécir: «Nous avions l'habitude de faire de nombreux bals, pique-niques et fêtes».
Souvent tentée de rejoindre ses fils à Londres ou à New York, Jinjinian est restée pour diriger sa petite entreprise de cosmétiques, qui a survécu à des années de guerre et de sanctions. «Les exportations et les importations se sont taries», dit-elle. "Nous devions faire entrer les marchandises dans le pays dans des valises."
Malgré la résilience de nombreux vétérans de la communauté, les efforts du Père Gabriel pour maintenir sa culture dans ce coin de la diaspora arménienne font face à des difficultés croissantes. En effet, le prêtre lui-même devrait bientôt partir, car la communauté n'a plus les fonds pour le soutenir. Il espère qu'un membre de la communauté fera un pas en avant pour diriger son école. «Si vous avez une école, votre nation continue», dit-il.
La mémoire collective des horreurs de 1915 peut être le facteur le plus puissant pour soutenir l'identité de la communauté. Sur la véranda poussiéreuse de l'église, Jinjinian raconte avec animation l'histoire de la fuite de sa mère de Turquie après que ses grands-parents aient été tués. "Elle était chez les couturiers alors elle a été sauvée." Son histoire est bien connue des fidèles, mais tout le monde écoute respectueusement pendant qu'une brise chaude annonce un autre été chaud.
Depuis les années 1920, le pays du Cèdre abrite une importante communauté arménienne, issue à une très large majorité des survivants du génocide de 1915. Cette population, estimée à 140 000 personnes, dont une grande partie vit à Bourj Hammoud, dans la banlieue de Beyrouth, s’est fondue dans la société libanaise en participant activement à la vie économique et culturelle du pays.
Haut-lieu du commerce et de l’artisanat au Liban situé à quelques kilomètres du port de Beyrouth, Bourj Hammoud, surnommée la "petite Arménie", traverse une période trouble. Déjà fragilisés par la crise économique et sanitaire qui sévit dans le pays du Cèdre, ses habitants et ses commerçants ont le moral en berne, et ont même vu leurs dernières illusions être soufflées par la double explosion du 4 août.
Dans cette commune très dense, construite sur un ancien marais et s’étendant sur près de trois kilomètres carrés, les rues, d’ordinaire très animées, ont été désertées par les acheteurs en quête de bonnes affaires. Bijoux, maroquinerie, chaussures, sacs, prêt-à-porter, artisanat… Le savoir-faire des Arméniens, transmis de génération en génération, qui a fait la réputation des centaines de boutiques de Bourj Hammoud ne fait plus recette.
"En tant qu'Arméniens, nous sommes habitués aux malheurs et à trouver des solutions"
Arpi Mangassarian, qui a fondé en 2012 Badguèr, un centre culturel dédié à l'artisanat et à la culture arménienne dans le quartier de Marash, promène un regard fier et nostalgique en arpentant les ruelles de cette ville-labyrinthe, dont elle connaît chaque recoin. "Ce sont les Arméniens qui ont construit cette ville, développé son économie et lui ont donné une âme, explique cette polyglotte énergique à France 24. Mais l’âge d’or est derrière eux, ils font face aujourd’hui aux problèmes économiques et sociaux qui s’accumulent dans le pays, et pensent souvent à quitter le Liban à la recherche d'une vie meilleure".
"Nombreux sont ceux qui veulent partir en Arménie, mais même là-bas il y a des problèmes. Regardez ce que la Turquie et l’Azerbaïdjan sont en train de faire en ce moment dans le Haut-Karabakh", soupire-t-elle.
Issue d’une famille de rescapés du génocide de 1915, Arpi Mangassarian ne compte pas abandonner son centre culturel, l’œuvre de toute une vie passée à sauvegarder et à transmettre la culture et les traditions ancestrales et artisanales arméniennes. "Je ne peux pas dire que je suis optimiste, tout ce que l’on peut faire, c’est de compter sur nous-mêmes et notre travail pour rebondir".
La bâtisse rose du centre Badguèr a été endommagée par les explosions du port de Beyrouth, et presque toutes ses fenêtres ont été pulvérisées. Les dégâts sont estimés à 9 000 dollars (soit 7 700 euros) par Arpi Mangassarian, soit l’équivalent d’une fortune dans un pays qui subit une hyperinflation doublée d’une dépréciation galopante de la monnaie nationale.
"Nous avons dû fermer le centre et le restaurant pendant trois semaines, déplore-t-elle. Après la catastrophe, j’ai ressenti une profonde tristesse, j’étais démoralisée, et j’ai même pensé à tout fermer pour de bon. Mais ce sont mes parents centenaires et mes racines qui m’ont donné la force de redémarrer malgré les difficultés, et puis nous avons reçu quelques petites donations qui nous ont permis de restaurer le centre", confie-t-elle.
Les explosions ont sensiblement affecté les rentrées financières de Badguèr, déjà plombées par la crise économique et la crise sanitaire liée au Covid-19. "Nous avons été obligé de réduire nos activités et notre personnel en attendant des jours meilleurs. En tant qu'Arméniens, nous sommes habitués aux malheurs et à trouver des solutions".
"Je mourrai ici même s’ils nous étranglent petit à petit"
Dans la même rue, en face du centre culturel, Hampig Sherbetjian, 65 ans, inspecte sa nouvelle porte d’entrée et sa vitrine translucide, installées quelques jours après les explosions du 4 août qui ont endommagé son magasin et son atelier de maroquinerie artisanale. "Nous avons rapidement entrepris les réparations afin d’éviter les vols de marchandises. Trois jours après, nous avions rouvert le magasin et réexposé sacs et ceintures en vitrine, indique-t-il. En vain, ça ne suffit pas pour faire revenir les clients dans le secteur".
Hampig Sherbetjian a ouvert son magasin en 1973 et confie n’avoir jamais connu de période aussi noire pour Bourj Hammoud. "La crise économique qui frappe nos commerces remonte à au moins deux ans, mais la situation s'est encore aggravée avec le Covid-19 et après les explosions du port, précise-t-il. Il faut être lucide, promenez-vous dans les rues, vous verrez que les trois quarts des magasins sont vides ou fermés, faute de clients".
Et d’ajouter : "Dire qu’avant, tout le Liban venait chez nous à Bourj Hammoud. Musulmans, chrétiens, druzes… Ils venaient tous ici. Aujourd’hui il n’y a presque plus personne".
Malgré la situation difficile, le maroquinier n’entend pas fermer boutique. "Il faut tenir. Avant, j’avais six employés au total. Crise oblige, je suis seul avec mon épouse à travailler aujourd’hui, souligne-t-il. Je resterai au Liban pour toujours, je suis né ici, l'histoire de ma vie a commencé à Bourj Hammoud, et je mourrai ici, même s’ils nous étranglent petit à petit".
L’épouse et la fille de Hampig Sherbetjian ont obtenu leur passeport arménien après en avoir fait la demande. "Je n’ai pas demandé de passeport à l'ambassade, mais ma fille et son mari envisagent sérieusement d'aller vivre en Arménie, je peux les comprendre, mais ça sera sans moi".
"Je pense que c’est fini pour le Liban cette fois"
À moins d’une centaine de mètres, dans une rue parallèle à l'étroit canal de ciment du fleuve tari Nahr Beyrouth, Raffi Pamboukian, 39 ans, n’a plus aucun espoir en l’avenir du Liban, et se donne jusqu’à la fin de l’année avant de décider de quitter le pays ou non.
Propriétaire d'un petit atelier de fabrication de chaussures, il était dans son atelier, avec ses employés, le 4 août, au moment de la double explosion. "Nous avons entendu le verre des portes et des fenêtres se briser et les murs trembler. Nous nous sommes jetés à terre, c'était terrifiant. Heureusement, nous n'avons pas été gravement blessés et les dégâts sont légers par rapport à ceux qui ont tout perdu", estime-t-il.
"Les conséquences des explosions se font toujours ressentir, explique Raffi Pamboukian. Même si nous souffrions tous déjà de l'absence de clients, plus personne n’a d’argent pour consommer en raison de la dépréciation de la livre libanaise par rapport au dollar, sans compter l'épidémie de Covid-19. Nous avons perdu près de 60 % de notre chiffre d’affaires depuis que la crise économique a frappé le pays".
Cet artisan "pense que c’est fini pour le Liban cette fois". Et il poursuit : "Je continuerai à travailler jusqu'à la fin de l'année et ensuite je verrai ce que je ferai, peut-être que je quitterai le pays, j'y pense sans cesse… C'est un choix difficile, mais il est inévitable, chuchote-t-il, en recoiffant sa chevelure argentée. Je veux aller dans des pays où l’on prend soin de la population, où ma famille serait protégée, ainsi que mon business. Ici au Liban, ça n'existe pas : les gouvernants ne nous voient pas."
Raffi Pamboukian ne pense pas que la situation puisse s’améliorer. "Quand j'ai commencé à travailler il y a vingt ans, la situation politique et économique n’était déjà pas enviable, mais les gens disaient qu’il fallait attendre un peu et garder espoir le temps que la situation s'améliore. Même mon défunt père, dont j’ai hérité cet atelier, me disait qu'il y a de l'espoir pour ce pays, se souvient-il. Mais au final, c’est toujours le contraire qui se produit : la situation s’est aggravée, et chaque génération a vu ses efforts réduits à néant. Combien faut-il encore attendre pour que la situation s’arrange ? Cent ans de plus ?"
"Bourj Hammoud, c’est ma vie. Je suis né ici et j'ai grandi ici. C'est ma maison. Si j'avais vraiment le choix, j'y resterais jusqu'à mon dernier souffle, confie-t-il. Mais que puis-je faire et combien de temps dois-je souffrir avec ma famille ? Tout le monde veut partir".
"J’ai envie de pleurer quand je vois ce qu’est devenu Bourj Hammoud"
Quelques ruelles plus loin, Vatché Hajakian, un confectionneur qui a subi des pertes de plusieurs milliers de dollars après les explosions du 4 août, rumine sa colère. Lui aussi veut quitter le Liban pour aller vivre en Arménie, car "il ne reste plus rien à Bourj Hammoud".
"Nous étions dans l’atelier de confection lorsque le port a explosé, nous avons été secoués ; c’était tellement puissant que j’ai cru que notre immeuble avait été touché par un missile israélien, heureusement que personne n’a été blessé", confie-t-il avec sa voix de ténor.
"Nous confectionnons des vêtements pour femmes depuis 1989, mais depuis plus de deux ans, les bénéfices ont tellement baissé qu'on ne peut plus continuer à travailler dans de telles conditions", plaide-t-il.
Vatché Hajakian dit désormais lutter pour survire, en travaillant au jour le jour. "Entre le coronavirus et la crise économique qui nous laminent, nous ne pourrons pas tenir comme ça plus d’un an. Tout devient de plus en plus cher et toutes mes matières premières, du fil à la fermeture éclair, sont indisponibles au Liban ; il faut les acheter en dollars à Taïwan, en Malaisie ou en Chine, mais c’est impossible ! Nous n’avons aucune visibilité, peste-t-il. En fait si : la seule chose que nous pouvons prédire c’est que ce sera de pire en pire et nous regretterons l’année 2020, c’est dire…"
Très pessimiste, il semble, à 55 ans, avoir déjà tiré un trait sur sa vie au Liban. "Cette classe politique nous a ruiné, je n’ai confiance en personne, les politiciens se transmettent les postes de père en fils, pour quel résultat ? Pourquoi cherchent-ils à détruire ce pays qui pourrait être paradisiaque ? Ils ont tout détruit, nos vies et nos maisons, j’ai envie de pleurer quand je vois ce qu’est devenue Bourj Hammoud, ils nous ont détruits moralement et économiquement".
Et d’ajouter sans décolérer : "Nous, les Arméniens, sommes un peuple travailleur qui ne ménage pas ses efforts. Depuis que je suis né je me bats pour gagner ma vie, je ne veux pas être obligé de mendier à la fin de mes jours. Même lorsqu’il est arrivé sans rien au Liban, après le génocide perpétré par les Turcs, l’Arménien n’a jamais fait la manche. Nous avons toujours travaillé et tout construit à la sueur de notre front".
Vatché Hajakian avait prévu de quitter le Liban pour émigrer en Arménie à la fin de cette année. Mais l'épidémie de Covid-19 l'a bloqué et contraint à reporter son projet à une date ultérieure. "Je devrais être aujourd’hui en Arménie, j’avais décidé de tout vendre ici et de prendre un aller simple sans revenir ici. Mais la crise bancaire et économique m’a empêché de vendre et d’avoir accès à mon argent".
Le confectionneur, natif de Bourj Hammoud et père de deux filles, ne partira pas sans regret. "Sachez que j’aime ce pays dans lequel j’ai grandi, plus que l’Arménie que je considère aussi comme mon pays, c’est dur de quitter ses racines et de partir, mais nous n’avons plus le choix".
"Je pensais pouvoir construire mon avenir ici, j’ai eu tout faux"
De l’autre côté de la ville, face à l'église Saint-Vartan de Bourj Hammoud, Hagop Badalian, un dessinateur de bijoux âgé de 25 ans, époussette les présentoirs vides de la joaillerie qui l’emploie. Le 4 août dernier, la boutique avait été soufflée par les explosions au port de Beyrouth. Près de deux mois après, le propriétaire a fait réinstaller les vitrines, mais les bijoux et les parures ne sont toujours pas exposés et la boutique reste fermée.
"Mon patron s’active pour quitter le Liban, il a entamé des démarches pour aller s’installer à Lyon. La situation est très instable dans ce pays, en raison des multiples crises qui plombent tout, sans compter la double explosion et ses conséquences qui sont venues s’ajouter", analyse le jeune ressortissant syrien d’origine arménienne.
"Je suis né à Alep, où vit une importante communauté arménienne, poursuit-il. J’ai fui la Syrie en guerre, en 2016, en pensant construire mon avenir ici, mais j’ai eu tout faux. Pourtant, lorsque je suis arrivé, la situation était tout autre, il y avait de la vie à Bourj Hammoud, il y avait du travail. Aujourd’hui, tout est à l’arrêt"
Hagop Badalian dit s’en sortir et joindre les deux bouts en faisant quelques sacrifices. "Les conditions de vie se sont détériorées. Tout est cher désormais, il faut faire attention à tout. Je me demande comment va-t-on pouvoir continuer à vivre ici. Je ne veux pas rentrer en Syrie et je ne vois pas mon avenir au Liban".
Le jeune homme à la fine barbe et au visage poupin compte quitter le pays pour l’Australie où il a " un peu de famille". "Je ne veux pas rentrer en Syrie et je ne peux pas construire mon avenir ici. Je n’ai pas d’autre choix que de quitter le Liban, poursuit-il. J’ai déposé une demande de visa quelques jours après les explosions du 4 août, j’espère qu’ils me l’accorderont. Mes amis, qui sont dans la même tranche d’âge que moi, espèrent tous aussi partir un jour".
Les Arméniens d'Iran
Les Arméniens d'Iran (en arménien : Իրանահայ ou Պարսկահայ) forment l'une des branches les plus anciennes et influentes de la diaspora arménienne moyen-orientale. On recense aujourd'hui environ 202 500 Arméniens en Iran. La communauté est concentrée principalement à Téhéran, ainsi que dans les environs d'Ispahan (par exemple le quartier de La Nouvelle-Djolfa avec 10 à 12 000 Arméniens en 1998) et à Chahinchahr. On en retrouve aussi dans le Nord-Ouest du pays, zone historiquement arménienne.
Très actifs durant la révolution économique du pays aux xixe et xxe siècles, ils émigrent en nombre en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et en Europe (France, Grande-Bretagne et Pays-Bas) après la révolution iranienne. Ils demeurent tout de même la plus importante communauté chrétienne d'Iran, qu'ils composent majoritairement, la seconde étant est celle des Assyro-chaldéens.
Ils appartiennent à l'Église Apostolique et disposent de trois diocèses dans les villes d’Ispahan, de Téhéran et de Tabriz.
Ils possèdent deux sièges réservés au Parlement de la république islamique d'Iran. Les 202 500 Arméniens recensés en Iran en 2011 sont Chrétiens, mais en comptabilisant les Arméniens Musulmans d'Iran, il y aurait plus de 600 000 Arméniens en Iran.
Les Arméniens sont présents en Iran depuis des siècles mais ils se sont installés durablement en Perse dès le xviie siècle du fait de la contre-offensive ottomane.
L'Arménie est considérée comme une voisine proche de l'Iran et ce pays a été une province de l'Empire perse sous plusieurs dynasties, notamment les Achéménides, représentants du premier empire perse, jusqu'au début du xixe siècle.
Effectivement, durant la période de 1603 à 1605, le chah de Perse Abbas Ier (1588-1629) a mené une campagne en Azerbaïdjan contre l'avancée de l'empire Ottoman. Durant cette campagne, plusieurs populations sont déplacées, notamment les populations géorgiennes et arméniennes. La justification de ces déplacements de populations par le chah résidait dans le fait que celles-ci devaient être protégées des pogroms ottomans, mais il s'agissait également pour le dirigeant perse, d'ériger sa capitale, Ispahan.
La majorité des Arméniens déplacés se regroupent alors dans La Nouvelle-Djolfa (en arménien Նոր Ջուղա). Ce quartier arménien d'Ispahan a été créé par Abbas Ier en 1606 et est alors localisé sur la rive sud de la rivière Zayandeh Roud. Ce quartier est ainsi appelé pour rappeler la ville de Djolfa, située à la frontière de la république d'Azerbaïdjan et ville d'origine de nombreux déportés arméniens. Quand l'Empire perse s'est montré moins tolérant envers les Chrétiens, une partie de cette communauté s'est exilée à Madras (sud-est de l'Inde). C'est là que sera publié en 1773 Le Piège de l'orgueil, un projet de constitution pour une future république d'Arménie, un texte qui jouera un rôle de premier plan dans l'essor du nationalisme arménien.
La communauté arménienne d'Iran déjà installée depuis plusieurs siècles a vu l'arrivée d'une nouvelle diaspora arménienne. Ce déplacement massif de populations s'est produit du fait de la révolution soviétique mais également les massacres perpétrés par les Turcs.
Le génocide arménien a débuté le 24 avril 1915, lorsque 600 notables arméniens ont été tués à Constantinople, capitale de l'Empire ottoman. Ces assassinats ont marqué le début d'un génocide massif de la population arménienne au sein de l'empire turc. Les arméniens ont également été victimes de déportations importantes vers le désert syrien, appartenant à l'empire turc.
Les origines de ce génocide revêtent une dimension religieuse et ethnique. Effectivement, ce génocide s'est déroulé en pleine Première Guerre mondiale, alors que la Turquie, alliée de l'Allemagne, était en guerre contre les Russes. Dans ce contexte, les dirigeants turcs ont remis en cause la loyauté des Arméniens, dont la plupart étaient chrétiens orthodoxes. Ils craignaient alors que ceux-ci soient proches de l'Empire russe, les russes étant des chrétiens orthodoxes.
Les Arméniens sont alors assassinés et déplacés car ils incarnent une minorité ethnique de l'Empire ottoman. Ils sont considérés comme des individus de seconde catégorie, ce qui justifie à l'époque leur élimination massive par les Jeunes-Turcs.
Finalement, les survivants arméniens de ce génocide seront dispersés autour du territoire de la Turquie actuelle, notamment en Perse mais également en Arménie Russe.
Cette diaspora arménienne est isolée dans des quartiers spécifiques en Iran et est victime de persécutions. Ce n'est qu'avec l'arrivée de Mohammad Reza Pahlavi au pouvoir en 1941 que leur situation devient plus satisfaisante, puisque ce dernier insuffle un projet d'ouverture et de modernisation du pays. De ce fait, les Arméniens sont amenés à occuper des places du pouvoir et à investir des postes haut placés (vice-ministres, députés, sénateurs et fonctionnaires).
Suite à ces évènements désastreux, la protection des Arméniens d'Iran est reconnue au même titre que celle d'autres minorités ethniques et religieuses. C'est la Constitution de la République islamique de 1979 qui leur offre la liberté d’accomplir leurs rites religieux et d’enseigner leur religion.
La communauté arménienne est reconnue et protégée, elle a le droit de disposer de ses propres écoles et hôpitaux. Cette reconnaissance se traduit par différents aspects : dans les lieux communautaires arméniens, femmes et hommes sont mélangés. De surcroît, les femmes ont l'autorisation d'enlever leur voile. Enfin, au même titre que les autres populations chrétiennes, les Arméniens peuvent fabriquer et consommer de l'alcool, tant que ces pratiques sont tenues à l'écart de la communauté musulmane. Ces droits des minorités arméniennes sont inscrits dans l'article 13 de la Constitution de 1979 qui stipule qu'ils sont « dans la limite de la loi, libres d’accomplir leurs rites religieux et d’agir en ce qui concerne leur statut personnel et l’enseignement religieux selon leur liturgie ».
Néanmoins, après la révolution islamique de 1979, la plupart des Arméniens d'Iran auraient quitté le pays. Selon Jean-Pierre Valognes, au moins 50 000 Arméniens auraient fui le pays, seulement 150 000 Arméniens seraient alors restés.
Les Arméniens d'Iran sont majoritairement concentrés à Ispahan, capitale de la province d'Ispahan.
À Ispahan, les Arméniens contribuent au rayonnement culturel et artistique de l'Iran. En effet, la première imprimerie persane a été créée à Djoulfa en 1641.
Le quartier de la Nouvelle-Djoulfa comprend douze église arméniennes et notamment la cathédrale Saint-Sauveur (ou cathédrale arménienne Vank), la plus célèbre d'Ispahan. Cette cathédrale est celle qui reçoit le plus de visiteurs en Iran. Elle a été édifiée après la déportation des Arméniens à l'initiative du chah Abbas 1er. Sa construction a débuté en 1655 et celle-ci fut ouverte au public une dizaine d'années plus tard, en 1664.
L'intérieur de la cathédrale contient de nombreuses fresques en hommage au martyre de saint Grégoire l'Illuminateur, créateur de l'Église arménienne. Cette cathédrale renferme un musée qui retrace l'histoire et la culture des Arméniens de la Nouvelle-Djoulfa. Ce musée commémore le génocide arménien de 1915, toujours nié par les turcs.
La cathédrale abrite aussi une bibliothèque qui regorge de manuscrits arméniens.
De plus, la communauté arménienne organise souvent divers évènements culturels en Iran pour montrer son ampleur. Par exemple, Téhéran accueille différents artistes arméniens reconnus, dans son stade Ararat.
De nombreux évènements de musique classique arménienne ont lieu, à l'image des opéras de Loris Tjeknavorian, compositeur iranien d’origine arménienne, célèbre pour son œuvre principale : l’opéra Rostam et Sohrâb. Ces évènements glorifient le patrimoine culturel arménien et donnent une impulsion à la culture chrétienne occidentale.
Ainsi, la communauté arménienne en Iran s'est affirmée comme minorité ethnique, linguistique et culturelle.
Les Arméniens participent au développement et à la croissance économique de l'Iran. À titre d'exemple, sous le règne du chah Abbas 1er, la plupart des ambassadeurs envoyés en Europe pour déployer les échanges internationaux du pays sont arméniens.
Le cimetière arménien de Tbilissi ou Panthéon Khojivank de Tbilissi connu également sous la dénomination Khojivank (en géorgien : ხოჯივანქი et en arménien : Խոջիվանք) ou encore Khojavank (en arménien : Խոջավանք), est un cimetière arménien situé dans le quartier de Avlabari à Tbilissi en Géorgie. De nombreuses personnalités arméniennes du monde des arts y sont inhumées.
Les Arméniens à Tbilissi
Les Arméniens ont toujours été l'un des principaux groupes ethniques de la ville de Tbilissi , la capitale de la Géorgie . Les Arméniens sont la plus grande minorité ethnique à Tbilissi avec 4,8% de la population. Les Arméniens ont émigré vers les terres géorgiennes au Moyen Âge, pendant la domination musulmane d'Arménie. Ils formaient le plus grand groupe de population de la ville au 19ème siècle. Les statistiques officielles géorgiennes de 2014 évaluent le nombre d' Arméniens à Tbilissi à 53 409 personnes. Tbilissi ou Tiflis (comme l'appellent la plupart des Arméniens) était le centre de la vie culturelle des Arméniens dans l'Empire russe du début du 19e siècle au début du 20e siècle. Arméniens à Tbilissi -
L'histoire
L'histoire arménienne et sa contribution à la capitale de Tbilissi (connue sous le nom de Tiflis en arménien, russe, persan, azerbaïdjanais et turc) sont importantes. Après la conquête russe de la région, les Arméniens fuyant la persécution dans l' Empire ottoman et en Perse ont provoqué un bond de la population arménienne jusqu'à atteindre environ 40% du total de la ville. Beaucoup de maires et de la classe affaires étaient arméniens, et une grande partie de la vieille ville a été construite par des Arméniens. Jusqu'à récemment, les quartiers de Havlabar et la zone de l'autre côté du fleuve étaient très fortement arméniens, mais cela a beaucoup changé au cours des deux dernières décennies. On sait qu'une communauté arménienne existe à Tbilissi depuis au moins le 7ème siècle, mais une importante communauté arménienne ne s'est formée qu'à la fin du Moyen Âge . À la fin du Moyen Âge, il y avait quelque 24 églises et monastères arméniens dans et autour de la ville. Selon Tournefort, les Arméniens constituaient les trois quarts de la population de Tiflis au XVIIIe siècle et possédaient 24 églises. Sous l'Empire russe, la ville de Tiflis est devenue le centre de la domination russe pour toute la vice-royauté du Caucase. Au cours du 19ème siècle, Tiflis est devenu le centre de la renaissance culturelle arménienne orientale et un centre culturel arménien juste après Constantinople . Jusqu'à récemment, les quartiers d' Avlabari (Havlabar) et la zone de l'autre côté du fleuve étaient très fortement arméniens. L'ancien quartier arménien de Tbilissi, des deux côtés de la rivière entre la place de la Liberté et Havlabar, porte des noms arméniens, notamment Toumanian, Abovian, Akopian, Alikhanian, Sundukian, Erevan, Ararat et Sevan. L'église du diocèse (l' église Saint Gevorg ) de Tbilissi où siège le primat arménien de Tbilissi est très proche de la forteresse de la ville . En face de l'église se trouve le tombeau du barde arméno-géorgien du XVIIIe siècle, Sayat-Nova . À Havlabar, l'autre église arménienne d'Echmiadzin est en cours de rénovation et de reconstruction. Le Panthéon arménien de Tbilissi abrite les tombes de nombreux Arméniens célèbres, dont les écrivains Hovhannes Tumanyan et Raffi.
Sites arméniens
Des églises
Selon Tournefort, les Arméniens constituaient les trois quarts de la population de Tiflis au XVIIIe siècle et possédaient 24 églises. Dix des églises ont été détruites dans les années 1930 et, en 1979, quatorze étaient toujours debout. Il y a encore deux églises arméniennes en activité dans la ville et un théâtre arménien. Le Panthéon arménien , où sont enterrés d'éminents Arméniens, possède les tombes de certaines des personnalités préférées des Arméniens, notamment Raffi et Hovhannes Tumanyan . Le cimetière arménien adjacent a été repris par l'Église géorgienne et leur nouvelle cathédrale nationale a été construite dessus. L'espace restant entre le Panthéon et la nouvelle cathédrale géorgienne est maintenant le chantier de construction de ce qui semble être un séminaire géorgien. Encore une fois, les tombes arméniennes sont ignorées et les ossements humains sont déplacés comme de la terre. Un certain nombre d'églises arméniennes ont été confisquées par l'État soviétique puis transmises à l'Église géorgienne à l'époque post-soviétique. Selon le Département d'État des États-Unis : << Les Églises catholique romaine et apostolique arménienne n'ont pas été en mesure d'obtenir le retour des églises et autres installations fermées pendant la période soviétique, dont beaucoup ont ensuite été données à l'Église orthodoxe géorgienne par l'État. L'éminente église arménienne de Tbilissi (Norashen) est restée fermée, tout comme quatre autres petites églises arméniennes à Tbilissi et une à Akhaltsikhe. En outre, les églises apostoliques catholique romaine et arménienne, comme les dénominations protestantes, ont eu du mal à obtenir l'autorisation de construire de nouvelles églises en raison de la pression du gouvernement de la Chine."
Théâtre dramatique arménien d'État Petros Adamian
Le théâtre dramatique arménien d'État Petros Adamian Tbilissi a été fondé en 1858 par le théâtre arménien George Chmshkian. La première mise en scène était la performance "Adji Suleyman". De 1922 à 1936, avant la construction du nouveau bâtiment actuel du théâtre, le nom des théâtres était "Théâtre artistique". En 1936 a été construit un nouveau bâtiment de théâtre qui a été nommé Théâtre arménien Stepan Shahumian, d'après le bolchevik Stepan Shahumian . La première représentation était celle de Mkrtich (Nikita) Djanan " Shahname ". Ici ont travaillé Petros Adamian , Siranoush (Merobe Kantarjian), Vahram Papazian, Hovhannes Abelian , Olga Maysourian, Isaac Alikhanian, Mariam Mojorian, Artem et Maria Beroians, Artem Lusinian, Babken Nersesian, Darius Amirbekian, Ashot Kadjvorian, réalisateurs arméniens Stephanian Bourdjalian, Leon Kalantar, Stepan Kapanakian, Alexander Abarian, Ferdinand Bzhikian, Hayk Umikian, Mickael Grigorian, Ivan Karapetian, Roman Chaltikian, Roman Matiashvili, Robert Yegian. La musique pour les théâtres était souvent écrite par Aram Khachaturian , Armen Tigranian , Alexander Spendiarian et d'autres. Aujourd'hui, le théâtre dramatique arménien d'État Peter Adamian Tbilissi est le principal centre spirituel et public de la communauté géorgienne-arménienne.
École Nersisyan
Place de la liberté
Autrefois connue sous le nom de place Paskevich Erevanski, puis de place Lénine, elle était communément appelée place Erevan. Ivan Paskevich était un général russe et s'appelait Paskevich d'Erevan ( Erevanski ) en l'honneur de sa prise d'Erevan pour l'Empire russe. Adjacent au côté nord de la place de la Liberté se trouve un petit espace ouvert avec une fontaine. Le révolutionnaire bolchevique Kamo ( Simon Ter-Petrossian ) est enterré entre le buste de Pouchkine et la fontaine . Sa tombe a été pavée et n'est pas marquée.
Noms de rue arméniens
Les vieux quartiers fortement arméniens de Tbilissi ont encore de nombreux noms de rues arméniens, bien que certains aient changé au fil du temps. La rue Leselidze s'appelait autrefois la rue du bazar arménien.
Cimetière de Vera
Le cimetière de Vera était utilisé par les Arméniens locaux avant la prise de contrôle soviétique. Maintenant, il est utilisé par les Géorgiens. Arméniens à Tbilissi -
Les Arméniens de Grèce
(page en français)
Les Arméniens à Chypre:
Informations sur les Arméniens d'Egypte avec la source suivante: https://twitter.com/ChrisKhach/status/1357856537448914946
Les Arméniens sont en Égypte depuis des siècles, la première trace remonte aux 5 et 6 siècles avec ce manuscrit écrit en langue grecque, mais en utilisant l'alphabet arménien. Très probablement écrit par un soldat arménien de l’armée byzantine, il est actuellement conservé à Paris.
Sous le califat fatimide (909-1171), quelque 100 000 Arméniens vivaient en Égypte. Vizirs fatimides d'origine arménienne: Badr al-Jamali, son fils Al-Afdal Shahanshah, son fils Kutayfat, Abu'l-Fath Yanis, Bahram al-Armani, Tala'i ibn Ruzzik et son fils Ruzzik ibn Tala'i ont façonné l'empire.
Le monastère blanc a servi d'hôte aux moines arméniens aux XIe et XIIe siècles. Ceci est indiqué dans les inscriptions trouvées sur les peintures de l'abside centrale de l'église, qui datent de 1076 à 1124. Parmi ces moines arméniens se trouvait le vizir arménien Vahram.
Il y avait 30 églises arméniennes fonctionnant en Egypte au 12ème siècle. À la suite de la bataille de Mari en 1266, les Mamelouks d’Égypte (1250-1517) ont envahi les villes de Cilicie d’Adana, Mamistra (Mopsuestia), Tarson (Tarse) et Sis (Kozan) emmenant 40 000 captifs arméniens en Égypte.
Muhammad Ali d'Égypte (r. 1805-1848) a invité les Arméniens en Égypte. Boghos Youssufian (1768–1844) était un banquier arménien qui, en 1837, fut nommé à la tête du Diwan Al-Tijara (bureau de commerce). En 1878, Nubar Nubarian (1825–1899) est devenu le premier Premier ministre de l'Égypte moderne.
L'Union générale de bienfaisance arménienne (UGAB) a été fondée au Caire en 1906 par Boghos Nubar, fils de Nubar Pacha. Aujourd'hui, l'AGBU compte 32 000 membres et dessert quelque 500 000 Arméniens dans plus de 30 pays, avec un budget annuel de 47 millions de dollars.
Le premier film arménien avec un thème arménien appelé "Haykakan Sinema" a été produit en 1912 au Caire par l'éditeur arméno-égyptien Vahan Zartarian. Le film a été créé au Caire le 13 mars 1913.
En 1914, il y avait environ 2000 Arméniens en Égypte. Il y en avait 12 854 selon le recensement de 1917 et 17 188.
Quelque 4 000 Arméniens ont été rapatriés en Arménie soviétique en 1946-1949. Le navire «Pobeda», vu ici dans le port d’Alexandrie en 1947 avec une affiche qui dit «La patrie vous attend. Les salutations aux nouveaux citoyens de l'Arménie soviétique »ont emporté beaucoup de« chez eux ».
Il y avait quelque 40 000 Arméniens en Égypte en 1952. Mais à la suite de la révolution menée par Gamal Abdel Nasser, de nombreux Arméniens ont commencé à émigrer vers l'Europe, les États-Unis, le Canada et l'Australie.
Aujourd'hui, il y a 6 000 Arméniens en Égypte: 4 000 au Caire et 2 000 à Alexandrie. Quelque 4 000 sont des chrétiens orthodoxes, 1 500 sont des catholiques et 500 sont évangéliques. Voici des images du quartier historique Moski du Caire.
Il y a 5 églises arméniennes en Egypte: 2 sont arméniennes apostoliques (orthodoxes) appartenant au diocèse arménien d'Egypte (fondé en 1825); 2 sont des arméniens catholiques appartenant à l'éparchie arménienne catholique d'Alexandrie (fondée en 1885); et 1 est une église évangélique arménienne.
La cathédrale apostolique arménienne de l'Assomption au Caire a été construite en 1924.
L'Église apostolique arménienne des Saints Pierre et Paul à Alexandrie.
La cathédrale apostolique arménienne de l'Assomption au Caire a été construite en 1924.
L'église catholique arménienne de Sainte Thérèse au Caire.
L'église évangélique arménienne d'Alexandrie a été construite dans les années 1920. Il lui manque un révérend puisque le dernier, Vahram Khunganian, est décédé en 1990.
Il y a aussi un cimetière orthodoxe arménien et un cimetière catholique arménien au Caire.
Le Caire abrite 4 clubs sociaux et 3 clubs sportifs, tandis qu'Alexandrie compte 2 clubs sociaux et 2 clubs sportifs. Il y a un foyer pour personnes âgées au Caire et de nombreuses activités pour les jeunes, dont une troupe de danse, Zankezour, une chorale, la chorale d'enfants Zevartnots, Dasghgasdan.
Les 5 clubs sportifs sont:
-Homenetmen Ararat, Le Caire (1914)
-AGBU Nubar, Le Caire (1958)
-Saint Theresa Club, Le Caire (1969)
-Homenetmen Gamk, Alexanadria (1912)
-AGBU Nubar, Alexandrie (1924)
Il y a 3 journaux:
-Housaper (1913): appartenant à la Fédération révolutionnaire arménienne (Dashnaks)
-Zareh (1915): appartenance au Parti libéral démocrate arménien (Ramkavars)
-Tchahagir (1948): appartenance au Parti social-démocrate Hunchakian (Hunchaks)
Il existe trois grandes écoles:
-École Kalousdian-Nubarian au Caire (1828): 150 élèves
-École Melkonian-Boghossian d'Alexandrie (1862): 85 élèves
-École des sœurs catholiques arméniennes du Caire (1953): 1600 élèves (la plupart sont coptes, pas arméniens)
Sur le Nil, les Arméniens se sont installés à Khartoum, au Soudan, à la suite des massacres hamidiens de 1894-1896. Ils gèrent l'Église apostolique de Saint Grégoire (1957). Autrefois la maison de 2000 Arméniens, il n'en reste aujourd'hui que 50. La plupart sont partis après la prise de contrôle nationaliste de 1969.
Les Arméniens ont beaucoup apporté au monde dans l'histoire de l'Humanité. Le lien suivant montre quelques uns des grands Arméniens de ce monde. Nous donnerons plus de détail sur certains d'entre eux dans les différentes pages des artistes, stars de sports, inventeurs, philanthropes...