Cette section explique la situation en Artsakh (Haut-Karabagh). Elle montre d'abord de nombreuses photos de cette belle région montagneuse, terre ancestrale arménienne comme en témoigne les monastères construits aux différents siècles.
Puis, Rencontre avec le photographe Antoine Agoudjian et un article dans le magazine Forbes Child Of War Chronicles Horrors From A Bunker In Artsakh (Une enfant de la guerre relate les horreurs depuis un bunker en Artsakh).
Sous ces photos, l'histoire complète de l'Artsakh est expliquée par une source neutre afin de montrer la réalité historique. Cette histoire montre les assauts répétés contre les populations arméniennes qui vivent depuis toujours dans cette région.
A la suite de l'histoire, pourquoi la reconnaissance de l'Artsakh est légale ?
Nous passons également en revue les fondements juridiques pour l'obtention de l'indépendance d'un pays.
On voit ensuite des photos des mobilisations de la diaspora pendant la guerre de 2020.
Dans la section Articles de presse, de nombreuses pages évoquent la guerre menée contre les Arméniens d'Artsakh, et leur exil forcé de leurs terres ancestrales suite à la guerre déclenchée en 2020 par les azéro-turcs.
Dans la section Documentaires, Michel Onfray présente le documentaire de son voyage en Arménie et en Artsakh suite à la guerre de 2020.
Monastère arménien de Dadivank qui date du IXè siècle, fondé par saint Dadi, disciple de saint Jude Thadée, désormais en territoire azéri mais protégé par des troupes russes.
La cathédrale Ghazanchetsots ou cathédrale Saint-Sauveur Ghazanchetsots est une des plus grandes églises du monde arménien. Construite au xixe siècle à Chouchi, elle est désaffectée à la suite des massacres de Chouchi en 1920 (déjà!). Au cours du xxe siècle, elle connaît ensuite différentes utilisations avant d'être endommagée en 1992. Elle est restaurée par les Arméniens, mais elle est a été intentionnellement bombardée le 8 octobre 2020 par les azéris.
La cathédrale est bâtie sur le modèle de la cathédrale d'Etchimiadzin. Elle est l'œuvre de l'architecte Simon Ter-Hakobyan. Elle est précédée à l'ouest d'une tour-clocher à trois étages décorée de sculptures d'anges jouant d'instruments de musique, œuvres d'Armen Hakobian.
Depuis le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, les Azéris contrôlent désormais la ville. Nul ne sait ce qu'adviendra cette cathédrale...
Bien que Stepanakert soit la capitale administrative, Chouchi est la capitale culturelle des Arméniens d'Artsakh.
Stepanakert, capitale de la république d'Artsakh
Monument "Nous sommes nos montagnes" érigé en 1967 à côté de Stepanakert, la capitale de l'Artsakh. L'oeuvre est aussi appelée "Tatik et Papik".
A la question "mais ces personnages n'ont-ils pas de jambes?", l'auteur de l'oeuvre répondit que les personnages sont tellement ancrés en Artsakh, que leurs jambes sont sous terre.
Cité antique et Forteresse de Tigranakert
Fondée au Ier siècle av. J.-C dans la région d’Agdam par le roi d’Arménie, Tigrane II dit Tigrane-le-Grand (Né en -140 mort en -55 av. J.-C.).
Vankasar, petite église datant du VIIè siècle perchée sur un rocher. Située dans le district d'Agdam, d'où les Arméniens ont été chassés "comme des chiens", que va-t-elle devenir ? Qui la protègera ?
Monastère d'Amaras, situé dans la région de Martuni.
Amaras a été fondé au IVè siècle. Mesrop Machtotos, inventeur de l'alphabet arménien en 405 y crée la première école. Le lieu est détruit puis réédifié de nombreuses fois ; les bâtiments actuels datent des XVIIè et XIXè siècles.
Le monastère demeure dans la zone sous le contrôle arménien.
Monastère de Gandzasar
La construction de l'église s'est déroulée de 1216 à 1238. Monastère de l'Église apostolique arménienne situé près du village de Vank dans la région de Martakert.
Monastère de Tsitsernavank
Fondé au Ve siècle sur les terres du royaume d'Arménie. Il est composé d'une église de type basilical et de khatchkars (pierres de croix) à proximité.
Monastère de Yerits Mankants du 17ème siècle
Construit en 1691 dans le mélikat de Jraberd.
Forteresse arménienne de Handaber du XIe siècle construite par les dirigeants du royaume de Haut-Khachen
Monastère de Yeghishe Arakyal, Ve siècle
Situé dans la région de Martakert, se trouve la tombe du roi Vachagan III.
Eglise Saint Hovhannes Mkrtich à Martakert.
Construite entre 1216 et 1238 et reconstruite en 1881.
Un lion, symbole de l'Arménie taillé dans la pierre.
Images déchirantes d'Arméniens devant fuir leurs terres ancestrales en 2020. Certains essayent d'emporter leurs maisons avec eux, d'autres les brûlent pour ne pas les laisser aux mains de l'ennemi. D'autres les abandonnent tel quel dans l'espoir d'y revenir un jour
Histoire de l'Artsakh
La région est intégrée au plus tard au viiie siècle av. J.-C. à l'Urartu, un royaume constitué vers le ixe siècle av. J.-C. sur le haut-plateau arménien, autour du lac de Van.
Sa population originelle, constituée d'autochtones et de tribus nomades auxquels se mêle un élément arménien, est intégrée au royaume d'Arménie, soit à l'époque orontide au ive siècle av. J.-C., soit à l'époque artaxiade au iie siècle av. J.-C. Au sein de ce royaume, la région est incluse dans la province historique d'Artsakh. La ville de Tigranakert y est fondée à l'époque artaxiade.
En 387, l'Empire romain et l'Empire sassanide concluent un traité de paix, qui leur attribue à chacun une partie de l'Arménie. Dans ce cadre, l'Artsakh et l'Outik sont intégrés à l'Albanie du Caucase, alliée des Sassanides, bien qu'il soit possible que l'Artsakh n'ait été rattaché à l'Albanie du Caucase qu'après 451. À la même époque, le processus d'arménisation s'achève, l'élément non arménien n'étant désormais plus identifiable. En parallèle, la région voit le christianisme s'y épanouir sous l'action de l'Église arménienne et en particulier de Mesrop Machtots, qui ouvre ainsi à Amaras la première école arménienne.
En 451, à la suite de la bataille d'Avarayr, de nombreux nobles arméniens se retirent dans les montagnes et forêts peu accessibles, notamment en Artsakh, qui devient un centre de résistance contre la Perse.
Du viie au ixe siècle, la Transcaucasie est dominée par le califat ; les princes d'Artsakh sont au viie siècle sous l'influence des souverains de Siounie. Au début du ixe siècle, deux princes arméniens — Sahl Smbatean et Esayi Abu-Muse — se révoltent toutefois contre les Arabes et établissent deux principautés indépendantes en Artsakh, le Khatchen et le Dizak ; la lignée de Khatchen gouverne l'Artsakh jusqu'au xixe siècle et au rattachement de la région à l'Empire russe. Les deux principautés deviennent des royaumes à la fin du xe siècle. Le Khatchen est ensuite partagé entre les quatre fils de Hasan Ier le Grand à son abdication en 1182. Les princes arméniens bénéficient de la bienveillance relative des Mongols, avant d'être dépossédés de leurs terres puis d'être restaurés par la dynastie des Qara Qoyunlu sous Jihan Shah après 1441, avec le titre de « mélik ».
Les mélikats sont ensuite incorporés à la Perse séfévide ; Abbas Ier reconnaît par ailleurs leur autonomie. À la suite de l’effondrement de la dynastie séfévide et de l’intervention ottomane dans l’Est de la Transcaucasie, les mélikats jouissent après l’insurrection de David Bek d’une courte période d’indépendance entre 1722 et 1730.
Nader Chah confirme ensuite lui aussi l’autonomie de la région dans le cadre du khanat du Karabagh. En 1747, Panah-Ali Khan Javanshir, un chef de clan turcoman, met cependant à profit l’assassinat de Nâdir Châh, qu’il a servi comme officier, et la succession sanglante qui suit pour se faire reconnaître khan du Karabagh par Adel Chah. Il rejette la suzeraineté iranienne en 1748
Après la révolution russe, le Haut-Karabagh est disputé entre la république démocratique d'Arménie et la république démocratique d'Azerbaïdjan. Les Britanniques, qui commandent dans la région après la Première Guerre mondiale, acceptent cependant la nomination d'un gouverneur azéri; dès 1919, des massacres d'Arméniens ont lieu. Le 22 août 1919, les représentants de la région acceptent temporairement l'autorité azerbaïdjanaise, dans l'attente d'un règlement définitif — qui ne viendra jamais — de la question lors de la conférence de la paix de Paris. Peu après, en mars 1920, la population arménienne de Chouchi est massacrée, ce qui entraîne l'arrivée de l'armée arménienne. Une brève République arménienne de la montagne (1918-1921) préfigure alors l'actuel Haut-Karabagh.
L'Azerbaïdjan est soviétisé en avril 1920, et les forces arméniennes doivent se retirer de la région en mai. Les bolcheviks prennent ensuite le pouvoir en Arménie en novembre 1920 et créent la république socialiste soviétique d'Arménie. En présence de Staline, le bureau caucasien du Comité central du parti bolchevik, auparavant favorable à l'Arménie, décide le rattachement du Haut-Karabagh à la république socialiste soviétique d'Azerbaïdjan le 4 juillet 1921. À cette époque, le territoire est peuplé à 94 % d'Arméniens. En 1923 est constitué l'oblast autonome du Haut-Karabagh, séparé de l'Arménie par un « couloir azéri » pourtant peuplé d'Arméniens.
Pendant soixante-cinq ans, la situation n'évolue plus jusqu'en 1988 où, profitant de la perestroïka, la région autonome s'autoproclame le 20 février 1988 comme République socialiste soviétique à part entière, à égalité avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan. D'après le recensement de 1989, sur une population de 189 000 habitants, il y avait alors dans le pays 145 500 Arméniens et 41 000 Azéris. Le 15 juin 1988, l'Azerbaïdjan revendique auprès de Mikhaïl Gorbatchev le retour du Haut-Karabagh à son territoire. Des violences éclatent la même année en Azerbaïdjan comme en Arménie. Des pogroms anti-arméniens font plusieurs centaines de victimes à Soumgaït près de Bakou puis en 1990 à Bakou même.
La dislocation de l'URSS en 1991 entraîne l'indépendance de fait de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. À cette occasion, l'Assemblée nationale du Haut-Karabagh proclame l'indépendance du pays le 2 septembre de cette année-là. L'Azerbaïdjan réplique en annulant son statut d'autonomie le 26 novembre suivant. Cette proclamation d'indépendance est réaffirmée par référendum le 10 décembre avec une écrasante majorité de « oui ». Pour rétablir leur contrôle sur le Haut-Karabagh, les autorités azerbaïdjanaises envoient des troupes. Entre 1990 et 1992, une catastrophe humanitaire a lieu dans cette région à la suite du blocus imposé par l'Azerbaïdjan. Les habitants du Haut-Karabagh s'organisent pour s'alimenter et se défendre avec l'aide de l'Arménie, repoussant les Azerbaïdjanais. Les affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais font de nombreuses victimes et de nombreux massacres ont lieu de part et d'autre.
Cette situation, et l'occupation de plusieurs raions du territoire azerbaïdjanais par les forces armées du Haut-Karabagh, ont donné lieu à l'adoption de quatre résolutions par le Conseil de sécurité des Nations unies en 1993.
En mai 1994, un cessez-le-feu est obtenu et désormais les négociations pour la résolution finale du conflit sont organisées dans le cadre du Groupe de Minsk, une instance créée en 1992 par l'OSCE et coprésidée par la France, la Russie et les États-Unis. Sur le terrain, les violences cessent, exceptées quelques escarmouches.
En 2016, les violences reprennent entre le 2 et le 5 avril lors de la guerre des Quatre Jours, causée par une attaque azerbaïdjanaise. Le gouvernement arménien reconnaît la perte de huit cents hectares, tout en parvenant globalement à contenir l'offensive azerbaïdjanaise.
Le 20 février 2017 a lieu un référendum qui porte sur une modification de la constitution. Celle-ci est approuvée par 76,4 % des électeurs qui ont participé. Le « oui » a obtenu 87,6 % des suffrages exprimés, le « non », 9,7 % et 2,7 % ont voté blanc ou nul. Cent quatre observateurs électoraux de plus de trente pays étaient présents lors du référendum, dont trois députés européens : Frank Engel du Luxembourg, Eléni Theochárous de Chypre et Jaromír Štětina de la République tchèque, l'ancien ambassadeur allemand à Erevan, Hans-Jochen Schmidt, et l'ancien député européen allemand Hans-Jürgen Zahorka. Cette modification de la constitution entraîne une présidentialisation du régime, le poste de Premier ministre disparaissant et le gouvernement étant dirigé directement par le président. Enfin le pays change de nom et devient la « République d'Artsakh »
Le 27 septembre 2020, le Haut-Karabagh est visé par des bombardements sur la ville de Stepanakert par les Forces armées azerbaïdjanaises. Le président de la République azerbaïdjanais Ilham Aliyev signe le 27 septembre un décret sur la déclaration de l’état de guerre, tandis que les autorités de l'Artsakh déclarent la loi martiale et la mobilisation générale. Le gouvernement arménien annonce la mobilisation générale ainsi que la mise en place de la loi martiale dans la foulée des dirigeants du Haut-Karabakh. Le premier ministre Nikol Pachinian déclare que les deux pays sont proches d'une « guerre d’envergure ». Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, assure l'Azerbaïdjan du soutien turc « avec tous nos moyens ». Commence alors une guerre au Haut-Karabagh.
L'Arménie accuse début octobre la Turquie d'envoyer des mercenaires syriens dans la zone disputée et selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme au moins 850 combattants pro-Ankara y auraient été envoyés. Des mercenaires libyens sont également déployés par le gouvernement turc.
Le 1er octobre, l’Arménie rappelle son ambassadeur en Israël, pour protester contre les ventes d’armes israéliennes à son rival azerbaïdjanais.
Début novembre, la moitié de la population du Haut-Karabakh a fui la région alors que l’armée azérie poursuit son avancée.
Un accord de cessez-le-feu est signé le 10 novembre 2020.
Dénomination
Le mot « Karabagh », d'origines turque et persane, signifie littéralement « jardin noir » (kara = noir en turc et bagh = jardin en persan). Le nom apparaît pour la première fois aux xiiie et xive siècles en Géorgie et en Perse. Une autre théorie donne au nom une origine turco-arménienne signifiant « Grand Baghk », en référence au royaume de Ktish-Baghk, une des composantes de l'Artsakh.
Sous l'Union soviétique, la république autonome a été appelée Nagorny Karabakh (Нагорный Карабах), nagorny signifiant « haut » ou « montagneux » en langue russe. Ni l'Arménie, ni l'Azerbaïdjan n'utilisent plus cette dénomination aujourd'hui.
Actuellement, dans les langues locales, le nom de la république est souvent une traduction de « Montagneux (ou haut) Karabagh » ou « Jardin noir montagneux » :
en arménien : Լեռնային Ղարաբաղ (Lernaïn Gharabagh) ;
en russe : Нагорный Карабах (Nagorny Karabakh) ;
en azéri : Dağlıq (montagneux) ou Yuxarı (haut) Qarabağ.
Les Arméniens désignent également la région sous le nom d'Artsakh (Արցախ) en référence à la dixième province du royaume d'Arménie.
L'article ci-dessous, traduit par Radar Media, montre les fondements juridiques pour obtenir le statut d'indépendance. L'article est consultable ici :
7 fondements juridiques de droit international justifient l’octroi du statut de pays indépendant à la république d’Artsakh / Haut-Karabagh. Cette analyse, parue en allemand le 30 septembre 2020, reste d’actualité au regard des territoires autodéterminés de la République d’Artsakh dont le statut international est toujours en suspens après l’accord de cesser le feu du 10 novembre 2020. Or, en l’absence de statut clair, le conflit reste sans résolution sur le fond. Radar Media vous propose la traduction en français de cette analyse juridique de référence.
Par Otto Luchterhandt, professeur de droit à l’université de Hambourg
Malgré la mobilisation massive de toute la diaspora Arménienne dans le monde entier comme le montrent les images ci-dessous, dès le début de l'agression azéro-turque le 27 septembre 2020, aucun pays ne s'est mobilisé pour aider l'Arménie. Pourtant, les crimes de guerre et les crimes contre l'Humanité perpétrés sont nombreux: utilisation de bombes à fragmentation, bombes au phospore blanc, bombardements de civils, de villages, d'hôpitaux, d'écoles, exécutions de prisonniers de guerre, tortures, décapitations...
Carte de l'Artsakh suite au cesse-le feu. L'Arménie est désormais encerclée par la Turquie et l'Azerbaidjan.
En plus d'être présent en Artsakh, les soldats russes sont déployés sur toute la frontière du territoire de l'Arménie pour protéger la sécurité du pays.
L'accord stipule que l'Azerbaidjan pourra utiliser une route en Arménie pour relier le Nakhitchevan (qui appartenait à l'Arménie auparavant) au reste du pays. Erdogan réussit son territoire continu panturc du Bosphore au-delà de la Caspienne.