Les Arméniens du monde commémorent, le 24 avril de chaque année, le génocide de 1915 qui a vu environ 1.5 millions d'Arméniens se faire méthodiquement éliminer en quelques mois. Il s'agit du premier génocide du XXè siècle, sur lequel l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler s'est basé quelques décennies plus tard dans sa politique d'extermination des Juifs, avec cette phrase malheureusement devenue célèbre lors d'un de ses discours: "Qui, après tout, se souvient encore des Arméniens ?"
A l'époque, la presse mondiale et les ambassadeurs ont remonté les massacres qui se perpétraient dans l'Empire Ottoman mais aucune nation n'est venue sauver les Arméniens de l'exil ou de la mort. La page ci-dessous liste la couverture par la presse de ces événements tragiques.
https://en.wikipedia.org/wiki/Press_coverage_during_the_Armenian_Genocide
La Turquie nie systématiquement ce génocide qui est pourtant un fait historique, et menace chaque pays qui le reconnait. Malheureusement, on ne peut que constater que les dictateurs actuels de la Turquie et l'Azerbaïdjan, Erdogan et Aliyev comptent terminer le travail, déshumanisant les Arméniens en les qualifiant de "chiens à chasser", ou glorifiant Enver Pacha, un des organisateurs du génocide en 1915, le tout dans un silence assourdissant de la communauté internationale qui laisse le peuple Arménien livré à lui-même.
De nombreux documentaires, ouvrages, témoignages que l'on retrouve sur les différentes pages de ce site racontent le génocide perpétré par les Turcs.
Cette section montre la chronologie des événements de la fin du XIXè siècle jusqu'au début du XXè siècle. Des cartes sont complète les explications. L'historien turc Taner Akçam confirme la volonté d'anéantissement. Des extraits de documents de l'époque sont également disponibles. La bibliothèque Nubar présente de nombreux événements ayant eu lieu pendant le génocide.
Arte revient également sur la chronologie du génocide, en 8 dates.
Retour sur les cinq grandes dates de ce que les Arméniens ont longtemps appelé "Medz Yeghern" ("grande catastrophe") avec l’historien chercheur associé au Collège de France et conservateur de la BNF, Mikaël Nichanian, auteur de Détruire les Arméniens, histoire d'un génocide (PUF).
Les massacres d’Arméniens n’ont pas commencé avec le gouvernement Jeune-Turc, arrivé au pouvoir après la révolution de 1908. Alors que l’ensemble des peuples non musulmans -qui ont le statut de dhimmi- sont discriminés, à partir de 1878, le sultan Abdülhamid II se focalise sur la population arménienne, soupçonnée de manquer de loyauté et de nourrir des projets d'autonomie. «Entre 1894 et 1896, environ 200.000 Arméniens sont massacrés en Anatolie centrale et orientale», explique Mikaël Nichanian.
La discrimination que subissent les Arméniens est exacerbée après la prise du pouvoir par les Jeunes-Turcs, qui cultivent un nationalisme radical turco-musulman. Les défaites militaires de l’Empire -lors des guerres balkaniques de 1912, mais aussi après son entrée dans la Première Guerre mondiale en octobre 1914 (face aux Russes à Sarikamish en janvier 1915, à Suez face aux Britanniques en février 1915...)- jouent aussi un rôle dans le déclenchement du processus génocidaire. «La thèse habituelle pour expliquer les arrestations du 24 avril est la volonté de décapiter la communauté arménienne pour la priver de moyens d’action, note Mikaël Nichanian. Mais, contrairement à ce que clamait le gouvernement, il n’y avait pas de “révolte arménienne“. Mais ces arrestations permettaient d’étayer le soupçon de complot arménien.»
Après ces arrestations, une loi spéciale autorise le 26 mai la déportation des Arméniens «pour des raisons de sécurité intérieure». «Les hommes sont massacrés et les femmes et les enfants sont déportés d’Anatolie et de Cilicie vers les déserts de Mésopotamie», dans l’actuelle Syrie. En chemin, une partie des déportés est massacrée, quand d’autres tentent de survivre dans des conditions extrêmes. A l’été 1915, les ambassadeurs européens et américains à Istanbul (qui avaient déjà publié en mai une mise en garde contre les «crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation», menaçant les autorités turques de poursuites judiciaires après guerre) «comprennent que la déportation est en fait le masque d’un processus d’extermination».
Début 1916, une deuxième phase génocidaire est décidée par les autorités turques. «Entre juillet et septembre, 200.000 rescapés des déportations vont être assassinés par des milices tchétchènes dans le désert syrien, sur des “sites abattoirs“, au nord-est de Deir Ez-Zor».
«A partir de mai 1918, les autorités ottomanes, qui tentent de conquérir le Caucase russe, vont se livrer à des massacres d’Arméniens et d’Assyro-Chaldéens. Des massacres auront également lieu dans le nord de l’Iran.» Ce programme d’extermination sera stoppé par la reddition de l'Empire ottoman aux forces de la Triple Entente (Grande-Bretagne, Russie et France), le 30 octobre 1918, lors de l’armistice de Moudros. En 1919, un tribunal militaire à Constantinople reconnaît plusieurs hauts responsables ottomans –absents– coupables de crimes de guerre, y compris contre les Arméniens, et les condamne à mort par contumace.
L'historien turc Taner Akçam publie "Ordres de tuer", une enquête minutieuse qui montre, documents à l'appui, la volonté d'annhilation des Arméniens par les responsables de l'Empire Ottoman. Ce livre, comme de nombreux autres sur le génocide, sont consultables dans la section Livres de ce site.
En 2015, les fleurs de myosotis ont été choisies pour célébrer le centenaire du génocide arménien parce qu'elles expriment « la notion du souvenir éternel ». Ces utilisations viennent du surnom du myosotis.
C'est parce qu'elles "expriment la notion du souvenir éternel" que les fleurs de myosotis ont été choisies pour commémorer le centenaire du génocide arménien. Aussi appelée "Forget me not" (ne m'oubliez pas), cette fleur symbolise à plusieurs égards l'histoire de la diaspora arménienne.
Dans le détail, le diocèse Est de l'église orthodoxe arménienne explique que cette fleur "permet aussi d'évoquer symboliquement le passé (le centre noir: le génocide des Arméniens), le présent (les pétales violet clair: l'unité des communautés arméniennes dans le monde), l'avenir (représentant les cinq larges pétales représentant les cinq continents où vivent les survivants ainsi que la couleur des ornements sacerdotaux de l'Eglise arménienne) et l'éternité (les douze trapézoïdes représentant les colonnes du mémorial du génocide à Erevan)".
La bibliothèque Nubar à Paris retrace les différentes phases du génocide de 1915
Les prémices du génocide
http://www.bnulibrary.org/index.php/fr/i-les-premices-d-un-genocide
Les logiques de la violence
http://www.bnulibrary.org/index.php/fr/ii-les-logiques-de-la-violence
La mise en oeuvre du génocide
http://www.bnulibrary.org/index.php/fr/iii-la-mise-en-oeuvre-du-genocide
Définition du terme Génocide
Un génocide est un crime consistant en l'élimination physique intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou religieux en tant que tel, ce qui veut dire que ses membres sont détruits ou rendus incapables de procréer en raison de leur appartenance au groupe. Le génocide peut être perpétré par divers moyens, le plus répandu et le plus évident étant le meurtre collectif, direct ou indirect.
Le mot « génocide », néologisme inventé par le juriste Raphael Lemkin en 1944, a connu des évolutions de sens dans plusieurs directions. Certains juristes et historiens restreignent la définition en estimant notamment que le génocide est programmé, systématique, et radical dans ses intentions : le génocide arménien, la Shoah et le génocide des Tutsis, trois génocides reconnus par l'ensemble des spécialistes et experts en droit international, sont en effet des exterminations planifiées par un État, indifférentes à l'âge ou au sexe des victimes.
Le terme génocide est apparu pour la première fois dans son étude Axis Rule in Occupied Europe publié en 1944 par la Fondation Carnegie pour la Paix Internationale, il est introduit au chapitre IX intitulé « Génocide » pour tenter de définir les crimes perpétrés par le gouvernement des Jeunes-Turcs de l' Empire ottoman à l'encontre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, ceux dont furent victimes les Assyriens en Irak en 1933, puis ceux commis par les nazis à l'encontre des peuples juif, slaves et tzigane durant la Seconde Guerre mondiale.
https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide#Origine_et_%C3%A9tymologie