Cette section montre quelques figures emblématiques de l'histoire de l'Arménie, depuis deux siècles avant Jésus-Christ jusqu'à l'époque contemporaine et nos années les plus récentes.
Il s'agit ici d'évoquer les plus marquants comme les rois Tigrane II, Artaxias I, Tiridate IV, Levon le Magnifique, Vartan Mamikonian, les chefs militaires Monte Melkonian, Général Andranik, Guaréguine Njdeh, Grégoire l'Illuminateur qui fit de l'Arménie le premier pays chrétien, les leaders des mouvements de libération Mkrtich Khrimian et Israel Ori ou encore un des vengeurs du génocide, Soghomon Tehlirian
La section Culture présente les grands poètes, écrivains, musiciens d'Arménie. Cette page se focalise sur les leaders politiques et militaires.
Les membres de la diaspora sont présentés dans la section "Les Arméniens du monde".
Les détails du règne de Tigran le Grand sur cette page Wikipedia.
Le roi Tigrane le Grand
"[Tigrane]" fit trembler la République romaine face aux prouesses de ses armes."
Cicéron
Son parcours
Né en 140 avant J.-C., Tigrane le Grand (connu aussi sous le nom de Tigrane II) était le fils d'un souverain et fut otage d'un roi parthe jusqu'à l'âge de 45 ans. Après lui avoir concédé " soixante-dix vallées," il fut libéré et entreprit de tailler en pièces le monde antique. Grâce à d'habiles alliances et un art aiguisé de la politique, il accumula un pouvoir dont il se servit ensuite pour conquérir ce qui devint la Grande Arménie. Régnant sur un immense territoire, s'étendant de la mer Caspienne à la mer Méditerranée, Tigrane s'adjugea le titre de "Roi des rois" et avait pour réputation de ne jamais paraître en public, sauf accompagné de quatre souverains vassaux.
Sa puissance attira l'attention de Rome, l'Empire le plus puissant à cette époque. Après plusieurs batailles et de longues guerres, Tigrane fut finalement vaincu par Pompée, le grand général romain. Le grand roi arménien conserva cependant le respect de ses contemporains romains et continua de gouverner l'Arménie jusqu'à sa mort.
Fait marquant
Les monnaies à son effigie arborent une étoile au-dessus de la tête de Tigrane. Cette "étoile" serait la comète de Halley, qu'aurait vu Tigrane durant son règne.
Tigrane II d'Arménie (en arménien Տիգրան Մեծ ; né vers 140 et mort en 55 av. J.-C.) est un roi d'Arménie ayant régné de 95 à 55 av. J.-C. Sous son règne, l'Arménie connaît son expansion maximale et devient pendant quelques années l'État le plus puissant de l'Orient romain.
Membre de la dynastie des Artaxiades, Tigrane succède à son frère Artavazde (II) ou à son père Tigrane Ier (certains auteurs contestent l'existence du premier), et épouse notamment Cléopâtre du Pont, fille de Mithridate VI, roi du Pont. Son règne est marqué par les guerres contre les Parthes, les Séleucides et les Romains. Vaincu par ces derniers, Tigrane devient leur allié avant de s'éteindre à quatre-vingt-cinq ans. Son fils Artavazde II lui succède.
Tigrane naît en 140 av. J.-C. Après la défaite des Arméniens face au roi parthe Mithridate II, en 105 av. J.-C. (voire 112 ou 111), Tigrane est retenu en otage à la cour de celui-ci. Il y reste jusqu'à la mort du roi d'Arménie, son père ( Tigrane Ier), en 95 av. J.-C. Il rachète alors sa liberté en cédant « soixante-dix vallées » en Atrpatakan, ou Atropatène (ce nom vient du grec) aux Parthes. Ces régions avaient une importance stratégique, parce que l'empire Parthe recevait ainsi une tête de pont pour des attaques futures. Ces régions ouvraient à la région de Paytakaran (Arménie orientale), Parskahayq (Arménien Perse), au lac Urmia (Kaputan) Vaspurakan et à la capitale Artashat (Artaxarata) ou comme les romains appelaient la ville Carthage Arménienne.
Lorsqu'il prend le pouvoir, avec l'aide et sous vassalité parthe, la base de la puissance arménienne à venir est déjà en place, grâce aux actions des premiers rois artaxiades. Cependant, les montagnes arméniennes forment des barrières naturelles entre les différentes régions du pays, augmentant l'influence des nakharark locaux. Cette situation ne convient pas à Tigrane, à la volonté plus centralisatrice ; le souverain se lance alors dans une œuvre de consolidation du pouvoir royal en Arménie même. Il dépose également Artanès, roi de Sophène.
Très tôt, Tigrane tisse des liens avec Mithridate VI, roi du Pont. Ces liens se concrétisent par un premier accord portant sur l'invasion de la Cappadoce, celle-ci revenant à Mithridate et Tigrane obtenant butin et prisonniers ; l'accord est consolidé par le mariage de Tigrane avec une fille de Mithridate, Cléopâtre. L'invasion a lieu en 93 av. J.-C., mais la Cappadoce est reprise un an plus tard par Sylla qui impose la restauration du roi client Ariobarzane Ier. Durant la première guerre mithridatique (de 89 à 85 av. J.-C.), Tigrane soutient Mithridate mais prend bien garde de ne pas s'impliquer directement dans le conflit3.
Après avoir consolidé son pouvoir, il s'allie à nouveau au souverain pontique. Les deux souverains s'accordent sur leur zone d'influence respective : l'Orient à Tigrane et l'Anatolie, voire des terres européennes, à Mithridate. Le but de ce dernier est en effet de créer un État hellénistique fort afin de remettre en cause l'hégémonie romaine. Cette première tentative, au départ fructueuse, se révèle être un échec.
Sous le règne de Tigrane, le royaume d'Arménie va atteindre son expansion maximale, tant aux dépens des Parthes que des Séleucides.
À la suite de ces conquêtes, le territoire contrôlé par Tigrane va du Caucase et des Alpes pontiques jusqu'au nord de l'Irak et s'étend en Syrie, jusqu'à Ptolemaïs, et de la mer Caspienne à la mer Méditerranée. Ce vaste territoire connaît une organisation variée : des royaumes autrefois vassaux des Parthes deviennent vassaux de Tigrane, comme l'Atropatène et l'Adiabène, et d'autres régions, comme la Syrie ou la Phénicie, sont placées sous l'autorité d'un satrape ou d'un stratège. Appelé « roi des rois » par plusieurs historiens et écrivains d'Occident, comme Plutarque, Tigrane reprend le principe de la monarchie absolue perse ; il est décrit comme n'apparaissant jamais en public sans être accompagné de quatre rois vassaux. Cicéron dit de lui qu'il fait trembler la république romaine par la prouesse de ses armées.
Afin de renforcer l'homogénéité et la centralisation de cet empire disparate, Tigrane va toutefois encourager le processus d'hellénisation déjà en cours en Arménie. Des transferts de population des cités grecques de Syrie sont effectués, en particulier au profit de Tigranakert (Tigranocerta en latin), sa nouvelle capitale fondée vers 78 av. J.-C. ; la ville compte en effet une forte population grecque et présente de nombreuses caractéristiques architecturales grecques. Le grec devient la langue de l'administration et de la cour, où sont invités des lettrés grecs ; on retrouve parmi ceux-ci Métrodore de Scepsis, qui rédigera une Histoire de Tigrane. Le panthéon arménien est quant à lui progressivement assimilé aux divinités grecques. Tigrane est le premier souverain arménien à frapper monnaie, s'inspirant probablement de la tradition séleucide. Ses pièces sont frappées à Antioche et à Damas et consistent en tétradrachmes (en argent) et en pièces de cuivre, ainsi que d'or. Son portrait, surmonté d'une tiare, orne l'une des deux faces ; sur l'autre figure la Tyché d'Antioche, avec, à ses pieds, le dieu-fleuve Oronte. L'armée n'échappe pas au mouvement d'hellénisation : à côté des archers et des frondeurs, des hoplites font leur apparition au sein de l'infanterie ; la cavalerie légère se voit complétée d'une cavalerie lourde de cataphractaires. Cette armée composée de soldats d'origines variées ne survit toutefois pas à la mort de Tigrane.
Grégoire l'Illuminateur
Saint Grégoire l'Illuminateur ou Grégoire Ier l'Illuminateur (en arménien Գրիգոր Ա Լուսաւորիչ, en grec ancien Γρηγόριος Φωστήρ, en hébreu גרגוריוס המאיר ; né vers 257, mort en 331) est le saint qui a évangélisé l'Arménie et qui en a été le premier catholicos.
Il naît en Arménie vers 257, et grandit à Césarée, où il vit dans un univers chrétien. Il a deux enfants, Aristakès et Vertanès.
Tiridate IV devient, en 298, roi d'Arménie. Le souverain désire restaurer les fêtes de la déesse Anahit (Tiridate est païen). Grégoire, qui est chrétien, exprime son mécontentement et n'accepte pas d'y participer. Le roi décide de le jeter dans une fosse à Khor Virap, qui sera appelé « Prison de saint Grégoire », où il reste emprisonné durant treize années. Puis Tiridate tombe malade et il décide de le libérer pour qu'il vienne le soigner. Grégoire le guérit miraculeusement et devient officiellement catholicos d'Arménie, le premier de l'histoire, faisant du royaume, le plus ancien pays chrétien au monde. Il se fait ordonner évêque de Césarée de Cappadoce, d'où il ramène les reliques de saint Jean-Baptiste et d'Athanagène, martyr.
L'Église d'Arménie existait, certes plus ou moins superficiellement et de manière presque légendaire, avant Grégoire l'Illuminateur ; mais il en est le réel créateur, fonde des évêchés. Les conversions sont nombreuses.
Grégoire meurt vers 331. Ses descendants directs, dont ses deux fils, forment une dynastie (les Grégorides), laquelle contrôle ensuite le catholicossat arménien pendant une centaine d'années et s'oppose parfois à la famille royale arsacide.
L'Église apostolique arménienne, indépendante et orthodoxe, est également surnommée grégorienne. Le 30 septembre (la fête la plus importante en Arménie) est la Saint-Grégoire.
Le roi Tiridate IV
Tiridate IV (en arménien Տրդատ Դ) Hélios ou le Grand est un roi arsacide d’Arménie, qui règne de 298 à 330. Il succède à son oncle Tiridate III, avec lequel il est souvent confondu par les historiens arméniens anciens.
Tiridate IV était le fils de Khosrov II d'Arménie ; le père de ce dernier (Tiridate II) ayant été assassiné en 252 par un agent parthe dénommé Anak sous les ordres d'Ardachîr Ier. Un des frères de Khosrov, Tiridate (III) est mentionné ainsi qu'une sœur appelée Khosrovidukht ; il portait le nom de son grand-père paternel, Tiridate II d'Arménie.
Anak le Parthe a été capturé et exécuté avec la plupart de sa famille, tandis que son fils, Grégoire l'Illuminateur, s'est réfugié à Césarée de Cappadoce.
Étant le seul héritier survivant au trône, Tiridate a été rapidement emmené à Rome peu après l'assassinat de son père alors qu'il n'était encore qu'un bébé. Il a fait ses études à Rome et a atteint un haut niveau de connaissance dans les langues et les tactiques militaires, ainsi qu'en droit romain. L'historien arménien Moïse de Khorène l'a décrit comme un guerrier courageux et fort qui s'est engagé personnellement dans des combats contre les ennemis. Il a conduit personnellement son armée à la victoire dans de nombreuses batailles.
Allié de Rome, il profite d’une campagne victorieuse des armées romaines contre les Perses pour rentrer en Arménie et soulever le peuple. En 298, Tiridate IV est restauré sur le trône d’Arménie par Rome à l’issue du traité de Nisibe entre Galère et le roi sassanide Narses.
Tiridate IV persécute les chrétiens sous le règne de Dioclétien. Selon la tradition hagiographique rapportée par l'Église arménienne, le prêtre chrétien Grigor, fidèle du roi, ayant refusé de participer aux sacrifices à la déesse Anahit à Eriza (Erzindjian), subit « douze tortures » avec un courage exemplaire. Apprenant que Grigor est le fils d’Anak, l’assassin de son grand-père, le roi le fait jeter dans une fosse de la capitale réservée aux condamnés à mort. Il y reste treize ans.
Toujours selon la tradition hagiographique, Tiridate IV fait assassiner Hripsimé, une vierge romaine réfugiée en Arménie, qui lui avait refusé sa main. Accablé de remords à la suite de ce forfait, il est atteint de lycanthropie ; abandonnant ses palais, il erre dans les montagnes et les forêts, suivi de ses courtisans affolés. Sa sœur, qui s’est convertie au christianisme, fait un songe : un ange lui signifie que le roi serait guéri lorsque Grigor serait libéré. Le roi consent à exécuter cette sentence et est guéri. Aussitôt, accompagné de sa cour, il se rend à Achtichat, centre du paganisme arménien, et après avoir livré un violent combat aux prêtres, détruit toutes les idoles et les temples.
Une assemblée de notables élit Grigor (saint Grégoire l'Illuminateur) chef suprême de l’Église (Catholicos) et l’évêque de Césarée le sacre prélat de l’Arménie. En 301, ou 314, Tiridate IV se convertit au christianisme avec son peuple sous l’inspiration de Grégoire l'Illuminateur. Il proclame le christianisme comme religion d’État. Grigor fait bâtir une église métropolitaine à Etchmiadzin après avoir vu une apparition du Christ qui lui aurait indiqué l'emplacement exact de la future église. Il fonde et instruit le clergé arménien, évangélise l’Ibérie (Géorgie), puis se retire en ermite dans une grotte du mont Sepouh jusqu’à sa mort.
À la mort de Tiridate IV en 330, l’Arménie connaît un siècle de guerres et d’anarchie.
Artaxias Ier
Artaxias ou Artašēs Ier (en arménien Արտաշես Ա) est un roi d'Arménie ayant régné de 190/189 à 159 av. J.-C. Il est traditionnellement considéré comme le fondateur de la dynastie artaxiade, bien que des inscriptions en araméen découvertes dans le marz de Syunik le disent fils d'un Zariadrès de la dynastie orontide ; il est d'ailleurs parfois rattaché directement à cette dynastie. Selon Moïse de Khorène, il aurait épousé une fille d'un roi des Alains, Satenik, qui lui aurait donné six fils : Artavazde Ier, Vruyr, Mazhan, Zariadrès, Tiran et Tigrane.
Général d'Antiochos le Grand, il se rend maître de l'Arménie, dont il est gouverneur (stratēgós), et en fait un État indépendant en 189 av. J.-C. après la défaite du Séleucide à Magnésie ; un autre gouverneur séleucide et peut-être un proche parenta, également nommé Zariadrès, en fait de même en Sophène. Les deux nouveaux monarques s'allient afin de reconquérir les régions périphériques peuplées d'Arméniens; dans le cas d'Artaxias, les conquêtes à partir de la vallée de l'Araxe se font principalement aux dépens de l'Ibérie et de la Médie-Atropatène.
Marquant ainsi son indépendance par rapport à Rome, il donne asile à Hannibal, lorsque celui-ci, réfugié à la cour séleucide après la bataille de Zama, n'y est plus en sécurité. Sur ses conseils, Artaxias bâtit sa nouvelle capitale, Artaxate (« joie d'Artaxias »), sur les rives de l'Araxe. Au niveau du royaume, il fait procéder au bornage de propriétés, et mène une politique d'intégration linguistique.
Vers 165 av. J.-C., Artaxias est défait par le roi séleucide Antiochos IV ; fait prisonnier, il ne recouvre sa liberté qu'en reconnaissant la suzeraineté du Séleucide. Il règne jusqu'environ 159 av. J.-C., non sans avoir tenté, en sollicitant l'aide d'Ariarathe V de Cappadoce, de mettre la main sur la Sophène, après la mort de Zariadrès, et encouragé la rébellion du satrape Timarque en Médie. Selon Moïse de Khorène, les obsèques d'Artaxias s'accompagnent de la mort volontaire de ses femmes, concubines et serviteurs.
Le Roi Levon I Le Magnifique
Il y a huit cents ans, Levon Ier, un roi qui a laissé une marque indélébile dans l'histoire et la culture arméniennes, en ce qui concerne les relations avec d'autres puissances, temporelles et religieuses, est mort. La ville allemande de Halle a marqué cet anniversaire par une série d'événements spéciaux, coïncidant avec le 20e anniversaire de l'accord culturel signé entre la République fédérale d'Allemagne et la République d'Arménie. Le 17 mai, une exposition du cabinet s'est ouverte au musée d'État de Moritzburg, intitulée «Levon I (1187-1219): Un roi arménien dans les États croisés de Hohenstaufen», suivie d'un concert festif des guitaristes Stepan Galantryan et Emil Georgiev, un « Voyage de chansons à travers les côtes méditerranéennes. »
Le lendemain, une conférence scientifique internationale a eu lieu, organisée par le Mesrop Center for Armenian Studies de l'Université Martin Luther de Halle-Wittenberg, qui célèbre également son 20e anniversaire.
Intitulé «Le Royaume arménien en Méditerranée: la Cilicie dans le contexte international, culturel et politique (à l'occasion du 800e anniversaire de la mort de Lévon I)», il a réuni d'éminents chercheurs américains, arméniens et français de la Léopoldine Académie nationale des sciences. Les salutations ont été prononcées par le vice-président de l'académie, le professeur Gunnar Berg, le directeur de l'Institut d'études orientales, le professeur Cornelia Horn et l'ambassadeur arménien Ashot Smbatyan. Un message a été reçu d'Aram I, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, et le Dr Stefan Moeller a lu les salutations de P. Frank Bayard, Grand Maître de l'Ordre Teutonique, un ordre établi au 12ème siècle en Terre Sainte.
Roi Levon I
Diplomatie, politique étrangère et relations avec l'Église
C’est l’aspect politique des activités de Levon I qui a occupé la séance d’ouverture, présentée par le directeur du Centre Mesrop, le professeur Armenuhi Drost-Abgarjan. Claude Mutafian (Paris) a présenté Levon le Grand comme «un brillant diplomate». Se retrouvant à la tête de la dynastie rubénide en Cilicie, recherchée à la fois par les États voisins chrétiens et musulmans, il estima que le meilleur moyen de consolider sa position serait la création d'un royaume, reconnu par les puissances environnantes. Dans la poursuite de cela, il se tourna vers Henry VI Hohenstaufen et le 6 janvier 1198 à Tarse, sous l'égide du Saint Empire romain germanique, fut couronné roi Lévon Ier d'Arménie. L'empereur byzantin le reconnut, mais avant de pouvoir obtenir un statut comparable de la papauté à Rome, il dut régler la question controversée du prétendu caractère schismatique de l'église arménienne et de son caractère autocéphalique. Ce que Levon I a réussi à faire, en organisant son clergé pour n'accepter les conditions papales qu'en parole, et l'union des églises est devenue un fait. Dans un effort pour maîtriser les hostilités à Antioche et sous la dynastie Hethum, il s'est essayé à la diplomatie de matchmaking, mais n'a pas toujours été couronné par le succès.
Liana Aghabekyan (Erevan) a concentré son attention sur les relations entre le Saint Empire romain germanique et la Principauté arménienne de Cilicie dans les années 1180, lorsque des relations diplomatiques ont été établies entre les Hohenstaufens et les Rubénides. Les intérêts politiques motivant les deux parties à forger de tels liens comprenaient le désir des Hohenstaufens d’étendre leur pouvoir dans la région et la capacité de la principauté arménienne à fonctionner comme un pont politique et culturel entre les régions chrétiennes occidentales et orientales. Avec une couronne occidentale, Levon pourrait renforcer son pouvoir dans la région des États croisés, et il espérait créer un système politique arméno-antiochène unifié. De bonnes relations entre les Hohenstaufens et les Rubénides se renforceraient tous deux par rapport à l'Empire byzantin. D’où l’importance du couronnement de Levon, roi d’Arménie, au nom du Saint Empire romain germanique en 1198.
Inventer l'image du roi
Avant de visiter le musée voisin pour se promener dans l'exposition de pièces de monnaie sélectionnées en l'honneur du roi arménien, les participants ont entendu des articles traitant de l'approche scientifique de la question. Ruben Vardanyan (Erevan) a parlé sur «La numismatique cilicienne-arménienne: questions, solutions, perspectives et limites». En 2008, un projet de recherche systématique a été lancé pour classer et cataloguer toutes les pièces en argent et en cuivre du Royaume arménien de Cilicie - environ 4500! - qui se trouvent au Musée historique d'Arménie. Sur les cinq volumes prévus, le premier (bilingue, arménien et anglais) est paru en 2014 et le dernier en 2017. De nombreuses questions se sont posées au cours des travaux, par exemple concernant la classification et le placement, ce qui a ouvert de nouvelles recherches sur l'histoire de frappe en Cilicie. Une étude attentive des changements iconographiques et stylistiques est nécessaire pour clarifier l'identité des pièces de monnaie du XIIIe et du début du XIVe siècle, même celles portant les noms de Levon et Hethum. Un problème majeur, a déclaré Vardanyan, provient du manque d'informations fiables sur les découvertes et les trésors, malgré le grand nombre de spécimens mis au jour. Le problème réside dans le manque de fouilles archéologiques systématiques dans les sites arméniens et dans la chasse au trésor destructrice qui a eu lieu ces dernières décennies.
Stefan Moeller (Halle) a parlé de la réforme de la monnaie de Levon I, qu’il a qualifiée de «grand projet numismatique». La nouvelle monnaie introduite par le roi témoigne de l'ascension fulgurante de la dynastie rubénide, a-t-il dit, car de telles réformes à grande échelle étaient assez inhabituelles à l'époque. Dans la période de la principauté (1095-1198), les cinq pièces de base utilisées étaient en tôle de cuivre. Déjà dans cette période, l'utilisation de la langue arménienne dans l'écriture arménienne est remarquable, ainsi que la représentation de la croix comme un khachkar. Suite au sacre de Levon en 1198, la capitale est relocalisée à Sis et un nouvel atelier est inauguré, signe de «cette nouvelle fierté souveraine». Dans la première phase d'émission, les premières pièces représentant Levon en tant que roi sont apparues avec la tête du souverain, stylisée, d'un côté, et une croix de l'autre côté. La deuxième phase a été marquée par l'introduction de pièces en argent de grande valeur nominale. Ici, le visage du roi est montré dans une pose majestueuse, et il est identifié comme «Levon, roi de chaque Arménien, par la grâce de Dieu». Au verso se trouve un «Lion Agnus Deo couronné tenant la bannière de la croix».
La toute première série de pièces en langue arménienne, selon Roy Arakelian (Paris), sont celles de Lori au XIe siècle. Les pièces montrent le Christ, avec une robe et un halo, tenant une bible, avec «Jésus Christus» des deux côtés, ainsi que, au verso, «Seigneur, aide Kiurike, le Kuropalat» (un titre byzantin). Les recherches d’Arakelian l’ont conduit à conclure que la personne en question était Kiurike II (1048-1100), roi de Lori, qui, après avoir fait la paix avec le sultan Alp Aslan, a émis des pièces pendant son long règne. Bien que ses successeurs immédiats n'aient pas continué cette pratique, Arakelian voit les vrais successeurs de Kiurike II dans les barons de la Cilicie arménienne.
Passant aux relations des Arméniens avec le monde latin, Maxime Yevadian (Lyon) a examiné les sources du 11ème siècle et l'image des Arméniens qu'elle offre. L’Arménie est considérée comme le site de l’histoire sacrée, par exemple, comme un paradis céleste et l’arche de Noé, et plusieurs saints arméniens ou arménianisés sont nommés; il y a même des références au mythe d'une prétendue origine arménienne des peuples germaniques. C'est dans la période suivant la destruction des hauts plateaux arméniens au 11ème siècle, nota Yevadian, que les pèlerins arméniens se dirigèrent vers l'ouest, parmi lesquels les saints Macaire de Gand, Siméon de Mantoue et Davinus de Lucques.
Modes de narration
Les manuscrits enluminés faisaient partie des œuvres produites en Cilicie arménienne, contribuant à la riche tradition. Cornelia Horn (Halle) a montré comment les artistes travaillant sur ces enluminures ont joué un rôle important dans la transmission et la création de traditions non canoniques. Ce sont des récits apocryphes, c'est-à-dire des récits qui développent ou développent des histoires et des personnages connus dans les Écritures canoniques. En examinant le matériel dans le cadre des apocryphes du Nouveau Testament, Horn a combiné des considérations méthodologiques avec une analyse approfondie d'exemples individuels pour démontrer le vaste éventail de traditions apocryphes reflétées dans les enluminures manuscrites de la Cilicie arménienne. La présentation a situé ces exemples dans l'histoire plus large des manuscrits enluminés arméniens, les identifiant comme parmi les premiers exemples.
L'historiographie, elle aussi, peut révéler du matériel «non canonique», peut s'étendre et développer des événements connus. Heiko Conrad (Francfort / Main) a expliqué comment des récits historiques écrits peuvent révéler des attitudes politiques. Le cas d'espèce est l'Histoire des Arméniens de Kirakos Gandzaketsi (1200-1271) et son traitement assez étendu du couronnement de Lévon I.Bien que le roi Levon soit loué pour son courage et ses succès militaires, dans ce récit son rôle dans les négociations avec les représentants papaux sont ambigus; il y a des nuances de censure concernant l’intervention de Levon dans les affaires de l’Église. En même temps, certains faits touchant aux affaires cléricales sont obscurcis dans le travail, par exemple, le couronnement lui-même et le conseil de Sis.
À l'issue d'une conférence extraordinairement riche, les participants ont été invités à une visite guidée de l'exposition du cabinet, qui se poursuivra jusqu'au 29 juillet. Plus tard, la même exposition sera présentée en Arménie.
https://mirrorspectator.com/2019/05/30/levon-i-and-the-kingdom-of-cilicia/
Pièces de monnaie de l'époque de Levon le Magnifique: http://www.ancientarmeniancoins.com/coins/levon-leo-I.html
Nom d'un cognac:
Inspiré par l'héritage viticole arménien, Arramon a nommé son cognac en petit lot Levon Le Magnifique, d'après l'une des plus grandes figures de l'histoire arménienne, le roi Levon I, également connu sous le nom de Levon le Magnifique. https://www.levoncognac.com/levoncognac.html#inspiration
Vardan Mamikonian, chef militaire arménien
Vardan II Mamikonian ou Vartan II Mamigonian (en arménien Վարդան Բ Մամիկոնյան), dit aussi saint Vardan, (mort en 451) est un chef militaire arménien. Ce stratège, révéré par son courage, est l'un des plus grands chefs militaires et spirituels de l'Arménie ancienne.
Héritier des princes Mamikonian, il est le fils de Hamazasp Mamikonian et de Sahakanoush, fille de saint Sahak le Grand et descendante des rois arsacides.
Il devient sparapet en 432 et est convoqué par les Perses à Ctésiphon, où il est forcé de se convertir au zoroastrisme. À son retour en 450, Vardan reprend sa religion chrétienne et organise un mouvement de révolte en Arménie contre les Sassanides. Il périt lors de la bataille d'Avarayr, et devient ainsi par sa farouche résistance, l'une des figures les plus éminentes du monde arménien.
Son secrétaire personnel Yéghichê a écrit l'Histoire de Vardan et de la guerre arménienne. Une statue équestre de saint Vardan s'élève à Erevan.
Complément d'informations grâce à:
https://twitter.com/DerMegerdichian/status/1360088493716738053
L'Église arménienne célèbre la fête de Saint Vartan Mamikonian.
Saint Vartan était un chef militaire arménien, martyr et saint de l'Église arménienne.
Il est surtout connu pour avoir dirigé l'armée arménienne à la bataille d'Avarayr en 451, qui a finalement garanti le droit des Arméniens de pratiquer le christianisme.
Membre de la famille mamikonienne des plus grands aristocrates d'Arménie (connus sous le nom de nakharars), il est vénéré comme l'un des plus grands chefs militaires et spirituels d'Arménie et est considéré comme un héros national par les Arméniens.
À l'époque, la situation politique en Arménie au milieu du Ve siècle a rendu de plus en plus difficile pour les chrétiens-arméniens de pratiquer leur foi. Les Perses, qui occupaient les différentes régions arméniennes, ont initialement permis aux Arméniens de conserver leurs propres règles et pratiques.
Cependant, en raison du zèle croissant des Arméniens pour leur religion et de la perte conséquente de l’influence perse, les Perses ont riposté. C'est à cette époque qu'un décret a été publié exigeant que les Arméniens se convertissent au zoroastrisme.
En réponse, les évêques arméniens, dirigés par St. Ghevont ainsi que St. Vartan, ont convoqué un concile à Artashat et ont unanimement accepté de défendre leur foi à tout prix. Ils ont envoyé leur déclaration de foi au roi, qui est devenu plus enragé et a lancé de nouvelles menaces.
En fin de compte, les chrétiens dirigés par saint Vartan ont été forcés de se battre contre les Perses. Il existe de nombreux récits décrivant la foi éternelle de ces guerriers chrétiens alors qu'ils se préparaient au combat.
Ils ont prié, récité le vingt-troisième psaume, partagé leur nourriture et pris la communion ensemble en attendant de faire face à la puissante armée perse, qui les dépassait en nombre.
Bien que saint Vartan, avec beaucoup de ses camarades, ait subi une défaite et soit mort, leur combat pour défendre leur foi n'a pas été vain. Les Perses ont finalement arrêté leurs efforts pour convertir l'Arménie au zoroastrisme.
Bien que la bataille d'Avarayr ait eu lieu le 26 mai 451, le jour de la Saint Vartan est un jour qui change, puisqu'il s'agit du dernier jeudi avant le grand carême.
Selon Arshag Chobanian "Pour la nation arménienne, Vartan [...] est la figure la plus aimée, la plus sacrée de leur histoire, le héros symbolique qui caractérise l'esprit national."
Sur le champ de bataille en 451, Vartan Mamikonian, le chef des forces arméniennes, s'adressa à ses soldats: «Celui qui suppose que nous revêtons le christianisme comme un vêtement, se rend compte maintenant que comme il ne peut pas changer la couleur de sa peau, il le fera peut-être ne jamais pouvoir réaliser ses projets. Car les fondements de notre foi sont posés sur le rocher inébranlable, non pas sur terre mais au-dessus du ciel, et pourtant, par la foi, nous sommes établis dans les cieux où personne ne peut atteindre l'édifice du Christ non fait par des mains humaines."
La fête de Vartanantz, commémorée le jeudi précédant le Grand Carême, est à la fois religieuse et nationaliste.
C'est un symbole de la conscience, de la foi et de la rébellion générale des Arméniens contre la tyrannie, et de leurs efforts pour préserver leur identité.
Cette lutte a culminé avec le Traité de Nvarsak, signé entre le général arménien Vahan Mamikonian et les représentants du grand roi perse Balash à Nvarsak en 484.
Le Traité de Nvarsak a garanti la liberté religieuse et l'autonomie des Arméniens.
Monte "Avo" Melkonian, commandant de la guerre d'indépendance
"Si nous perdons [l'Artsakh], nous tournons la page finale de l'histoire de notre peuple..."
Son parcours
Monte Melkonian fut volontaire arméno-américain et commandant durant la guerre d'indépendance de l'Artsakh (Nagorno-Karabagh), où il mourut au combat. Il est commémoré comme incarnant l'esprit indomptable grâce auquel les Arméniens parvinrent à la victoire en dépit de l'adversité et libérèrent une part de la patrie arménienne historique, l'Artsakh.
Né et ayant grandi dans la Vallée Centrale de Californie, il ne connaissait guère l'arménien et avait peu de liens avec son identité durant sa jeunesse. Après ses études universitaires, où ses sentiments sur les Arméniens s'éveillèrent, il déclina son admission en troisième cycle à l'université d'Oxford pour se rendre au Moyen-Orient.
Lors de ses séjours en Iran et au Liban, Monté Melkonian, socialiste convaincu, lutta pour la justice sociale et la défense des communautés de la diaspora arménienne. Il finit par s'installer en Arménie, alors encore sous domination soviétique, mais sur le point de devenir indépendante. Lorsqu'il eut connaissance des pogroms d'Arméniens en Azerbaïdjan et des hostilités croissantes visant les populations arméniennes en Artsakh, Melkonian partit pour le front, convaincu que si les Arméniens perdaient ce territoire, le reste de l'Arménie serait rapidement la proie des agresseurs azerbaïdjanais et turcs.
S'il est célèbre pour son talent militaire hors pair, son caractère réfléchi, son éloquence et sa pratique courante des langues étrangères l'ont rendu unique par sa capacité à exposer clairement les motifs pour lesquels l'Artsakh compte autant pour les Arméniens. Ses messages sur l'importance de l'Artsakh, qui devinrent les messages de la nation arménienne tout entière, trouvèrent ainsi un écho à travers le monde.
Il s'acquit la réputation d'être juste en toutes circonstances et inébranlable dans ses principes parmi ses troupes, le reste du commandement militaire et la population locale dans les zones où il combattait. Il ne fumait, ni ne buvait, et même ses soldats n'étaient pas autorisés à boire.
Melkonian fut tué par les troupes ennemies, suite à un combat. Il fut enterré au cimetière militaire de Yerablour à Erevan et est depuis commémoré par de nombreuses écoles et institutions portant son nom en signe d'hommage, et par plusieurs statues, notamment à Martouni, où il fut commandant.
Il est devenu le symbole d'une nation arménienne unifiée - transcendant les frontières de tout État arménien existant - et a montré qu'il existe des membres de la diaspora, sans lien apparent avec les préoccupations des Arméniens en Arménie soviétique, mais prêts à venir prendre leur part dans la défense des terres arméniennes et de leurs habitants.
Fait marquant
Melkonian partit au Japon durant son adolescence et y vécut, apprenant le japonais, une langue qu'il parla mieux que l'arménien, durant un temps.
Pour en savoir plus
My Brother's Road: An American's Fateful Journey to Armenia by Markar Melkonian
(traduction française à paraître aux éditions Thadée)
The Right to Struggle: Selected Writings of Monte Melkonian on the Armenian National Question
Fresno-Born Karabakh Commander Dies on Battlefield - Los Angeles Times
Garéguine Njdeh, héros national de l'Arménie, général et philosophe
"Si tu veux voir l'avenir d'une nation, veille sur sa jeunesse."
Son parcours
Parmi les chefs militaires à l'apogée du mouvement national de libération arménien, Garéguine Njdeh tient une place à part. Sa sagacité militaire n'est surpassée que par son rôle d'auteur et de penseur, dont les œuvres collectives ont contribué à forger une idéologie nationale et continuent d'influencer la mentalité des penseurs, politiciens et dirigeants arméniens à ce jour.
Né au Nakhitchevan, il abandonna ses études de droit à Saint-Pétersbourg pour regagner le Caucase, où il participa à des combats dans le cadre du mouvement de libération arménien. Il reprit ensuite ses études, qu'il acheva dans une école militaire en Bulgarie. De retour en Arménie après avoir pris part à la Guerre des Balkans, il dirigea une division arméno-yézidie dans l'armée russe contre les Turcs lors de la bataille de Karakilisa (actuellement Vanadzor). Il fut ensuite chargé des forces armées au sud de l'Arménie nouvellement indépendante.
Lorsque les bolcheviks entrèrent en Arménie, ils voulurent transférer la possession des régions Siounik et de l'Artsakh (Karabagh) à l'Azerbaïdjan. Njdeh combattit avec force ce projet - ainsi que les bolcheviks - parvenant à assurer le maintien du Siounik dans le giron de la mère patrie et plusieurs secteurs du Karabagh et de la région du Nakhitchevan dans ce qui deviendra l'éphémère, mais importante au plan historique, république des Montagnes d'Arménie. Même si elle ne dura guère, celle-ci préserva la région en tant que territoire arménien, lequel intègrera l'Arménie soviétique, puis le nouvel État arménien indépendant.
Suite à la prise du pouvoir des bolcheviks en Arménie, il quitta le pays et partit aux États-Unis, où il créa l'Armenian Youth Federation, une des plus anciennes organisations de jeunesse au sein de la diaspora.
Outre ses exploits guerriers, Njdeh fut un écrivain prolifique, auteur de correspondances, d'ouvrages et de centaines d'aphorismes qui relatent ses observations quant à la psychologie et la société arméniennes modernes, ainsi que les principes qu'il estimait susceptibles de permettre aux Arméniens de parvenir à une libération nationale durable.
Lors de son séjour en Bulgarie, il continua d'œuvrer pour la réalisation des objectifs nationaux de l'Arménie. En 1944 les Soviétiques le convièrent à une réunion où ils auraient négocié, mais cette invitation s’avéra être un piège. Njdeh fut arrêté et envoyé dans la prison de Vladimir en Russie, où il fut interrogé et torturé. Après avoir séjourné quelque temps dans une prison d'Erevan, il fut renvoyé à celle de Vladimir, où il mourut.
Quelques années avant l'indépendance de l'Arménie, son corps fut rendu à l'Arménie grâce aux efforts de plusieurs intellectuels arméniens et fut, selon ses souhaits, finalement enterré à nouveau sur le Mont Khoustoup, une montagne située dans la province du Siounik, au sud de l'Arménie.
Fait marquant
"Njdeh" était le nom de guerre de Garéguine Ter-Haroutiounian, et non son patronyme; "njdeh" signifie pèlerin en arménien.
Pour en savoir plus
Karekin Njdeh: A Biographical Sketch
Andranik Ozanian, célèbre chef militaire "général Andranik"
“Toute ma vie, je n’ai jamais pensé à mon propre plaisir ou mon bien-être. Je n’ai de cesse poursuivi qu’une seule chose et eu qu’un seul objectif : la liberté et le bien-être de mon peuple »
Qui était-il
Andranik Ozanian, ou simplement “général Andranik” pour les Arméniens, était un héros national arménien, glorifié par ses compatriotes et respecté par ses adversaires. Ses exploits au combat au crépuscule de l’Empire ottoman, sont le reflet de quelques cas de résistance armée arménienne contre les violences turque et kurde, avant et après le génocide.
En 1914, lorsqu’éclate la première guerre mondiale, Andranik apporta sa contribution à l’organisation de volontaires arméniens dont il prit le commandement sur le front persan. Il sera l’artisan de la déroute de l’officier turc Khalil Pacha qui effectuait la retraite précipitée de ses troupes.
Mais survient les heures graves et tragiques de 1915. Le génocide du peuple arménien toucha le général au plus profond de son âme. Seul son attachement et son amour de la patrie le sauvèrent de la folie. Il rentra en Arménie fraîchement indépendante pour défendre les Arméniens d’Artsakh à l’est et ceux de Zangézour au sud. C’est grâce à lui et à Garéguine Njdeh, que les Arméniens de ces régions purent être protégés face à l’agresseur azéri.
En 1919, il se rendit aux États-Unis pour collecter des fonds pour les survivants du génocide et les réfugiés de guerre arméniens. Il put collecter ainsi 500 000 dollars, une somme qui représente un peu moins de 7 million de dollars d’aujourd’hui. Peu après, il s’installa définitivement aux États-Unis, à Fresno, une ville à forte concentration arménienne.
Il est mort en Californie, mais des commémorations furent organisées par des communautés arméniennes dans le monde entier. Enterré au cimetière parisien du Père Lachaise, sa dépouille fut transférée en 2000 à Yerablur, le cimetière militaire situé sur les hauteurs d'Erevan en Arménie. Aujourd’hui, un monument en sa mémoire a été érigé au-dessus de sa tombe, sur lequel on lit : « Général des Arméniens ».
Fait intéressant
Une bande dessinée relatant les exploits d’Andranik fut publiée dans le quotidien New York Journal-American en 1920.
Pour aller plus loin
Mkrtich Khrimian (Hayrig), figure du mouvement de libération arménien
"Avant toute chose, place en toi l'espoir de ta libération. Donne vigueur à ton âme et à tes bras - une personne ne doit dépendre que d'elle-même pour être sauvée."
Son parcours
Khrimian Hayrig est une figure centrale dans l'histoire arménienne moderne, qui s'éleva avec force contre la passivité endémique des Arméniens sujets de l'Empire ottoman.
Mkrtich Khrimian naquit à Van. Il se fit très tôt connaitre pour ses talents d'orateur et entra dans les ordres dès sa majorité. Constatant la situation des communautés arméniennes en Arménie Occidentale - oppression, absence d'enseignement, arriération - il voua ses compétences et son existence à son amélioration. Il publia un journal, Artsvi Vaspourakan [L'Aigle du Vaspourakan], qui fit office de plateforme grâce à laquelle il pouvait faire connaître ses opinions. Sa popularité grandit à mesure que sa parole se faisait plus forte et remarquée. Le diminutif "hayrig", qui signifie père, lui fut donné par le peuple en témoignage de respect pour son attention toute paternelle.
Sa popularité ne passa pas inaperçue. Le pouvoir ottoman le surveilla toujours de près et, lorsqu'il fut élu catholicos, ne lui permit pas de traverser la Turquie pour se rendre à Etchmiadzine. Une fois en poste, le tsar de Russie ordonna que toutes les églises non russes soient fermées et expropriées ; Khrimian Hayrig tint tête au tsar jusqu'à ce que celui-ci capitule et abroge cet ordre.
C'est à son retour du Congrès de Berlin, où il avait été envoyé par la délégation arménienne négocier en son nom, qu'il prononça son discours le plus connu, à savoir celui de "la louche de fer." Il y affirme que les Arméniens ont placé leurs espoirs de salut en d'autres, plutôt qu'en eux-mêmes. Hayrig utilise l'allégorie d'un chaudron de harissa, un plat traditionnel arménien, d'où les autres pays extraient ce qu'ils veulent grâce à des louches en fer, alors qu'il a été envoyé pour garantir des concessions aux Arméniens au moyen d'une simple louche en papier. Il implore donc les Arméniens de sortir de leur torpeur et de prendre en main leur propre destin.
La présence physique, intellectuelle et oratoire de Hayrig en faisaient un personnage imposant, dont les déclarations, écrites ou orales, se faisaient entendre très largement parmi le peuple arménien. En tant que catholicos et donc dirigeant de la nation arménienne à cette époque, il légitima et renforça l'idée que les Arméniens devaient être libres, ce qui joua un rôle notable dans leur libération finale.
Fait marquant
Bien que devenu catholicos, occupant le rang le plus élevé de l'Église arménienne et qui exigeait le célibat, Hayrig avait une fille. En fait, il avait été marié, mais ce n'est qu'à la mort de sa femme qu'il fit vœu de célibat.
Pour en savoir plus
Mkrtich Khrimyan biography - Armenian House
Israël Ori, chef d'un mouvement de libération arménien
"... Il est entré dans l'histoire arménienne tel un infatigable errant à travers le monde, doté d'une vision et d'un programme pour libérer l'Arménie." - Razmik Panossian
Son parcours
Israël Ori fut un fidèle partisan de la libération des Ottomans du joug ottoman et persan. Il voua l'essentiel de son existence à faire pression sur les puissances européennes, bien qu'en vain, afin de défendre la cause de l'indépendance des Arméniens dans leur patrie.
Né en 1658 dans le Siounik au sud de l'Arménie, Ori était issu d'une famille aristocratique. Il voyagea en Europe pour rencontrer plusieurs dirigeants afin de leur demander leur aide afin d'assurer leur soutien à l'indépendance de l'Arménie. Il contacta à cette fin le pape, un prince allemand, l'empereur Léopold Ier d'Autriche, des conseillers de Louis XIV et Pierre Ier le Grand de Russie.
Même si Ori mourut sans avoir atteint son objectif, son inlassable dévouement à la cause de la libération de l'Arménie précéda nombre de mouvements d'indépendance nationale qui suivirent durant les siècles suivants, dont celui en faveur d'une Arménie libre.
Fait marquant
Ori combattit dans l'armée de Louis XIV et fut fait prisonnier de guerre ; il finit par être relâché.
Pour en savoir plus sur lui
http://100years100facts.com/facts/israel-ori-plan-armenian-liberation-17th-century/
http://10ans100faits.fr/facts/israel-ori-avait-un-plan-de-liberation-de-larmenie-au-xviieme-siecle/ (en français)
Soghomon Tehlirian, exécuteur de l'organisateur en chef du génocide
"J'ai tué un homme. Mais je ne suis pas un assassin."
Son parcours
Soghomon Tehlirian est l’homme qui assassina Mehmet Talaat Pacha, l'architecte du génocide arménien. Suite à cet assassinat à Berlin, Tehlirian fut incarcéré et jugé dans un tribunal allemand, reconnu non coupable et libéré.
Il naquit à Nerkin Bagaridj [Petit-Pakaridji] dans l'empire ottoman. Bien qu'ayant vécu à l'étranger durant plusieurs années, il revint combattre dans les bataillons de volontaires arméniens du Caucase. A cette époque, de nombreux membres de sa famille furent déportés et massacrés. Tehlirian en fut témoin et, selon ses mémoires, 85 membres de sa famille trouvèrent la mort.
A la fin de la Première Guerre mondiale, les organisateurs du génocide, dont Talaat, furent jugés par un tribunal et condamnés à mort par contumace. A cette date, ils s'étaient dispersés à travers le monde et ne purent être soumis au jugement de ce tribunal. Réclamant avec force que les martyrs du génocide soient vengés, la Fédération Révolutionnaire Arménienne organisa un plan appelé "Opération Némésis" et orchestré par Chahan Natalie. Tehlirian fut chargé d'assassiner Talaat à Berlin et le 15 mars 1921 il s'acquitta de sa tâche.
Tehlirian fut immédiatement capturé et traduit en justice à Berlin. Le procès de courte durée fut suivi par une délibération d'une heure du jury, lequel conclut à un verdict "non coupable."
Il partit en Serbie, puis aux États-Unis, où il mourut. Il est enterré à Fresno, en Californie, sa tombe ornée d'un obélisque au-dessus duquel repose un aigle en bronze étreignant dans ses serres un serpent.
Fait marquant
Raphaël Lemkin, l'avocat polonais qui inventa le mot "génocide," suivit le procès de Tehlirian et s'inspira de la procédure pour poser la question suivante : "Pourquoi un homme est-il puni lorsqu'il tue un autre homme ? Pourquoi le massacre d'un million d'êtres humains est-il un crime moins grand que le meurtre d'un seul individu ?"
Pour en savoir plus
Le procès de Soghomon Tehlirian transcription intégrale (en anglais)
Aram Manoukian, politicien, révolutionnaire et général arménien
Aram Manoukian (en arménien Արամ Մանուկեան ; né en 1879 et décédé le 29 janvier 1919), connu aussi comme Aram de Van, est un politicien, révolutionnaire et général arménien. Organisateur du soulèvement de Van, il joua également un rôle majeur lors de la fondation de la République démocratique d'Arménie. Sans lui, l'indépendance n'aurait jamais aboutie.
Né en 1879 dans le village de Zeyva, aujourd'hui David Bek, alors situé dans le gouvernement d'Elisavetpol au sein de l'Empire russe, il fait ses études à l'école diocésaine de Chouchi et est diplômé en 1901 de l'école diocésaine d'Erevan. En 1903, il participe à la défense d'Elisavetpol et de Kars avec la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA). En automne 1904, il se trouve à Van et y prône la réforme ; après un séjour à Genève, il y revient en 1911 pour y être l'un des chefs de la FRA pour la région. Aram y promeut des cercles de jeunesse arméniens, communique avec la presse et enseigne dans des écoles arméniennes. Il est arrêté pour le meurtre de Bedros Kapamajian par les autorités ottomanes ; lorsqu'il est relâché, il voyage entre Erzurum et Ordu et y continue ses activités d'enseignement et d'activisme arménien.
Il retourne à Van avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale et le début du génocide arménien ; en 1915, il prend part au soulèvement de Van contre les forces ottomanes. Il devient alors le gouverneur du Vaspourakan libre éphémère.
Après la reprise de Van par les Turcs, il se rend à Tiflis et y œuvre au sein du bureau de la FRA et du conseil national, s'occupant également des réfugiés de Van. Fin 1917, il devient le chef du Congrès des Arméniens orientaux.
En 1918, le Conseil national arménien envoie Aram Manoukian à Erevan en tant que représentant. Il y contribue à l'établissement de la République démocratique d'Arménie, dont il devient le premier ministre de l'Intérieur ainsi que ministre du Travail et de la Défense. Il prend ainsi part à l'organisation de la bataille de Sardarapat qui repousse les Turcs.
Il tombe malade en 1919 et meurt à l'âge de 40 ans. Il est inhumé au cimetière central de Tokhmakh.