Section Pastorale
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Textes 24 décembre
Lundi 22 décembre 2025
Chers frères et sœurs !
La lumière de Noël vient à notre rencontre, nous invitant à redécouvrir la nouveauté qui, depuis l’humble grotte de Bethléem, traverse l’histoire humaine. Attirés par cette nouveauté, qui embrasse toute la création, nous marchons dans la joie et l’espérance, car le Sauveur nous est né (cf. Lc 2, 11) : Dieu s’est fait chair, il est devenu notre frère et il demeure à jamais le Dieu-avec-nous.
Avec cette joie dans le cœur et un sentiment de profonde gratitude, nous pouvons regarder les événements qui se succèdent, y compris dans la vie de l’Église. Je voudrais revenir sur deux aspects fondamentaux de la vie de l’Église : la mission et la communion.
L’Église est par nature extravertie, tournée vers le monde, missionnaire. Elle a reçu du Christ le don de l’Esprit pour porter à tous la bonne nouvelle de l’amour de Dieu. Signe vivant de cet amour divin pour l’humanité, l’Église existe pour inviter, appeler, rassembler au banquet festif que le Seigneur prépare pour nous, afin que chacun puisse se découvrir fils aimé, frère de son prochain, homme nouveau à l’image du Christ et, par conséquent, témoin de la vérité, de la justice et de la paix.
Evangelii gaudium nous encourage à progresser dans la transformation missionnaire de l’Église, qui puise sa force inépuisable dans le mandat du Christ ressuscité. « Dans cet “ allez ” de Jésus, sont présents les scénarios et les défis toujours nouveaux de la mission évangélisatrice de l’Église, et nous sommes tous appelés à cette nouvelle “sortie” missionnaire » (EG, n. 20). Cet état de mission découle du fait que Dieu lui-même, le premier, s’est mis en route vers nous et, dans le Christ, est venu nous chercher. La mission a commencé au cœur de la Très Sainte Trinité : Dieu a en effet consacré et envoyé son Fils dans le monde afin que « quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3, 16). Le premier grand “exode” est donc celui de Dieu, qui sort de Lui-même pour venir à notre rencontre. Le mystère de Noël nous annonce précisément cela : la mission du Fils consiste en sa venue dans le monde (cf. saint Augustin, La Trinité, IV, 20.28).
Ainsi, la mission de Jésus sur terre, prolongée dans l’Esprit Saint dans celle de l’Église, devient un critère de discernement pour notre vie, pour notre cheminement de foi, pour nos pratiques ecclésiales, ainsi que pour le service que nous accomplissons au sein de la Curie romaine. En effet, les structures ne doivent pas alourdir, ralentir la course de l’Évangile ou entraver le dynamisme de l’évangélisation ; au contraire, nous devons « faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires » (Evangelii gaudium, n. 27).
En même temps, dans la vie de l’Église, la mission est étroitement liée à la communion. En effet, le mystère de Noël, tout en célébrant la mission du Fils de Dieu parmi nous, en contemple également le but : Dieu a réconcilié le monde avec Lui par le Christ (cf. 2 Co 5, 19) et, en Lui, il a fait de nous ses fils. Noël nous rappelle que Jésus est venu nous révéler le vrai visage de Dieu comme Père, afin que nous puissions tous devenir ses enfants et donc frères et sœurs entre nous. L’amour du Père, que Jésus incarne et manifeste dans ses gestes de libération et dans sa prédication, nous rend capables, dans l’Esprit Saint, d’être le signe d’une nouvelle humanité, non plus fondée sur la logique de l’égoïsme et de l’individualisme, mais sur l’amour mutuel et la solidarité réciproque.
Très chers amis, la mission et la communion sont possibles si nous remettons le Christ au centre. Le Jubilé de cette année nous a rappelé que Lui seul est l’espérance qui ne déçoit pas. Et, précisément pendant l’Année Sainte, d’importantes commémorations nous ont rappelé deux autres événements : le Concile de Nicée, qui nous ramène aux racines de notre foi, et le Concile Vatican II, qui, en fixant son regard sur le Christ, a consolidé l’Église et l’a poussée à aller à la rencontre du monde, à l’écoute des joies et des espérances, des tristesses et des angoisses des hommes d’aujourd’hui (cf. Gaudium et spes, n. 1).
Permettez-moi enfin de rappeler qu’il y a cinquante ans, le jour de l’Immaculée Conception, saint Paul VI promulguait l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, rédigée après la troisième Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques. Celle-ci souligne, entre autres, deux réalités que nous pouvons rappeler ici : le fait que « toute l’Église reçoit mission d’évangéliser, et l’œuvre de chacun est importante pour le tout » (n. 15) ; et, en même temps, la conviction que « le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation » (n. 41).
Souvenons-nous-en, même dans notre service : le travail de chacun est important pour l’ensemble et le témoignage d’une vie chrétienne, qui s’exprime dans la communion, est le premier et le plus grand service que nous puissions offrir.
Chers frères et sœurs, le Seigneur descend du ciel et s’abaisse vers nous. Comme l’écrivait Bonhoeffer, méditant sur le mystère de Noël, « Dieu n’a pas honte de la bassesse de l’homme, il y entre. [...] Dieu aime ce qui est perdu, ce qui n’est pas considéré, insignifiant, ce qui est marginalisé, faible et brisé » (D. Bonhoeffer, Riconoscere Dio al centro della vita, Brescia 2004, 12). Puisse le Seigneur nous accorder cette même condescendance, cette même compassion, cet amour, afin que nous en devenions chaque jour des disciples et des témoins.
Je vous souhaite de tout cœur un joyeux Noël. Que le Seigneur nous apporte sa lumière et donne la paix au monde !
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Cette semaine, j’ai entrepris l’installation de la crèche communautaire. Sans réfléchir, j’ai commencé par l’âne et le bœuf. Pour une raison purement pratique, puisque leur place est au fond de l’étable. M’arrêtant alors quelques instants avant d’aller plus loin, j’ai pris conscience que cette primauté était signifiante d’une réalité dont je n’avais pas mesuré la portée jusqu’ici : les animaux nous précèdent à la crèche.
À bien y réfléchir, il n’y a rien d’étonnant à cela puisque, selon le récit du livre de la Genèse, ils nous ont précédés dans l’ordre de la création. En outre, c’est à l’âne et au bœuf que l’on doit la tradition de la crèche, qui fait écho à ces lignes qui ouvrent quasiment le livre du prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (1, 3). Rien que pour cela, ces animaux méritent bien un traitement de faveur.
Mais il y a plus. Premiers arrivés à la crèche, l’âne et le bœuf manifestent qu’ils sont eux aussi en attente de leur Créateur et Sauveur. Par leur simple présence autour d’une mangeoire encore vide, ils disent l’aspiration de toute la création au salut (cf. Rm 8, 18-23). François d’Assise, l’inventeur de la crèche, l’avait bien compris, lui qui considérait l’ensemble des créatures comme des frères et des sœurs.
Frère bœuf et frère âne, merci donc de votre présence discrète au fond de l’étable. Merci d’être les premiers pour nous inviter à attendre celui est, qui était et qui vient. Merci de nous faire comprendre que l’avènement de l’enfant Dieu aura un retentissement cosmique. Puissiez-vous être rapidement rejoints par un nombre toujours plus grand de créatures, humaines ou non.
La Croix-Croire
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Il est un temps favorable pour chaque chose. Saint Joseph en fait l’expérience dans son travail, par le choix de ses outils. Pour assembler poutres et chevrons, il doit utiliser alternativement un marteau et un maillet, selon les matériaux et le résultat escompté. Pour insérer les clous et les chevilles, il faut de la force, mais elle doit être proportionnée : avec le marteau, les clous sont enfoncés avec vigueur, tandis que le maillet, plus doux et respectueux de la texture du bois, insère en douceur les chevilles à leur juste place.
Par le choix de ses instruments de travail pour réaliser son œuvre, saint Joseph exerce sa détermination, mais aussi son discernement. Ces qualités qu’il acquiert dans son métier se retrouvent également dans l’éducation de Jésus. N’a-t-il pas recherché avec ardeur l’enfant Jésus, perdu après le pèlerinage à Jérusalem ?* Il ne ménage pas sa peine dans cette recherche inquiète. Toutefois, il laisse Marie interroger l’enfant, sans le réprimander. Il s’agit d’ailleurs du dernier événement qui mentionne Joseph dans les Évangiles. Le temps du silence et de l’effacement est venu.
Lorsque nous avons à affronter nos doutes et nos peurs, nous pouvons nous appuyer sur cette détermination que Joseph nous enseigne. Il nous faut parfois beaucoup de force pour ne pas nous laisser submerger. Mais n’oublions pas que la compréhension et la compassion sont indispensables dans nos relations, y compris avec nous-mêmes. Ainsi avons-nous à rechercher constamment un équilibre entre puissance et douceur, entre action et réflexion.
Quel sera le prochain outil utilisé par saint Joseph ? Vous le découvrirez dans quelques jours.
Soeur Marie-Emmanuel Raffenel, d’après Ecclésiaste 3, 1.7
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Nul autre mieux que le poète Paul Claudel n’a exprimé cette vérité : Joseph nous approche de Dieu en nous approchant de Marie. « Joseph est avec Marie et Marie est avec le Père. »
En soulignant l’union de Joseph à Marie, Paul Claudel fait de Joseph celui qui nous élève jusqu’au paradis : « Une femme a conquis chaque partie de ce cœur maintenant prudent et paternel. De nouveau il est dans le Paradis avec Ève ! » Marie, la nouvelle Ève… Marie, l’aurore avant le jour du Christ. Si Marie est l’aurore, Joseph est la terre sur laquelle elle se lève. « Il est silencieux comme la terre à l’heure de la rosée. »
En effet, à quoi ressemblerait l’aube sans la terre qu’elle éclaire ? Les arbres, les collines, les maisons… Joseph est tout cela, Joseph, c’est nous, c’est le reste de la création, qui attend d’être éclairé par Dieu avec Marie : « Il est dans l’abondance et la nuit, il est bien avec la joie, il est bien avec la vérité. Marie est en sa possession et il l’entoure de tous côtés. »
Joseph, nouvel Adam et nouvelle terre : homme chaste, qui peut tous nous inspirer, car il est l’intime de la femme Sagesse, uni à celle qui a été unie à l’Esprit Saint : « Il a préféré la Sagesse et c’est elle qu’on lui amène pour l’épouser. »
Dans les eaux troubles et agitées de nos vies, Joseph nous conduit à la paix et à la sagesse de Marie qui donne Dieu : « Pour que la mer s’apaise et pour que Marie commence, Celle qui a la meilleure part et qui de l’antique Israël consomme la résistance, Patriarche intérieur, Joseph, obtenez-nous le silence ! »
Grâce à Joseph, restez enfin silencieux… alors, avec vous, Marie commencera à partager sa part.
Frère Thomas Carrique, d’après Osée 2, 21-22
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Jean, ayant entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples : Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? Jésus leur répondit : Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à dire à la foule, au sujet de Jean : Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Mais, qu'êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu d'habits précieux ? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois. Qu'êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. Car c'est celui dont il est écrit : Voici, j'envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n'en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. (Matthieu 11:2- 11).
La belle saison de l'Avent est un temps d'attente vigilante et de préparation à la venue de Jésus. C'est aussi une saison d'espoir et de prière. L'Avent nous offre l'occasion de rencontrer le Christ de manière plus profonde dans les personnes marginalisées et dans le besoin. Notre spiritualité nous rappelle que la véritable préparation à la venue du Christ passe par l'attention à la prière et au service. Alors que nous traversons cette période de l'Avent, nous pouvons garder à l'esprit les paroles de saint Vincent de Paul, qui encourageait sans cesse ses disciples à vivre leur foi de manière concrète.
Jean-Baptiste est un personnage central de la période de l'Avent, qui nous guide avec foi alors que nous attendons avec une joyeuse espérance la naissance de Jésus. Il était admiré et respecté pour sa sainteté et son intégrité. Jésus a déclaré que Jean-Baptiste était le plus grand de tous les prophètes. Sa foi transparaissait dans ses paroles et ses actes. Beaucoup de gens venaient l'écouter, se laisser interpeller par lui et changer leur vie grâce à son message. Notre vocation est similaire à celle de Jean-Baptiste, car nous sommes également appelés à préparer la voie pour que Jésus entre dans nos cœurs. Jean-Baptiste nous rappelle que parfois, la meilleure façon de se préparer à Noël est de simplifier. Construire le royaume de Dieu avec zèle et compassion, comme Jean-Baptiste, reflète nos vertus. La seule mission de Jean-Baptiste, son objectif, est de préparer pour Jésus un peuple capable de recevoir le message du Royaume de Dieu. Jean incarne une véritable préoccupation pour les autres, un bel exemple pour nos vies.
Chacun de nous, dans notre vocation, peut accomplir de grandes choses comme Jean-Baptiste. Cette période de l'année nous invite tout particulièrement à venir en aide à nos voisins dans le besoin en distribuant des paniers de Noël, en fournissant de la nourriture et des produits de première nécessité, ainsi qu'en participant à des projets spéciaux. En nous efforçant de répondre aux besoins de nos voisins à Noël de manière créative et variée, nous apportons la lumière du Christ aux autres. Comme Jean-Baptiste, nous sommes appelés à montrer aux autres le chemin vers le Christ. Lorsque nous voyons le visage du Christ dans ceux que nous servons et que nous répondons généreusement avec amour, en particulier pendant cette période, nous vivons notre vocation vincentienne. Saint Vincent de Paul nous dit que la personne de Jésus doit être au centre de notre vie, comme elle l'était pour Jean-Baptiste.
Questions de réflexion
1. De quelle façon Jean-Baptiste peut-il être un exemple pour vous, dans votre vie ?
2. En quoi votre travail vous aide-t-il à vous préparer à la joie du matin de Noël ?
3. Comment pouvez-vous manifester plus pleinement l'esprit de compassion, de simplicité et de service pendant cette période de l'Avent ?
Prions… Dieu d'amour, sois la lumière qui nous guide dans notre cheminement de l'Avent, vers Noël. Aide-nous à marcher dans ta lumière et à la partager avec les autres. Nous te prions de nous accorder la grâce de reconnaître ton fils Jésus en tous ceux que nous rencontrons, comme l'a fait Jean-Baptiste. Donne-nous la simplicité, le zèle et la compassion dans tout ce que nous faisons. À l'approche de la célébration de Noël, que ce temps spécial transforme nos cœurs et le monde qui nous entoure. Amen.
Carolyn Boerboom, membre du comité de spiritualité national
Conférence St. Basil /Brant, Conseil particulier de l’Ontario
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Joseph le charpentier achève son ouvrage avec une attention particulière aux finitions. Il utilise le rabot et la râpe à bois, non dans une quête de perfection, mais avec toute son ardeur et son cœur. Il cherche à ajouter une touche de beauté, un ornement qui ravira le regard, tout en assurant la solidité de l’ensemble. Ce qui était rugueux devient doux, sublimé par un détail. Tout comme notre Avent recevra sa touche finale dans l'ultime décoration que nous déposerons dans la crèche.
Ces finitions nous rappellent que la quête spirituelle ne se limite pas aux grandes étapes, mais s’incarne aussi dans les petits détails de notre vie.
La contemplation du labeur quotidien de saint Joseph en ce temps de l’Avent nous invite à poser un regard neuf sur nos propres activités. Si la lecture de la Parole et la prière sont essentielles pour nous préparer à accueillir le mystère de l’Incarnation, Joseph nous montre que toutes les dimensions de notre vie sont importantes. Sous son regard, nous pouvons relire notre activité professionnelle : y trouver des enseignements pour notre vie d’union à Dieu, notre croissance spirituelle et nos relations avec les autres.
Cela n’est pas réservé à ceux qui s’investissent dans le domaine caritatif ou social. Moi par exemple, lorsque j’accueillais les contribuables au centre des impôts, ou devant mon ordinateur en préparant la relance des défaillants, j’ai souvent invoqué saint Joseph et lui ai demandé son aide pour agir avec équité, mesure et bienveillance. Avec parfois des surprises comme un 24 décembre où un ancien redevable s'est présenté au guichet : il avait depuis longtemps terminé son activité professionnelle et réglé toutes ses dettes fiscales. Il n’avait aucune raison de venir dans le service… sauf que nous étions les seuls à pouvoir recevoir la rose rouge qu’il tenait en main, les seules personnes de son entourage familier qu’il aura rencontrées dans sa journée !
Nous ne sommes pas des chrétiens du dimanche, des chrétiens "hors sol" dont l'activité serait sans lien avec la foi. C’est dans la disponibilité vigilante à la grâce et à la rencontre, au cœur de chaque instant de notre vie, que nous nous préparons à recevoir l’Enfant Jésus dans la plénitude de notre être.
Soeur Marie-Emmanuel, d’après Luc 16, 10
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Enfin, l’année 2025 est derrière nous, me diront certains qui ont passé de difficiles moments en compagnie des virus, de l’inflation et de la maladie. J’ai vu aussi des amis mourir et d’autres qui ont demandé l’aide à mourir. Non, il n’est pas facile d’entreprendre la nouvelle année avec l’espérance qu’elle sera meilleure. Allez-vous me dire que je suis pessimiste ou réaliste ?
Mais il y a une voix au fond de moi qui m’invite à relever la tête et à marcher ensemble.
Dans les églises du monde, des jeunes et de moins jeunes entreprendront la marche des rois mages qui nous rappelle le long parcours de ces trois inconnus : ils se sont laissé guider par une étoile pour se rendre auprès de Jésus. Ils l’ont trouvé parce qu’ils ne se sont pas découragés et parce qu’ils ont marché ensemble. Arrivés à Jérusalem, ils ont rencontré des gens pour les guider vers l’enfant nouveau-né.
En ce nouveau départ, une autre année m’est donnée pour que grandisse notre espérance à travers le travail, les joies et les rêves. Il faut être fort pour continuer à croire à la vie et à la présence de Dieu qui nous accompagne chaque jour. Une autre année m’est donnée pour aider et servir mon prochain, en particulier les plus pauvres. À l’automne, nous avons eu plusieurs rencontres pour organiser l’avenir de notre Unité Pastorale. C’est tous ensemble, avec de nombreux bénévoles que nous nous engageons à construire notre Unité Pastorale dans la confiance, avec le support de Jésus-Christ et de sa Parole.
Que le Seigneur vous bénisse tout au long de ce nouveau parcours.
Bonne et sainte année !
Benoit Caron, prêtre
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Le Christ vient, il vient pour nous sauver, et en plus rien n’est impossible à Dieu ! Voilà un programme enthousiasmant, mais qui pourrait nous pousser à rêver, à patienter sans rien faire. Je vais attendre bien sagement sa venue, il remettra tout en place dans ma vie et dans ma famille. Je n’aurai rien à faire, sauf l’action de grâces car, quand même, il faut savoir remercier…
Or rien n’est impossible à Dieu, sauf de nous sauver sans nous. Il peut tout faire, sauf se contredire. Or il a fait l’être humain intelligent, libre et capable d’agir par lui-même. Ce sont même ces qualités, ces compétences, qui constituent en nous l’image de Dieu. Lorsque le Christ vient nous sauver, il ne détruit pas l’œuvre du Père, il ne piétine pas l’image de Dieu en nous. Il invite le pécheur à la vie, il propose la liberté aux prisonniers de l’habitude ou de l’addiction, mais il le fait en nous rendant capables d’agir de manière nouvelle, et non en agissant à notre place.
Saint Augustin disait que « Dieu nous a créés sans nous, mais ne veut pas nous sauver sans nous. » Même les grands convertis, saint Paul, saint Charles de Foucauld ou Paul Claudel, lorsqu’ils racontent l’expérience bouleversante qui a transformé leur vie, reconnaissent qu’ils ont eu la responsabilité d’accepter cette expérience, de découvrir qu’elle venait de Dieu, de prendre des décisions nécessaires et courageuses pour changer de vie. Méditer sur le fait que « rien n’est impossible à Dieu » n’est pas une occasion pour se laisser bercer par l’illusion que moins j’en fais, plus Dieu peut agir. Je peux reconnaître les aspects de ma vie où il m’apporte le salut et attend ma participation. Sans Dieu nous ne pouvons rien faire, mais sans ma volonté, mon choix, ma réponse, il ne pourra rien changer !
Avent dans la ville
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Dans une réflexion intitulée The Christ Child Within, l'écrivain spirituel Henri Nouwen partage cette affirmation : « Je pense que nous n'avons guère réfléchi aux immenses implications du mystère de l'Incarnation. »
Plus je réfléchis à ces implications dans ma vie, plus je suis d'accord avec lui. La peinture de la Nativité, de feu le père Seiger Köder, que j'ai utilisée pour les missions de l'Avent, a enrichi cette réflexion : Marie, en bleu roi, est totalement concentrée sur l'enfant Jésus, qu'elle tient dans ses bras et qu'elle embrasse; Jésus, en blanc pur, nous regarde, nous, le monde qu'il est venu racheter, nous invitant à venir à lui de sa petite main; un berger, digne, vêtu de vêtements bleu roi et violet; l'étoile qui brille directement sur Jésus et Marie; Joseph, dans un état de rêve, au-dessus et à gauche de Marie, et le prophète Isaïe, en bas, qui regarde droit devant lui, non pas Marie et Jésus, mais les trois croix qui s'élèvent de la crèche et qui soutiennent le toit, la main posée sur la crèche à côté des initiales INRI, sachant ce qui attend cet enfant « serviteur souffrant de Dieu », pourtant entouré de lis de Pâques.
Le message est clair. L'Incarnation est déjà Pâques. Nous ne pouvons pas séparer la crèche de la croix. Cette naissance virginale, ce petit enfant, annoncerait dans les ténèbres de ce monde, par son Incarnation, sa vie, sa passion, sa mort, sa Résurrection, sa Pentecôte et la vie de l'Église, quelque chose de radicalement nouveau et qui dépasse notre capacité à saisir – le ciel descendu sur la terre, l'avènement du règne de Dieu ici et maintenant, pour ceux qui croient et répondent par l'amour.
Ma devise en tant qu'évêque prend un sens encore plus profond : Regnum Dei Intra Vos – « Le Royaume des Cieux est parmi vous, en nous ». L'Incarnation a commencé le voyage de toute la création vers la plénitude de la paix, de la joie et de la justice, que seul cet enfant pouvait accomplir, d'une manière cachée et mystérieuse, faisant de l'acceptation de la souffrance dans nos vies sans amertume ni ressentiment, comme il l'a fait, un moyen de vivre dans le règne de Dieu ici et maintenant. Qui aurait pu l'imaginer ?
Au fond de l'église de l'Annonciation, à Nazareth, il y a une grotte avec un autel sur lequel est inscrit Verbum Caro Hic Factum Est – « Ici, le Verbe s'est fait chair ». Et cela, ça change tout.
Que la lumière du Christ brille dans les zones sombres de votre vie en ce Noël et vous remplisse de paix, d'espoir, de guérison et de joie tout au long de la nouvelle année, alors que nous continuons à voir et à servir le Christ dans les pauvres.
Archevêque émérite Sylvain Lavoie, OMI, conseiller spirituel
Conseil national, Société Saint-Vincent-de-Paul
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Gros stress… Jésus va venir et son retour foudroyant nous tombera dessus au moment où on s’y attendra le moins ! Faut-il vivre dans l’angoisse de la fin du monde ? Dois-je être obnubilé par le souci que mes affaires soient en ordre, mon âme pure, mes péchés pardonnés comme si j’allais mourir dans la journée ? Une telle obsession serait intenable et mortifère. Pourtant, régulièrement, à l’approche de dates considérées comme fatidiques, nouveau millénaire, anniversaire qui tombe rond, convergence des signes… des chrétiens sont saisis par l’angoisse.
Mais si nous prenons le temps de lire le texte, il n’est pas question de jugement ni de fin des temps. « Quand le Fils de l’homme viendra… » Il s’agit de la venue du Seigneur, et non pas de la fin du monde. Le temps de l’avent qui s’achève nous place devant ce mystère de la venue du Fils de Dieu dans notre histoire : il est VENU (par son Incarnation), il VIENT (en chacune de nos vies), il VIENDRA (à la fin des temps). Bref, il est toujours en train de venir…
Il ne s’agit pas de préparer la fin du monde dans une obsession frénétique, mais de nous tenir prêts à accueillir la venue du Seigneur, à lui faire de la place. Maintenant. Il nous faut penser à sa venue, non avec angoisse mais avec impatience, avec le désir que l’on peut éprouver quand on attend la visite de celui ou de celle qu’on aime. Cette attente pose la question, concrète, du désir de la présence de Dieu dans notre vie. Est-ce que je reporte cet accueil à plus tard, quand je serai installé, quand les enfants seront tirés d'affaires, quand je serai à la retraite, quand je serai mort ? Suis-je prêt à reconnaître que le Seigneur désire venir à ma rencontre ? Maintenant.
Avent dans la ville
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Nous n’avons jamais vu le visage de Dieu, dans un face à face, comme ce fut le cas de Moïse dans la bible ou de Marie et Joseph à Bethléem. Nous n’avons jamais rencontré Jésus comme les bergers ou les apôtres. Tous ont été surpris un jour par la demande de Dieu. Ce dernier avait besoin d’eux pour la mission de sauver l’humanité, une folle aventure qui impliquait l’engagement de quelques humains. Il leur fallait un cœur ouvert, faisant confiance à la volonté de Dieu.
Plus précisément, le « oui » de Marie et de Joseph les a amenés à prendre des risques, comme de quitter Nazareth, Marie étant enceinte, pour se rendre à Jérusalem, sans avoir fait de réservation de loyer pour leur séjour. Leur courage est admirable et leur espérance tenace. Grâce à eux, Dieu vient au monde dans un enfant fragile.
Même si nous sommes toujours pressés et souvent distraits, nous cherchons à nous approcher de Dieu. Le voici présent dans ce petit et je suis certain qu’il pleura et demanda à boire. Entouré de Marie et Joseph, il peut dormir parce qu’il peut compter sur des parents responsables. Dans cet enfant, c’est le Seigneur qui vient demeurer chez nous. Une demeure, c’est le lieu où on se sent bien. Dieu ne demande que de venir résider dans nos cœurs. Lui ferons-nous un peu d’espace ?
Joyeux et Saint Noël.
Benoit Caron, prêtre collaborateur.