Archives 12 novembre 2025
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Textes 12 novembre 2025
Il y a huit jours à la Toussaint nous entendions : « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage » et aujourd'hui, que voyons-nous ? Jésus se met en colère ! Difficile à comprendre. À vrai dire, ce n'est pas la première fois qu'il s'emporte. Souvent il le fait contre les pharisiens pour défendre la dignité humaine. Mais aujourd'hui, c'est différent. Que des marchands d'animaux s'installent dans la Maison de son Père constitue un véritable sacrilège, d'autant qu'ils profitent de ceux qui viennent leur acheter leurs bêtes et exploitent en particulier les pauvres. Pour Jésus, c’en est trop.
La colère de Jésus ne résulte pas que d'un débordement d'émotions. C'est une « sainte colère » ; elle émane d'une exigence spirituelle et prophétique. Contrairement à une colère incontrôlée, la sienne n'est ni égoïste ni destructrice. Elle est animée par une énergie salvatrice et pleine d'amour. C'est comme une mère de famille qui voit son petit enfant en train de faire une bêtise et mettre sa vie en danger. S'il s'approche du feu, du gaz de la cuisinière ou qu'il traverse la route sans tenir la main, elle se fâche tout rouge ! À ce moment précis, est-ce qu'elle aime moins son enfant ? Bien sûr que non... au contraire ! Il en va de même pour Jésus. Il aime tous les hommes et tous, il veut les sauver.
Jésus se met en colère pour dénoncer l'hypocrisie religieuse de son époque. En effet, le sommet de la hiérarchie religieuse fermait les yeux sur les ventes d'animaux au cœur même du Temple, elle les cautionnait et peut-être même en profitait : La religion en était corrompue. Des prophètes avaient déjà dénoncé les pratiques cultuelles perverties et la profanation du Temple. L'évangile parle de « l'amour de Jésus pour la Maison du Père ». Il s'agit plus exactement de son zèle ; une passion qui refuse toute compromission. La colère de Jésus vise à restaurer la sainteté et la compassion chez ceux qui en sont témoins.
La colère de Jésus est aussi une réaction profonde contre le fait d'instrumentaliser Dieu. L'évangile nous parle de « marchands ». Des personnes qui « vendent » et d'autres qui « achètent ». Comme si on pouvait acheter les faveurs de Dieu en faisant un sacrifice ! Non seulement les marchands et les changeurs sont plongés dans le matériel, mais en plus ils détournent ceux qui viennent se recueillir au Temple de la seule vraie prière ; en esprit et en vérité.
En somme, par la violence de son action, Jésus s'adresse autant à nous qu’à ses contemporains. Il s'agit de refuser que la relation à Dieu passe par des logiques marchandes ou des calculs. La volonté de Jésus est de restaurer le Temple dans sa vraie fonction : le lieu de la rencontre avec Dieu, libre de tout trafic et de toute idolâtrie. Bref, que chacun puisse accéder à Dieu sans marchandage, gratuitement.
Frère Jean-Laurent Valois, d’après Jean 2, 13-22
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Nous voyons dans cet évangile comme trois cercles concentriques autour de Jésus.
Tout d’abord, tout près de lui, il y a les Douze. Ce sont ses intimes. Il les a choisis pour être avec lui. Il les appelle par leur nom. Il les envoie dans le monde, il leur confie une mission. Ces apôtres seront les colonnes de son Église.
Ensuite, nous voyons les anonymes, les disciples. Un grand nombre, nous dit l’Évangile. Ils suivent Jésus sur la montagne, puis dans la plaine. Ils sont témoins de sa prière, ils l’écoutent prêcher, ils parcourent la région avec lui.
Et puis, le grand cercle de la multitude. Des hommes et des femmes qui accourent de partout. Ils sont curieux de l’entendre, mais surtout ils veulent se faire guérir. Jésus sait que la plupart d’entre eux ne le suivront pas. Certains même crieront : « Crucifie-le ! » lors de la Passion. Qu’importe, il les guérit, car il est venu pour la multitude.
Nous qui cherchons Dieu, entrons dans le cercle des intimes de Jésus. Nous écouterons ses confidences et nous partagerons sa mission, par amour pour lui et pour la multitude.
Soeur Marie-Laetitia Youchtchenko, d'après Luc 6, 12-19
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Nous imaginons sans trop de peine cette femme courbée et Luc précise qu’elle est prise par un esprit depuis dix-huit ans ! Elle est l’image de tout ce qui, en nous, est écrasé par le poids de sa destinée ou de son péché. Mais, en face, se tient le Christ. Devant ce type de souffrance, il n’attend même pas qu’elle lui demande la guérison. D’ailleurs, cette femme ne demande même pas à être redressée. Elle s’est habituée.
Quand le Christ voit la personne rendue incapable de prendre son avenir en main, il prend lui-même l’initiative de guérir. C’est comme dans un accident où le secouriste pose les gestes qui sauvent. Il n’y a pas de « comment cela a-t-il pu se faire ? », mais un geste, l’imposition des mains, et une parole. C’est comme un sacrement. Alors, à partir du moment où la femme reçoit ce signe libérateur du Christ, elle se redresse et se relève. Désormais, avec le Christ, elle peut se tenir debout devant le Père, et contempler Dieu face à face. Et que fait-elle alors ? Elle loue le Seigneur de toute sa hauteur de créature libérée !
Frère Yves Habert, d’après Luc 13, 10-17
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Nous vivons dans une société de revendication des droits. Notre société promeut des droits qu’il nous revient de faire valoir : droit à la citoyenneté, droit à une protection sociale, droit à l’éducation et à la santé, et bien d’autres encore. Mais malheureusement, nous ne sommes pas tous égaux devant l’accès à ces droits. Alors, pour pouvoir en bénéficier, il faut parfois se battre et se justifier ! Ce combat marque notre relation aux autres : on les considère bien souvent comme des obstacles. Nos droits s’arrêtent là où ceux de nos voisins commencent. Mais ce combat marque aussi notre relation à Dieu. Ne nous est-il jamais arrivé de mettre Dieu à l’épreuve en revendiquant notre droit à recevoir de lui telle ou telle faveur en échange d’une bonne action ? Comme si nos droits et ceux de Dieu se faisaient concurrence !
Le pharisien de l’évangile jeûne deux fois par semaine et verse le dixième de tout ce qu’il gagne. C’est très beau de sa part. Même s’il ne fait qu’observer les commandements, tout le monde ne peut pas en dire autant. Mais quelle est la finalité de ses bonnes actions ? Est-ce le fait de pouvoir se tenir debout devant Dieu, de lui faire face pour obtenir sa faveur ?
Le publicain, lui, n’ose pas lever les yeux vers le ciel. Sa prière laisse Dieu libre de l’exaucer : « Montre-toi favorable au pécheur que je suis. » Autrement dit : « Si tu le juges bon, Seigneur, selon ta volonté, accorde-moi ta faveur. »
Dieu est infiniment libre. C’est sa seule bonté qui est à l’origine de notre création. Notre existence tient au seul fait que Dieu l’a voulue par amour. Ses faveurs sont destinées à tous. Et parce que Dieu est juste et bon, nous pouvons nous fier à sa parole et à son alliance avec nous.
Jésus dit que c’est le publicain, et non le pharisien, qui est devenu juste à son retour chez lui. De quelle justice s’agit-il ? Si c’est de la justice qui distribue les droits et les devoirs, le pharisien est certainement plus juste que le publicain. Car il a jeûné et il a fait l’aumône. Il est juste au regard de la loi. Mais s’il s’agit de la justice qui relève de la foi en un Dieu libre et miséricordieux pour tous, alors le publicain, parce qu’il a mis sa confiance en Dieu, est bien devenu juste.
À l’heure de la mort de Jésus, le centurion devant la croix dira : « Celui-ci était réellement un homme juste » (Lc 23, 47). Parce qu’il n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu, et parce qu’il a tout remis à son Père par amour pour nous, Jésus est le juste par excellence.
Telle est la justice à laquelle Dieu nous appelle : lui faire confiance et lui offrir notre vie par amour. C’est une justice, certes beaucoup plus exigeante que celle qui rétribue les bonnes actions. Elle repose sur deux libertés : la nôtre et celle de Dieu. Mais elle est beaucoup plus exaltante car elle est communion à la relation même de Jésus à son Père.
Cette justice est un chemin. Chacun peut faire un pas de plus pour s’approcher de cette justice. Accomplir des bonnes actions sans attendre de récompense, prendre la défense de ceux à qui on ne reconnaît aucun droit, prier au nom de ceux qui ne savent ou ne peuvent pas prier, tout cela nous exerce à la confiance en Dieu qui accomplit sa promesse : il nous élève et nous rend libres devant lui.
Frère Jean-Baptiste Régis, d’après Luc 18, 9-14
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Aujourd’hui, les nouvelles circulent beaucoup avec les réseaux sociaux. Au temps de Jésus, moins vite. Pourtant, en route vers Jérusalem, une nouvelle violente lui parvient. Le genre d’histoire qui vous fait dire : mais comment le mal est-il possible si Dieu, auquel nous croyons, est bon ?
Pilate a versé le sang de Galiléens qui offraient leurs sacrifices. Qu’avaient-ils fait ? On ne le sait. Pourquoi les gens racontent cela à Jésus ? Ils vérifient sa doctrine : si malheur il y a, c’est que ces victimes étaient de grands pécheurs aux yeux de Dieu. En racontant cela, on se rassure. Les croyants modernes aussi savent se rassurer en se disant que les autres sont bien pires qu’eux. Juste avant, Jésus avait dit que le jugement est proche mais qu’on ne voyait pas les signes des temps. Jésus n’explique pas la souffrance. Il dit : ne regardez pas le péché des autres. « Si vous ne vous convertissez pas tous, vous périrez ! » Lâchez toute illusion et tout déni : où en êtes-vous avec Dieu ? Il y a en nous la capacité à nous retourner vers lui, c’est la conversion. Fixez votre regard vers Dieu qui nous attire à lui. Prenons conscience de ce que nous avons à changer nous-mêmes, dans nos vies. Et voyez la patience de Dieu. Il veut nous sauver tous mais ne le fera pas sans nous. Comme le jardinier autour du figuier, le Christ creuse pour augmenter notre force et donne sa grâce comme un engrais. Que le mal ne vous affole pas : désirez être justes et le Christ combattra le premier pour vous.
Frère Philippe Jaillot, d’après Luc 13, 1-9
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Les pharisiens observaient Jésus pour voir ce qu’il allait faire le jour du sabbat où il ne faut précisément rien faire ! Comme souvent dans l’Évangile, Jésus connaît leurs mauvaises prédispositions et ne se laisse pas enfermer par ces regards scrutateurs, pour rester libre. C’est une grande leçon de vie pour nous. Remarquez que la façon dont nous considérons nos frères et sœurs les encourage dans le meilleur de leur tempérament ou au contraire les pousse dans leur faiblesse et leur fragilité. Un regard positif de bonté bienveillante aide mystérieusement l’autre. Au contraire, un regard inquisiteur risque de le pousser dans ses mauvais penchants, ses mauvais côtés.
La manière dont nous regardons nos frères et sœurs influe sur ce qu’ils sont et sur leur manière de réagir. Cette influence n’est pas simplement d’ordre psychologique, elle a une dimension spirituelle. Pour améliorer nos relations, demandons au Christ d’avoir ce clair regard qui n’enferme pas l’autre, mais l’ouvre au meilleur.
Frère Yves Habert, d’après Luc 14, 1-6
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Dans l’une de ses célèbres fables, La Fontaine a mis en scène une poule et un renard, la première demandant au second de la protéger contre son mari volage et… finissant par se faire dévorer. Morale de l’histoire : ne jamais compter sur ses ennemis pour assurer son présent ou son avenir. Jésus a conduit toute sa vie sans chercher protection auprès de quiconque, et surtout pas auprès du puissant de son époque, le roi Hérode : au contraire, il savait devoir tout craindre de lui et il a choisi de s’en tenir le plus longtemps possible à l’écart.
Mais quand il comprend qu’il doit accomplir parfaitement ce qui est juste, et donc mener à bien la mission reçue à son baptême, laquelle passe par sa mort, il ne louvoie pas. L’évangéliste Luc l’a fort bien dit : « il prend résolument le chemin de Jérusalem » (Lc 9, 51) sachant bien pourtant que cette ville lapide ceux qui lui sont envoyés. Et de fait il y subit le sort funeste des prophètes. Les saints et les martyrs qui l’ont suivi sur son chemin ont toujours manifesté la même résolution : ils n’ont pas couru vers leur destin ni n’ont cherché à l’anticiper, ils ne se sont pas jetés orgueilleusement dans la gueule du loup, mais, par fidélité à leur baptême, ils ont assumé ce destin avec tous ses aléas quand il s’est présenté.
Ni le présent, ni l’avenir, fussent-ils l’un et l’autre tous deux menaçants, ne devraient pouvoir perturber celui qui a mis toute sa confiance en Dieu.
Frère Hervé Ponsot, d’après Luc 13, 31-35
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Jésus nous livre la brûlure de son ardent désir. À la Passion, un feu dévorera la chair du Christ sur la croix. Nous non plus, nous ne pouvons pas entrer dans le salut du Christ sans perdre quelque chose. Nous devons laisser se consumer cette bonne conscience et cette satisfaction de nous-mêmes. Plus grave, notre complaisance à nous endurcir dans le péché doit disparaître aussi. Ces scories sont arrachées et cela risque de nous faire mal. Confiance, le feu purifie en consumant, mais le feu éclaire. Ce même feu qui nous brûle permet à la lumière de Dieu de pénétrer dans notre vie.
Quand ce feu entre en nous, il nous donne aussi la chaleur de la vie parce qu’il nous apporte la vérité de l’amour de Dieu. Seul cet amour, en consumant notre péché, peut nous faire réellement vivre. Ce feu qui a d’abord brûlé le Christ à la Passion nous consumera à notre tour, avec lui. Acceptons de lâcher prise dans le dépouillement pour être purifiés par ce feu qui consume afin de pouvoir entrer, avec le Christ, dans la joie de sa Résurrection.
Frère Yves Habert, d’après Luc 12, 49-53
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Y a-t-il eu beaucoup de « fidèles » à la messe ce dimanche ? Vous avez, je pense, déjà entendu cette manière de caractériser les baptisés comme des « fidèles ». Dis-moi combien ton Église compte de fidèles et je te dirai quelle est sa vitalité : celui qui est fidèle c’est lui qui est disciple du Christ.
Pourtant quand Jésus parle de ses disciples, il ne les définit pas uniquement comme des « fidèles ». Il indique que ces derniers doivent être « fidèles » ET « avisés ».
« Fidèle » c’est -à-dire orienté vers le Christ qui vient, dans l’attente de sa manifestation. Le fidèle est celui qui lève les yeux vers les réalités du monde à venir.
« Avisé » (ou « prudent ») c’est-à-dire capable de regarder les réalités humaines sans naïveté, en osant nommer ce qu’il y a en l’homme sans faux semblants. La personne avisée accepte de regarder la vie humaine dans toute son épaisseur, sa complexité, parfois sa laideur.
S’il est trop « fidèle », le chrétien risque de regarder trop loin et de ne pas être à hauteur d’hommes. S’il est trop « avisé », il risque de regarder trop bas et de se désespérer de la lenteur du monde à recevoir l’Évangile.
Comme l’indique Jésus, son disciple doit être « fidèle » et « avisé » : tendu vers Dieu et conscient de qui sont les hommes.
Espérons qu’il y ait beaucoup de fidèles dans nos églises le dimanche… Espérons que ces « fidèles » soient aussi « avisés » pour rester les deux pieds sur terre et traduire pour aujourd’hui l’espérance de l’Évangile.
Frère Jacques-Benoît Rauscher, d’après Luc 12, 39-48
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Le chrétien est quelqu’un qui espère en une vie meilleure. Il est toujours « en tenue de service », prêt à apporter son aide, comme le bon Samaritain, à celui ou celle en qui il reconnaît le visage de Jésus. Quoiqu’il puisse arriver, il a appris à faire confiance, en s’appuyant sur son Seigneur. C’est cela vivre dans l’espérance. Il est prêt à ouvrir sa porte dès que son Seigneur signale sa présence : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. »
Espérer, c’est découvrir en soi l’attente impatiente de la venue du Seigneur dans les événements, les rencontres de chaque jour. C’est sentir en soi un grand désir qui n’est jamais comblé, puisqu’il s’agit du désir de Dieu. Nous ne serons jamais comblés sur cette terre… Beaucoup de gens cherchent à avoir tout le confort et font des rêves de réussite sociale… Le danger serait de se construire une vie sécurisée, comme l’homme de la parabole qui veut bâtir de grands silos pour conserver ses récoltes et se reposer sur ses acquis. La mort vient pour lui à l’improviste et déjoue tous ses plans.
Saint Paul écrit que si nous mettons notre espoir pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Si nous sommes chrétiens, nous apprenons à tout vivre dans l’espérance, et nous savons combien est vrai ce verset du psaume : « Mon cœur attend le Seigneur plus qu’un veilleur ne guette l’aurore ! »
Frère François-Dominique Charles, d’après Luc 12, 35-38
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La remarque en a été faite depuis longtemps par de multiples commentateurs : le docteur de la Loi pose à Jésus la question « qui est mon prochain ? » et Jésus répond par une autre question qui retourne la précédente « qui a été le prochain de l’homme tombé entre les mains des bandits ? » Elle va même plus loin dans la mesure où celui qui s’est fait prochain est un Samaritain, une sorte d’hérétique. La question de Jésus nous oblige à changer notre regard : le prochain n’est pas seulement cet autre, pauvre, malade, blessé dont on me parle et qui souvent se trouve loin de moi, mais il est moi, selon ma manière de me situer par rapport aux autres.
La question qui nous est posée par ce récit fameux est donc « de qui vais-je me rendre proche ? » et elle n’a pas de réponse définitive : le prochain peut varier selon les époques, les situations ou même les humeurs. Mais avec l’évocation du Samaritain, elle nous invite à ne pas nous choisir celui qui nous convient, mais celui qui a vraiment besoin d’aide et que nous n’aurions peut-être pas spontanément choisi. Ne soyons pas surpris que cela ne soit pas facile : souvenons-nous qu’un saint François d’Assise a mis bien du temps à accepter d’être le prochain du lépreux qui gisait pourtant à sa porte !
Frère Hervé Ponsot, d’après Luc 10, 25-37
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« Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint » parce que son Père a révélé les mystères du royaume non pas aux sages et aux savants, mais aux tout-petits, justement à ceux qui sont conscients qu’ils n’ont pas les capacités de comprendre.
Il n’est pas possible à l’homme, par ses propres facultés, de comprendre Dieu. L’homme ne peut jamais mettre la main sur Dieu pour le disséquer. Dieu est le Tout Autre et nous ne connaissons de Lui que ce qu’Il veut nous révéler. « ô Toi l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ? Quelle hymne peut te chanter ? Aucun mot ne t’exprime. Quel esprit te saisit ? Nulle intelligence ne te conçoit. Seul, tu es ineffable ; tout ce qui se dit est sorti de toi Seul, tu es inconnaissable ; tout ce qui se pense est sorti de toi. » (Poème de saint Grégoire de Naziance (330-390) docteur de l’Église)
C’est pour nous dire Dieu que Jésus, la Parole de Dieu, s’est incarné. Sans l’Incarnation, nous ne saurions pas que Dieu est Trinité. Ce ne sont pas les prêtres et les théologiens de l’époque qui ont accueilli le Verbe de Dieu, mais des hommes du peuple, des petits qui n’avaient pas la connaissance théologique. Dieu est toujours imprévisible. Qui aurait pu prédire que ce Dieu qui avait sauvé Israël de l’Égypte aimait tant son peuple qu’il irait jusqu’à s’incarner, jusqu’à devenir homme. Il n’a pas pris une apparence d’homme, mais est devenu réellement homme avec tout ce que cela comporte.
Notre foi a ceci d’incroyable que le Dieu tout-puissant, l’au-delà de tout, s’est fait homme par amour des hommes. Ceci ne peut être accepté que dans la foi par ceux qui acceptent de ne pas tout savoir de ce Dieu qui ne cesse de nous surprendre.
Frère Patrick-Dominique Linck, d’après Luc 10, 17-24
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Père céleste, La foi que tu nous as donnée
En ton Fils Jésus Christ, notre frère et la flamme de la charité
répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint
réveillent en nous la bienheureuse espérance
de l’avènement de ton Royaume.
Que ta grâce nous transforme en cultivateurs des semences de l’Évangile
qui féconderont l’humanité et le monde, dans l’attente confiante
des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
lorsque les puissances du mal seront vaincues
ta gloire sera manifestée pour toujours.
Que la grâce du Jubilé ravive en nous, Pèlerins de l’espérance,
l’aspiration aux biens célestes et répande sur le monde entier
la joie et la paix de notre Rédempteur.
À toi, Dieu béni dans l’éternité
la louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen.
Pape François