Archives 1 octobre 2025
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Textes 1 octobre
Ce n’est pas tant la malhonnêteté que l’habileté du gérant qui intéresse Jésus. Le gérant a su être avisé dans la gestion de biens mal acquis, le sommes-nous pour les dons gratuits de Dieu ? Dédions-nous nos vies pour le bien des autres et pour le royaume de Dieu ou les gaspillons-nous dans des plaisirs éphémères et des intérêts personnels ? Sommes-nous capables de sortir des sentiers battus, de notre confort pour annoncer la Bonne Nouvelle ?
Tout est une question de priorité ! Jésus nous le rappelle en finale : nous ne pouvons pas servir à la fois Dieu et l'argent.
L’argent est un bon serviteur. Mais quand l’argent devient le maître, c’est là que naît la malhonnêteté. C’est le cas de notre intendant : il craint plus l’argent - ou plutôt d’en manquer - que son employeur. Qui est alors le maître ? C’est évidemment, celui qu’on craint le plus. Pour nous, chrétiens, notre attitude envers l'argent ou toute autre chose révèle notre véritable maître : soit nous servons Dieu, soit nous servons une idole.
Alors, si à la peur de manquer, nous laissions la place à ce formidable don reçu au jour de notre confirmation : la crainte de Dieu ? Non pas une peur servile et dégradante, mais bien plutôt l’expérience de cette présence mystérieuse qui nous transforme et nous déroute. Celle qui nous fait entrer dans le respect et la soumission, dans la confiance et la sagesse, en la puissance et en l’amour de Celui qui nous a créés.
Ainsi éclairés, notre charité saura alors se faire inventive.
Père Gilles Lherbier, d’après Luc 16, 1-13
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Il devait y avoir une drôle d’ambiance au cours de ce repas. Celui qui invite Jésus est un pharisien. Il est incollable sur la Loi, sur le permis et l’interdit. Peut-être parce qu’il a le sentiment que Jésus en prend parfois trop à son aise avec les préceptes de la Loi juive, il l’a invité à dîner pour l’interroger. Mais c’est Jésus qui prend les devants. Par une question habile, il lui fait dire que plus grande est la faute, plus grande sera la miséricorde.
Et voilà que débarque cette prostituée, qui se précipite pour parfumer les pieds de Jésus et les essuyer de ses cheveux. Elle a probablement eu beaucoup d’amants et tous l’ont laissé tomber. Alors, comme elle cherche quelqu’un qui l’aime vraiment, elle donne ce qu’elle a de plus précieux : du parfum, bien sûr, mais aussi sa réputation, car il en faut du courage, ou beaucoup de désespoir, pour accomplir ce geste dans la maison d’un pharisien.
Jésus est touché par sa sincérité. « Ta foi t’a sauvée, va en paix ». Qu’attendons-nous pour nous précipiter aux pieds de Jésus ? Lui seul saura prendre la mesure de notre détresse. Lui seul pourra nous consoler et nous relever.
Frère Jean-Jacques Pérennès, d'après Luc 7, 36-50
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Entendre qu’on ressemble à un gamin quand on est un homme, ce n’est pas très flatteur. C’est différent d’être « comme un enfant ». Les gamins sur la place publique ont l’illusion de commander au monde et le monde ne leur obéit pas. Le monde ne danse pas parce que les gamins jouent de la flûte, il ne pleure pas parce qu’ils entonnent un champ funèbre.
Devenir un homme ou une femme, c’est regarder plus loin que la commune opinion qui va et qui vient au gré des courants, des modes et des influences. Les opinions dominent le monde, mais elles butent sur la croix du Christ, solidement plantée en terre. La sagesse de Dieu est folie aux yeux des hommes.
De gamin, il nous faut revenir à l’état intérieur de l’enfant, de l’infans, de celui qui n’a pas voix au chapitre. Toute l’affaire de notre conversion, c’est d’accepter que ce soit Jésus qui guide ma vie, pas moi. Il est possible d’entendre dans ces paroles mystérieuses de Jésus un appel à entrer dans le silence, dans l’intériorité, dans le cœur à cœur où le Seigneur peut faire toutes choses nouvelles.
Frère Jean-Paul Vesco, d'après Luc 7, 31-35
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Au chapitre 6 de l’évangile de Luc, Jésus déclare heureux ceux qui pleurent. En voici l’illustration. Jésus est saisi de compassion à la vue de la détresse de cette femme et de ses proches : veuve, comme orpheline de son fils unique ! Attention, il ne fait pas de la détresse une béatitude, mais une condition qui rend proche du cœur de Dieu. Jésus montre, en anticipation, ce que connaîtront tous les yeux qui pleurent. Les larmes ne sont pas le cercueil où se noient tous les affligés. Jésus vient révéler que toutes les larmes coulent vers le cœur de Dieu et que l’amour du Père est capable de les changer en joie : Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie, dit le psalmiste au psaume 29. En descendant au plus profond de la mort, Jésus a voulu que toute chute soit désormais une chute en lui-même. Tout ruisseau de larmes coulerait au sein de son plus profond abîme.
En acte, Jésus nous montre ce qu’il veut annoncer au monde. Il le vivra dans sa passion, passion d’amour pour son Père, passion d’amour pour nous, passion qui sera percutée par la haine et la violence de ceux qui ne comprennent pas cet amour. Ceux-là même finiront par ouvrir les yeux, du bon larron au centurion romain.
Confions à la miséricorde de Dieu ceux et celles qui pleurent, demandons avec le psalmiste : Écoute Seigneur, pitié pour moi. Seigneur, viens à mon aide !
Frère Antoine de la Fayolle, d’après Luc 7, 11-17
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Les évangélistes n’oublient jamais de raconter que les grands moments de la vie du Christ se passent à l’intérieur de la prière. Ainsi, il prie avant son baptême, au moment de choisir ses disciples, sur la montagne de la Transfiguration, à Gethsémani… Nous ne le remarquons pas seulement à l’occasion d’événements importants.
Quotidiennement, le Christ reprend souffle dans le face-à-face avec le Père : le soir, la nuit entière et tôt le matin avant le lever du soleil. Parfois, il est obligé de jouer à cache-cache, mais les disciples respectent ces temps d’intimité du Christ avec son Père. Ainsi, il se ressourçait. C’est parce qu’il y avait en lui ce mystère d’une vie sans cesse plongée dans l’intimité de son Père qu’il pouvait rencontrer et toucher le cœur de tellement de personnes.
Mystère de la prière de Jésus où, comme homme, il a prié son Père. Après sa Résurrection, il pourra, avec sa nature humaine, contempler face à face ce Père dont il était sorti et qu’il a cherché nuit après nuit.
Frère Yves Habert, d’après Luc 6, 12-19
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Il peut arriver que Dieu souhaite nous indiquer une voie à suivre à travers des visions en songe (Dn 2-4-7-10-11-12). Parfois, il nous guide aussi sur le chemin par l’envoi d’un « messager » (c’est le sens premier du mot « ange » !) (Ex 23, 20-23 ; Jg 6). C’est ce qui est arrivé au fiancé de la Vierge Marie, Joseph, comme jadis pour les patriarches du peuple d’Israël : ainsi Jacob fut conduit et réconforté par des songes nocturnes (Gn 28, 12-15 ; Gn 31, 10-13 ; Gn 32, 2.25-31) ; l’un de ses fils, également nommé Joseph, deviendra célèbre en Égypte pour sa sagesse et son interprétation des rêves de Pharaon (Gn 37, 40.41). Mais nous, nous sommes rarement gratifiés d’une révélation claire des desseins de Dieu pour nous !
Toutefois, le Seigneur a accordé à chacun de ses enfants les moyens de discerner ses projets, puisque par sa Parole et par son Esprit, il parle à chacun et n’abandonne personne. Ainsi, en inspirant les sages et les prophètes de la première Alliance, Dieu a voulu que ses promesses et ses ordres soient répandus progressivement dans le monde entier. Cette Parole a été transmise fidèlement au peuple de Dieu, où chacun reçoit l’habileté d’écouter, de méditer et même de partager et d’enseigner, suivant la sagesse prophétique reçue et l’autorité reconnue. Que Dieu nous accorde d’être les uns pour les autres des anges, des envoyés de paix, de charité et de vie !
Frère Jean-Dominique Bruneel, d’après Matthieu 1, 18-23
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Sans avoir de formation en ce domaine, si j’avais un champ à semer, je ne le confierais probablement pas au bon Dieu ! Quel drôle d’agriculteur, qui jette le grain à tout vent, sans se soucier de l’endroit où tombera la semence ! Le bon sens voudrait pourtant qu’il ne sème que là où il serait sûr de récolter du fruit au centuple. Décidément, Dieu ne raisonne pas comme nous. Il donne sans compter. Il envoie sa Parole sur la terre, sur toute la terre, et cette terre c’est nous. Il sait bien qu’il nous arrive d’avoir la tête et le cœur ailleurs. Il connaît nos soucis, nos doutes, nos découragements.
Malgré tout cela, il nous fait confiance : Dieu croit en notre bonne terre, il ne se décourage pas. Sa générosité n’est pas folie. Car sa Parole n’est pas une graine comme les autres : elle a le pouvoir de transformer le terrain où elle est semée. C’est elle qui ôtera les pierres, arrachera les ronces et irriguera la terre. Elle fera émerger nos richesses, stimulera notre créativité. Ce qui nous est demandé, c’est de l’accueillir avec persévérance. Et nous porterons du fruit.
Soeur Marie-Laetitia Youchtchenko, d’après Luc 8, 4-15
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Franchement, pourquoi tant d’histoires pour quelques épis de blé ? Pour le comprendre, je vous invite à prendre conscience de vos priorités religieuses. Certains d’entre nous sont très sensibles au respect des normes liturgiques. D’autres estiment que l’essentiel de la religion c’est de porter secours aux pauvres en leur apportant de quoi se vêtir et se nourrir. D’autres encore pensent que la priorité c’est le respect des valeurs structurant la famille, etc... Plus un de ces aspects revêt d’importance à nos yeux, plus nous estimons que Dieu est offensé lorsque sa loi n’est pas respectée en ce domaine. Ainsi le souci des pharisiens pour l’observance stricte du sabbat dans cet épisode. Alors qui a raison ? Quel est le plus important ?
Cette question a déjà dû vous emmener dans des débats interminables avec d’autres croyants qui n’ont pas les mêmes convictions que vous sur ce point. Prenons garde que ces différences ne nous empêchent pas d’être réunis autour du seul maître : Jésus.
Frère Thomas Zimmerman, d’après Luc 6, 1-5
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Quand on est à la fête, on ne fait pas la tête ! Il faut bien comprendre la réaction de Jésus et sa remarque. La mortification de soi par le jeûne serait justifiée si Jésus quittait les siens, ce qui n’est pas le cas puisqu’il est Dieu parmi les hommes, l’Emmanuel dans notre histoire, le Messie, l’Éternel. N’est-il pas avec nous jusqu’à la fin du monde ? Pour preuve : Jésus se fait l’ami des pécheurs auxquels il pardonne et des plus petits qu’il guérit (Ex 15, 26). Lui qui accomplit les promesses faites à Moïse au désert, notre frère dans la misère est donc bien l’époux d’Israël.
Alors pourquoi ses disciples ne jeûnent-ils pas ? Question type des pharisiens et des disciples du Baptiste. Le groupe qui suit Jésus n’observe plus cette forme de piété pratiquée par besoin plus impérieux d’un sauveur. Ceux dont le cœur s’ouvre à la Bonne Nouvelle avec l’énergie de la foi en Jésus, le Christ tant attendu, enfin advenu, n’ont plus à suivre certaines pratiques selon la chair ou la Loi. Jésus rattache ce principe nouveau de ne pas jeûner à deux réalités : sa présence au milieu du peuple d’Israël et sa puissance de grâce pour proposer l’universalité du salut au genre humain. Les raisons de jeûner disparaissent quand l’époux est là. Les invités aux noces de celui qui est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, l’Élu de Dieu » (Jn 1, 29.34) ne peuvent être soumis à l’abstinence. La nouveauté de l’évangile de la grâce privilégie la conversion intérieure et la relation personnelle au Seigneur de la vie !
Frère Christian Eeckhout, d’après Luc 5, 33-39
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Dans la vie religieuse comme dans le monde du travail ou des associations, chaque nouvelle mission est accompagnée d’une feuille de route. Celle que Jésus confie aux Douze est aussi la nôtre si nous désirons faire de notre vie une annonce de son Royaume. Attention : n’oublions jamais que c’est en son nom que nous partons. Celui qui compte sur ses propres forces pourrait bien vite se décourager ! Dépouillons-nous de toute fausse sécurité. « Ne prenez rien pour la route », nous dit Jésus. Nous n’avons pas besoin de bâton, notre seul appui sera la certitude de sa présence. Notre pain, sa Parole et son Eucharistie. Notre richesse, son amour.
Les pèlerins qui ont fait cette expérience d’abandon dans la pauvreté sont nombreux à revenir émerveillés de la sollicitude de la Providence, tout au long de leur route. Ils racontent la générosité des personnes rencontrées, la qualité de l’accueil qui leur est réservé. Leur vulnérabilité touche les cœurs et ouvre la porte à de riches dialogues en vérité. Nous recevons à la mesure de notre confiance, et lorsque nous avons les mains vides, c’est Dieu lui-même qui se donne à travers nous.
Soeur Marie-Laetitia Youchtchenko, d’après Luc 9, 1-6
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À Troyes, en France, au XIe siècle, le rabbin Rashi commentait le livre des Proverbes. Lorsqu’il tomba sur le premier verset du deuxième chapitre du livre des Proverbes en hébreu, il traduisit : « Mon fils, si tu acceptes mes paroles… » Et il expliqua que l’auteur voulait dire : « Tu seras mon fils si tu acceptes mes paroles. » C’est en substance ce que Jésus répliqua brutalement à sa famille qui le cherchait. La réponse du Christ heurte, mais c’est pour nous faire prendre au sérieux une parole que nous avons trop tendance à dissoudre dans la métaphore.
Chers frères et sœurs, c’est une formule profonde ! Il y a plus fondamental que l’ADN, plus fort que les liens du sang, plus réel que votre livret de famille : la Parole de Dieu, mise en pratique. « À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. » (Jn 1, 12-13) Vous entendez !
Frère Thomas Zimmerman, d’après Luc 8, 19-21
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Nous voici devant Toi, Seigneur,
à bout de souffle, à bout de courage, à bout d'espoir.
Perpétuellement écartelés
entre l'infini de nos désirs
et les limites de nos moyens
bousculés, tiraillés, énervés, épuisés.
Nous voici devant Toi, Seigneur,
enfin immobiles, enfin disponibles.
Voici la souffrance de notre insatisfaction.
Voici la crainte de nous tromper
dans le choix de nos engagements.
Voici la peur de n'en pas faire assez.
Voici la croix de nos limites.
Donne-nous de faire ce que nous devons faire,
sans vouloir trop faire, sans vouloir tout faire,
calmement, simplement,
humbles dans nos recherches et notre volonté de servir.
Aide-nous surtout à te retrouver
au coeur de nos engagements,
car l'unité de notre action, c'est Toi, Seigneur,
un seul amour à travers tous nos amours,
à travers tous nos efforts.
Toi qui es la source. Toi vers qui tout converge.
Nous voici devant Toi, Seigneur, pour nous recueillir.
Michel Quoist, tirée de "Jésus-Christ m'a donné rendez-vous"