Archives 19 mars 2025
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Textes 19 mars
Je suis dominicaine et la course est ma passion. Mes pieds sont devenus instruments de prédication ; les rues et les pistes, ma terre de mission ; le souffle, mon énergie et ma prière.
Dans son élan vers Jésus, le jeune homme de l’Évangile exprime l’aspiration à la vie éternelle ; le mouvement de son corps crie son désir. Je l’imagine comme dans des starting-blocks, désireux de bondir. Il y a en lui comme en moi une soif de plénitude, de vie éternelle ; entravée par tant d’obstacles intérieurs et extérieurs.
L’étouffement guette, il me faut créer cet appel d’air qui ouvre, désencombre, libère la voie pour que passe la vie. C’est l’invitation de Jésus : « Va, vends, donne, puis viens et suis-moi. » M’élancer dans une course, c’est sentir cet appel d’air, ce souffle régénérateur. Êtes-vous prêts à vous élancer avec moi au top départ ? Attention, dans ce bond en avant, il y a un déséquilibre, un passage délicat. Heureusement, le regard du Christ sur nous, le souffle de Dieu en nous, libèrent cette énergie. Ils nous mettent en mouvement et nous lancent sur la piste.
C’est parti pour vivre ensemble ce carême à plein souffle !
Soeur Marie-Théo Manaud, d’après Marc 10, 17
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Quelle désagréable sensation, ce point comme une flèche dans le côté alors que l’on est en pleine course, à bon rythme. Quand il surgit, il est important de savoir y remédier. Il serait bien naturel alors de ralentir, voire de s’arrêter pour reprendre souffle et chasser cette douleur.
Pourtant, si je veux poursuivre la route, atteindre l’objectif fixé, je dois accélérer le rythme, accepter pour un moment cette douleur, ne pas craindre même qu’elle s’intensifie. Mais faut-il encore avoir confiance dans ce mouvement étonnant ! Surprenant, oui, prendre sa croix, quelle invitation déroutante ! J’entre pour un instant dans cette douleur, je la prends à « bras le souffle » et je force ainsi une arrivée massive d’oxygène par une respiration accélérée. Le nœud cède, le passage s’ouvre, la douleur est transformée, et je poursuis ma course dans un nouveau souffle.
Embrasser la croix, ce n’est pas rechercher le plaisir de souffrir, c’est accepter d’assumer la douleur. La souffrance accueillie, traversée, offerte dans cet élan de confiance, libère en moi un souffle nouveau. Alors je respire à pleins poumons en celui qui est don, en celui qui nous envoie son souffle, son Esprit Saint.
Soeur Marie-Théo Manaud, d’après Luc 9, 23-24
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Continuons notre carême à petites foulées. L’ascèse de l’entraînement régulier devient chemin vers une victoire, celle de la persévérance sur l’abandon, du souffle sur l’asphyxie. Mon souffle, au rythme d’un cœur battant, porte mes foulées à la rencontre des frères, de Dieu et de moi-même.
Le rythme régulier de mes foulées libère un espace en moi. Montent les visages, les noms, les situations de tant de frères et de sœurs qui peinent à marcher, à tenir debout physiquement ou intérieurement, sous le poids de la douleur et des soucis. Pour eux, pour vous, j’offre ce bout de chemin et je cours avec cette saveur particulière de la communion.
Au rythme de la course s’ouvre ma chambre intérieure. Là, dans le secret, je trouve mon Dieu. Il est ce souffle qui respire en moi et ce mouvement qui m’attire. Il est là, douce présence dans le silence de ce rendez-vous intérieur.
Au cœur de mon effort, de ma fatigue, j’entends une invitation : « continue, surmonte cette envie de t’arrêter. » Au creux d’un souffle haletant, le souffle est là. Il libère un espace en avant de moi. Il m’offre une joie profonde, simple, gratuite… Allez, encore un peu, un peu plus loin, au rendez-vous du souffle de joie !
Soeur Marie-Théo Manaud, d’après Matthieu 6, 6
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À regarder trop obstinément la paille dans l’œil de mon frère ou de ma sœur, à refuser aveuglément de voir la poutre dans le mien, c’est sûr qu’il ne peut s’ouvrir devant nous deux qu’un abîme où le jugement risque bien de se tricoter avec le mal qu’on se fait mutuellement. Cela s’appelle peut-être l’enfer et chacun ne sait que trop combien la paille comme le bois font de bons feux !
À regarder trop obstinément la paille dans l’œil de mon frère ou de ma sœur, à refuser aveuglément de voir la poutre dans le mien, c’est sûr que je risque de passer à côté de l’essentiel : que l’autre est premier, toujours, dans notre face-à-face, dans notre marcher ensemble, main dans la main. Et si chacun de nous deux entrons dans le même regard mutuel, alors nous serons comme le maître, qui n’a pas craint au soir du jeudi Saint de ceindre un tablier, de s’agenouiller et de laver les pieds de ses amis. La paille de la crèche et le bois de la croix sont de beaux signes de l’amour.
À regarder trop obstinément la paille dans l’œil de mon frère ou de ma sœur, à refuser aveuglément de voir la poutre dans le mien, c’est sûr que je ne risque pas de voir les fruits qu’il porte, les beaux fruits de sa vie. Qui aurait parié sur les bons fruits de Zachée ? Qui aurait cru que le larron sur la croix serait le premier au jardin du paradis ? Qui se serait émerveillé de la pécheresse aux pieds de Jésus, qui lui lave les pieds de ses longs cheveux ?
À regarder trop obstinément la paille dans l’œil de mon frère ou de ma sœur, à refuser aveuglément de voir la poutre dans le mien, le risque est grand de fermer son cœur. Que le Seigneur le dilate et le mette au large !
Frère Jean-Luc-Marie Foerster, d’après Luc 6, 39-45
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Dans cette question vicieuse des Pharisiens, les femmes sont traitées avec un mépris qu’on n’aurait pas pour de la marchandise : « Peut-on renvoyer notre femme selon notre bon vouloir ? » Genre garantie Darty, si la machine à laver ne frotte pas bien mes caleçons, ou si la couleur ne me plait plus, ou si elle fait trop de bruit, je la renvoie, sans avoir à justifier ma décision, allez hop !
Jésus n’entre pas dans la polémique lamentable. Il ne répond pas à la question des machos suffisants qui se croient malins. Il parle de Dieu, il parle de l’homme libre et de la femme libre, il parle de l’amour. Alors soudain on respire : quelle largeur, quelle hauteur ! Jésus en deux phrases récapitule le dessein de Dieu : il remonte jusqu’à Adam et Eve… et parle aussi de chaque couple d’aujourd’hui : « Tous deux ne feront qu’un. »
« Tous deux ne feront qu’un ». Le mariage n’est donc pas un pacte, un contrat. On n’est pas chez Darty. Chez Darty, l’engagement est provisoire. Il se limite au choix d’une machine à laver ou d’un toaster. Bref, il ne concerne pas les aspects importants de la vie, il n’est pas un engagement pour l’éternité.
« Tous deux ne feront plus qu’un ». Ne faire qu'un, ce n'est pas non plus la fusion totale. Le chemin ouvert par le mariage n’est pas celui de la mixtion indescriptible, le magma informe où chacun se dilue dans la personnalité de l’autre. Il s’agit d’union, pas de fusion, pas de confusion. Il s’agit d’union, c’est-à-dire de communion. Certes le mariage change les époux, mais il révèle surtout à eux-mêmes qui ils sont, il réveille celui et celle dont Dieu a rêvé.
Frère Philippe Verdin, d’après Marc 10, 1-12
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Il y a des automatismes qui se révèlent lorsqu’ils font défaut. Quand je me lance dans une course soutenue, tôt ou tard, la respiration semble se bloquer. Le souffle manque et je dois forcer l’inspiration pour tenir le rythme. Je prends alors conscience de cette double activité de la respiration ! Expirer et inspirer, deux temps inséparables d’une même réalité.
Je ne peux accueillir une nouvelle arrivée d’air que si je consens d’abord à me vider de l’air vicié, à faire place nette pour me remplir à nouveau d’un air porteur d’un bon oxygène. Nos poumons savent faire !
Essayez un instant — à l’arrêt, car en pleine course ce serait folie — de retenir votre respiration. Après tout, l’air est bon, pourquoi le rejeter ? Vous sentez vite la nécessité d’expirer pour ouvrir le chemin à une nouvelle bouffée d’oxygène… Il en va de même pour notre chemin de vie. Jésus nous le certifie : lâcher, quitter, laisser ce qui est ou m’a été bon, ouvre la voie pour accueillir du neuf.
Quitter le connu pour suivre le Christ nécessite ce saut dans le vide, cet instant où, vidée de mon air, je n’ai pas encore rempli mes poumons de ce nouvel apport. Mais j’en ai la certitude : je vais recevoir cette vie nouvelle, riche, porteuse d’élan. Elle m’est offerte en abondance, elle m’entraîne plus vite, plus haut, plus fort… ensemble, comme nous exhorte la devise olympique !
Soeur Marie-Théo Manaud, d’après Marc 10, 29-30
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Tout au long des Évangiles, Jésus enseigne en mots clairs et multiples paraboles que le Royaume de Dieu est déjà parmi nous. Ici et maintenant, il a commencé. Mais l'esprit blasé, pour qui rien de vraiment neuf ne peut surgir sous le soleil, objectera : "Où est-il à voir ce prétendu Royaume dans le fonctionnement habituel du monde ?" Pour vivre dès à présent du Royaume, pour collaborer à son édification en ce monde, Jésus nous conseille de recevoir des enfants le secret d'une manière d'être. Souvenons-nous de l'enfant que nous avons été et de ce que peuvent nous révéler les enfants qui nous sont proches. Sur le seuil d'un parcours de vie, libre encore des préjugés de l'expérience, l'enfant peut s'émerveiller de tout ce qui est nouveau, ce qui surgit sans cesse à tout moment du quotidien.
Mais personne ne peut revenir bien sûr à l'état d'enfance ! Jésus demande à ses disciples d’accueillir le Royaume comme des enfants, dans un esprit d'enfance. C'est-à-dire d’être sensibles aux signes de Dieu en ce monde. Il s'agit de se déprendre de l'esprit qui sait tout et ne s'étonne plus de rien. L'esprit borné à qui ne fait pas signe, la voix des témoins, l'inouï du pardon, le miracle de la fraternité, la sagesse des pauvres.
Frère Pascal Marin, d’après Marc 10, 13-16
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Je suis Marie Madeleine. Les artistes n’ont vu en moi que la pécheresse repentie. Ils m’ont souvent représentée à moitié dénudée, les cheveux défaits. Reconnaissez plutôt en moi une amie de Jésus. Il m’a guérie et j’ai vendu tous mes biens pour le suivre. J’étais présente au pied de la croix et au tombeau. C’est à moi que le Christ ressuscité s’est révélé en premier. Il m’a donné la mission « extraordinaire d’aller éveiller les disciples qui n’avaient rien compris », comme le dira Romain le Mélode, poète du VIe siècle.
Mon prénom, « Magdala », vient de « Magdal » en araméen, qui désigne une construction en forme de tour. Pour de nombreux Pères de l’Église, je suis « la tour » qui représente la foi.
Pour ceux qui auraient encore des doutes, en 2016, le pape François a élevé mon souvenir au rang de fête. Désormais, le 22 juillet, je suis commémorée en tant qu’« Apôtres des apôtres ». Ce titre rappelle mon rôle unique et prépondérant dans la diffusion de la Bonne Nouvelle.
Selon la tradition, après la résurrection de Jésus, j’ai trouvé refuge dans le massif de la Sainte-Baume, dans le sud de la France. Là, j’ai vécu en ermite et j’ai mené une vie de prière et de pénitence.
Comment Marie Madeleine peut-elle aujourd’hui encore m’inspirer ?
Premièrement : Conversion et pardon. Marie Madeleine a connu une profonde transformation intérieure grâce à sa rencontre avec Jésus. Son parcours nous montre que le changement est possible et que chacun de nous peut trouver la force de se renouveler dans l’amitié avec le Christ.
Deuxièmement : Une icône du féminisme ? En tant que femme qui a suivi Jésus et qui a joué un rôle actif dans l’Église primitive, Marie Madeleine est un modèle pour toutes celles qui luttent pour l’égalité et la reconnaissance.
Troisièmement : « Apôtre des apôtres ». Ce titre souligne la profondeur de la foi de Marie-Madeleine et sa dévotion envers Jésus. Elle est présentée comme un modèle de disciple, une femme qui a su surmonter ses épreuves et suivre le Christ jusqu’au bout.
Soeur Anne-Claire Dangeard, d’après Luc 1, 1-3
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Je suis Phœbe. Saint Paul parle de moi dans sa Lettre aux Romains. Je fais partie des nombreuses femmes dont Paul a fait des collaboratrices. Deux petits versets suffisent à me présenter : « Je vous recommande Phébée notre sœur, ministre de l’Église qui est à Cenchrées ; accueillez-la dans le Seigneur comme il convient à des fidèles ; aidez-la en toute affaire où elle aurait besoin de vous, car elle a prêté assistance à beaucoup de gens, de même qu’à moi. »
Ne cherchez pas. Mon nom n’est pas accolé à celui d’un mari, d’un fils ou d’un lieu d’origine. Non, mon origine n’est pas le plus important. Je suis qualifiée par Paul de « sœur », de « ministre » ou plutôt « diacre » (diakonos dans le texte grec). Il reconnaît en moi cette mission de prédication de la Parole de Dieu. Avec les plus proches collaborateurs de Paul, je partage cette responsabilité de l’annonce de l’Évangile.
Paul reconnaît aussi en moi une bienfaitrice de l’église de Cenchrées, ville portuaire proche de Corinthe. Certaines traductions ont fait de moi une « protectrice » de l’église. Ce titre souligne la qualité de ceux qui dirigent et prennent soin des intérêts d’autrui.
« Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. » Dieu seul est le chef de la maison. Je témoigne d’une humanité renouvelée en Christ.
Comment Phœbe peut-elle encore aujourd’hui m’inspirer ?
Premièrement : La figure de Phœbe ouvre une nouvelle perspective sur la place des femmes dans l’Église. Au cœur de l’Église primitive, elle a exercé un véritable leadership dans sa communauté.
Deuxièmement : Phœbe joue un rôle important qui inclut l’enseignement et la direction dans l’église locale de Cenchrées. Paul relance le débat et nous le rappelle : les femmes peuvent et doivent être reconnues et valorisées pour leurs dons et leurs talents. C’est dans ce sens que le pape François a ouvert officiellement, en 2021, les ministères de lecteur et d’acolyte aux femmes.
Troisièmement : Phœbe est un modèle universel qui appelle à une plus grande égalité entre les hommes et les femmes dans l’Église. Loin d’être passives, les femmes ont un rôle important à jouer dans l’annonce de l’Évangile. Le rôle de diakonos exercé par Phœbe ouvre de nouvelles perspectives sur la variété des ministères que peuvent exercer les femmes aujourd’hui.
Soeur Anne-Claire Dangeard, d’après la lettre aux Romains 16, 1
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AVRIL
Pour l’utilisation des nouvelles technologies. Prions pour que l’utilisation des nouvelles technologies ne remplace pas les relations humaines, mais respecte la dignité des personnes et aide à affronter les crises de notre temps.
MAI
Pour les conditions de travail. Prions pour que le travail permette à chacun de s’épanouir, aux familles de vivre dans la dignité et à la société de devenir plus humaine.
JUIN
Pour grandir dans la compassion à l’égard du monde. Prions pour que chacun d’entre nous trouve la consolation dans une relation personnelle avec Jésus et apprenne de son Cœur la compassion à l’égard du monde.