Archives 6 août 2025
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Textes 6 août
La prière du Notre Père est un trésor. Après l’avoir donnée à ses disciples, le Christ insiste pour ne jamais hésiter à prier : « Demandez et vous recevrez ». Serait-ce à dire, que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’homme est toujours en dessous de ce que Dieu attend quand il prie. Il s’agit moins du manque d’audace de notre prière que de notre manque de foi dans la bonté de Dieu.
L’image que le Christ donne à la fin de ce passage est intéressante et même renversante : « Si vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du Ciel vous donnera l’Esprit Saint ». C’est plus qu’une image, c’est carrément un miroir qui nous est tendu. Que nous soyons « mauvais », certes, mais que nous soyons capables également de donner des bonnes choses, cela nous donne à réfléchir.
Nous apprenons alors que le plus beau don de Dieu, c’est son Esprit Saint, rien moins que cela. L’Esprit Saint est cet océan d’amour entre le Père et le Fils, au point que cet amour mutuel est une personne à part entière. Et c’est cela que Dieu veut donner « à ceux qui le lui demandent ».
Oui, viens Esprit Saint ! Apprends-nous à prier, avec toute l’audace qu’il faut, ce Père du Ciel dont tu nous montres la bonté !
Frère Xavier Loppinet, d’après Luc 11, 1-13
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En ce moment, nous parlons aux étudiants de l’aumônerie des vertus cardinales : prudence, tempérance, justice et force. Et l’évangile de ce jour est un très bon cas d’étude. Jésus nous met en garde contre l’avidité, qui est le contraire de la tempérance. On pourrait dire que l’homme riche fait preuve de prudence en construisant un grenier pour sa belle récolte de blé, mais fait-il preuve de justice ? Est-il juste envers ceux qui ont travaillé pour lui et envers les pauvres ? Il a peut-être amassé ses richesses dans le respect de la loi des hommes mais la justice de Dieu surpasse celle du genre humain. Nous sommes alors appelés à la vertu de force pour que notre justice soit plus grande que celle de la loi.
J’ai lu un jour un article sur Kylian Mbappé, le célèbre joueur de foot, qui gagne des millions et qui en reverse une partie à des associations caritatives. Il pourrait, comme l’homme riche dont nous parle Jésus, garder ses millions pour jouir de l’existence. Dieu seul connaît le fond de son cœur, mais il semble suffisamment tempérant pour ne pas dépenser tout ce qu’il gagne en futilités, suffisamment juste pour se rendre compte que tous n’ont pas sa chance et suffisamment fort pour ne pas avoir peur de donner une part importante de son revenu.
Face aux biens matériels, la vertu dont nous avons le plus besoin est celle de la tempérance, c'est-à-dire la capacité à ne pas céder à tout ce qui nous fait envie. Riches ou pauvres, nous sommes appelés à grandir dans la maîtrise de nos avidités, pour ne pas en être esclaves. Seigneur, vient nous aider à être tempérants !
Soeur Carine Michel, d’après Luc 12, 13-21
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Dans la lecture de l’Évangile de ce dimanche, nous sommes invités à demeurer vigilants car le maître est toujours à notre porte en train de frapper.
Mais nous, les humains, sommes bien souvent endormis ou sourds. Serait-ce que celui que nous attendons et espérons n’est pas le vrai Dieu ? Les gens avec qui Jésus a vécu attendaient le Messie depuis des générations. Or, celui-ci arrive, il marche avec eux et partage leur quotidien, mais ils ne le reconnaissent pas et ne lui ouvrent pas leur cœur.
Notre génération n’est guère mieux. Ce que nous espérons de Dieu, est-ce que nous l’avons vu depuis ce matin : en nous rendant à l’église, en prenant un repas ou en croisant un voisin ? Avons-nous ouvert notre porte ? Jésus voudrait que nous puissions entrer dans sa joie. Il nous supplie de rester éveillés en cet instant, car c’est le Dieu vivant et vrai que nous espérons, et il est là, proche de nous, à notre écoute.
Le jour où nous connaîtrons vraiment Dieu, alors, il ne restera que la joie de servir et d’aimer le maître qui fait de nous ses amis.
Benoît Caron, prêtre
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Quel secret Dieu a-t-il révélé aux tout-petits ? Eh bien, que Jésus était son Fils. Mystère inouï, renversement de toute la pensée philosophique, celle des sages et des savants, bouleversement de toutes les théories théologiques : Dieu a un fils. Ce fils est un homme, Dieu se fait homme.
Ce n’est ni l’expérience – celle des sages -, ni l’intelligence – celle des savants - qui pouvaient découvrir cette vérité étonnante. Seulement les cœurs ouverts, capables d’accueillir un message stupéfiant.
Dans le grec des Évangiles, il y a trois mots pour dire les petits. Il y a le petit âne : elakhus. Il y a les petits enfants : teknon. Et puis il y a païdon, les petits, ceux qui leur ressemblent. Ce n’est donc pas une question d’âge, mais de style. Le style des chrétiens j’espère ! Le style de Jésus qui s’émerveille ! Il nous demande de devenir des païdon pour entrer dans le Royaume. Des païdon, des enfants émerveillés par notre Père, qui attendent tout de lui, qui ne sont pas rassasiés d’histoires, qui ne sont jamais las d’admirer. Des païdon, des petits qui espèrent l’inouï, le merveilleux, des petits qui savent reconnaître quand Dieu se fait homme.
Frère Philippe Verdin, d’après Matthieu 11, 25-27
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Corazine, Bethsaïde, Capharnaüm... Combien se sont convertis dans ces villes où Jésus a fait des miracles ? Pas beaucoup, semble-t-il… Pourquoi ? Peut-être parce qu'ils se sont comportés comme les invités de la parabole des invités au festin. Pas intéressés ! Occupés par quelque chose de beaucoup plus important... Leur vie est accaparée par une multitude d'obligations discutables : des achats, des voyages, un agenda qu'ils remplissent de telle sorte qu'il n'y a plus de place pour la gratuité de la rencontre avec le Maître.
Manque de chance, ils ont choisi l'inverse de ce qui rend heureux. En effet, ceux qui sont heureux, ce sont les êtres de désir. Ceux qui reconnaissent qu'ils ont besoin de se tourner vers Jésus. Eux, ils ont tout leur temps. Ils sont disponibles pour accueillir Jésus. Bien sûr, on vous dira que ceux qui ont fait ce choix sont des femmes et des hommes de rien, des rebuts de la société, sans foi ni loi. Ceux qu'on montre du doigt comme les païens de Tyr et de Sidon. Pourtant, ils ont tout compris, eux !
Frère Jean-Laurent Valois, d’après Matthieu 11, 10-24
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Trois voyageurs successivement ont vu un homme agressé, à moitié mort. Trois hommes ont agi, un seul a secouru. Les deux premiers se sont éloignés, alors qu’ont-ils vu et jugé pour en déduire que la réaction devait être de prendre le large ? Et le troisième a-t-il vu autre chose ? La scène n’avait pas été modifiée, mais la différence tient peut-être dans le verbe grec : splangizomaï, saisi de compassion. Il indique un mouvement des entrailles, un ressenti ou une passion presque réflexe, non pas agie délibérément. Cela a donné à l’homme le ressort pour agir avec bonté parce qu’il a senti comme sien le malheur de l’autre.
Le docteur de la loi se demande qui est son prochain. La tentation est grande de le chercher dans ses groupes d’appartenance sociale, - symbolisés par ceux qui descendent de Jérusalem dans la parabole - mais Jésus l’invite à élargir le regard aux étrangers - Samarie, une autre région. Le problème est renversé : non plus chercher son prochain mais se faire le prochain en se laissant toucher. Alors la distance avec l’autre est de facto annulée malgré sa différence. C’est l’attitude de notre Dieu qui a vu la misère de son peuple opprimé en Égypte et est descendu pour le libérer (Ex 3, 16-17). Plus tard, il s’est incarné et s’est laissé toucher même par les lépreux, pour guérir et libérer de tout mal, quitte à être rejeté. Pourquoi ne pas adopter comme boussole le mot d’ordre « voir, se laisser toucher, agir » ? Et agir comme le Samaritain pour soulager, consoler, guérir, libérer.
Soeur Christine Gautier, d’après Luc 10, 25-37
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« Ne craignez-pas ! », écrit saint Matthieu. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » (v27) Saint Jean-Paul II se saisira de cette injonction dans la première homélie de son pontificat le 22 octobre 1978 : « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ ! »
C’est vertigineux : Jésus envoie un petit groupe d’hommes, le groupe des Douze, « comme des brebis au milieu des loups ». (Mt 10, 16) Saint Dominique fera de même lorsque, le 15 août 1217, il enverra ses 16 premiers frères sur les chemins aventureux de la prédication. Mais qui sont ces hommes, pour que tu en prennes souci ou ces moineaux dont la chute ne t’échappe pas ?
Il faut toujours de l’audace pour se déclarer pour le Christ. Au regard du monde, nous ne pesons guère plus qu’une poignée de cheveux ou de plumes, mais pas au regard du Père qui aime chacun de ses enfants. « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. » (Mt 10, 30) Bienheureuse insignifiance, bienheureuse faiblesse qui proclame la puissance de Celui qui vient ! Alors « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. » (Mt 10, 31)
Frère Jean-Didier Boudet, d’après Matthieu 10, 24-33
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En Orient, il y a Antoine, Pacôme, Basile… Et en Occident, s’il fallait nommer un seul grand maître de la vie monastique, ce serait sans conteste le grand Benoît de Nursie ! Au VIe siècle, il a simplement pris au sérieux sa vocation de baptisé : il est devenu le guide de tant de disciples, malgré lui. Les moniales et les moines, après lui, nous ont montré que travailler, transformer le monde, c’est contribuer à la Création divine.
Peu de personnes habitées par le désir de vie religieuse, de solitude, de vie très simple et de prière intérieure auront autant façonné la société que Saint Benoît. Ce n’était pourtant pas son intention !
Pour changer le monde, l’évangéliser, c’est-à-dire lui faire connaître le message du Christ et le transformer en conséquence, il n’est pas nécessaire de mener de grandes expéditions ou d’inventer de nouvelles techniques. Non ! Changer le monde, c’est renouveler son propre cœur. Tel était le propos de Benoît et de sa règle. Écouter le Christ, le suivre et revenir à Dieu.
Frère Benoît-Marie Florant, d’après Matthieu 19, 27-29
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Sainte Thérèse de Lisieux aurait voulu être missionnaire dans des terres lointaines ! À lire les avertissements de Jésus, on se dit qu’elle a fait le bon choix en demeurant plutôt cloîtrée dans un Carmel, car la mission de l’évangélisateur est décrite en des termes qui ne font guère rêver.
Il faut d’abord sélectionner ceux qui sont dignes d’entendre l’Évangile, et ne pas aller vers les autres. Il faut être prêt à secouer la poussière de ses pieds, antique geste de dédain. Il faut accepter l’échec de l’évangélisation. Il faut enfin ressembler au serpent, animal peu sympathique, réputé surtout pour sa ruse.
Ce n’est pas ce qu’on attend spontanément de quelqu’un qui porte la Parole de Dieu. Ces recommandations paraissent humaines, trop humaines. Mais justement, elles sont humaines, parce que l’annonce de l’Évangile passe par des hommes. Le Seigneur a choisi que sa parole se diffuse dans le monde grâce à des missionnaires qui ne sont ni des dieux ni des anges, mais des êtres humains. Même quand il se révèle à Paul sur la route de Damas, Jésus ne lui dit pas grand-chose : il préfère qu’un homme, Ananie, – pourtant peu enthousiaste – s’en charge.
La révélation ne se fait pas par des voix venues du ciel, mais par nos témoignages d’hommes et de femmes, avec nos qualités et nos maladresses, nos réussites et nos échecs, notre candeur innocente ou notre stratégie rusée. En nous chargeant de cette tâche, Dieu n’a pas choisi le moyen le plus efficace pour répandre l’Évangile, mais il a choisi celui qui honore les hommes et femmes qu’il a créés en leur accordant toute sa confiance.
Frère Cyrille-Marie Richard, d’après Matthieu 10, 7-15
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Père céleste, la foi que tu nous as donnée
En ton Fils Jésus Christ, notre frère et la flamme de la charité
répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint
réveillent en nous la bienheureuse espérance
de l’avènement de ton Royaume.
Que ta grâce nous transforme en cultivateurs des semences de l’Évangile
qui féconderont l’humanité et le monde, dans l’attente confiante
des cieux nouveaux et de la terre nouvelle,
lorsque les puissances du mal seront vaincues
ta gloire sera manifestée pour toujours.
Que la grâce du Jubilé ravive en nous, Pèlerins de l’espérance,
l’aspiration aux biens célestes et répande sur le monde entier
la joie et la paix de notre Rédempteur.
À toi, Dieu béni dans l’éternité
la louange et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen.
Pape François