Le travail dont je veux vous parler est le travail assis.
Pas juste, assis ou assise. Le travail qui oblige à rester assis(e) pendant de longues périodes. Par sa nature même mais surtout parce que le contrôle « social » ne permet pas de se lever.
Ça commence à l’école. L’enfant studieux, soumis et obéissant, qui même quand il ne doit pas écrire est prié de rester assis sagement.
Peu importe le contenu, le travail assis envahit le monde du travail, celui de l’entre-deux, la classe moyenne des jobs, ni ouvrier/ouvrière, ni manager. La zone-tampon des jobs à mériter et à garder car il y va de sa propre survie.
Alors oui, je vais parler du travail assis, semi-soumis, douloureux pour le dos, qui fait gonfler au fil de la journée, qui raidit et bétonne la nuque, tasse et avachit le dos. Là où ergonomie rime avec hypocrisie. Bien sûr qu’une bonne chaise améliore un peu les choses mais c’est une mini-béquille pour cul-de-jatte.
A propos de jatte, il y a quand même les pauses café, qui à défaut de soulager vraiment les lombaires, permettent une moisson de bruits de couloirs qui traînent dans l’air.
10 minutes d’écriture – thème imposé
Claire
Cher Monsieur je-sais-tout-à-propos-de-la-conciliation-vie-pro-vie-privée-qui-n’en-fout-pas- une-à-la-maison-et-qui-la-ramène-au-taffe,
Vous êtes viré, V.I.R.E. Effet immédiat, on arrête les dégâts !
Cela fait des années qu’à coup de PowerPoint vous nous assénez de bons conseils, de recettes venues soi-disant d’articles scientifiques, sérieux, écrits en général par des mecs. « Alors une bonne journée de travail commence par un bon petit déjeuner gras » dixit le Professeur Keto.
Faire des pauses régulières dans la journée, utiliser la méthode italienne Pomodoro : 25 min de travail puis 5 min de pause en mouvement, idéalement quelques étirements (j’préférerais manger une pizza pomodoro perso !)
Et à midi repas équilibré, ½ légumes, ¼ glucides, ¼ protéines. Protéines végétales de préférence pour pas boucher vos artères…
Et puis surtout pas de sandwich à midi devant l’écran… très mauvais.. pas bien… même si vous avez 3 réunions l’après-midi et que vous devez les préparer…. Organisez-vous à l’avance c’est la clé !!!
Et on ne parle pas boulot à midi !
En sortant du travail, partez à l’heure, faire une petite to-do list pour préparer le lendemain et prenez de grandes et longues inspirations... Aménagez-vous un sas de décompression et puis apprenez à mettre vos limites à un chef trop exigeant, des collègues envahissants. Répétez après moi ‘NON’. Pratiquer la CNV (Communication Non Violente) en toutes circonstances, pour énoncer vos besoins. Vous êtes adulte et responsable je vous rappelle. Une petite formation en assertivité ? vous en avez sûrement besoin….
Donc je disais ... petit sas de décompression en sortant du travail : musique, cohérence cardiaque 5 minutes.
Evitez d’amener du travail à la maison ... pas bien.
Et avec vos enfants vivez l’instant présent. Ancré, les pieds dans les pieds.
Rappelez-vous que la qualité prime sur la quantité
Un peu de sport aussi évidemment : 10.000 pas par jour selon l’OMS. Et puis une vie sociale est primordiale… attention tout de même à l’alcool, pas plus de 5 unités par semaine…
Pour toutes ses recettes toutes faites, non personnalisées qui font porter l’entière responsabilité sur l’individu comme si nous étions des êtres isolés de tout système, une particule élémentaire seule qui s’auto-alimenterait, s’auto-suffirait…. Vous êtes viré !
Vous considérez à tort que tout vient de soi, qu’on doit sans cesse se remettre en cause…. Travailler sur soi…. Oui nous avons tous une part de responsabilité mais en prenant en compte notre contexte, notre société patriarcale, l’absurdité du travail avec ce que l’on appelle les bullshit jobs (jobs de merde), l’influence du capitalisme. La tâche est complexe certes mais vaut la peine alors pour toutes ces raisons, vous êtes viré et votre indemnité de rupture consiste à rejoindre le mouvement de la politisation du bien-être pour comprendre les enjeux de la conciliation vie privée vie pro pendant 1 an et vous êtes invité à revenir nous partager votre nouvel état d’esprit.
Bien à vous,
Samia Mohammedi
20 minutes d'écriture - lettre de licenciement
Le travail dont je veux vous parler est un travail que j'évoque encore régulièrement en disant que c'est mon travail de cœur. Un travail dans lequel ma tête, mon corps et mon cœur étaient alignés. Pleinement. J'ai découvert un monde, j'ai rencontré des personnes d'horizons divers, je me suis reliée à des sujets qui me tenaient à cœur...
Et puis peut-être qu'en ouvrant mon cœur, j'ai un peu trop sollicité mes émotions... Alors elles se sont accumulées. D'abord un petit tas, ou comme un petit ruisseau qui me traversait, puis le tas s'est agrandi, le ruisseau est devenu une grosse rivière et je ne m'en suis pas rendu compte.
Un jour, j'ai ouvert la porte, et - je ne sais pas ce qui s'est passé-, un jour, ça a été l'inondation. Trop d'eau dans mon cœur. J'ai pleuré.
Laetitia
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Si je travaillais dans la médecine du travail, je me spécialiserais dans la FATIGUE. Telle une chroniqueuse à succès, j’irai interroger cette star du burn-out, cette invitée indélogeable de toutes les consultations en médecine du travail.
Je fatigue,
Tu me fatigues collègue,
Mon chef me fatigue,
Nous fatiguons en tant qu’équipe,
Vous me fatiguez avec vos objectifs,
Ils fatiguent, Elles fatiguent dans ce contexte,
Fatiguer, ça se conjugue avec toutes et tous,
Fatiguer ça prend pleins de formes : des maux de tête qui torpillent le cerveau, des yeux lourds comme les machines de la fonderie qui refusent de s’ouvrir au petit matin, des bruits étranges de le microbiote, des épaules tendues au garde à vous, une attention déconcentrée etc etc etc etc Un Etc sans fin.
La fatigue est multiforme et multi-combinaison et multi-dimensionnelle.
Ça ne se résume pas à une ligne, ça se vit, se ressent, s’apprivoise, se dessine pour en voir les contours, ça s’écoute, ça se prend au sérieux surtout….
Samia Mohammedi
10 minutes d’écriture – 5 mots imposés tirés au sort
Aie, le boulot et la santé. Le sujet est difficile. Comment protéger son boulot de sa santé, comment protéger sa santé du boulot. Eho, la santé c’est notre capital le plus précieux, tout le monde est d’accord, blabla. Le boulot doit donc rester à sa place, et toc ! pourtant ma génération a été élevée dans le respect du travail, masculin d’abord ! Nous sommes nombreux à avoir eu une mère au foyer, pourtant je n’ai jamais ambitionné de reproduire le schéma : ouin, ouin, plof, miam ou pas il y a d’autres horizons à explorer.
Maryvonne
10 minutes d’écriture – onomatopées
Le travail dont je veux vous parler c’est celui que j’ai quitté il y a 6 mois. Bon anniversaire Samia, Santé !
Je travaillais dans une grosse boîte, comme on dit, dans une très grosse boîte.
Je m’ennuyais profondément, assurément, indiscutablement, évidemment. Comment vibrer face à des tâches sans aucun intérêt, qui n’ont pas de sens pour soi, qui n’ont de sens que pour alimenter une grosse machinerie obsédée par les chiffres et la conquête.
Sur mon épitaphe, on pourrait écrire ‘Samia, morte d’ennui. Remplisseuse professionnelle de powerpoint et d’excel. Assistante professionnelle de logiciels. Doctorante +, +, en faire et refaire toujours les mêmes choses, les mêmes projets.
Je me suis perdue dans le puits de l’ennui. J’ai plongée dans les havres du rien, pas celui qui est ressourçant ou le terreau fertile de la créativité…. Non, non… l’ennui qui vous suce de l’intérieur petit à petit, qui assombrit le cœur, qui dessèche les sourires, qui pleure en silence de l’intérieur. L’ennui qui vous paralyse, vous fige à tel point que vous ne vous reconnaissez plus, que JE ne me reconnaissais plus. Mon corps ne vibrait plus, une vraie petite mort intérieure…
Comme le corps a toujours raison, j’ai refusé cette mort prématurée et j’ai quitté ce travail.
SANTE !
Samia Mohammedi
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
Le travail dont je veux vous parler n’est pas un travail, c’est même l’absence de travail. C’est sa recherche, les refus ou encore les silences, c’est d’être ignoré et non considéré.
C’est un état de doute, « d’où vient le problème ? Est-ce moi ou le monde ? ». C’est une rage sans fin, c’est vouloir tout casser, tout brûler, faire table rase.
David Paul
10 minutes d'écriture - début du texte imposé
L’essayalgie n’est pas une maladie neuve. C’est le mot, le concept, qui est neuf. Parce que les travailleurs tout comme les managers, dirigeants, entrepreneurs, patrons se plaignent d’un tas de choses assez consonantes.
Tous ont mal, peu ou prou, dans le travail.
Chez les uns, harcèlement, horaires idiots, burn out, bore out, chef casse-pieds, collègues indifférents ou sournois, invisibilité, injustice, déclenchent des maux dans tout le corps et dans l’esprit. Les muscles se serrent, le squelette frétille, la vue se brouille, les fesses sont au carré, le teint vire, la langue est sèche, l’estomac réclame du sucre et du café.
Chez les autres, ce sont les subalternes qui sont pénibles, les équipes mal fichues, les égos qui tentent de prendre le dessus, les salaires qui sont trop bas, les avantages insuffisants, les promotions injustement attribuées. Personne n’est content. Les gros salaires ou les voitures de société n’y font rien.
Alors, les docteurs se sont penchés sur tous ces maux et les ont cartographiés. Après 36 powerpoint et quelques centaines d’heures de réunion, en présentiel, en distanciel, … ce fut le septième ciel. On pouvait enfin dégager les racines des maux. Victoire, Eureka, Alleluia!
Tous ces maux pouvaient se résumer en un mot : l’essayalgie. Entendez : j’ai mal à force d’essayer.
J’essaye d’être un bon travailleur mais mon patron ne le voit pas.
J’essaye d’être un bon patron mais mes travailleurs sont tout le temps mécontents.
J’essaye de performer plus pour avoir une promotion mais c’est ma salope de collègue qui l’a eue.
J’essaye de proposer une belle assurance pension mais mes employés veulent aussi un bureau individuel.
J’essaye, j’essaye, j’essaye.
Y a rien qui marche.
Je souffre, je souffre, je souffre.
Bien ! Mais où avez-vous mal ? Partout !
Et à la maison ce n’est pas mieux, mon/ma partenaire me tape sur les nerfs et les enfants se fichent de moi.
Souffrance 360° - 24/7 - 100%.
Bon d’accord, on a compris. Tout le monde essaye, encore et encore, jusqu’à en souffrir.
Mais avons-nous des remèdes à cette essayalgie académique, endémique, pandémique…
Depuis le temps qu’on essaye ?! Incurable donc ?
Commençons par reconnaître que le travail n’est pas la santé. Ce mot trouve son étymologie dans le latin trepallum qui signifie instrument de torture. Et le Petit Robert de confirmer (acception n°1) : « Etat d’une personne qui souffre ». C’est dit, là est le mal. Cessons d’y croire.
Mais les remèdes et les traitements ? C’est une autre paire de manches. Il y a encore beaucoup de travail à faire car on a déjà tout essayé !
Claire
30 minutes d’écriture – maladie professionnelle inédite
Le trav-aïe qui fait ouille, quand la s-HAN-té s’en mêêêê-le, il y a vréééé-ment de crôa devenir chêvre… Que de criiiiii-Tic-Tac à faire, erf, il est déjà l’heure. Flip Flap Flop, mes sem-héle-s couinent jusqu’AH la porte d’entr-Hé.
BANG je claque la p-OH-rte et je rentre chez mo-aaaah-i.
David Paul
10 minutes d'écriture - onomatopées
Le travail c'est la santé ! Enfin...
La mauvaise santé ! La santé qui se dégrade, qui fait mal, parfois on tousse, aïe mon genoux, la mutuelle, puis celle dont on ne parle pas, la santé mentale, et tous les maux invisibles et honteux.
Quels sont-ils ? Ils sont nombreux, tapis dans l'ombre de nos angoisses. parfois, ils nous terrassent, arrivant à nous faire douter même de la légitimité de notre existence... Elle avait dit ces mots : "je n'étais qu'un bébé-pulsion, pour que maman se prouve qu'elle était capable d'être mère, elle aussi."
Elle a toujours hésité quand il s'agit de maternité. Qui veut vraiment mettre au monde un être qui n'a rien demandé. Quel égoïsme au fond, de voir avoir quelqu'un pour s'occuper de nous quand on sera vieux.
Plus on grandit, plus on devient indépendant mais en vieillissant c'est l'inverse. Mon grand-père a perdu en mobilité, puis il a perdu la tête et jusqu'à sa langue. Il a perdu la vie la semaine dernière.
Cadavre exquis - Adela, Dounia, Marie et Tanja
Je m’appelle Joachim-Emmanuel B*******, c’est long et pompeux donc je préfère que l’on m’appelle Joachim ou Jomanu (une contraction des deux). L’habit ne fait pas le moine et mon prénom ne représente pas d’où je viens. Pas de grand château, pas de compte en Suisse, Juste une maman qui voulait qu’on sache écrire vite et qu’on se détache des autres.
Et je suis ici parce que une vie de labeur ça me parle. Au plus le temps passe et au plus mon travail prend de la place. Il s’immisce dans ma vie perso et ne fait souvent plus qu’un avec elle. Je parle beaucoup de travail mais je n’écris jamais dessus. Je voulais aussi participer à un atelier d’écriture. Écrire, ça me calme, ça m’apparaisse. Remplir des pages blanches a toujours eu un pouvoir magnétique sur moi mais c’est un temps que je ne prends pas assez donc pourquoi pas venir 6 petites heures parler encore de ce que je connais bien mais différemment ? Prendre le temps de poser des mots et de me poser moi.
Jomanu
Début de texte imposé – 10 minutes
Le travail dont je veux vous parler... C’est celui qu’on oublie, qu’on pense qui se fait seul, sans bras, sans tête ou pire celui que l’on pense faisable par tous·tes, c’est celui du Care, le mien mais aussi celui de millions d’autres personnes chez eux/elles ou dans un hôpital, une école, un bureau, une crèche, … Celui de travailler pour accompagner la société vers un mieux commun, celui d’un parent qui fait la vaisselle, celui d’un·e infirmier·e qui prend littéralement soins, celui d’un·e enseignant↓0e qui fait découvrir le monde. Celui que je fais chaque jour pour selon moi « faciliter la vie des gens à un moment T. » Ce travail c’est aussi celui que l’on méprise à grands coups de coupes budgétaires et de dénigrements, un travail normal, un travail passion. Pourquoi le prendre en compte ? S’occuper des autres, ça ne rapporte rien.
S’occuper des autres vide les caisses et coute trop cher.
Qui en sera ? En tout cas, de moins en moins.
Qui en voudrait ?
Le care est précaire mais c’est un discours encore inaudible.
11.000 dans la rue et aucun changement. Le care ne vend pas évidemment.
Jomanu
Début de texte imposé – 10 minutes
Médicament contre le harcèlement moral :
L’Empathiax 500 :
L’Empathiax 500 est un médicament a prendre dés le plus jeune âge chez l’enfant, l’adolescent, l’adulte et la personne âgée. L’Empathiax 500 ne comprend pas de contre indication et peut se prendre le matin, le soir et durant ou hors des repas.
L’Empathiax 500 permet de lutter de façon significatif à 87% (étude réalisée sur un échantillon représentatif entre l’année 1 de l’étude et maintenant par le service d’étude de chez Empathiax.) les symptômes suivants :
- Incompréhension d’autrui
- Préjugés
- Discours et psychologie de coin de comptoir.
- Froideur social
- Rejet
- Volonté de nuire.
Dans le meilleur des cas, l’Empathiax 500 peut permettre des résultats tout à fait notables contre :
- Le racisme
- Le fascisme
- Le harcèlement moral
- L’homophobie
- La connerie.
Dans le cas, le plus sévères, repris ci-dessus, l’Empathiax 500 peut-être administré plusieurs fois par jour accompagnée d’ouverture d’esprits et de silence dans un premier temps. Attention, l’empathiax 500 peut présenter les effets secondaires « indésirables » suivants :
- Ouverture d’esprit
- Ecroute active
- Compréhension.
Attention, à trop forte dose, l’Empathiax 500 peut conduire à un oubli de soi, à une possible hypersensibilité et au syndrome du super-héro ; Consulter votre corps médical en cas d’apparitions de ces symptômes. Médicaments disponible librement au coin de la rue, sans prescription. Ne présente malheureusement aucun risque d’accoutumances.
En cas de réussite du traitement, prenez contact avec votre famille ou vos voisins ;
En cas d’échec, voir début de la posologie.
Inventer un médicament à partir d’un mot tiré au hasard – 30 minutes
Jomanu
Et puis, un jour, j’ai pris le large. Le large de moi-même, de mes propres carcans, de mes propres poids, de nombreuses injonctions qui me pesaient. Et j’ai osé, Ö oui, j’ai osé, j’ai pris le large. Je me suis laissé en arrière pour aller de l’avant.
Je suis parti d’un pas léger vers le plus grand des inconnus, moi.
Ce lui, cet être qui si proche et pourtant si loin, ne demandait qu’à être découvert.
J’ai pris le large de moi, comme on avance dans le vide, sans sécurité, sans sureté.
Parfois avec regret, tantôt avec hâte, souvent avec découragement.
Aller vers soi est épuisant, demandeur, héritant et pourtant … Pourtant c’et souvent l plus juste.
J’ai pris le large pour éviter les maladies de qui les mâles m’ont dit.
J’ai pris le large de moi pour ne pas me larguer.
J’ai pris le large de moi avec rage mais sagesse.
Jomanu
Textes avec 5 mots imposés, tirés au hasard – 10 minutes
Ielle avait tout fait comme il fallait.
Ielle avait subi les guerres, les combats, les déplacements forcés, les heures sans internet, sans électricité, sans eau, sans nouvelles de ses proches.
D’abord ielle avait été jusqu’au village d’à côté, puis la ville, puis la province puis la frontière et là, ielle avait du faire un choix…
Aller plus loin ou rester et subir ?
Ielle n’avait pas vraiment eu le choix et commença alors alors le voyage, les heures de marche, les billets à donner aux passeurs, les longues heures de trajets dans des camions remplis de peur, d’inconnu·es et de solitude.
Les violences d’autres autorités souvent, les viols parfois, les nouvelles à donner à la famille, les doutes …
Faire semblant que tout va bien.
Ielle était passé par des lieux inconnus : Iran, Turquie, Grèce, Bulgarie, Hongrie, Autriche, Allemagne. Ielle ne connaissait pas plus ces pays que quand ielle les avaient traversés mais elle allait devoir s’en souvenir.
Les longues heures de voyage dans des voitures, des camions, dans la chaleur, dans le froid.
Ielle avait entendus des instructions dans bien des langues. Ielle s’étaient fait des adelphes de voyage. Ielle n’aurait pas du.
Ielle était rentrée par la petite porte d’un petit pays plat.
On l’avait aperçu longeant les routes de la frontière avec le regard vide.
On lui avait d’aller vers la ville du petit garçon qui pisse. Qu’allait-il bien pouvoir lui dire ?
Ielle avait tout fait comme on lui avait dit.
Ielle avait pris le train pour aller dans cette capitale, une parmi tant d’autres. Ielle était descendu à gare du midi et avait fait comme tout le monde.
Ielle avait marché jusqu’au numéro 68, on lui avait dit de se rende dans la fille des mineur·es, ielle ne s’était jamais senti aussi adulte.
On lui avait posé des questions bizarres dans sa langue, ielle ne l’avait pas parlé depuis des mois.
On l’avait conduit dans un centre avec les autres, une chambre trop petite pour 8.
Bordet fut le premier mot qu’ielle appris dans cette langue que les gens autour de lui parlaient.
On l’emmena vers un hôpital et lui ont pris des mesures. Un papier arrive. Ielle appris qu’elle avait 15 ans alors qu’ielle était sûr·e d’en avoir 14.
Ielle avait tout fait comme on lui avait dit. Ielle alla dans un autre centre et un autre et encore un autre.
Ielle alla dans une école pour apprendre à parler comme les adultes autour de lui.
Ielle appris à dire « Oui Madame, Non Madame » à celle qui disait le représenter et qui le/la voyait une fois par mois.
Ielle appris à oublier petit à petit d’où ielle venait pour être comme les autres.
Ielle appris que ce qu’ielle avait appris là-bas et en chemin valait moins bien que ce qu’ielle apprendrait ici.
Ielle ne pouvait pas décider si coudre ou réparer des voitures l’intéressait plus que le passé composé.
Ielle appris que ce papier orange reis par la commune valait plus que son passeport qui lui avait couté si cher.
Ielle avait fait comme on lui avait dit.
Ielle avait repris le train vers la gare du midi.
Ielle avait dit bonjour à la personne qui parlait sa langue et à l’autre qui parlait à travers elle.
Ielle avait répondu à toutes les questions plusieurs fois. Ielle avait du expliquer comment son père était mort, pourquoi sa sœur avait été marié jeune et pas lui/elle, où on l’avait frappé, touché, brulé. Pourquoi ielle voulait rester ici.
Ielle avait dit merci et bonne journée.
Ielle avait serré les poings et mordu sa joue.
Ielle avait fait comme si parler de soi à des inconnu·es était normal.
Ielle avait souri quand ielle avait reçu l’accord de l’endroit des interviews pur rester ici.
Ielle avait souri pour la photo de la carte de séjour.
Ielle avait encore changé de centre, d’école de visages.
Ielle avait tout fait comme on lui avait dit.
Carte, CPAS, carte de banque, cpas, commune, GSM, école, CPAS. Ielle avait été partout et quand ielle pensait que c’était fini …
Le bal recommença, ielle appris à danser plus vite, à courir plus vte, à s’intégrer plus vite, à avoir l’air d’ici, à rejeter là-bas.
Ielle avait fait le nécessaire, avait repris contact avec sa famille.
Ielle avait vu d’autres adultes, ielle avait justifié à l’école pourquoi ielle n’avait pas été en cours alors qu’on lui avait demandé d’aller ailleurs.
Ielle avait écouté comment faire vnir sa famille.
Ielle avait tenté de comprendre quels étaient ces documents dont ielle n’avait jamais entendu parler.
Ielle avait du les expliquer à sa famille et ielle avait du leur dire que eux aussi allait devoir changer plusieurs fois de pays pour tenter de se rejoindre.
Ielle avait du envoyer de l’argent, beaucoup d’argent pour des documents, étranges, des traductions erronées, des légalisations corrompues, des rendez-vous médicaux plaqués or.
Ielle avait du aider, jongler, traduire, payer, suivre.
Ielle du assurer et puis plus rien … 9 mois d’attente.
Et la danse repris plus vite, encore, des documents plus, des papiers absurdes, de l’argent, des déplacements impossibles, des angoisses.
Un test de sang, une course, … Pas la même famille ? Mais surement dopé·e.
4 mois, 5 mois.
Un résultat positif, ielle l’avait déjà dit, on choisit ses amis pas sa famille. Si on ne croit pas les papiers … Pourquoi, on les demande ?
Et la danse reprend, encor plus vite, ielle est devenu·e virtuose : Maison, argent, billet d’avion, passeports, visas, argent, meubles, argent.
Ielle était devenu voyageur·se, survivant·e, couturier·e, mécanicien·ne, polyglotte, athlète, enfant, adulte, apprenant·e, traducteur·rice, responsable, perdu·e, indésirable, dangereux·se, volontaire, docile, intégré·e, d’ailleurs, allocataires, poli·e, chef·fe de famille, solitaire, résiliant·e.
Ielle avait tout fait comme on lui avait dit.
Et cela avait été tellement difficile.
Chute imposée – 50 minutes
Jomanu
TROP de grisailles, de nuages au delà de mes fenêtres
MALADEs ce monde, ces idées qui impactent mon être
POUR oublier ces temps difficiles et moroses
TRAVAILLER un peu, sortir et trop vieller surement et enfin prendre une pause.
Jomanu
Acrostiche – 20 minutes
Cela fait maintenant 3 soirs et je voulais vous dire ... Que mettre du bleu sur du blanc pour parler avec vous des cols blancs, des cols bleus dans un endroit méconnu pour parler de ce que je fais des heures durant dans un endroit où je fonctionne à flux tendu, était une belle parenthèse, une belle réflexion pour prendre de la distance et mettre en suspension ce rythme que certains qualifierait de fous, qui le rend parfois mais qui faut aussi tenir debout.
Jomanu
Début de texte imposé – 10 minutes
Parfois, ça ne me fait rien mais je sais que je faire attention à ce que ça ne me fasse pas plus rien.
Parfois ça me donne envie de sortir de mon lit pour en faire plus, pour en faire trop pour aller manifester, pour aller plus loin.
Parfois, ça me fait pleurer, de rage, de honte, de fatigue, d’incompréhension.
Parfois, ça me détache de moi, ça me transforme en machine capable d’abattre des montagnes.
Parfois ça me rattache, ça me rend plus humain que d’autres, ça me créer des connexions inattendues et ça m’apporte des camarades de lutte.
Parfois ça m’ouvre des portes et ça me permet de vivre plusieurs vies.
Parfois ça m’en ferme mais quand je vous les portes closes … Est-ce vraiment grave ?
Parfois ça fait fondre mon cerveau à force de surchauffe.
Parfois, c’est le cœur et ça permet d’oublier les efforts.
Souvent ça me rend polyglotte et puis parfois ça me laisse sans mots ;
Parfois ça impose une distance que l’on faire tomber et puis parfois il y a une distance qu’on ne passera jamais.
Parfois ça fait passer les années plus vite que les heures.
Parfois ça me donne envie de tout lâcher et puis parfois de ne justement, rien lâcher.
Parfois j’en rie, parfois j’en pleure mais
Souvent j’en parle.
Jomanu
Les symptomes du travail - 10 minutes
Le mortuarisme est une maladie basique et commune qui se propage volontairement ou non chez le vivant.
Le mortuarisme peut surgir de façon inopinée ou être prédit avec plus ou moins de précision e longue date.
Le mortuarisme peut toucher des individus isolés ou en groupe.
Le mortuarisme peut apparaitre suite à une auto affection, une affection par contact avec des objets, des matières ou encore de façon plus sournoise sans contact aucun.
Le mortuarisme a cette particularité que c’est une maladie avec ET sans symptômes ;
Le plus souvent le mortuarisme fait mal, si ce n’st à soi même, aux proches des personnes affectées.
Le mortuarisme peut être une maladie de courte, moyenne ou longue durée. Elle peut également être d’ambiance, dans ce cas, elle est multi-symptomatique et est redoutable.
Le mortuarisme a de nombreux impacts sur le vivant également non atteint :
- Idées noires
- Sentiment de fatalité
- Volonté de course contre le temps
- Epicurisme
- Apathie
- Range de vivre
Le mortuarisme n’a aucun remède connu pour le moment et ce malgré de nombreuses recherches scientifiques ou philosophale.
Le mortuarisme peut-être ai mieux postposé ou dans certains cas momentanément éviter.
Le mortuarisme est pour le moment endémique de la planète terre mais tout laisse à croire que la malade s’adapte rapidement à d’autres lieux.
Le mortuarisme peut s’aggraver pour mieux disparaitre, il reste imprévisible.
Le mortuarisme n’a pas d’autres finalités qu’elle-même. Elle est en quelques sortes la maladie des maladies.
Le mortuarisme à ce de particulier qu’au plus le vivant y est confronté, au plus il s’y habitue.
Un autre effet secondaires inattendues du mortuarisme est qu’elle inspire aussi bien artistes que chef·fes d’Etat. ?
Le mortuarisme est une maladie dangereuse de par son pluralisme de forme ou non.
Le mortuarisme reste en définitive d’une extraordinaire banalité.
Jomanu
Invention d'une maladie à base d'un mot tiré au hasard - 30 minutes
J’ai mal au travail
Et ça fait un bail
Qui me l’aurait dit ?
Pas mon jeune moi, pardi.
Dos et échine courbés
Mon destin est scellé.
Prometteuse acti
Si vite évanouie.
Très souvent vendue
Tous·tes y ont cure.
Doctrine moderne
Idée fort terne.
Jomanu
Ecrire un poème avec un début imposé - 10 minutes
Le travail me rend malade quand...
Il perd de son sens … Après « travail » vient du latin torture, ne l’a-t-il donc pas déjà complètement perdu ?
Il me rend malade quand il en n’en rend d’autres aussi et ce souvent au simple besoin de survie.
Il était une habilité, une compétence, un savoir-faire, une passion, il est devenu un besoin, une nécessité, un mal, une maladie.
Il est une valeur aveugle qui impose ses lois, ses codes, ses horaires et l’oubli de soi.
Il nous rend objet de lui et il n’est plus qu’un sujet secondaire afin d’avoir un complément nécessaire à notre survie au présent.
Il est censé être notre futur mais son imposition sans réflexion à venir, ne laisse que peu d’espoirs.
Il est devenu notre temps, notre société tant malade, note trop vaille que vaille.
Jomanu
Début de texte imposé - 10 minutes
Bip bip, le réveil
Pfiou, adieu les rêves.
Paf, bienvenue dans ta réalité
Allez zou ! Fainéant, part donc travailler.
Vroum dans ton auto à crédit.
Cashing ! La banque te dit merci !
Pouet, ça n’avance pas.
Argh, tu es en retard déjà.
Tap tap sur le clavier.
Drin dring, 16h00 et à peine achever.
Snif snif, pauvre travailleur.
Euh … Il est déjà 20h00 ?!
Zou, tout le monde dehors !
Hop hop hop, tu n’as pas fini ?
Youpi ! Demain c’est reparti.
Plof, tu es tombé dedans.
Aîe ! C’est le rythme du travail.
Jomanu
Onomatopées – 10 minutes