Atelier d'été 2022

Début d'été 2022. Il fait bon. Le soleil est de la partie. Sept personnes vont passer 3 jours ensemble, à se raconter leur travail, et le travail, au passé, au présent et au futur...

Mon collègue est un drôle de bonhomme : taciturne mais généreux, pessimiste mais plein de bon sens, pas très beau mais pourtant agréable à regarder... Mes autres collègues ne l'aiment pas beaucoup, ne sachant jamais sur quel pied danser avec lui. Moi, je l'aime bien.

Parce que bosser, c'est danser un peu.

Le DG dans le rôle du DJ

Impose le style et le tempo

Le reste de la structure

se déhanche à un rythme endiablé.

Le son s'empare de tout son être et le temps s'arrête comme suspendu. Il a toujours voulu être là où il est à cet instant, apogée du travail qu'il a fourni pour en arriver là.

Il ne fallait pas se laisser abattre, après l'effort le réconfort, même quand on ne sait pas de quoi demain est fait, on s'accroche, on ne lâche rien, c'était la devise entre tous.

Texte collectif rédigé sur le principe du cadavre exquis

Je m'appelle Claire. Je l'ai échappé belle. Je suis né le 25 décembre et mon prénom aurait pu être Noëlle.

Cela signifie que quand ma mère est entrée en "salle de travail", on célébrait la naissance d'un sauveur.

Cela me colle à la peau.

Non seulement, mon anniversaire n'est jamais tout à fait le mien.

Mais le fil rouge de ma vie professionnelle est/a été la lutte contre la pauvreté, l'injustice. La défense de la veuve et de l'orphelin.

Jusqu'à l'été dernier où j'ai participé - avec les forces belges - à l'évacuation de Kaboul.

Aujourd'hui, je ramasse les morceaux. Le poids de la croix m'a fracassée.

Je regarde en arrière et me dis "J'aurais voulu être une artiiiiste"..

J'aurais pu/dû "faire La Cambre" comme mon père et mes frères.

Besoin de me singulariser? J’ai étudié sciences pô.. pour devenir SG des Nations Unies et régler les problèmes du monde.

Si j'écrivais une histoire, je l'intitulerais "Moi, Jésus-Christine" ou "Ce que je ne croiX plus" avec un X. Perte de pas mal d'illusions sur ma capacité d'améliorer ce monde..

Claire

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Un lieu en dehors du monde, le calme, la sérénité, un endroit où le travail devient plaisir, plaisir d’y venir chaque matin, de savourer la beauté du lieu, de sentir son histoire, des histoires qui s’y sont déroulées…tout ça voué à la casse parce qu’il faut du neuf, du flambant neuf, répondre aux caprices d’un de ces décideurs, enfin d’un digne représentant dignement élu par tous ces citoyens, hommes, femmes, jeunes, vieux, travailleurs, étudiants, employeurs, dont l’employeur de Pauline. Quitter ce lieu ? Devoir réinvestir un lieu cassé, transformé, reconstruit, uniforme, fruit de l’imagination d’un architecte en mal de projets et d’un promoteur en mal de nouveaux chantiers à durée de vie limitée. La finalité de l’exercice ? A part créer de l’activité et de l’enrichissement pour certains et une trace moche à laisser pour d’autres. Et ceux qui s’y rendent chaque jour, dont une grosse partie de la vie s’y déroule ? L’employeur de Pauline s’est tellement investi dans ce lieu, c’est devenu chez lui. Il a passé des jours, des nuits à mobiliser des amis, certains de ses employés, leurs familles parfois pour sauver cet endroit une première fois…la bataille reprend dure et féroce, experts contre experts, politiciens contre avocats, avocats contre assureurs. Et ses employés qui le soutiennent pour éviter la destruction, qui manifestent, témoignent, mobilisent, rassemblent, s’épuisent. Et ce matin, pleurs dans ses yeux fatigués, cernés… doutes… puis sourires, rires… A ce moment Pauline se rendit compte que son employeur avait gagné.

Jeannick

30 minutes d'écriture - fin du texte imposée

Le travail dont je veux vous parler est celui que j'entame - à un âge bien trop avancé - d'apprendre à mieux me connaître. Quand je croise des jeunes adultes/grands ados qui s'interrogent sur ce le type d'études qu'ils vont démarrer, sur leur future vie professionnelle, je les rassure. Je dis "Tu sais, du haut de mes 55 ans, je ne sais toujours pas ce que je veux faire de ma vie".

Je cherche aujourd'hui à sortir du formatage par autrui.

Je voudrais cesser de me nourrir de la misère du monde. Misère du monde qui me nourrit, ceci dit, dixit Layla.

Aller vers plus de légèreté, d'humour, de joie.

J'aime beaucoup cette phrase de Coluche : "Ils me font marrer les gens qui veulent changer le monde. C'est pas le monde qu'il faut changer, c'est les gens".

Claire

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Ma mère travaillait, genre bête de somme, usine, gestes répétitifs, inintéressant, sans avenir…. Puis le chômage, paf, la tuile, les charges, les vacances, l’avenir ?

Formations ? Va pour des formations, sympa l’ANPE ! Pas mal d’apprendre, de réaliser qu’on peut apprendre de nouvelles choses, que la tête retient et restitue tout ça… à cet âge ! Fière d’elle ma mère, et tellement boostée et motivée qu’elle décroche un super emploi, motivant, des contacts, ah les contacts, les discussions, les heures qui passent…et mon père qui travaillait et vivait sans comprendre qui était cette nouvelle épouse si épanouie.

Jeannick

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Ma collègue est quelqu'un de trop chouette. J'aime la retrouver chaque matin, papoter, raconter nos histoires et on s'y met. On travaille bien ensemble, entente parfaite, belle complicité !

Que nous avions ma sœur et moi

Durant notre enfance

Nous creusions des trous pour préparer

des gâteaux de sable :

Nous les offrions à nos parents et à nos voisins.

C'était toujours fort apprécié

Un florilège de couleurs et de saveurs

Fruits de longues heures de préparation

Tout en gaieté et en musique

qui attisaient notre gourmandise

Nous ne nous lassions pas de la regarder prendre la pâte avec la louche et la répandre sur la plaque du gaufrier. Refermer celui-ci et attendre que doucement la pâte cuise.

Texte collectif rédigé sur le principe du cadavre exquis

Chaque année, l’entreprise organise une petite compète sportive. L’idée est de créer du lien, d’élargir les échanges entre les collaborateurs du quotidien.

On se retrouve dans un stade, en tenue olympique. Les couleurs orange, mauve, azur remplacent celles, tristes, du costard-cravate ou du tailleur pour dame.

C’est un peu comme un carnaval.

Pauline, elle l’aime bien cette journée-là.

On se découvre, on se détend, on glousse et on identifie les dingues de la compétition, celles et ceux qui veulent gagner à tout prix. Et les autres, qui s’en fichent, qui sont là pour rigoler, loin de la machine à café et de ses confidences.

C’est organisé par une équipe de collègues. Ils redistribuent les cartes, changent les codes.

Les épreuves sont fantasques : lancer de troncs, kayak, ping-pong avec une balle de tennis, polyphonies bulgares.. tout est permis.

Cette année, les zozos qui ont imaginé la journée ont proposé un parcours à effectuer à l’aveugle. Les yeux bandés, des obstacles en tous genres, des objets à renifler, goûter, toucher, des manipulations diverses, des nœuds à faire , à défaire.

Il y a avait deux groupes en compétition : les employés et les employeurs, pas nécessairement dans leur rôle réel. Les bandeaux rouges pour les employés et verts pour les employeurs.

Les circuits étaient de difficulté identique mais séparés pour ne pas se bousculer, ni s’influencer avant la ligne d’arrivée.

Pauline a noué le bandeau rouge devant ses yeux. Le coup de sifflet a mobilisé son corps et tous ses sens, hormis celui de la vue.

Elle a traversé des flaques, enjambé des chaises, goûté des mets étranges, lancé un balle de basket à côté du panier, parcouru 20 m de pont de singe…

C’est tout un art de se diriger dans la vie sans le regard. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a de voir jusqu’à ce qu’on soit privé de ce sens.

Elle trouvait qu’elle s’en tirait plutôt bien.

Elle a compris en heurtant la corde tendue à la l’arrivée que le circuit était terminé.

Elle a retiré le bandeau pour libérer sa vision.

A ce moment-là, Pauline a compris que son employeur avait gagné.. et elle le félicita.

Claire

50 minutes d'écriture - fin du texte imposée

Je vais vous décrire ce que vous devrez faire à la fin de cette journée : vous devrez tout consigner sur un papier que vous devrez ensuite plier soigneusement et mettre sous enveloppe pour garantir l’anonymat. Vous déposerez ensuite votre enveloppe dans cette corbeille avec le surjet bleu. Nous sommes bien sûr à l’écoute pour tout commentaire ou suggestion au long de la journée.

Jeannick

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Mon père travaillait...derrière la porte.

C'est dans "Toto, le héros" que le petit garçon dit "Tous les matins, papa part derrière la porte". J'ai bien aimé cette évocation.

Mon papa aussi partait derrière la porte. Cette porte séparait notre maison de son atelier. Il passait derrière la porte le matin, revenait par chez nous à midi et à l'heure du goûter. Et aussi en fin de journée. Parfois, il repartait derrière la porte après que nous soyons couchés.

Il était architecte. Il adorait son métier. C'était une passion.

Dans son atelier, cela grouillait d'architectes, de dessinateurs. Cela flairait l'ammoniac, l'encre, le café et le vieux tabac. Ses deux associés étaient pour nous un peu comme des oncles. En tous cas, des proches.

On savait l'arrivée de Corine par le claquement de porte de sa Citroën.

A l'arrière de la voiture de la secrétaire, un autocollant : "Zeg niet te gauw, 't is weer een vrouw".

La mort nous a repris notre père. Et derrière la porte, il n'y a plus d'architectes. Cette partie-là de notre maison d'enfance a été vendue.

Claire

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

8 Janvier

Ma vie va plutôt bien en ce moment. J’ai finalement décroché un travail pas mal du tout, les collègues ont l’air sympas, je suis bien installée. En tout cas, je me sens plus tranquille, apaisée, terminé ce stress de la recherche. Le reste va suivre, trop de tension ces derniers temps. Je peux fermer les yeux, je souffle, je respire, je retombe.

20 juin

Ambiance au travail ? Peut-être pas aussi terrible que ça, très technique, pas vraiment ce que je croyais. Trop de tableaux, de chiffres, de colonnes interminables. Pour qui ? Je ne sais pas, je ne sais rien, je ne sens rien.

10 juillet

Je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie, aucune fantaisie, toujours la même chose. Des jours et des jours comme ça ? J’étouffe d’avance, je ne vais jamais tenir. Et puis à la maison, ça deviens lourd, pénible. Là aussi j’étouffe.

1er décembre

J’ai préparé ma lettre de démission, marre ! Elle est là, prête…depuis des mois, je la sors, je la relis, je la range, je l’oublie… et je repars…

Jeannick

30 minutes d'écriture - forme imposée

IVAaaa..C’est le prénom dont ses parents l’ont affublée. Nostalgie d’un film d’animation, futuriste à l’époque, dans lequel les terriens partent vivre dans l’espace après avoir rendu la terre invivable. Elle trouve ce choix assez ironique. La terre n’est plus, c’est un fait. Mais d’espace, il n’est pas question.

Il ne reste sur le globe plus que de l’eau... « Water, water everywhere and not a drop to drink »…

De l’eau salée. Sur 100% de la surface de la planète. Rebaptisée « planète mer ».

Ne survit que ce qui flotte ou qui peut supporter une autonomie sous-marine.

On n’apprend plus le latin, ni le grec mais on apprend l’apnée, la pêche, le kite-surf...

Iva, elle est architecte, elle a participé au plan d’urbanisme de Louvain-sous-l’Eau, une ville universitaire d’avant-garde.

Claire

30 minutes d'écriture - portrait d'un.e travailleur.euse du futur

Pourquoi je me lève le matin pour aller travailler?

En voilà une bonne question

Parce que j’aime me lever

Pour boire mon café

Pour rigoler avec les collègues

Pour passer une bonne journée de labeur

Ou parce que je n’ai pas trop le choix

Parce que je ne réfléchis pas au pourquoi.

Jeannick

3 minutes d'écriture - réponses à une question

Aujourd’hui, je vis avec le sentiment de m’être « plantée ».

Je pourrais le voir comme un échec ou un obstacle.

Mon tempérament ne m’emmènera pas dans cette voie-là.

Je préfère sécher mes larmes en écoutant les petites voix enfuies au plus profond.

Je vais plutôt aller voir du côté de l’agriculture et planter les graines d’un autre chose qui prendra une forme encore inconnue.

Je voudrais renoncer à ce contrôle qui me figeait dans l’anticipation, la minutieuse préparation des décisions et m’entraînait dans la répétition plutôt que dans l’évasion.

Claire

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Le vin est tiré, rouge et lourd ou blanc et liquoreux

Travail ou loisir ?

C’est une question de point de vue

La perspective de beaux breuvages

Santé à tous, goûtons, testons

Jeannick

Acrostiche

Traversier

C'est un ingénieur ou un architecte dont la mission est de concevoir et construire des réalisations "de travers". Maisons, écoles, ponts, routes qui ne vont pas droit, ne tiennent pas droit. Des routes qui permettent de prendre des chemins de traverse. Des sentiers qui ne mènent pas aux écoles. Des maisons qui invitent à la créativité mobilière, loin des standards de la grande maison suédoises. Des tours qui penchent..

Certains de ces traversiers et traversières s'inspirent de dessins d'enfants quand ils sont en panne d'inspiration.

Claire

10 minutes d'écriture - métier inédit

Des touches rondes et lisses sur lesquelles on a envie d’appuyer, pas de taper, envie d’y aller avec douceur, juste appuyer un doigt, un peu.

Qu’as-tu fait comme opérations belle facturière ? Pour qui as-tu fait ces opérations ? Est-ce que tu faisais toutes tes opérations sans aucune erreur ? Absolument infaillible ? Ou bien as-tu certaines fois donné de faux résultats, par espièglerie, juste pour faire une blague ?

Ta règle est toute cabossée, toute déformée, un vilain coup dis-moi !

Serais-tu tombée un jour ou tu calculais avec frénésie, pleine d’ardeur et d’entrain? Ou bien serait-ce celui ou celle à qui tu as sorti tes faux calculs qui énervé, fâché t’aurait envoyée rouler, ce que tu n’as pas réussi à faire, rouler comme un judoka et retomber sur ta lourde base, toute pimpante !

Tu es là maintenant, tranquille, un peu inerte mais tout laisse deviner en te voyant l’énergie que tu as pu déployer, tes touches cliquetant, ton chariot filant vite sur la droite dès qu’on appui « retour chariot », la touche « rappel arrière » en arrière toutes ! Le « compteur », le « retour compteur », « tab/non tab », « report », « sous cross »…. vite j’active « inactive » ! Stop ! Silence !

Jeannick

50 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet du Musée bruxellois des industries et du travail

Rosa est arrivée à BXL il y a 15 ans.

Elle avait quitté le Nicaragua, laissant tout derrière elle.

Pas de papiers. L’illégalité qu’ils appellent ça .

Fallait qu’elle gagne de quoi manger et se loger. Qu’elle gagne « son pain », comme elle a appris au cours de FLE. Elle, le pain, elle aime pas trop ça. Elle préfère les fajitas mais bon.. Gagner plutôt que perdre, c’est ce qu’elle a compris.

Elle a aussi appris le mot « ouvrage », un mélange d’ouvrir et de rage. La rage, c’est ce qui lui permet d’avancer dans cette incarnation farfelue qu’est la vie.

Elle a été engagée pour faire des ménages. C’est facile et elle ne doit parler à personne.

Avant de tout laisser là-bas, elle avait obtenu un diplôme d’architecte d’intérieur. Alors dans ces intérieurs des autres, elle réorganise à sa façon. Déplace le mobilier, donne de temps en temps un coup de couleur vive sur les murs blancs, met le lit des petits dans la chambre des grands et vice-versa, le salon dans la salle à manger, les couteaux à la place des fourchettes..

Au début, elle s’est fait rappeler à l’ordre et puis les gens ont fini par trouver que cette réorganisation/désorganisation mettait du piment dans leur train-train, les aidait à se lever le matin, boostait leur motivation.

Le jour qui suivait le passage de Rosa, c’était comme un jeu : retrouver les céréales dans le placard à balais, les chaussettes marron dans le bac à jeux, les langes du dernier derrière le fer à repasser…

Rosa, elle fait des dé-ménages. C’est devenu un concept, une niche.

Aujourd’hui, Rosa, on se la dispute dans les foyers.

Claire

30 minutes d'écriture - mots et genre imposés

Horaires de travail : la semaine de travail est de 40 heures. Les vendredis après-midi sont consacrées à des activités sociales, rencontres, échanges, partages, chuchotages et autres activités de rapprochement.

Installations : les employés ont accès à des vestiaires pour s’effeuiller chaque matin avant d’enfiler la tenue du jour. Ils ont accès à des douches et des cabines de massage individuelles, à deux, voire à plus pour les collègues inséparables.

Utilisation du matériel : le matériel est mis à disposition des employés pour un usage strictement professionnel. Tout autre usage qu’un ou plusieurs employés pourraient envisager peut être consigné par écrit et remis à la personne de confiance qui analysera comment concrétiser les suggestions.

Tenue de travail : le responsable en charge des questions de bien-être

Déontologie : les employés ont le droit de garder le secret sur leurs activités sociales du vendredi après-midi

Jeannick

60 minutes d'écriture - règlement de travail dans un style imposé

LE vendredi soir, nous respirons

TRAVAIL, famille, patrie au vestiaire

C’EST le moment de lâcher

LA pression

SANTE, trinquons

LE mari de ma sœur l’a quittée

TRAVAIL qui l’emmenait par monts et par vaux

C’EST ailleurs qu’il a rencontré la donzelle

LA belle l’a arraché à son foyer

SANTE, bonheur qu’il clame à cette heure

LE hasard de la vie m’a fait rencontrer Anne

TRAVAIL, industrie, monde ouvrier,

C’EST à la Fonderie qu’elle exerce son métier

LA, elle propose des exercices d’écriture

SANTE, sérénité dans cette activité ludique

Claire - acrostiches

Je me suis sentie utile quand je travaillais, enfin pas toujours, je dirais même de moins en moins si je considère mon travail professionnel. Mais est-ce moi qui ne suis pas utile ou le travail que je dois faire qui ne l’est pas ? Ou bien est-ce une vision différenciée du mot « utile » ?

Toujours est-il que certains travaux bien concrets qui ont un résultat palpable et « touchable » me confirment que oui, je peux être utile : une bonne courgette bien dodue, une bonne salade bien tendre, une belle écharpe de laine bien douce.

Jeannick

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

EXIGU

Ensemble de Xylophonistes Intellectuels Geek et Unijambistes : propose des concerts interlopes.

Claire

Réponse à une annonce pour poste d’électricien, niveau débutant

Cher monsieur Rubio,

J’ai lu votre annonce avec un intérêt niveau zéro par rapport à mes compétences, bien que pouvant être classée au niveau « débutant » si on considère qu’être en mesure de changer une ampoule est niveau « débutant ».

Mes qualifications et expériences ne seront probablement d’aucun intérêt par rapport au poste, je ne les décrirai donc pas.

J’ai d’excellentes compétences d’apprentissage rapide, de grande adaptabilité et je suis curieuse de nouvelles expériences. Cependant, pour la sécurité de vos clients et la survie de votre entreprise, je juge qu’il est hautement souhaitable que je renonce à postuler et que de votre côté, vous n’envisagiez à aucun moment de me recruter.

Je n’hésiterai cependant pas à faire appel à vos techniciens si besoin est, ceci pour ma propre sécurité et si je souhaite éviter arcs électriques et autres crépitements sous mon toit.

Je vous remercie pour votre lecture attentive et confirme mon non intérêt pour ce poste. Je vous souhaite une excellente candidature à votre annonce.

Jeannick

Lettre de non-motivation

Tony, c’est une imposante stature, à l’air un peu terrifiant mais c’est une crème.

Tony, je ne le connaissais pas jusqu’au mois dernier.

22 ans que j’habite le quartier.

Toujours considéré ce lieu avec méfiance et dédain et pourtant j’aime les cafés en général.

Un soir, mon frère qui est avec un copain dans ce café m’appelle et me dit « Viens boire une pils».

J’ai donc poussé pour la première fois la porte du « Au Sans Souci ».

« Au Sans Souci », c’est quand même un peu la concentration de tous les petits soucis de la condition humaine. Le taux d’alcoolémie y est élevé.

Tony est à la fois le patron, le confident, le partenaire aux cartes, l’autorité, le psychologue…

Il sert une petite mousse dès 8h30 et va se coucher tôt. Vers 22h, la porte de son établissement est fermée, sauf exception.

Tony, je l’ai appris, était le fils du cordonnier de la rue de l’Athénée. Un vieux monsieur charmant, mort récemment.

Maintenant quand je passe devant la porte ouverte du « Au Sans Souci », il y a souvent un cri « Claire, viens boire une p’tit’ bière »

Claire

10 minutes d'écriture - portrait d'un.e travailleur.euse

Journal du Centre Anal (C.ANAL)

5 juillet 2052

Bonne nouvelle: La Fonderie a trouvé un repreneur !

Depuis plusieurs années, La Fonderie fait face à de sérieuses difficultés financières.

L'industrie et le monde ouvrier ne font plus courir les foules. L'éducation permanente ne figure plus dans les priorités politiques.

Un sauveur : Charles-André-Charles-Antoine Boudin (CACA BOUDIN), inconnu de tous, s'est présenté avec un projet d'investissement pour le site et ses espaces, ressuscitant finalement l'âme du lieu.

Il a opté pour le retour au nom original "La compagnie des bronzes".

Face à la pénurie énergétique et à l'explosion des prix des carburants et du bois, Monsieur Boudin oppose de nouveaux combustibles révolutionnaires.

A partir des excréments humains, il entend ouvrir un marché nouveau. Chacun peut désormais venir couler son bronze à Molenbeek.

Une partie du site a été réaffectée en espace de séchage. Après une période de 6 semaines à 3 mois, le couleur ou la couleuse de bronze peut venir chercher sa production sous forme de pellets, bûches, saucissons, pâtés, prêts à l'emploi.

Des moules sont exposés pour celles et ceux qui voudraient leur donner une forme plus originale.

Claire

50 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet du Musée des industries et du travail