Ateliers en soirée 2024

De janvier à avril 2024, durant 9 soirées, SAm, Amelia, Isabelle, Axelle, Maryvonne, Lucie, Josua, Chloé et Justine se retrouvent à La Fonderie pour écrire, chacun.e pour soi mais aussi un peu pour les autres, parce qu'on a des choses à dire. Chaque soir, la lumière disparaît un peu plus tard, le printemps arrive, les jours sont moins froids. Chaque soir, il et elles s'ouvrent un peu plus aux autres, nous nous découvrons, nous rebondissons sur ce qui a déjà été écrit, ce qu'il reste encore à écrire. On discute travail et métier, on se pose des questions, on s'étonne, on apprend les un.e.s des autres. 

Je suis beau et délicat. Finement conçu, je donne de la valeur à tout ce que je touche. Dans une ère où l’apparence prend une place aussi centrale, je suis un trésor, une véritable bénédiction. Me regarder, c’est déjà m’adopter. J’embellis tout ce que j’effleure. Je crée la jalousie des plus altruistes. Je séduis les plus sceptiques. Je suis irrésistible.

Portez-moi une fois, une seule, et changez votre vie. Ma douceur vous deviendra indispensable. Bientôt, le contact de mes coutures sur votre peau vous sera vital. Préparez-vous à voir votre expérience du quotidien transformée. Ma compagnie rapprochée vous comblera, vous verrez. Les passant.e.s peineront à vous quitter des yeux. Plus que séduisantes, vous serez envoûtante, hypnotisante.

Mesdames, plus qu’un accessoire, je serai une extension de vous-mêmes. Je serai vous-même. Enfin, je ne serai pas simplement vous mais une version sublimée, magnifiée, exquise de vous. Une version telle que vous n’osiez la rêver.  Dépendantes de moi, vous le serez. Liées à mon indispensable port, vous le serez. Moins vous, plus vous, vous le serez aussi.

Lucie, 20 minutes d'écriture

Texte inspiré par un objet exposé au Musée bruxellois des industries et du travail

Le travail dont je veux vous parler c’est le rôle vital et omniprésent de l’eau. Cette substance constituée de molécules H2O. Un composé très stable, mais aussi très réactif. Un excellent solvant à l’état liquide.  L’eau est partout, tout le temps. Notre corps est constitué à 60% d’eau et nos environnements ne sont rien sans ces molécules. Je ne sais pas si je suis capable d’imaginer un monde où il n’y ait pas ou plus d’eau. Essayer d’y penser me donner le vertige. Avoir le vertige sommeille dans une question d’équilibre réside dans le cervelet, qui repose sur une question d’équilibre des fluides. Qui dit fluide, dit de l’eau. C’est encore une histoire d’eau.

SAm

10 minutes d'écriture

De toute saison, la kermesse faisait danser les hommes. Et n’en déplaise au grisou, les gueules noires de charbon étaient maintenant heureuses et fières. Leur foi subsistait dans la nuit.
Voyant la pluie mouiller leurs joues chaudes et roses, mon père et ma mère chantaient pour le ciel généreux.
Je vous parle d’un petit morceau de photo de mes parents trouvés dans le terril, là-haut. Si vous y allez, vous verrez les vermisseaux rentrer dans le trou que j’ai fait pour l’avoir. Et à l’horizon, vous croirez les voir chanter et danser comme je vous l’ai dit.

Justine

40 minutes d'écriture - tous les mots sont issus d'une liste de mots imposés

Aujourd’hui, c’était notre dernier jour de travail. C’est fini. Le petit Ruys nous a donné notre congé. Il nous a dit en riant « Vous êtes des vraies bécasses. Vous auriez dû le voir venir quand les Menko sont arrivées que vos compétences ne seraient bientôt plus utiles ici. Les femmes ne savent pas faire tourner le monde ! Heureusement qu’on est là !» Avec Lucille, on a ri. On riait et on pleurait en même temps. Quitter des habitudes, ça fait toujours quelque chose au cœur mais on était surtout épuisé. J’avais des ampoules dans le creux des doigts d’avoir frotté avec ardeur les draps du Métropole sur la planche à laver pour la dernière fois la veille et d’autres dans l’interstice entre mon pouce et mon index d’avoir tourné une clé à molette les 9 dernières nuits avec mon Léon, qui installait les Menko.

Voir la vie entre les fentes de mes paupières, ressentir mes pas comme si ce n’était pas réellement les miens. Rire. Rire encore. Rire. Tout cela, ça rend la vie plus intense.

C’était étrange de se dire qu’on ne ferait plus cette ascension jusqu’au domaine, mais Lucille et moi on était tranquille. Avec notre Léon, on avait choppé une des Menko et on partait s’installer sur Lille pour ouvrir notre blanchisserie de quartier. Enfin, on était tranquille mais un peu inquiète qu’on nous repère. Qu’on nous arrache notre rêve, qu’on nous fume notre amour interdit. Le petit Ruys, il a toujours été mauvais en calcul. Avec notre Léon, on l’avait joué finaude. Fallait juste que ça soit juste ce petit crevard de Ruys qui s’en occupe et normalement, il ne le verrait pas. On a eu de la chance, il ne l’a jamais vu.

C’était ma rencontre avec des machines industrielles et le début de l’automatisation des machines à laver. Quand on regarde les engins du jour, ça semble incroyable la peine qu’on a eue de perdre nos emplois et l’enthousiasme qu’on a eu quand on a commencé à faire tourner notre wash’erette.  Tous les ans pendant plusieurs années mais pas à la même date, avec notre trio du love, on faisait une virée uccloise pour aller pisser dans quelques cuves de machines et glisser quelques clous. C’était notre manière de nous venger de ces années de larbin, ces années à mordre sur notre chique face au petit Ruys.

Être blanchisseuse c’était un job qui ne ramenait pas grand-chose et en plus tu devais te taper le sexisme du patron. Je ne comprendrais jamais comment on peut se dire qu’on fait du bien en traitant aussi mal des gens.

Je n’ai plus jamais frotté de vêtement par la suite. On m’appelait la mécano.

SAm

25 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet exposé au Musée bruxellois des industries et du travail

Dentiste :

Ouvre bien grand la bouche je vais te faire une petite piqûre comme ça tu ne sentiras rien quand je vais arracher la grosse dent du fond.

 

Petite Fille :

Aaaaaah aïe

 

 

D: Ca y est c’est fait, il ne nous reste plus qu’à attendre quelques minutes et je vais pouvoir travailler

 

PF : …

 

D: Ouvre bien grand la bouche

 

PF : Aaaaaaah

 

Le gentil monsieur qui avait l’habitude de venir me voir et de jouer avec moi et mon singe dans le jardin de mes parents s’approche de mon visage avec une grosse pince qu’il enfourne dans ma bouche grande ouverte, il attrape ma molaire et tire …

 

PF : Aaaaaaaaaaaie

 

Oups, il repousse aussitôt ma dent et recule d’un grand pas …

 

D : Je pense que la piqûre n’a pas fonctionné … je vais en refaire une … ouvre bien grand la bouche …

 

PF : Aaaaaah

 

D : Ah ouf, pas de aïe c’est donc quand même un peu endormi … Attendons quelques minutes …

 

PF : …

 

D : Allons y ouvre bien grand la bouche …

 

La main et la grosse pince se rapprochent à nouveau … je retiens ma respiration, la pince s’agrippe et ….

 

PF : Aaaaaaaaaaaaaaïe …

 

Le gentil monsieur se recule à nouveau d’un grand pas, la pince à la main…

 

D: Le produit n’a toujours pas fait son effet … Il est vrai qu’il est périmé depuis plus de 3 ans …

Nous allons encore attendre quelques minutes et puis il faudra procéder coûte que coûte

 

PF : …

 

D : Allons-y, il va falloir être courageuse … tu ouvres grand la bouche …

 

Les yeux écarquillés je vois à nouveau l’énooooorme pince s’approcher.

J’ouvre la bouche.

 

D : Plus grand s’il te plaît je n’y arrive pas

 

Il tire

Je hurle

Il repousse la dent et se recule

Il revient, retire

Je hurle encore plus fort, j’ai l’impression qu’il va m’arracher la tête …

Il repousse la dent et se recule encore

Je souffle, lui aussi …

Je pleure, lui devient pâle …

Il revient, retire

Je hurle, ce n’est plus une impression, il m’arrache vraiment la tête

Il repousse la dent et se recule

Il revient, retire, je hurle, il repousse …

Il revient, retire, je hurle, il perd l’équilibre fait 3 pas en arrière …

La dent est là dans son horrible pince …

Il sourit à la victoire, le sang coule sur mon polo blanc …

 

On me rempli la bouche d’ouate stérilisée et on me donne une petite réserve au cas où …

Je dois rentrer à pieds avec ma maman qui se montre forte mais ne doit pas en mener très large …

Il fait terriblement chaud, j’ai l’impression que je vais m’endormir … j’ai 8 ans … je ne veux pas mourir aujourd’hui.

Les personnes que nous croisons sur la route nous interpellent … votre enfant saigne madame !!!

 

En me rappelant de cet affreux moment, je me demande pourquoi je ne suis pas plus paniquée à l’idée d’aller chez le dentiste aujourd’hui.

Je sais pourquoi j’ai tout mis en oeuvre pour que mes filles chéries adorent leur première dentiste.

Isabelle

40 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie des collections du centre de documentation de La Fonderie

Le capital épuise deux choses, écrivait Marx : la nature et les travailleurs. 

 

Travail de bête, jusqu’aux ecchymoses : c’est le sort qu’on réserve aux non-propriétaires.

 

C’est, en revanche, l’abondance qu’on propose aux rentiers. Leurs intérêts se multiplient jusqu’au firmament.

 

La révolte couve, toutefois. Car en toutes choses l’excès nuit à l’harmonie. Ces termes sont en tous points contraires.

 

Santé ! Souhaitent les valets en servant le champagne dans des coupes en argent. Leur temps est venu. Les charbons sont ardents.

Josua

acrostiche

La rencontre avec le patron vient de se clôturer. C’est la dernière étape de ce processus de recrutement de merde. Ça me fatigue ces processus à rallonge pour finir avec une appréciation subjective d’un seul individu. Soumettre un dossier de candidature, calibrer une lettre de motivation qui parait-il est rarement lue, adapter son curriculum vitae à ce qu’on perçoit être le jargon de l’organisation. Si on est chanceux, passer à une étape avec des tests techniques et ensuite, une ribambelle de rendez-vous soit avec des groupes d’individus ou en individuel. Parfois, des jours différents. Pour se retrouver devant ce vieux type. Il faut du courage pour assurer cet ouvrage !

L’air libidineux du patron m’a laissé las. Une gueule de vieux dandy déchu. En tenant du bout de ses longs doigts tachetés mon curriculum vitae, je le voyais frémir en me lisant de façon articulée à haute voix les pays par lesquels je suis passé et renvoyer en arrière sa tête pour que la petite vague de ses cheveux reprennent du volume. Je ne devrais que très rarement travailler avec lui, mais il tenait absolument à me rencontrer m’a-t-on dit. « Vieux cochon ». J’ai vu l’autre candidate dans la salle d’attente. On se ressemble, il a un type et tout le processus de recrutement s’organise pour qu’une petite naïve rentre. Je ne veux pas de cet employeur.

SAm

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

QUAND J'ÉTAIS PETITE, JE TRAVAILLAIS à temps-plein en tant que clown. En contrepartie de mes services, je recevais rires et amour. Mes prestations avaient du succès. Bien que parfois l’on me stoppait en pleine représentation. Ces petits déboires m’importaient peu. Ma passion de voir mes proches rire m’apportant tant.
Je m’entraînais toute la journée. Le meilleur exercice consistait à d’abord, choisir mon cd favori, lancer le lecteur avec le son à fond et ensuite, sauter, danser et chanter à tue-tête sur le fauteuil. Enfin, accoutrée des meilleures tenues chipées du grenier, je pouvais défiler devant mon public ébahi.

 Justine

10 minutes d'écriture - début du texte imposé

Le travail dont je veux vous parler est le premier métier que j’ai exercé. Dernièrement j’ai réfléchi à ce choix et le souvenir m’est revenu de ce couloir vitré du premier étage de mon école secondaire les Dames de Marie. Dans ce couloir, spectaculaire parce qu’entièrement vitré, donnait la porte de la salle dite « de dessin » dans laquelle officiait sœur Marie Georges !

J’y ai acquis mes premières notions de perspective, d’échelle etc… je crois que c’est ce couloir qui m’a amenée aux études d’architecture intérieure. A la sortie, pas beaucoup de débouché mais des solides notions de dessin qui m’ont amenée pendant 29 ans à dessiner tout ce qui se dessine dans un bâtiment depuis les avant-projets jusqu’aux détails à grande échelle. J’ai commencé à dessiner sur une table à dessiner avec une latte et une équerre et des stylos à encre de chine, sur des calques qu’il fallait gratter avec une lame de rasoir à chaque fois qu’il y avait à faire des modifications. Au fil du temps la technique et l’informatique m’ont rattrapée mais je n’ai pas voulu qu’elles me dépassent…

Maryvonne

10 minutes d'écriture - Le travail dont je veux vous parler

Dans un zoning, à côté d’une clinique, avec un grand parking goudronné commun. Un immeuble à 3 étages construit en carré. Au milieu de l’immeuble, une petite cour réservée à la garderie d’enfants qui y est installée. Pour rentrer, il faut sonner. Les portes ne s’ouvrent pas automatiquement pour prévenir les éventuelles fuites des vieilleux déboussolés. Une centaine de résident.e.s. Au rez de chaussée, sur la gauche, des espaces dits de convivialité avec un distributeur de café et de snacks, suivis de l’entrée du restaurant. Réaménagé en salle des rencontres pour les familles en période COVID. Il y a des ilots de tables jointes avec des plexi glaces au milieu. Sur la droite, un accueil et ensuite le couloir de la gestion administrative. Il faut un code pour y entrer.

Au milieu, des ascenseurs. Avec un écran sur la droite qui fait défiler trop rapidement dans une écriture illisible le menu de la semaine et le programme des activités de loisir.

Les résident.es y sont organisés selon la gravité de leur état. Au premier, les plus dépendant.es et au 3e les joueurs de UNO qui marchent encore jusqu’à la pompe à essence en se sentant coquins. Au 2e étage, il y avait une petite dame avec laquelle on prenait l’apéro en cachette en fin de journée. Au 1er Mme Krap qui est extraordinaire. Elle est devenue une super canaille m’a dit son mari. Elle cache les chaussures des autres résident.es et s’habille dans les armoires des autres.

SAm

10 minutes d'écriture - description d'un lieu de travail

Je me souviens de mon rôle d’assistante des Ressources Humaines avec émotions et fierté.

Je me souviens que c’est durant cette période que je me suis sentie à la fois le plus utile mais aussi la plus épanouie.

Je me souviens avec bonheur de ce rôle tampon entre les travailleurs et la direction. 

Je me souviens qu’être la bonne oreille, celle qui conseille et accompagne dans les démarches parfois rébarbatives mais tellement importantes me tenait vraiment à coeur.

Je me souviens aussi que la partie plus administrative qui touchait aux lois sociales et aux calculs des salaires et appointements, me permettait cet espace « à moi » dans lequel mon perfectionnisme, mon côté matheux et un peu rigoureux pouvait s’épanouir.

Je me souviens que ce mélange de responsabilités sociales et de rectitude me convenait à merveille.

Je me souviens que, tellement investie dans ce rôle, je m’étais proposée pour faire une permanence pour l’équipe de nuit.

Je me souviens que cela permettait à mes collègues de mettre un visage sur ce rôle qui peut parfois être ingrat quand il n’est exercé que dans la rigueur.

Je me souviens de ce rôle dans lequel j’ai mis tant d’amour et de respect.

Isabelle

10 minutes d'écriture - je me souviens

Un vieux bureau récupéré par mon papa sur 2nde main. Plutôt massif, en bois, de couleur foncé, des tiroirs de chaque côté qui peinent parfois à s’ouvrir. Un long tiroir au milieu. Sur le bureau, une lampe, un tas de livres à lire depuis deux ans, mon agenda et un plumier renversé, des bics et crayons éparpillés. Traînent des esquisses, un pot en verre, un essuie tacheté de peinture. Mon Ipad pour les inspirations. Un beau bouquet de fleurs. Le bureau est face à un mur rempli de posters de peintures célèbres ou d’illustrations achetées lors de voyage. A gauche, la fenêtre qui donne sur le jardin. Des plantes sur son appui profitent de la lumière. A droite, une petite desserte remplie de babioles. A côté, mon lit toujours bien fait, contraste avec le reste. 

Justine

10 minutes d'écriture - description d'un lieu de travail

Lorsque je travaille, je ne suis pas sure d'être moi-même. Je crois avoir la manie de chantonner pour oublier que j'ai terriblement envie de m'évader. Mon idéal n'a jamais été de rester longtemps au bureau. Loin des injonctions capitalistes, je suis plutôt partageuse, et même solidaire de la "majorité silencieuse" ! Si vous voulez savoir ce que je pense vraiment... Je rêve de tout changer, de peser sur les bouleversements qui nous feront avancer. Je rêve d'une alternative collective soucieuse d'un meilleur pour chacun. Je rêve que nous partagions une terre apaisée, délivrée d'une haine fratricide. La vie sera alors non plus parasitée par l'individualisme et la violence mais illuminée par la solidarité. 

Maryvonne et Lucie

20 minutes d'écriture - chacune 4 mots à la fois

Sors de ta planque

Quitte ton domicile

Parcours ce beau monde

Choisis ta manière

Oublie les corvées

Cette fois tire ton plan

Ça ira pour toi

La route sera belle

La vie surprenante

Les gens accueillants.

Ose, fonce, vis

Sois toi et Libre

Axelle

20 minutes d'écriture - 5 mots imposés

Chaque jeudi à la biscuiterie rue Verheyden à Anderlecht sont organisés les audits de qualité des biscuits la veille du jour de l’envoi vers les surfaces de vente. Une équipe de 4 ouvrières expérimentées, sous la supervision de Madame Suzette, échantillonne un échantillon de lots et vérifient rigoureusement la qualité des produits. Les cartons sont inspectés, les décors examinés scrupuleusement à la loupe, les emballages sont pesés et la qualité des biscuits qui sont emballés vérifiée. Chaque boite doit compter un nombre précis de biscuits, être séparée d’une feuille parfois. Chaque biscuit doit respecter une esthétique, une couleur, les bords doivent être lisses. Les boîtes qui sont non conformes, sont identifiées et toutes les lignes de la journée des équipes responsables des fautes doivent être reconditionnées par l’ensemble des ouvrières. Les équipes qui ont commis la faute sont remises en formation. Personne n’aime devoir rester jusqu’au petit matin pour assurer que le camion puisse être chargé pour la livraison du lendemain. 

SAm

20 minutes d'écriture - texte inspiré d'une photo faisant partie de la collection du centre de documentation de La Fonderie

JE ME SOUVIENS du réveil aux aurores, quand le soleil dormait encore malgré la saison estivale. Je me souviens du cinéma, vide et calme. Je me souviens témoigner des traces d’un endroit animé et bruyant encore quelques heures auparavant. Je me souviens faire disparaître ces traces parfois croustillantes, parfois collantes ou même dégoulinantes. Je me souviens observer le soleil se lever, colorant le parking de l’établissement d’un orange éblouissant. Je me souviens me ravir de profiter de ces premiers rayons réchauffant mon visage.

Justine

Je me souviens

Profession : ‘malletier, malletière’

 

Toute ma vie j’ai été malletière. Ce métier je l’ai rencontré par hasard. Il a croisé mon chemin pour devenir LE chemin. Je n’avais alors aucune qualification et n’avais absolument jamais entendu parler des malletiers et malletières auparavant. Aucune surprise en cela tant cette profession est confidentielle et exercée par un petit nombre d’élu.e.s. Dans mon cas, c’est le destin me l’a imposée et je l’ai accueillie gaiement. Les malletiers et malletières ne le deviennent que par copinage. En effet, il faut connaître du monde, avoir des contacts, comme on dit pour espérer pouvoir entrer dans la profession.

A cette époque, mon cousin travaillait au Ministère de l’Intérieur en France. C’était mon cousin préféré et nous étions très proches. Suivant son exemple, j’avais brillamment réussi le concours d’entrée pour Sciences Po Paris. J’ai lutté, lutté mais rien n’y pût, j’avais senti dès le début que ce n’était pas pour moi et après 3ans de travail acharné, bourrage de crâne et efforts d’intégration, j’ai fini par accepter mon sort et laissé tomber. Voyant mon désarroi et mes difficultés à trouver ma voie, mon cousin a alors pris les choses en main et organisé une rencontre avec un jeune et talentueux chef de cabinet du Ministère de l’Intérieur. Il avait, disait-il, décelé quelque chose en moi et souhaitait qu’un œil externe avisé confirme son intuition. S’en sont alors suivies trois étranges entrevues avec le fameux chef de cabinet. Il était, il faut bien l’avouer jeune, talentueux et d’une beauté saisissante qui plus est. Il était du genre de talent qui vous pétrifie tant il est écrasant et impressionnant. Il était du genre de beauté qui vous électrise et vous empêche de détourner le regard. Et moi j’étais du genre à relever les défis et ne pas me laisser impressionner. Ces trois entrevues n’étaient en fait rien d’autres qu’un processus d’embauche dont je ne savais rien. Il a évalué ma loyauté, mon goût pour le secret, ma capacité à tenir ma langue. Il a essayé de me faire parler. Et moi j’ai parlé, avec cette langue de bois typiquement scienpiste que je prenais plaisir à user pour répondre sans jamais répondre, brouillant juste habilement le discernement de mon interlocuteur.

Compétitrice et désireuse de plaire, j’ai sans surprise réussi haut la main réussi tous ses tests, évité ses pièges et même dépassé ses attentes, m’avouera-t-il bien des années plus tard. C’est ainsi que j’ai été sélectionnée. J’ai qui plus est le profil idéal. Jeune fille blanche, de taille moyenne à la beauté standard, issue d’une famille aisée de la bourgeoisie parisienne. J’ai toujours su profiter adroitement des avantages offerts par mon ascendance tout en me rebellant contre la fausse droiture de mes géniteurs. Séduisante mais pas trop, je plais facilement sans trop attirer les regards. Belle parleuse mais pas trop, je sais comment amadouer mes interlocuteur.rice.s sans les brusquer. Discrète mais pas trop, on remarque ma présence pour aussitôt l’oublier.

Après avoir été sélectionnée, j’ai exercé deux semaines en binôme avec ma prédécesseuse qui m’a transmis les ficelles du métier avant de se retirer. Elle m’a appris à capitaliser sur mes nombreux atouts et prédispositions naturelles à l’exercice de cette fonction clé. J’avais 20ans quand j’ai commencé et je n’ai jamais changé de métier. Être malletière au service du Ministère de l’Intérieur, servir la France, m’a apporté une indescriptible satisfaction. J’étais de toutes les tractations, médiations, rencontres de complaisance et rapprochements diplomatiques. Toujours j’avais le beau rôle mais aussi le plus subtil et risqué. Jamais je n’oublierai le clic clac de la mallette qui s’ouvre pour dévoiler les cadeaux gracieusement offerts par notre grand pays qu’est la France.

Beaucoup interpréteront mal ma profession, m’accuseront de corruption. J’y suis bien peu sensible. Ces critiques ne révèlent que l’incompréhension du peuple des us et coutumes politiques français, de la bien nommée diplomatie à la française. En interne comme en externe, j’ai travaillé avec acharnement et professionnalisme. Aujourd’hui, je suis fière d’avoir servi mon pays, d’avoir voué ma vie à notre grande nation française, d’avoir croisé le chemin et serré la main des plus grands de ce monde. C’est moi qui allumais dans leurs yeux la flamme de la cupidité. C’est moi qui apaisais les tensions. C’est moi qui relançais des négociations réputées impossibles. C’est sous mes yeux que, bien loin des discours politiques, l’avenir se tissait, bien loin des tribunes médiatiques, le présent s’ancrait, bien loin des cours d’histoire, le passé s’écrivait.

Lucie, 10 minutes d'écriture

Métier inédit

Talil a 26 ans. Je l’ai aimé tout de suite, un amour filial pur, simple, instantané. Un frère que j’aurais toujours eu. Il est apparu un lundi soir entre deux ruelles, le ciel était dégagé, transparent et les étoiles scintillaient. On pouvait voir la voie lactée. Il capturait avec son appareil les corniches de Bruxelles et ce contraste avec l’infini du ciel. Je peinais depuis plusieurs minutes avec la caméra de mon téléphone à essayer moi aussi de faire quelques clichés.

Il y avait quelque chose d’apaisant et d’envoutant dans la manière dont il se mouvait pour trouver le meilleur angle de capture. C’était la première fois que je rencontrais quelqu’un qui comme moi trouvait que les corniches avaient quelque chose à dire, qu’elles donnaient accès à des périodes et des histoires.

Il m’a souri et tout en m’invitant à m’approcher, il m’a sorti un appareil de sa sacoche qu’il avait emballé dans une écharpe en coton.

Sur son poignet une série de bracelet en laiton avec des détails rouge qui font un petit cliquetis quand il s’assure que l’objectif est bien accroché à l’appareil. « You will have a better catch with this one” m’a-t-il dit avec un œil blagueur. Il est beau. Ses cheveux sont assemblés dans une longue natte noire, brillante et dense, qui est nouée par un ruban rouge mélangé à des bouts de laine. Il porte une veste en cuir courte d’aviateur Camel. Ses habits sont simples, mais parfaitement adaptés à son corps.

Il commence à me parler des astres. Il essaie de capturer le signe de son mari, un poisson, avec cette jolie corniche et la lucarne qui lui fait penser à ses enfants. Il essaie vaillamment en chipotant les réglages de son appareil d’attraper le tout. Un docteur en astrophysique qui avait tout plaqué pour vivre une vie de bohême avec sa famille.

C’est un des hommes les plus séduisants que je connaisse.

SAm

30 minutes d'écriture - personnage en patchwork

Le travail de mon père m’a toujours semblé important et un peu mystérieux à la fois.

Chef de département dans une grosse société minière en RDC, il a été d’abord en charge d’un territoire d’exploitation du diamant plus grand que la Belgique, ensuite il est devenu représentant administratif à la capitale, Kinshasa et a terminé sa carrière comme responsable de l’approvisionnement.

J’ai l’impression que la société qui l’employait l’a toujours mis dans des rôles un peu challengeants comptant sur son professionnalisme, son sens du devoir et son grand courage.

Je pense à la période plutôt tendue politiquement durant laquelle il exerçait son rôle de directeur administratif à Kinshasa. Il s’est trouvé très régulièrement dans des situations à la fois dangeureuses et difficiles pour lesquelles sont grand sens de la diplomatie et son sang froid lui ont été fort précieux.

J’ose citer les nombreuses fois où le président réquisitionnait le jet qui appartenait à la société pour effectuer ses déplacements.

Quand l’appareil n’était pas sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili, un convoi militaire emmenait mon père jusqu’à la résidence présidentielle où on le tenait de longues heures en otage en attendant l’arrivée de l’avion.

Je n’ose vous décrire les longues heures plutôt silencieuses durant lesquelles nous retenions notre respiration en attendant son retour.

Heureusement, le sens du bonheur primait et chacun de ses retours nous donnaient l’occasion de faire la fête pour célébrer le grand soulagement.

Isabelle

10 minutes d'écriture - Le travail de mon père

Cela n’a pas été facile pour Nour de s’intégrer dans son équipe de travail. Après deux ans, certains collègues commencent enfin à reconnaître son expertise. Il est vrai que l’homme de 57 ans a un parcours particulier et inhabituel dans son domaine professionnel. Nour, menuisier de formation, travaille à l’Observatoire Astronomique de Strasbourg. Pourtant, il n’est pas diplômé en astrophysique et n’écrit aucune thèse. Bien que ses parents aiment rappeler à qui le veut que le fils a obtenu un bac scientifique avec mention très bien et les félicitations du jury, il y a 39 ans. Cet argument est bien entendu insuffisant pour les astrophysiciens de l’Observatoire. Qui eux, ont passé pléthore de concours et publié tout autant d’articles pour entrer dans cette sphère bien fermée qu’est le cercle de spécialistes de l’Observatoire de Strasbourg. A vrai dire, personne ne croyait l’engagement de Nour possible. Mais l’homme a une qualité dont il sait se servir. C’est un baratineur affirmé. Avec sa taille imposante, son charisme hérité de sa grand-mère maternelle et son air enjoué, il ne laisse personne indifférent. C’est au détour d’un jour de pêche avec une connaissance rencontrée dans une file d’attente au cinéma, qui s’avéra plus tard être le Directeur de l’Observatoire, que Nour a décroché son poste de rêve. Le Directeur avait raconté plus tard avoir été envoûté par les grands yeux bleus de Nour. Ce sont certainement ces mêmes yeux qui auront convaincu le reste de ses collègues de l’accepter dans l’équipe.

Justine

40 minutes d'écriture - personnage en patchwork

Nina s’est dans un premier temps spécialisée dans la médiation climatique et puis, ça l’a fatiguée cette compétition entre professionnel.le.s pour des changements minime. La succession de demi-mesures des états pour éviter la catastrophe climatique et ces richesses faites sur le dos des autres. Demi c’est même gentil, 1 centième des mesures nécessaires. Fini ces héritages de bullshit jobs, d’écran d’ordi, d’informatique quantique. Elle voulait plus de contact humain et son échappatoire face à ce monde qui brûle c’est de prendre soin, aimer et la baise. Nina est travailleureuse du sexe et aide à domicile, les plus vieux métiers du monde comme elle aime le dire et les plus humains. Elle aime ses jobs car elle y rencontre et crée des relations avec des humain.e.s, elle est dans la vie.

Elle voit son travail comme être payée pour aimer correctement des gens et pratiquer du sexe avec ces personnes choisies, elle aime cela. Principalement avec des habitué.e.s qui lui paie un prix fixe au mensuel. Nina dit qu’elle ne travaille pas réellement. A chaque jour ses client.es et leurs spécificités. Elle a une bonne couverture de santé et les gens valorisent sont activités.

Elle reçoit des courriers de conjoint.e la remerciant de nouvelles pratiques amené dans leurs logis et de la charge mentale qu’elle leur retire.

SAm

20 minutes d'écriture - portrait d'une travailleuse dans 100 ans

L’espace consacré à l’industrie métallurgique et plus spécialement la machine à vapeur qui marque une avancée dans l’industrialisation m’a ramené plus de 50 ans en arrière lors des vacances souvent passées chez mon oncle et ma tante à Bouillon. Ils étaient les concierges d’une des deux grandes usines de la ville : la Ferronnerie Bouillonnaise.

Imaginez, si vous n’y avez jamais été, Bouillon, une petite ville cuvette autour d’un méandre de la Semois. La ferronnerie se trouvait sur les hauteurs, l’entrée était une route empierrée qui descendait au cœur de l’usine : sur la gauche une première maison était celle de mon oncle et ma tante et mes petits cousins, ensuite il y avait les bureaux et plus bas encore un grand trou noir : l’usine, cet endroit mystérieux dont je ne pouvais pas m’approcher… Néanmoins je pouvais en observer la vie et les codes : le matin, une centaine d’ouvriers montaient la Voie Jocquée à pied ou souvent à mobylette et descendaient dans l’usine. Mon oncle y partait aussi, en salopette. Dans les bureaux un autre de mes oncles travaillait. On voyait aussi passer le directeur, un monsieur âgé très gentil qui ne manquait jamais de saluer ma tante. L’usine date de la toute fin du 19ème siècle. A cette époque, on y fabriquait de la quincaillerie, et je revois encore le christ fabriqué spécialement pour être attaché aux cercueils. L’arrivée de la fameuse machine à vapeur a permis le développement d’une nouvelle activité : les ustensiles de cuisine en alu : casseroles, cafetières, cruches, bouilloires…

Une idée de génie a fait connaître la Ferronnerie Bouillonnaise au-delà des frontières : les différents produits réduits à la taille de jouets d’enfants. Le but, au départ, était d’éviter aux commerciaux, appelés à l’époque « voyageurs de commerces », de transporter d’encombrantes batteries de cuisine. Vous trouverez encore aujourd’hui sur les brocantes des casseroles et des miniatures, retournez-les, vous verrez peut-être à l’arrière le sigle « FB ».

Maryvonne

40 minutes d'écriture - texte inspiré par l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail

Règlement de travail (en chanson)

 

Travailler chez TrucMuche

C’est un vrai plaisir

Travailler chez TrucMuche

C’est presque un loisir

 

Quelques règles obligatoires

Visibles au réfectoire

Il faut lire tout

A respecter pour tous

Par vous, par nous

Pour nous, pour vous

 

Pour montrer notre valeur

Courageux travailleurs

Nous arriverons à l’heure,

Le matin entre sept et neuf heures

A la main, rien d’inutile

Rien que des instruments… utiles

 

Pas de drogues, pas d’alcool

Surtout pas de pot de colle

Ni dans le vestiaire des hommes

Ni dans le vestiaire des femmes

Quant au harcèlement moral

En parler à la médecine… du travail

 

Les règles de sécurité

Doivent être respectées

Attention à la déléguée syndicale

C’est son cheval de bataille

Les avantages extralégaux

Prenons-les comme des… cadeaux

 

Travailler chez TrucMuche

C’est un vrai plaisir

Travailler chez TrucMuche

C’est presque un loisir

 Maryvonne

40 minutes d'écriture - règlement de travail en chanson

Dans ce travail, j’aime aller à la rencontre des personnes.

Dans ce travail, j’aime chercher les trous dans la raquette.

Dans ce travail, je n’aime pas ceux qui ne connaissent pas mon travail et veulent m’expliquer comment faire mon travail et me mettent des bâtons dans les roues.

Dans ce travail, j’aime jouer avec les chiffres et les mots.

Dans ce travail, je n’aime pas les deadlines.

Dans ce travail, j’aime quand je peux y faire entrer de l’artistique.

Dans ce travail, j’aime quand ma voix est entendue comme connaissant mon métier.

SAm

J'aime - je n'aime pas

TIC TAC
TIC TAC

Dès l’aube, regardez-moi je cours
Une montagne m’attend à l’arrivée
Trop tard, le diable m’attrape à l’entrée
Dans les enfers, j’y travaille chaque jour

 

Une cravate renouée

Des horloges remontées

Le maestro sous influences

J’ai besoin d’assistance

 

TIC TAC

Où est le syndicat

TIC TAC

Je ne me reconnais pas

 

La sonnerie a déjà retenti

Dans la pénombre, le gardien me surveille

Aujourd’hui c’est à moi d’être cruel

Je n’en sortirai pas repenti

 

L’explosion a donné

Le soulagement dont

Je n’aurais pu rêver
A l’aube je marcherai

 

TIC TAC

Voilà le syndicat

TIC TAC

Des têtes coupées en bas

Justine

40 minutes d'écriture - règlement de travail en chanson

Si j’étais poissonnière, sur la devanture j’indiquerais la poissonnerie 2.0. Quand on entrerait on entendrait les bruits de la mer et on verrait sur des écrans géants des images des fonds marins préservés, sur les étals on retrouverait des livres sur la vie marine, des dessins, des origamis de poissons et crustacés.

Sur la droite, après la porte il y aurait un gigantesque aquarium rempli de poissons et de homards soufflés en verre pendus par des fils de néons.

Les gens viendraient en décembre pour du fauxmon, crème de tofu sur blinis et manger des gâteaux trompe l’œil en forme d’huitres, un doux mélange de meringue de pois chiche, de crème citron, sur une croute de biscuits avec du champagne à base de cidre de pommes.

SAm

Un métier qui ne me ressemble pas

A 61 ans, Camille Dosto est fatiguée mais tellement fière de son métier.

Camille allume les étoiles tous les soirs et se lève à l’aube pour les envoyer se coucher.

Son mètre quatre-vingt lui est précieux pour cette tâche qui la garde en forme et la met en joie toute la journée.

 

Venue de Sardaigne à l’âge de 1 ans, elle a grandi dans cette petite ville d’Algérie qu’elle a fait sienne.

Peu de gens savent d’où elle vient … seuls deux grands yeux bleus perdus dans une broussaille de cheveux marrons qui sont maintenant parsemés de jolis fils d’argent pourraient trahir ses origines européennes.

Mais qu’importe, depuis 60 ans Camille est d’ici et le restera jusqu’à son départ.

Sa frimousse malicieuse qui a pris quelques sillons gracieux au fil du temps et son rire éclatant sont devenus indispensable aux habitants. Camille est leur rayon de soleil.

Celle qui éclaire leurs jours et leurs nuits.

 

Camille ferme les yeux et se souvient … Le petit pavillon de plein pied à l’entrée du domaine du château … Clément, Fanny et Antoine, les enfants du propriétaire venus l’accueillir dans des cris de joie à son arrivée et qui ne l’ont plus vraiment quittée depuis.

Il y avait Khalil, aussi, le fils du palefrenier, son amour de jeunesse qui ne lui parle plus depuis qu’il a croisé le regard de la jolie Jahmila il y a 4O ans. Elle se souvient pourtant de leurs rendez-vous à l’Aqua-Poney avec un petit soupir et un sourire en coin. Aujourd’hui, Khalil fait des podcasts d’histoires criminelles. Cela semble le passionner mais Camille trouve cela beaucoup moins drôle.

 

Rien ne destinait Camille à son métier tant aimé. 

Comme son père s’occupait des chevaux de course du haras, elle avait pu bénéficier des enseignements des précepteurs du château et ensuite aller à l’université pour devenir vétérinaire. Outre son rôle de maman, elle avait soigné les chevaux avec passion mais rien ne lui importait plus que d’éclairer les nuits des habitants de la ville.

Jour / Nuit, Jour / Nuit … Depuis le décès de Djamel, et l’envol de ses deux filles, Camille peut enfin remplir le rôle qui lui tient tellement à coeur … Tous les jours, elle enfile son vieux jeans et sa chemise à carreau et fait le tour de la ville accompagnée de White son fidèle compagnon.

Camille est enfin porteuse de poésie et de sécurité, Camille est allumeuse de réverbères.

Isabelle

30 minutes - personnage en patchwork

F.U.S.I.O.N., la Ferme des Usagers et Sympathisants de l’Organisme des Naturistes, est une petite structure accompagnant les personnes naturistes ou intéressées par le devenir, à gérer une parcelle de terre dans leur ferme. Il propose également une cueillette de fruits et légumes. Toutes activités au sein de FUSION sont pratiquées dans le respect du code naturiste. 

Justine

La danseuse du café de l’angle où tous les rires nocturnes ont commencé

Il y a des histoires dont on ne sait pas réellement marquer les débuts, mais trop bien la fin et d’autres dont le début est vivace. Des points dans son histoire où les choses changent drastiquement sans pouvoir expliquer les raisons de ces changements. L’histoire de Dona fait partie de celles-ci. Même s’il y a d’abord un début sans elle, sans nous, sans ce qu’il en reste. Je suis dans une période où tout vacille autour de moi, ma grand-mère est morte, ma mère ne parle que de chiens, ma sœur est partie, mon mec me saoule et dort depuis des semaines dans le canapé. Point d’escale avant de prendre ses valises. Moi je fuis. Je suis partout et nulle part. Je me gave des mots des autres pour mettre du sens, remettre des repères et la nuit j’erre dans les rues de Bruxelles pour observer les gouttières et observer les réverbères s’allumer rue après rue s’allumer. Je reconnais les cliquetis de chaque dispositif lumineux qui s’entremêlent dans le bruit de mes pas. Mon tour de la ville qui résiste à la pénombre est rôdé. Je connais chaque recoin et ceux où je viens chercher l’adrénaline de drôle de rencontre. C’est ma came de jouer avec la dangerosité de l’espace urbain. Rien ne m’arrive jamais. Juste des sensations physiques qui viennent changer le rapport au temps. J’aurai envie de me donner un nom, mais me donner un nom voudrait dire que je suis visible et le jeu réside dans le risque de le devenir. Chaque soir ne passer qu’une seule fois dans chaque rue et osciller les parcours connus. Je passe à côté de terrasse de café où les gens rient gaiement en fumant des clopes. Je les envie quelques instants même si j’évite de façon consciente ces jeux sociaux. On est un mardi, il est bientôt 23h, je lutte sur mon circuit depuis quelques heures avec un petit crachin traitre. J’ai envie d’une blonde avec une lamelle de citron et d’un fond sonore. Un café sur le coin d’une rue. C’est le modèle vieux café de Bruxelles. Les châssis en bois foncé, un bar haut dans le même style. 4 pompes activent. Sur le coin un kicker. Une table avec 2 habitués qui viennent dépenser leurs derniers sous pour dormir tranquille. Je pourrai prendre des cachets mais mes marches me semblent bien plus régénérantes et terre à terre que mon chez soi de bourgeoise perdue et en grève. Dona est là, elle rit et se déhanche sur une playlist afrobeat. Elle essaie de motiver Daniel qui est recroquevillé sur son verre au comptoir à lâcher prise. Je n’avais plus vu de personne heureuse de cette manière dans un contexte urbain de misère depuis longtemps. Elle me voit rentré et s’exclame « Ah ben en voilà une qui dansera ». J’ai encore mon anorak sur les épaules qu’elle m’attrape les mains, me fait faire un tour sur moi-même pour m’attraper les hanches, coller son bassin contre le mien et m’emmener dans une danse où je n’ai pour autre solution que de balancer mon bassin et descendre. Daniel jette un « Tu vas lui faire peur avec tes conneries » et elle se met à rire. Moi à ce moment-là, je me sens bien. Elle me quitte pour me servir un verre et je reste danser au milieu de ce bar vide qui pue. Je danse comme j’aime danser, sans limite, sans frontière invisible des regards jugeants. Pleinement vivante, je me déhanche. Tout en retirant mon anorak. Dona jette à Daniel « Je pense que j’ai trouvé ma copine pour la vie » et on rit ensemble à gorge déployé tout en continuant de nous déhancher, retrouver son instinct. S’émanciper des discours. Vivre en transe. Dona m’a donné ça.

SAm

Histoire écrite sur base d'un titre

Moi c’est Matilde. J’ai 45 ans et ma vie a été faite de non-choix bien plus que de choix. Je n’en suis pas malheureuse, loin s’en faut. J’ai simplement suivi mon destin. Je me suis laissée porter par le mektoub et il m’a entraîné dans des voies peu convergentes. Née d’un père français et d’une mère algérienne, je suis restée bercée par les deux pays où je me sens également chez moi. Tout deux me constituent tout autant.

Aujourd’hui, je vis principalement dans le nord de la France, à l’orée d’une ancienne cité minière. Maintenant désindustrialisée, il en émane encore des décennies plus tard une âme sinistrée et fracturée marquée par la nostalgie d’une époque de plein emploi de laquelle on efface le souvenir des fumées toxiques, accidents du travail, maladies professionnelles. On y vivait peut-être dans la précarité mais heureux, avec une fonction sociale et un emploi qui nous remplissaient de fierté. De cette époque, je ne connais que les mythes et histoires locales car je n’y ai pas pris part du haut de ma montagne algérienne adorée.

Mon vieil oncle Kamel me retient en France. Nous vivons tous les deux au sein d’une belle maison à la campagne au sein de laquelle vivent et se retrouvent toutes les générations. Le diabète dérégulé de Kamel le fait souffrir, s’entêtant à attaquer ses orteils et déformant son corps perclus de douleurs. L’Algérie me manque bien sûr, mes aller-retour répétés, ma vie partagée entre les deux côtés de la Méditerranée me manquent. Kamel a besoin de beaucoup de temps et d’attention et ici il n’a personne d’autre que moi. Alors je reste. Je veille sur lui et tente d’égayer et animer les dernières années de sa vie afin qu’elles ne soient pas que définies par la douleur. Pour lui, je cuisine nos plats préférés, ceux qui ont bercé nos enfances, ceux qui depuis la cuisine parfument jusqu’à l’entrée souhaitant la bienvenue aux papilles curieuses. Je cuisine pour oncle Kamel avec la même joie que je cuisinais en Algérie avec yemma.

Quand on connaît mon parcours, on peine à comprendre d’où sort ma profession actuelle. Astronome. C’est ainsi que je me présente à vous. Certain.e.s pensent que je fabule ou qu’à trop prendre soin de Kamel, j’ai fini par perdre la raison. Je tenterais, pour elleux de m’inventer une vie pour sortir de mon train-train quotidien et retrouver ma fougue et amour du voyage passés. Bien sûr ma vie a déjà été plus trépidante qu’elle ne l’est ces derniers temps. Je n’en suis pas pour autant mécontente et ne m’y ennuie pas suffisamment pour m’en inventer une nouvelle.

Ou bien peut-être que si. Peut-être que je dois aujourd’hui saisir l’occasion se présentant à moi de prendre un nouveau chemin, débuter une nouvelle vie.

       Je m’explique. La semaine passée, je me suis rendue à mon cours de danse hebdomadaire. Jusqu’ici, rien d’inhabituel. J’arbore toujours fièrement mon uniforme passe-partout à la composition murement travaillée. Eternelles palladiums beiges que je ne consentirai à remplacer que quand l’eau y rentrera totalement pour faire de mes chaussettes de la bouillie. Mon jeans droit brut tombe parfaitement le long de mes jambes et est retenu par une vieille ceinture marron achetée il y a bien longtemps dans un marché algérois. Elle sent encore bon le cuir et la boucle noire n’a rien perdu de sa brillance. Aujourd’hui, j’ai mis un tee-shirt gris à col rond montant tout simple et l’ai agrémenté de ma plus belle chemise oversize empruntée à mon père quelques dizaines d’années plus tôt. Mes longs cheveux noirs d’antan qui rendaient si fières ma mère et ma grand-mère ont laissé la place à une coupe courte toujours ébouriffée bien moins chronophage. Je jette un coup d’œil à mon poignet, ma montre offerte par l’un des défunts fils d’oncle Kamel m’apprend que je suis une fois de plus en retard. Je claque la porte et pars au pas de course vers la salle de danse.

Danser me fait un bien qu’il est difficile de se représenter tant qu’on n’a pas expérimenté un tel lâcher prise. Quand je danse, plus rien n’a d’importance, j’oublie tout, y compris oncle Kamel et ses orteils. Il n’y a plus que moi, la musique, et mon corps lui répondant, s’y fondant, s’y enivrant. A l’issue du cours, la prof s’approche de moi. Nous n’avons jamais été très proches. Nous entretenons cette forme de respect mutuel entendu entre deux personnes se reconnaissant comme d’égal talent. Ce type de relation qui se fonde sur des regards, des hochements de tête sans jamais se parler, se lier. Un rapport typiquement français, en somme. Cette fois-ci, c’était différent. J’ai senti à sa démarche qu’elle cherchait quelque chose de plus que nos habituels petits signes approbateurs et expressions convenues de félicitations. Piquée de curiosité, j’ai accepté sans hésiter sa proposition de prendre un café. Je ne sais pas dire non et même si je le savais, je n’aurais eu aucune raison de le lui opposer.

Rapidement, c’est elle qui m’a fait parler en m’amadouant à coups de compliments empreints de sincérité et de questions. Encouragée par sa bienveillance et portée par la douce chaleur de mes souvenirs, j’ai replongé dans ma vie en Algérie. Ma vie dans les montagnes auprès de ma famille. Dans les délices offerts par ce pays aux merveilles. Je lui ai raconté mon émerveillement quotidien des richesses infinies offertes par la nature dont la beauté ne cessait jamais de me surprendre. Surtout, je lui ai raconté les nuits étoilées. Je n’ai jamais vu telle splendeur depuis. Le ciel nocturne dans cet endroit montagneux protégé des lumières urbaines, resplendit. Le noir le plus épais se pare de milliers de scintillements tantôt épars tantôt concentrés. Avec mon frère et nos ami.e.s nous nous allongions dans l’herbe rendue humide par la rosée, les bras repliés sous la tête et le visage délibérément tourné vers ce sublime spectacle lumineux. Le souvenir de ces soirées à admirer les astres en sentant la chaleur réconfortante de mon frère aîné à mes côtés est sans aucun doute ce qui m’est le plus cher. De la nuit, les étoiles et leur scintillement se sont aussi installées dans mes pupilles et mon esprit pour m’accompagner au quotidien.

Emue par mes confidences, ma prof m’a alors proposé de construire un spectacle de danse. Un spectacle où se mêlerait un peu de moi et de l’Algérie, de ses odeurs, de ses splendeurs et surtout de ses étoiles. Un spectacle où je serais astronome.

 Lucie

40 minutes d'écriture - personnage en patchwork

Compliqué de parler DU travail de maman. Elle en avait plusieurs : épouse, mère de famille, froebélienne, fille, sœur ainée et aussi confidente d’amies.                                                                      Dans son travail quotidien à la maison maman était très bien secondée par papa. Sans être des cordons bleus, ils nous faisaient à manger tous les jours. Pour les devoirs, maman s’occupait du français et des langues, papa plutôt du côté des sciences.
De son travail de froebélienne je garde le souvenir de la période de Pâques où nous avions des poussins qui piaillaient dans la maison avant de partir enchanter les petits écoliers.

Maman s’acquittait, paraît-il avec beaucoup de fougue de son rôle d’ainée : elle éloignait les garçons qui ennuyaient ses sœurs en faisant tournoyer son ceinturon.                                           Quant à son travail de fille elle rendait visite à sa maman, dans sa maison de repos, tous les jours sans, presque, rechigner.                                                                                                                                     Ses amies vantaient sa capacité à les écouter sans juger et sans cancaner.                                                                                                Qu’est-ce que je l’aime maman.

Axelle

10 minutes d'écriture - Le travail de ma mère

Madame, Monsieur du Garage de la Haie,

 

Je me permets de vous envoyer mes ressentiments quant à l’offre d’emploi que vous avez publiée. En effet, je la trouve très fade. Le peu de détails sur votre entreprise m’incommode.

 

Ensuite, ne vous méprenez pas. Je recherche un travail dans un domaine bien éloigné du vôtre. Mon expérience professionnelle vous apportera beaucoup plus que votre poste m’apportera. Ma surqualification fera rougir la direction. Pourtant, je suis bel et bien mécanicien. Mais toute ressemblance avec l’intitulé de votre offre est fortuite.

 

Si vous avez la chance de me rencontrer lors d’un entretien, je vous saurais gré de ne pas m’amadouer avec une offre salariale alléchante, que vous vous êtes d’ailleurs bien gardée de partager. Je m’étonne que vous me lisiez encore. Mes qualifications sont hors-normes, vous ne pourrez les supporter.

 

Dès lors, je me permets de m’inviter à un entretien auquel vous ne m’avez pas convoquée et auquel je ne me présenterai pas ce lundi 1er avril à midi dans vos bureaux.

 

Au plaisir que nos chemins ne se croisent jamais.


Justine

Lettre de non-motivation

J’aime la concentration que me demande la découpe des légumes

Je n’aime pas les larmes qui m’embrument inévitablement les yeux lorsque la lame de mon couteau traverse la rondeur d’un oignon

J’aime assembler de nouvelles saveurs

Je n’aime pas ce moment où je réalise que j’ai oublié de racheter du beurre de cacahuètes alors qu’il aurait pu tout changer à ma préparation

J’aime les odeurs des épices qui emplissent mon nez et mon appartement

Je n’aime pas le jaune du curcuma qui reste incrusté sur la peau de mes doigts et sur tout ce qu’il a eu le malheur de toucher dans ma cuisine

J’aime la cuillère portée à ma bouche qui m’informe si ce premier jet est fidèle à mon imagination et à la hauteur de mes espérances gustatives

Je n’aime pas l’incitation sournoise dans ma tête à ce moment là à ajouter encore plus de sel

J’aime les couleurs, les odeurs, les saveurs, les textures qui se mélangent dans les assiettes

Je n’aime pas le carnage qui règne et me nargue dans ma cuisine, me rappelant que c’est moi qui vais devoir frotter ce plan de travail

J’aime le visage de contentement de mon copain, mes ami.e.s, ma famille quand iels goûtent avec contentement mon expérimentation du jour

Je n’aime pas goûter un résultat décevant quand j’ai cuisiné pour quelqu’un.e

J’aime quand mes plats sont meilleurs le lendemain

Je n’aime pas la vaisselle à rallonge qui fripe mais mains

J’aime ces moments de partage à préparer puis manger de bons plats réconfortants qui nous rapprochent


Lucie

J'aime/Je n'aime pas

Je me suis souvent sentie utile quand je travaillais au Service de Médiation de la Commune de Schaerbeek. Les habitants pouvaient gratuitement faire appel à notre service pour être aidés dans le règlement des conflits que nous appelions « les conflits du quotidien » : conflits locatifs, de voisinage, familiaux, de copropriété… Généralement une personne, dans le jargon des médiateurs : P1, nous arrivait spontanément ou envoyée par un des nombreux services de proximité de la Commune avec une plainte. La première étape du processus était de lui proposer de transformer cette plainte en demande de médiation que nous l’invitions à faire à P2. J’ai toujours retiré beaucoup de satisfaction dans ce début du processus qui redonne à P1 la confiance dans sa capacité à résoudre le problème ensemble avec P2.

Maryvonne

10 minutes d'écriture - Je me suis sentie utile quand je travaillais

Dans ce travail j’ai aimé que ce soit le mien, qu’il parte de mes idées et qu’il ait été accepté par mon promoteur                                                                                                                                                              Dans ce travail j’ai aimé relire le travail fini                                                                                                                        

Dans ce travail j’ai aimé le moment de l’impression, le bruit des photocopieuses, la reliure                         

Dans ce travail j’ai aimé la rencontre avec les travailleurs, les entendre parler avec amour de leur travail et des bénéficiaires dont ils partageaient les moments de vie                                     Dans ce travail j’ai aimé le taper à la machine tic tic tic                                                                                   

Dans ce travail je n’ai pas aimé le regard extérieur de mon promoteur                                                                   

Dans ce travail je n’ai pas aimé avoir le sentiment que ça ne volait pas très haut, que ce n’était utile à personne d’autre qu’à moi pour avoir mon diplôme                                                                    Dans ce travail je n’ai pas aimé devoir réécrire certains passages                                                                                             

Dans ce travail je n’ai pas aimé qu’il signifiait la fin de mes études, l’entrée dans le monde d’adulte responsable

Axelle

J'aime/Je n'aime pas

Le son du xylophone en ébène martèle le rythme de l’effort et de la peine.

Axelle

4 mots imposés, une phrase

Le choix est-il si difficile ?

Travail ou ripaille ?

C’est le moment de décider !

La saison est au carnaval

Santé ! donc, mes Amis !

Maryvonne

Le jour où je t’ai rencontré

Travail je t’ai aimé

C’est un bouquet odorant

La fleur d’un avenir gagnant

Santé tu t’es égarée pour demain mieux me retrouver

Isabelle

Acrostiche

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je devrais me cramponner de toutes mes forces à l’idée que ce que je fais, où je suis, est juste et a du sens pour supporter les cris, le sang, la destruction. Pour supporter leurs actes et pour supporter les miens.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je me sentirais investie d’un sens du devoir incomparable. Je me convaincrais du bien-fondé de mon engagement et de ses conséquences. J’aurais un mantra appris lors de mes années de formation. Nous l’aurions seriné toustes en cœur des centaines de fois alors que nous crachions nos poumons après l’entraînement. Me le remémorer m’aiderait à ne pas douter.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je devrais faire taire mon empathie et emplir mon cœur d’une froideur teintée de fierté patriotique et du sentiment de faire corps avec mes comparses. Je devrais faire taire mon empathie pour appuyer sans hésitation sur la gâchette. Je devrais museler mon cerveau qui réfléchit trop et qui m’empêcherait d’accomplir ma mission.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je ne penserais qu’en termes techniques lors des missions. Je n’effectuerais que des gestes techniques tel un automate. Je m’effacerais moi et ma conscience pour me mettre en mode automatique. Peut-on se retrouver soi-même quand on le désire une fois qu’on commence ce petit jeu ?

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je ne sais pas quelle valeur j’accorderais à la vie. Une valeur différentielle ? Celle de ma famille, de mes concitoyen.ne.s n’aurait pas de prix ? Je détesterais, c’est sûr, cette stupide expression dénuée de sens. Aucune vie n’a de prix. La mienne pourrait être sacrifiée pour participer à la protection de mon pays. Celles que j’enlève n’auraient pas de prix car elles n’appartiendraient qu’à une masse informe de corps et de chairs anonymes.

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, fonderais-je seulement une famille ? Arriverais-je à faire porter le poids de mes absences, à faire porter le poids de mes silences, à faire porter le poids de mes tirs sur la conscience d’un.e partenaire aimé.e ? Parviendrais-je à croire suffisamment en la vie, en l’avenir et en ses voyageur.se.s pour songer à avoir des enfants ?

Si j’étais membre du corps des parachutistes de l’armée française, je serais aussi fermement dépendant de l’adrénaline qu’un.e consommateur.rice de crack l’est à son caillou. Retourner à la vie civile ne serait pas facile. Loin des terrains d’affrontements, en manque, je serais alors assaillie de flashbacks, d’images et de sons que je ne pensais pas avoir gardés en mémoire. Aucun mantra, aucun geste technique, aucun mode automatique ne pourra plus me protéger de mes ruminations. En aurais-je seulement ?

Lucie

10 minutes d'écriture - un métier qui ne me ressemble pas

Comme des animaux, comme si ils étaient de petits vermisseaux les gueules noires rentraient dans la terre par de petits trous pour trouver du charbon. Ils faisaient leur devoir de mineurs pour ne pas crier famine, pour subsister.

Quand il y a un coup de grisou, dans les corons, les uns pleurent, les mères, aux fenêtres crient.

Le 6 août c’est le jour de la kermesse, ils et elles sont heureux, ils croient être dans l’enfance ; elles dansent, ils chantent, parlent fort, payent des verres de vin chaud à leur semblables. Les hommes font la bise sur la joue de leurs voisines. Pas un n’est seul. Ils sont à l’aise et font aller leurs bras, ils sont mouillés. C’est le temps de poser les fourmis dans la fosse, de faire rentrer chacune dans les trous, pour l’argent. Maintenant il fait nuit, ils parlent de la campagne de la mairie qui leur déplait, ils prennent la mouche ! « Ces bleus contre ces roses, c’est tous semblables ». Ils ne comprennent pas : devoir aller jusqu’à être emprunteur pour avoir une lessiveuse ! Quel intérêt ?

Avant dans leur enfance à Jean Jaures, ils apprenaient qu’à défaut de diamant ils auraient du grain en toute saison si ils avaient la foi, si ils priaient.                                                                              Au fond de leur cartable des leçons à savoir et des devoirs à faire chez eux avec leurs parents aux cheveux blancs ; parents dont ils sont fiers, les yeux mouillés de buée : ils sont mineurs !       

Axelle

50 minutes d'écriture - tous les mots imposés

Je ne peux vous parler du métier de ferryboatière que j’exerce depuis vingt ans sans sentir l’émotion m’envahir ! je me sens tellement utile à chaque fois que j’aide les personnes à traverser… traverser quoi et où me demanderez-vous ? mais tout et partout voyons ! on peut traverser les émotions, les conflits, les problèmes, et, traversée ultime, la vie. Mais la plupart le font tout seul me direz-vous ? Bien sûr mais si vous me choisissez comme ferryboatière, ce sera tellement plus doux, tellement plus simple. Je serai là pour vous tendre la main, pour vous donner un mouchoir, pour vous porter lorsque vous n’arriverez plus à traverser tout seul. Je vous chanterai une chanson quand c’est la nuit que vous n’arriverez pas à traverser. Je vous tracerai un chemin sans ronces lorsque vous déciderez de traverser la forêt. Je soufflerai les jours sans vent quand vous traverserez l’océan. Dès que vous aurez à vos côtés une ferryboatière, vous ne traverserez plus jamais seul, vous ne vous sentirez plus jamais perdu : je serai le pont qui vous mènera de vous à vous !

Maryvonne

10 minutes d'écriture - métier inédit

Une large fenêtre qui donnait à la fois sur le chemin qui menait à l’entrée principale et sur une pièce d’eau qui outre sa grande utilité de réserve en cas d’incendie rendait surtout l’endroit joli et acceuillant.

Un bureau en L qui me permettait de faire face à la porte quand quelqu’un entrait mais aussi de jeter un coup d’oeil vers l’extérieur quand je me concentrais sur l’écran de mon ordinateur.

Chaque rayon de soleil qui me permettait de prendre une grande respiration avant de me replonger dans mes fichiers excels.

 

Ah cet extérieur … quel bonheur. Ah cette pièce d’eau quel plaisir pour les yeux.

Je me souviens qu’un printemps nous y avions aménagé une petite échelle pour autoriser l’accès  d’une petite famille canard qui y avait élu domicile le temps d’y voir grandir leurs 3 canetons.

Et puis ces candidats qui passaient sur le chemin et dont j’analysais d’un coup d’oeil les premiers pas vers l’entrée dans notre grande famille.

S’ils savaient tous qu’ils restent gravés dans un petit coin de mon coeur.

Isabelle

10 minutes d'écriture - description

Au diable les heures supplémentaires, aujourd’hui je serai tôt à la maison ! je vais m’occuper de MON petit business. Travailler pour moi, chasser le chat de mon fauteuil préféré et m’y installer avec mes pelotes de laine et mes aiguilles circulaires. Mon business, ma passion c’est les écharpes : elles ont un succès fou, j’en fais de toutes les couleurs, de toutes les longueurs et de toutes les épaisseurs. J’ai des clients fidèles qui chaque année commande LA nouveauté. Hé oui, pour moi le tricot est bien plus qu’une simple occupation, c’est une activité très rentable ! je suis une travailleuse saisonnière au même titre que les vendangeurs ou les moniteurs de ski. S’il est saisonnier mon job n’a pas d’horaire… je tricote des écharpes le matin avant mon boulot alimentaire, pendant l’heure du midi, cachée dans les toilettes et le soir dans mon lit comme à l’époque où je lisais en cachette. J’en oublie la cuisine, le nettoyage, les devoirs des enfants et même de donner à manger au chat, du mois d’août au mois de mars ! Ensuite je connais généralement, et cela s’aggrave d’années en années, une période de dépression et de questionnement où j’envisage sérieusement de m’expatrier l’autre moitié de l’année en Australie !

Maryvonne

20 minutes d'écriture - 5 mots obligatoires

Labeur ce mot à la fois dur et désuet,  m’évoque la vie au goût amer et de poussière des travailleurs européens du siècle passé.

Je pense à ces mineurs qui crevaient parfois au coeur de la mine. Ces mineurs qui finissaient toujours par mourir à cause de la poussière qui remplissaient leurs poumons de ce noir profond qui ressemble tellement à un chagrin sans fin.

Ils étaient pourtant fiers de leur situation,  ces hommes qui plongeaient dans le ventre de la terre à la recherche du charbon qui allait participer à l’industrie mais aussi réchauffer les foyers en hiver.

Rien ne les arrêtait …. Poussés par une motivation qui les faisait descendre tous les matins en chantant et en tremblant parfois. Espérant remonter le soir pour réchauffer le monde, nourrir leur famille, payer leurs factures et s’écrouler, épuisés jusqu’au lendemain.

Isabelle

20 minutes d'écriture - 5 mots obligatoires

A l’arrière de la maison, il y a un jardin ni petit, ni grand : un vrai jardin de ville : 6m de large, 20 de long. Il est entouré de murs : terrain en pente oblige les hauteurs sont différentes : 5m au fond, entre 2 et 3 au nord et au sud. Depuis bientôt 40 ans il a chaque année une allure différente. Un érable sycomore au fond à droite devenu gigantesque : on ne peut pas le rater sur Google. Côté sud, la partie ombragée avec ses rhodos et ses hortensias qui ont bien du mal à survivre au changement climatique, côté nord un laurier plus ou moins taillé en boule et puis tous les essais annuels, un beau petit buisson d’anémone qui revient chaque année. J’allais oublier un petit point d’eau : une boule de pierre sur laquelle s’écoule de l’eau…

Maryvonne

10 minutes d'écriture - description

Rationnalisatrice

 

Vous êtes en reconversion professionnelle ?

Avez-vous déjà pensé à embrasser une carrière de rationnalisateur/trice ?

Soyez assuré que ce métier d’avenir est attendu et deviendra très vite indispensable dans de nombreux secteurs.

Notre formation débutera au mois d’avril par une semaine de découverte intensive qui se déroulera sur 5 jours de 11h à 12h.

Elle se poursuivra ensuite par des cours en soirée sur 3 mois : Le 5ième samedi de chaque mois entre 18h et 18h30.

Comme vous l’aurez compris, l’un des premiers apprentissages sera de vous aider à diminuer le temps qui est utilisé en général dans votre vie et celle des autres.

FINI les formations, les réunions, les journées de travail qui n’en finissent pas.

Vous apprendrez également à revoir vos consommations diverses.

FINI les repas interminables et les longues soirées au cinéma.

Cette technique est applicable tant dans la vie professionnelle que dans la vie privée.

 

Nous vous promettons une carrière rémunératrice dès l’obtention de votre diplôme.

Un gain de temps et d’énergie pour tous …

Une promesse de vie un peu terne certe mais qui vous offrira beaucoup de temps pour mieux le perdre.

Isabelle

20 minutes d'écriture - métier inédit

Fier à brassiste

 

Le métier de fier-à-brassiste remonte à la sinistre période de la Reconquista espagnole. A l’époque, il fallait convaincre les populations “reconquises” qu’elles vivraient à nouveau dans la joie que procure la vérité du vrai Dieu - tous étaient d’accord pour dire qu’il n’y en a qu’un, il y avait juste un léger malentendu sur la nature de ce dernier. C’était une tâche difficile de faire entendre aux habitants de Cordoba, Malaga, Granada ou Sevilla que le massacre de leurs voisins au motif qu’ils priaient de telle façon plutôt que telle autre, ou qu’ils égorgeaient les agneaux à l’Aïd plutôt qu’à Pâques, obéissait à un dessein sacré et bienveillant qui les dépassait.

 

Le cousin du roi, qui se trouvait en même temps être son frère, son filleul et son beau-père, eut l’idée géniale de créer de toutes pièces la Academia Real de los fiers à bras. Au terme d’un exigent cursus d’un an, des paysans crevant de faim pouvaient devenir écuyers de la couronne et sortir leur famille de leur condition d’esclave du seigneur local. Les candidatures affluèrent de toute la Castille bien sûr, mais aussi des villes où l’on avait le plus baigné dans la culture arabo islamique : aL-icante, Gibr-al-tar, et plus largement des vallées du Guad-al-Quivir et de l’al-Andalus tout entier.

 

Les régiments de fiers à brassistes avaient bénéficié de la fine fleur des pédagogues en psychologie des foules, sondages au doigt levé et autres excités de l’identité nationale. Ils étaient exaltés par la lecture des récits mythiques sur les vrais ibères, la vraie hispanité de souche e tutti quanti. Ils étaient prêts à aller haranguer les patelins, souvent seuls et armés de leur seule maestria verbale, parfois accompagnés d’un musicien de pacotille, parfois même d’un âne.

 

La tâche était joyeuse, car ils pouvaient improviser librement sur base des histoires de quartier qui étaient parvenues à leurs oreilles. Le solde était généreux, et il était possible de faire carrière. Bientôt, le corps des fiers à brassistes devint non seulement un organe de propagande permettant à la monarchie d’être à l’avant-garde des fanfaronnades patriotiques, mais un ministère à part entière, avec ses intrigues, ses luttes de pouvoir… au point d’inquiéter la Reine.

 

Heureusement, lui expliqua-t-on en audience, personne ne voulait être calife à la place à la place du calife… puisque de califat, il n’y en avait plus.

Josua

20 minutes d'écriture - métier inédit

Douze dames autour d’une table : elles comptent, elles emballent des pralines. Pourquoi sont-elles si sérieuses : elles ont dû recevoir des consignes : ne pas parler, ne pas se regarder, juste compter et emballer. Elles ont surement aussi des quotas à réaliser chaque jour ! c’est troublant : il doit bien parmi elles y avoir au moins une « rebelle », un clown, une chanteuse, une farceuse… Où se cache-elle ? Peuvent-elles parler au vestiaire ? Peuvent-elles s’arrêter à midi, y a-t-il un réfectoire ? Je me demande si celle à droite est la chef ? elle a l’air encore plus sérieuse que les autres… Je crois qu’en fait il n’y a pas de vestiaire : sur les petites tables entre leurs chaises, je vois leurs chapeaux ! je suis sûre qu’en plus elles ne pouvaient même pas manger de temps en temps une petite praline. C’était il y a plus ou moins 100 ans, les pauvres ! elles n’auront pas connu le moindre confort de travail…si elle pouvait revenir aujourd’hui il n’y aurait plus de place pour elles, juste des machines ! mais oui des machines c’est ainsi qu’elles sont utilisées… Je me demande si elle pouvaient aller à la toilette et si chaque petit pipi était chronométré, si elles étaient fouillées à la sortie pour être sûr qu’il n’y avait pas le moindre chocolat dans leur poche, si elles pouvaient avoir des enfants qui tombaient malades…

Maryvonne

30 minutes d'écriture - texte inspiré par une photo faisant partie de la collection du centre de documentation de La Fonderie

Je me suis sentie utile quand je travaillais dès le début de ma carrière.

Jamais je ne me suis ennuyée.

A chacun de mes départs, j’ai été remplacée par deux personnes tant j’avais donné de l’ampleur à la fonction que l’on m’avait confiée.

« Le travail c’est la santé » disait la chanson, « travailler pour deux c’est le conserver » était mon crédo.

Cela a toujours arrangé les entreprises et mes nombreux patrons avant que je m’écroule.

Durant la première moitié de ma carrière j’ai travaillé dans des départements de ressources humaines, toujours dans des rôles d’assistantes ou de spécialiste.

Dans la seconde partie de ma vie professionnelle, je suis devenue l’assistante executive de hauts responsables dans l’industrie pharmaceutique.

Faciliter la vie d’autrui au travail et ailleurs a toujours été mon moto. Je pense que je m’y suis un peu perdue.

Isabelle

10 minutes d'écriture - Je me suis sentie utile quand je travaillais

Chers parents, j’ai bien envie de vous raconter ma semaine puisque je ne pourrai pas venir vous voir cette semaine, j’ai utilisé mon quota de km pour ce mois de mars ! J’entends d’ici maman maudire cette fameuse révolution de 2040 qui restreint tellement nos déplacements mais il faut bien dire que le changement était devenu nécessaire ! Ce ne sont pas les mesurettes des années 2030 à 2040 qui auraient pu sauver la planète, plus personne n’en doute à présent ! Mais courage, le dernier article que je viens de lire sur les essais de téléportation est très encourageant ! Je sais, Papa me dira que son grand père, à l’époque un des premiers à acheter une voiture électrique, croyait dur comme fer que si tout le monde faisait comme lui, il n’y aurait plus de pollution, plus de gaspillage, plus de dérèglement climatique… et qu’il en était ainsi à chaque nouvelle invention jusqu’à ce qu’on se rende compte que sans le vouloir on aggravait la situation ! Bon, moi je n’ai connu que ce confinement permanent, ce télétravail obligatoire et il me convient très bien ! Dites-moi par retour du pigeon messager, si vous allez bien, si vous avez besoin de moi, je ferai à pied les 10 km qui nous séparent.

Maryvonne

40 minutes d'écriture - portrait d'un.e travailleur.euse du futur

La facturière …

En parcourant le musée de La Fonderie, je suis tombée nez à nez avec « La Facturière ».

Elle existe, donc, vraiment …

Née en 1923 soit 5 ans plus tôt que ma petite maman qui me l’avait contée comme dans une de ses nombreuses histoires que l’on pensait parfois un peu tirées par les cheveux.

Elle nous a raconté à plusieurs reprises cette première expérience professionnelle qui n’a duré que quelques mois mais dont elle se rappelait souvent tant elle l’avait marquée. Elle nous parlait de cette facturière avec son double clavier tellement complexe à utiliser pour un petit bout de femme qui devait monter sur un escabeau pour l’alimenter en papier et atteindre le clavier du haut.

Effrayée par le désordre du bureau qui l’avait engagée et cette machine infernale, elle s’était fixé comme objectif de mettre leur classement en ordre et d’envoyer leurs dernières factures avant de prendre la poudre d’escanpette à la recherche d’une nouvelle aventure professionnelle.

Petite Maman, même si je n’avais aucun doute sur ta sincérité quand tu nous racontais ce premier boulot, je t’avoue que nous avons souvent douté de l’existance de ce monstre à deux claviers que nous pensions sorti de ton imagination.

Le voici devant moi. Majestueux et fier. Un peu arrogant même …

J’avoue qu’à mon tour, il m’a impressionnée et m’a donné l’envie de m’en aller …

Je me suis tout de même arrêtée et l’ai pris en photo … Histoire de ne pas l’oublier.

Isabelle

25 minutes d'écriture - texte inspiré par un objet de l'exposition permanente du Musée bruxellois des industries et du travail

Candidature au poste de concepteur de moules

 

Vous avez publié une offre d’emploi dans le Québecois libéré et sur jobillico.com

 

Vous cherchez une personne capable de concevoir des moules de manière plastique. Je suis la personne qu’il vous faut ! Grâce à ma formation et à mes très nombreuses expériences dans différents pays, j’ai appris à faire des moules de toutes sortes.

 

Lors de mon stage de fin d’études, j’ai d’abord eu la chance d’apprendre l’art des moules chez les artisans les plus réputés, situés sur la côte belge : Dirk van Mosselen et son assistant-chef m’ont pris sous leur aile et m’ont tout appris. De l’achat des matières premières à la livraison au client en passant par la conception des recettes du jour, je suis en mesure de maîtriser tout le process de production.

 

Par la suite, j’ai eu la chance d’apprendre les rudiments de l’accompagnement oenologique des moules. A chaque fruit de mer son cépage, même si un petit blanc de table sans prétention fait presque toujours l’affaire. Et comme on apprend de ses erreurs, je n’ai aucune honte à confesser que j’ai aussi intégré à mes dépens les essentiels de la chaîne du froid. Lorsque des clients mécontents de la fraîcheur du contenu des cocottes ont témoigné de leurs indigestions douloureuses, nous avons rappelé tous les autres illico et les avons fait vomir sur le champ ! Ce qui témoigne de ma vivacité d’esprit et de ma capacité à gérer tant l’urgence que le stress consécutif.

 

Voilà donc, à mon humble avis, ce qu’il vous faut pour compléter votre équipe. Quelqu’un qui sache trouver les meilleures moules pour les préparer rapidement et délicieusement avec les produits du terroir : qui avec de l’ail, qui des oignons, qui du persil… et pourquoi pas des poivrons ! Bref, je me réjouis d’échanger avec vous pour lever tout malentendu éventuel concernant votre offre qui, je dois dire, prêtait à confusion avec cette étrange histoire de moules en plastique.

 

Comptant sur vous pour me rappeler au plus vite (et ce dans votre intérêt commercial), veuillez agréer les salamalecs habituels.

 

Annelies WAFELMAKER

Josua

20 minutes d'écriture - lettre de motivation

Dans mon travail de médiatrice locale

j’aimais proposer aux personnes une autre façon de résoudre leurs conflits

J’aimais les voir découvrir petit à petit qu’il n’y a pas de vérité

J’aimais écouter

J’aimais les voir reprendre confiance dans leur capacité à changer les choses

J’aimais l’idée de participer à un changement

J’aimais la puissance du silence et de l’écoute, la position humble du médiateur

J’aimais trouver de l’humain là où je ne m’y attendais pas

J’aime expliquer ce qu’est la médiation

J’aimais les intervisions avec les collègues, les remises en question, les partenariats

J’aimais travailler en Co médiation

J’aimais que la médiation soit un processus

J’aimais que la médiation que je pratiquais soit gratuite pour les citoyens

Je n’aimais pas la mainmise de la Justice sur l’activité des médiateurs

Je n’aimais pas les réticences de la société à reconnaître le métier de médiateur

Je n’aimais pas devoir constater avec l’une des personnes que l’autre ne voulait pas de la médiation

Je n’aimais pas les attitudes racistes

Je n’aimais pas le manque d’investissement de la société

Je n’aime pas que la médiation puisse être commerciale

Maryvonne

J'aime - Je n'aime pas

Le travail dont je veux vous parler est celui que je connais, celui qui m’a permis de porter ma famille et de me réaliser mais aussi celui qui récemment m’a poussée à me perdre pour doucement, enfin, commencer me retrouver.

Ce travail, un peu comme une fatalité, m’est tombé dessus par hasard, par courage aussi …

Je ne l’ai pas vraiment choisi même s’il m’a procuré du plaisir. Il m’est arrivé comme une évidence dans l’urgence.

A la manière dont je vous le présente, vous pourriez croire que je ne l’ai pas aimé et pourtant … je l’ai effectué avec énormément de dévouement et de passion. Je lui ai prouvé en lui consacrant de plus en plus de temps et d’énergie. J’ai brûlé d’amour pour ce travail … un engagement tout feu tout flamme pour finir par me consumer de l’intérieur … à en perdre la santé et parfois la raison …

Isabelle

10 minutes d'écriture - Le travail dont je veux vous parler

Si j’étais vendeuse de voiture, je ne ferais pas carrière ! ce serait très difficile pour moi d’utiliser tous les trucs et ficelles du métier. Flatter le client, dire c’est beau quand je trouve la voiture moche, dire qu’elle a de bonnes reprises alors que je n’aime pas la vitesse… Appeler les futurs clients Monsieur et Madame : vous voyez, Monsieur, combien Madame aime toucher le volant. Parler de la voiture comme d’un petit animal, aller jusqu’à faire ronronner le moteur. Introduire de la sensualité dans la démonstration, lui caresser les flancs. Et puis lâcher petit à petit des sous, comme s’ils sortaient de mon propre portefeuille : j’en fais une affaire personnelle. Je ne suis pas capable d’’une telle performance d’acteur. Je me demande si les vendeuses de voitures ont le droit de rouler dans une marque concurrente !!!

Maryvonne

10 minutes d'écriture - Un métier qui ne me ressemble pas